Lancer une marque en partant de zéro : le défi d’une vie qui peut tout changer
L’idée de lancer une marque e-commerce en partant d’une simple feuille blanche peut sembler vertigineuse. C’est un voyage où se mêlent l’excitation de la création et la peur de l’inconnu. Il faut penser à tout : le produit, bien sûr, mais aussi l’histoire que l’on veut raconter, les valeurs qui nous animent, le design du packaging, la construction du site web, et surtout, la fameuse stratégie de ‘Go-to-Market’. Comment faire sa place dans un univers digital déjà saturé ? Comment convaincre les premiers clients quand personne ne vous connaît ? Ces questions, mon associé Thomas et moi nous les sommes posées des centaines de fois en 2019. Je m’appelle Aymeric Grange, et je suis le co-fondateur de 900.care. Aujourd’hui, je veux vous partager notre histoire, non pas pour vous donner une recette miracle, mais pour vous montrer, avec une transparence totale, les rouages de notre lancement.
Notre aventure n’a pas commencé dans un grand laboratoire avec des moyens illimités, mais par une simple observation, une absurdité du quotidien. Pourquoi transportons-nous des millions de litres d’eau dans des bouteilles en plastique à usage unique pour des produits comme le gel douche, alors que nous avons tous de l’eau au robinet ? Cette question a été le point de départ de tout. Elle nous a poussés à imaginer un nouveau modèle : des produits d’hygiène à recharger. Une idée simple en apparence, mais qui cachait une complexité technique et stratégique immense. Nous voulions créer plus qu’une marque ; nous voulions initier un changement, mais un changement joyeux, simple et accessible. Un ‘Happy Change’.
Dans les lignes qui suivent, je vais vous plonger au cœur de notre réacteur. Vous découvrirez les 18 mois de recherche et développement acharnés pour créer des produits qui semblaient ‘impossibles’ à réaliser. Je vous révélerai la stratégie exacte que nous avons utilisée pour fédérer une communauté de dizaines de milliers de personnes et battre des records en crowdfunding avant même d’avoir expédié un seul produit. Enfin, nous décortiquerons ensemble comment nous avons ‘craqué le code’ d’un marché jugé non rentable en e-commerce – celui de l’hygiène – en réinventant non seulement le produit, mais aussi le modèle d’affaires qui l’accompagne. Si vous vous demandez comment lancer une marque e-commerce qui a du sens et qui est économiquement viable, alors vous êtes au bon endroit. C’est parti pour les coulisses de 900.care.
L’idée fondatrice : quand une absurdité du quotidien devient une innovation de rupture
Le point de départ de 900.care, c’était une frustration. Une frustration face à une évidence que plus personne ne voyait. En regardant une bouteille de gel douche, nous avons réalisé qu’elle contenait environ 80 % d’eau. De l’eau que l’on paie, que l’on transporte sur des centaines de kilomètres, générant des émissions de CO2 considérables, pour finalement la stocker dans une bouteille en plastique que l’on jette après quelques semaines. Comme je le dis souvent,
‘c’est vraiment le point de départ de 900.care, c’est de dire ça c’est absurde parce que de l’eau tu en as déjà chez toi’.
Cette prise de conscience a été notre étincelle. L’idée était née : si nous supprimions l’eau, nous pourrions tout changer. Nous avons imaginé un système radicalement différent : une bouteille réutilisable à l’infini, et des recharges solides contenant uniquement les ingrédients actifs. Le concept est d’une simplicité enfantine pour le consommateur : vous recevez un petit bâtonnet, vous le mettez dans votre bouteille, vous ajoutez l’eau du robinet, vous attendez quelques heures, et vous avez recréé un gel douche parfait, avec la mousse, le parfum et la texture que vous aimez. L’impact, lui, est colossal. Pour un produit comme le gel douche, cela représente sept fois moins d’émissions de CO2, principalement liées à la suppression du transport de l’eau.
Mais notre vision allait au-delà d’un simple produit. Nous ne voulions pas être ‘la marque du gel douche en bâtonnet’. Nous visions à devenir la solution pour une salle de bain entière sans plastique à usage unique et avec une empreinte carbone minimale. C’est pourquoi, dès le départ, nous avons pensé une gamme complète : du dentifrice en pastilles à croquer, du déodorant en stick rechargeable, de la mousse pour les mains, et bien d’autres. Cette approche de gamme était un pilier stratégique fondamental. Elle nous permettait de proposer une solution holistique au consommateur, simplifiant sa transition vers des habitudes plus durables. Plus besoin de chercher une marque pour chaque produit ; 900.care deviendrait le guichet unique pour les essentiels de la salle de bain, réinventés pour être meilleurs pour la planète et plus pratiques pour l’utilisateur. Cette vision a guidé chaque décision, notamment celle de créer un modèle économique viable, un défi que nous aborderons plus tard.
Du concept au produit : les 18 mois de R&D et d’industrialisation
Avoir une idée brillante est une chose, la transformer en un produit physique, tangible et qui fonctionne parfaitement en est une autre. Notre parcours de l’idée à la première production a duré près de 18 mois. Un temps qui peut paraître énorme, mais qui fut absolument nécessaire pour surmonter des défis techniques que beaucoup jugeaient insurmontables. Quand nous avons commencé à présenter notre concept de gel douche à recréer à la maison, la réaction était souvent la même :
‘les gens nous disaient bah en fait c’est pas possible, ça marchera pas de recréer la texture de gel douche à partir de quelque chose de solide auquel tu rajoutes de l’eau’.
L’obstacle principal était chimique. En milieu industriel, on mélange des poudres et de l’eau avec d’énormes mélangeuses mécaniques pour obtenir une texture homogène. Notre promesse, c’était que n’importe qui puisse le faire dans sa salle de bain, sans aucune action mécanique, simplement en laissant la magie opérer. Le défi de formulation était donc immense : il fallait trouver la combinaison d’ingrédients qui se dissoudrait parfaitement, sans grumeaux, pour créer une texture agréable. Cela a nécessité des centaines d’essais, d’ajustements, et une collaboration étroite avec des formulateurs talentueux qui ont cru en notre vision.
Une fois la formule validée en laboratoire, un second mur s’est dressé devant nous : l’industrialisation. Nous n’étions ni dans le monde du savon solide, ni dans celui du gel douche liquide. Nous étions dans un entre-deux, un produit hybride pour lequel aucune ligne de production n’existait. Il a fallu tout inventer. Nous avons dû travailler main dans la main avec des partenaires industriels pour concevoir et adapter des machines capables de produire nos bâtonnets et nos pastilles à grande échelle. C’était un pari risqué, car cela demandait des investissements en temps et en argent avant même d’être sûrs que le marché répondrait présent. C’est précisément pour cela que le temps entre notre engagement à plein temps sur le projet et l’expédition des premiers colis a été de 18 mois. Ce long chemin de R&D et d’industrialisation, bien que semé d’embûches, a été notre meilleur investissement. Il nous a permis de créer un produit véritablement unique et de construire une barrière technologique solide face à d’éventuels concurrents.
Ce long et méticuleux travail de développement produit a posé les fondations de notre marque. Mais avoir un produit innovant, aussi parfait soit-il, ne sert à rien si personne ne le connaît. La prochaine étape, tout aussi cruciale, était de créer une demande, de construire une communauté et de financer nos premières productions massives. Il était temps de passer de l’ombre du laboratoire à la lumière du marché.
La stratégie de lancement : comment nous avons créé un mouvement avant même de vendre
Avec un produit prêt sur le papier mais des lignes de production à financer, nous étions face au dilemme classique de toute startup hardware : comment obtenir l’argent nécessaire pour produire sans avoir encore de ventes ? La réponse pour nous a été claire : le crowdfunding. Mais notre approche n’était pas seulement de demander de l’argent. Nous voulions utiliser des plateformes comme Ulule et KissKissBankBank pour deux raisons stratégiques majeures : valider l’appétit du marché pour notre concept et créer une communauté d’ambassadeurs de la première heure. Nous avons donc lancé une campagne de prévente. Le message était simple :
‘Voilà ce qu’on est en train de créer, est-ce que tu veux acheter un kit maintenant que je t’envoie dans 6 mois ?’
C’était un test de vérité. Le succès a été au-delà de nos espérances. Nous avons battu le record pour un projet d’hygiène-beauté sur Ulule. La demande était si forte qu’après la fin de la campagne, nous en avons relancé une sur KissKissBankBank, où nous avons à nouveau battu notre propre record. Au total, ces campagnes nous ont permis de collecter les fonds nécessaires pour lancer les productions à grande échelle, mais surtout, elles nous ont apporté une preuve sociale inestimable : des milliers de personnes croyaient en notre projet et étaient prêtes à payer pour celui-ci des mois à l’avance.
L’échantillonnage malin : transformer des testeurs en ambassadeurs
Le succès de notre crowdfunding n’est pas le fruit du hasard. Il a été préparé par une stratégie d’acquisition et d’engagement très spécifique en amont. Notre arme secrète ? Le dentifrice en pastilles. Ce produit avait un avantage unique : il était facilement échantillonnable. Nous avons mis en place une campagne simple mais redoutablement efficace : ‘Testez notre produit gratuitement en échange d’un feedback’. Nous pouvions envoyer 4 ou 5 pastilles dans une simple enveloppe, ce qui rendait l’opération très peu coûteuse. Comme je l’explique :
‘Cinq pastilles ça coûte vraiment pas très cher. (…) C’est le côté en fait échantillonnable facilement. (…) On aurait pas pu envoyer 10 000 dentifrices en tube, tu vois.’
Cette stratégie nous a permis d’atteindre deux objectifs simultanément. Premièrement, nous avons collecté des dizaines de milliers d’adresses e-mail de personnes qualifiées et intéressées par l’innovation dans l’hygiène. Deuxièmement, et c’est peut-être le plus important, nous avons recueilli des milliers de retours précieux sur le produit. Ces feedbacks nous ont permis d’itérer et d’améliorer notre formule jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. Au moment de lancer le crowdfunding, nous ne vendions plus une promesse, mais un produit déjà testé et approuvé par une large base de futurs clients.
Gamification et viralité : les leviers secrets de notre pré-lancement
Pour amplifier la portée de notre campagne d’échantillonnage, nous ne nous sommes pas contentés d’une simple publicité. Nous avons intégré une dimension de viralité grâce à des outils de gamification. Nous avons utilisé une plateforme comme KickoffLabs qui permet de récompenser le partage. Le principe était simple : plus vous partagiez le projet avec vos amis, plus vous débloquiez des récompenses.
‘On a utilisé un outil qui s’appelle KickoffLabs qui gamifie le partage donc si tu partages à X personnes, tu avais aussi un échantillon de gel douche et cetera et cetera.’
Ce mécanisme a transformé nos premiers testeurs en véritables promoteurs de la marque. Chaque personne inscrite avait un intérêt direct à faire connaître 900.care à son réseau. Cela a créé un effet boule de neige, nous permettant de construire une base e-mail massive pour un coût d’acquisition très faible. Cette liste, chauffée à blanc par l’attente et l’engagement, a été le carburant de nos campagnes de crowdfunding. Quand nous avons appuyé sur le bouton ‘lancer’, nous ne nous adressions pas à des inconnus, mais à une armée de supporters déjà convaincus, prêts à devenir nos premiers clients. Cette phase de pré-lancement a été la clé de voûte de notre entrée sur le marché.
Le lancement fut un succès, la communauté était là, les premières productions financées. Mais le plus dur restait à faire : transformer cet élan initial en un business durable et rentable. Nous devions maintenant nous attaquer à un problème structurel, celui qui avait jusqu’alors empêché l’essor de l’e-commerce dans notre secteur.
Craquer le code : comment rendre l’hygiène rentable en e-commerce
Une fois l’euphorie du lancement passée, nous nous sommes attaqués au véritable défi de fond : construire un modèle économique pérenne. Le secteur de l’hygiène présente une anomalie fascinante. En France, la pénétration de l’e-commerce y est extrêmement faible.
‘Sur 100 € dépensé en hygiène, tu en as 10 qui sont dépensés en ligne, 90 qui sont dépensés sur des canaux physiques.’
C’est trois fois moins que la moyenne des produits de grande consommation. Pourtant, d’un point de vue client, cela n’a aucun sens. Ce sont des achats récurrents, pour lesquels on a rarement besoin de conseil en magasin. Personne n’aime passer du temps au rayon dentifrice. Nous avons vite compris que le problème ne venait pas de la demande, mais de l’offre. Les acteurs traditionnels sont prisonniers d’un modèle qui ne fonctionne tout simplement pas en ligne, pour trois raisons principales que nous avons décidé de dynamiter une par une.
Le triptyque infernal du modèle traditionnel
Pour qu’un business e-commerce soit viable, l’équation économique doit tenir. Or, pour un acteur traditionnel de l’hygiène, elle est quasiment impossible à résoudre. Premièrement, le produit lui-même est un cauchemar logistique. Un gel douche est lourd car il est plein d’eau, mais sa valeur est faible. Par conséquent,
‘tes frais de livraison sont très élevés par rapport à la valeur du produit. Donc c’est difficile de faire un truc rentable’
. Deuxièmement, les grandes marques sont souvent spécialisées. Une marque de dentifrice vend du dentifrice. Une marque de gel douche vend du gel douche. Elles ne peuvent donc pas facilement augmenter la valeur du panier en vendant plusieurs types de produits à un même client, ce qu’on appelle le ‘cross-sell’. Le panier moyen reste désespérément bas, ce qui ne permet pas d’amortir les coûts fixes de préparation et de livraison. Enfin, troisièmement, sans un modèle de fidélisation fort comme l’abonnement, le taux de ré-achat spontané est faible. Cela signifie qu’il faut payer pour acquérir un client à chaque nouvelle commande. Quand vous combinez un produit à faible marge, un panier moyen bas et un coût de ré-acquisition élevé, l’équation est tout simplement perdante. C’est ce triptyque infernal qui explique la faible digitalisation du secteur.
Notre solution : la révolution par le modèle d’affaires
Notre innovation ne résidait pas seulement dans la formulation de nos produits, mais dans la manière dont nous avons repensé entièrement ce modèle d’affaires. Chacun de nos choix a été conçu pour inverser l’équation économique. D’abord, le poids. En n’envoyant que les ingrédients actifs, nous avons attaqué le plus gros centre de coût.
‘Quand je t’envoie un gel douche, en fait, j’envoie un dixième du poids. (…) et ça coûte entre deux et trois fois moins cher à expédier.’
Ce simple fait change radicalement la structure de marge. Ensuite, nous nous sommes lancés dès le départ comme une marque de gamme, pas une marque de produit. En proposant tout l’univers de la salle de bain, nous incitons naturellement nos clients à acheter plusieurs produits à la fois. Cela augmente considérablement le panier moyen et nous permet d’amortir les frais d’acquisition et de logistique sur une plus grande valeur. Enfin, l’abonnement. C’est le cœur de notre réacteur. Il assure un taux de rétention et de ré-achat très élevé. Une fois qu’un client est satisfait, il reçoit ses produits de manière récurrente, sans effort. Cela maximise la valeur vie client (LTV) et rend notre coût d’acquisition initial extrêmement rentable sur le long terme. En combinant ces trois éléments – produit léger, gamme large et abonnement – nous avons créé un modèle où il est possible de prospérer en e-commerce, là où tous les autres échouaient. C’est cet avantage structurel qui nous a permis de tracer notre propre sillon.
Avoir un modèle économique solide est la machine. Mais pour que cette machine tourne à plein régime, il lui faut un carburant essentiel : une marque forte, une marque à laquelle les gens peuvent s’identifier et en laquelle ils peuvent avoir confiance. C’était notre dernier grand chantier : créer une identité qui transcende le produit.
Bâtir une marque forte : plus qu’un produit, une philosophie
Se lancer dans le secteur de l’hygiène et de la beauté, c’est entrer dans une arène où les géants établis depuis des décennies dominent les esprits et les rayons. Le marché est, pour le dire simplement, ‘très concurrentiel’. Face à cela, une innovation produit et un modèle d’affaires malin ne suffisent pas. Il faut exister en tant que marque. Il faut une âme, une histoire, une raison d’être qui va au-delà de la simple fonctionnalité. Pour nous, cette raison d’être s’est cristallisée en deux mots : ‘Happy Change’. Cette devise est devenue notre boussole. Elle part d’un constat simple : tout le monde sait qu’il faut changer nos modes de consommation pour préserver la planète. Mais souvent, ce changement est perçu comme une contrainte, une punition, une perte de confort. Notre mission est de prendre le contre-pied de cette idée.
‘Comment est-ce qu’on permet au plus grand nombre d’adopter des modes de consommation plus sains dans la joie et la bonne humeur ?’
C’est ça, le ‘Happy Change’. Nous voulions que la transition écologique soit désirable, fun et simple.
Cette philosophie a infusé chaque aspect de notre marque. Nos produits sont conçus pour être ‘hyper sensoriels’, avec des parfums travaillés et des textures agréables. Notre identité visuelle est ‘hyper colorée, hyper joyeuse’, à l’opposé des codes souvent austères ou moralisateurs de l’écologie. L’accessibilité est aussi un pilier de cette approche : nos prix sont étudiés pour être abordables, car un changement positif ne doit pas être réservé à une élite. Enfin, l’expérience utilisateur est pensée pour être la plus fluide possible. La livraison directement dans la boîte aux lettres et le système d’abonnement sont conçus pour enlever de la charge mentale. Plus besoin de penser à racheter du dentifrice. Cette combinaison d’un produit efficace, d’une expérience simple et d’un univers de marque positif est ce qui nous permet d’émerger et de créer un lien émotionnel fort avec nos clients.
La crédibilité : le pilier indispensable pour gagner la confiance
Dans le domaine de l’hygiène, l’enthousiasme et un joli packaging ne suffisent pas. La confiance est le maître-mot. Un consommateur peut être séduit par notre discours, mais il se posera toujours une question légitime : ‘Est-ce que ça marche aussi bien que mon produit habituel ?’. Faire face à l’objection ‘vous n’êtes pas des spécialistes comme les grandes marques’ était une priorité absolue. Pour cela, il n’y a pas de secret : il faut des preuves tangibles de performance et de sérieux. Nous nous sommes donc battus pour obtenir des validations externes. Notre dentifrice, par exemple, est approuvé par l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD), l’organisme de référence des dentistes en France. Il a également été élu meilleur dentifrice solide par le magazine ’60 Millions de Consommateurs’, connu pour son indépendance et sa rigueur.
‘Notre dentifrice est validé par les professionnels en disant bah c’est un dentifrice qui est qui est très bon et qui marche très bien.’
Ces labels ne sont pas des gadgets marketing ; ce sont des garanties qui rassurent et assoient notre légitimité.
Cette quête de crédibilité passe aussi par une exigence de qualité sans compromis, même si cela implique de prendre plus de temps. L’exemple de notre shampoing est parlant. C’était un produit très attendu par notre communauté, mais nous avons mis près de deux ans après l’ouverture du site pour le sortir. Pourquoi ? Parce que nous n’étions pas satisfaits des premières formules. Nous aurions pu lancer un produit moyen pour surfer sur la demande, mais cela aurait trahi notre promesse. Notre modèle économique repose sur la récurrence et la fidélité.
‘Si notre produit il est merdique (…) on gagne pas d’argent parce qu’en fait 3,50€ clairement c’est un truc qui l’appelle et donc on gagne de l’argent quand les gens ils rechargent.’
Nous sommes donc obligés d’avoir des produits irréprochables. Cette obsession pour la qualité, validée par des tiers de confiance, est le socle sur lequel nous bâtissons une relation durable avec nos clients.
Conclusion : oser réinventer les règles du jeu
Le parcours de 900.care, depuis cette simple observation sur l’eau dans un flacon de gel douche jusqu’à la construction d’une marque qui sert des dizaines de milliers de foyers, est la preuve qu’il est encore possible de lancer une marque e-commerce avec un impact fort en 2023. Notre histoire repose sur trois piliers indissociables : une innovation produit radicale qui résout un vrai problème, un modèle d’affaires entièrement repensé pour être structurellement avantageux dans le monde digital, et une marque forte, construite sur une mission positive et une crédibilité sans faille. L’un ne va pas sans les autres. Un produit génial sans un bon modèle économique ne survivra pas. Un modèle rentable sans une marque inspirante ne créera pas de fidélité. Et une belle marque sans un produit irréprochable s’effondrera.
Si je devais laisser un conseil aux entrepreneurs qui nous lisent, ce serait celui-ci : cherchez les ‘absurdités’ dans votre secteur. Cherchez ce que tout le monde fait par habitude, sans plus se poser de questions. C’est souvent là que se cachent les plus grandes opportunités d’innovation. Ne vous contentez pas de copier ce qui existe. Osez tout remettre à plat, du produit à sa distribution, en passant par la manière de le financer et de le faire connaître. Le chemin sera long, semé de défis techniques, industriels et commerciaux. Mais en restant focalisé sur la création de valeur pour le client, pour la planète et pour votre entreprise, vous pouvez non seulement réussir, mais aussi tracer une nouvelle voie. Le lancement d’une marque est un marathon, pas un sprint, mais chaque étape de la course, si elle est menée avec vision et persévérance, peut devenir une source incroyable d’apprentissage et de fierté.
Foire aux questions sur le lancement de 900.care
Quel a été le plus grand défi lors du développement des produits 900.care ?
Le défi le plus important a été double : la formulation chimique et l’industrialisation. Il a fallu créer des formules solides capables de se dissoudre parfaitement dans l’eau du robinet sans aucune aide mécanique, ce que de nombreux experts jugeaient impossible. Une fois ce défi relevé en laboratoire, il a fallu inventer les machines pour produire ces nouveaux types de produits à grande échelle, car aucune ligne de production standard n’existait. Ce processus a demandé 18 mois de recherche et développement intensifs pour garantir une expérience utilisateur parfaite et une qualité irréprochable dès le premier jour.
‘Le faire pour qu’il y ait pas d’action mécanique parce que nous notre but c’était vraiment de dire il faut que ce soit hyper simple et que tout le monde puisse le faire. (…) il y avait un vrai défi de formulation. (…) Une fois que tu as fait la formule, il fallait ensuite l’industrialiser.’
Comment avez-vous financé le lancement de 900.care avant les premières ventes ?
Nous avons financé le lancement de nos premières productions massives grâce à des campagnes de crowdfunding sur les plateformes Ulule et KissKissBankBank. Il s’agissait de préventes, où les clients achetaient nos premiers kits plusieurs mois avant leur livraison. Cette stratégie nous a permis non seulement de collecter les fonds nécessaires, mais aussi de valider l’intérêt du marché pour notre concept. Le succès de ces campagnes, qui ont battu des records dans notre catégorie, a été alimenté par une large base d’e-mails collectée en amont grâce à une campagne d’échantillonnage de notre dentifrice.
‘Ça ça nous a permis déjà de créer un peu de notoriété et surtout de faire rentrer de l’argent dans les caisses pour lancer les premières prod. On a eu succès puisqu’on a battu les records sur Ulule et Kiss Kiss Bank Bank.’
Pourquoi le modèle de l’abonnement est-il si crucial pour votre réussite en e-commerce ?
L’abonnement est le moteur de notre modèle économique. Dans un marché comme l’hygiène où le panier moyen est faible, il est essentiel de maximiser la valeur vie client (LTV). L’abonnement garantit une récurrence des achats et un taux de rétention très élevé, ce qui rend notre coût d’acquisition client rentable sur le long terme. Pour le client, il offre une grande praticité et supprime la charge mentale de devoir penser à racheter ses produits. Ce modèle nous oblige également à maintenir une qualité de produit exceptionnelle, car notre rentabilité dépend de la satisfaction et de la fidélité de nos abonnés.
‘Avec l’abonnement, on a un très fort taux de rétention, un très fort taux de repeat. Ce qui fait que ton client tu tu le fais venir une fois sur ton site et ensuite s’il est content (…) ils reçoivent le produit de manière très récurrente.’
Comment avez-vous réussi à acquérir vos premiers clients et à créer une communauté ?
Nous avons bâti notre communauté initiale avant même le lancement officiel grâce à une stratégie d’échantillonnage viral. Nous proposions de tester gratuitement nos pastilles de dentifrice en échange d’un feedback et d’une adresse e-mail. Ce produit, léger et peu coûteux, était parfait pour une diffusion large. Nous avons amplifié cette opération avec des outils de gamification qui récompensaient les partages. Cette mécanique nous a permis de collecter des dizaines de milliers d’e-mails qualifiés et de retours produits, transformant les testeurs en une communauté d’ambassadeurs engagés, prêts à soutenir notre campagne de crowdfunding.
‘On avait mis des petites pubs en disant testez notre produit gratuitement et en échange d’un feedback et donc on a envoyé plein de produits. (…) au bout de deux trois itérations, on a su que que c’était bon et qu’on pouvait lancer le produit.’
Quelle est la philosophie de la marque 900.care et comment se différencie-t-elle ?
Notre philosophie tient en deux mots : ‘Happy Change’. Notre mission est de rendre la transition vers des modes de consommation plus durables joyeuse, simple et accessible au plus grand nombre. Nous nous différencions des discours écologiques souvent anxiogènes ou contraignants en proposant des produits colorés, sensoriels et une expérience utilisateur sans friction. Nous voulons prouver que faire un geste pour la planète n’est pas un sacrifice, mais peut être une source de plaisir et de satisfaction au quotidien. Cette approche positive est au cœur de notre identité et de notre communication.
‘Notre devise c’est Happy Change. C’est dire il faut changer nos modes de consommation. (…) Comment est-ce qu’on permet au plus grand nombre d’adopter des modes de consommation plus sains dans la joie et la bonne humeur ?’
Comment un produit rechargeable résout-il les problèmes de rentabilité de l’e-commerce dans l’hygiène ?
Le concept rechargeable attaque directement le principal frein économique du secteur : les frais de port. Un produit d’hygiène traditionnel est lourd car il contient 80% d’eau, ce qui rend son expédition coûteuse par rapport à sa faible valeur. En ne livrant que les recharges solides, nous envoyons un produit qui pèse dix fois moins lourd. Cela divise les coûts d’expédition par deux ou trois, ce qui transforme radicalement la marge et rend le modèle viable en e-commerce. Associé à une gamme large pour augmenter le panier moyen et à l’abonnement pour maximiser la rétention, cela crée une équation économique vertueuse.
‘Quand tu vends du gel douche, c’est un produit qui vaut pas cher et qui est très lourd parce qu’il est plein d’eau et donc tes frais de livraison sont très élevés par rapport à la valeur du produit. (…) Nos bâtonnets ils font 24 g pour un gel douche de 250 ml. (…) Ça coûte entre deux et trois fois moins cher à expédier.’
Comment avez-vous établi la crédibilité de 900.care face aux géants du secteur ?
Établir notre crédibilité a été une priorité absolue. Pour cela, nous avons cherché des validations externes et objectives de la part d’organismes reconnus. Notre dentifrice a par exemple été approuvé par l’UFSBD (l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire) et a été primé ‘meilleur dentifrice solide’ par le magazine 60 Millions de Consommateurs. Ces reconnaissances par des tiers de confiance sont des preuves tangibles de l’efficacité et de la qualité de nos produits. Elles nous permettent de rassurer les consommateurs et de répondre à l’objection de légitimité que peut avoir une jeune marque face à des acteurs historiques.
‘Sur le dentifrice en particulier, on est approuvé par l’UFSBD donc l’Union française de la santé bucodentaire. (…) et on a été élu meilleur dentifrice solide par 60 millions de consommateurs qui sont on a eu 16 et demi ou 16 ou 16 et demi sur 20.’




