Comment trouver des clients en coaching, même sans audience : la méthode « terrain »
Beaucoup de coachs en devenir tombent dans le même piège : ils passent des mois à créer le produit parfait, le tunnel de vente idéal, le site web impeccable, le tout sans jamais avoir parlé à un seul client potentiel. Ils construisent un système passif en espérant que les revenus tombent comme par magie. L’invité du podcast Marketing Mania, Léo, créateur de la chaîne YouTube Les Philogynes, a fait tout l’inverse. Et c’est précisément ce qui a fait son succès.
Léo est psychologue de formation et coach en séduction, un des marchés les plus compétitifs qui soient. Pourtant, il a bâti son activité de coaching avant même d’avoir une chaîne YouTube, un site internet ou la moindre présence sur le web. Comment ? En revenant aux fondamentaux : aller à la rencontre de ses clients. Comme il le dit lui-même, il a commencé à faire du coaching comme un vrai coach, en parlant aux gens et en les aidant à résoudre leurs problèmes. Cette approche lui a permis non seulement de trouver ses premiers clients, mais surtout de faire une recherche client payée, en découvrant les besoins profonds de sa cible pour ensuite créer un contenu qui résonne parfaitement avec elle.
La prospection manuelle pour se lancer comme coach sans site internet
Alors, comment Léo a-t-il trouvé ces premiers clients sans aucune vitrine en ligne ? Il a utilisé une méthode de prospection qu’il qualifie lui-même d' »artisanale ». Une stratégie redoutable qu’il a gardée secrète pendant des années. Il raconte : « J’ai commencé à 19 ans. J’ai commencé à rencontrer des gars pour leur proposer mes formations. Et il faut savoir qu’à l’époque, j’avais ni site internet, ni chaîne YouTube et j’avais même pas de témoignages en fait. »
Sa méthode consistait à aller chercher ses prospects là où ils se trouvaient : sur les forums spécialisés. « J’allais sur des sites comme Art de séduire, comme French Touch séduction. Et en fait ce que je faisais, c’est que j’avais toute une procédure. Donc je guettais les présentations. Je faisais des recherches aussi par rapport aux villes, il fallait que je trouve les mecs qui étaient sur Paris vu que moi j’étais sur Paris. »
La clé de son succès était la personnalisation. Il insistait sur un point crucial : ne jamais utiliser de messages copiés-collés. Chaque prise de contact était unique et adaptée à la personne. Il ne se présentait pas comme un coach, mais comme un pair qui offrait son aide. Il expliquait sa démarche : « Je lui disais voilà, écoute, je viens de lire ta présentation ou je viens de lire ton poste sur le forum et j’ai remarqué que tu disais tac tac tac. Si je peux me permettre, je te conseillerais plutôt de faire tac tac tac. Écoute en ce moment, je fais il m’arrive souvent de sortir draguer dans la rue. Je vois que ça avait l’air de te motiver, si tu veux, bah tu es le bienvenu, tu peux te joindre à moi. » L’approche était douce, sans forcing, se terminant par une simple proposition : « si tu es intéressé, envoie-moi ton numéro. » Grâce à cette méthode, il rencontrait un ou deux nouveaux prospects chaque semaine.
Le « guérilla marketing » dans la vie réelle pour convaincre
Léo ne s’est pas arrêté aux forums. Il a poussé sa stratégie de prospection encore plus loin en utilisant des plateformes de rencontres amicales comme OVS (On Va Sortir). Il se rendait à des événements, souvent des restaurants où se retrouvaient une trentaine de personnes, majoritairement des hommes. Là, il engageait la conversation, amenait subtilement le sujet des femmes, puis de la « drague de rue », qu’il rebaptise « approches créatives ».
Il utilisait ensuite son expertise de psychologue pour apporter de la valeur et expliquer pourquoi certaines stratégies fonctionnaient mieux que d’autres. Le coup de génie ? La démonstration en direct. « Des fois, ce que je faisais même, c’est pour te dire à quel point ça allait loin, c’est on allait on avait la pause clope. Et durant la pause clope, en fait, je m’efforce déjà, je les je les poussais à faire une pause clope pour que durant la pause clope, je puisse leur faire une démonstration en fait. » Une fois la démonstration réussie, les prospects étaient conquis et voulaient en savoir plus. C’était du guérilla marketing à l’état pur, qui lui a permis de comprendre son marché sur le bout des doigts. « Je les connais super bien mes prospects en fait. Pendant des années, j’ai fait ça. […] dans ma tête, je me suis constitué tout un dossier sur quels étaient les différents types de prospects, qu’est-ce qu’ils pensaient de la concurrence. »
Le processus de vente d’un coaching haut de gamme décortiqué
Une fois le contact établi, comment transformer un prospect intéressé en client payant ? Là encore, le processus de Léo est entièrement artisanal et centré sur le client. Il reçoit entre 5 et 10 demandes par semaine via un formulaire sur son site. Ce formulaire est la première étape de qualification.
Les questions clés pour comprendre les besoins profonds du client
Dans son formulaire, Léo pose des questions précises pour cerner la personne avant même de lui parler : son parcours, des informations factuelles (âge, profession), mais surtout ses forces, ses faiblesses, sa vision d’un coaching idéal et pourquoi il a fait appel à lui. Ce travail en amont est essentiel : « Moi, si tu veux, avant d’appeler chaque personne, je passe 5 minutes à bien lire leur demande en fait, à vraiment m’imprégner du truc. Ça me donne déjà moi des infos pour savoir un petit peu quel type de formule je peux leur proposer. »
L’appel téléphonique, qui peut durer de 30 minutes à une heure, n’est pas un script de vente, mais une conversation à l’instinct. Sa ligne directrice est simple : « Je fais parler l’autre. Je fais parler l’autre le maximum, je chope le maximum d’informations. » Il pose des questions ouvertes comme : « Qu’est-ce qui t’a plu dans la philosophie Philogine ? » pour comprendre les motivations profondes. Son objectif ultime est de découvrir de quoi rêve son prospect. « Mon but, c’est vraiment de comprendre c’est quoi dont il rêve en fait ? C’est c’est quoi la formation idéale pour lui en fait ? » Il insiste sur l’importance de ne pas avoir de préjugés et d’écouter attentivement pour comprendre ce qui se cache derrière la demande initiale.
Comment présenter son offre et son tarif de coaching ?
La transition vers la présentation de l’offre se fait naturellement. Après avoir écouté et posé ses questions, Léo reformule le problème identifié et propose une solution sur-mesure. « Je vais reformuler son problème. Je veux dire voilà, je pense quelle est ton problème et voilà la solution que j’aimerais apporter. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Le prix n’arrive qu’à la toute fin de l’appel, après avoir détaillé la valeur de l’offre : le nombre de séances, la durée, le suivi, les documents fournis. « C’est à la fin, tout à la fin que le prix tombe. […] Et après, je laisse un blanc et je lui dis je laisse un blanc hein, je dis plus rien. Et s’il répond pas, je dis ‘Qu’est-ce que tu en penses ?' »
Face à la question du prix, Léo ne négocie jamais. Pour lui, c’est une question de principe et d’estime de son travail. Cependant, il propose une solution flexible. Il présente son offre comme une « formule Légo ». « Je te propose ce que moi je pense être le meilleur pour toi. Après, libre à toi de rajouter des éléments, d’en enlever, en fonction de tes objectifs et de ton portefeuille aussi. […] si tu considères que c’est trop cher, on peut enlever certains éléments. » Cette approche permet de s’adapter au budget du client sans jamais brader la valeur de son temps et de son expertise.
Se différencier de la concurrence : la stratégie de la « Vache Pourpre »
Le secteur de la séduction sur YouTube est extrêmement concurrentiel. La barrière à l’entrée est très basse, n’importe qui peut se filmer en train d’aborder une fille et se déclarer coach. Comment Léo a-t-il réussi à percer dans cette jungle ? En utilisant la concurrence à son avantage et en devenant ce que Seth Godin appelle une « Vache Pourpre ».
Le concept des « clones de la drague » pour briser le marché
Léo a fait un constat simple : tous ses concurrents faisaient la même chose. « C’est chiant à mourir, ils font tous la même chose. Ils ont tous les mêmes types d’approches, la même trame, les mêmes phrases d’accroche. » Plutôt que de voir cela comme un obstacle, il en a fait le concept central de sa première vidéo : « Les clones de la drague ».
Dans cette vidéo, il a non seulement expliqué le concept, mais il l’a prouvé sur le terrain. Il a réalisé une approche typique de ses concurrents et la femme abordée lui a répondu : « Ah, mais on vient déjà de me… on ça fait trois fois déjà qu’on me sort ce type d’approche. » La démonstration était faite. Le message était clair : les vieilles méthodes ne fonctionnent plus, vous allez être catalogué et passer pour un amateur. Cette vidéo a immédiatement positionné Léo comme quelqu’un de nouveau et de rafraîchissant. Il n’a cité aucun concurrent, mais comme il le souligne : « ce qui est cool, c’est que dans un des commentaires, il y en a qui citent des noms dans les commentaires parce qu’ils ont très bien compris ce que je voulais dire en fait. »
Surfer sur le buzz : les approches créatives qui cartonnent
Après avoir démoli l’ancienne méthode, Léo a apporté sa solution : la créativité. « Plutôt que d’apprendre des phrases stylées, apprends la compétence qui te permet de créer toi-même ces phrases stylées, à savoir la créativité. » C’est ainsi qu’est né son concept phare sur YouTube : les « approches créatives ».
Le format est simple et brillant. Il a une série de vidéos intitulée « J’applique la technique de drague de… » où il remplace les points de suspension par un youtubeur connu ou un phénomène d’actualité. Par exemple, après le passage controversé de Jean-Claude Van Damme à la télévision, il a immédiatement tourné une vidéo où il abordait des femmes en utilisant uniquement les phrases et l’univers de JCVD. « La technique de drague de Jean-Claude Van Damme, donc ça consistait à reprendre deux trois conneries qu’il avait sorties […] et je vais voir une fille et je lui sors toutes ces conneries là. »
Cette stratégie lui permet de surfer sur n’importe quel buzz et de le lier à sa thématique. Plus important encore, il choisit des personnalités dont les communautés sont adjacentes à la sienne. « Je sais qu’il y a plein plein de mecs qui regardent Raptor dissident qui ne connaissent pas encore ma chaîne mais qui sont des potentiels abonnés à ma chaîne. Donc en faisant cette vidéo là, non seulement, je vais être porté par les quelques abonnés que j’ai qui aiment Raptor, mais qui en plus vont la partager peut-être à leurs copains. » C’est une manière extrêmement intelligente de faire de la promotion croisée et d’attirer de nouvelles audiences qualifiées.
Créer un marketing tribal pour fidéliser sa communauté
Le succès de Léo ne repose pas uniquement sur des techniques de vente ou une stratégie de contenu. Il a réussi à construire quelque chose de bien plus puissant : une tribu. Le « Club des Philogines » n’est pas qu’un simple forum payant, c’est le point de ralliement d’une communauté soudée par une identité, une vision et des ennemis communs.
Définir sa tribu par un ennemi commun
Léo a compris un principe fondamental de la psychologie des foules : « Le meilleur moyen de souder une population, c’est de lui donner un ennemi commun. » La tribu Philogine se définit par ce qu’elle est, mais aussi et surtout par ce qu’elle n’est pas. Il y a deux piliers dans leur identité.
Le premier est le côté « intello ». Ils ne veulent pas de conseils de surface, ils veulent comprendre en profondeur la psychologie féminine. Ils se positionnent ainsi en opposition aux « petits écoliers de la drague », ceux qui appliquent des techniques sans réfléchir.
Le second pilier est le côté « tchacheur », créatif, basé sur l’humour et l’improvisation. Ils s’opposent ici au « mec qui court après une copine dans la rue ». Mais l’ennemi commun le plus fédérateur est idéologique. En se basant sur la psychologie évolutionniste, Léo et sa communauté s’opposent frontalement au féminisme moderne, qu’il considère comme une « imposture » niant les différences biologiques et cognitives entre hommes et femmes. « Le contre-groupe, c’est ceux qui pensent que qui veulent nous nous faire croire que hommes et femmes sont pareils et et donc si tu penses que hommes et femmes sont pareils, il faudrait parler à une femme de la même manière que tu parlerais à un homme. Ce qui est faux. » Ce positionnement très clivant et politiquement incorrect soude la communauté comme rien d’autre. « À chaque vidéo, on ressoude encore plus les liens de la communauté parce qu’on se dit ‘Ah ouais, on a vraiment les mêmes amis et on a vraiment les mêmes ennemis’. »
Le rôle du leader dans la construction d’une communauté
Une tribu a besoin d’un leader, et Léo incarne parfaitement ce rôle. Il montre l’exemple sur le terrain avec ses approches créatives, prouvant que sa méthode fonctionne. Il est l’expert en psychologie, le vulgarisateur qui fait le pont entre la science et la séduction. Il est celui qui apporte une structure et des rituels à la communauté, comme les nouvelles techniques farfelues postées chaque semaine sur le forum pour encourager les membres à s’entraîner.
Il a aussi su canaliser une colère présente chez une partie de son audience, notamment celle issue de forums comme le 18-25 de jeuxvideo.com. Plutôt que de la rejeter, il la valide et l’explique, pour ensuite l’apaiser et la transformer en quelque chose de constructif. « J’explique pourquoi elle devrait exister d’ailleurs, pourquoi c’est normal qu’elle existe. Maintenant, j’essaie de d’apaiser quand même cette colère […] la finalité, ça doit être le pardon. » En comprenant et en servant une population qui se sentait délaissée par les autres coachs, il a solidifié sa base de fans la plus loyale.
En conclusion, le parcours de Léo est une masterclass sur la manière de construire un business de coaching authentique et rentable. En commençant par le terrain, en développant un processus de vente centré sur l’humain, en osant se différencier radicalement et en fédérant une véritable tribu autour d’une vision forte, il a prouvé qu’il n’y a pas besoin de suivre le chemin tout tracé pour réussir.
Foire aux Questions
Comment trouver ses premiers clients en coaching sans site web ?
La méthode la plus directe est la prospection manuelle et personnalisée sur des plateformes où se trouve votre cible, comme les forums spécialisés. L’objectif est de créer un contact authentique en offrant de l’aide plutôt qu’en vendant un service.
« J’allais sur des sites comme Art de séduire […] et je le contactais toujours de manière artisanale, c’est-à-dire, j’avais jamais de message […] copier-coller. Et je lui disais évidemment pas que j’étais coach […] Je lui disais voilà, écoute, je viens de lire ta présentation […] si tu es intéressé, envoie-moi ton numéro. »
Quel processus de vente adopter pour vendre du coaching ?
Un processus « artisanal » basé sur une écoute profonde lors d’un appel découverte est très efficace. Il s’agit de faire parler le prospect au maximum pour comprendre ses rêves et ses problèmes, puis de co-créer une offre sur-mesure avec lui.
« Mon j’ai une ligne directrice, ça veut dire, ma ligne directrice, c’est je fais parler l’autre. Je fais parler l’autre le maximum, je je chope le maximum d’informations. […] mon but, c’est vraiment de comprendre qu’est-ce que c’est quoi dont il rêve en fait ? »
Quelles questions poser lors d’un appel découverte pour un coaching ?
Posez des questions ouvertes qui poussent le prospect à verbaliser ses motivations profondes. Des questions comme « Qu’est-ce qui t’a plu dans ma philosophie ? » ou « Quel serait le coaching idéal pour toi ? » sont plus efficaces que des questions factuelles.
« Je lui demande des questions ouvertes. Je lui dis qu’est-ce qui t’a plu déjà dans la philosophie Philogine? C’est important de comprendre pourquoi les gens ils contactent. Je lui refais verbaliser aussi pourquoi il m’a contacté parce que ça le fait parler. »
Comment se démarquer en tant que coach dans un secteur concurrentiel ?
La meilleure stratégie est de prendre le contre-pied total de ce que font vos concurrents. Identifiez l’ennui ou la frustration de votre audience face à l’offre actuelle et créez un concept qui brise les codes et apporte une solution nouvelle.
« Comme il y avait tous ces mecs là qui abordaient […] et ben, il fallait trouver un moyen de d’expliquer en quoi c’était de la merde quoi. […] Et et du coup, qu’est-ce que j’ai fait? j’en ai fait un concept. J’ai appelé ça les clones de la drague. Et ça a été ma toute première vidéo. »
Faut-il négocier ses tarifs de coaching ?
Refuser de négocier son tarif de base est une posture forte qui affirme la valeur de votre travail. Proposez plutôt une offre modulable, une « formule Légo », où le client peut enlever des éléments pour ajuster le prix à son budget.
« Non, parce qu’en fait, s’ils veulent négocier, bah je leur dis ‘Bah, dans ces cas-là, on enlève des séances.’ […] mais je vais pas négocier, par contre. Ça, je je je refuse de négocier. J’ai par principe, j’ai toujours refusé de négocier. »
Comment créer une communauté engagée autour de son activité de coach ?
Pour créer une tribu, il faut définir une identité forte, une vision partagée et un « ennemi commun ». Le fait de se positionner contre une idée ou une méthode dominante permet de souder les membres et de renforcer leur sentiment d’appartenance.
« Le meilleur moyen de de souder une population, c’est de lui donner un ennemi commun. Et et on en rit ensemble, on rit ensemble de cette ennemi commun. Et ça et à chaque à chaque vidéo, on ressoude encore plus les liens de la communauté. »
Quelle est la différence entre une approche de vente classique et une approche ‘créative’ ?
Une approche classique suit un script ou une trame pré-définie. Une approche créative, inspirée de l’improvisation, consiste à se donner un thème (par exemple, un sujet d’actualité) et à construire l’interaction autour de ce thème de manière spontanée et unique.
« Ma solution, c’est plutôt que d’apprendre des phrases stylées, apprends la compétence qui te permet de créer toi-même ces phrases stylées, à savoir la créativité. »
Comment utiliser le storytelling pour vendre ses services ?
Le storytelling permet de créer une connexion émotionnelle avec les prospects. En partageant votre propre parcours, vos échecs et vos aspirations (comme l’exemple de Hank Moody), vous montrez que vous comprenez leur situation et vous les inspirez.
« Au début, je fais un peu de storytelling, j’explique que moi mon but au départ, c’était de ressembler à Hank Moody dans Californication. […] Tous les mecs quand tu les écoutes, ils te parlent de Hank Moody. […] direct quand tu parles de lui, bon bah ça a déjà ça les gens, ils t’écoutent plus parce que c’est un modèle qui qui leur plaît aussi. »