Logo de l'épisode Expérimentation et Vidéos virales - avec Antoine Auclair du podcast Marketing Mania - Conversations d'entrepreneurs

Expérimentation et Vidéos virales – avec Antoine Auclair

Épisode diffusé le 15 septembre 2015 par Marketing Mania

Écouter l'épisode :

Un jeune entrepreneur face au salariat : la peur comme moteur

Ce qui est intéressant avec le parcours d’Antoine Auclair, blogueur sur Masterblog.fr, c’est sa rapidité d’action et sa capacité à expérimenter. À tout juste 21 ans, il a décidé de se lancer à temps plein dans son activité, un choix qui le distingue. Mais qu’est-ce qui le différencie vraiment ? Selon lui, ce n’est pas une question de génie, mais de perspective sur la vie et l’avenir.

« C’est juste une question de style de vie et de qu’est-ce qu’on veut pour l’avenir », explique Antoine. Il met en lumière une dichotomie fondamentale : la peur. Pour beaucoup, la peur de l’entrepreneuriat, de manquer d’argent ou de galérer est un frein. Pour Antoine, la véritable peur est ailleurs. « Ce qui me fait peur, c’est d’être coincé dans un système dans lequel je peux pas sortir. Tu vois ce qui me fait peur, c’est la dépendance. »

Cette dépendance, il l’associe directement au monde du salariat. Après trois stages durant son bachelor en école de commerce, le constat était clair : « Jamais je pourrais garder un boulot plus d’un an simplement parce que ça me fait peur en fait de rester dépendant, de rester coincé là-dedans. » Son objectif premier n’est pas de bâtir un empire ou de gagner des fortunes, mais d’atteindre l’indépendance et l’autonomie. C’est cette quête qui le pousse à se « bouger » et à entreprendre sur le web.

La nouvelle définition de la sécurité à l’ère numérique

Cette vision de la peur comme moteur fait écho à une idée fascinante abordée par Taylor Pearson dans son livre « The End of Jobs ». L’auteur y argumente qu’en 2015, la véritable sécurité réside dans l’entrepreneuriat. L’idée contre-intuitive est qu’un emploi dans une grande entreprise est en réalité une position précaire.

Comme je le mentionnais durant l’épisode, « tu as un job dans une grande boîte, demain tu te fais virer, c’est quelque chose que tu ne peux pas contrôler ou prédire ». Les entrepreneurs, en revanche, cultivent une compétence essentielle : la capacité à rebondir. Ils ne cherchent pas un cocon protecteur, mais développent la flexibilité et les compétences pour surmonter les obstacles. Antoine est d’accord : « Si tu fais une erreur, c’est ta responsabilité, si tu as un succès, c’est ta responsabilité et c’est pas celle de la boîte. »

Cette transformation sociétale, parfois appelée « ubérisation », peut effrayer, mais elle offre aussi une nouvelle forme de liberté et de sécurité. « L’avantage, c’est que aujourd’hui grâce à ce genre de boulot bah on peut trouver un travail en 2 jours et n’importe où dans le monde et c’est peut-être ça finalement l’avenir », analyse Antoine. Nous entrons dans un monde plus flexible, où la capacité à trouver des clients ou un projet rapidement devient la nouvelle sécurité de l’emploi.

Le dilemme des études : faut-il un diplôme pour entreprendre ?

La décision d’Antoine de faire une année de césure pour se consacrer à son blog soulève une question cruciale : quelle est la place des études pour un entrepreneur aujourd’hui ? Pourquoi abandonner deux ans de vie étudiante potentiellement tranquilles pour les défis de l’entrepreneuriat ?

Fait intéressant, mon parcours est similaire. J’ai moi-même décidé d’arrêter avant la fin de mon cursus, car mon business générait déjà de quoi vivre. « À partir du jour où je me suis dit […] je vais réussir dans l’entrepreneuriat parce que j’ai des systèmes qui tournent […] pour moi, c’est devenait […] irresponsable de continuer à m’asseoir dans une salle de classe parce que je bossais pas sur mon business. »

Antoine a adopté une approche plus mesurée. Officiellement, il est en année de césure et a sécurisé sa place pour l’année suivante. « J’ai surveillé mes arrières », admet-il. Cependant, son expérience en école de commerce l’a convaincu que l’essentiel de son apprentissage se faisait ailleurs. « J’ai pas appris beaucoup de choses qui m’ont été vraiment utiles pour ce que j’ai envie de faire en tant qu’entrepreneur. »

Le formatage de l’esprit par le système éducatif

Le principal reproche fait au système éducatif est sa tendance à formater les esprits. Pour un entrepreneur du web, qui doit s’adapter et innover constamment, ce formatage peut être un handicap. « C’est pas forcément une bonne chose d’avoir l’esprit formaté par ce qu’on apprend par exemple dans une école de commerce et c’est bien aussi de se former par d’autres moyens », souligne Antoine.

Pour autant, il ne diabolise pas les études. Elles lui ont offert le temps de mûrir son projet. « Si je m’étais lancé directement après le bac à 18 ans, je pense que j’aurais fait un peu n’importe quoi. » Pour mesurer le succès de son année de césure, Antoine s’est fixé des objectifs de revenus clairs, visant à en vivre, rembourser son emprunt et pouvoir voyager. C’est sa définition de la réussite.

Analyse d’une vidéo virale : comment atteindre 500 000 vues sur YouTube ?

L’un des faits d’armes les plus fascinants d’Antoine est sa fameuse vidéo sur « l’arnaque Snapchat ». Au moment de l’enregistrement, elle frôlait les 500 000 vues, un chiffre stupéfiant quand on sait que sa deuxième vidéo la plus populaire plafonnait à 5 700 vues. Comment expliquer un tel écart, un facteur de presque 100 ?

L’histoire a commencé presque par hasard. En naviguant sur Facebook, Antoine tombe sur une vidéo promouvant une arnaque pour pirater des comptes Snapchat, vidéo qui cumulait déjà des centaines de milliers de vues. Agacé, il décide de réagir. « J’ai fait une vidéo et puis ensuite en la faisant, je me suis dit elle va servir à rien cette vidéo si je la laisse comme ça, je vais essayer d’utiliser les leviers qu’on voit un peu partout pour faire des vidéos virales. »

Les ingrédients de la viralité selon Antoine

Plutôt que de simplement dénoncer, il a consciemment appliqué une recette pour maximiser les chances de succès :

  • La miniature et le titre : Il a utilisé les techniques classiques du « putaclic ». « J’ai fait le coup classique de mettre une miniature avec un décolleté, de mettre en gros arnaque Snapchat, de mettre un titre super accrocheur en mettant arnaque Snapchat en énorme. » Le titre, « vous vous êtes fait avoir », attise directement la curiosité.
  • Le sujet : Snapchat était un sujet brûlant, qui faisait le buzz, en particulier chez les jeunes.
  • Le bénéfice : La vidéo n’était pas qu’un coup de gueule. Il a expliqué clairement pourquoi c’était une arnaque et a donné des conseils pour détecter ce genre de pièges. Il y avait un vrai bénéfice pour le spectateur.

Après une promotion initiale en commentant la vidéo de l’arnaque originale, il atteint rapidement 10 000 à 15 000 vues. Puis, plus rien. Le vrai décollage a eu lieu quelques semaines plus tard. « Je vois le truc qui s’affole et là je regarde et il y avait genre 50 000 vues, je me dis c’est pas possible qu’est-ce qui s’est passé. »

Le rôle crucial de l’algorithme YouTube

Le déclic n’est pas venu d’un partage massif, mais de l’algorithme de YouTube lui-même. « YouTube s’est mis à la mettre en vidéo recommandée. […] les 3/4 ou même plus de mon trafic venaient des recommandations de vidéos. » Pourquoi ? Antoine a une hypothèse solide : le ratio de « likes ». « J’ai un très très bon ratio […] je pense que ce ratio a plu à YouTube qui a mis cette vidéo en avant. » Les spectateurs ont perçu le bénéfice réel de la vidéo, l’ont apprécié, et l’algorithme a suivi en la propulsant à une audience massive.

Le succès viral est-il un succès business ?

Avec près de 500 000 vues et 5 000 nouveaux abonnés, on pourrait penser à une victoire totale. Mais la réalité est plus nuancée. « La vidéo en elle-même m’a rien rapporté d’utile pour mon business », confesse Antoine. « J’ai gagné 5 000 abonnés sur YouTube mais évidemment ils sont pas du tout du tout du tout intéressé par ce que je fais. » Pire, ses nouvelles vidéos sur le webmarketing reçoivent des insultes de cette audience non qualifiée.

Côté monétisation, l’activation tardive des publicités Adsense lui a rapporté environ 500 dollars. « Ce qui finalement est pas grand-chose par rapport au nombre de vues, ce qui prouve que c’est quand même très très difficile de faire de l’argent avec YouTube simplement en utilisant la publicité Adsense. »

Le véritable gain de cette expérience n’est pas financier, mais pédagogique. C’est devenu une formidable étude de cas pour son blog, une leçon de webmarketing en conditions réelles.

Peut-on répliquer un succès viral ?

La question est de savoir si cette expérience est reproductible, notamment sur un sujet plus proche de son business. Antoine reste prudent : « Je pense qu’il y a une grosse grosse part de mystère. » Cependant, il retient une formule :

  1. Un sujet polémique qui intéresse un large public.
  2. La curiosité pour inciter au clic (titre, miniature).
  3. Le bénéfice pour satisfaire le spectateur et obtenir un bon ratio de likes.

Il cite en exemple Romain Collignon et sa chaîne « Le décodeur du non verbal », qui réussit à analyser des sujets d’actualité (comme un discours de François Hollande) sous l’angle de sa thématique, créant ainsi des vidéos populaires qui ramènent une audience qualifiée. C’est le défi : trouver le croisement entre un sujet grand public et son expertise de niche.

L’avenir du contenu : pourquoi s’intéresser à la plateforme Medium ?

Au-delà de YouTube, Antoine explore d’autres plateformes, notamment Medium. Face au discours sur « la fin des blogs », Medium se présente comme une solution hybride intéressante. « C’est entre la plateforme de blog à la WordPress et le réseau social », décrit-il.

Medium permet de publier des articles dans une interface très agréable, mettant en valeur la qualité du contenu. Mais sa grande force réside dans sa dimension sociale. Les articles peuvent être recommandés (l’équivalent des likes), commentés et partagés au sein de la plateforme, ce qui leur confère un potentiel viral. « Ça ajoute cet aspect viral à l’article. Alors aujourd’hui, on l’avait pas sur les articles, on l’avait que sur la vidéo grâce à YouTube. »

Aux États-Unis, la plateforme est un succès, utilisée par des marketeurs et des personnalités qui souhaitent communiquer de manière plus développée que sur Twitter, sans la contrainte de gérer un blog. En France, la communauté est encore petite, mais Antoine espère son développement. C’est une piste à explorer pour ceux qui cherchent à donner une portée plus large à leurs écrits, au-delà du seul référencement sur Google qui caractérise le blog traditionnel.

Foire aux questions (FAQ)

Quels sont les ingrédients pour créer une vidéo virale ?

Pour créer une vidéo virale, il faut combiner un sujet populaire ou polémique, des éléments qui suscitent une forte curiosité comme un titre accrocheur et une miniature attractive, et un contenu qui apporte un réel bénéfice au spectateur pour l’inciter à l’apprécier et la partager.

« Pour moi les deux ingrédients, c’est le bénéfice et la curiosité. Donc d’abord c’est la curiosité donc tu vas tout faire pour que les gens cliquent sur la vidéo. […] un titre super accrocheur, une miniature qui fait du clic et derrière dans la vidéo du bénéfice. » – Antoine Auclair

Est-il possible de faire une vidéo virale sans avoir beaucoup d’abonnés ?

Oui, il est tout à fait possible de créer une vidéo virale sans une large audience de départ. L’algorithme de YouTube peut recommander une vidéo en se basant sur ses performances (taux de clics, ratio de likes, temps de visionnage), la propulsant ainsi à des centaines de milliers de personnes.

« Tu peux vraiment créer un contenu viral sans avoir bossé pendant des années, sans avoir créé une vidéo par jour pendant 3 ans. […] j’avais aucune prédisposition à faire une grosse vidéo comme ça qui fasse beaucoup de vues. » – Antoine Auclair

Faut-il arrêter ses études pour devenir entrepreneur ?

Il n’y a pas de réponse unique. Pour certains, arrêter les études devient une décision logique lorsque leur projet entrepreneurial est déjà lancé et devient leur principale source d’apprentissage et de revenus. Pour d’autres, les études offrent un cadre pour mûrir un projet et acquérir des bases.

« Pour moi, c’est devenait si tu veux irresponsable de continuer à m’asseoir dans une salle de classe parce que je bossais pas sur mon business. » – Stanislas Leloup

Une vidéo avec beaucoup de vues rapporte-t-elle beaucoup d’argent ?

Pas nécessairement. Une vidéo virale peut générer des revenus publicitaires, mais souvent modestes par rapport au nombre de vues. De plus, si l’audience n’est pas intéressée par vos produits ou services, le gain pour le business peut être quasi nul.

« Ça m’a quand même rapporté 500 dollars de publicité Adsense. Ce qui finalement est pas grand-chose par rapport au nombre de vues, ce qui prouve que c’est quand même très très difficile de de faire de l’argent avec YouTube. » – Antoine Auclair

Pourquoi la peur peut-elle être une bonne motivation pour entreprendre ?

La peur peut être un puissant moteur. Plutôt que la peur de l’échec, la peur d’être coincé dans un système dépendant comme le salariat, sans contrôle sur son avenir, peut pousser une personne à prendre des risques et à créer sa propre voie entrepreneuriale.

« Ce qui me fait peur, c’est d’être coincé dans un système dans lequel je peux pas sortir. […] c’est cette peur d’être dépendant qui me pousse à faire des choses, à me bouger. » – Antoine Auclair

Qu’est-ce que la plateforme Medium et pourquoi l’utiliser ?

Medium est une plateforme de publication à mi-chemin entre un blog et un réseau social. Elle permet d’écrire et de partager des articles facilement, tout en bénéficiant d’un système de recommandation qui peut donner un potentiel viral aux contenus écrits, ce qui est plus difficile à obtenir avec un blog traditionnel.

« C’est entre la plateforme de blog à la WordPress et le réseau social. […] ça ajoute cet aspect viral à à l’article. » – Antoine Auclair

Comment l’algorithme YouTube décide-t-il de recommander une vidéo ?

L’algorithme de YouTube analyse de nombreux signaux, mais un facteur clé semble être l’engagement du public. Un bon ratio de « likes » par rapport aux vues, un temps de visionnage élevé et un bon taux de clics sur la miniature peuvent indiquer à YouTube que la vidéo est pertinente et mérite d’être recommandée à une plus large audience.

« YouTube je pense a dû faire le ratio du taux de gens qui avaient liké cette vidéo, le taux de likes était très très bon. […] je pense que ce ratio a plu à YouTube qui a mis cette vidéo en avant. » – Antoine Auclair

Quel est le principal risque du salariat selon les entrepreneurs ?

Selon la vision entrepreneuriale discutée, le principal risque du salariat est la dépendance et le manque de contrôle. Un salarié peut être licencié en raison de décisions qui le dépassent, perdant ainsi sa source de revenus du jour au lendemain, alors qu’un entrepreneur développe des compétences pour toujours rebondir.

« Tu as un job dans une grande boîte, demain tu te fais virer, c’est quelque chose que tu ne peux pas contrôler ou prédire parce que il y a des forces qui sont là, qui sont au-delà de ton contrôle. » – Stanislas Leloup


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