Lancer sa marque sans capital : le guide complet pour une campagne de crowdfunding explosive
Lancer son propre e-commerce est le rêve de nombreux entrepreneurs. L’idée de créer un produit qui a du sens, de bâtir une marque qui résonne avec ses valeurs et de voir une communauté se former autour de son projet est une motivation puissante. Mais très vite, la réalité financière frappe à la porte. Comment financer le premier stock ? Comment payer les campagnes marketing pour se faire connaître ? Comment constituer une équipe ? Ces questions peuvent transformer le rêve en un parcours semé d’obstacles insurmontables, surtout lorsqu’on démarre avec peu ou pas de capital. Face à ce défi, une solution a émergé comme une véritable rampe de lancement pour les marques de demain : la campagne de crowdfunding. Ce n’est plus seulement un moyen de récolter des fonds, c’est devenu un outil marketing total, capable de valider une idée, de créer une communauté de premiers ambassadeurs et de générer un buzz médiatique retentissant avant même d’avoir produit la moindre pièce.
Pourtant, le succès n’est pas garanti. Pour chaque campagne qui explose, combien d’autres peinent à atteindre leur objectif ? La différence ne réside pas toujours dans la qualité du produit, mais dans la stratégie déployée en amont et pendant le lancement. C’est un art subtil qui mêle psychologie, communication et une exécution sans faille. Comment transformer de simples curieux en contributeurs passionnés ? Quels sont les leviers, souvent gratuits, qui peuvent faire décoller une campagne dès le premier jour ? Et comment maintenir la dynamique pour transformer un bon départ en un succès historique ?
Pour répondre à ces questions, rien ne vaut l’expérience de ceux qui sont passés par là et ont brillamment réussi. C’est l’histoire de Laure Babin, fondatrice de Zèta, qui a orchestré une campagne record seule et presque sans budget, et celle de Christophe Terrain, co-fondateur d’Inga, qui a utilisé le crowdfunding comme un outil stratégique pour valider ses produits et scaler sa croissance. À travers leurs récits et leurs stratégies, nous allons décortiquer pas à pas la méthode pour préparer, lancer et réussir votre propre campagne de financement participatif. Vous découvrirez comment bâtir une armée de fans avant même le jour J, comment transformer la presse en votre meilleur allié et comment orchestrer un lancement si puissant qu’il crée sa propre dynamique. Préparez-vous à prendre des notes, car les secrets de ces succès pourraient bien être la clé de votre futur lancement.
Le cas Zèta : comment lancer une campagne historique seule et sans budget
L’histoire de Zèta est la preuve vivante qu’une idée brillante, une conviction inébranlable et une stratégie organique intelligente peuvent surpasser les budgets marketing les plus conséquents. Laure Babin n’avait ni fonds illimités, ni équipe marketing, ni expérience entrepreneuriale confirmée. Elle avait une vision : créer des baskets 100 % recyclées et désirables. C’est ce voyage, de l’intuition solitaire à un succès communautaire retentissant, qui offre les leçons les plus précieuses pour tout créateur de marque.
De l’idée à la conviction : la genèse d’une chaussure révolutionnaire
Tout projet d’envergure commence par une étincelle, une idée qui semble à la fois évidente et impossible. Pour Laure, cette étincelle est née d’un double constat. D’une part, sa passion pour la mode et la chaussure, et d’autre part, la prise de conscience d’un vide sur le marché.
‘En fait sur le marché à ce moment-là, quand je sonde un peu le marché sur la basket, il y a assez peu d’alternatives finalement éco responsables. Il y a Veja qui s’est lancé à l’époque […] mais il y a très peu d’alternatives et très peu d’alternatives 100 % recyclé.’
Cette analyse ne vient pas d’une étude de marché coûteuse, mais d’une observation fine et d’une compréhension intime des attentes des consommateurs. L’étape suivante, cependant, est celle où beaucoup d’entrepreneurs hésitent : passer de l’idée à l’action. Laure, elle, a plongé tête la première, utilisant les ressources à sa disposition : l’incubateur de son école et ses propres économies. Le véritable tournant, l’élément qui allait devenir le cœur de son histoire, fut la découverte d’une matière première unique.
L’idée de fabriquer des chaussures à partir de marc de raisin n’était pas seulement une innovation technique ; c’était un puissant outil de storytelling. C’est cet élément qui a transformé un projet de ‘baskets recyclées’ en un projet fascinant de ‘baskets en raisin’. La réaction de son entourage en fut la première preuve.
‘C’est à ce moment-là que ça a un peu posé des questions et ça a suscité un peu de curiosité. […] C’était plus de la crainte de se dire c’est assez surprenant et qui est-ce qui va acheter ça quoi.’
Cette curiosité, même teintée de scepticisme, est un signal marketing extrêmement positif. Elle indique que le concept est mémorable et sort des sentiers battus. Plutôt que de suivre le chemin classique de la validation de marché par sondages, Laure a fait confiance à son intuition, renforcée par cette accroche narrative unique. Elle avait trouvé son ‘axe de différenciation’, un élément si fort qu’il pouvait porter le projet à lui seul et justifier de prendre des risques personnels, comme celui de partir seule au Portugal pour trouver des partenaires industriels. C’est une leçon fondamentale : avant même de penser à la communauté ou au marketing, la solidité et l’originalité de votre proposition de valeur sont les fondations de tout succès futur.
Bâtir une communauté avant le jour J : la stratégie organique à contre-courant
Avec un produit prometteur et un prototype en main, la plupart des marques se tourneraient vers la publicité payante pour commencer à se faire connaître. Laure, avec des moyens limités, a choisi une voie différente, plus authentique et finalement plus puissante : aller chercher sa future communauté là où elle se trouvait déjà. Elle a compris une règle d’or du marketing digital souvent oubliée : avant de créer une audience, il faut rejoindre les audiences existantes. Sa méthode fut d’une simplicité redoutable.
‘Ce que j’ai fait à ce moment-là, c’est que j’ai essayé de benchmark tous les groupes Facebook qui existait et qui pouvaient avoir une communauté qui pouvait être intéressée dans le projet. Par exemple, à Bordeaux, on a des groupes les nanas et colos de Bordeaux. […] Au niveau national un groupe qui s’appelle la communauté végane de France.’
Cette démarche est stratégiquement brillante. Au lieu de crier dans le vide sur une page Instagram à zéro abonné, elle s’est immiscée dans des conversations existantes, au sein de communautés ultra-qualifiées et déjà engagées sur les thématiques de l’écologie, du véganisme ou de la consommation locale.
Son approche pour présenter le projet était tout aussi intelligente. Pas de discours commercial agressif, mais une posture humble et transparente.
‘J’ai posté une photo du proto et je dis voilà, je suis étudiante, je lance ce projet. j’ai passé dessus pendant 1 an, j’adorais avoir vos retours et si ça vous intéresse, vous pouvez vous inscrire à la landing page.’
Cette authenticité a créé un ‘engouement énorme’, car elle touchait précisément la bonne cible avec le bon message. Le résultat ? Des centaines de leads qualifiés collectés via une simple landing page gratuite. Parallèlement, elle a activé un deuxième levier : les micro-influenceurs. Conscient de ne pas avoir de produit à envoyer, elle a misé sur la force du projet lui-même et une compensation financière modeste. Pour 300 ou 400 euros au total, elle a obtenu des relais de la part de créateurs dont la communauté était ‘beaucoup plus engagée’. Chaque collaboration lui rapportait entre 80 et 100 abonnés très ciblés. En six mois, en partant de zéro et seule, elle avait ainsi bâti une base solide de 2000 abonnés sur Instagram et près de 700 leads par email. Une preuve éclatante que la créativité et la pertinence stratégique valent bien plus qu’un gros budget.
Cette phase de pré-lancement est souvent négligée, mais elle est la clé de voûte de toute la campagne. En arrivant le jour J avec une communauté, même modeste, mais extrêmement engagée, Laure ne partait pas de zéro. Elle avait déjà une force de frappe, une première vague de soutiens prête à s’activer et à créer l’impulsion initiale qui allait tout changer pour sa campagne de crowdfunding.
Le jour du lancement : orchestrer le buzz pour dépasser tous les objectifs
Le succès d’une campagne de crowdfunding se joue souvent dans les premières 48 heures. C’est durant cette période critique que se crée la fameuse ‘preuve sociale’. Un projet qui atteint rapidement son objectif inspire confiance et attire naturellement de nouveaux contributeurs. Laure Babin l’avait parfaitement compris et a orchestré son lancement non pas comme un simple événement, mais comme une séquence stratégique en plusieurs temps, conçue pour créer un effet boule de neige immédiat.
L’art du ‘pré-access’ : créer un tsunami de ventes dès la première heure
La première décision stratégique de Laure fut de ne pas ouvrir la campagne à tout le monde en même temps. Elle a créé un événement exclusif, un ‘pré-access’, la veille du lancement officiel.
‘La campagne elle est officiellement lancée le 7 septembre mais le dimanche 6, elle est ouverte en pré-access donc au cercle 1, à la famille, aux proches, aux amis et puis aux personnes qui se sont inscrits sur la landing de la campagne.’
Cette approche a plusieurs avantages psychologiques majeurs. Premièrement, elle récompense la communauté de la première heure, ceux qui ont suivi le projet depuis le début, en leur donnant un sentiment de privilège. Deuxièmement, elle permet de s’assurer que les premières contributions viennent de personnes déjà convaincues, garantissant un démarrage rapide. Le résultat fut immédiat : ‘la jauge se remplit hyper rapidement’. Ainsi, au moment de l’ouverture officielle au grand public, la campagne n’était plus à zéro. Elle affichait déjà ‘une centaine de pré-commande’, atteignant d’emblée l’objectif initial de 100 paires.
Pour amplifier cet effet, Laure a utilisé une autre mécanique redoutable : les paliers de prix. Le premier palier, à 79 €, était réservé à un nombre limité de contributeurs. Cette offre ultra-attractive a créé un sentiment d’urgence et de rareté. L’effet a été si puissant que certains se sont plaints.
‘J’ai reçu des commentaires et des mails de personnes qui disaient mais attendez, je comprends pas, il est 8h. le premier palier est déjà atteint. […] il y a eu de la triche’.
Loin d’être un problème, ces réactions étaient le signe d’un succès éclatant. Elles témoignaient d’une attente et d’un désir si forts que l’épuisement rapide de l’offre créait de la frustration positive et renforçait l’attractivité du produit. Cette stratégie, combinée à des lots pour les achats groupés, a transformé le lancement en un véritable événement. Le consommateur ne se contente pas d’acheter un produit, il participe à une course, il cherche à obtenir la meilleure offre. C’est ce qui explique pourquoi ‘le consommateur va être beaucoup plus enclin à participer quand il va voir qu’il y a déjà du monde qui l’a fait’. Laure a parfaitement maîtrisé l’art de transformer le doute en désir et l’hésitation en action immédiate.
L’effet boule de neige : quand la presse locale devient votre meilleur levier d’acquisition
Alors que la campagne était déjà sur une trajectoire exceptionnelle grâce à sa communauté, un autre levier, totalement inattendu, est venu tout accélérer : la presse. Et contre toute attente, ce n’est pas un grand média national qui a tout déclenché, mais la presse locale. L’histoire a commencé par un simple appel de France 3, qui avait repéré le projet de Laure grâce à un prix gagné au sein de son incubateur.
‘Il y a eu un premier article de presse le jour J qui a été écrit par France 3. Et en fait qui a déclenché tous les autres au niveau local, au niveau national et puis un petit peu en dehors d’Europe aussi.’
C’est une leçon cruciale pour tous les entrepreneurs : ne sous-estimez jamais le pouvoir des médias locaux. Ils sont souvent plus accessibles et à la recherche de belles histoires ancrées dans leur territoire. Une fois qu’un média comme France 3 Régions couvre un sujet, il gagne en légitimité et devient visible pour les journalistes des médias nationaux, qui se surveillent mutuellement.
L’impact de cette couverture médiatique sur la campagne a été direct et mesurable. Alors que la plupart des campagnes de crowdfunding connaissent un pic au début, un creux au milieu, puis un rebond à la fin, celle de Zèta a défié cette logique.
‘Ce qui est assez surprenant avec la campagne d’éta, c’est que il y a pas eu de moment de creux parce que tu avais un article de presse ou un passage radio qui faisait que ça dynamisait à chaque fois les ventes.’
Chaque nouvel article, chaque passage radio, relançait la machine et amenait un nouveau flot de contributeurs. La courbe des ventes était en progression constante. Ce succès médiatique, combiné à une communication continue sur LinkedIn où ses posts devenaient viraux, a créé un cercle vertueux. Plus la campagne avait du succès, plus elle intéressait les médias, et plus les médias en parlaient, plus la campagne grandissait. Au final, Zèta a enregistré 2700 précommandes, devenant ‘la campagne la plus financée dans la catégorie mode’ sur Ulule, le tout avec seulement 200 € investis en publicité à la toute fin. Une démonstration magistrale de la puissance des stratégies organiques lorsqu’elles sont bien exécutées.
L’aventure de Zèta montre qu’il est possible de réaliser un lancement spectaculaire sans un portefeuille bien garni. Cependant, le marché évolue, et d’autres marques ont exploré des voies complémentaires. Le cas d’Inga illustre parfaitement comment on peut s’inspirer de ces fondations organiques tout en y ajoutant la puissance de la publicité payante pour atteindre des sommets encore plus élevés.
Le cas Inga : scaler son crowdfunding avec la publicité et une marque forte
Si Zèta est l’exemple parfait du succès organique fulgurant, Inga représente une autre facette de la réussite en crowdfunding : celle de la croissance structurée, où la validation par la communauté est ensuite amplifiée par des investissements publicitaires ciblés. Christophe Terrain et ses co-fondateurs n’ont pas seulement cherché à financer un produit, mais à bâtir les fondations d’une marque capable de s’adresser au plus grand nombre sur un marché a priori peu séduisant : celui des produits ménagers réutilisables.
Rendre le quotidien sexy : le pouvoir d’une plateforme de marque solide
Le premier défi d’Inga était de taille : comment rendre désirables des éponges et des essuie-tout lavables ? La réponse ne se trouvait pas uniquement dans la fonctionnalité du produit, mais dans la construction d’un univers de marque puissant. Leur mission était claire et ambitieuse.
‘On s’est donné pour mission de donner envie au maximum de personnes de passer du jetable au durable. Donc il y a deux choses importantes, il y a donner envie et au maximum de personnes.’
Cette mission a dicté toute leur stratégie. Pour ‘donner envie’, il fallait sortir des codes austères et parfois moralisateurs de l’écologie militante. Inga a donc opté pour ‘un univers de marque qui est un peu sympa, coloré, pop, décalé’. Pour toucher le ‘maximum de personnes’, il fallait aller au-delà de la simple promesse de durabilité et s’assurer que les produits soient ‘efficaces, pratiques et économiques’.
Cette définition claire de la plateforme de marque, réalisée très en amont, a été l’une de leurs plus grandes forces.
‘Je pense que c’est une de nos forces parce qu’on va faire toujours mais c’est un cap dans plein de décisions stratégiques qu’on peut prendre.’
Cet univers de marque a permis de créer une connexion émotionnelle forte avec une audience large, bien au-delà du cercle des ‘écolos convertis’. Ils ont réussi à transformer un achat rationnel (un produit ménager) en un achat plaisir, un geste pour la planète qui est aussi esthétique et amusant. Cette approche a été fondamentale pour le succès de leur campagne de crowdfunding. Les contributeurs n’achetaient pas seulement une éponge, ils adhéraient à une vision, à une marque qui décomplexait l’écologie du quotidien. C’est ce travail de fond sur le branding qui a permis de créer une base solide sur laquelle ils ont pu ensuite construire leur stratégie d’acquisition payante.
Le crowdfunding comme outil de validation et levier de croissance
Pour Inga, Ulule n’était pas seulement une plateforme de financement, c’était un laboratoire. Comme l’explique Christophe, ils ont utilisé cet outil pour valider leur marché et même identifier leurs futurs produits phares.
‘Ils ont créé plusieurs campagnes Ulule pour identifier leur best seller sur le site et c’était justement pas les tout réutilisables.’
Cette approche itérative est extrêmement maligne : elle permet de tester différentes propositions de valeur directement auprès du marché et de concentrer ses efforts de production et de marketing sur ce qui fonctionne réellement, minimisant ainsi les risques. C’est une utilisation stratégique du crowdfunding qui va bien au-delà de la simple collecte de fonds.
La différence majeure avec la stratégie de Zèta réside dans l’utilisation assumée et à grande échelle de la publicité payante, notamment Facebook Ads, pour booster la campagne. Alors que Laure a capitalisé sur une dynamique 100% organique, Inga a utilisé la publicité comme un catalyseur pour amplifier la portée de son message et toucher des audiences bien plus larges. Ils ont probablement dirigé du trafic froid directement vers leur page Ulule, en utilisant leur univers de marque coloré et leurs arguments produits (efficacité, économie) pour convaincre. Ils ont pu retargeter les visiteurs de la page qui n’avaient pas encore contribué, et créer des audiences similaires (lookalike) à partir de leurs premiers soutiens pour trouver des profils de consommateurs identiques. Cette combinaison d’une marque forte, d’une validation produit via la plateforme et d’une amplification publicitaire a permis à Inga de réaliser ‘l’une des campagnes de crowdfunding les plus lucratives de l’histoire de Ulule’. Leur succès démontre qu’une fois les fondations d’une communauté et d’une marque établies, la publicité payante n’est pas un substitut, mais un formidable accélérateur de croissance.
Conclusion : les clés universelles du succès en crowdfunding
Les parcours de Zèta et Inga, bien que différents dans leur exécution, convergent vers des principes fondamentaux qui dessinent une véritable feuille de route pour quiconque souhaite lancer sa marque grâce au financement participatif. Leur succès n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de stratégies mûrement réfléchies, adaptées à leurs ressources et à leur vision. La première leçon, incarnée par Laure, est la puissance absolue du travail préparatoire. Bâtir une communauté avant même d’avoir quelque chose à vendre, en allant la chercher dans des niches passionnées avec authenticité et transparence, est le meilleur investissement possible. C’est ce qui permet de transformer un lancement en un événement attendu et de créer une dynamique initiale inestimable. Le second enseignement est l’importance capitale d’une proposition de valeur unique et d’un storytelling captivant. Les ‘baskets en raisin’ de Zèta ou la mission ‘décomplexée’ d’Inga ne sont pas de simples gimmicks marketing ; ce sont les piliers narratifs qui suscitent la curiosité, attirent les médias et créent un attachement durable.
Enfin, ces deux études de cas illustrent parfaitement la complémentarité des stratégies. Zèta prouve qu’un succès retentissant est possible avec des leviers purement organiques – communauté, influence et presse – à condition d’avoir une histoire suffisamment forte pour se propager d’elle-même. Inga, de son côté, montre comment amplifier ce succès en ajoutant la puissance de frappe de la publicité payante, transformant une campagne réussie en un véritable raz-de-marée commercial. Il n’y a donc pas une seule voie, mais une boîte à outils dans laquelle chaque entrepreneur peut puiser en fonction de ses moyens et de ses objectifs. Le crowdfunding est bien plus qu’une simple levée de fonds. C’est un test de marché grandeur nature, un créateur de communauté et le plus puissant des outils de communication pour une jeune marque. Alors, que vous ayez un budget conséquent ou seulement une idée révolutionnaire et beaucoup d’énergie, ces stratégies sont à votre portée. L’essentiel est de commencer, de tester, et de raconter votre histoire avec conviction. Votre communauté vous attend.
Foire aux questions (FAQ) sur la campagne de crowdfunding
1. Comment créer une communauté engagée avant de lancer sa campagne de crowdfunding ?
La clé est d’identifier les lieux de discussion en ligne où se trouve déjà votre cible et de vous y intégrer de manière authentique. Il ne s’agit pas de promouvoir agressivement, mais de partager votre parcours et de solliciter des avis. Les groupes Facebook de niche, les forums spécialisés ou les subreddits sont d’excellents points de départ. En partageant des photos du prototype, en racontant les défis de la création et en étant transparent, vous créez un lien de confiance. L’objectif est de rassembler ces personnes intéressées sur une liste de diffusion (via une landing page simple) pour pouvoir les contacter en priorité au lancement, créant ainsi votre première vague de soutiens.
‘J’ai posté une photo du proto et je dis voilà, je suis étudiante, je lance ce projet. […] j’adorais avoir vos retours et si ça vous intéresse, vous pouvez vous inscrire à la landing page. Et en fait à ce moment-là, il y a un engouement énorme parce que bah c’était très bien ciblé.’
2. Faut-il un gros budget pour travailler avec des influenceurs pour un lancement ?
Absolument pas, et le cas de Zèta le prouve. La stratégie la plus efficace au démarrage est de se concentrer sur les micro-influenceurs (entre 5 000 et 20 000 abonnés). Leurs communautés sont souvent plus petites mais beaucoup plus engagées, et leur parole est perçue comme plus authentique. Pour un projet en crowdfunding, vous n’avez même pas besoin d’envoyer un produit fini. L’histoire derrière votre projet, votre mission et des visuels de qualité peuvent suffire à les convaincre. Une petite compensation financière (quelques centaines d’euros au total) peut suffire à obtenir plusieurs relais qui apporteront des abonnés très qualifiés et de la crédibilité à votre projet.
‘Je suis allé voir pas mal de micro-influenceurs […] et je leur ai dit voilà, j’ai pas de produits à vous envoyer. Par contre, voilà, je lance cette campagne de crowdfunding, j’adorais que vous en parliez. […] J’ai dû envoyer, je crois que c’est 3 ou 400 €. Et en échange, ils faisaient un set de story.’
3. Quelle est la meilleure stratégie pour attirer l’attention des médias sans agence de presse ?
La stratégie la plus efficace est de commencer localement. Les médias régionaux (presse écrite, radios, antennes locales de chaînes nationales comme France 3) sont constamment à la recherche de belles histoires entrepreneuriales sur leur territoire. Identifiez les journalistes qui couvrent l’économie, l’innovation ou le lifestyle dans votre région et contactez-les avec un message personnalisé. Une fois qu’un premier article est publié par un média reconnu, même local, il crée un ‘effet boule de neige’. Les journalistes des médias nationaux se surveillent et peuvent reprendre le sujet, vous offrant une visibilité décuplée sans avoir dépensé un centime.
‘Il y a eu un premier article de presse le jour J qui a été écrit par France 3. Et en fait qui a déclenché tous les autres au niveau local, au niveau national. […] C’est assez rapide en fait. Les journalistes se regardent entre eux.’
4. Comment structurer les offres et les prix pour maximiser les ventes dès le début ?
L’objectif est de créer un sentiment d’urgence et d’exclusivité. Une méthode très efficace consiste à mettre en place plusieurs paliers de prix. Le premier palier (‘Early Bird’) doit offrir une réduction très significative mais être limité en quantité (par exemple, pour les 50 ou 100 premiers contributeurs). Cela incite à une décision d’achat rapide. Une fois ce palier atteint, le prix augmente légèrement pour le reste de la campagne. De plus, ouvrez la campagne en ‘pré-accès’ un jour avant le lancement officiel à votre communauté la plus proche (inscrits à la newsletter, famille). Cela garantit d’atteindre votre premier objectif avant même l’ouverture publique, ce qui crée une forte preuve sociale pour les nouveaux visiteurs.
‘On avait un premier palier où ils achetaient la chaussure à un prix vraiment très bas à 79 € il me semble mais qui était réservé aux 50 ou 100 premières personnes. […] quand cette jauge était atteinte, on passait à un prix militaire de 99 €.’
5. Peut-on utiliser la publicité payante pour une campagne de crowdfunding ?
Oui, et c’est même un levier très puissant pour scaler une campagne, comme l’a fait Inga. Si votre budget le permet, la publicité sur les réseaux sociaux (Meta Ads par exemple) peut considérablement augmenter la portée de votre projet. Vous pouvez diriger le trafic vers votre page de campagne (Ulule, KissKissBankBank, etc.), retargeter les personnes qui ont visité la page mais n’ont pas encore contribué, et créer des audiences ‘lookalike’ (similaires) à partir de vos premiers contributeurs pour toucher des profils identiques. C’est une excellente stratégie pour éviter le ‘creux’ de milieu de campagne et aller chercher des résultats bien au-delà de votre communauté initiale.
‘Inga ils ont mis beaucoup de publicité. […] ce que m’a expliqué Christophe, c’est qu’ils ont utilisé Facebook Ads comme levier pour booster cette campagne de crowdfunding et comme l’or, l’équipe d’Inga a amplifié leur campagne de crowdfunding avec de grands médias.’
6. Pourquoi est-il si important d’avoir une marque forte avant même le crowdfunding ?
Une campagne de crowdfunding ne vend pas seulement un produit, elle vend une histoire, une vision et une mission. Une plateforme de marque forte est ce qui permet de créer un lien émotionnel avec les contributeurs et de se différencier. Comme l’a fait Inga, définir un univers (coloré, pop, décalé), une mission claire (‘donner envie de passer du jetable au durable’) et des valeurs permet de toucher une audience bien plus large que les simples utilisateurs du produit. C’est ce qui transforme un contributeur en ambassadeur. Cette marque solide sera ensuite le socle sur lequel vous construirez votre entreprise après le succès de la campagne.
‘On a fait ce travail là de définition de la plateforme de marque et je pense que c’est une de nos forces parce que […] c’est un cap dans plein de décisions stratégiques qu’on peut prendre.’




