Comment trouver une bonne idée pour lancer un business en partant de zéro ?
L’une des questions les plus fréquentes que je reçois est celle d’Helio : comment fait-on pour reconnaître une bonne opportunité, un problème à résoudre ou un besoin non satisfait pour lancer sa propre boîte ? C’est une question cruciale, car elle touche au cœur même de l’entrepreneuriat.
Les deux problèmes fondamentaux : valeur et avantage compétitif
Pour lancer un business, il y a en réalité deux problèmes à résoudre. Le premier, c’est celui de la valeur. Comment apporter de la valeur aux gens ? Pour moi, la meilleure approche est de se concentrer sur ce que j’appelle un « problème dur ». C’est un concept dont j’ai souvent parlé : un problème qui est à la fois douloureux, urgent et reconnu par la personne qui le vit. Si vous parvenez à identifier et à résoudre un tel problème, vous êtes sur la bonne voie pour créer de la valeur.
Le deuxième problème est celui de votre avantage compétitif. C’est une chose d’identifier un problème, mais qu’est-ce qui vous fait croire que vous, en sortant de nulle part, allez réussir à le résoudre là où d’autres ont échoué ? Il ne s’agit pas seulement de convaincre le client, mais aussi d’évaluer vos propres capacités techniques et stratégiques. Trouver la réponse à ces deux questions n’est pas évident, et c’est tout à fait normal. Personne n’a jamais dit que c’était facile de trouver une solution miracle.
Pourquoi 4 mois, c’est trop court pour lancer une boîte viable
Helio mentionne un horizon de 4 mois pour lancer quelque chose. Je dois être honnête : 4 mois, ça me semble un peu court pour monter un business en partant de zéro. Rien que pour trouver ce qu’on appelle le « Product Market Fit », c’est-à-dire l’adéquation entre un produit et un besoin du marché, cela peut prendre beaucoup de temps. Comme je l’explique :
« C’est pas déraisonnable d’imaginer passer 6 mois, passer 1 an quand tu lances un business, à vraiment gratter, gratter, gratter pour trouver la solution. »
L’impatience est une erreur de jeunesse courante. On veut faire un « truc de ouf » tout de suite, mais la réalité est que construire des bases solides prend du temps. Bien sûr, ce n’est pas impossible de faire quelque chose en 4 mois, mais c’est beaucoup plus facile si vous ne partez pas de zéro. Par exemple, un développeur web qui veut se lancer en freelance a déjà un produit (ses compétences), un marché et un avantage compétitif. Il peut commencer à trouver des clients rapidement. Mais si vous devez tout définir, de la compétence au marché, ça prend beaucoup plus de temps.
Le paradoxe des idées : pourquoi les entrepreneurs en ont trop et les débutants pas assez
Il existe un phénomène que j’appelle le paradoxe des idées. Tout entrepreneur établi a un dossier rempli de 50 idées qu’il n’aura jamais le temps de lancer. Inversement, ceux qui cherchent une idée ont souvent du mal à en trouver une seule. Pourquoi ? La raison est simple : les bonnes idées ne viennent pas de nulle part.
Elles naissent de deux choses :
- Le contexte : La compréhension profonde d’un marché, de ses acteurs, de ses besoins, de ses tendances. Plus vous connaissez un domaine, plus vous pouvez y identifier des problèmes et des opportunités.
- Les compétences : Plus vous savez faire de choses (marketing, vente, développement, etc.), plus vous êtes en mesure de voir comment une idée peut devenir un succès. Vous savez comment vous pourriez la mettre en œuvre et la faire gagner.
Un entrepreneur établi baigne dans ce milieu. Il a le contexte via ses projets, ses clients, son réseau, et il a développé des compétences. C’est ce qui fait jaillir les idées.
Votre stratégie sur 4 mois : acquérir contexte et compétences
Si vous n’avez ni le contexte, ni les compétences, votre objectif sur 4 mois ne devrait pas être de créer un business qui fait des millions. Votre stratégie doit être : « Comment est-ce que j’obtiens ce contexte et ces compétences ? »
Il y a des moments dans une carrière où l’on est focalisé sur l’apprentissage, et d’autres où l’on est focalisé sur l’exploitation de ce qu’on a appris. Au début, il faut privilégier l’apprentissage. Mon père me donnait ce conseil pour mes premiers stages :
« Ça sert à rien dans un stage d’optimiser pour gagner le plus d’argent. Il vaut beaucoup mieux faire un stage qui a du potentiel, qui va t’apprendre des choses, qui vont t’amener sur quelque chose après. »
C’est la même logique en entrepreneuriat. Pensez sur un horizon de 2 à 3 ans. Utilisez ces 4 mois pour poser une brique qui vous donnera le bagage nécessaire pour construire plus grand ensuite.
Comment obtenir ce contexte et ces compétences concrètement ?
La meilleure manière d’apprendre vite est de s’intégrer dans un écosystème qui existe déjà. Si vous essayez de monter une boîte tout seul en 4 mois, vous apprendrez, mais vous n’acquerrez pas autant de contexte. Il faut donc chercher à rejoindre une structure existante, par exemple via un stage ou en tant que freelance.
Quand j’étais au lycée, j’ai travaillé dans une entreprise qui créait des sites de niche. Mon travail consistait à écrire des articles et à soumettre des liens à des annuaires pour le SEO. À l’époque, je n’avais pas la curiosité de comprendre le business model derrière. Avec le recul, si j’avais posé plus de questions, j’aurais pu lancer mes propres sites de niche bien plus tôt. J’étais au cœur d’un système qui fonctionnait, et j’aurais pu en absorber tout le contexte.
En tant que freelance, ne cherchez pas à maximiser vos revenus au début. Proposez des projets tests, travaillez pour un tarif un peu plus bas, mais multipliez les expériences. Plus vous serez proche de la vente, du client et du marketing, plus vous apprendrez. L’une des meilleures positions est celle d’assistant d’un petit entrepreneur. Vous serez son « homme à tout faire » et en quelques mois, vous aurez une vision globale de son business, de la technique au service client.
Quelle stratégie marketing pour lancer Marketing Mania aux États-Unis ?
Une autre question intéressante, posée par Alexandrou, est de savoir comment je ferais pour lancer Marketing Mania aux États-Unis aujourd’hui. C’est un excellent exercice de pensée qui permet de définir une stratégie de lancement claire.
Le plan d’action : focus total sur un seul canal de trafic
Si je devais recommencer de zéro, ma stratégie serait très similaire à celle que j’ai en France, mais avec une différence majeure : je ne ferais pas de podcast. Je me concentrerais à 100 % sur un seul canal de trafic : YouTube.
« Si je repartais de zéro, je voudrais pas diviser mon effort entre du podcast et des vidéos. Et je voudrais mettre tout mon effort dans un seul canal de trafic qui serait pour moi YouTube. »
Quand on démarre, la dispersion est l’ennemi numéro un. Il est crucial de choisir un canal et de le maîtriser. Que ce soit un blog, un podcast ou une chaîne YouTube, il faut l’attaquer avec le même sérieux et la même intensité. Je passerais mon temps à étudier ce qui fonctionne sur la plateforme, à tester, à analyser mes statistiques et à itérer sans cesse.
La méthode du camion de glace pour promouvoir son contenu
Au début, la croissance organique est faible. Il faut donc être proactif. Je dédierais 50 % de mon temps à la création de contenu (des vidéos virales basées sur des analyses de films, d’actu, etc.) et 50 % à la promotion. Pour cela, j’utiliserais la technique du « camion de glace », dont je parle dans mon livre.
Le principe est simple : où sont les gens qui vont regarder mes vidéos dans le futur ? Que regardent-ils aujourd’hui ? J’irais identifier les YouTubeurs et les podcasteurs de ma niche et je trouverais un moyen de m’insérer dans leur écosystème : interviews, collaborations, articles invités… Je me placerais là où leur regard est déjà tourné. Au fur et à mesure que ma croissance organique décollerait, je réduirais progressivement le temps alloué à la promotion pour me concentrer sur la création.
La stratégie de monétisation : du service à la formation hybride
En partant de zéro, je n’aurais pas le temps de créer une formation tout de suite. Je commencerais donc par proposer un service. J’ai fait la même chose avec Marketing Mania en France, en testant différentes offres (optimisation des conversions, copywriting, pub Facebook).
Le service a un avantage : tant qu’il n’y a pas de client, il ne demande pas de travail. Je pourrais donc me concentrer sur la création de mon audience. Une fois une audience établie, je transitionnerais vers un modèle plus scalable de formation hybride (formation en ligne + accompagnement).
Pour lancer ma première formation, j’utiliserais la méthode du « lancement inversé » : je ferais une pré-vente pour tester l’intérêt. Si suffisamment de personnes achètent, je crée la formation. Sinon, je rembourse. C’est exactement ce que j’ai fait pour ma première formation sur le copywriting. C’est une manière sans risque de valider la demande du marché.
Pourquoi Marketing Mania n’est (toujours) pas aux US ? Le rôle du coût d’opportunité
Maintenant, la question la plus intéressante : si j’ai un plan aussi clair, pourquoi ne l’ai-je toujours pas fait ? La réponse tient en deux mots : coût d’opportunité.
Le calcul du coût d’opportunité : croissance en France vs. lancement US
Me lancer aux États-Unis demanderait un investissement en temps considérable de ma part. Or, ce temps ne serait pas consacré au développement de Marketing Mania en France, qui est actuellement sur une forte courbe de croissance. Mon temps est le principal goulot d’étranglement de mon business.
« Si je pouvais faire deux fois plus de vidéos sur YouTube, je grossirais deux fois plus vite. Donc si je devais mettre la moitié de mon temps pour développer un truc aux US, bah j’aurais un truc aux US qui est petit et le truc en France grossirait deux fois moins vite. »
À cause des effets cumulés, une croissance de 20 % sur mon business français, qui est déjà grand, est bien plus rentable que de construire un business américain de zéro. Le calcul est simple : tant que la croissance en France n’a pas atteint un plateau, il est plus judicieux de continuer à investir mon énergie ici.
Les défis de l’internationalisation d’un business de formation
Il faut aussi comprendre que vendre des formations est l’un des business les plus compliqués à internationaliser. Il y a trois obstacles majeurs :
- La traduction : Il ne s’agit pas juste de traduire un site web. Il faudrait traduire des dizaines et des dizaines d’heures de formation, ce qui est un travail colossal.
- La personnalité et la confiance : Une grande partie du succès de Marketing Mania repose sur la relation de confiance que j’ai bâtie avec mon audience depuis 2015. Aux US, je repartirais de zéro. Cette confiance ne se transfère pas et prend des années à construire.
- Les facteurs culturels : Mes formations sont adaptées au marché français. Il faudrait non seulement les traduire, mais aussi les adapter entièrement aux spécificités du marché américain, ce qui reviendrait à reconstruire un business de A à Z.
L’avenir de Marketing Mania : des projets annexes avant l’international ?
Alors, est-ce que je le ferai un jour ? Probablement. Mais peut-être pas de la manière attendue. Il serait peut-être plus intelligent pour moi de lancer des projets annexes en France, qui font levier sur mon audience et mon équipe existantes. Si l’un de ces projets est un produit plus facilement internationalisable (comme un logiciel), alors une expansion aux US deviendrait beaucoup plus pertinente.
Cela permettrait de traduire uniquement le marketing et non des heures de formation, réduisant ainsi massivement le coût d’opportunité. C’est une piste bien plus stratégique à court et moyen terme. Pour l’instant, l’objectif reste de consolider et de faire grandir la machine en France.
FAQ : Vos questions sur le lancement d’un business
Comment identifier une bonne opportunité de business quand on débute ?
Pour identifier une bonne opportunité, il faut se concentrer sur la résolution d’un problème « dur », c’est-à-dire douloureux, urgent et reconnu par le client. Il est aussi essentiel de définir quel sera votre avantage compétitif pour résoudre ce problème mieux que les autres.
Citation de Stan : « Pour moi, le meilleur algorithme pour comprendre si tu apportes de la valeur, c’est vraiment cet algorithme de problème dur. Donc un problème qui est douloureux, urgent et reconnu… Le deuxième point qu’il faut que tu résolves, c’est ton avantage compétitif. »
Est-il réaliste de lancer une boîte rentable en seulement 4 mois ?
Lancer une boîte rentable en 4 mois est très difficile, surtout en partant de zéro. La phase de recherche du « Product Market Fit » (l’adéquation entre le produit et le marché) peut facilement prendre 6 à 12 mois. Ce délai est plus réaliste si vous partez déjà avec des compétences spécifiques, comme un développeur freelance.
Citation de Stan : « 4 mois, ça me semble un peu court ici pour vraiment te dire, OK, je vais monter une boîte… Ça, ça peut prendre du temps de le trouver. Et c’est pas déraisonnable d’imaginer passer 6 mois, passer 1 an quand tu lances un business, à vraiment gratter, gratter, gratter pour trouver la solution. »
D’où viennent les bonnes idées de business selon le « paradoxe des idées » ?
Les bonnes idées ne sortent pas de nulle part. Elles naissent de la combinaison de deux éléments clés : le contexte (une compréhension profonde d’un marché, de ses acteurs et de ses besoins) et les compétences (le savoir-faire marketing, technique, etc., pour exécuter l’idée).
Citation de Stan : « En fait, les bonnes idées, elles viennent de deux choses. D’abord, elles viennent de la compréhension du contexte… Le deuxième élément qui est important, c’est simplement les compétences. »
Quelle est la meilleure stratégie pour un débutant qui veut entreprendre ?
La meilleure stratégie pour un débutant est de se focaliser sur l’acquisition de contexte et de compétences plutôt que sur le gain financier immédiat. Il est conseillé de s’intégrer dans un écosystème existant, par exemple en tant que stagiaire, freelance ou assistant d’un entrepreneur, pour apprendre le fonctionnement d’un business de l’intérieur.
Citation de Stan : « Quand tu démarres dans le domaine de l’entrepreneuriat, il faut pas te dire, OK, comment est-ce que je fais pour monter un gros business directement, mais comment est-ce que je fais aujourd’hui… pour développer ce contexte et développer ses compétences ? »
Comment promouvoir son contenu efficacement quand on part de zéro ?
La stratégie du « camion de glace » est très efficace : allez là où se trouve déjà votre audience cible. Identifiez les créateurs, podcasts ou sites qu’ils suivent et trouvez un moyen de collaborer avec eux ou d’y apparaître (interviews, articles invités, etc.) pour vous faire connaître.
Citation de Stan : « J’utiliserai la technique dont je parle dans mon livre qui est la technique du camion de glace. Donc je partirai du principe de les gens qui vont regarder Marketing Mania US dans le futur. Où est-ce qu’ils sont aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’ils regardent aujourd’hui ? »
Quelle est l’erreur principale des jeunes entrepreneurs ?
Une erreur de jeunesse très commune est l’impatience. Vouloir obtenir des résultats extraordinaires en très peu de temps est souvent irréaliste. Il est plus sage de penser sur un horizon de 2 à 3 ans et de poser des bases solides pour une croissance durable.
Citation de Stan : « Je pense aussi qu’il y a vraiment une erreur de jeunesse qui est l’impatience quoi. C’est vrai que quand tu commences et quand tu as 4 mois devant toi, tu vas dire, OK, dans les 4 mois, il faut que je fasse un truc de ouf. En réalité, c’est réalistiquement, il y a peu de chances que dans les 4 mois tu fasses un truc de ouf. »
Pourquoi le coût d’opportunité est-il un facteur clé dans la stratégie d’entreprise ?
Le coût d’opportunité représente ce à quoi vous renoncez en choisissant une option plutôt qu’une autre. Pour une entreprise en croissance, le temps investi dans un nouveau projet (comme une expansion internationale) est du temps qui n’est pas consacré à accélérer la croissance du marché principal, ce qui peut être moins rentable à court et moyen terme.
Citation de Stan : « Il y a un coût d’opportunité significatif qui est de bah tout ce temps que je vais passer aux US à monter le truc à partir de zéro, je le passe pas en France… je préfère prendre 20 % de croissance en plus en France, plutôt que monter un truc aux US à partir de zéro. »
Quels sont les principaux freins à l’internationalisation d’un business de formation en ligne ?
L’internationalisation est complexe car elle exige une traduction complète et colossale du contenu. De plus, il faut rebâtir de zéro la confiance et la notoriété, qui sont personnelles et non transférables. Enfin, il est nécessaire d’adapter les stratégies et exemples aux spécificités culturelles du nouveau marché.
Citation de Stan : « Vendre des formations, c’est le business qui est le plus compliqué à internationaliser. Pourquoi ? Parce que tu as besoin absolument de tout traduire… Le deuxième facteur, c’est évidemment le facteur de la personnalité… Finalement, dans le domaine de la formation, il y a vraiment les facteurs culturels. »