La clé d’une vidéo virale : pourquoi le titre est plus important que le sujet
L’un des plus grands défis sur YouTube est de trouver des idées de vidéos qui vont non seulement intéresser une large audience, mais aussi apporter de la valeur. Chris, le créateur de Poisson Fécond, a une approche qui peut sembler contre-intuitive mais qui est au cœur de son succès. Pour lui, tout commence par le titre.
Arrêtez de penser à votre vidéo avant d’avoir trouvé le titre
Chris insiste sur un point fondamental : \ »Arrêtez de penser à votre putain de vidéo avant d’avoir réalisé votre votre titre. Ça paraît contre-intuitif, paradoxal, mais en vrai, c’est plus comme ça que les choses peuvent bien fonctionner.\ ». L’idée est simple : si vous trouvez un titre percutant et qui suscite la curiosité, le contenu de la vidéo n’a plus qu’à répondre à la promesse de ce titre. C’est une feuille de route claire qui guide toute la création.
Il donne un exemple concret : \ »Une vidéo qui avait bien marché, ce serait […] l’homme le plus intelligent du monde. Et du coup, le titre, on l’avait trouvé avant. […] on se base sur le titre. Et du coup, l’homme le plus intelligent du monde, c’est simple, on parle de sa vie et de pourquoi il est intelligent. Fin.\ » Cette méthode garantit que la vidéo répondra directement à l’attente du spectateur qui a cliqué, optimisant ainsi le temps de visionnage (watchtime).
Utiliser les biais humains pour créer des titres qui marchent
Mais comment trouver un bon titre ? Chris explique que les titres les plus efficaces s’appuient sur des biais psychologiques. Il ne s’agit pas de manipuler, mais de comprendre ce qui attire naturellement l’attention humaine. \ »Les titres qui marchent, ça va se baser le plus souvent en fait sur des sortes de biais humains\ », explique-t-il. Il cite plusieurs exemples :
- Le biais des chiffres : popularisé avec les listes comme \ »les 10 trucs…\ ».
- Le biais de supériorité ou de négativité : les sujets qui choquent ou qui flattent l’égo attirent l’œil.
- La rupture de pattern : associer des concepts qui ne vont pas ensemble. Stan illustre parfaitement cela avec son propre titre : \ »Comment PNL est devenu une marque de luxe\ ». Comme le souligne Chris, ce titre combine trois éléments puissants : un sujet connu (PNL), une promesse d’apprentissage, et une idée qui va à contre-sens de ce que les gens pensent. \ »Et là, les gens ils font un ‘what ?’ et tu vois, ça fait un petit truc dans leur tête et du coup, ça les invite à vouloir cliquer.\ »
En somme, un bon titre n’est pas juste un résumé du sujet, c’est un angle d’attaque, un concept qui crée une intrigue. Chris le résume ainsi : \ »Il n’y a pas de bon sujet, il n’y a pas de mauvais sujet. […] En fait, il y a que des bons titres et des mauvais titres. C’est ça en fait l’intrigue qui va te distinguer de la concurrence.\ »
Comment déléguer sa chaîne YouTube et passer de créateur solo à entreprise
Le passage de créateur solo à chef d’entreprise est l’un des plus grands défis pour un Youtubeur qui souhaite scaler sa production. Stan, l’hôte du podcast, partage sa propre expérience, un blocage qu’il a longtemps eu : \ »Je me suis dit c’est parce que j’écris super bien et que je suis super fort et que personne d’autre peut faire ce que je fais.\ » C’est ce syndrome qui l’a empêché de déléguer l’écriture pendant des années. Chris, lui, a franchi ce cap avec succès et a bâti une véritable machine de production.
La structure de l’équipe derrière Poisson Fécond
Pour produire trois vidéos par semaine, Chris s’est entouré d’une équipe solide et bien structurée. Son organisation est un modèle pour quiconque souhaite automatiser sa chaîne YouTube. Voici comment elle se compose :
- 4 Rédacteurs : chargés de la recherche et de l’écriture des scripts.
- 3 Monteurs (+ une stagiaire) : responsables du montage des vidéos.
- 1 Commercial : gère les placements de produits et les aspects financiers.
- 1 Illustratrice (et une deuxième en recrutement) : crée les supports visuels pour les vidéos.
- 1 Assistante : s’occupe des tâches administratives.
Cette équipe de près de dix personnes permet à la chaîne de fonctionner avec une efficacité redoutable, libérant Chris pour qu’il se concentre sur d’autres projets.
Le processus de production de vidéo : de l’idée à la publication
Organiser la production de vidéos YouTube à cette échelle demande un workflow précis. Chris a optimisé chaque étape pour maximiser l’autonomie de son équipe et minimiser son implication dans les tâches quotidiennes.
1. La génération et validation des idées
Fini le temps où son équipe venait lui demander de valider les idées une par une. Chris a mis en place un système de pipeline d’idées : \ »Je dis à mon équipe, ils ont un document, un Google Sheet, et dedans, par format, […] ils vont écrire toute une liste de titres. […] Moi, ensuite, je valide ou alors je restructure avec eux si besoin.\ » Ainsi, l’équipe dispose d’un stock de 10 à 20 vidéos validées à l’avance, ce qui leur donne une grande autonomie. \ »Après, je leur dis démerdez-vous, vous écrivez ça quand vous voulez.\ »
2. L’écriture du script et la relecture
Une fois qu’un titre est validé, le rédacteur effectue ses recherches et écrit le script. Le temps nécessaire varie de quelques heures à plusieurs jours selon la complexité du sujet. Ensuite, le script est soumis à Chris pour validation. Si le format est déjà établi et le rédacteur expérimenté, la relecture est rapide : \ »Je lis un peu en diagonale. […] Parfois, je vais modifier rapidement moi-même la chose, mais c’est rare. […] Sinon, je lui fais des remarques, je préfère faire des remarques pour que du coup, il voie et avec le temps, il intègre mes remarques de base.\ »
3. Le tournage : l’art de tourner plusieurs vidéos en une journée
L’une des plus grandes optimisations de Chris est le tournage en batch. Il ne tourne plus une vidéo dès qu’elle est prête, une méthode qu’il qualifie d’\ »affreuse\ » et stressante. Aujourd’hui, son processus est bien plus efficace : \ »Moi, je tourne toutes les deux semaines, bah, du coup, six vidéos d’un coup. Et si je suis d’attaque, […] je peux en tourner sept, huit.\ »
Bien que cela demande une énergie considérable, les avantages sont immenses. Le setup (lumières, caméra, micro) n’est fait qu’une seule fois, ce qui économise un temps précieux. Pour une session de tournage, une grosse vidéo prend environ une heure à tourner, et une petite environ 30 minutes, prompteur inclus. Pendant le tournage, le rédacteur du script est présent pour s’assurer qu’il n’y a pas d’erreurs, ce qui évite des allers-retours fastidieux au montage.
4. Le montage et le cycle de retours
Une fois le tournage terminé, les rushs sont transmis aux monteurs. Le processus de feedback est lui aussi très structuré. Le monteur réalise une première version (V1). Chris la visionne et donne ses retours, soit via un document partagé avec des timecodes, soit en direct avec le monteur. L’objectif est clair : \ »Il y a une V1 et il y a une V2, mais il faut pas qu’il y ait de V3.\ » Les retours sont faits une seule fois, et le monteur livre ensuite la version finale. L’utilisation d’outils comme Vimeo, qui permet de laisser des commentaires directement sur la vidéo, a d’ailleurs permis à Stan d’optimiser cette étape.
Former une équipe pour sa chaîne YouTube et viser l’autonomie
Le secret pour réussir à déléguer sa chaîne YouTube ne réside pas seulement dans les processus, mais aussi dans les personnes. L’objectif ultime est de rendre l’équipe si compétente et autonome qu’elle n’a presque plus besoin de l’intervention du créateur.
Investir du temps pour en gagner : le paradoxe de la formation
Beaucoup de créateurs redoutent de déléguer car, au début, cela prend plus de temps que de le faire soi-même. Stan en a fait l’expérience : \ »La première personne que j’ai recrutée, je pense que pendant genre un mois, je passais deux fois plus de temps à faire les trucs qu’à l’époque où je le faisais moi-même.\ »
Cependant, cet investissement est crucial. Chris confirme qu’il peut passer jusqu’à six mois pour former un nouveau rédacteur, selon le niveau d’exigence. \ »Oui, mais c’est qu’au début. Enfin, tout le temps que tu vas passer, du coup, après, tu le passeras plus ni pour lui, ni pour toi, en fait.\ » La première personne formée est la plus difficile, car elle oblige à documenter des processus qui étaient jusque-là intuitifs. Mais une fois ce travail fait, il sert de base pour toutes les futures recrues.
Créer une culture de l’autonomie et de la transmission
Un point clé de la stratégie de management de Chris est de faire en sorte que l’équipe se forme elle-même. Quand un nouveau monteur arrive, c’est un monteur plus expérimenté qui le forme, et non Chris. \ »Quand la personne elle sait faire, […] ils me font juste un retour à moi\ », explique-t-il. Le créateur n’intervient que pour la validation finale. Cela crée un système auto-suffisant qui peut grandir sans dépendre systématiquement du fondateur. \ »Plus tu embauches et plus c’est facile en fait. Parce que tous les process, […] tu sais comment le former parce que tu as déjà des gens qui l’ont fait et qui vont le faire pour lui.\ »
Cette approche permet non seulement de libérer du temps, mais aussi d’augmenter le niveau de qualité global. Chaque nouvelle personne bénéficie de l’expérience accumulée et documentée par les précédentes, créant un cercle vertueux d’amélioration continue. C’est ainsi que l’on passe d’une chaîne YouTube personnelle à une véritable entreprise médiatique, capable de survivre et de prospérer au-delà de son créateur initial.
Questions fréquentes sur l’automatisation d’une chaîne YouTube
Comment créer des titres de vidéos YouTube qui marchent ?
Pour créer des titres efficaces, il faut s’appuyer sur des biais psychologiques humains comme le biais des chiffres, de la négativité ou de la curiosité. L’objectif est de trouver un angle qui intrigue et qui promet une information nouvelle ou surprenante, en allant parfois à contre-sens des idées reçues.
\ »Le plus important, c’est d’avoir un titre qui marche et les titres qui marchent, ça va se baser le plus souvent en fait sur des sortes de biais humains. […] il y a plein de biais en fait et plus on est on réussi à les utiliser intelligemment, et plus du coup, les gens, ils vont être attirés.\ »
Faut-il écrire le titre avant ou après la vidéo ?
Il est fortement recommandé de trouver et de valider le titre avant même de commencer à travailler sur le contenu de la vidéo. Un bon titre sert de fil conducteur pour la création du script et assure que la vidéo répondra précisément à la promesse faite au spectateur, ce qui améliore la rétention.
\ »Arrêtez de penser à votre putain de vidéo avant d’avoir réalisé votre votre titre. Ça paraît contre-intuitif, paradoxal, mais en vrai, c’est plus comme ça que les choses peuvent bien fonctionner. Si vous trouvez un titre qui est qui est formidable, bah en fait, votre vidéo n’aura qu’à suivre.\ »
Comment déléguer l’écriture des scripts pour sa chaîne YouTube ?
Pour déléguer l’écriture, il faut mettre en place un processus clair : créer une liste d’idées et de titres validés à l’avance, puis laisser les rédacteurs travailler en autonomie. La clé est de fournir des retours constructifs pour les former progressivement, plutôt que de réécrire les scripts soi-même.
\ »Je dis à mon équipe, ils ont un document, un Google Sheet, et dedans, par format, […] ils vont écrire toute une liste de titres. Et moi, ensuite, je valide. […] Je préfère faire des remarques pour que du coup, il voie et avec le temps, il intègre mes remarques de base.\ »
Quelle est la structure d’une équipe pour une chaîne YouTube à succès ?
Une équipe pour une chaîne produisant plusieurs vidéos par semaine peut inclure plusieurs rédacteurs, plusieurs monteurs, un commercial pour les partenariats, des illustrateurs ou graphistes pour les visuels, et une assistante pour l’administratif. Pour Poisson Fécond, l’équipe compte environ 10 personnes.
\ »Des rédacs, il y en a quatre. […] on a trois monteurs plus une stagiaire monteuse. […] une personne qui est un commercial. […] une illustratrice qui travaille sur les vidéos. […] et tu avais une assistante qui du coup, je suppose gère aussi.\ »
Combien de temps faut-il pour former un rédacteur ou un monteur YouTube ?
Le temps de formation varie selon l’expérience de la personne et le niveau d’exigence, mais il faut compter plusieurs mois. Chris mentionne qu’il a parfois passé jusqu’à six mois pour qu’un rédacteur soit parfaitement autonome et corresponde à ses standards de qualité.
\ »Avec mes rédacteurs, j’ai pu passer parfois 6 mois, ça dépend. Parfois, ils pouvaient être ultra réactifs et bons dès le départ, quasiment ou parfois, ça pouvait prendre plus.\ »
Comment tourner plusieurs vidéos en une seule journée efficacement ?
La méthode consiste à ‘batcher’ les tournages. Il s’agit de regrouper le tournage de plusieurs vidéos (6 à 8 par exemple) sur une seule journée ou session. Cela permet de ne faire le setup du matériel qu’une seule fois et de se mettre dans une dynamique de tournage, ce qui est beaucoup plus efficace que de tourner les vidéos une par une.
\ »Le grosso modo, une session, ça va être six six vidéos. Sachant que tu vois, en fait, comme on sort trois vidéos par semaine et que du coup, moi, je tourne toutes les deux semaines, bah, du coup, six vidéos d’un coup.\ »
Quel est le processus pour donner des retours sur un montage vidéo ?
Un processus efficace consiste à limiter les allers-retours. Le monteur fournit une première version (V1). Le créateur donne tous ses retours en une seule fois, soit sur un document avec des timecodes, soit via des outils comme Vimeo. L’objectif est que la version suivante (V2) soit la version finale, sans avoir besoin d’une V3.
\ »Il met on va dire quelques jours pour la monter. Ensuite, à ce moment-là, moi, il me dit ouais, c’est prêt. […] sur un document un Google Sheet, je lui fais une sorte de bullet point des points qu’il faudrait rectifier. […] s’il y a besoin de faire plus de retours, c’est que c’est un nouveau format ou que du coup, c’est des tests.\ »
Comment passer de youtubeur solo à une véritable entreprise ?
Le passage se fait en systématisant les processus de création et en recrutant une équipe pour les exécuter. Il faut investir du temps dans la formation des premières recrues pour les rendre autonomes. L’objectif est que l’entreprise puisse fonctionner et produire du contenu de qualité avec une intervention minimale du fondateur.
\ »C’est seulement depuis relativement récemment que j’ai commencé à travailler avec des gens pour m’aider à écrire. […] plus tu embauches et plus c’est facile en fait. Parce que tous les process […] tu sais comment le former parce que tu as déjà des gens qui l’ont fait et qui vont le faire pour lui. Enfin, tu vois, tout est plus simple.\ »