La force de la création de contenu : au-delà du marketing
Bienvenue sur le podcast Marketing Mania. Cette semaine, j’accueille Yann Piet, coach et formateur en séduction et développement personnel depuis 2010. Il est le créateur derrière l’une des plus grosses chaînes françaises de séduction, célèbre pour ses caméras cachées, une chaîne qui s’appelait Nicolas Dolto. Il a depuis arrêté pour lancer trois nouvelles chaînes sous son nom propre. Nous allons voir comment il parvient à gérer autant de projets en parallèle.
Yann, tu disais à l’instant que tu n’étais pas bon en marketing. Pourtant, tu as été l’un des premiers dans le domaine de la séduction à vraiment miser sur YouTube. À l’époque, tout le monde trouvait ton approche avec les caméras cachées super intelligente. Qu’est-ce qui te fait dire que tu n’es pas bon en marketing ?
« Je suis pas bon en marketing dans le sens où quand je regarde tes contenus, j’écoute les podcasts et tout, et bah à chaque fois, j’entends un truc et je me dis merde, ça j’ai pas pensé à le faire », confie Yann. Il explique que malgré sa capacité à proposer des formats qui marchent bien, c’est ce qui se passe en coulisses qui lui a parfois échappé. « C’est plutôt tiens bah comment je reste en contact avec la personne qui a regardé la vidéo, comment je la relance, il y a plein de choses comme ça que j’ai pas forcément vu passer. »
Il évoque des opportunités manquées, comme la publicité sur Facebook à ses débuts, lorsque la portée organique était immense. « Moi ça m’est arrivé de faire des posts qui d’un coup m’ont ramené 2 000 ou 3 000 abonnés sur une page Facebook parce qu’ils ont marché tout seul. » Il admet ne pas avoir saisi l’importance de la publicité ou de concepts comme le tunnel de vente. « C’est jamais un truc que j’ai trop réfléchi. »
Se recentrer sur sa compétence clé : la création de contenu
Alors, quelle est sa grande force ? « Ouais, c’est la création de contenu, c’est ce à quoi je passe le plus de temps », affirme Yann. Il a compris que son efficacité résidait là. « Dès que je commence à m’éparpiller et à devoir répondre à trop de mails, passer trop de temps à manager les gens et cetera, je me dis là je suis en train de m’égarer de ce que je sais le mieux faire. Et ça paye à chaque fois que je me recentre sur la création de contenu, ça a tout de suite un gros impact. Je crée du contenu quotidiennement. »
La stratégie audacieuse : gérer plusieurs chaînes YouTube en parallèle
Cette passion pour la création de contenu l’a poussé à un projet ambitieux : le lancement et la gestion de trois chaînes YouTube distinctes, s’adressant à des audiences différentes.
Pourquoi segmenter son audience sur différentes chaînes ?
Yann gère aujourd’hui trois chaînes YouTube, chacune avec une cible et une thématique précise :
- Les Bicheurs : une chaîne destinée à un public masculin, axée sur la séduction et les rencontres.
- Yann Piet : sa chaîne principale, dédiée à l’intelligence sociale, au développement personnel et à la confiance en soi.
- L’homme expliqué : une chaîne pour un public féminin, traitant des rencontres et des relations amoureuses.
Pourquoi une telle séparation ? « J’ai compris un truc, c’est que tu peux pas parler sur une même chaîne YouTube à des publics différents de sujets différents. Ça marche pas », explique-t-il. Il a fait cette erreur par le passé, ce qui créait des frictions entre ses audiences. Sa philosophie est claire : « Quand tu découvres une chaîne YouTube, tu regardes deux trois vidéos, tu dis ‘wow c’est génial’, tu t’abonnes. Bah si demain [le créateur] se met à parler à quelqu’un d’autre qu’à moi ou à parler de choses différentes, bah moi j’ai pas signé pour ça, donc je vais me casser. »
Il insiste sur la nécessité d’une continuité. « Il faut quand tu découvres la chaîne, tu saches exactement dans quelle case est-ce que tu l’amènes dans ta tête. Quel problème est-ce que ça va résoudre pour toi ? » Cette cohérence est essentielle pour que l’algorithme de YouTube continue de recommander les vidéos aux bonnes personnes et que les abonnés cliquent lorsqu’ils voient une nouvelle publication.
Le défi de la croissance simultanée
Ce qui est bluffant, c’est que ces chaînes, lancées à peu près en même temps, connaissent une croissance impressionnante. L’une a plus de 30 000 abonnés, et les deux autres avoisinent les 60 000. « Les deux, celles pour les hommes et ma chaîne principale, je les ai lancées début 2018 et la chaîne pour le public féminin, elle a une croissance plus forte, je l’ai lancée en août 2018 », précise Yann. Comment trouve-t-il le temps et l’énergie pour alimenter ces trois projets ?
Les secrets de productivité pour alimenter plusieurs projets
Gérer plusieurs chaînes YouTube en même temps semble être une montagne de travail. Pourtant, Yann a développé une approche qui lui permet de rester productif et pertinent pour chaque audience.
La diversification comme stratégie entrepreneuriale
Pourquoi ne pas avoir concentré tous ses efforts sur une seule chaîne ? « Parce que en fait tous les sujets que j’aborde sur ces chaînes, c’est des sujets qui m’intéressent, sur lesquels je pense que j’ai une légitimité », répond-il. Sa démarche est aussi celle d’un entrepreneur pragmatique. « Au lieu de faire un seul projet, je vais lancer trois projets différents et on verra bien ce qui va marcher le plus. Et à un moment donné, je vais basculer mes efforts tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre. »
Il remet également en question l’idée reçue selon laquelle une fréquence de publication élevée est indispensable. « Moi je suis pas sûr qu’une grosse fréquence ce soit forcément absolument nécessaire », argumente-t-il, prenant en exemple les vidéos très travaillées mais peu fréquentes de la chaîne Marketing Mania. « Tu as des personnes, elles vont prendre plus de temps, elles vont réfléchir à une problématique […]. Forcément tu ne peux pas sortir X vidéos dans la semaine. Mais les deux approches se valent finalement. »
Minimiser le coût du switch : la méthode du batching thématique
Face à la complexité de jongler entre trois audiences, trois sites et trois tunnels de vente, Yann reconnaît l’effort requis. Il se considère en phase de décollage, une période qui exige un travail intense. « C’est comme un avion qui décolle, là où il y a le plus de consommation de kérosène, c’est au décollage. Et moi je suis dans une phase de décollage. »
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne saute pas d’un sujet à l’autre au cours de la même journée. Il a conscience du coût mental du changement de contexte. « Ça a un coût en fait de changer de sujet et d’aller dans un mode de fonctionnement complètement différent. » Sa solution ? Le batching. « Ce que j’essaie de faire pour gérer ces trois projets-là en même temps, c’est de minimiser en fait mon switch. Je vais essayer de travailler pendant 3-4 jours avec mon public féminin. Ensuite je vais travailler… enfin tu vois, je me fais des plages de travail par thématique. Je vais pas switcher au cours de la même journée. »
Le coaching, une source inépuisable d’inspiration
Un autre pilier de sa stratégie de création de contenu est son activité de coaching. « Je fais en moyenne une ou deux séances de coaching par jour », révèle-t-il. Cette immersion constante dans les problématiques de ses clients est un avantage considérable. « Ça me permet d’avoir une vraie personne face à moi. Je suis pas juste dans la problématique de je parle à des gens sur YouTube que je ne vois pas. »
Ces échanges nourrissent directement ses vidéos. « Si je fais deux coachings avec deux nanas et que ensuite je dois faire une vidéo pour mon public féminin, c’est beaucoup plus facile pour moi. » Le coaching est pour lui un terrain d’expérimentation où naissent les meilleures idées. « C’est en totale improvisation et c’est là que tu as les meilleures idées. Tu vas utiliser une métaphore qui marche bien […] et tu vas dire ‘tiens, ça boum, je le remets dans une vidéo’. Tu as une spontanéité que tu n’aurais pas forcément eue si tu avais dû réfléchir, écrire et tourner. »
Retour sur les origines : les leçons de la première chaîne à succès
Cette capacité à gérer plusieurs chaînes YouTube ne vient pas de nulle part. Elle est le fruit d’une décennie d’expérience, initiée avec un premier projet qui a marqué le paysage de la séduction en France.
Des débuts inattendus dans le monde de la séduction
En 2010, rien ne prédestinait Yann à devenir coach en séduction. Il travaillait comme consultant dans une SS2I à Paris, un travail qui ne le passionnait pas. « J’ai saisi une opportunité qui s’est présentée à moi, qui m’a été offerte par un ami, de me lancer sur ce projet qui consistait à donner des cours de séduction à un public masculin. »
Pourquoi lui ? Il avait une expérience personnelle forte dans le domaine. « Comme pas mal de mecs j’étais assez timide quand j’étais adolescent. J’ai eu un début dans la vie amoureuse sur le tard », raconte-t-il. Cette transformation personnelle, passant d’un jeune homme frustré à quelqu’un d’épanoui dans ses relations, était encore très fraîche dans son esprit. « C’était tellement proche que c’était super simple pour moi d’aider des mecs à franchir le Rubicon. »
L’innovation du format caméra cachée sur YouTube
Avec son associé, ils se sont demandés quelle serait la manière la plus simple d’enseigner la rencontre. La réponse leur est venue de sa propre expérience : l’apprentissage par mimétisme. « C’est important de voir quelqu’un le faire et de dire ‘tiens, ça marche’ ou ‘tiens bah parfois ça marche pas aussi’. »
C’est ainsi qu’est née l’idée des caméras cachées. Leurs débuts furent artisanaux. « La première vidéo qu’on a faite, on a juste été enregistrer des images, il n’y avait pas d’audio », se souvient-il en riant. Ils ont rapidement compris leur erreur. « On s’est dit ‘mais attends, il y a pas le son, les gens ils vont pas savoir ce que je dis, comment je le dis’. »
Après quelques ajustements techniques, avec un micro scotché sous ses vêtements et une caméra discrète, le format a décollé. « On a fait deux, trois, quatre vidéos, ça a marché tout de suite. On a tout de suite trouvé notre audience. On a tout de suite eu 20 000, 30 000 vues avec plein de gens qui t’encouragent dans les commentaires et ça, ça te met du kérosène dans ton réservoir. » Au total, il estime avoir réalisé entre 300 et 400 caméras cachées, un format qui a non seulement bâti sa réputation mais lui a aussi donné les bases solides pour se réinventer et lancer avec succès non pas une, mais trois nouvelles chaînes.
FAQ : Gérer plusieurs chaînes Youtube
Découvrez les réponses aux questions les plus fréquentes sur la stratégie de Yann Piette pour développer plusieurs chaînes YouTube.
Faut-il créer plusieurs chaînes YouTube pour des audiences différentes ?
Oui, il est fortement recommandé de segmenter ses audiences sur des chaînes distinctes. Mélanger des publics et des sujets différents sur une même chaîne peut créer des frictions et nuire à l’engagement, car les abonnés ne s’y retrouvent plus.
Citation de Yann Piette : « Tu peux pas parler sur une même chaîne YouTube à des publics différents de sujets différents. […] Si demain tu te mets à parler à quelqu’un d’autre qu’à moi ou à parler de choses différentes, bah moi j’ai pas signé pour ça, donc je vais me casser. »
Comment gérer son temps quand on a plusieurs chaînes YouTube ?
La clé est de minimiser le coût mental du changement de contexte. Une méthode efficace est de travailler par blocs thématiques, en dédiant plusieurs jours consécutifs à une seule chaîne et à son audience avant de passer à la suivante.
Citation de Yann Piette : « Ce que j’essaie de faire si tu veux pour gérer ces trois projets là en même temps, c’est de minimiser en fait mon switch, c’est-à-dire que je vais essayer de travailler pendant 3-4 jours avec mon public féminin. […] Je vais pas switcher au cours de la même journée. »
Quelle est la meilleure fréquence de publication sur YouTube ?
Il n’y a pas de règle absolue. Une fréquence élevée avec des contenus légers peut fonctionner, tout comme une fréquence plus faible avec des vidéos très travaillées et qualitatives. L’important est la cohérence et la valeur apportée à l’audience.
Citation de Yann Piette : « Soit tu vas faire des contenus hyper fréquents qui vont être peu travaillés […]. Et tu as des personnes bah ils vont prendre plus de temps […]. Mais les deux approches se valent finalement. »
Comment Yann Piette a-t-il commencé sur YouTube ?
Il a débuté en 2010 avec un associé sur une chaîne dédiée à la séduction masculine. Ils ont innové en proposant un format de caméras cachées montrant des interactions réelles, ce qui a permis à la chaîne de trouver rapidement son public malgré des moyens techniques limités au départ.
Citation de Yann Piette : « On a on s’est mis à faire ça tout simplement. Je sais que la première vidéo qu’on a fait, on a juste été enregistré des images, il y avait pas d’audio. […] Et de fil en aiguille, on a on a fait deux trois quatre vidéos, ça a marché tout de suite. »
Lancer plusieurs projets en même temps est-il une bonne stratégie ?
Cela peut être une stratégie entrepreneuriale viable. Lancer plusieurs projets permet de tester différents marchés ou angles, de voir ce qui prend le plus vite, puis de concentrer ses efforts sur le projet le plus prometteur.
Citation de Yann Piette : « Je vais lancer trois projets différents et on verra bien ce qui va marcher le plus et à un moment donné, je vais basculer mes efforts tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre. »
Comment trouver des idées de contenu vidéo en continu ?
Une source très efficace est l’interaction directe et authentique avec son audience. Pour Yann Piette, les séances de coaching quotidiennes sont un réservoir inépuisable d’idées, de métaphores et de problématiques réelles à aborder en vidéo.
Citation de Yann Piette : « Ça m’aide énormément dans mon travail, c’est-à-dire que si je fais deux coaching avec deux nanas et que ensuite je dois faire une vidéo pour mon public féminin, c’est beaucoup plus facile pour moi. […] C’est là que tu as les meilleures idées. »
Pourquoi la spécialisation d’une chaîne YouTube est-elle importante ?
La spécialisation permet de créer une proposition de valeur claire. Quand un spectateur découvre la chaîne, il doit immédiatement comprendre quel problème elle résout pour lui. Cette clarté favorise l’abonnement et la fidélité de l’audience.
Citation de Yann Piette : « Il faut quand tu découvres la chaîne, tu saches exactement dans quelle case est-ce que tu l’amènes dans ta tête. Quel problème est-ce que ça va résoudre pour toi ? Et il faut qu’il y ait une continuité dans le format. »
Comment repartir de zéro sur YouTube après un premier succès ?
L’expérience acquise sur un premier projet est un atout majeur. Même en repartant de zéro en termes d’abonnés, la connaissance des mécanismes de la plateforme, de la création de contenu et de son audience permet une croissance beaucoup plus rapide et maîtrisée.
Citation de Yann Piette : « J’imagine qu’un des trucs qui te permet de faire autant de chaînes, c’est que tu es pas en train d’apprendre les ficelles de YouTube puisque tu avais déjà eu une société avant sur lequel tu avais eu un projet qui a bien fonctionné. »