Logo de l'épisode Repost | Comment passer de consultant à agence ? Les (4) points positifs et négatifs du podcast Le Rendez-vous Marketing

Repost | Comment passer de consultant à agence ? Les (4) points positifs et négatifs

Épisode diffusé le 18 août 2022 par Danilo Duchesnes

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De solopreneur à chef d’entreprise : le guide complet pour transformer votre activité de consultant en agence

Vous êtes consultant, freelance, solopreneur. Votre expertise est reconnue, votre carnet de commandes est plein, et chaque journée est un sprint pour satisfaire vos clients. Vous avez atteint un plateau, non pas de compétences, mais de temps. C’est un plafond de verre familier pour beaucoup d’entre nous : pour gagner plus, il faudrait soit augmenter ses prix de manière exponentielle, soit refuser des projets passionnants. C’est exactement la situation dans laquelle je me trouvais il y a quelques années. J’étais face à un dilemme : rester seul et optimiser ma rentabilité, ou bien oser voir plus grand, construire quelque chose qui me dépasse et embrasser une nouvelle aventure, celle de l’entrepreneuriat. C’est une question que Romain Morio m’a posée, et elle est au cœur des préoccupations de nombreux indépendants qui réussissent.

Cette transition, ce passage de ‘je’ à ‘nous’, est bien plus qu’un simple changement de statut. C’est une métamorphose professionnelle et personnelle. Passer de consultant à agence, c’est décider de ne plus vendre uniquement son temps et son expertise, mais de bâtir un système, une équipe, une marque capable de délivrer une valeur démultipliée. Comme je l’expliquais, ‘j’ai fait la transition de consultant indépendant donc solopreneur à chef d’entreprise’ en juillet 2019. Ce fut une période charnière, un véritable tournant où j’ai dû apprendre à lâcher prise, à déléguer, à manager, et à penser non plus en termes de missions, mais de vision à long terme. C’est un chemin exigeant, semé d’embûches mais aussi incroyablement gratifiant.

Dans cet article, je vais vous livrer, sans filtre, les étapes que j’ai personnellement suivies pour passer de Danilo Duchesnes, consultant, à fondateur de l’agence DHS Digital. Nous allons décortiquer ensemble le processus, de la création de la structure juridique à la gestion des premiers recrutements. Mais je ne m’arrêterai pas là. Je partagerai également avec vous les hauts et les bas de cette aventure : les points positifs qui vous donneront l’énergie de vous lancer, et les points négatifs, ces réalités moins glamour que vous devez absolument connaître avant de sauter le pas. L’objectif n’est pas de vous vendre un rêve, mais de vous donner une feuille de route réaliste et actionnable pour que vous puissiez prendre la meilleure décision pour votre avenir.

Les 5 étapes fondamentales pour réussir sa transition de consultant à agence

Le chemin pour transformer une activité de freelance florissante en une agence structurée peut sembler complexe, voire intimidant. On ne passe pas du statut de solopreneur à celui de chef d’entreprise par un simple claquement de doigts. C’est un processus qui demande de la méthode, de la stratégie et une bonne dose de préparation psychologique. Pour vous guider, j’ai décomposé mon propre parcours en cinq étapes clés, cinq piliers qui ont soutenu la création et la croissance de DHS Digital. Chacune de ces étapes représente un défi, mais aussi une opportunité de construire des fondations solides pour votre future entreprise. Suivre cette feuille de route vous permettra non seulement d’éviter les erreurs courantes, mais aussi d’aborder cette transformation avec plus de sérénité et de confiance. Commençons par la toute première brique : la structure.

Étape 1 : Bâtir les fondations juridiques et conceptuelles de votre agence

La toute première décision, la plus fondamentale, est de créer une entité qui existe indépendamment de vous. C’est un acte fondateur qui marque une rupture psychologique et stratégique. Tant que vous opérez en votre nom propre, vous êtes le produit. Les clients viennent pour vous, votre expertise, votre touche personnelle. Pour scaler, il faut que l’entreprise devienne le produit. ‘Le but c’était vraiment de changer de nom […] si je veux avoir une équipe, si je veux recruter et si je veux m’agrandir, il faut plus que je communique en mon nom’. Cette prise de conscience est essentielle. L’agence, ce n’est plus vous ; c’est une entité morale, une marque avec sa propre identité, sa propre promesse. Cela implique de passer d’un statut d’indépendant (auto-entrepreneur en France, personne physique en Belgique) à une société (SAS, SARL, etc.).

Pourquoi est-ce si important ? D’abord, pour la crédibilité et la perception du marché. Une société inspire davantage confiance pour des contrats plus importants. Elle suggère la pérennité, la structure, la capacité à gérer des projets plus complexes. Ensuite, pour des raisons de protection. Une structure juridique comme une société à responsabilité limitée protège votre patrimoine personnel des risques liés à l’activité. C’est une sécurité indispensable dès que vous commencez à embaucher et à signer des contrats plus engageants. Enfin, et c’est peut-être le plus important, c’est un projet fédérateur. ‘Quand tu recrutes une équipe, c’est bien de les fédérer autour d’un projet commun, d’un nom, une marque’. Vos futurs collaborateurs ne rejoindront pas ‘Jean Dupont’, ils rejoindront l’agence ‘XYZ’. Ils auront un sentiment d’appartenance à une mission collective, ce qui est un levier de motivation et de rétention bien plus puissant que de travailler dans l’ombre du fondateur.

Concrètement, cette étape m’a demandé de consulter un notaire, de rédiger des statuts, de déposer un capital. Cela peut sembler administratif, mais chaque action renforce la réalité de ce nouveau projet. Ce n’est plus une idée en l’air, c’est une entreprise qui prend vie. La différence de perception est immédiate, tant pour vous que pour vos prospects. Comme je le souligne, ‘quand tu es en tant qu’agence, ils te contactent pour que ton agence, donc un groupe de personnes les accompagne’. Vous ne vendez plus des heures de travail, mais une solution externalisée portée par une équipe d’experts. C’est un changement de paradigme complet qui conditionne toutes les étapes suivantes.

Étape 2 : Mettre à jour votre communication pour incarner votre nouveau rôle

Une fois la structure juridique en place, l’étape suivante est de faire correspondre votre image publique à votre nouvelle réalité. C’est une phase de ‘refonte identitaire’ qui doit être cohérente sur tous vos points de contact. Vous n’êtes plus un loup solitaire, un expert à louer. Vous êtes le dirigeant d’une entité collective. Votre communication doit refléter ce changement de statut. Le point de départ le plus visible est souvent les réseaux professionnels comme LinkedIn. ‘Plutôt que de mettre consultant en marketing digital, tu vas peut-être mettre CEO et fondateur de l’agence XYZ’. Ce n’est pas qu’un simple changement de titre ; c’est un message envoyé au marché. Vous ne cherchez plus des missions, vous proposez des partenariats stratégiques entre entreprises.

Cette transformation doit s’étendre bien au-delà. Votre site web, vos propositions commerciales, votre signature d’email, la façon dont vous vous présentez en rendez-vous… tout doit transpirer l’agence. Le pronom ‘je’ laisse progressivement la place au ‘nous’. Quand vous parlez de vos réalisations, vous ne dites plus ‘j’ai obtenu ce résultat pour ce client’, mais ‘notre équipe a accompagné ce client vers le succès’. C’est un exercice qui peut paraître étrange au début, surtout quand l’équipe se résume à vous et votre premier recruté, mais il est crucial d’adopter cette posture dès le départ pour être crédible. Vous devez incarner la vision avant qu’elle ne soit totalement matérialisée. C’est un travail de projection qui demande de la confiance en son projet.

Le piège à éviter est de maintenir une communication hybride, où l’on est à la fois consultant et patron d’agence. Cela crée de la confusion chez les clients et prospects. Il faut assumer pleinement ce nouveau rôle. ‘Il faut vraiment bien mettre dans ta tête que tu n’es plus consultant. Quand tu parles à un client, ce n’est plus toi le consultant, tu es le fondateur et le CEO d’une agence’. Cette clarté est essentielle. Vous vendez désormais une prestation délivrée par une équipe, même si au début, vous supervisez encore tout de très près. L’idée est de vendre la méthode, le processus, la garantie de qualité de l’agence, et non plus uniquement votre talent personnel. C’est ce qui rendra votre entreprise scalable et moins dépendante de votre seule présence.

Étape 3 : Gérer la transition avec vos clients actuels avec transparence et pédagogie

C’est sans doute l’une des étapes les plus délicates sur le plan relationnel. Vos clients actuels vous ont choisi, vous, pour votre expertise et votre personnalité. L’annonce de la création d’une agence et de la délégation progressive de leur compte peut susciter de l’inquiétude. Vont-ils recevoir la même qualité de service ? Le fondateur sera-t-il toujours impliqué ? La clé ici est l’anticipation, la transparence et la réassurance. Il ne faut surtout pas leur cacher la vérité ou les mettre devant le fait accompli. J’ai compris qu’il était primordial d’en parler ouvertement : ‘Tu vas leur expliquer que tu as créé ta propre structure et que tu es en train de monter une équipe de personnes compétentes et que tu vas former.’

Le discours doit être tourné à leur avantage. Expliquez que cette évolution est une bonne nouvelle pour eux. Vous structurez votre activité pour mieux les servir, pour leur offrir plus de disponibilité et des compétences potentiellement plus larges à l’avenir. Vous pouvez même utiliser un argument très honnête et puissant : ‘Finalement moi je suis de plus en plus occupé et j’ai l’impression que je faisais du moins bon travail qu’auparavant. Là avec la nouvelle personne qui va arriver, tu verras que tu auras une qualité de service équivalente voire même meilleure’. Cet argument est très efficace car il est à la fois humble et orienté vers le bénéfice client. Vous ne leur dites pas ‘je vous abandonne’, mais ‘je renforce les moyens à votre disposition pour garantir votre succès’.

La mise en pratique de cette communication est essentielle. Planifiez un appel ou une réunion avec chaque client clé. Présentez-leur votre vision. Expliquez que vous resterez le garant de la stratégie et de la qualité, mais que l’opérationnel sera confié à un membre de votre équipe, que vous avez personnellement recruté et formé selon vos méthodes. Rassurez-les sur le fait que cette personne suivra exactement les mêmes processus qui ont fait le succès de votre collaboration jusqu’à présent. Cette démarche proactive transforme une potentielle source de friction en une démonstration de professionnalisme et de vision à long terme. C’est une étape cruciale pour conserver votre base de clients, qui sera le socle financier de votre jeune agence.

Étape 4 : Recruter le ou les bons profils pour amorcer la croissance

Le recrutement de votre premier collaborateur est un moment de vérité. C’est l’instant où l’agence devient une réalité tangible, une entité collective. C’est aussi un investissement financier et humain considérable. L’erreur serait de se précipiter ou de recruter un clone de soi-même. Vous devez chercher un profil opérationnel, capable de prendre en charge les tâches que vous souhaitez déléguer. Pour ma part, j’ai commencé avec une seule personne : ‘Moi j’avais commencé par recruter un seul profil qui était […] Quentin Vermerch et qui gère des campagnes chez DHS Digital’. Le nommer directement ‘Account Manager’ a été un signal fort, tant pour lui que pour les clients. Cela positionne immédiatement son rôle et sa légitimité.

Le processus de recrutement en lui-même doit être rigoureux. J’y ai d’ailleurs consacré un épisode entier du podcast (la chronique numéro 15) car c’est un sujet capital. Il ne s’agit pas seulement d’évaluer les compétences techniques (hard skills), mais aussi et surtout l’adéquation avec votre culture d’entreprise naissante, la motivation, l’autonomie et la capacité d’apprentissage (soft skills). Votre premier employé donnera le ton pour les futurs recrutements. Il doit partager votre vision et votre niveau d’exigence. Cherchez des profils ‘A-players’, des personnes qui ont le potentiel de grandir avec l’entreprise. Ne faites pas de compromis sur la qualité pour aller plus vite, car une erreur de casting à ce stade peut être très coûteuse.

Une fois la personne recrutée, la partie la plus importante commence. Il ne suffit pas de lui donner un bureau et un ordinateur. Il faut l’intégrer, le former et lui donner les moyens de réussir. La phase d’onboarding est critique. Vous devez lui transmettre vos méthodes, vos process, votre philosophie de travail. C’est un investissement en temps considérable au début, mais qui vous en fera gagner énormément par la suite. C’est ce qui nous amène tout naturellement à la dernière étape de ce processus de transition.

Étape 5 : Former, déléguer progressivement et changer de posture

Avoir recruté la bonne personne n’est que la moitié du chemin. L’autre moitié consiste à réussir à lui déléguer efficacement le travail. C’est souvent là que les fondateurs, habitués à tout contrôler, rencontrent le plus de difficultés. La clé est une délégation progressive et accompagnée. ‘Au début, il travaillait sur les comptes avec moi et puis après […] quand il est devenu suffisamment bon […] je l’ai mis tout seul sur des comptes’. Ce processus de compagnonnage est rassurant pour tout le monde : pour vous, pour le client, et pour le nouvel employé qui se sent soutenu.

La formation est le pilier de cette étape. Si vous avez déjà créé du contenu, comme des formations en ligne, c’est un atout majeur. ‘Si jamais tu as développé ta propre formation et que tu la vends, c’est parfait parce qu’en fait tu vas pouvoir la donner aux nouveaux membres de ton équipe’. C’est exactement ce que j’ai fait avec ma formation ‘Facebook Ads Académie’. Cela garantit que toute l’équipe partage le même référentiel, les mêmes méthodes, la même ‘patte’ de l’agence. C’est un accélérateur de compétences et un gage d’homogénéité dans la qualité de service. Mais la formation ne s’arrête pas là. Il faut un accompagnement continu, des points réguliers, du feedback constructif. Un investissement soutenu dans la formation durant les premiers mois est le meilleur moyen de rendre vos collaborateurs autonomes et performants.

Enfin, cette étape vous impose de changer de rôle. Vous devez passer de l’artisan expert au superviseur, au chef d’orchestre. Votre valeur ajoutée n’est plus dans le ‘faire’, mais dans le ‘faire faire’. Vous devez rester présent pour vos clients, mais pas en première ligne opérationnelle. ‘Ce que je te conseille, c’est de rester présent auprès de tes clients. Donc ça va faire bizarre en fait si tu disparais, donc autant toujours être présent mais ne plus faire le travail opérationnel’. C’est un équilibre subtil à trouver. Vous devenez le référent stratégique, celui qui apporte de la hauteur de vue, tandis que votre équipe gère l’exécution au quotidien. Accepter ce nouveau rôle est la condition sine qua non pour que votre agence puisse grandir au-delà de ce que vous pouviez accomplir seul.

La transition de consultant à agence est un véritable marathon entrepreneurial. Ces cinq étapes, de la structure juridique à la délégation, forment une chaîne dont chaque maillon est essentiel. Les négliger, c’est risquer de construire sur du sable. En les suivant avec méthode et rigueur, vous mettez toutes les chances de votre côté pour bâtir une entreprise solide, scalable et pérenne. Mais au-delà de la méthode, il y a la réalité du quotidien. C’est pourquoi il est tout aussi important de se pencher sur les avantages et les inconvénients concrets de cette nouvelle vie.

La balance du changement : peser le pour et le contre avant de vous lancer

Prendre la décision de passer de consultant à agence est l’une des plus importantes de votre carrière. C’est un changement radical de paradigme qui impacte non seulement vos revenus et votre travail, mais aussi votre style de vie, votre niveau de stress et votre épanouissement personnel. Pour faire un choix éclairé, il est indispensable de regarder les deux faces de la médaille. Fort de mon expérience, j’ai voulu faire ce travail d’introspection pour vous présenter avec la plus grande honnêteté les aspects positifs qui m’ont motivé et les défis, parfois difficiles, que j’ai dû surmonter. Cette analyse vous aidera à déterminer si ce chemin entrepreneurial correspond réellement à vos aspirations profondes.

Les 4 points positifs majeurs : croissance, évolution et impact démultiplié

Le premier avantage, et souvent la motivation initiale, est bien sûr le potentiel de croissance des revenus. En tant que freelance, vos revenus sont directement plafonnés par votre temps. En tant qu’agence, vous déconnectez partiellement vos revenus de votre temps personnel. ‘Tes revenus vont finir par augmenter. Si tu fais bien ton travail, si tu recrutes, si tu as de nouveaux clients, ben tes revenus, ils augmentent’. Attention cependant, je parle de chiffre d’affaires. La rentabilité est un autre sujet : ‘Tu dois être attentif à tes marges étant donné que maintenant tu as des employés’. Mais le potentiel de scaler l’activité est bien réel et constitue un attrait puissant.

Le deuxième point positif est la libération du travail opérationnel répétitif. Après des années à gérer des campagnes, à rédiger des textes ou à optimiser des sites, une certaine lassitude peut s’installer. Déléguer ces tâches permet de retrouver un nouveau souffle. ‘Pour la majorité des consultants, le travail opérationnel devient un peu moins intéressant parce qu’on l’a fait de nombreuses fois et donc […] on finit par stagner’. Cette délégation vous permet de vous concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée : la stratégie, le développement commercial, l’innovation.

Troisièmement, votre rôle se transforme en celui de chef d’entreprise, ce qui est d’une richesse incroyable. Vous touchez à tout : ‘Tu vas faire du marketing, tu vas faire de la vente, tu vas faire des opérations, tu vas faire du management, tu vas faire du recrutement, des finances et plein d’autres choses’. Cette polyvalence est extrêmement stimulante. Chaque jour apporte son lot de nouveaux défis et d’apprentissages. On ne s’ennuie jamais, et on développe une palette de compétences bien plus large que celle d’un simple expert technique.

Enfin, votre ‘personal branding’ évolue et prend une nouvelle dimension. Loin de disparaître, il devient un atout stratégique pour l’agence. ‘Tu n’es plus consultant, tu es chef d’entreprise et je trouve que le personal branding va super bien quand tu as une agence’. Votre image de leader d’opinion et d’expert reconnu devient un aimant à talents et à clients pour votre entreprise. Continuer à créer du contenu, à prendre la parole, ne sert plus seulement à vendre vos services, mais à asseoir la crédibilité et la notoriété de votre marque. C’est un cercle vertueux qui nourrit la croissance de l’agence.

Les 4 points négatifs à anticiper : responsabilités, pression et perte de liberté

Le premier revers de la médaille est que la transformation de votre rôle vous amène à devenir manager et leader, ce qui n’est pas inné pour tout le monde. La plus grande charge mentale vient du fait que ‘tu n’es plus seulement responsable de ta productivité à toi, c’est que tu dois être responsable de la productivité de tes équipes et de leur bien-être’. Cette responsabilité est immense. Vous devez motiver, encadrer, résoudre les problèmes humains, et ce, même lorsque vous n’êtes pas au meilleur de votre forme. Si un membre de l’équipe ne performe pas, c’est ultimement votre responsabilité. C’est un poids qui peut être lourd à porter au quotidien.

Deuxièmement, contrairement à l’idée reçue, vous aurez probablement moins de liberté au début. Le mythe du patron d’agence qui travaille 4 heures par semaine depuis une plage est… un mythe. La réalité est bien différente. ‘Je pense que si tu t’attends à avoir plus de liberté que quand tu étais freelance, tu te trompes’. Les premières années, vous êtes enchaîné à votre structure. Vous devez être présent pour vos équipes, gérer les urgences, assurer le développement commercial. Les horaires sont souvent plus rigides, la présence au bureau plus nécessaire. La flexibilité et l’insouciance du freelance s’envolent, remplacées par des contraintes structurelles bien réelles.

Le troisième point négatif peut être douloureux pour les passionnés : vous pratiquerez moins votre expertise de cœur. ‘Si tu aimes toujours faire des campagnes, si tu aimes toujours écrire des pubs, […] ben tu vas le pratiquer un peu moins parce que c’est plus vraiment ton rôle’. Votre job n’est plus de créer, mais de permettre aux autres de bien créer. Vous devenez un superviseur, un mentor. C’est une transition difficile pour ceux qui tirent leur satisfaction du ‘faire’. Il faut apprendre à trouver de la gratification dans la réussite de son équipe plutôt que dans ses propres accomplissements techniques.

Enfin, et c’est une conséquence logique de tout ce qui précède, la pression augmente de manière exponentielle. ‘Tu as plus de coups, tu as plus de problèmes parce que tu as plus de clients et plus de personnes avec qui tu travailles. Donc inévitablement bah tu as plus de pression’. Vous devez jongler avec le paiement des salaires, la satisfaction des clients, la gestion des conflits, la recherche de nouveaux contrats… Les sources de stress se multiplient. La tranquillité d’esprit du freelance qui ne dépend que de lui-même est un lointain souvenir. C’est un environnement exigeant qui demande une grande résilience.

Conclusion : une transformation exigeante mais un potentiel sans commune mesure

Le passage du statut de consultant à celui de chef d’agence est bien plus qu’une simple évolution de carrière ; c’est une véritable métamorphose. Nous avons parcouru ensemble les cinq étapes fondamentales pour structurer cette transition : de la création d’une entité juridique qui vous dépasse à la délicate mission de former et déléguer à vos premiers collaborateurs. Chaque étape est un jalon essentiel pour bâtir une structure solide, capable de croître et de prospérer. Nous avons aussi pesé, avec honnêteté, les avantages et les inconvénients de cette nouvelle vie. D’un côté, la promesse d’une croissance décuplée, d’un rôle plus stratégique et d’un impact élargi. De l’autre, une réalité faite de responsabilités accrues, d’une pression constante et d’une liberté initiale souvent réduite.

Cette décision ne doit pas être prise à la légère. Elle doit être le fruit d’une profonde introspection sur vos aspirations réelles. Êtes-vous prêt à échanger votre expertise opérationnelle contre un rôle de manager et de leader ? Êtes-vous prêt à assumer la responsabilité du bien-être et de la performance d’une équipe ? Si la réponse est oui, alors l’aventure en vaut la peine. Créer une agence est un défi immense, mais c’est aussi l’opportunité de construire quelque chose de plus grand que soi, de laisser une empreinte durable sur votre marché et de vivre une expérience entrepreneuriale d’une richesse incomparable.

Si vous êtes à ce carrefour, j’espère que mon retour d’expérience vous aura éclairé. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise décision, seulement celle qui est alignée avec vos ambitions et votre personnalité. Le chemin est exigeant, mais voir une équipe s’épanouir, des clients satisfaits par le travail collectif et une marque prendre vie est une source de fierté et d’accomplissement immense. Alors, êtes-vous prêt à relever le défi ?

Questions fréquentes sur la transition de consultant à agence

Quel est le plus grand changement psychologique en passant de consultant à agence ?

Le changement psychologique le plus fondamental est le passage d’une identité centrée sur soi à une identité collective. Vous n’êtes plus ‘le produit’ que les clients achètent pour votre expertise personnelle. Vous devenez le bâtisseur d’un système et le gardien d’une marque qui doit fonctionner avec ou sans votre intervention directe sur les projets. Cela exige d’accepter que le succès de l’entreprise ne repose plus uniquement sur vos épaules, mais sur la performance de l’équipe que vous construisez. Il faut passer d’une mentalité d’artisan expert à celle d’un chef d’orchestre.

‘Ce qu’il faut vraiment comprendre, c’est que l’agence ce n’est plus toi. C’est-à-dire tu vas créer une entité qui est dépasse ta personne, qui est différente, d’où le fait que je te parlais de d’avoir une entité juridique différente.’

Est-il obligatoire de changer de nom et d’abandonner son personal branding ?

Il est fortement recommandé de créer un nom de marque distinct pour l’agence. Cela officialise la transition et facilite la perception d’une entité collective par les clients et les employés. Cependant, cela ne signifie pas abandonner votre ‘personal branding’. Au contraire, votre marque personnelle devient un atout majeur pour la notoriété de l’agence. Vous n’êtes plus le consultant qui exécute, mais le fondateur et l’expert visionnaire qui dirige l’agence. Votre personal branding sert alors à attirer des talents, à rassurer les grands comptes et à asseoir la crédibilité de votre entreprise.

‘Le personal branding va super bien quand tu as une agence […]. Ça va t’aider dans le développement de ton entreprise et crois-moi, c’est pas parce que tu deviens CEO que tu vas arrêter de créer du contenu.’

Comment rassurer les premiers clients qui étaient habitués à travailler avec moi seul ?

La clé est une communication proactive, transparente et centrée sur leurs bénéfices. Vous devez leur expliquer personnellement la transition avant qu’ils ne la découvrent. Présentez-leur la création de l’agence comme une évolution positive pour eux : plus de disponibilité, une équipe pour prendre le relai et, à terme, une meilleure qualité de service. Mettez en avant le fait que vous avez personnellement recruté et formé la personne qui s’occupera de leur compte, et que vous restez le superviseur et le garant de la stratégie globale. La transition doit être progressive, en vous montrant présent aux côtés de votre collaborateur au début.

‘C’est vraiment important de rassurer tes clients et de leur dire que tu vas recruter, que tu vas former ces personnes et que ces personnes-là seront responsables de la bonne tenue du compte.’

Quelle est la plus grande erreur à éviter lors du premier recrutement ?

La plus grande erreur est de se précipiter et de recruter uniquement sur la base des compétences techniques, en négligeant l’adéquation culturelle et les soft skills. Votre premier employé va donner le ton pour l’avenir de votre agence. Il est crucial de trouver quelqu’un qui partage votre vision, votre éthique de travail et qui possède une grande capacité d’apprentissage et d’autonomie. Un mauvais recrutement à ce stade peut avoir des conséquences désastreuses sur le moral, la relation client et vos finances. Il vaut mieux prendre plus de temps pour trouver la perle rare que de combler un poste rapidement avec la mauvaise personne.

‘J’en ai parlé dans la chronique numéro 15 du podcast où je vous explique de A à Z le processus que je suis pour recruter des profils et players.’

Dois-je arrêter complètement le travail opérationnel une fois l’agence lancée ?

L’arrêt ne se fait pas du jour au lendemain, c’est un processus graduel. Au début, il est normal et même nécessaire de continuer l’opérationnel, notamment pour former votre première recrue en lui montrant l’exemple. L’objectif à terme est de vous extraire de la production quotidienne pour vous concentrer sur la stratégie, le management et le développement commercial. Cependant, vous devez toujours garder un pied dans l’expertise pour pouvoir superviser, conseiller votre équipe et rester crédible. Votre rôle évolue de ‘faiseur’ à ‘superviseur stratégique’.

‘Tu dois de toute façon rester présent pour tes équipes et les orienter dans leur travail. Donc ça veut pas dire que tu disparais totalement, mais tu vas plus avoir ce rôle, tu sais de superviseur plutôt que de créateur comme c’était le cas auparavant.’

Comment gérer la hausse de la pression financière et managériale ?

La gestion de cette nouvelle pression passe par plusieurs axes. Premièrement, une gestion financière rigoureuse : surveillez vos marges de très près, anticipez vos flux de trésorerie et assurez-vous que chaque projet est rentable. Deuxièmement, mettez en place des processus clairs pour tout : la gestion de projet, la communication client, l’onboarding des employés. Les process réduisent le chaos et la charge mentale. Enfin, apprenez à vous entourer, que ce soit par un mentor, un coach ou un réseau d’autres entrepreneurs qui vivent les mêmes défis. Partager ses difficultés est essentiel pour ne pas se sentir isolé.

‘La pression augmente. Donc ça je pense que c’est très logique, c’est que tu as plus de coûts, tu as plus de problèmes parce que tu as plus de clients et plus de personnes avec qui tu travailles. Donc inévitablement bah tu as plus de pression.’


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