Logo de l'épisode Pourquoi votre idée n'a pas d'importance - Avec Morgane Février du podcast Marketing Mania - Conversations d'entrepreneurs

Pourquoi votre idée n’a pas d’importance – Avec Morgane Février

Épisode diffusé le 4 août 2015 par Marketing Mania

Écouter l'épisode :

Le parcours d’une entrepreneure : du pivot inattendu au succès

Dans cet épisode de Marketing Mania, Stanislas Leloup reçoit Morgane Février, une coach et consultante en web marketing qui s’est forgée une solide réputation. Mais avant de devenir ce qu’elle appelle un « couteau Suisse pour entrepreneur », son parcours a débuté avec une tout autre ambition. Son histoire est une leçon magistrale sur l’importance de s’adapter et de savoir pivoter lorsque le marché ne répond pas présent.

De l’assistant personnel à la consultante web marketing

Morgane se présente de manière simple et efficace : « En général, comme je fais beaucoup de choses pour faire le moins compliqué possible, je dis que je suis un couteau Suisse pour entrepreneur ». Cette polyvalence, elle la met au service de ses clients, qu’il s’agisse de TPE, PME, start-ups ou même de comédiens, en s’appuyant sur dix ans d’expérience en salariat dans le digital et plus de trois ans d’entrepreneuriat.

Ce qui est fascinant, c’est sa méthode d’acquisition client. Alors qu’elle est spécialiste en web marketing, elle avoue : « je n’utilise pas de web marketing pour promouvoir mes produits et mes services parce que j’ai des clients ». Comment est-ce possible ? La réponse tient en deux mots : networking et recommandation. « Je suis en majorité sur recommandation. (…) Et puis j’ai aussi une bonne récurrence client ». Une preuve que l’intégrité et un sens aigu du service client peuvent parfois surpasser les stratégies marketing les plus complexes.

Mais ce succès n’est pas le fruit de son idée de départ. L’histoire de Morgane commence en 2012 avec une proposition de valeur radicalement différente.

La décision de pivoter : quand l’idée de départ ne fonctionne pas

À l’origine, Morgane avait créé « Wishes », un service d’assistant personnel pour les cadres et entrepreneurs. L’idée était simple : via une messagerie mobile, elle s’occupait de résoudre les tracas du quotidien, d’un problème de plomberie à la recherche d’une baby-sitter. « J’étais là par messagerie sur ton mobile. Tu m’envoyais un message et je trouvais une solution », explique-t-elle.

Pour ne pas s’isoler, elle rejoint une pépinière d’entreprises. C’est là que tout bascule. Les autres entrepreneurs, la voyant travailler, commencent à solliciter son expertise digitale. « Morgane, est-ce que tu peux pas regarder mon site web ? Est-ce que tu peux pas regarder mes réseaux sociaux ? » Les demandes affluent, et Morgane se retrouve à mener deux activités de front.

Pendant ce temps, son service d’assistant personnel peine à décoller. Elle identifie plusieurs freins : « le service en France, c’est compliqué parce que les Français ont du mal avec ça et ils ont l’impression que le service c’est gratuit ». De plus, le timing n’était pas idéal, en pleine période d’élection présidentielle en 2012. Malgré une bonne couverture médiatique, elle sentait que le « time to market » était peut-être « un peu foireux ».

Finalement, un constat s’impose : « je pouvais pas faire les deux ». Elle prend alors la décision courageuse de fermer son service initial pour se consacrer entièrement au consulting. Un choix guidé aussi par la passion : « j’avais plus de fun à faire le consulting au final ».

C’est ce qu’on appelle un pivot entrepreneurial. Comme le souligne Stanislas, « c’est pas parce que tu changes d’orientation que tu abandonnes ». L’histoire de Morgane illustre parfaitement que l’échec d’une première idée n’est pas une fin en soi, mais peut être le tremplin vers une opportunité bien plus grande. « Si j’avais pas fait cet assistant personnel, j’aurais pas fait le consulting derrière. Donc il faut toujours voir quand il arrive des galères ou des échecs (…) il faut toujours prendre le positif et rebondir. »

Le podcast, un levier de confiance et d’opportunités sous-estimé

Parmi les multiples casquettes de Morgane, il y en a une qui joue un rôle central dans sa stratégie : celle de podcasteuse. Son émission, « Le podcast des entrepreneurs », est bien plus qu’un simple canal de contenu. C’est un outil puissant pour donner, accompagner et, au final, recevoir des opportunités inattendues.

Pourquoi choisir le format podcast plutôt que la vidéo ou le blog ?

Morgane explique que le podcast est sa « façon de donner un service gratuit d’écoute, d’information et d’accompagnement à un maximum d’entrepreneurs ». Elle voulait offrir une ressource accessible, car beaucoup d’entrepreneurs se sentent seuls et les solutions d’accompagnement sont souvent payantes. « Moi j’avais envie de donner aussi. (…) J’aime bien donner avant de recevoir, ça m’a toujours servi dans ma vie ».

Si elle a aussi un blog, le choix du podcast s’est imposé face à la vidéo. « J’aime pas trop me mettre en avant. (…) la vidéo pour moi c’était trop dur il y a un an », confie-t-elle. Mais au-delà de cette appréhension, c’est son amour pour le format qui a primé. Grande consommatrice de podcasts américains comme « Startup », elle apprécie la possibilité d’apprendre en faisant autre chose. « Quand tu prends le métro et que tu as 45 minutes de trajet, pour moi du coup j’apprends des choses ».

Construire une relation personnelle avec son audience

Stanislas partage ce point de vue : « 1h et demi de podcast par jour (…) ça commence à faire la différence ». Le podcast est un format immersif qui crée un lien unique. « Les gens passent toutes les semaines du temps avec toi, ils t’écoutent. (…) sur ton podcast, ils vont rester avec toi pendant une demi-heure, 40 minutes. C’est super personnel. »

Cette relation intime se traduit par une confiance que les autres médias peinent à égaler. « Moi je trouve que ça aide à construire la confiance avec ton public d’une façon que un article sur Google ne permet pas », affirme Stanislas. C’est cette confiance qui ouvre des portes.

Comment un podcast attire des opportunités inattendues

Pour Morgane, dont le podcast comptait 55 épisodes au moment de l’interview, les résultats sont concrets. « Je suis contactée régulièrement grâce au podcast en fait », révèle-t-elle. Et les contacts ne sont pas des moindres : « des gros organismes, des syndicats patronaux, ça peut être la Fédération des auto-entrepreneurs… des surprises comme ça où tu te dis ‘Ah ouais, ils ont écouté mon podcast, c’est cool’. Tu sais jamais qui se cache derrière une écoute quoi. »

Même avec seulement quelques épisodes, Stanislas confirme ce phénomène : « J’ai été contacté quand même par des personnages où voilà, j’aurais eu du mal à les avoir par email ». Le podcast agit comme un filtre et un aimant à opportunités qualifiées, prouvant que le volume d’audience n’est pas le seul indicateur de succès.

La valeur d’une idée : le débat qui divise les entrepreneurs

Le parcours de Morgane, marqué par un pivot spectaculaire, soulève une question fondamentale dans le monde de l’entrepreneuriat : quelle est la véritable valeur d’une idée ? Sa réponse est aussi directe que clivante.

L’idée ne vaut rien, seule l’exécution compte

« J’ai un point de vue bien tranché sur la question qui est très difficile à entendre pour beaucoup de gens : l’idée ne vaut rien », lance Morgane sans détour. Elle développe son propos : « Des idées tout le monde en a. Tu penses que tu as une idée géniale, tu as au moins X milliers de personnes qui ont la même idée que toi en même temps que toi. Ce n’est pas l’idée qui fait le projet, c’est les gens, c’est la mise en œuvre, le plaisir que tu as à le faire et ta stratégie. »

Cette philosophie va à l’encontre de la croyance populaire qui sacralise « l’idée géniale ». Stanislas abonde dans ce sens, évoquant les personnes qui lui disent « j’ai une super idée mais je te la dis pas parce que j’ai peur qu’on me la pique ». C’est une erreur stratégique majeure. Morgane insiste : « c’est en parlant de ton idée que tu vas voir si elle est bonne ou si il faut que tu fasses un pivot. (…) Il ne faut pas hésiter à pitcher votre idée à tout le monde. »

Des exemples concrets : Uber, Facebook et la copie de business

L’histoire des affaires regorge d’exemples qui soutiennent cette thèse. Stanislas cite le cas de Magicab, une entreprise qui faisait « exactement ce que fait Uber aujourd’hui » mais qui a disparu depuis longtemps. La différence ? L’exécution. « Tu as Travis qui arrivait sur Uber et qui a tout défoncé parce que le mec savait exécuter. » L’idée était simple, mais l’exécution (levée de fonds massive, gestion des aspects légaux, expansion agressive) a tout changé.

Il en va de même pour Facebook, qui n’était pas le premier réseau social. Morgane ajoute l’exemple des frères Samwer et de leur société Rocket Internet, « des spécialistes de copie business qui copient intégralement le business ». En reprenant des modèles existants comme Sarenza avec Zalando, ils prouvent que même sans idée originale, une exécution supérieure peut conquérir un marché. « C’est là où tu as pour moi (…) l’exemple de A + B que l’idée ne vaut rien. C’est l’exécution », conclut-elle.

Comment évaluer ses idées et choisir les bons projets ?

Si l’idée ne vaut rien, la capacité à choisir et à exécuter les bons projets devient primordiale. En tant qu’entrepreneure impliquée dans de multiples initiatives, Morgane a développé une méthode rigoureuse pour évaluer chaque nouvelle opportunité.

Les 4 critères clés pour s’investir dans un projet

Face à la multitude d’opportunités, Morgane applique un filtre en quatre étapes pour décider où investir son temps et son énergie. Voici ses critères, par ordre d’importance :

  1. Les personnes : « En premier, c’est vraiment les personnes qui vont participer au projet. C’est le premier critère pour moi. »
  2. Le plaisir : « Le deuxième critère, c’est est-ce que le projet il est fun ou pas ? (…) Si tu n’as pas de motivation réelle intrinsèque et un petit peu de fun dans ce que tu fais, à un moment tu abandonnes. »
  3. La faisabilité : « Le troisième critère, c’est est-ce que le projet est envisageable ? Est-ce qu’il peut voir le jour ? » Il faut évaluer si l’idée est réalisable concrètement.
  4. Le temps : « Le quatrième critère, ça va être combien de temps ça va me prendre dans mon planning. » Morgane évalue précisément le temps qu’elle peut allouer et communique cette information à ses partenaires.

L’importance de savoir dire non pour rester concentré

Pour un entrepreneur, le plus grand danger n’est pas le manque d’idées, mais l’excès. Stanislas décrit parfaitement ce « syndrome de l’objet brillant » : « l’idée nouvelle est attirante. Donc tu peux facilement devenir une girouette et courir dans tous les sens ».

Morgane a appris à se prémunir contre cela. « Franchement, je freine, je freine beaucoup », admet-elle. Derrière les quelques projets visibles en ligne, « il y en a une bonne dizaine que tu ne vois pas qui n’ont pas abouti ». Elle explique son processus de sélection drastique : « tu pars de 200 propositions, tu en choisis 10 et il y en a deux qui vont fonctionner en gros. »

Cette discipline est ancrée dans ses valeurs. « Je suis vraiment quelqu’un qui a des valeurs d’intégrité assez hautes et quand je dis oui, c’est que je te dis oui. Je vais pas te dire oui pour te faire plaisir, jamais. » Pour elle, un engagement oral a la même valeur qu’un contrat. C’est cette rigueur qui lui permet de s’investir pleinement dans les projets qu’elle choisit, assurant ainsi une meilleure exécution et, in fine, de plus grandes chances de succès.

En conclusion, le parcours et la philosophie de Morgane Février nous rappellent des vérités essentielles de l’entrepreneuriat. L’idée initiale n’est qu’un point de départ, souvent destiné à être transformé. La véritable valeur réside dans la capacité à exécuter, à s’entourer des bonnes personnes, à pivoter avec agilité et, surtout, à choisir avec discipline les batailles qui méritent d’être menées. C’est dans cette exécution acharnée, et non dans l’éclair de génie, que se construisent les réussites durables.

Questions fréquentes (FAQ)

Quelle est la véritable valeur d’une idée d’entreprise ?

La véritable valeur d’une idée d’entreprise est quasi nulle. Ce qui détermine le succès est la qualité de son exécution, la stratégie mise en place, et surtout les personnes qui portent le projet.

« L’idée ne vaut rien. […] C’est pas l’idée qui fait le projet, c’est les gens, c’est la mise en œuvre, le plaisir que tu as à le faire et ta stratégie quoi. L’idée ne vaut rien. » – Morgane Février

Est-ce une mauvaise chose de changer son idée de business en cours de route ?

Non, changer d’idée est un processus normal et souvent bénéfique appelé « pivot ». C’est une adaptation nécessaire qui permet de rebondir sur un modèle économique plus viable et mieux aligné avec les réalités du marché et ses propres compétences.

« C’est pas parce que tu changes d’orientation que tu abandonnes. […] il est possible qu’une fois que tu es sur le terrain, tu t’aperçois que c’est pas tout à fait ce que tu veux faire mais il y a une idée adjacente qui là pour le coup a de l’attraction et pourrait décoller. » – Stanislas Leloup

Pourquoi un entrepreneur devrait-il lancer un podcast ?

Lancer un podcast permet de créer une relation personnelle et de confiance très forte avec son audience. C’est un format immersif qui peut attirer des opportunités professionnelles de grande valeur, parfois inaccessibles par d’autres canaux.

« Je trouve que ça aide à construire la confiance avec ton public d’une façon qu’un article sur Google ne permet pas. […] Je suis contactée régulièrement grâce au podcast en fait. » – Stanislas Leloup & Morgane Février

Comment évaluer un nouveau projet avant de s’engager ?

Pour évaluer un projet, Morgane Février utilise quatre critères clés : la qualité des personnes impliquées, le plaisir (« fun ») à réaliser le projet, sa faisabilité concrète, et le temps que cela va demander par rapport à son planning actuel.

« En premier, c’est vraiment les personnes qui vont participer au projet. Le deuxième critère, c’est est-ce que le projet il est fun ou pas ? Le troisième critère, c’est est-ce que le projet est envisageable ? Et après ça va être le 4e critère, ça va être combien de temps ça va me prendre dans mon planning. » – Morgane Février

Faut-il avoir peur de se faire voler son idée de business ?

Non, car l’exécution est bien plus difficile et importante à réaliser qu’une simple idée. Partager son idée permet au contraire de la confronter au marché, de recevoir des retours précieux et de l’améliorer.

« C’est en parlant de ton idée que tu vas voir si elle est bonne ou si il faut que tu fasses un pivot. […] Faut ne pas hésiter à pitcher votre idée à tout le monde quoi. » – Morgane Février

Comment attirer ses premiers clients sans faire de web marketing ?

Il est possible d’attirer ses premiers clients grâce au networking en personne et aux recommandations. Fournir un excellent service client encourage le bouche-à-oreille, qui est une forme de marketing extrêmement puissante et authentique.

« Je n’utilise pas de web marketing pour promouvoir mes produits et mes services parce que j’ai des clients. […] C’est vraiment du networking. En fait, je suis en majorité sur recommandation. » – Morgane Février

Qu’est-ce qu’un pivot entrepreneurial ?

Un pivot entrepreneurial est un changement fondamental de stratégie ou de modèle économique d’une entreprise. Cela se produit généralement lorsqu’une startup réalise que son idée initiale ne trouve pas son marché et décide de s’orienter vers une nouvelle direction plus prometteuse, comme Morgane l’a fait en passant de l’assistanat personnel au consulting.

Quel est l’avantage du format podcast sur les autres contenus ?

Le podcast permet de consommer du contenu tout en effectuant d’autres tâches (transports, sport, etc.). Il crée également un lien très intime et personnel car l’auditeur passe un temps d’écoute long et concentré avec l’hôte, ce qui favorise la confiance.

« Moi j’aime bien écouter les podcasts parce que du coup en fait je fais autre chose en même temps. […] Sur ton podcast, ils vont rester avec toi pendant une demi-heure, 40 minutes. C’est super personnel. » – Morgane Février & Stanislas Leloup


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