Créer un nouveau marché pour devenir numéro 1 – avec Alexandre Azra

De l’idée à numéro 1 : comment créer un business saisonnier à succès ?

Alexandre Azra a lancé VisioPereNoel.com, le premier site permettant aux enfants d’appeler le Père Noël en visioconférence. Avec une idée simple mais brillamment exécutée, il a conquis le marché en quelques mois, générant plus de 2500 ventes sur la seule période de Noël 2020. Mentionné sur TF1, France 2, M6, et plébiscité par les influenceuses, son parcours illustre comment transformer une intuition en un business rentable. Comment a-t-il trouvé cette idée, mis en place sa stratégie et comment compte-t-il pérenniser ce succès ? Plongeons dans l’histoire de ce lancement fulgurant.

La genèse d’une idée : moderniser le Père Noël pour l’ère du numérique

Trouver une idée de business originale est souvent le premier obstacle pour de nombreux entrepreneurs. L’histoire d’Alexandre montre qu’une bonne idée peut naître d’une simple observation et de la modernisation d’un concept existant.

D’une observation familiale à une intuition de marché

L’idée de Visio Père Noël a germé pendant les fêtes de fin d’année 2019. Alexandre raconte : « J’ai deux petits neveux qui sont en âge de croire à fond au Père Noël. J’étais chez ma mère qui connaît un mec qui fait des visites dans les centres commerciaux. Je le voyais faire une visio avec mes neveux et j’ai trouvé ça excellent. » Cette simple scène a allumé une étincelle. Il a immédiatement perçu le potentiel : « Je me suis dit bah tiens, c’est pas mal ça, en plus, j’ai pas l’impression que ça existe. Il y a le téléphone mais il y a pas la visio. »

La validation est venue quelques instants plus tard, lorsque le Père Noël lui-même s’est plaint de la logistique de son activité : « Oh là là, j’en ai marre de faire la route entre chaque personne. C’est la course, je perds du temps sur la route. » La solution semblait évidente pour Alexandre : la visioconférence. Elle permettait de gagner du temps, d’économiser les déplacements et de toucher plus de monde. Cependant, l’animateur, peu familier avec la technologie et le marketing digital, ne percevait pas comment mettre cela en place. C’est là qu’Alexandre a compris son avantage : en tant que marketeur, il pouvait construire la plateforme et le canal d’acquisition qui manquaient aux Pères Noël indépendants.

Le confinement, un accélérateur inattendu

Initialement mise de côté, l’idée a refait surface avec le confinement de mars 2020. « Là, je me suis dit ah, quand même ça c’était une bonne idée, ça devient une très bonne idée en fait, mon truc. » L’explosion de l’usage de la visio a transformé une idée intéressante en une opportunité immanquable. Une rapide recherche Google a confirmé son intuition : le concept existait aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais pas sur le marché francophone. « Et là je me suis dit waouh, bingo. C’est le truc qui est pas mal. Généralement pour quand tu es marketeur et que tu vois que ça existe aux États-Unis et pas en France, là généralement ça ça donne un petit peu plus à l’oreille. »

Valider son concept de business sans perdre de temps

Face à cette opportunité, la question de la validation du marché s’est posée. Plutôt que de suivre un processus long et formel, Alexandre a opté pour une approche pragmatique et rapide.

L’intuition et le feedback qualitatif plutôt que les sondages

Alors qu’il était en pleine recherche d’idées, lisant des livres sur le sujet, cette idée lui est revenue. Au lieu de se lancer dans des études de marché complexes, il a fait confiance à son instinct et à son entourage. « J’en ai parlé avec mon frère, avec d’autres parents et puis tout le monde trouvait ça excellent. » Il a pris une décision clé : « Je vais pas perdre tout ce temps à faire vraiment un sondage, faire mon Google form… En plus, je vais donner l’idée à des gens. Je me suis dit laisse tomber, je pars sur l’idée que cette idée est bonne déjà. » Cette agilité lui a permis de gagner un temps précieux.

L’analyse de la concurrence et l’identification d’un vide sur le marché

Son analyse concurrentielle a révélé deux acteurs principaux : le traditionnel téléphone du Père Noël, devenu un simple répondeur surtaxé, et une grande entreprise canadienne proposant des vidéos pré-enregistrées de haute qualité. Il a rapidement identifié la faille : « Il manque ce truc là de visio, ça existe pas. Il y a pas le côté interaction, il y a quand même le côté déception des enfants qui peuvent pas parler avec la personne, poser leurs questions. » Ce manque d’interaction directe était précisément le besoin auquel son service allait répondre. Des recherches sur Google Trends ont même montré que des gens tapaient déjà « appel vidéo Père Noël » pour un service qui n’existait pas encore. « Il y a de la demande pour un truc qui n’existe pas, donc ça peut être pas mal. »

La stratégie de lancement à trois piliers pour devenir numéro 1

Pour s’imposer sur ce nouveau marché, Alexandre a déployé une stratégie de lancement agressive reposant sur trois canaux d’acquisition complémentaires : le SEO, la presse et les influenceurs.

Le SEO : viser la première place avant même le lancement

L’objectif était clair dès le départ : la domination. « Très vite en fait, mon objectif vraiment c’était être premier sur Google sur le mot Visio Père Noël. » Ce mot-clé a même inspiré le nom de son site. Pour y parvenir, il a agi très tôt. Le site a été développé par un freelance dès le mois de mai. Conscient de l’importance de l’antériorité, il a demandé sa publication dès le mois d’août, même s’il n’était pas entièrement fonctionnel. « Arrivé août, septembre, je lui ai demandé de le publier, coûte que coûte, sans communiquer dessus mais il était sur Google. » Parallèlement, il a fait rédiger des articles optimisés par un spécialiste SEO pour cibler les mots-clés stratégiques. Cette anticipation a été cruciale pour que Google l’identifie comme la référence avant même l’arrivée de la concurrence.

La presse : créer une histoire irrésistible pour les médias

Sachant que le sujet avait un fort potentiel viral, Alexandre a misé sur les relations presse. Il a investi plusieurs milliers d’euros pour participer à un salon professionnel du jouet fin août. Une décision risquée pour un projet non encore rentable, mais qui s’est avérée payante. « C’était le salon sur lequel il y avait la crème du secteur. Donc des acheteurs, il y avait des grosses marques, et puis il y avait surtout la presse et les influenceurs. » Sa cible principale était claire : les journalistes et les créateurs de contenu. Son histoire cochait toutes les cases pour les médias en cette fin d’année 2020 : une innovation liée à Noël et une solution adaptée au contexte du Covid. Il offrait sur un plateau l’angle parfait pour leurs reportages de saison.

Les influenceurs : générer la preuve sociale et les premières ventes

Le troisième pilier de sa stratégie était le marketing d’influence. Il a collaboré avec une community manager spécialisée dans l’univers de la famille, qui lui a ouvert son réseau. Fin octobre, une opération de grande envergure a été organisée. « On a contacté plusieurs influenceuses qui voulaient bien faire le test du concept gratuitement et puis après vous en parlez si ça vous a plu. » Ce moment a été le test ultime. « Elles ont toutes posté la même journée, c’était le même dimanche. C’était la journée hyper stressante mais vraiment révélatrice. » Les retours ont été unanimes et dithyrambiques. Accompagné d’un code promo de lancement, ce coup de force a généré 250 réservations en un seul week-end, soit 10% de son chiffre d’affaires total de la saison. Les influenceuses n’étaient pas commissionnées, leur intérêt étant d’apporter de la valeur à leur communauté avec un bon plan exclusif, renforçant ainsi leur propre image.

Les retombées médiatiques : entre buzz et bad buzz

Grâce à cette stratégie bien ficelée, Visio Père Noël a bénéficié d’une couverture médiatique exceptionnelle. Mais cette exposition massive n’est pas venue sans quelques déconvenues.

Comment les médias se sont emparés du sujet

Le buzz a été au-delà de ses espérances. « J’ai fait on a fait presque toutes les chaînes de télé connues à la radio. » TF1, France 2, M6, NRJ, France Info… La liste est longue. Le concept était l’histoire parfaite : « Tu avais un truc assez packagé, ils pouvaient faire un petit reportage, c’est cute, il y a des enfants, ça rentre dans le topic de Noël et ça rentre dans le topic du Covid. » Alexandre répondait parfaitement au besoin des journalistes. Fait intéressant, une fois les premiers articles parus, un effet boule de neige s’est produit. « Finalement en fait, c’est ils voyaient que ça parlait et du coup, ils allaient vers moi. » La moitié des retombées sont venues de journalistes qui l’ont contacté directement, sans qu’il ait eu à les démarcher.

Gérer les informations erronées et les critiques

Cependant, toute cette attention a aussi attiré son lot de négativité. Alexandre a découvert que les médias pouvaient déformer la réalité pour servir leur propre narration. « J’ai découvert vraiment le truc de la presse qui en fait un petit peu à sa tête. » Certaines radios ont critiqué le prix en annonçant un tarif de 40€, soit le double du prix réel. « C’est bullshit complet, à ça coûte 14,90€ plus 5€ si vous voulez l’enregistrement. » Un autre journaliste a tenté de le faire passer pour « l’Uber des Pères Noël », exploitant de « pauvres Pères Noël ». Alexandre a dû se défendre : « Je suis un petit entrepreneur qui embauche des animateurs qui sont auto-entrepreneur et qui ne travaillent pas, ils sont chez eux et ils pleurent parce qu’ils ont pas de boulot. » Malgré ces épisodes, le bilan reste largement positif : mieux vaut une mauvaise publicité que pas de publicité du tout, surtout lorsque l’on part de zéro.

Le modèle économique d’un business saisonnier à 20€

Vendre un produit à environ 20€, une seule fois par an par client, présente des défis uniques. La rentabilité repose sur le volume et une diversification intelligente des canaux de vente.

L’importance du volume et de l’automatisation

Pour qu’un tel modèle fonctionne, il faut une organisation sans faille. Le succès de Visio Père Noël repose sur sa capacité à enchaîner les visioconférences. « Les gars là, ils enchaînaient. Ils se libéraient 4h dans la journée, ils avaient leurs 4h qui étaient remplis. Ils enchaînaient toutes les 15 minutes. » Cette efficacité est ce qui rend le business model pertinent et difficile à répliquer pour des concurrents qui n’auraient pas le même volume de commandes. Une grande partie du processus a dû être automatisée pour gérer les 2500 réservations avec une équipe minimale.

Les comités d’entreprise, un levier de croissance majeur

Alexandre a rapidement identifié un axe de développement stratégique : le B2B, via les comités d’entreprise (CE). Cette approche change complètement la donne. Au lieu de vendre des sessions une par une, il peut vendre des centaines de cartes cadeaux en une seule transaction. « On a fait des grosses boîtes. On a fait Crédit Agricole, on a fait 600 et quelques et puis 400. » Ce canal s’est révélé extrêmement performant et constitue la clé de la pérennité du business. « Ça c’est clairement un axe de développement et qui est même encore plus important que les personnes en direct, quoi je pense. » Une fois qu’une entreprise est cliente et que les retours sont bons, la probabilité qu’elle renouvelle sa commande l’année suivante est très élevée.

Leçons apprises et perspectives d’avenir pour ce business saisonnier

Après une première saison couronnée de succès, Alexandre se tourne vers l’avenir avec lucidité, conscient des défis à relever et des opportunités à saisir.

Gérer la concurrence et l’avantage du premier entrant

Le succès a inévitablement attiré des concurrents. « J’en recense 13 ou 14 concurrents qui ont copié qui ont fait exactement la même chose. » Cependant, Alexandre conserve un avantage compétitif majeur : celui d’avoir été le premier. Cet avantage se traduit par une meilleure position sur Google, une crédibilité établie par la couverture médiatique massive et un volume de commandes qui rend son modèle opérationnel viable. Les concurrents, eux, peinent à atteindre la masse critique nécessaire.

Les défis opérationnels et le stress de l’instantané

Le plus grand défi d’un service en direct est le stress opérationnel. « C’est le genre de business s’il y a le moindre petit grain de sable dans le process, ça devient hyper compliqué. » Un bug sur le site, un problème avec Zoom, et ce sont des dizaines de familles déçues. La pression est immense car le service touche à la magie de Noël pour les enfants. « Tu passes du super service qui est hyper innovant au truc qu’est-ce que vous faites ? Vous avez pourri la vie de mes enfants. » Pour l’avenir, il prévoit de se faire accompagner sur la gestion du service client pour pouvoir scaler sereinement.

Se diversifier pour pérenniser l’activité

Ayant quitté son emploi pour se consacrer à son projet, Alexandre réfléchit à la diversification. La saisonnalité du Visio Père Noël l’oblige à trouver d’autres sources de revenus le reste de l’année. L’idée est de capitaliser sur la communauté de parents qu’il a créée. « Le plus logique c’est quand tu as une communauté et que tu as une bonne image, c’est de d’exploiter ce truc-là. Leur proposer d’autres produits toute l’année. » L’enjeu est de trouver un concept tout aussi pertinent et pérenne, qui survivra au contexte post-Covid et qui pourra, lui aussi, être marketé avec brio.

FAQ – Créer et lancer votre business saisonnier