Vendre sur Amazon en 2020 : le business a-t-il changé ?
L’opportunité de vendre sur Amazon a longtemps été perçue comme une véritable ruée vers l’or. Beaucoup se sont lancés, certains avec un succès fulgurant, d’autres moins. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Julien de Oseille TV, qui génère plus d’un million de chiffre d’affaires sur la plateforme, nous explique comment le paysage a évolué et pourquoi il est crucial de s’adapter.
L’évolution de l’opportunité Amazon FBA
Il fut un temps où, comme le souligne Stan de Marketing Mania, « n’importe qui avec 15 000 balles pouvait contacter un chinois, sortir un stock, le lancer et tout d’un coup les gens sortaient des chiffres hallucinants. » Cette époque semble révolue. Julien, arrivé environ 3 ans et demi après les pionniers, confirme ce changement radical.
« Je pense qu’il y a toujours des opportunités. Par contre, ça s’est vraiment professionnalisé. C’est-à-dire que […] il y a 4-5 ans, les premiers à être là pouvaient aller sur les niches même sur des choses très mainstream, des produits vraiment de grande consommation et trouver leur place très facilement, ce qui est plus possible vraiment à l’heure actuelle. »
La clé du succès n’est plus dans la simple présence, mais dans une approche stratégique et professionnelle. Il faut désormais creuser pour dénicher des pépites : « Il va vraiment falloir aller sur des produits qui sont sous les radars, vouloir vraiment faire des recherches poussées pour trouver des niches de produits. »
Quel budget pour démarrer sur Amazon aujourd’hui ?
Cette professionnalisation a un impact direct sur les barrières à l’entrée, notamment financières. Si auparavant coller un sticker sur un produit générique suffisait, aujourd’hui, la différenciation est reine. Julien insiste sur la nécessité de voir plus loin : « Si on veut durer dans ce game, il faut vraiment prendre le branding comme un vrai métier. Donc apporter une vraie valeur ajoutée déjà au niveau branding et au niveau fonctionnalité des produits si possible également. »
Modifier un produit existant pour y ajouter des fonctionnalités implique des coûts de développement, des moules, et des quantités minimales de commande (MOQ) plus élevées. Cela augmente le ticket d’entrée. Cependant, Julien nuance :
« On doit pas forcément tout faire d’un coup. C’est-à-dire qu’on peut trouver une niche qui est vraiment sous les radars, apporter des améliorations. […] On peut commencer simplement en apportant un branding, en améliorant les listings, donc les fiches produits sur Amazon. On peut déjà commencer par ça et puis au fur et à mesure améliorer son produit. »
Il souligne également que certains marchés européens comme la France, l’Espagne ou l’Italie sont encore « très faciles » sur des produits de niche, car les gros vendeurs américains ne s’y sont pas encore massivement implantés.
Comment trouver une niche rentable et créer sa marque sur Amazon ?
La recherche de produits est l’étape la plus critique. Plutôt que de suivre les modes, Julien a développé une méthode contre-intuitive mais redoutablement efficace pour identifier des opportunités durables.
La stratégie des produits « pas très sexy » et sous les radars
Loin des gadgets à la mode comme les handspinners, Julien se concentre sur des marchés de niche, presque ennuyeux pour le commun des mortels. « De base, j’aime bien les choses pas très sexy, un peu bizarres », confie-t-il. Il donne un exemple concret pour illustrer sa pensée : l’érythritol, un substitut du sucre.
« Je pense que la plupart des gens qui vont écouter cette émission ne savent pas ce que c’est et pour moi c’est un bon point en fait en premier. […] Je cherche vraiment des choses qui sont vraiment nichées qui sont pas sexy de base et où il y a des inefficiences de marché. »
Son analyse sur ce produit révèle un vendeur unique réalisant 20 000€ de chiffre d’affaires mensuel avec seulement 30 commentaires. Pour Julien, c’est un signal clair : « Ça moi je peux arriver sur ces marchés-là. Je peux les attraper ces 30 commentaires, je peux faire mieux que ce qui est existant. » Il cherche des faiblesses exploitables : packagings peu attractifs, fiches produits non optimisées, etc.
Jungle Scout : l’outil indispensable pour analyser le marché
Pour ne pas naviguer à vue, Julien s’appuie sur des données solides. Son outil de prédilection est Jungle Scout, qu’il considère comme un élément clé de son succès. Il l’utilise de deux manières :
- La Chrome Extension : « Quand on se balade sur Amazon comme un client, on peut faire tourner cette Chrome extension qui va donner des estimations. Pour moi, c’est un des plus précis à l’heure actuelle. »
- La Web Application : « Elle va tous les jours simuler une commande de 999 pièces […] et comme c’est le maximum qu’on peut commander sur Amazon, Amazon dit non, il reste que 400 pièces. Le lendemain, l’outil refait la même chose, non il reste que 380 pièces. Donc on sait qu’il y a 20 pièces qui ont été vendues. »
Cette analyse de la demande est cruciale, mais ne suffit pas. Il faut ensuite s’assurer de pouvoir apporter une réelle valeur ajoutée, car « si on arrive avec une copie de ce qui existe déjà, […] ça va être difficile de faire beaucoup mieux. »
L’importance du branding pour créer sa marque sur Amazon
La création d’une marque est au cœur de la stratégie de Julien. Il ne s’agit pas simplement de vendre une collection de produits aléatoires. Il y a plusieurs logiques derrière cette approche :
- Se protéger : « Quand tu as ta propre marque, tu as le contrôle sur ton propre listing et tu peux pas avoir plein de gens qui vont venir vendre des produits génériques. » Cela évite la compétition directe sur sa propre fiche produit.
- Créer un actif revendable : « Tu crées un actif, quelque chose qui va se revendre. Quand tu vends des produits génériques […] ça a pas vraiment de valeur à la revente. »
- Créer une synergie : En développant une gamme de produits complémentaires sous une même marque, on capitalise sur la notoriété acquise. Le lancement de nouveaux produits est facilité par une charte graphique et une identité déjà établies.
Julien préfère cette approche cohérente, même s’il reconnaît que d’autres vendeurs réussissent en lançant des produits totalement décorrélés.
Stratégies de lancement pour classer ses produits sur Amazon
Une fois le produit et la marque définis, le lancement est une phase déterminante. Pour se faire une place dans les résultats de recherche, il faut maîtriser deux aspects fondamentaux : les évaluations clients et le trafic.
Les évaluations clients : le nerf de la guerre pour vendre sur Amazon
« C’est clairement le nerf de la guerre, les évaluations », affirme Julien, qui a appris cette leçon dès sa première expérience entrepreneuriale avec les maisons d’hôtes sur Booking.com. Sa stratégie pour obtenir des avis sur Amazon est méthodique :
D’abord, il choisit ses batailles : « Je vais pas aller sur des produits où ça va être inatteignable le nombre de commentaires qu’il va falloir rattraper. […] Si dans ce top 5 les gens ont déjà plus de 100 commentaires, c’est pas des produits qui vont spécialement m’intéresser. » Il préfère les niches où les leaders ont 20 à 30 commentaires.
Ensuite, vient la phase de lancement, où il faut être un peu « borderline » :
« Malheureusement là, il faut être un petit peu borderline, il n’y a pas d’autres solutions au départ pour lancer un peu la machine que d’acheter du commentaire et ça c’est obligatoire. […] L’optimal c’est d’être sur des niches qui n’ont pas besoin de trop de commentaires, d’avoir les 5 à 10 premiers commentaires et ensuite d’envoyer ce qu’on appelle du PPC, de la pub sur Amazon. »
L’objectif est de se sevrer le plus vite possible de l’achat d’avis pour générer des ventes et des commentaires naturels. Amazon commence à proposer des solutions comme le « Early Reviewer Program » aux États-Unis, qui incite les premiers acheteurs à laisser un avis, une initiative que Julien salue.
Générer du trafic externe pour booster ses lancements
Amazon adore le trafic extérieur. Apporter des clients depuis d’autres plateformes est un signal positif pour l’algorithme. Julien utilise plusieurs leviers :
- La mailing list : Essentielle pour générer une vélocité de ventes dès le premier jour.
- Les blogs de niche : « C’est vraiment quelque chose qui fait partie intégrante de ma stratégie sur Amazon, c’est d’être présent également sur tous les sites de reviews, de tests ou de gens passionnés autour de mes produits. » Il cultive des relations avec les propriétaires de ces blogs pour obtenir des articles ou des bannières publicitaires lors de ses lancements.
- Les influenceurs : Une autre technique, empruntée au dropshipping, qui peut être efficace bien que plus difficile à quantifier.
Publicité sur Amazon : pourquoi privilégier le PPC interne ?
Quand il s’agit de publicité payante, Julien est catégorique. Il privilégie à 100% le système de Pay-Per-Click (PPC) interne à Amazon plutôt que des régies externes comme Google AdWords ou Facebook Ads. La raison est simple : la data.
« Pour moi c’est rédhibitoire. Enfin, c’est trop difficile de savoir exactement ce que ça rapporte. Je préfère largement investir mon argent dans le PPC sur Amazon puisque là on a de la data. […] Je suis pas quelqu’un qui aime spécialement naviguer à vue. […] Je préfère largement investir encore une fois de l’argent dans Amazon où je vais avoir mon ACoS, je vais savoir combien me coûte chaque acquisition de client. »
L’impossibilité de placer un pixel de suivi sur les pages Amazon rend le calcul du retour sur investissement des campagnes externes trop imprécis à son goût.
Gérer la relation avec Amazon et ses clients
Vendre sur Amazon implique d’accepter un certain nombre de règles du jeu, notamment le fait que les clients appartiennent à la plateforme. Mais il existe des moyens de créer un lien direct avec eux.
Comment collecter les emails des clients sur Amazon ?
Bien que ce soit une zone grise, Julien collecte les adresses email de ses clients. La technique principale est celle du « product insert », un flyer glissé dans le packaging du produit. Pour rester conforme aux conditions d’utilisation d’Amazon (TOS), il faut apporter de la valeur ajoutée plutôt que de proposer une simple réduction.
« Il faut pas faire un product insert qui va dire ‘viens sur mon site, tu auras moins 10% si tu me laisses ton adresse email’. Ça, ça marche pas du tout. […] Par contre, si tu apportes de la valeur en plus à ton client, on va dire que c’est toujours pas compliant vraiment à 100%, mais c’est plus ou moins toléré. »
Il donne plusieurs exemples créatifs :
- Proposer une série de vidéos sur l’utilisation du produit.
- Offrir un ebook complémentaire.
- Pour une marque éco-responsable, inviter le client à choisir l’association à laquelle un pourcentage des bénéfices sera reversé, en échange de son email.
Pour l’instant, il utilise principalement cette liste pour les lancements de nouveaux produits.
Les avantages et les inconvénients de la dépendance à une marketplace
Le plus grand inconvénient d’Amazon est que « leurs clients sont leurs clients et ce n’est pas les nôtres ». Cependant, la force de frappe de la plateforme est un avantage qui, selon Julien, surpasse cet inconvénient.
« La force, c’est que si on arrive à se placer pour un mot-clé donné, c’est vraiment les Champs-Élysées du e-commerce. Enfin, les gens ont leur carte enregistrée dans ce site et ils font une confiance absolue dans Amazon. »
Il se définit lui-même comme « pro marketplace », une philosophie qu’il a développée bien avant Amazon : « J’ai connu exactement les mêmes problèmes quand j’étais à Marrakech avec mes maisons d’hôtes entre booking et faire son propre site internet. J’ai très vite compris que le trafic était sur booking.com et que j’allais perdre mon temps à essayer de développer un site internet. » Pour lui, il est plus intelligent de capter un trafic déjà existant que de tenter de le construire de zéro.
Le parcours d’entrepreneur : des maisons d’hôtes à Marrakech à l’e-commerce
Avant de devenir un expert d’Amazon FBA, Julien a fait ses armes dans un secteur bien différent : l’hôtellerie à Marrakech. Une expérience qui s’est avérée être une excellente école.
L’école de l’hôtellerie : une première expérience formatrice
À la fin de ses études, Julien a transformé une maison de famille, un riad, en une maison d’hôtes prospère. Il a appliqué les mêmes principes qu’il utilise aujourd’hui : se battre pour la visibilité sur les grandes plateformes. « J’ai fait monter [le riad] dans les résultats de recherche de TripAdvisor. […] J’ai réussi à le monter dans le top 50 de Marrakech qui est un marché ultra compétitif. »
Fort de ce succès, il a développé une activité de conciergerie Airbnb, gérant jusqu’à une dizaine de maisons pour d’autres propriétaires. À son apogée, son business comptait plus de 20 employés.
De la gestion de 20 employés à la recherche d’un business scalable
Malgré le succès, Julien a fini par vendre son entreprise. La raison ? Le manque de scalabilité. « J’en ai eu un petit peu marre parce que c’était pas scalable à l’infini non plus, je pouvais pas me démultiplier, être partout. » Le business dépendait trop de sa présence physique et de son implication personnelle. Cette prise de conscience l’a poussé à chercher un modèle d’affaires qui pourrait croître sans que sa propre personne ne devienne un goulot d’étranglement. C’est en écoutant un podcast dans un avion qu’il a découvert Amazon FBA et l’infopreneuriat, les deux piliers de son activité actuelle. Un parcours qui montre que les principes du succès sur une marketplace peuvent s’appliquer, que l’on vende des nuits à Marrakech ou des produits du quotidien sur Amazon.
Questions fréquentes sur la vente sur Amazon
Est-il encore possible de réussir en vendant sur Amazon FBA ?
Oui, il existe toujours de nombreuses opportunités, mais le marché s’est fortement professionnalisé. Le succès ne dépend plus de la chance, mais d’une stratégie solide basée sur la recherche de niches, la différenciation par le branding et l’amélioration continue des produits.
Julien : « Je pense qu’il y a toujours des opportunités. Par contre, ça s’est vraiment professionnalisé. […] il va vraiment falloir aller sur des produits qui sont sous les radars, vouloir vraiment faire des recherches poussées pour trouver des niches de produits. »
Comment trouver un produit rentable à vendre sur Amazon ?
La meilleure approche est de chercher des produits de niche, peu concurrentiels, et qui ne sont pas forcément « sexy » ou à la mode. L’idée est de trouver des marchés avec des « inefficiences », où les vendeurs actuels ont des faiblesses (mauvais packaging, fiches produits mal optimisées) que vous pouvez exploiter.
Julien : « De base, j’aime bien les choses pas très sexy, un peu bizarres. […] Je cherche vraiment des choses qui sont vraiment nichées qui sont pas sexy de base et où il y a des inefficience de marché. »
Quel budget faut-il prévoir pour se lancer sur Amazon FBA ?
Le budget a augmenté avec la professionnalisation du marché. Si vous souhaitez modifier un produit, les coûts de développement et les quantités minimales de commande peuvent être élevés. Cependant, il est possible de démarrer de manière progressive, en se concentrant d’abord sur un bon branding et un listing optimisé, avant d’investir dans l’amélioration du produit.
Julien : « On peut commencer simplement en apportant un branding, en améliorant les listings donc les fiches produits sur Amazon, on peut déjà commencer par ça et puis au fur et à mesure améliorer son produit. »
Pourquoi est-il important de créer sa propre marque sur Amazon ?
Créer sa marque (private label) est crucial pour trois raisons : se protéger en ayant le contrôle total de sa fiche produit, bâtir un actif qui a une valeur à la revente, et créer un écosystème de produits cohérent qui facilite les lancements futurs.
Julien : « La première déjà, c’est de de se protéger en tant que vendeur, c’est-à-dire que quand tu as ta propre marque, tu as le contrôle sur ton propre listing. […] La deuxième, c’est que tu crées un actif, quelque chose qui va se revendre. »
Comment obtenir ses premiers avis clients sur Amazon ?
L’acquisition des premiers avis est une étape critique. La stratégie consiste à cibler des niches où les concurrents ont peu d’avis (20-30), puis à obtenir les 5 à 10 premiers avis rapidement pour lancer la machine. Une fois les premières ventes naturelles générées (notamment via la pub PPC), les avis suivront de manière organique.
Julien : « L’optimal c’est d’être sur des niches qui ont pas besoin de trop de commentaires, d’avoir les 5 à 10 premiers commentaires et ensuite d’envoyer ce qu’on appelle du PPC de de la pub sur Amazon. »
Faut-il acheter des commentaires pour ses produits Amazon ?
Julien admet que pour lancer un produit et obtenir la traction initiale, il est souvent nécessaire d’être « un petit peu borderline » et d’acheter les tout premiers commentaires. Cependant, il insiste sur le fait que c’est une solution de court terme et que l’objectif doit être de s’en passer le plus rapidement possible.
Julien : « Malheureusement là il faut il faut être un petit peu borderline, il y a pas il y a pas d’autres solutions au départ pour lancer un peu la machine que d’acheter du commentaire et ça c’est c’est obligatoire, ouais. […] le plus vite on peut se passer de l’achat de commentaires, le mieux c’est. »
Comment attirer du trafic externe vers sa fiche produit Amazon ?
Le trafic externe est très valorisé par Amazon. Les meilleures sources sont les listes d’emails que vous avez constituées et les partenariats avec des blogs de niche spécialisés dans votre domaine. Contacter ces blogs pour un article ou une bannière publicitaire lors d’un lancement est une stratégie très efficace.
Julien : « Les blogs de niche sont extrêmement importants de cultiver. […] C’est vraiment quelque chose qui fait partie intégrante de de ma stratégie sur Amazon, c’est d’être présent également sur tous les sites de reviews, de tests ou de de gens passionnés autour de mes produits. »
Quel est le meilleur outil pour analyser les ventes sur Amazon ?
Julien recommande fortement Jungle Scout, qu’il utilise quotidiennement. L’outil combine une extension Chrome pour des estimations rapides des ventes et une application web pour un suivi précis des ventes d’un produit sur la durée, ce qui permet de valider la demande avant d’investir.
Julien : « Ah je suis très pro Jungle Scout, j’aime beaucoup Jungle Scout, je l’utilise depuis vraiment le début. Ça m’a vraiment fait gagner beaucoup d’argent. Ça fait partie vraiment de mon succès sur Amazon cet outil. »