Logo de l'épisode Thaïlande, Amazon FBA et Covid - avec Paul de Nomade Digital du podcast Marketing Mania - Conversations d'entrepreneurs

Thaïlande, Amazon FBA et Covid – avec Paul de Nomade Digital

Épisode diffusé le 15 juin 2021 par Marketing Mania

Écouter l'épisode :

Bilan annuel : comment nos business de nomades digitaux ont traversé la crise

Bienvenue sur le podcast Nomade Digital ! Un podcast qui est maintenant devenu un rendez-vous annuel. Je suis Stan de marketingmania.fr. Et je suis Paul. Après un an d’absence, on a décidé de faire une mise à jour sur où nous en sommes, ce qui a changé dans nos business et nos vies, notamment avec cette année 2020 si particulière.

Avant de plonger dans le vif du sujet, on a eu une petite discussion sur la montée en puissance de la ‘Creator Economy’ et d’un outil en particulier : Substack.

Substack et la ‘Creator Economy’ : la renaissance de l’e-mail ?

Stan : ‘Je suis choqué que tu ne sois pas tombé dessus… C’est cette fameuse plateforme de newsletter qui est valorisée en Silicon Valley à probablement 32 milliards. Tu écris ta petite newsletter, elle est envoyée par e-mail, et puis c’est la renaissance de l’e-mail.’

Substack simplifie la vie des créateurs en intégrant toute la partie technique : l’hébergement, la gestion des paiements, les abonnements. Avant, il fallait tout construire soi-même. Substack a packagé ça dans un service simple où ils prennent un pourcentage sur les abonnements payants. Leur promesse, c’est la simplicité technique et la distribution via des effets de réseau, en recommandant les auteurs les uns aux autres. C’est un phénomène qui s’inscrit dans la tendance de la ‘Creator Economy’, où la Silicon Valley semble redécouvrir les formations en ligne et le contenu payant.

L’impact du Covid sur un business nomade digital

L’année 2020 a été marquée par le Covid. Pour nous qui travaillons sur Internet et vivons en Thaïlande, l’expérience a été assez différente de ce qu’on a pu voir en Europe.

Comment la crise a boosté notre e-commerce

Paul : ‘Au niveau business, je pense que ça a été comme pour beaucoup de gens qui travaillent en ligne, c’est-à-dire que là où tous les business traditionnels étaient un peu en galère, ça a été plutôt un boost pour nous.’

L’équation était simple : une explosion de la demande combinée à une supply chain en difficulté pour beaucoup de nos concurrents. Mécaniquement, c’était une situation très favorable. La clé de notre succès a été une stratégie à contre-courant. Quand la plupart des vendeurs ont cherché à liquider leur stock par peur, nous avons fait le pari de rester en stock le plus longtemps possible.

Paul : ‘Nous, on était plus dans l’optique de rester en stock le plus longtemps. On s’est retrouvés dans une situation où, sur certaines catégories, il y avait très très peu de concurrence, et la demande restait forte.’

Cette situation a eu des effets spectaculaires. Par exemple, sur les publicités Amazon (PPC), les coûts se sont effondrés. Là où on payait 6 ou 7€ pour une vente, on est passé à 3 centimes, car il n’y avait plus personne pour enchérir. Le chiffre d’affaires n’a pas explosé à cause des ruptures de stock inévitables, mais les marges, elles, ont atteint des niveaux exceptionnels.

Les leçons apprises pour la gestion de la supply chain

Cette crise nous a appris une leçon fondamentale sur la gestion des risques et de la logistique. Nous avons réalisé l’importance d’avoir plus de marge de manœuvre dans notre supply chain.

Paul : ‘Au lieu d’essayer d’optimiser à tout prix la supply chain et de la rendre la plus tendue, la plus efficace possible, en fait, laisser un peu de leste, de slack, ça a du sens.’

Concrètement, cela s’est traduit par plusieurs changements :

  • Augmenter les niveaux de stock : Pour les produits les plus stables, nous maintenons désormais un stock plus important pour pouvoir réagir à des événements inattendus.
  • Diversifier la logistique : Avant, nous étions 100% dépendants d’Amazon pour le stockage. La crise nous a forcés à utiliser des entrepôts tiers, ce qui nous donne beaucoup plus de flexibilité. Si Amazon repousse une livraison, nous avons désormais des alternatives.

Cette fragilité de la logistique mondiale a été illustrée par de nombreux événements récents, comme le blocage du canal de Suez par l’Evergiven ou la pénurie mondiale de puces électroniques. Cela montre que même une petite erreur humaine ou une mauvaise anticipation peuvent avoir des ramifications énormes sur toute l’économie. Aujourd’hui, tout coûte plus cher, le fret a quadruplé, et l’inflation semble inévitable.

Vivre en Thaïlande pendant la pandémie : une expérience à part

Nous habitons tous les deux à Chiang Mai, en Thaïlande. Notre expérience de la pandémie a été radicalement différente de celle vécue en France ou dans d’autres pays occidentaux.

Comment la Thaïlande a géré la crise sanitaire

La stratégie thaïlandaise a été simple et efficace : fermer les frontières. Pour entrer dans le pays, il faut toujours une quarantaine stricte, même vacciné. Combiné à un grand respect du port du masque et à une culture plus collectiviste, le virus a été contenu de manière spectaculaire.

Paul : ‘Je crois qu’il y a eu moins de 1000 morts depuis le début avec le Covid en Thaïlande. […] Par contre, tu as quelque chose comme 40 000 morts sur les routes chaque année.’

Globalement, nous avons vécu avec très peu de restrictions au quotidien. Les commerces sont restés ouverts la plupart du temps, et la vie a continué presque normalement.

Le paradoxe de l’expatrié : jamais vraiment chez soi

Cependant, la crise a aussi mis en lumière un aspect plus sombre de la vie d’expatrié en Thaïlande : une forme de xénophobie institutionnelle.

Paul : ‘Tu sens que dès qu’il y a la merde, les politiques sont rapidement à placer la responsabilité sur les étrangers.’

Un exemple frappant est la politique de vaccination, qui a priorisé les citoyens thaïlandais. Cela rappelle une réalité fondamentale : en Thaïlande, on peut vivre des années, mais on ne sera jamais considéré comme un local. On ne peut pas posséder de terre, et même nos enfants nés ici n’ont aucune garantie d’obtenir la citoyenneté. C’est une différence majeure avec des pays comme les États-Unis ou le Canada, et même la France, où la naturalisation est un chemin possible vers l’intégration complète.

Questions des auditeurs : Les réponses de Stan et Paul

Nous avons reçu de nombreuses questions de votre part, et nous en avons sélectionné quelques-unes pour y répondre.

Comment se créer un réseau et quel est le meilleur hub pour un nomade digital ?

Mathieu, un auditeur, nous demandait conseil sur le meilleur endroit pour réseauter. Il est à Budapest mais trouve le réseau limité.

Stan : ‘Aujourd’hui, les hubs, je m’en fiche un peu. […] Finalement, tu as besoin de combien de personnes autour de toi ? Si tu connais 10 personnes, je suis déjà content.’

L’idée des ‘hubs’ géants est peut-être un peu surcotée. Il y a 5 ou 6 ans, c’était important, mais aujourd’hui, une masse critique d’entrepreneurs est présente dans de très nombreuses villes (Chiang Mai, Lisbonne, Austin, Mexico City, et même Budapest). Il n’est pas nécessaire d’être dans le plus grand hub du monde pour se faire un groupe de 5 à 10 personnes intéressantes avec qui échanger. Des sites comme Nomad List peuvent aider à trouver ces villes.

Faut-il encore se lancer sur Amazon FBA en 2021 ?

C’est une question qui revient souvent. Paul, dont c’est le business principal, a un avis très tranché.

Paul : ‘La première raison, c’est que je n’ai pas la conviction qu’une personne, un individu actuellement, a une chance raisonnable de réussir sur Amazon.’

Pourquoi ? Plusieurs raisons :

  • Le capital de départ : Il faut au moins 20 000€ pour se donner une chance. C’est un investissement risqué qui peut mettre des gens en danger financièrement.
  • La complexité : Entre la logistique, la conformité des produits (compliance), la concurrence féroce, le marché est devenu extrêmement difficile pour un débutant.
  • Le cash flow : C’est un business où plus on grandit, moins on a d’argent disponible, car tout doit être réinvesti en stock. Avec des délais de production et de transport de plusieurs mois, on peut attendre 8 mois avant de récupérer sa mise de départ sur un lot de produits.

En résumé, Paul ne recommanderait pas Amazon FBA comme premier business en ligne aujourd’hui, sauf si vous avez déjà un avantage compétitif clair, comme une audience existante.

Quelle est la meilleure opportunité pour se lancer en ligne aujourd’hui ?

Si Amazon FBA n’est plus l’eldorado, où se trouvent les opportunités ?

Stan : ‘YouTube. Tu peux vraiment… voir des gens qui se sont lancés il y a un an et qui ont des croissances de ouf sur YouTube. Il y a vraiment un algorithme de distribution qui fait que avec du bon contenu, les gens décollent.’

YouTube reste une plateforme où le rapport effort/récompense peut être disproportionné. Le ticket d’entrée n’est pas très cher, mais le succès est binaire : soit ça ne donne rien, soit la croissance est météorique. Le succès sur YouTube demande une combinaison de compétences : être un expert dans son domaine, savoir écrire, avoir une bonne énergie à la caméra, et maîtriser les aspects techniques de la production. C’est cette intersection de talents qui limite la concurrence et maintient les opportunités ouvertes.

Pourquoi ne pas utiliser la publicité Facebook comme canal d’acquisition principal ?

Stan : ‘Ma vision, c’est toujours cette idée du 80/20. Si tu as un truc qui marche, continue à investir dedans tant que tu ne l’as pas maximisé.’

La raison pour laquelle Stan ne se concentre pas sur Facebook Ads est simple : il n’a pas encore exploité tout le potentiel de YouTube. Le temps créatif étant limité, il préfère l’investir dans la création de vidéos YouTube, qui sont un actif durable (une ‘rente’ de trafic sur des années), plutôt que dans des publicités qui ont une durée de vie limitée.

Dans la tête d’un entrepreneur : ce qu’on aime et ce qu’on déteste

Pour finir, une question de Victor : qu’est-ce qu’on préfère et qu’est-ce qu’on déteste le plus dans nos business respectifs ?

Paul, l’homme de l’opérationnel

Paul : ‘Moi, étrangement, c’est l’opérationnel. C’est ce que j’aime le plus, et c’est aussi ce que je considère être du vrai travail, où tu mets les mains dans le cambouis.’

Contrairement à beaucoup d’entrepreneurs, Paul adore la logistique, la gestion des produits physiques. Ce qu’il aime le moins, ce sont les aspects plus ‘softs’ comme la vision stratégique, et surtout, les tâches humaines difficiles comme licencier des employés.

Stan, le créatif face au management

Stan : ‘La partie qui m’intéresse le plus, c’est vraiment l’écriture. Quand j’ai l’impression de communier avec le Saint-Esprit du business en ligne, c’est vraiment quand j’écris.’

Pour Stan, le cœur du métier, c’est la création et la stratégie. Là où il souffre le plus, c’est sur le management. En passant de 3 à 10 personnes, il a dû apprendre sur le tas, et la transition est un défi.

Stan : ‘Là où je souffre le plus, moi, c’est sur le management des gens aujourd’hui. […] Je suis pas bon sur les dates, j’ai des lacunes, j’ai des faiblesses en terme de tempérament sur ces éléments-là.’

Le défi est de trouver un équilibre, de structurer l’équipe pour compenser ses faiblesses (par exemple avec un profil plus opérationnel), et de ne pas laisser les tâches de gestion empiéter sur le travail créatif qui est au cœur de la valeur de son business.

FAQ : Vos questions sur le business de nomade digital

Faut-il encore se lancer sur Amazon FBA en 2021 ?

Non, ce n’est plus recommandé pour un débutant. Le marché est devenu très compétitif, complexe et nécessite un investissement de départ conséquent (environ 20 000€) avec des risques financiers élevés.

Paul : ‘Actuellement, si tu commences, je recommanderais vraiment vraiment pas Amazon FBA, sauf si tu as une affinité particulière pour les produits physiques et que tu as vraiment une conviction très forte et tu as un peu les épaules solides par rapport à ça.’

Quel budget faut-il prévoir pour démarrer sur Amazon FBA ?

Pour se donner une chance raisonnable de réussir, il faut prévoir un capital d’environ 20 000€. Cet argent couvre le premier stock, la logistique et les frais de lancement, mais le retour sur investissement peut prendre de nombreux mois.

Paul : ‘Je pense que si tu veux te donner une bonne chance, il faut investir peut-être 20 000€ et donc, c’est quand même un c’est un capital.’

Comment le Covid a-t-il affecté les entreprises d’e-commerce ?

Le Covid a massivement boosté les entreprises d’e-commerce en augmentant la demande des consommateurs confinés. Il a aussi créé des opportunités pour les vendeurs bien préparés en mettant en difficulté les concurrents dont la chaîne logistique était trop tendue.

Paul : ‘Ça a été plutôt un boost pour nous. […] Explosion de la demande et de l’autre côté, forcément, la supply chain un peu en galère, donc, ça a été plutôt bénéfique pour nous.’

Quelle est la meilleure plateforme pour se lancer dans la création de contenu aujourd’hui ?

YouTube est considéré comme une excellente opportunité. Son algorithme de distribution peut offrir une croissance très rapide et disproportionnée par rapport à l’effort si le contenu est de qualité et que le créateur possède les bonnes compétences (expertise, écriture, présentation).

Stan : ‘YouTube. Tu peux vraiment voir des gens qui se sont lancés il y a un an et qui ont des croissances de ouf sur YouTube.’

Où s’installer pour rencontrer d’autres nomades digitaux ?

L’importance d’un ‘hub’ spécifique a diminué. De nombreuses villes comme Chiang Mai, Budapest, Lisbonne ou Mexico City ont désormais une communauté de nomades digitaux suffisante pour se créer un réseau. Il n’est plus nécessaire d’aller dans les plus grands hubs pour trouver des contacts intéressants.

Stan : ‘Maintenant, il y a quand même beaucoup beaucoup de villes où effectivement, tu pourras facilement trouver 5, 10 personnes avec qui discuter.’

Comment la Thaïlande a-t-elle géré la crise du Covid-19 ?

La Thaïlande a très bien géré la crise en fermant ses frontières très tôt et en imposant une quarantaine stricte à l’entrée. Associé à une culture locale du port du masque et du respect des consignes, le pays a connu très peu de cas et de décès, permettant une vie quasi normale à l’intérieur de ses frontières.

Paul : ‘Ce qu’ils ont fait, je pense que tous les pays auraient dû faire honnêtement, c’est fermer les frontières. C’est plus efficace en fait, si tu veux contenir, tu fermes les frontières.’

Quels sont les inconvénients de la vie d’expatrié en Thaïlande ?

Le principal inconvénient est la difficulté d’intégration à long terme. Un étranger ne sera jamais considéré comme un local, ce qui se traduit par des obstacles juridiques (impossibilité de posséder la terre) et un sentiment de précarité, surtout en temps de crise où un certain nationalisme peut ressortir.

Paul : ‘Fondamentalement, si tu es pas thaï de base, tu seras jamais thaïlandais, en fait. Tu seras jamais ton pays, tout simplement.’

Quelles sont les tâches les plus difficiles pour un entrepreneur qui scale son business ?

L’une des tâches les plus difficiles est le management. À mesure que l’équipe grandit, le fondateur doit passer d’un rôle d’expert (créatif ou opérationnel) à un rôle de leader, ce qui demande de nouvelles compétences et peut être une source de frustration, surtout si cela empiète sur les tâches qu’il aime faire.

Stan : ‘Là où je souffre le plus, moi, c’est sur le management des gens aujourd’hui. […] Il a fallu que je les apprenne un petit peu à la dure.’


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