Ma stratégie contre-intuitive sur YouTube – FAQ #4

De 0 à 250 000 abonnés : les coulisses de la croissance de Marketing Mania

Au moment où j’enregistre cet épisode, ça fait quelques jours qu’on a dépassé les 250 000 abonnés sur YouTube. C’est une grande barre à franchir, un quart de million. C’est un peu comme avoir 25 ans, un moment charnière où l’on se dit : « OK, je suis en train de devenir un adulte ». Quand on atteint ce chiffre sur YouTube, la perception change. Les gens ne voient plus un simple youtubeur marketing, mais un youtubeur presque mainstream.

Cette croissance s’est accélérée de manière impressionnante. Il a fallu seulement six semaines pour passer de 200 000 à 250 000 abonnés, alors que gagner 50 000 abonnés pouvait me prendre six mois auparavant. C’est l’effet boule de neige : les choses deviennent de plus en plus faciles. Mais cet élan ne sort pas de nulle part. Comme je le dis souvent, « j’ai commencé à m’intéresser au business en ligne en 2012. Donc ça va faire maintenant 7 ans que je suis en train de prendre ma pioche et de creuser ce trou-là. »

Même si la chaîne YouTube a été lancée fin 2016, elle a bénéficié de toutes ces années d’expérience accumulée en podcasting, copywriting et création de contenu. J’arrive dans une phase de maturité de mon business, où je cherche à construire quelque chose de plus grand que moi, avec une équipe pour m’aider à accompagner plus de monde, plus profondément.

Notre vision pour le futur du marketing

Cette croissance s’inscrit dans une vision plus large. Le monde change, l’économie se transforme. Je pense que deux compétences seront cruciales à l’avenir : « numéro 1 la capacité à pouvoir programmer des ordinateurs et numéro 2 la capacité à pouvoir communiquer et à pouvoir faire du marketing. »

Pour ceux qui ne veulent pas devenir programmeurs, le marketing est la meilleure piste d’avenir. Les leviers de communication comme Internet et YouTube permettent de monter des business qui, il y a 30 ans, auraient demandé des investissements massifs. Aujourd’hui, le facteur limitant n’est plus le capital, mais le marketing. C’est cette thèse qui explique le succès de la chaîne et qui, je le pense, nous portera vers le million d’abonnés.

La stratégie de l’entonnoir : pourquoi je crée des vidéos grand public

Une question qui revient souvent, comme celle de Bertrand, concerne mes vidéos sur des sujets populaires comme Fortnite ou Tibo InShape. « En faisant des centaines de milliers de vues […], j’ai l’impression que tu ratisses large […]. Est-ce que l’audience massive que tu récoltes par ces vidéos est vraiment intéressante au final pour toi ? »

Pour répondre, il faut utiliser le concept d’entonnoir de vente, ou « sales funnel » en anglais. Imaginez un entonnoir : large en haut, étroit en bas. La chaîne YouTube est le sommet de cet entonnoir. L’objectif est d’y faire entrer un maximum de personnes.

Étape 1 : attirer une audience massive

Mes vidéos grand public servent à ça. « Ça coûte pas plus cher de faire une vidéo qui fait 800 000 vues qu’une vidéo qui fait 50 000 vues. » Certes, une grande partie de cette audience n’est là qu’en touriste, mais ça ne me coûte rien de les toucher. Une vidéo qui atteint 800 000 vues peut me rapporter environ 45 000 abonnés. Même si c’est une personne sur vingt, cet apport est énorme pour mon business. Ces personnes qui s’abonnent sont un bon indicateur des gens réellement intéressés.

Étape 2 : qualifier l’audience sur YouTube même

Si ma chaîne ne contenait que des vidéos « drama », ça ne m’aiderait pas. Mais elle contient aussi des vidéos marketing beaucoup plus pointues. C’est là que se trouve la deuxième étape de l’entonnoir, directement sur YouTube. Une personne qui me découvre via la vidéo sur Tibo InShape va voir dans les suggestions mes autres vidéos sur le copywriting, Mad Men, ou des analyses de pages de vente.

Une vidéo comme « comment monter un business en ligne », qui dure une heure, a fait 25 000 vues à sa sortie. Aujourd’hui, elle en a plus de 80 000. C’est le trafic généré par les vidéos grand public qui alimente mes contenus plus nichés. J’ai donc un mix stratégique : des vidéos pour la découverte (grand public) et des vidéos pour la qualification (pointues).

La méthode du découpage d’argument pour des vidéos persuasives

Bertrand m’a aussi demandé ce que j’entendais par « découper l’argument ». C’est une technique que j’ai beaucoup apprise en observant des youtubeurs comme Contrapoints. C’est l’inverse de la structure scolaire « thèse, antithèse, synthèse », qui est souvent soporifique. Dans la vraie vie, l’enjeu numéro un est de capter et maintenir l’attention.

Découper l’argument, c’est construire votre conclusion pierre par pierre, en partant du point de vue de votre audience. « Si tu veux persuader quelqu’un de quelque chose, tu ne peux pas commencer par la conclusion. […] Il faut toujours commencer par le point de vue que la personne a à ce moment donné. »

Un exemple concret : la vidéo sur Tibo InShape

Dans cette vidéo, je ne commence pas en disant « voici la théorie du sacré et du profane ». Je pars du point de vue de l’audience : « Tibo InShape vend une vidéo 35 €, c’est un scandale ! ».

1. Premier cran : J’explique que le prix est une simple question d’offre et de demande. S’il mettait un prix plus bas, il serait submergé. C’est une première pierre logique.
2. Deuxième cran : Je compare son tarif à celui d’artistes en concert pour montrer que cette logique économique s’applique à d’autres domaines.
3. Troisième cran : J’aborde le malaise qui persiste malgré ces explications. Et c’est là que j’introduis le concept plus profond : « d’où vient ce malaise ? Et ben, on va regarder et en fait ce malaise, il vient de la relation qu’a un youtubeur avec son audience. Et la relation […] est-ce qu’elle est sacrée ou est-ce qu’elle est profane ? »

En procédant ainsi, je guide le spectateur à travers ma réflexion. Chaque étape découle logiquement de la précédente, ce qui rend une vidéo de 20 ou 40 minutes gratifiante et facile à suivre.

Le processus complet de création d’une vidéo Marketing Mania

Alexis m’a posé plusieurs questions sur mon processus : est-ce que j’apprends mes textes par cœur, est-ce que j’utilise un prompteur, comment je m’organise ? Voici les étapes, de l’idée à la publication.

1. Idée et Recherche : Tout commence dans Trello, avec une colonne remplie de dizaines d’idées. Une fois une idée sélectionnée, elle passe à la colonne « Recherche ». Avec l’aide d’un membre de mon équipe, nous collectons un maximum d’informations en vrac.
2. Angle et Plan : L’angle unique de la vidéo n’émerge qu’après les recherches. C’est un élément crucial qui va définir le titre, la miniature et toute la structure.
3. Écriture du script : Je rédige l’intégralité du script, mot pour mot, dans un Google Doc. Cela me prend généralement un à deux matins.
4. Relecture et Épuration : Je relis et retravaille le script pour améliorer la clarté, couper les longueurs et m’assurer que le flow est captivant du début à la fin.
5. Enregistrement : J’enregistre face caméra. J’ai longtemps travaillé en lisant mon script sur l’ordinateur à côté, mais j’utilise maintenant un prompteur (le Padcaster Parrot). Cela fluidifie le processus.
6. Montage : J’envoie les fichiers vidéo et audio (enregistrés séparément) à mon monteur. Il réalise une première version.
7. Feedback et Finalisation : Je donne mon feedback détaillé sur le premier montage. Généralement, un seul aller-retour suffit avant d’avoir la version finale prête à être publiée.
8. Titre et Miniature : La dernière étape, et non la moindre. Je peux passer beaucoup de temps, parfois jusqu’à une semaine, à obséder sur le titre parfait pour qu’il soit percutant.

Les 3 ingrédients de la sauce secrète de Marketing Mania

Suivre ce processus ne suffit pas. Il y a une « sauce magique » qui fait la différence. Je la résumerais en trois ingrédients clés.

1. L’idée centrale forte et surprenante

Beaucoup de vidéos ne sont que des listes d’astuces sans colonne vertébrale. Je cherche toujours une idée centrale assez forte pour porter toute une vidéo. Par exemple, pour ma vidéo sur PewDiePie, l’angle initial était « pourquoi il est le meilleur youtubeur ». Mais j’ai trouvé plus fort : « PewDiePie sera la plus grosse influence culturelle du 21e siècle ». C’est un argument surprenant mais qui, une fois expliqué, fait sens.

2. L’angle raffiné et distillé

Avoir une bonne idée ne suffit pas. Il faut savoir l’exprimer en 70 caractères pour un titre et en une image pour une miniature. C’est un travail difficile. Pour la vidéo sur Tibo, j’ai testé plusieurs titres : « Pourquoi YouTube dévore l’âme des youtubeurs ? », « Le double visage des youtubeurs », avant d’arriver au titre final : « Les youtubeurs ne sont pas vos amis ». Cette phrase concise exprime parfaitement l’angle de la vidéo et a grandement contribué à son succès.

3. L’équilibre entre théorie et exemples concrets

Le dernier point est de savoir naviguer entre la théorie et la pratique. Une vidéo trop théorique est ennuyeuse ; une vidéo qui n’est qu’une analyse de cas reste en surface. La méthode Marketing Mania consiste à :

• Partir d’une étude de cas concrète (ex: Squeezie vs Tibo InShape).
• Utiliser ce cas pour introduire un concept théorique (ex: le sacré et le profane).
• Illustrer ce concept avec d’autres exemples pour en montrer la portée (ex: la nourriture vs la nationalité).
• Réappliquer le concept au cas de départ pour l’approfondir et en tirer des conclusions utiles.

Cet aller-retour permanent entre le concret et l’abstrait permet de créer un contenu à la fois divertissant, instructif et mémorable.