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Interview Hervé Delagne : « J’ai plus de 14 trophées d’un MILLION d’abonnés » (Chaines sans visage)

Épisode diffusé le 28 septembre 2025 par Les Makers | Podcast

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Derrière les 14 trophées du million d’abonnés : l’histoire méconnue du YouTube Automation

Imaginez un instant. Vous envoyez un simple fichier vidéo sur une plateforme, et en retour, de l’argent apparaît sur votre compte en banque. Pas une fois, mais des milliers de fois, de manière continue, créant un véritable système qui fonctionne pour vous. Pour beaucoup, cela ressemble à une utopie numérique. Pour Hervé Delagne, c’est la réalité qu’il a construite pendant plus de 13 ans, loin des caméras et des feux des projecteurs. Avec plus de 14 trophées YouTube célébrant le million d’abonnés, il est l’un des pionniers français du ‘YouTube Automation’, ces fameuses chaînes ‘sans visage’ qui fascinent autant qu’elles interrogent. Son parcours n’est pas celui d’un influenceur traditionnel, mais celui d’un architecte de systèmes, un entrepreneur qui a vu une opportunité là où personne ne regardait.

Son histoire commence bien avant que ‘gagner sa vie sur Internet’ ne soit une carrière comprise et acceptée. À une époque où YouTube était avant tout une plateforme de divertissement pour une poignée de créateurs charismatiques, Hervé a décelé une faille, une anomalie dans le système. Il a compris qu’il n’était pas nécessaire d’être le visage d’une chaîne pour en capter la valeur. Cette prise de conscience a été le point de départ d’une aventure qui l’a mené de livreur de pizza à la tête d’un empire de contenu, en passant par une expatriation stratégique en Andorre. Il le dit lui-même avec le recul et l’étonnement de ses débuts : ‘J’ai vraiment la sensation que j’ai trouvé la mine d’or et que ça va pas durer. Pour moi c’est pas possible. C’est-à-dire dans quel monde on vit, j’envoie un fichier MP4, je reçois de l’argent.’ Cette mentalité, cette urgence à capitaliser sur une opportunité qu’il pensait éphémère, a été le moteur de toutes ses décisions stratégiques. Dans cet article, nous allons plonger dans les coulisses de ce succès, décortiquer les principes qui ont permis de bâtir ce système et comprendre comment une simple passion peut se transformer en une machine à générer des revenus, à condition de penser non pas en créateur, mais en entrepreneur.

Les débuts d’un pionnier : de la passion des effets spéciaux à la monétisation inattendue

En 2012, le paysage de YouTube francophone était bien différent. Des noms comme Norman, Cyprien ou Squeezie commençaient à émerger, incarnant un modèle unique : celui de l’influenceur qui se met en scène, raconte des histoires et crée un lien personnel avec sa communauté. L’idée même de gagner sa vie sur la plateforme était floue, presque abstraite pour le grand public. C’est dans ce contexte qu’Hervé Delagne a fait ses premiers pas, non pas attiré par l’argent, mais par une passion dévorante pour les effets spéciaux. Ancien étudiant en design graphique, il était fasciné par la magie du montage, la possibilité de créer l’impossible avec des logiciels comme After Effects. Sa première chaîne était un exutoire créatif, un lieu d’échange où il partageait ses connaissances à travers des tutoriels.

Il passait des heures à détourer des images, à créer des animations image par image, inspiré par des créateurs américains comme Freddie Wong (Freddiew) ou Andrew Kramer de Video Copilot. Il n’y avait aucune stratégie de monétisation, aucune ambition financière. C’était un pur plaisir, une démarche authentique de partage. ‘Je n’étais pas monétisé sur cette chaîne, je faisais ça purement par passion, j’avais créé une communauté, il y avait des échanges, je trouvais ça top.’ Cette période fondatrice est essentielle pour comprendre la suite. Elle démontre que les projets les plus authentiques naissent souvent sans calcul, portés par un intérêt sincère. C’est cette sincérité qui a attiré une première communauté, créant une base solide avant même que l’idée d’un business n’existe.

Le choc de la monétisation : quand le hobby devient une opportunité

Puis, un jour, tout a basculé. YouTube a introduit et démocratisé son programme de partenariat, permettant aux créateurs de monétiser leurs vidéos via des publicités. Pour Hervé, ce fut une révélation, un véritable choc conceptuel. L’activité qu’il pratiquait par pur plaisir pouvait désormais générer des revenus. Il décrit ce moment avec une analogie frappante : ‘C’est comme si tous les matins tu te fais couler un café, tu as l’habitude, tu le fais sans te poser de questions et demain je te dis bah à chaque fois que tu fais couler un café, bah tu as 50 € qui arrivent quoi. Je suis rémunéré pour faire un truc que j’aime faire et qui me passionne.’ Cette prise de conscience a été un tournant. Cependant, ses ambitions restaient modestes, presque terre-à-terre. L’objectif n’était pas de devenir millionnaire, mais simplement d’améliorer son quotidien d’étudiant. ‘Si je peux payer mes repas du midi avec, c’est top.’ Cette progression par paliers, d’abord payer sa cantine, puis envisager un travail à mi-temps, puis finalement dépasser un salaire confortable, montre une croissance organique, non forcée. C’est cette absence de pression initiale qui lui a permis d’expérimenter librement et de découvrir les véritables leviers de la plateforme.

La naissance d’un empire : le pivot vers les chaînes ‘sans visage’ et la scalabilité

Bien que sa chaîne de tutoriels sur les effets spéciaux lui rapporte ses premiers euros, Hervé a rapidement compris ses limites. Le sujet était hyper niché, demandait un temps de production colossal pour chaque vidéo et le potentiel d’audience était plafonné. Pendant ce temps, les créateurs de divertissement explosaient. La question s’est alors posée : comment profiter de cette vague massive sans pour autant devenir un personnage public ? ‘Je me dis je veux pas me mettre à raconter des blagues devant la caméra et comment je pourrais faire pour moi aussi profiter de tout ce système.’ La réponse se trouvait dans un modèle encore confidentiel à l’époque, celui des chaînes ‘sans visage’ ou ‘faceless’.

Il a commencé à observer et à créer des chaînes basées sur la compilation de contenus existants, comme les ‘meilleurs moments de football’ ou les ‘vidéos drôles’. La règle d’or était simple mais non négociable : toujours transformer le contenu, ajouter de la valeur par le montage, le commentaire ou la narration pour respecter les règles de YouTube et offrir une expérience nouvelle au spectateur. C’est là qu’il a eu son illumination la plus importante, celle qui allait transformer son activité en un véritable business scalable : ‘C’est un modèle qui est réplicable puisque étant donné que toi tu n’apparais pas sur la chaîne, si tu commences à déléguer à d’autres personnes la production et cetera là tu deviens gestionnaire de chaîne.’ Cette phrase contient l’ADN de tout son succès futur. En se détachant de la création en tant que personne, il a transformé la vidéo en un produit et la chaîne en un actif qu’il pouvait multiplier.

De l’artisanat à l’industrialisation du contenu

Cette nouvelle approche a marqué un tournant radical. La passion pour un sujet spécifique a laissé place à une stratégie guidée par l’analyse et l’opportunité. Le but n’était plus de créer ce qu’il aimait, mais de produire ce que le public voulait voir. Pour trouver des idées, il n’essayait pas d’inventer la roue. Au contraire, il a adopté une posture d’observateur intelligent. ‘En vérité, c’est tout l’inverse. Il faut plutôt être capable de voir ce que les gens font, ce qui marche, ce qui marche pas et il faut se dire que toutes ces personnes qui publient des vidéos tous les jours, en fait, elles font des crash tests pour toi.’ En analysant les chaînes à succès, il décelait des modèles, des formats, des sujets porteurs, et s’en inspirait pour lancer ses propres chaînes. Si une vidéo sur un sujet X fonctionne pour plusieurs créateurs, c’est que l’algorithme de YouTube a identifié une demande et qu’il y a un public à servir. Cette méthode, basée sur la donnée plutôt que l’intuition, a considérablement réduit le risque et accéléré les résultats. Très vite, il n’était plus seul. Sa compagne et un camarade de classe ont rejoint l’aventure, formant un premier noyau de production. Le petit revenu d’appoint est devenu un salaire, puis plusieurs, jusqu’à dépasser les 3000 € par mois alors qu’il était encore étudiant.

L’expatriation en Andorre : la stratégie fiscale qui a tout changé

Avec des revenus qui grimpaient en flèche, une nouvelle réalité s’est imposée : la fiscalité. En France, le statut d’auto-entrepreneur a vite montré ses limites, et le passage en société individuelle s’annonçait complexe et coûteux. Mais au-delà des considérations purement administratives, une conviction profonde animait Hervé : cette opportunité était trop belle pour durer. Cette mentalité d’urgence a été le catalyseur de la décision la plus importante de sa carrière. ‘J’ai vraiment la sensation que j’ai trouvé la mine d’or et que ça va pas durer. Pour moi, c’est pas possible.’ Cette peur de voir la source se tarir l’a poussé à chercher non pas à gagner plus, mais à conserver le maximum de ce qu’il gagnait. Il ne voulait laisser aucune miette sur la table.

Après des recherches approfondies, une petite principauté nichée dans les Pyrénées est apparue comme la solution évidente : l’Andorre. À seulement 24 ans, en 2014, il a fait le grand saut avec sa compagne. Loin d’être une destination ‘mainstream’ pour les entrepreneurs du web à l’époque, ce choix était purement stratégique. Le système fiscal andorran était d’une simplicité et d’une efficacité redoutables. Un impôt sur les sociétés (IS) de 10% sur les bénéfices, et 0% sur les dividendes versés à un résident. En d’autres termes, une fois que l’entreprise a payé ses 10%, l’argent restant peut être transféré dans la poche de l’entrepreneur sans aucune taxe supplémentaire.

Le ‘cheat code’ fiscal : profiter de l’opportunité des 2% d’impôts

Mais l’opportunité était encore plus incroyable. Pour attirer les entreprises à forte valeur ajoutée et non dépendantes de l’économie locale, l’Andorre proposait un régime ultra-préférentiel. Sous certaines conditions (avoir un local de plus de 20m², un employé, et une activité tournée vers l’international), le taux d’imposition tombait à seulement 2%. Hervé et son équipe ont pu bénéficier de ce régime pendant plusieurs années. L’impact est colossal et difficile à imaginer sans un exemple concret qu’il donne lui-même : ‘C’est dingue, c’est-à-dire tu reçois 100000 € de YouTube, tu donnes 2000 et les 98000 tu peux te les verser dans ta poche net d’impôts quoi. Et légalement quoi.’ Cette optimisation massive du cash-flow a agi comme un véritable carburant pour la croissance. L’argent qui serait parti en impôts en France a pu être entièrement réinvesti dans le développement de nouvelles chaînes, le recrutement de freelances et plus tard, dans l’immobilier, créant un effet boule de neige spectaculaire. Avec le recul, cette décision a été doublement gagnante, car les investissements immobiliers réalisés en Andorre à cette période ont vu leur valeur doubler en quelques années.

Grandir à grande échelle : l’art de la délégation et de la supervision

Une fois installé en Andorre et libéré de ses études, Hervé a pu se consacrer à 100% à son activité. L’objectif était clair : passer à la vitesse supérieure. Cependant, la croissance s’est heurtée à un mur invisible mais bien réel : le temps. Même à trois, le nombre de vidéos qu’ils pouvaient produire était limité. La clé était la délégation, mais c’était aussi sa plus grande crainte. ‘J’ai tellement la sensation d’avoir trouvé The Mindor quoi, tu vois que je me dis si je l’explique à quelqu’un, il va le faire en fait.’ Cette peur, légitime, que ses secrets soient répliqués par ceux qu’il formait, l’a freiné pendant un temps. Ce n’est qu’à partir de 2017 qu’il a véritablement ouvert les vannes et commencé à collaborer avec des prestataires externes, des freelances du monde entier.

Cette étape a transformé radicalement la structure de l’entreprise. D’une petite équipe d’artisans, ils sont devenus les chefs d’orchestre d’un réseau international de créateurs. Le plus grand défi n’était plus de produire, mais de trouver les bonnes personnes. L’expérience lui a appris que la délégation est un art délicat, parsemé d’échecs. ‘C’est là où ça devient hyper frustrant, c’est quand tu dis je l’aurais fait moi-même, ça aurait été plus vite.’ Mais chaque collaboration réussie était un multiplicateur de puissance. Le véritable ‘glitch’ du système, comme il l’appelle, est de pouvoir acheter le temps des autres. ‘Le problème principal, c’est tes journées qui ne durent que 24 heures… à partir du moment où tu délègues à des gens qui sont sérieux, bah là en fait c’est ça le glitch quoi, c’est que tu peux avoir des journées maintenant de 48 heures, de 72 heures.’

Du créateur au chef d’orchestre

Aujourd’hui, la structure est pyramidale et optimisée. Hervé est au sommet, supervisant l’ensemble. En dessous de lui, des managers de chaînes, souvent intéressés aux résultats, dont le rôle est de faire de la veille stratégique, d’analyser les performances et d’optimiser le SEO. Ils ne produisent rien eux-mêmes. Ils pilotent. La production, elle, est entièrement externalisée à des équipes spécialisées, souvent basées dans des pays comme l’Inde ou Madagascar, qui remplissent des Google Drive avec les vidéos et les miniatures prêtes à être publiées. Cette organisation lui permet de gérer un portefeuille de plusieurs dizaines de chaînes actives. Il est passé du statut de créateur de contenu à celui d’architecte d’un écosystème de contenu. C’est le stade ultime du YouTube Automation : la machine tourne avec une intervention minimale, focalisée uniquement sur la stratégie et la supervision. Il n’est plus dans la salle des machines, il est sur le pont du navire, à regarder l’horizon et à décider de la direction.

La philosophie ‘Evergreen’ : bâtir un patrimoine de contenu durable

Dans un monde numérique obsédé par la viralité et les tendances éphémères, la stratégie à long terme d’Hervé détonne. Si son système est capable de surfer sur les vagues d’actualité, le véritable fondement de son empire repose sur un concept clé : le contenu ‘Evergreen’. Il s’agit de vidéos qui répondent à des questions ou des besoins intemporels, dont la demande reste stable année après année. Il illustre cette idée avec une comparaison limpide : ‘Tu as toujours des gens tous les jours qui cherchent comment faire un nœud de cravate… À l’inverse tu as résumé de la série Squid Game.’ Le premier type de vidéo, une fois bien positionné, devient un actif numérique qui génère des vues et des revenus de manière passive et prévisible pendant des années. Le second connaîtra un pic de popularité immense mais finira par s’essouffler et tomber dans l’oubli.

La force de son approche est de ne pas choisir l’un ou l’autre, mais de construire un portefeuille diversifié, avec une base solide de contenu ‘Evergreen’. Cette stratégie lisse les revenus et réduit la dépendance à une seule chaîne ou à une seule tendance. Il compare son réseau de chaînes à un groupe de franchises McDonald’s : ‘Il y a des villes où le McDo il va être hyper rentable, d’autres villes où ça va pas du tout être le cas… mais tout ça finit un peu par se lisser vraiment ça crée une moyenne en fait.’ Cette vision patrimoniale de la création de contenu est fondamentale. Chaque vidéo n’est pas un simple produit jetable, mais une brique ajoutée à un édifice. Certaines chaînes peuvent même être mises en pause, ne publiant qu’une vidéo tous les six mois, car leur catalogue de contenu ‘Evergreen’ continue de travailler pour elles, attirant un flux constant de nouveaux spectateurs.

Conclusion : le système derrière le succès

Le parcours d’Hervé Delagne est une masterclass sur la transformation d’une passion en un système d’entreprise hautement scalable. En partant d’une simple curiosité pour les effets spéciaux, il a su identifier et exploiter les mécanismes profonds de YouTube, bien au-delà de la simple création de contenu. Son histoire nous enseigne plusieurs leçons fondamentales. Premièrement, le succès n’est pas toujours là où les projecteurs sont braqués ; le modèle ‘sans visage’ a prouvé qu’on pouvait bâtir un empire médiatique dans l’ombre. Deuxièmement, la réplication de ce qui fonctionne est souvent une stratégie plus efficace que la quête incessante de l’idée révolutionnaire. Troisièmement, la croissance exponentielle est souvent le fruit de décisions stratégiques audacieuses, comme son expatriation en Andorre, qui a démultiplié ses capacités d’investissement. Enfin, et c’est peut-être le point le plus important, le véritable passage à l’échelle se produit lorsque l’on cesse d’échanger son temps contre de l’argent et que l’on devient un ‘chef d’orchestre’, un superviseur de systèmes. La véritable ‘mine d’or’ n’était pas YouTube lui-même, mais la compréhension qu’il pouvait être transformé en un processus industriel, réplicable et délégable. C’est cette vision qui lui a permis, non seulement de prospérer, mais de construire une machine durable, loin de l’anomalie passagère qu’il avait initialement cru découvrir.


Foire aux questions (FAQ)

Qu’est-ce qu’une chaîne YouTube ‘sans visage’ (faceless) exactement ?

Une chaîne YouTube ‘sans visage’, ou ‘faceless’, est un type de chaîne où le créateur n’apparaît pas physiquement à l’écran. Le contenu est généralement basé sur des images d’archives (stock footage), des animations, des captures d’écran, des compilations ou des narrations en voix off. Ce modèle permet de se concentrer entièrement sur le sujet de la vidéo plutôt que sur la personnalité du créateur. L’avantage principal est qu’il est entièrement délégable, ce qui le rend parfaitement adapté au modèle du YouTube Automation où des équipes peuvent produire le contenu. Hervé a commencé avec des formats très simples qui illustrent parfaitement ce concept.

‘Si je donne quelques exemples, ça va de suite parler à tout le monde. Par exemple voilà, compilation football meilleur moment, compilation vidéos drôle et c’est vraiment là-dessus que je me lance et surtout que c’est un modèle qui est réplicable.’

Faut-il être passionné par sa niche pour réussir sur YouTube ?

La passion est un moteur puissant, surtout au début, mais elle n’est pas indispensable pour chaque projet, selon l’expérience d’Hervé. Sa toute première chaîne sur les effets spéciaux était entièrement mue par la passion, sans attente financière. Cependant, lorsqu’il a compris le potentiel commercial de YouTube, son approche est devenue plus stratégique. Il a commencé à créer des chaînes sur des sujets qu’il ne maîtrisait pas forcément mais pour lesquels il y avait une forte demande. La passion initiale s’est transformée en une passion pour le système lui-même : construire, optimiser et faire grandir des chaînes rentables.

‘Pour moi la passion ça s’est un peu arrêté sur ma chaîne de tutoriel. Là vraiment, j’avais aucune attente en retour. […] Par contre après quand je comprends qu’on peut faire de l’argent en mettant du contenu, tu le prends, tu le réutilises, tu le modifies […] tu peux vraiment gagner de l’argent. Là je me suis dit il faut faire ça à fond quoi.’

Pourquoi Hervé Delagne a-t-il choisi l’Andorre pour son expatriation ?

Le choix de l’Andorre en 2014 était une décision purement stratégique et fiscale. Face à des revenus en forte croissance qui dépassaient les plafonds du statut de micro-entrepreneur en France, Hervé cherchait à optimiser légalement ses impôts. L’Andorre offrait un cadre fiscal extrêmement attractif : un impôt sur les sociétés de 10% maximum et 0% sur les dividendes. De plus, il a pu bénéficier d’un régime spécial qui réduisait son impôt à seulement 2% pendant plusieurs années. Cette optimisation lui a permis de réinvestir massivement ses bénéfices dans la croissance de son entreprise, un avantage concurrentiel décisif.

‘Tu reçois 100000 € de YouTube, tu donnes 2000 et les 98000 tu peux te les verser dans ta poche net d’impôts quoi. Et légalement quoi. Donc ça c’était quand même une belle opportunité.’

Quelle était la plus grande peur d’Hervé en développant son business ?

La plus grande peur d’Hervé, surtout au début, était que l’opportunité qu’il avait découverte ne soit qu’une anomalie temporaire, une ‘mine d’or’ qui allait bientôt s’épuiser. Cette conviction que le système n’était ‘pas possible’ et ‘n’allait pas durer’ a paradoxalement été un moteur puissant. Elle l’a poussé à agir vite et de manière décisive pour maximiser ses gains tant qu’il le pouvait, notamment en s’expatriant pour optimiser sa fiscalité. Cette mentalité d’urgence l’a aussi rendu méfiant à l’idée de déléguer, craignant que d’autres ne copient son modèle facilement s’il le révélait.

‘Déjà d’une, j’ai vraiment la sensation que j’ai trouvé la mine d’or et que ça va pas durer. Pour moi c’est pas possible. C’est-à-dire dans quel monde on vit, j’envoie un fichier MP4, je reçois de l’argent.’

Comment commencer à déléguer la production de ses vidéos YouTube ?

Le passage à la délégation a été une étape clé mais difficile pour Hervé. Il a mis du temps à franchir le pas, principalement par peur de se faire copier. Son expérience montre que le processus est semé d’embûches et qu’il est crucial de trouver les bonnes personnes. La clé est de commencer petit et de tester plusieurs prestataires. Une fois que l’on trouve des collaborateurs sérieux et compétents, la délégation devient un levier de croissance extraordinaire, permettant de multiplier sa capacité de production. Il faut accepter que certaines collaborations échoueront, mais celles qui réussissent permettent de ‘hacker’ le temps et de scaler l’activité.

‘Parfois tu vas rencontrer des gens très sérieux, très très très sérieux, très bon dans ce qu’ils font et c’est là où vraiment c’est un boost. Parce que pour moi le problème principal, c’est tes journées qui ne durent que 24 heures […] à partir du moment où tu délègues […] tu peux avoir des journées maintenant de 48 heures, de 72 heures.’

Quel est le secret pour créer du contenu qui génère des revenus sur le long terme ?

Le secret réside dans la création de contenu ‘Evergreen’. Il s’agit de vidéos qui répondent à des besoins ou des questions intemporels et qui restent pertinentes sur la durée. Contrairement au contenu basé sur les tendances, qui a une durée de vie très courte, le contenu Evergreen continue d’attirer des spectateurs et de générer des revenus des mois, voire des années après sa publication. En construisant un catalogue solide de vidéos Evergreen, une chaîne YouTube devient un véritable actif numérique qui produit un revenu passif et stable, ce qui lisse les fluctuations et assure la pérennité du business.

‘Tu as toujours des gens tous les jours qui cherchent comment faire un nœud de cravate tous les jours, tous les jours. Tu vois ça s’arrête jamais. Et donc si tu as réussi à te positionner sur des thématiques comme ça où c’est que tu auras toujours une demande […] c’est bien parce que tu travailles une fois et après ta vidéo elle te rapporte.’


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