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La reconversion de Katsuni – avec Céline Tran

Épisode diffusé le 31 août 2021 par Marketing Mania

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De Katsuni à Céline Tran : la philosophie de l’accompagnement au cœur de sa reconversion

Anciennement connue sous le pseudonyme de Katsuni, l’une des actrices les plus célèbres de sa génération pendant 13 ans, Céline Tran a opéré une reconversion professionnelle profonde. Aujourd’hui, elle se consacre à l’accompagnement, une activité aux multiples facettes qui fusionne coaching, hypnose et massage. Mais comment ces différentes pratiques s’articulent-elles pour aider les autres à se réinventer ?

Le cœur de son activité, comme elle le définit elle-même, est « l’accompagnement lié au développement personnel ». Loin de cloisonner ses services, elle les voit comme des outils complémentaires au service d’un même objectif. Que ce soit par le massage bien-être, l’hypnose ou le coaching, l’intention reste la même : amener la personne à se reconnecter à elle-même.

Quand le massage devient une porte d’entrée vers soi

Pour Céline Tran, un massage est bien plus qu’une simple technique. C’est « une forme d’accompagnement » à part entière. La séance, d’une durée d’1h45, inclut systématiquement un temps de parole. « Ce temps de parole dure le temps que la personne souhaite qu’il dure », explique-t-elle. Cela peut aller de cinq minutes à une heure, selon le besoin d’expression du client.

Cette discussion initiale permet de poser un cadre, d’explorer le rapport au corps, le niveau de stress, mais aussi d’orienter si nécessaire vers d’autres professionnels comme un ostéopathe. Le massage qui suit est un « massage signature », un cocktail de techniques apprises au fil de ses formations, notamment à Chiang Mai en Thaïlande. Mais l’essentiel n’est pas la technique : « c’est beaucoup plus mon intention, mon énergie qui va s’adapter à la personne ». Le massage d’un sportif tendu sera différent de celui d’une personne submergée par le mental, même si la base technique est similaire.

Une approche holistique : jongler entre le corps, l’esprit et les émotions

La force de son approche réside dans la fluidité entre ses différentes casquettes. Un client venu pour un massage peut tout à fait basculer vers une séance d’hypnose ou de conseil. « Les personnes qui viennent me voir pour un type de séance, souvent, prennent un autre type de séance », confie-t-elle. Elle propose même des formules où elle jongle avec ces services pour un accompagnement global.

  • L’hypnose agit sur le plan émotionnel.
  • Le massage travaille sur le corps, tout en touchant à l’intime et à l’émotionnel.
  • Le conseil, plus directif, s’appuie sur son expérience personnelle et la « prescription de tâches ».

Cette polyvalence, encore rare, se développe. « Ça se développe un petit peu le mélange hypnose et massage. Il y en a pas beaucoup encore », note-t-elle, soulignant que pour elle, l’hypnose est de toute façon omniprésente dans sa manière d’être à l’écoute et d’utiliser les mots.

L’hypnose conversationnelle : comment court-circuiter le mental sans perdre le contrôle

L’hypnose souffre de nombreux clichés, entre les spectacles de music-hall et les films mystérieux. Céline Tran pratique l’hypnose Ericksonienne, une approche centrée sur l’accompagnement thérapeutique, bien loin du pendule du professeur Tournesol. L’objectif n’est pas de manipuler, mais d’aider la personne à atteindre ses propres objectifs.

Créer un « bug » pour sortir des schémas de pensée

La principale différence entre le coaching et l’hypnose réside dans la posture. En coaching, le praticien est en « position haute », une référence qui guide et motive. En hypnose, le praticien s’efface pour être au service du client. Le but est de « créer un bug », de « rompre le schéma mécanique » dans lequel la personne est enfermée.

Comment y parvenir ? « Par les mots, par l’intonation, par l’attitude, par les regards », explique Céline. L’idée est de court-circuiter le mental, cet outil formidable qui peut aussi devenir notre principal frein en nous jugeant ou en nous limitant. Une transe hypnotique commence souvent par un simple moment où le regard se fige, où la personne dit « Ah ouais, OK. » C’est un état que nous vivons tous au quotidien. « L’idée, c’est de remplacer une transe par une autre », de bousculer la transe négative dans laquelle on est embourbé pour en créer une nouvelle, porteuse de perspectives.

Le pouvoir de la visualisation

Une simple question peut suffire à initier ce changement. À une personne manquant de confiance, elle demande : « Quelle personne es-tu ? Quel homme deviens-tu lorsque tu as confiance en toi ? Imagine, demain, tu es quelqu’un qui a complètement confiance en toi. Qu’est-ce qui se passe pour toi ? » Cet exercice simple crée une ouverture. « Là, hop, on est déjà on est sorti du schéma où la personne fait de son manque de confiance un problème identitaire », précise-t-elle. Il ne s’agit pas de donner la confiance à la personne, mais de l’amener à « trouver elle-même ses solutions » et à réaliser qu’elle a déjà ce pouvoir en elle.

Cette approche, qui vise à débloquer les schémas mentaux, n’est pas sans rappeler les recherches actuelles sur les psychédéliques pour traiter le stress post-traumatique. L’idée est la même : permettre au cerveau de sortir de ses rails habituels pour se réorganiser. Mais comme le souligne Céline, l’hypnose permet d’atteindre des résultats similaires sans aucune substance : « tous les effets qu’on peut ressentir à travers une drogue, on peut les avoir à travers l’hypnose, hein. On peut retrouver l’état d’ébriété, on peut jouir sous hypnose, parce que tout part du cerveau. »

De 650 à 250 pages : les coulisses de l’écriture de son livre « Ne dis pas que tu aimes ça »

La reconversion de Céline Tran est aussi passée par l’écriture. Son livre, « Ne dis pas que tu aimes ça », n’est pas une simple page Wikipédia de sa carrière, mais une plongée dans son ressenti. La motivation première était « le partage » et la volonté de proposer un point de vue humain sur son parcours, loin des clichés.

Un processus d’écriture thérapeutique

L’écriture a été une véritable démarche introspective. « C’est quand même pas rien de revenir sur toute son histoire et de le faire au présent », raconte-t-elle. Elle a écrit son livre comme un journal intime, avec l’objectif de « revivre chaque étape de ma vie », en se reconnectant à la naïveté et l’innocence qu’elle pouvait avoir à l’époque.

Le premier jet était colossal : 650 pages, alors que son contrat en prévoyait 250. Ce travail d’écriture initial, qui a duré environ six mois, a été suivi par une phase d’édition presque aussi longue et exigeante. Accompagnée par une éditrice, elle a dû « tailler énormément » dans son texte, un processus parfois « douloureux » et « castrateur ».

Raconter une histoire, pas seulement des faits

Ce travail de restructuration lui a appris une leçon essentielle : « écrire un livre, c’est pas l’écrire pour soi, c’est l’écrire pour qu’il soit lu ». Il a fallu transformer une matière brute et personnelle en une « bonne histoire » qui puisse toucher les lecteurs. Une anecdote illustre bien son attachement au texte : elle s’est battue pour conserver les passages sur son chat. Pourquoi ? Parce que cet animal a joué un rôle crucial dans son initiation à la douceur et à la tendresse, à une période de sa vie où elle était très introvertie.

La gestion de la notoriété : l’équilibre délicat entre Katsuni et Céline Tran

L’un des plus grands défis de sa reconversion est la gestion de son immense notoriété passée. Comment utiliser cet atout sans qu’il ne devienne une prison ? Comment faire en sorte que « Katsuni » ne cannibalise pas « Céline Tran » ?

Le critère du sens

Sa règle d’or est simple : « le seul critère, c’est qu’il y ait du sens ». Elle n’a aucun problème à parler de son passé si cela permet de créer un pont avec son présent. « Accepter que l’ancienne carrière, l’ancien pseudo soit mentionné, c’est aussi une manière justement de parler de l’après pour parler de l’avant », explique-t-elle. En revanche, elle refuse systématiquement les interviews qui se focalisent uniquement sur le porno. Pour cela, elle renvoie à son livre : « ça sera jamais mieux expliqué que dans le bouquin ».

Ce choix stratégique a eu des conséquences concrètes. En abandonnant son pseudo, elle a renoncé à des contrats qui exigeaient qu’elle se présente toujours sous le nom de Katsuni. « Ça m’intéresse pas parce que c’est plus moi, parce que pour moi, ça ne c’est plus pertinent », affirme-t-elle. Reprendre son vrai nom a été un acte fondateur pour se concentrer sur le présent.

Katsuni : un personnage aux multiples facettes

Pour Céline, « Katsuni » était un rôle, et même plusieurs. Il y avait le personnage médiatique, et ce personnage jouait lui-même des rôles dans les films. Cette complexité échappe souvent au public, qui fait des raccourcis. « Si elle est ninfo dans la vidéo, c’est qu’elle est forcément dans la vraie vie. Bah, non, pas forcément, en fait. C’est ce qui s’appelle être acteur. »

Avec le temps, elle a réalisé à quel point elle avait intégré ce personnage, modifiant jusqu’à sa manière de parler. En revoyant une de ses premières vidéos YouTube, elle s’est trouvée « horrifiée » mais amusée : « J’étais encore dans Katsuni, quoi. Donc, ça veut dire que ma voix est deux fois plus aiguë… » Se défaire de ce personnage a été une libération, mais aussi un risque. « Le risque, on va dire, c’est de d’en faire quelque chose d’identitaire », de se confondre avec le personnage et de se sentir incapable de faire autre chose.

Construire une nouvelle carrière grâce à l’authenticité

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Céline Tran n’a pas eu à déployer des trésors de marketing pour trouver ses clients. Le processus s’est fait « de manière naturelle ». Une demande existait déjà avant même qu’elle n’ouvre son cabinet, de la part de personnes qui la suivaient et sollicitaient des conseils.

Le passage à une offre payante, qu’elle craignait dissuasif, a eu l’effet inverse : « ça a attiré encore plus de demande parce que ça forcément, ça pose un cadre et c’est rassurant ». Sa principale force a été sa communication authentique sur les réseaux sociaux. Elle y partage ses formations, ses certifications, son évolution. « Ils me voient grandir en fait, ils me voient évoluer. Et du coup, bah, ça crée une super relation qui fait que bah après, ils viennent me voir quoi. »

Elle a transformé ses réseaux d’une simple « vitrine » sexy et narcissique à l’époque de Katsuni, à un véritable « espace de partage ». Sa chaîne Twitch, « Bien-être et Baston », lancée pendant le confinement, en est la parfaite illustration. Elle y aborde des sujets variés, de la sexualité à l’autisme, en créant une communauté bienveillante et fidèle. « Je préfère avoir moins de monde, mais que mais qu’il y a un vrai partage », conclut-elle.

Le mot de la fin : trois leçons de vie

Pour conclure cette conversation riche, Céline Tran partage trois réflexions qui ont guidé son parcours :

  1. Un conseil à son soi de 20 ans : « Tu peux tout faire. Tu as déjà tout en toi. » Une phrase qu’elle n’aurait peut-être pas comprise à l’époque, mais qui résume l’idée de ne pas attendre l’approbation des autres pour s’aimer et se lancer.
  2. Un livre qui l’a marquée : « La Pierre et le Sabre » de Eiji Yoshikawa, un chemin initiatique qui l’a accompagnée dans sa propre reconversion, lui rappelant les étapes inévitables de doute, d’errance et de victoire.
  3. Une citation qui l’inspire : « Il faut encore avoir le chaos en soi pour donner naissance à une étoile dansante » de Nietzsche. Une phrase qui incarne le principe de transformation : le chaos n’est pas une fin, mais la matière première nécessaire à la création de quelque chose de nouveau et de lumineux.

FAQ sur la reconversion et l’approche de Céline Tran

Quelle est l’activité principale de Céline Tran aujourd’hui ?

La principale activité de Céline Tran est l’accompagnement au développement personnel. Elle combine plusieurs techniques comme le coaching, l’hypnose et le massage pour offrir une approche holistique à ses clients, en se spécialisant notamment sur les problématiques liées à la sexualité, à la reconversion de vie et à la confiance en soi.

« Le cœur de mon activité, c’est l’accompagnement. Et cet accompagnement se fait avec différentes techniques et pour moi, faire du massage bien-être, c’est proposer une forme d’accompagnement. »

Comment Céline Tran utilise-t-elle l’hypnose dans son coaching ?

Céline Tran utilise l’hypnose éricksonienne non pas comme une transe formelle, mais comme un outil de conversation pour aider ses clients à sortir de leurs schémas de pensée limitants. L’objectif est de court-circuiter le mental par des questions et des visualisations pour créer un « déclic » et permettre à la personne de trouver ses propres ressources intérieures.

« Faire de l’hypnose, c’est pas forcément faire une séance traditionnelle où on va mettre la personne en transe. Ça peut être aussi une manière de discuter pour l’amener à avoir des prises de conscience, des déclics. »

Pourquoi Céline Tran a-t-elle écrit son livre « Ne dis pas que tu aimes ça » ?

Elle a écrit ce livre pour partager son ressenti et offrir une perspective humaine sur son parcours, au-delà des faits connus du public. L’écriture a été une démarche thérapeutique pour elle, lui permettant de revivre et de comprendre son histoire, mais aussi de créer une œuvre qui touche les lecteurs par son authenticité.

« L’idée, c’était pas d’être dans le côté purement factuel parce que […] ça ressemblerait à une grosse page Wikipédia. Non, là l’intérêt, c’est de proposer justement un autre point de vue, le point de vue humain. »

Comment Céline Tran gère-t-elle son passé en tant que Katsuni ?

Elle gère son passé en l’intégrant à son présent de manière constructive. Elle accepte d’en parler si cela a du sens et permet d’expliquer son parcours actuel, mais refuse les interviews qui se concentrent uniquement sur cette période. L’abandon de son pseudonyme a été une étape clé pour marquer sa nouvelle identité.

« Pour moi, le seul critère, c’est qu’il y ait du sens. J’ai pas de problème à parler de mon passé […] mais parler de de mon ancienne carrière et de l’industrie du porno, ça ne m’intéresse pas. S’il y a un lien avec aujourd’hui et que c’est constructif, oui, volontiers. »

L’hypnose est-elle toujours une transe profonde selon Céline Tran ?

Non, pour Céline Tran, la transe hypnotique n’est pas nécessairement un état profond et formel comme dans les films. Elle explique que nous vivons des moments de transe au quotidien, par exemple en regardant un film ou en écoutant de la musique. Dans sa pratique, un début de transe peut être simplement un moment où la personne est absorbée dans ses pensées.

« Quand on regarde un film, on est en transe. On est conscient d’être assis dans un fauteuil, mais on est absorbé par ce qu’on voit et on vit des émotions […]. Et ça, c’est de la transe. »

Comment Céline Tran trouve-t-elle ses clients pour son activité de coach ?

Elle trouve ses clients de manière naturelle, principalement grâce à sa présence authentique sur les réseaux sociaux. En partageant son évolution, ses formations et ses réflexions, elle a bâti une relation de confiance avec sa communauté, qui se transforme ensuite en clientèle sans avoir besoin de marketing agressif.

« Ça se fait vraiment de manière naturelle. […] je communique pas mal sur les réseaux sociaux. C’est génial parce que il y a une interactivité avec les gens, il y a un côté très spontané, très naturel. Et ça, c’est probablement la meilleure manière, en fait, de de créer un lien de confiance. »

Quelle est la différence entre le personnage de Katsuni et Céline Tran ?

Katsuni était un personnage public, un rôle qu’elle jouait, qui lui-même interprétait d’autres rôles dans les films. Céline Tran est la personne réelle derrière ce personnage. La reconversion et l’abandon de son pseudonyme ont été une démarche pour se défaire de ce rôle et se réapproprier son identité authentique.

« Le risque, on va dire, c’est de d’en faire quelque chose d’identitaire. Et c’est ce qui est arrivé au bout d’un moment aussi dans ma vie, de me confondre au personnage et de penser que je n’étais plus que ça. Et ben, c’est hyper enfermant. »

Quel conseil Céline Tran donnerait-elle pour une reconversion professionnelle réussie ?

Son parcours suggère que la clé est d’accepter de « sauter dans le vide » et de lâcher-prise sur l’ancienne identité. Une reconversion réussie implique une introspection profonde pour comprendre ce que l’on veut vraiment, et une communication authentique pour construire sa nouvelle légitimité.

« Quand tu sautes, tu ne peux pas le faire à moitié. […] C’est tout ou rien, en fait. Tu le fais pleinement et il y a un côté où tu lâches et tu dis ‘Je ne sais pas où je vais.’ Mais en tout cas, ça reste mon choix d’y aller. »


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