Logo de l'épisode 800k abonnés et ça ne fait que commencer - avec Micode du podcast Marketing Mania - Conversations d'entrepreneurs

800k abonnés et ça ne fait que commencer – avec Micode

Épisode diffusé le 9 mars 2021 par Marketing Mania

Écouter l'épisode :

Scaler sa chaîne youtube : le défi de déléguer la création de contenu

Passer de créateur solo à la tête d’une équipe est un cap que beaucoup de youtubeurs peinent à franchir. Mike Code, alias Micode, avec près de 800 000 abonnés, se trouve au cœur de cette problématique. Il partage son ambition : transformer sa chaîne en un véritable média de référence sur les sujets IT. Pour y parvenir, une seule solution : recruter et déléguer. Mais comment faire quand le succès de la chaîne repose sur une touche personnelle, une intuition difficile à transmettre ?

Mike explique : « Moi, j’ai quand même cette envie d’essayer de créer un monstre, tu vois. J’ai envie que dans quelques années, Micode, ce soit un gros média. […] Avec cette ambition là, je peux pas tout faire tout seul, ça fonctionne pas. » Cette volonté de croissance se heurte à une réalité bien connue des créateurs : la difficulté de lâcher prise sur le processus créatif.

Le passage obligé : systématiser l’intuition pour grandir

Pour beaucoup de youtubeurs, la création est un art plus qu’une science, guidée par le feeling. Mike l’admet volontiers : « Je pense que pour moi et beaucoup de youtubeurs, il y a beaucoup d’intuition. » Cette méthode fonctionne parfaitement en solo, mais devient un obstacle majeur lorsqu’il s’agit d’intégrer de nouvelles personnes à l’équipe. L’intuition n’est pas duplicable.

La solution ? Rationaliser son propre processus créatif pour le rendre enseignable. « Pour arriver à cet objectif final qui est de décupler la production de vidéo en me faisant aider, il faut que j’arrive à créer la quelques vidéos où je me dis à chaque étape OK, attends, là je prends cette décision, pourquoi je la prends ? Et essaie de d’écrire mes étapes de réflexion. » Cette démarche introspective est essentielle pour passer de créateur à manager d’une équipe de création. Il s’agit de transformer des réflexes personnels en process clairs, que ce soit pour l’écriture, le choix des angles ou la structure narrative. Sans ce travail de formalisation, la difficulté de déléguer l’écriture de vidéos reste un mur infranchissable.

Le \ »hack\ » de la deuxième chaîne : un incubateur pour former son équipe

De mon côté, j’ai rencontré exactement le même obstacle. Comment former quelqu’un à écrire des vidéos avec le style \ »Marketing Mania\ » sans paralyser la production de ma chaîne principale ? Ma solution a été un \ »hack psychologique\ » : la création d’une deuxième chaîne.

J’explique cette stratégie : « Le hack que j’ai trouvé, c’est de me dire je vais faire une deuxième chaîne. […] Les vidéos de la deuxième chaîne, elles vont pas être exactement pareilles […] Ça fait pas une deuxième chaîne pour faire des vidéos exactement pareilles sur la première chaîne. Elles vont pouvoir avoir aussi un peu moins d’enjeu. »

Cette chaîne secondaire agit comme un incubateur. Elle permet de travailler avec un nouveau créateur, de le former, d’itérer sur des formats moins ambitieux sans la pression de la chaîne principale. C’est un terrain d’entraînement où l’on peut construire ensemble les process et le style, jusqu’à ce que la personne soit prête, potentiellement, à intervenir sur les contenus phares. C’est un investissement à long terme, non seulement pour former une personne, mais aussi pour mieux comprendre et formaliser ce qui fait l’essence de ses propres vidéos.

Devenir un média : faut-il sacrifier son personal branding ?

Une fois la décision de scaler prise, une question stratégique se pose : faut-il continuer à tout miser sur son nom, son \ »personal branding\ », ou construire une marque média qui pourrait un jour exister sans son fondateur ? Micode avoue avoir longtemps penché pour la deuxième option, avant de nuancer sa position, notamment en observant son ami et associé, Hugo Décrypte.

La leçon d’Hugo Décrypte : presser le jus du personal branding

Hugo Décrypte est un cas d’école fascinant. Il a réussi à transformer sa chaîne, qui porte son nom, en un média reconnu, employant une dizaine de personnes et produisant du contenu quotidien sur de multiples plateformes. « Hugo, aujourd’hui, il est même considéré, tu vois, par les médias traditionnels ou par YouTube même comme étant un média », analyse Mike.

Cette observation l’a fait réfléchir : « Au début, moi j’étais en mode le cette deuxième ce deuxième modèle [créer une marque qui te dépasse] là est bien mieux à tous les niveaux. Et le personal branding, c’est vraiment casse-pieds […] Et en fait, je me rendais pas forcément compte de ce que tu perds aussi. » Ce que l’on perd, c’est principalement la connexion émotionnelle, beaucoup plus simple à générer quand une seule personne incarne le projet. La stratégie d’Hugo semble être d’utiliser la force de son nom pour bâtir une structure solide, avant une éventuelle transition vers une marque plus large. « Il aura vraiment pressé entre guillemets le jus du personal branding et des avantages que ça peut avoir. »

Trouver l’équilibre entre la figure du créateur et la marque

La distinction n’est pas si binaire. Mon propre projet, Marketing Mania, se situe entre les deux. Si le contenu vidéo est aujourd’hui entièrement incarné par moi, les formations, elles, commencent à intégrer d’autres experts. C’est un choix pragmatique : « Il faut que Marketing Mania devienne une marque où tu peux dire c’est la formation Marketing Mania […] ça veut dire que Marketing Mania a un certain niveau de qualité auquel tu t’attends. »

La transition pour devenir un média se fait donc par étapes et peut varier selon les produits. L’audience construite autour d’une personne (le personal branding) sert de rampe de lancement pour établir la crédibilité d’une marque plus large. L’enjeu est de faire en sorte que la marque devienne un gage de qualité, indépendamment de la présence systématique de son créateur originel.

Les business du youtubeur : de l’échec d’une marque à la création d’une agence

La volonté de construire quelque chose au-delà de sa chaîne YouTube pousse de nombreux créateurs à se lancer dans l’entrepreneuriat. Mais tous les business ne se valent pas. L’expérience de Micode est révélatrice des pièges à éviter et de la bonne manière de capitaliser sur ses forces.

Pourquoi la marque de vêtement était une fausse bonne idée

Le premier projet entrepreneurial de Micode fut une marque de vêtements. Un semi-échec dont il tire aujourd’hui de précieuses leçons. Il identifie trois raisons principales à cet insuccès. Premièrement, le marché du vêtement est extrêmement compétitif avec des marges faibles. Deuxièmement, ce produit n’avait que peu de pertinence avec sa niche. « Tu profites pas du tout entre guillemets du fait que que ce soit une niche qui s’intéresse à un sujet en particulier, là tu fais un produit de grande consommation, tu vois, c’est vraiment pas très smart. »

Enfin, et c’est peut-être la leçon la plus importante, ce projet l’a distrait de son activité principale au moment où celle-ci décollait. « Au lieu d’appuyer là-dessus, de faire trois fois plus de vidéos bien mieux, bien plus qualitative, d’essayer de grossir au max sur YouTube, je me suis laissé distraire. » Cet échec lui a appris à se concentrer sur ses avantages compétitifs et à construire des projets qui créent un effet de levier avec son activité de créateur.

Frame 55 : la stratégie d’une agence d’influenceurs de niche

Fort de cette expérience, son nouveau projet, l’agence Frame 55 co-fondée avec Hugo Décrypte, est radicalement différent. L’idée est née d’un constat simple : les créateurs de contenu de niche, à forte valeur ajoutée, et les marques qui leur correspondent sont mal servis par les agences traditionnelles. « On s’est dit ces gens-là, généralement sont très mal représentés. Comment on le sait ? Bah on en est. »

L’agence se positionne donc sur un segment de marché spécifique où les fondateurs ont un avantage compétitif énorme : leur propre expérience et leur réseau. Contrairement à la marque de vêtement, ce business est en parfaite synergie avec leur activité principale. Micode et Hugo sont les premiers clients et apportent l’expertise \ »côté créateur\ ». Le modèle est plus sain, moins risqué, et ne le détourne pas de son objectif principal : faire de Micode un média incontournable.

La psychologie du créateur : entre ambition et peur de l’échec

Au-delà de la stratégie, la vie d’un créateur est façonnée par un état d’esprit particulier, un mélange d’ambition dévorante et d’une conscience aiguë de la précarité de leur succès.

Gérer la pression de la performance et la pérennité du business

La peur que tout s’arrête du jour au lendemain est un sentiment partagé par de nombreux youtubeurs. Cette anxiété peut être un frein, notamment à l’embauche, vue comme une prise de risque. Pourtant, Micode a appris à relativiser : « J’ai eu des trous où j’ai pas sorti de vidéo pendant 3 mois. Et bah je suis toujours là. […] Si tu sors une bonne vidéo, les gens ils regardent. »

Il a aussi compris, en observant des contre-exemples comme Hugo Décrypte ou Poisson Fécond, qu’il était possible de construire un business pérenne sur YouTube. « Tu te rends compte que non, tu peux arriver à créer un business pérenne sur YouTube, c’est possible. C’est juste que jusqu’à présent on avait pas énormément d’exemples. » Accepter de bâtir une structure, c’est aussi se donner les moyens de la pérennité et de ne plus dépendre uniquement de sa propre capacité de production.

Le \ »désavantage\ » de réussir trop vite

Le parcours de Micode est atypique : il a connu le succès dès sa première vidéo. Un cas rare qui, paradoxalement, peut être un désavantage. Contrairement à ceux qui ont \ »galéré\ » pendant des années, il n’a pas eu ce benchmark de la difficulté qui forge un certain état d’esprit. De mon côté, je reconnais que les années de galère laissent une trace indélébile : « C’est un truc qui te reste. Tu te dis en fait, c’est mon benchmark, tu vois. Mon benchmark de à quel point tu es capable de bosser, et à quel point tu peux tomber bas. »

Cette expérience initiale façonne la manière de travailler et de percevoir le succès. Pour moi, chaque accomplissement devient la nouvelle base de départ, poussant à viser toujours plus haut. Pour Micode, le cheminement est peut-être inverse : apprendre à se challenger et à structurer sa croissance après avoir connu un succès fulgurant. Deux chemins différents qui convergent vers un même objectif : ne pas se reposer sur ses lauriers et continuer à construire pour devenir un média qui dure.

Questions fréquentes sur la croissance d’une chaîne youtube

Pourquoi les youtubeurs ont-ils du mal à déléguer la création de contenu ?

De nombreux youtubeurs peinent à déléguer car leur processus créatif est souvent basé sur l’intuition et un style très personnel, ce qui rend difficile la formalisation et la transmission à une équipe. La peur de perdre en qualité et en authenticité est un frein majeur à la délégation.

Citation de l’épisode : \ »C’est dur à faire pour un youtubeur qui a toujours eu l’habitude de tout faire… il y en a beaucoup qui arrivent à passer le pas de déléguer le montage […]. Mais des gens qui se font aider sur vraiment l’écriture de vidéos, c’est quand même relativement rare.\ »

Comment peut-on scaler sa chaîne youtube sans perdre son âme ?

Pour scaler sa chaîne, il est crucial de systématiser son propre processus créatif. Cela implique de rationaliser ses décisions (choix des sujets, structure, écriture) pour les transformer en méthodes transmissibles. L’objectif est de permettre à une équipe de produire du contenu qui respecte la vision originale tout en augmentant le volume de production.

Citation de l’épisode : \ »Il faut que j’arrive à créer quelques vidéos où je me dis à chaque étape : ‘OK, attends, là je prends cette décision, pourquoi je la prends ?’ Et essaie d’écrire mes étapes de réflexion.\ »

Vaut-il mieux développer son personal branding ou créer une marque média ?

Il n’y a pas de réponse unique. Le personal branding permet de créer une connexion émotionnelle forte et rapide avec l’audience. Une marque média offre plus de pérennité et de scalabilité. Une stratégie efficace, comme celle d’Hugo Décrypte, consiste à utiliser la force de son personal branding pour construire les fondations solides d’un média qui pourra, à terme, exister indépendamment.

Citation de l’épisode : \ »Peut-être que à partir de ça, il va pouvoir créer un un gros média et tout. Mais d’abord, il aura il il aura vraiment pressé entre guillemets le jus du personal branding et des et des avantages que ça peut avoir.\ »

Quel type de business un youtubeur devrait-il lancer ?

Un youtubeur devrait lancer un business qui s’appuie sur ses forces et son avantage compétitif. L’échec de la marque de vêtement de Micode montre qu’un produit générique est risqué. À l’inverse, son agence d’influenceurs Frame 55 est un succès car elle est alignée avec sa niche, son expertise et son réseau, créant une synergie avec sa chaîne.

Citation de l’épisode : \ »Appuyer là où où où je sens qu’il y a de la traction, quoi. […] au lieu d’appuyer là-dessus, de faire trois fois plus de vidéos […] je me suis laissé distraire, tu vois, en essayant d’aller sur un autre sur un autre territoire où là, j’avais très peu d’avantages compétitifs.\ »

Qui est Micode ?

Micode, de son vrai nom Michaël, est un youtubeur français spécialisé dans la technologie, le développement informatique et la cybersécurité. Avec près de 800 000 abonnés, il est une référence dans la vulgarisation de ces sujets techniques. Il est également co-fondateur de l’agence d’influenceurs Frame 55.

Citation de l’épisode : \ »Cette semaine, j’accueille Mike Code, qui est un youtubeur qui traite de technologie, de développement et de cybersécurité. Et sur YouTube, il a quasiment 800 000 abonnés.\ »

Qu’est-ce que l’agence Frame 55 co-fondée par Micode et Hugo Décrypte ?

Frame 55 est une agence d’influenceurs qui met en relation des créateurs de contenu à forte valeur ajoutée (vulgarisation, éducation) avec des marques qui peinent à trouver des profils pertinents dans les agences traditionnelles. L’agence se spécialise dans ce segment de marché de niche.

Citation de l’épisode : \ »C’est une agence qui est destinée à la fois à des créateurs qui ne font pas du divertissement […] mais vraiment plutôt des bah des Hugo, des moi, des des gens qui font de la vulgarisation […]. Et parallèlement, tu as des marques qui sont qui trouvent pas du tout leur leur affaire dans les agences traditionnelles.\ »

Est-ce un désavantage de réussir trop vite sur YouTube ?

Réussir très vite, comme Micode dès sa première vidéo, peut présenter un défi psychologique. Cela prive le créateur de l’expérience de la \ »galère\ » qui forge la résilience et une forte éthique de travail. Sans ce benchmark de la difficulté, il peut être plus compliqué de se pousser constamment à se dépasser une fois le succès acquis.

Citation de l’épisode : \ »Finalement, on parlera du désavantage d’avoir eu aussi trop vite sans trop galérer, puisque Mike Code a bien sûr réussi quasiment sur YouTube dès sa première vidéo, ce qui est quelque chose d’assez rare.\ »

Comment passer de youtubeur à entrepreneur ?

La transition de youtubeur à entrepreneur nécessite un changement de mentalité : il faut passer de la création de contenu à la construction d’un système. Cela implique de recruter une équipe, de formaliser les processus créatifs pour les déléguer, et de lancer des projets qui s’appuient sur l’audience et l’expertise de la chaîne pour créer de nouvelles sources de revenus et de croissance.

Citation de l’épisode : \ »Moi j’ai j’ai quand même cette envie de de de d’essayer de de créer bah, je sais pas quel est l’expression, mais de créer un monstre, tu vois. J’ai envie de j’ai envie que dans quelques années euh euh Mike Code, ce soit euh ce soit un un gros média, tu vois.\ »


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