Logo de l'épisode “Le business est mon jeu vidéo” - avec Owen Simonin du podcast Marketing Mania - Conversations d'entrepreneurs

“Le business est mon jeu vidéo” – avec Owen Simonin

Épisode diffusé le 12 mai 2020 par Marketing Mania

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De YouTubeur crypto à entrepreneur : l’empire d’Owen Simonin

Bienvenue dans le podcast Marketing Mania. Mon invité du jour est Owen Simonin, plus connu sous le pseudonyme Hasheur sur sa chaîne YouTube. Il est l’influenceur crypto numéro 1 en francophonie avec plus de 152 000 abonnés. Mais ce qui m’intéressait, ce n’était pas tant de parler de crypto-monnaies, un sujet qu’il maîtrise déjà parfaitement sur sa chaîne. Ce qui m’a fasciné, c’est l’écosystème qu’il a bâti derrière : comment gagne-t-il son argent ? Quelle est sa stratégie de contenu ? Comment gère-t-il sept entreprises à seulement 22 ans ? Dans cet article, nous allons décortiquer comment Owen Simonin a construit son empire pierre par pierre, en abordant sa psychologie de trader, son processus de travail, et même l’utilité de son passage en école de commerce.

La naissance d’une figure d’autorité : gérer la panique du marché

Lors des récents crashs financiers, une forte demande d’information a émergé. Owen explique : « J’ai des choses à dire sur le sujet donc ça, rien que ça, ça justifie du contenu. » Il a été surpris par l’ampleur de l’audience et le besoin réel exprimé par sa communauté. « Sur mes réseaux sociaux, […] quand je vois le retour de la communauté et le nombre de personnes qui m’ont envoyé des questions paniquées sur qu’est-ce qui se passe ? […] C’est là que je me suis dit que je devais intervenir. »

Quand les experts se tournent vers vous : un signal de confusion

Le plus surprenant pour Owen n’a pas été de recevoir des questions, mais de voir des professionnels aguerris se tourner vers lui. « Il y a des personnes qui sont des traders professionnels, donc qui sont à des années-lumière de mon niveau, qui venaient vers moi et qui me demandaient ma position », confie-t-il. Ce phénomène l’a effrayé, car il y a vu un signal de confusion généralisée. « Quand ces gens-là viennent aussi loin chercher de l’information, c’est que leur réseau ne communique plus, c’est qu’ils entendent des infos opposées entre le matin et le soir et qu’ils savent plus comment se positionner. » C’était la preuve que même les plus expérimentés étaient perdus, naviguant dans un bruit constant et des signaux contradictoires.

Gérer les conseils contradictoires en pleine crise

La complexité de la situation résidait dans l’absence de réponse universelle. Owen a dû adapter ses conseils à des profils très différents. « Le débutant qui a perdu trop d’argent, qui sait plus quoi faire, qui est paniqué, lui il doit limiter la casse, on arrête, […] sors. Quitte à faire de la perte, arrête et limite la casse maintenant. » À l’opposé, « le trader qui attend ça depuis un an et demi, […] lui, il est capable de prendre du risque maintenant. » Cette dualité montre la difficulté de conseiller en période de crise, où la bonne décision dépend entièrement du contexte et du profil de l’investisseur.

La loi d’expansion du gourou : de la crypto aux conseils de vie

Cette situation illustre parfaitement ce que j’appelle la « loi d’expansion du gourou » : toute personne créant du contenu sur un sujet se voit progressivement interrogée sur des domaines connexes, jusqu’à devenir une sorte de référence universelle. Owen a vécu cela directement : « On m’a mis un coup de pied dans le dos et on m’a dit tu te débrouilles, tu dois savoir ça parce qu’on va te poser la question. » Il a dû étendre ses compétences de la finance crypto à la finance traditionnelle, car son audience élargissait le champ de ses questions. Il ajoute une nuance intéressante : « Quand une personne aime ta façon de communiquer, […] quel que soit le domaine, ils se disent que peut-être tu auras également, même si tu n’as pas les bons mots, tu auras le bon discours pour les toucher. »

Pourquoi la confiance est plus rare que l’expertise

Ce phénomène s’explique par une vérité fondamentale : la confiance est plus rare que l’expertise. Il est facile de trouver un expert en investissement, mais bien plus difficile de trouver une personne de confiance. « C’est souvent plus facile de trouver une personne à qui tu fais déjà confiance sur un sujet et lui demander de te parler d’autres sujets plutôt que d’aller chercher un expert et de démêler le vrai du faux. » Owen acquiesce totalement, réalisant que cette idée justifie pourquoi les gens recherchent son avis personnel, même au-delà de son domaine de prédilection. La confiance, qui est au cœur de la technologie blockchain qu’il chérit, est aussi au cœur de sa relation avec sa communauté.

Opportunisme ou passion ? les véritables origines du succès dans la crypto

Le parcours d’Owen soulève une question : est-il tombé dans les crypto-monnaies par opportunisme ou par une attraction fondamentale ? « Je suis certain qu’il y a de l’opportunisme parce que je pense qu’on doit toujours partir d’une opportunité », admet-il. Il a senti que quelque chose fonctionnait et a saisi cette chance. Cependant, cette opportunité a rencontré une passion profonde. « On était dans de l’argent numérique donc j’étais proche de mon monde du jeu vidéo. […] J’aime les jeux vidéo, j’aime la finance, j’aime l’argent, j’aime ce qui est numérique, j’aime ce qui va vite, j’aime la technologie. Et là je tombe sur la cryptomonnaie. » La rencontre a été si fulgurante que dès la première lecture sur le fonctionnement du Bitcoin, il n’a « plus jamais raccroché ». Cette obsession l’a même conduit à délaisser ses études.

Les débuts difficiles de la chaîne YouTube Hasheur

Malgré cette passion dévorante, le succès n’a pas été immédiat. Loin de là. Après avoir tenté de percer sur YouTube avec deux autres chaînes, il se lance dans la blockchain en 2015. Mais il prêche dans le désert. « Pendant un an et demi, j’étais seul. Je crois qu’au bout d’un an et demi, on était 115 abonnés. » Publier des vidéos pour 60 vues et deux commentaires était « terrible » et « triste ». Pourtant, il a persisté. Le point d’inflexion est arrivé bien plus tard, non pas grâce à une vidéo virale, mais parce que le marché a fini par le rattraper. « Je suis arrivé, j’ai commencé à créer du contenu sur la cryptomonnaie, on va dire, 1 an et demi, 2 ans avant la première explosion. Et elle est là l’opportunité en fait. » Il avait mis en place les « tuyaux d’information » et un jour, « il y avait de l’eau partout. » Sa chaîne est passée de quelques milliers à 37 000 abonnés en une année, en 2017.

Just Mining : de l’idée à 2,5 millions de CA la première année

L’une des sept entreprises d’Owen, et l’une des plus connues, est Just Mining. L’idée est née directement de sa communauté. Après avoir publié une vidéo expliquant comment construire un ordinateur de minage, un abonné lui écrit : « C’est dommage qu’une entreprise ne fasse pas une machine qu’on reçoive à la maison, on la branche […] et puis elle te fait un virement à la fin du mois. » Owen raconte : « Quand j’ai lu ce commentaire, je me suis dit mais mais réveille-toi, fais-le. » À l’époque, ce marché était inexistant. « Pour dire à quel point ça n’existait pas, on voulait mettre six cartes graphiques dans un ordinateur […], ça n’existait pas. On a dû aller les faire imprimer dans une usine au Luxembourg. »

Le parcours du combattant pour financer le projet

Avec seulement quelques milliers d’abonnés, Owen, alors étudiant à l’EDEC, se lance dans la recherche de financements. Le chemin fut semé d’embûches. « Je vais voir les banques, et j’ai à peu près, j’ai suivi une dizaine de banques qui me disent non, tu as pas fini ta barbe, tu as 19 ans, tu sais pas de quoi tu parles. » Il se tourne alors vers les plateformes de crowdfunding comme Kickstarter et KissKissBankBank, qui refusent toutes son projet lié aux crypto-monnaies. Indiegogo accepte, il lève 30 000 € le premier jour, avant que la plateforme n’annule tout et rembourse les clients. C’était un « premier gros coup dur ».

Lever 75 000 € sur un compte PayPal personnel

Poussé par son frère, Owen ne baisse pas les bras. La solution ? Une méthode peu orthodoxe. « On utilise donc un module de donation PayPal qui permet aux gens de faire des dons. On le connecte à mon compte courant personnel et on fait une vidéo sur YouTube en disant on vous jure que si vous payez, on vous livrera. » Malgré un site internet rudimentaire auquel il n’aurait lui-même pas fait confiance, le résultat est stupéfiant. « On a levé 75000 € sur mon compte courant sans personne morale, sans rien du tout en 7 jours. » Cet exploit a attiré l’attention d’un entrepreneur local qui les a aidés à structurer la société. La clé de ce succès ? La confiance déjà établie avec sa communauté, dont certains membres avaient déjà gagné beaucoup d’argent en suivant ses conseils d’investissement précédents.

Le quotidien d’un entrepreneur : entre passion et travail acharné

Aujourd’hui, comment Owen équilibre-t-il ses différentes activités ? « Je suis un entrepreneur. Très clairement », affirme-t-il. Pour lui, tout est lié : « De mon point de vue, c’est un 100 % sur tout parce que le tout se complète. » En termes de répartition de temps, la réalité est claire : « Créer de la vidéo, ça doit être 5 % de mon temps. […] Le bon 85 %, le truc qui me fait me réveiller la nuit […], c’est mes entreprises, les deadlines et l’environnement financier. »

« Le business est mon jeu vidéo » : une vision du travail

Son rythme de travail est intense. « Ma journée se termine très rarement avant 22h 23h. Et en général, […] je termine entre 1h et 2h du matin. » Il bosse les week-ends et ne s’arrête quasiment jamais. Mais il ne le vit pas comme une contrainte. « J’ai jamais bossé un seul jour de ma vie, je m’amuse. Je suis vraiment dans un jeu vidéo et en plus, c’est le seul endroit où j’ai l’impression d’être performant, compétent et d’avoir mon mot à dire. » Pour lui, entreprendre est un jeu, une passion qui le consume et le motive chaque matin.

La psychologie du trading : comment éviter les pièges émotionnels

Le trading est un domaine où les émotions peuvent coûter cher. Owen insiste sur un principe fondamental pour éviter les erreurs. « Dès qu’il y a une décision importante à prendre, il faut être capable de mettre les biais cognitifs et ses sentiments de côté. »

L’importance de pré-engager ses décisions

La clé est de prendre les décisions à froid, avant d’être sous pression. Un bon entrepreneur, comme un bon trader, planifie ses actions à l’avance. « Il se passe ça, je fais ça. Les gens réagissent comme ça, je ferai ça. Point. Pas de sentiment, pas d’énervement. » Cette approche méthodique permet de ne pas céder à la panique ou à l’euphorie du moment. C’est ce qui différencie les amateurs des professionnels.

Pourquoi 90% des traders débutants perdent de l’argent

Mathématiquement, un trade a 50% de chance de réussir. Alors, pourquoi 90% des débutants perdent de l’argent ? « La différence entre le hasard total et les gens qui perdent, c’est que les gens ben ils prennent une décision et au lieu de s’y tenir, ils changent d’avis », explique Owen. C’est cette confusion, cette cascade de décisions émotionnelles (peur, avidité) qui mène à la perte. Les débutants ont toujours un coup de retard, achetant au sommet et vendant au creux, piégés par leurs propres sentiments et l’illusion de l’argent facile.

École de commerce : atout ou perte de temps pour un entrepreneur ?

Owen a fréquenté l’EDEC, une prestigieuse école de commerce, avant d’arrêter deux ans avant son diplôme pour se consacrer à son entreprise. Quel regard porte-t-il sur cette expérience ? « Globalement, je pense pas que ce soit le prestige des cours qui fait que l’EDEC est cette renommée. C’est le réseau, c’est un environnement. »

Le véritable apport de l’EDEC : le réseau et la confrontation d’idées

Ce qui a le plus marqué Owen, c’est la confrontation avec des profils diversifiés. « J’ai rencontré des gens qui avaient pas la même religion que moi, pas les mêmes idées, pas la même façon de faire. » Cette exposition l’a forcé à déconstruire ses certitudes et à s’ouvrir. « Tu acceptes un peu de déconstruire ce que tu sais pour te construire sur les autres. Et là tu te rends compte que mais rien n’est plus intéressant que de voyager, que d’ouvrir ta tête. » La plupart de ses amis proches et même l’un de ses associés sont des personnes rencontrées dans le cadre de la vie associative de l’école. C’est dans cet environnement stimulant qu’il a pu affirmer son côté « atypique » et s’épanouir.

Faut-il quitter ses études pour lancer sa boîte ?

La décision d’arrêter ses études n’a pas été facile. L’école et ses parents étaient contre, et « mathématiquement au moment où j’ai pris la décision d’arrêter pour mon entreprise, c’était une mauvaise idée. » Cependant, un directeur de l’école a su voir son potentiel et l’a encouragé au bon moment, une fois que son projet a montré des signes de viabilité. Aujourd’hui, l’EDEC le présente comme un « grand alumni », et il a même été invité à y donner des cours. Son parcours montre qu’il n’y a pas de chemin unique : l’important est le comportement de l’individu, sa capacité à saisir les opportunités et à construire son propre réseau, que ce soit à l’école ou en dehors.

FAQ : les questions que vous vous posez sur Owen Simonin

Comment Owen Simonin (Hasheur) a-t-il lancé son entreprise Just Mining ?

Face à 10 refus bancaires, Owen Simonin a lancé Just Mining en utilisant un module de donation PayPal sur son site. Grâce à la confiance de sa communauté YouTube, il a levé 75 000 € en 7 jours sur son compte personnel pour financer les premières préventes de matériel de minage.

Owen Simonin a-t-il terminé son école de commerce ?

Non, Owen Simonin a arrêté ses études à l’EDEC Business School deux ans avant d’obtenir son diplôme. Il a pris cette décision pour se consacrer à 100% au développement de son entreprise, Just Mining, qui connaissait une croissance explosive.

Pourquoi 90% des traders débutants perdent-ils de l’argent selon Hasheur ?

Selon Owen Simonin, les débutants perdent de l’argent car ils ne s’en tiennent pas à leur décision initiale. Leurs émotions (peur, avidité) les poussent à changer d’avis constamment, ce qui génère des frais et des pertes, alors qu’une approche purement hasardeuse donnerait 50% de gagnants.« La différence entre le hasard total et les gens qui perdent, c’est que les gens ben ils prennent une décision et au lieu de s’y tenir, ils changent d’avis et ils revendent et ils rentrent et ils rachètent. »

Quelle est la « loi d’expansion du gourou » ?

C’est une théorie selon laquelle un créateur de contenu, expert sur un sujet, se voit progressivement poser des questions sur des domaines connexes par sa communauté. Avec le temps, l’audience étend le périmètre de son expertise, le transformant en une référence sur une multitude de sujets, car la confiance est plus difficile à trouver que l’expertise.

Quelle est la vision du travail d’Owen Simonin ?

Owen Simonin ne considère pas son travail comme une contrainte, malgré un rythme de plus de 14 heures par jour, 7 jours sur 7. Il voit son activité d’entrepreneur comme un jeu passionnant.« J’ai jamais bossé un seul jour de ma vie, je m’amuse. Je suis vraiment dans un jeu vidéo et en plus, c’est le seul endroit où j’ai l’impression d’être performant, compétent et d’avoir mon mot à dire quoi. »

Comment la chaîne YouTube Hasheur a-t-elle décollé ?

La chaîne a connu des débuts très lents, avec seulement 115 abonnés après un an et demi. Le décollage a eu lieu lorsque le marché des crypto-monnaies a explosé en 2017. Owen était déjà positionné avec du contenu de qualité, ce qui lui a permis de capter la vague d’intérêt soudaine. Il a saisi l’opportunité en étant au bon endroit, au bon moment, après une longue période de persévérance.

Quel conseil Owen Simonin donne-t-il pour prendre de bonnes décisions en trading ?

Il conseille de pré-établir ses décisions à froid, avant d’être sous l’emprise des émotions. Il faut définir à l’avance ses points d’entrée, de sortie, et ses limites de perte, puis s’y tenir de manière disciplinée, sans se laisser influencer par la peur ou l’euphorie du marché.

Quelle est la citation qui inspire Owen Simonin ?

Il cite une phrase de Schopenhauer sur les trois phases de toute révolution (ou vérité) : d’abord tournée en ridicule, puis violemment combattue, et enfin acceptée comme une évidence. Il applique cette vision à l’évolution de la blockchain et des crypto-monnaies.« On passe du ridicule au dangereux et un jour tôt ou tard, on sera à l’évidence. »


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