Au-delà des hacks : redéfinir le Growth Marketing pour une croissance durable
Le terme ‘Growth Marketing’ est partout. Il est devenu un mot-valise, souvent galvaudé, qui évoque pour beaucoup une série de ‘hacks’ obscurs, de techniques miracles pour faire exploser l’acquisition du jour au lendemain. C’est une vision non seulement réductrice, mais aussi dangereusement court-termiste. La véritable croissance, celle qui est saine, prévisible et durable, ne vient pas d’un coup de chance ou d’une astuce éphémère. Elle est le résultat d’un système, d’un état d’esprit, d’une méthodologie qui infuse chaque aspect d’une entreprise. Dans cet article, je souhaite partager avec vous la vision et l’approche que nous avons développées, une approche qui voit la croissance comme un organisme vivant, un arbre qui doit grandir de façon homogène pour ne pas s’effondrer. Nous allons déconstruire les mythes les plus courants, explorer des concepts fondamentaux comme les boucles de croissance et détailler le premier des cinq piliers sur lesquels repose toute stratégie de croissance solide : le marketing. Préparez-vous à changer radicalement votre perception du growth, à passer de la recherche de la prochaine tactique à la construction d’une véritable machine de croissance intégrée.
Qu’est-ce que le Growth Marketing, vraiment ?
Avant de plonger dans notre méthodologie, il est essentiel de clarifier ce dont on parle. Le sens du ‘Growth Marketing’ varie énormément selon l’interlocuteur, et notamment selon sa situation géographique. Il existe une dichotomie assez claire entre deux grandes visions qui s’opposent.
La vision américaine, centrée sur le produit
Aux États-Unis, berceau de la discipline, le growth est intrinsèquement lié au produit. On parle souvent de ‘Product-Led Growth’ (PLG). Cette vision est née au sein des entreprises technologiques de la Silicon Valley, comme Slack, Dropbox ou Calendly. Pour elles, le produit lui-même est le principal moteur d’acquisition, d’activation et de rétention. Le growth marketer américain est souvent un profil hybride, à mi-chemin entre le marketing, le produit et l’ingénierie. Son rôle n’est pas de ‘pousser’ le produit vers le marché, mais de concevoir des mécaniques à l’intérieur même du produit qui encouragent la croissance. Par exemple, lorsque vous partagez un document via Dropbox avec une personne qui n’a pas de compte, cette dernière est incitée à s’inscrire pour y accéder. C’est une croissance générée par l’usage même du produit. Comme je l’expliquais, c’est
‘une vision du growth très portée sur le produit. Donc très très portée sur bah toute la partie toute la partie toute la partie tech et cetera et toute la partie expérience d’utilisation’.
Cette approche est extrêmement puissante car elle est scalable et crée des expériences utilisateurs fluides.
La vision européenne, obsédée par l’acquisition
En Europe, et particulièrement en France, la réalité est souvent différente. Le concept a été importé et simplifié à l’extrême. Le growth marketer est fréquemment perçu comme un super spécialiste de l’acquisition payante ou du scraping de données. On le cantonne à la première étape du parcours client.
‘Un growth en France c’est un trafic manager, tu vois. Son rôle c’est de générer du lead, c’est de générer du trafic’.
C’est une vision extrêmement limitante et, pour être honnête, assez ‘débilitante’ pour la discipline. Elle ignore complètement les autres leviers du fameux framework AARRR (Acquisition, Activation, Rétention, Referral, Revenu). On se concentre sur le nombre de leads entrants, sans se soucier de savoir s’ils comprennent la valeur du produit (Activation), s’ils restent clients sur le long terme (Rétention) ou s’ils en parlent autour d’eux (Referral). C’est le meilleur moyen de remplir un seau percé : on dépense des fortunes pour attirer des utilisateurs qui repartent aussitôt.
Notre définition : un état d’esprit avant tout
Pour moi, le growth n’est pas un ensemble de tactiques, mais une composante essentielle de l’entreprise, un pilier au même titre que la vente ou le produit. Ce n’est pas forcément un poste, mais c’est obligatoirement un état d’esprit. Son rôle s’articule autour de trois axes :
- Une approche méthodologique : Le growth amène une culture de l’expérimentation scientifique. On pose des hypothèses, on lance des tests (marketing, produit, vente…), on mesure les résultats avec rigueur et on décide de scaler ce qui fonctionne ou d’arrêter ce qui échoue. C’est une démarche ‘data-driven’ qui vise à réduire l’incertitude.
- Une expertise ‘Tech & Engineering’ : Le growth cherche constamment à optimiser et automatiser. Comment rendre les processus plus efficaces ? Comment améliorer l’existant ? Cela passe par la mise en place d’outils, la création de workflows automatisés pour le nurturing des leads, l’optimisation des parcours utilisateurs, etc.
- Un accélérateur de croissance : Enfin, le growth a une vision hélicoptère. Il doit identifier les leviers de croissance clés de l’entreprise, modéliser leur impact et coordonner les efforts des différentes équipes (marketing, sales, produit) pour actionner ces leviers en priorité. Toutes les entreprises n’ont pas besoin d’un ‘growth marketer’ attitré, mais toutes bénéficieraient d’adopter cette méthodologie.
Les Growth Loops : le véritable moteur de la croissance organique
L’une des raisons pour lesquelles la vision ‘trafic manager’ est si problématique est qu’elle reste coincée dans une logique de funnel linéaire. On attire un prospect en haut, on essaie de le faire descendre jusqu’à l’achat, et on recommence. Ce modèle est fragile car il dépend d’un apport constant de ‘carburant’ (publicité, création de contenu, etc.). Un concept bien plus puissant et durable est celui des boucles de croissance, ou ‘Growth Loops’. C’est une idée dont on parle très peu en France, mais qui est au cœur des stratégies des entreprises à la croissance la plus fulgurante.
Une ‘Growth Loop’, c’est un système fermé et auto-entretenu. Pour le dire simplement,
‘c’est une boucle qui va tourner en continu et qui va faire que dès qu’un nouvel utilisateur va arriver de façon organique, les actions qu’il va réaliser avec ton produit ou avec ton service vont de façon la plus systématique possible générer un nouvel utilisateur’.
L’output d’un cycle (un nouvel utilisateur) devient l’input du cycle suivant. C’est ce qui crée un effet de croissance exponentiel, ou ‘compounding growth’. Plutôt que de pousser un rocher en haut d’une colline en permanence (le funnel), vous lui donnez une impulsion et il se met à rouler tout seul en prenant de la vitesse (la loop).
Exemples concrets de boucles de croissance
Les boucles peuvent prendre de nombreuses formes. Voici quelques exemples pour illustrer le concept :
- La boucle virale par l’usage : C’est l’exemple de Streamyard que je citais.
‘Sur la version gratuite que j’utilise pas mais voilà. Tu vas avoir le logo à droite pendant tes streams. bah ça c’est un exemple tout bête d’une grosse loupe’.
Chaque personne qui utilise l’outil pour streamer expose la marque à toute son audience, générant de la notoriété et de nouvelles inscriptions. C’est pareil pour les outils de prise de rendez-vous comme Calendly : chaque invitation envoyée est une publicité pour le service.
- La boucle de contenu généré par les utilisateurs (UGC) : Pinterest en est l’archétype. Un utilisateur épingle une image (input). Cette image est indexée par Google et apparaît dans les résultats de recherche. Un nouvel utilisateur la découvre, clique, et s’inscrit sur Pinterest pour voir plus de contenu (output), et potentiellement commencer à épingler ses propres images, alimentant ainsi la boucle.
- La boucle par le parrainage : C’est la plus connue. Des entreprises comme Uber ou Dropbox ont bâti une partie de leur succès là-dessus. Un utilisateur existant invite un ami. Si l’ami s’inscrit et effectue une action (un premier trajet, installer le logiciel), les deux reçoivent une récompense. C’est une boucle incitative.
Le rôle d’un bon growth marketer est précisément d’identifier ces boucles potentielles au sein de l’écosystème de l’entreprise et de les optimiser. Cela demande une vision d’ensemble, car une boucle peut impliquer le produit, le marketing, l’expérience client et le service commercial. Se concentrer uniquement sur ‘le nombre de leads qu’on génère’ nous fait passer à côté de ces opportunités stratégiques qui créent une croissance pérenne et un avantage concurrentiel majeur.
Notre méthodologie : les 5 piliers d’une croissance systémique
Chez Scalesia, nous avons modélisé la croissance d’une entreprise autour de cinq piliers fondamentaux : le Marketing, le Produit, la Vente, le Growth (en tant que méthodologie transversale) et le Système (la data qui relie tout). L’erreur la plus commune est de développer un pilier de manière isolée, au détriment des autres. C’est comme construire un corps avec un bras gigantesque et des jambes toutes fines. L’équilibre est rompu et la structure finit par céder. J’aime utiliser la métaphore de l’arbre :
‘ta boîte, elle doit grossir de façon homogène… si tu as un déséquilibre à un moment donné, ben soit la branche pète, soit c’est tout l’arbre qui s’effondre’.
Par exemple, si vous investissez massivement en acquisition (marketing) mais que votre produit n’est pas prêt à accueillir les nouveaux utilisateurs ou que votre équipe de vente ne suit pas, vous créez une mauvaise expérience, du churn, et vous gaspillez votre argent. La croissance doit être harmonieuse. Attaquons-nous au premier pilier, souvent le point de départ de tout : le marketing.
Pilier 1 : Le Marketing, bien au-delà de la simple acquisition
Quand j’entends une entreprise dire ‘on a commencé le marketing très tard’, je souris. C’est impossible. Dès que vous avez choisi un nom, un logo, que vous vous êtes positionné sur un marché, vous avez fait du marketing, même inconsciemment. Le faire de manière structurée et consciente le plus tôt possible est un avantage décisif. Pour nous, un marketing solide repose sur quatre sous-piliers interdépendants.
H3: Le Positionnement : gagner la bataille avant qu’elle ne commence
Tout part de là. Le positionnement, c’est l’acte stratégique de
‘positionner ta boîte, de positionner ton offre auprès du bon marché, auprès de la bonne industrie, tout ça au sein de la bonne catégorie’.
C’est un choix délibéré qui va dicter toutes vos actions futures. Il s’agit de répondre à la question : sur quel terrain de jeu je décide de me battre et selon quelles règles ? L’une des stratégies de positionnement les plus puissantes est de créer sa propre catégorie. Plutôt que d’essayer d’être le meilleur dans une catégorie existante et surpeuplée (par exemple, ‘un autre logiciel de CRM’), vous créez un nouvel espace mental dans l’esprit de vos clients. HubSpot ne s’est pas présenté comme un simple outil marketing ; ils ont créé et évangélisé la catégorie de ‘l’Inbound Marketing’. Drift a fait de même avec le ‘Conversational Marketing’. En créant la catégorie, vous en devenez le leader par défaut et rendez la comparaison avec les concurrents obsolète. C’est un travail stratégique profond, qui demande une compréhension fine du marché et des frustrations des clients.
H3: La Brand : votre seul véritable avantage concurrentiel à long terme
Une fois positionné, il faut construire votre marque. La brand est l’élément le plus sous-estimé et pourtant le plus crucial. Comme le dit Jeff Bezos, c’est ‘ce que les gens disent de toi quand tu n’es pas dans la pièce’. C’est le premier mot qui vient à l’esprit de votre audience quand elle pense à vous. C’est un travail de longue haleine qui va bien au-delà d’un joli logo. Il s’agit de définir votre mission, votre vision, vos valeurs, et même ‘l’ennemi’ contre lequel vous vous battez. Cela crée une connexion émotionnelle qui transcende les fonctionnalités de votre produit. Tout cela est ensuite encapsulé dans une voix (tonalité, vocabulaire) et une esthétique cohérentes. Pourquoi est-ce si important ? Parce que dans un monde où tout devient une commodité, la marque est le seul rempart.
‘La brand c’est le seul à 7 d’une boîte qui n’est pas commoditysable… Tout le reste c’est soit déjà commoditysé soit ce sera commoditysé à un moment’.
Une marque forte vous permet d’échapper à la guerre des prix et des fonctionnalités. Vous ne vous battez plus sur le même terrain que les autres ; vous créez votre propre monopole dans l’esprit des gens.
H3: La Distribution : le bras armé de votre stratégie
Votre positionnement et votre marque doivent ensuite être projetés sur le marché. C’est le rôle de la distribution. Il existe deux grands types de distribution qui doivent coexister. D’abord, la distribution de ‘branding’, dont l’objectif est de construire votre notoriété et d’occuper une place de choix dans l’esprit de votre audience. C’est le ‘Top of Mind’. Les canaux privilégiés sont le contenu à forte valeur ajoutée (articles, podcast, vidéos), les réseaux sociaux, les relations presse… C’est un investissement pour le futur. Ensuite, il y a la distribution ‘à réponse directe’ (direct response), dont le but est de provoquer une action immédiate : un clic, un téléchargement, un achat. On pense ici à la publicité Google Ads ou Social Ads, au cold emailing. C’est un investissement pour le présent. L’erreur est de n’en choisir qu’un.
‘Les deux se nourrissent l’une et l’autre et elles sont pas mutuellement exclusives’.
Une marque forte rendra vos campagnes à réponse directe plus performantes et moins chères. Inversement, des campagnes bien ciblées peuvent accélérer la construction de votre notoriété. Si je ne devais en choisir qu’un pour commencer, ce serait le branding, car c’est ce qui crée l’effet cumulé le plus puissant sur le long terme.
H3: La Recherche : le carburant de votre machine marketing
Comment s’assurer que votre positionnement, votre marque et votre distribution sont toujours pertinents ? Grâce à une recherche constante. Oubliez l’étude de marché ponctuelle que l’on fait au lancement. Je parle d’une veille et d’une écoute actives et permanentes du marché et de vos clients. Cette recherche doit être organique et basée sur la data. Où trouver ces informations précieuses ? Partout. Dans les données de comportement sur votre site ou votre produit. Dans les questions posées lors des appels commerciaux. Dans les tickets de support client.
‘Les marketers et les produits devraient passer leur journée sur Intercom pour étudier, tu vois les tickets, les plaintes et cetera, c’est une vraie mine d’or’.
Cette boucle de feedback continue est ce qui permet à votre stratégie marketing de rester agile, de s’adapter et de ne jamais être déconnectée des réalités de votre audience.
Rétention et Referral : les trésors cachés de votre croissance
Une dernière notion fondamentale, qui est à la croisée du marketing, du produit et du growth, est l’importance démesurée de deux lettres du framework AARRR : la Rétention et le Referral (recommandation). On a une tendance naturelle à se focaliser sur l’acquisition, car c’est la métrique la plus visible. Mais la croissance la plus rentable se trouve souvent après le premier achat.
La rétention est le reflet direct de la satisfaction client. Un client qui reste est un client satisfait. Et un client satisfait contribue à la croissance de trois manières. D’abord, il continue de payer, ce qui augmente sa valeur vie client (LTV). Ensuite, il est plus susceptible d’acheter d’autres produits ou services (upsell/cross-sell). Enfin, et c’est le point crucial, il va parler de vous. La satisfaction client est directement corrélée à une augmentation du referral. Et le referral est la forme d’acquisition la plus puissante et la plus rentable qui soit. C’est une boucle vertueuse :
‘Rétention égale satisfaction client. Satisfaction client, ça signifie augmentation des revenus… et satisfaction client, c’est corrélé à un réféle qui augmente. Donc c’est corrélé à une acquisition qui augmente. Et donc au final tout s’imbrique’.
C’est ici que l’on comprend que se concentrer uniquement sur le coût par lead est une grave erreur. Il faut connaître son revenu par lead, son taux de conversion de lead à client, et la durée de vie de ce client.
Et cette logique de referral va même plus loin. L’une des plus grandes révélations que j’ai eues est la valeur des ‘non-clients’. Il existe une catégorie de personnes qui suit votre contenu, adore votre marque, mais n’achètera probablement jamais rien. On pourrait être tenté de les ignorer. Grosse erreur. Comme je le dis souvent,
‘c’est ceux qui ne te t’achèteront jamais rien. Mais qui par contre vont te générer un réferral de malade mental’.
Ces ambassadeurs, par pure réciprocité pour la valeur que vous leur avez apportée gratuitement, deviennent vos meilleurs commerciaux. Si on pouvait calculer leur LTV indirecte, elle serait ‘démentielle’. C’est le pouvoir ultime du branding et du marketing de contenu : transformer même les non-acheteurs en moteurs de votre croissance.
Conclusion : bâtir votre machine de croissance
Nous n’avons fait qu’effleurer la surface, en se concentrant principalement sur le pilier marketing. Mais j’espère que vous percevez déjà le changement de paradigme. Le Growth Marketing n’est pas une question de tactiques, mais de système. Il ne s’agit pas de trouver le prochain ‘hack’, mais de construire une machine de croissance équilibrée, où chaque composant renforce les autres. C’est un effort conscient pour bâtir une entreprise dont la croissance est organique, prévisible et résiliente.
Arrêtez de chercher la solution miracle à l’extérieur. La clé est à l’intérieur de votre propre système. Analysez votre modèle : où sont vos boucles de croissance potentielles ? Votre marketing est-il bâti sur un positionnement clair et une marque forte, ou n’est-il qu’une course à l’acquisition à court terme ? Êtes-vous obsédé par vos nouveaux clients au point d’en oublier les plus anciens, qui sont pourtant votre plus grand trésor ? Posez-vous ces questions. La réponse est le point de départ d’une croissance véritablement durable.
Foire aux Questions (FAQ) sur le Growth Marketing
Quelle est la plus grande erreur en Growth Marketing ?
La plus grande erreur est de réduire le Growth Marketing à la seule acquisition de clients. Beaucoup d’entreprises, surtout en Europe, considèrent le ‘growth’ comme un simple synonyme de ‘génération de trafic’ ou de ‘génération de leads’. Elles se concentrent sur le haut du funnel et oublient tout le reste : l’activation des nouveaux inscrits, la rétention des clients existants, et la stimulation des recommandations. Cette vision limitée empêche de construire des systèmes de croissance durables et mène souvent à un gaspillage des ressources sur des leads qui ne convertissent pas ou ne restent pas. La véritable approche est holistique et couvre l’ensemble du cycle de vie client.
‘En France particulièrement qui va être très porté sur l’acquisition et où en gros bah un growth en France c’est un trafic manager… et ça en fait pour moi c’est très très très limitant et c’est très débilitant en fait parce que c’est oublier tous les autres leviers’.
C’est quoi exactement une ‘Growth Loop’ (boucle de croissance) ?
Une ‘Growth Loop’ est un système où les actions d’un utilisateur existant génèrent directement de nouveaux utilisateurs, créant ainsi un cycle de croissance auto-entretenu. Contrairement à un funnel marketing linéaire qui nécessite un apport constant de nouveaux prospects, une boucle se nourrit elle-même. Par exemple, quand vous utilisez un outil comme Streamyard en version gratuite, son logo apparaît sur votre vidéo. Votre audience voit le logo et certains s’inscrivent, qui à leur tour exposeront leur propre audience à la marque. L’output d’un cycle (visibilité et nouveaux utilisateurs) devient l’input du cycle suivant. C’est un moteur de croissance organique et exponentiel.
‘Une growth loop, c’est une boucle qui va tourner en continu et qui va faire que dès qu’un nouvel utilisateur va arriver de façon organique, les actions qu’il va réaliser avec ton produit ou avec ton service vont de façon la plus systématique possible générer un nouvel utilisateur’.
Pourquoi le branding est-il si important pour la croissance ?
Le branding est crucial car c’est le seul avantage concurrentiel véritablement durable et non-copiable à long terme. Dans un marché où les fonctionnalités, les technologies et même les prix peuvent être facilement imités, une marque forte crée un ‘monopole’ dans l’esprit de votre audience. Elle vous rend évident et vous sort de la guerre de comparaison avec vos concurrents. Une marque forte augmente la confiance, ce qui rend toutes vos actions marketing (notamment la publicité à réponse directe) plus efficaces et moins coûteuses. Elle favorise la fidélité et donc la rétention. C’est l’actif qui prend le plus de valeur avec le temps et qui assure la pérennité de l’entreprise.
‘Si tu te crées ta brand en fait, tu deviens évident aux yeux de ton audience et en fait tu te crées ton propre monopole, tu te crées ton propre marché et tu deviens ta propre catégorie et là tu as plus de questions qui se posent’.
Quelle est la différence entre la vision américaine et européenne du growth ?
La principale différence réside dans le périmètre d’action. La vision américaine, née dans la Silicon Valley, est très centrée sur le produit (‘product-led’). Le growth est intégré au développement du produit pour créer des mécanismes de croissance internes (viralité, onboarding, etc.). La vision européenne est souvent beaucoup plus restrictive et focalisée sur le marketing d’acquisition. Le ‘growth marketer’ européen est fréquemment perçu comme un spécialiste des canaux payants ou de la génération de leads, se concentrant uniquement sur le sommet du funnel AARRR. La vision américaine est donc plus holistique et intégrée, tandis que la vision européenne est plus silotée et tactique.
‘Tu vas avoir la vision ou très américaine et très produit… et tu vas avoir la conception, on va dire européenne… qui va être très porté sur l’acquisition’.
Pourquoi la rétention client est-elle plus importante que l’acquisition ?
La rétention est plus importante car elle est le moteur de la croissance la plus saine et la plus rentable. Une bonne rétention est le signe d’une grande satisfaction client. Un client satisfait non seulement continue de payer (augmentant sa Lifetime Value – LTV), mais il est aussi plus susceptible de recommander vos services (referral). Une augmentation du referral entraîne mécaniquement une augmentation de l’acquisition, mais de manière beaucoup plus rentable et qualifiée. Se concentrer sur la rétention crée une boucle vertueuse où vos clients existants deviennent votre meilleur canal d’acquisition. C’est la base d’une croissance durable, par opposition à une acquisition coûteuse et constante pour compenser un taux de départ élevé.
‘Rétention égale satisfaction client… Satisfaction client, c’est corrélé à un réféle qui augmente. Donc c’est corrélé à une acquisition qui augmente. Et donc au final tout s’imbrique’.
Comment le marketing s’intègre-t-il dans une stratégie de croissance globale ?
Le marketing n’est pas une fonction isolée, mais l’un des cinq piliers fondamentaux de la croissance, aux côtés du produit, de la vente, du ‘growth’ (la méthodologie) et du système (la data). Il doit fonctionner en parfaite harmonie avec les autres. Par exemple, les informations recueillies par le marketing sur le marché (via la recherche continue) doivent nourrir le développement du produit. Les retours des équipes de vente doivent informer la stratégie de positionnement marketing. Une croissance saine est homogène ; si le marketing attire massivement des leads que le produit ou les ventes ne peuvent pas gérer correctement, tout le système s’effondre. Le marketing est donc la première brique stratégique qui définit le terrain de jeu et attire les bonnes personnes.
‘Pour moi la porosité entre le marketing tel qu’on le définit… la stratégie et l’entrepreneuriat, elle est très ténue… c’est vraiment un travail très entrepreneurial’.
Les personnes qui n’achètent pas vos produits peuvent-elles contribuer à votre croissance ?
Absolument, et elles sont même parfois parmi vos plus grands atouts. Il existe une audience qui consommera assidûment votre contenu gratuit, adorera votre marque, mais n’achètera jamais pour diverses raisons. Cependant, grâce au principe de réciprocité, ces personnes se sentent redevables de la valeur que vous leur avez apportée. Elles deviennent alors de puissants ambassadeurs qui vous recommandent à leur réseau de manière authentique et passionnée. Leur potentiel de ‘referral’ est immense et peut générer des opportunités commerciales très qualifiées. Ignorer cette audience serait une grave erreur stratégique, car leur ‘valeur vie’ indirecte peut être colossale.
‘C’est ceux qui ne te t’achèteront jamais rien. Mais qui par contre vont te générer un réferral de malade mental… si on devait accoler une LTV à ces entre guillemets clients là, elle serait juste démentielle’.
Qu’est-ce que le framework AARRR et pourquoi est-il souvent mal utilisé ?
Le framework AARRR (ou ‘Pirate Metrics’) est un modèle qui décompose le cycle de vie client en 5 étapes clés : Acquisition (attirer des visiteurs), Activation (leur faire vivre une première expérience de valeur), Rétention (les faire revenir), Referral (les inciter à recommander) et Revenu (monétiser). Il est souvent mal utilisé car beaucoup d’entreprises se focalisent quasi exclusivement sur la première étape, l’Acquisition. Elles mesurent leur succès au nombre de leads ou de trafic, en ignorant la performance des étapes suivantes. Cela crée une vision en ‘funnel’ très séquentielle et limitée, alors que la force du modèle est de fournir une vue d’ensemble pour identifier les faiblesses à chaque étape du parcours client.
‘C’est oublier déjà tous les autres leviers… c’est-à-dire bah pas seulement l’acquisition mais aussi bah l’activation… la rétention… faire en sorte que l’expérience d’utilisation elle soit tellement ouf qu’il reste le plus longtemps possible… que ça augmente aussi le réferral’.




