Logo de l'épisode [BONUS] Passer de freelance à agence (et formateur) : Mon passage sur le podcast Café Business du podcast Le Rendez-vous Marketing

[BONUS] Passer de freelance à agence (et formateur) : Mon passage sur le podcast Café Business

Épisode diffusé le 20 juin 2022 par Danilo Duchesnes

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De freelance à patron d’agence : le parcours que personne ne vous raconte

Le chemin de l’entrepreneuriat est souvent idéalisé. On s’imagine libre, travaillant d’où l’on veut, quand on veut, avec des revenus qui grimpent en flèche. C’était mon rêve il y a quelques années. Je m’appelle Danilo Duchesnes, et aujourd’hui je dirige DHS Digital, une agence d’une dizaine de personnes spécialisée en publicité sur les réseaux sociaux. Mais avant d’en arriver là, il y a eu la case freelance. Une étape cruciale, excitante, mais aussi pleine de pièges et de désillusions que l’on évoque rarement. Récemment invité sur le podcast Café Business de Mathieu Verne, j’ai eu l’occasion de me livrer sans filtre sur cette transition, un véritable passage de l’autre côté du miroir. Pourquoi passe-t-on de la liberté apparente du freelance à la complexité de la gestion d’une agence ? Que se passe-t-il quand les objectifs initiaux d’argent et de liberté sont atteints, mais que l’épanouissement n’est toujours pas au rendez-vous ?

Ce n’est pas une histoire de chiffres d’affaires ou de levées de fonds. C’est l’histoire d’une quête de sens, d’une lutte contre la solitude et d’une redéfinition complète de ce que signifie ‘réussir’. Dans cet article, je vous propose de plonger dans les coulisses de mon parcours. Je vais vous raconter les vraies raisons qui m’ont poussé à passer de freelance à agence, les moments de doute intense où je gagnais bien ma vie mais me sentais profondément insatisfait, et comment un simple changement d’environnement a tout changé. Mon objectif n’est pas de vous donner une recette miracle, mais de partager une expérience authentique qui, je l’espère, résonnera avec votre propre cheminement. Si vous êtes freelance et que vous vous interrogez sur la suite, si vous sentez un plafond de verre ou un manque de motivation, alors ce témoignage est pour vous. Préparez-vous, on va parler des hauts, mais surtout des bas qui nous forcent à grandir.

Le rêve du freelance et sa douche froide : quand le succès ne rend pas heureux

Tout a commencé il y a environ quatre ou cinq ans. À 24 ans, fraîchement diplômé, je vivais encore chez ma mère sans un sou en poche. L’idée de l’entrepreneuriat me trottait dans la tête, mais elle était surtout nourrie par des désirs très primaires. Comme je l’ai confié à Mathieu :

‘Ce qui m’a vraiment donné envie au départ, bah c’est justement on parlait de liberté, on parlait d’argent, bah c’était ça’.

C’est une motivation que beaucoup partagent. Échapper à un patron, fixer ses propres horaires, et surtout, atteindre l’indépendance financière. C’était mon Graal. Le marketing digital me passionnait, et j’ai commencé par le blogging, puis par des petites prestations. Le freelancing est apparu comme une évidence, une porte d’entrée accessible vers ce monde fantasmé.

Le marché était différent à l’époque. Le freelancing n’était pas aussi saturé qu’aujourd’hui. Se spécialiser était un véritable avantage concurrentiel. J’ai donc misé sur la publicité Facebook, un domaine qui m’attirait et où je sentais une forte demande. Et ça a fonctionné, bien plus vite que je ne l’aurais imaginé. En l’espace de six mois, je suis passé de zéro à générer 4000 à 5000 euros par mois. Pour le jeune homme que j’étais, c’était une victoire immense. L’objectif était atteint : je gagnais ma vie, j’étais mon propre patron, je travaillais de chez moi. Sur le papier, j’avais tout pour être heureux. Mais la réalité était bien plus complexe.

La solitude, l’ennemi invisible du freelance

Les six premiers mois ont été euphoriques. Chaque nouveau client, chaque euro gagné était une source de fierté. Puis, les six mois suivants, bien que mes revenus continuaient de croître, atteignant parfois des pics à 10 000 euros par mois, une étrange sensation s’est installée. Un malaise, une insatisfaction grandissante. Je me souviens très bien de ce paradoxe :

‘J’étais de moins en moins heureux. Il y a un problème, je suis moins heureux et je suis moins satisfait maintenant alors qu’il y a un an je galérais’.

C’est une prise de conscience brutale. L’argent et la liberté, que j’avais tant désirés, ne remplissaient pas le vide que je ressentais.

Le principal coupable était la solitude. Une solitude insidieuse, car elle était la conséquence directe de cette ‘liberté’ tant convoitée. Je pouvais décider de ne pas travailler un mardi après-midi, mais pour faire quoi ? Mes amis, ma famille, tout mon entourage avait un rythme de vie classique, salarié. Comme je l’expliquais, ‘ça me rendait en quelque sorte seul parce que personne d’autre n’avait cette liberté là’. Cette indépendance m’isolait. Je passais mes journées seul devant mon ordinateur, dans la même pièce, le même environnement. Le travail devenait un refuge, mais aussi une prison. Cette période m’a aussi montré ma propre naïveté face au business. Je pensais que la croissance serait une ligne droite ascendante. Quand l’été est arrivé et que l’activité a ralenti, j’ai paniqué : ‘Je me dis putain, ça marche déjà plus, qu’est-ce que je vais faire’. J’apprenais sur le tas que le business a des cycles, des saisons. Chaque jour apportait son lot d’incertitudes, et je portais tout sur mes épaules, seul.

Le déménagement qui a tout changé : l’environnement comme levier de croissance

Fin 2018, le constat était sans appel : j’avais réussi sur le plan financier, mais j’échouais sur le plan personnel. L’insatisfaction était devenue mon quotidien. Il fallait que quelque chose change radicalement. J’ai alors compris que le problème n’était pas seulement mon activité, mais mon cadre de vie tout entier.

‘Si je suis pas heureux, c’est peut-être parce que mon style de vie n’est pas terrible’.

Vivre et travailler au même endroit, dans la petite ville où j’avais grandi, était devenu étouffant. J’avais besoin de nouveauté, de nouveaux visages, de nouvelles perspectives. Le projet de déménager est alors devenu une obsession, la seule issue possible pour sortir de cette spirale.

Cette prise de conscience est fondamentale pour tout entrepreneur. On a tendance à chercher des solutions ‘business’ à nos problèmes : une nouvelle offre, une meilleure prospection, etc. Mais parfois, la solution est ailleurs. Elle est dans notre environnement physique, social et intellectuel. Un environnement stimulant peut décupler notre énergie et notre créativité, tandis qu’un environnement stagnant peut nous tirer vers le bas, peu importe le succès de notre entreprise. J’ai donc commencé à explorer mes options. Partir à l’étranger ? L’idée était séduisante. Madrid, où j’avais fait un stage, me tentait. Nice, sur les conseils d’une consœur freelance, semblait être un eldorado pour entrepreneurs. Paris, la capitale économique, était une évidence. Mais il fallait aussi être réaliste.

Un choix stratégique : Bruxelles plutôt que le grand saut

Confronter le rêve à la réalité a été une étape clé. Madrid ? La barrière de la langue, l’éloignement des clients francophones, le manque de réseau. C’était un pari risqué. Paris ? Les loyers exorbitants étaient un frein majeur. Et puis, il y avait cette peur, cette immaturité que j’admets volontiers :

‘J’étais pas encore prêt, trop immature pour quitter le foyer chez mes parents avec ma petite entreprise qui commence à se développer, aller à Nice dans un endroit que je connaissais pas du tout’.

Le saut était trop grand. Il me fallait une étape intermédiaire, un changement significatif mais maîtrisé.

C’est ainsi que Bruxelles s’est imposée comme le choix de la raison et de la stratégie. À seulement une heure de chez mes parents, c’était un parachute de sécurité psychologique. C’est une grande ville, un pôle économique, mais à taille humaine. Je connaissais déjà quelques personnes, ce qui facilitait l’intégration. C’était le parfait équilibre entre sortir de ma zone de confort et ne pas me jeter dans le vide sans filet. La décision a été prise : j’allais m’installer à Bruxelles, prendre un appartement et, surtout, travailler depuis un espace de coworking pour enfin séparer vie pro et vie perso, et briser l’isolement. Ce choix, qui pouvait paraître moins glamour que de partir vivre au soleil, s’est avéré être la décision la plus importante de mon début de carrière. Il a créé les fondations de tout ce qui allait suivre, y compris la naissance de l’agence.

Les premiers pas difficiles et les bénéfices à long terme

L’arrivée à Bruxelles n’a pas été un conte de fées. Loin de là. Le changement a été brutal.

‘Ça m’a rendu vraiment un peu malheureux au début’.

Je me suis retrouvé dans un petit studio de 30m², seul, loin de mes repères familiaux. Le coworking, que j’avais tant idéalisé, était intimidant. Entouré de professionnels plus âgés, plus expérimentés, je me sentais gauche, socialement rouillé après plus d’un an passé quasi exclusivement derrière mon écran. J’ai réalisé que mes compétences sociales s’étaient atrophiées. C’était difficile, inconfortable. Mais c’est précisément dans cet inconfort que la transformation a commencé à s’opérer.

Chaque jour, je me forçais à interagir, à networker, à sortir de ma coquille. Lentement mais sûrement, je reconstruisais ma confiance en moi et mon réseau. Mon activité, elle aussi, commençait à bénéficier de cette nouvelle dynamique. Les rencontres, les discussions, l’énergie du coworking stimulaient ma vision. Je voyais plus grand. Cet environnement m’a sorti la tête du guidon. Il m’a donné l’espace mental nécessaire pour réfléchir à la prochaine étape. Je n’étais plus simplement ‘Danilo, le freelance’. J’étais un entrepreneur à Bruxelles, entouré d’autres entrepreneurs. C’est dans ce terreau fertile que l’idée de créer une agence a commencé à germer. Le changement d’environnement n’était pas une solution magique, mais il a été le catalyseur indispensable à mon évolution.

La naissance de l’agence : passer du ‘je’ au ‘nous’

Même avec le nouvel environnement bruxellois, une insatisfaction persistait. L’activité de freelance, par nature, a des limites. Des limites de temps, d’énergie, et surtout, d’identité. Après plus d’un an et demi, je sentais que mon rôle de consultant me collait à la peau, et c’était une perspective qui m’angoissait. Je me projetais et je ne me voyais pas faire ça toute ma vie.

‘Cette casquette consultant Facebook Ads qui me collait déjà à la peau, je me dis je veux pas l’avoir toute ma vie’.

C’était la première raison, très personnelle, qui m’a poussé à envisager un autre modèle. Je voulais construire une entité, une marque qui puisse exister indépendamment de moi, qui puisse évoluer et prendre des directions que je ne pouvais pas prendre seul.

Le développement entrepreneurial passait pour moi par la création d’une structure plus ambitieuse. L’idée de DHS Digital a commencé à prendre forme, non pas comme une simple extension de mon activité de freelance, mais comme un projet à part entière. Un projet qui pourrait, un jour, proposer d’autres services, explorer d’autres canaux, et ne plus reposer uniquement sur mes épaules et mon expertise du moment. C’était une vision à long terme, une façon de décorréler ma valeur personnelle de la valeur de l’entreprise. C’était une étape nécessaire pour construire quelque chose de durable.

Dépasser les limites du freelancing et construire en équipe

La deuxième raison était purement opérationnelle. En tant que freelance, votre revenu est directement lié au temps que vous pouvez facturer. J’arrivais à un plafond.

‘J’étais limité par le nombre de projets que je pouvais prendre puisque c’est moi qui gérais tous les projets de A à Z’.

Pour continuer à croître, je n’avais que deux options : augmenter mes tarifs de manière exponentielle, ou changer de modèle. La seconde option était la seule qui me permettait de scaler réellement l’impact et les résultats pour plus de clients. Passer à un modèle d’agence, c’était multiplier ma capacité de production en m’entourant d’autres experts.

Mais la raison la plus profonde, celle qui faisait écho à mes difficultés initiales, était le besoin de briser la solitude. Je ne voulais plus porter ce projet à bout de bras, seul face aux succès comme aux échecs. L’idée de partager cette aventure était devenue une nécessité.

‘Ça serait cool d’avoir une équipe et de pouvoir déléguer une partie […] et de le faire en équipe’.

Je rêvais d’une dynamique de collaboration, d’un lieu où les idées fusent, où les compétences se complètent. La vision de bureaux, de collaborateurs, ce qui pouvait sembler être un cliché, était pour moi le symbole d’un projet vivant, humain et partagé. C’est cette triple motivation – construire une marque, dépasser mes limites et créer une équipe – qui a concrétisé la transition. Le passage à la société est alors devenu une évidence, malgré quelques déconvenues initiales, notamment sur le plan fiscal. Mon comptable de l’époque ne m’avait pas conseillé de créer une société dès le début, ce qui m’a coûté cher en impôts la première année. Une leçon apprise dans la douleur, mais qui a renforcé ma conviction qu’il fallait structurer les choses correctement pour l’avenir.

Redéfinir le succès : la quête de création au-delà de l’argent

L’une des questions les plus percutantes de Mathieu durant notre échange a été : ‘Pourquoi tu fais ce que tu fais aujourd’hui ?’. Cette question simple m’a obligé à verbaliser une évolution profonde de mon mindset d’entrepreneur. Au début, la réponse était claire : l’argent et la liberté. Mais comme je l’ai expliqué, une fois ces objectifs atteints, leur pouvoir de motivation s’est considérablement émoussé.

‘Je me rends compte que l’argent ça me motive plus autant qu’avant. […] J’en gagne plus que ce que j’en gagnais il y a un an, mais je suis pas beaucoup plus heureux’.

C’est une réalisation contre-intuitive dans une société qui mesure souvent le succès à l’aune des revenus. Mais pour moi, l’argent est devenu une conséquence, un résultat, et non plus le moteur.

La liberté, l’autre pilier de mes motivations initiales, a également été réévaluée. J’ai compris que je ne cherchais pas à être ‘plus libre’ dans le sens de ‘travailler moins’. Au contraire, je suis passionné par mon projet et j’ai envie de m’y consacrer. La vraie liberté, pour moi, est devenue celle de pouvoir construire, de donner vie à mes idées sans contraintes. Le véritable moteur, la flamme qui m’anime chaque matin, c’est autre chose. C’est un désir de réalisation, d’apprentissage et de développement constant. C’est le jeu de l’entrepreneuriat lui-même qui est devenu la récompense.

Le plaisir de créer, le moteur d’un marathon entrepreneurial

Alors, qu’est-ce qui me motive vraiment aujourd’hui ? La réponse tient en un mot : créer.

‘La notion de créer est hyper importante pour moi. […] C’est ça qui m’excite, c’est le futur, c’est l’inconnu’.

Ce qui me nourrit, c’est de voir DHS Digital évoluer. Aujourd’hui, nous sommes une agence digitale spécialisée en publicité, mais qui sait ce que nous serons dans dix ou quinze ans ? Cette incertitude n’est pas une source d’angoisse, mais une source d’excitation. L’opportunité de développer de nouvelles expertises, comme la production de contenus créatifs pour les publicités, est un exemple parfait. Je n’avais aucune compétence technique dans ce domaine, mais nous nous sommes lancés, nous avons appris, et aujourd’hui, c’est une part importante de notre offre.

Cette vision de l’entrepreneuriat comme un marathon change tout. Il ne s’agit pas d’un sprint pour atteindre un certain chiffre d’affaires et ensuite se reposer. Il s’agit de construire un système durable, qui ne draine pas toute mon énergie mais qui, au contraire, la nourrit. Le fait d’être aussi motivé aujourd’hui qu’il y a cinq ans, malgré une pression et des enjeux bien plus importants, est la preuve que ce moteur est le bon. Bien sûr, la croissance amène son lot de problèmes, comme le dit l’adage ‘More money, more problems’. Mais ces problèmes sont des défis de croissance, des énigmes à résoudre. Et c’est précisément la résolution de ces énigmes, la construction quotidienne de ce projet, qui constitue ma véritable source d’épanouissement.

Conclusion : le passage à l’agence, une renaissance plus qu’une évolution

Mon parcours, de freelance isolé dans sa chambre à dirigeant d’une agence en pleine croissance, est bien plus qu’une simple progression de carrière. C’est une histoire de transformation personnelle profonde. J’ai commencé cette aventure avec des objectifs clairs mais finalement superficiels : l’argent et la liberté. Je les ai atteints, pour découvrir qu’ils n’étaient qu’une étape, et non la destination. La véritable quête se situait ailleurs. Elle résidait dans la résolution du paradoxe de la solitude du freelance, dans la nécessité de construire quelque chose de plus grand que soi, et dans la découverte de mes motivations réelles : le plaisir de créer et de bâtir un projet collectif.

Le passage à un modèle d’agence n’a pas été une décision purement business, dictée par des KPI ou des parts de marché. Ce fut une réponse à un besoin existentiel : celui de partager, de collaborer et de donner plus de sens à mon travail. Changer d’environnement en m’installant à Bruxelles a été le catalyseur qui a rendu cette vision possible, en me sortant de mon isolement et en m’ouvrant de nouvelles perspectives.

Si mon histoire peut vous apporter une chose, c’est celle-ci : si vous vous sentez bloqué, insatisfait ou seul dans votre parcours d’indépendant, ne cherchez pas seulement des solutions dans votre business. Regardez autour de vous. Votre environnement vous stimule-t-il ? Votre travail est-il aligné avec vos motivations profondes, au-delà de la sécurité financière ? Parfois, le plus grand levier de croissance n’est pas une nouvelle stratégie marketing, mais une décision courageuse qui change votre quotidien, qui vous reconnecte aux autres et à votre ‘pourquoi’. Le chemin pour passer de freelance à agence est exigeant, mais il offre une récompense inestimable : la possibilité de construire une entreprise qui est véritablement au service de votre vie, et non l’inverse.


Questions fréquentes sur la transition de freelance à agence

1. À quel moment faut-il envisager de passer de freelance à agence ?

Le bon moment pour passer de freelance à agence est souvent marqué par un mélange de frustration et d’ambition. C’est lorsque vous sentez que vous atteignez un plafond de verre : vous refusez des clients par manque de temps, vous ne pouvez plus augmenter vos tarifs et, surtout, vous vous sentez limité dans la portée de vos projets. C’est aussi un choix pertinent quand la solitude commence à peser et que le désir de construire un projet d’équipe, avec une vision à plus long terme, devient plus fort que le confort de l’indépendance. Il n’y a pas de règle de chiffre d’affaires, c’est avant tout un changement de posture entrepreneuriale.

‘J’étais limité par le nombre de projets que je pouvais prendre puisque c’est moi qui gérais tous les projets de A à Z. Et c’est là que j’ai commencé à me dire bah ça serait ça serait cool d’avoir une équipe.’

2. Comment gérer la solitude quand on est freelance ?

La solitude est l’un des plus grands défis du freelancing. Pour la surmonter, il est crucial d’être proactif. La première étape est de séparer physiquement votre lieu de travail de votre lieu de vie. Rejoindre un espace de coworking est une excellente solution, car cela recrée un environnement social et professionnel. Il est aussi important de planifier des interactions sociales : déjeuners avec d’autres indépendants, participation à des événements de networking, ou même simplement travailler depuis un café. Pour ma part, quitter mon environnement initial pour une ville plus dynamique et intégrer un coworking a été la clé pour briser l’isolement.

‘Cette liberté que je pouvais avoir […] ça me rendait en quelque sorte seul parce que personne d’autre n’avait cette liberté là. Donc si moi je je fais ce que je veux l’après-midi, mais les autres sont travail donc je peux pas m’amuser avec eux.’

3. L’argent est-il une bonne motivation pour entreprendre ?

L’argent est une motivation légitime et souvent nécessaire au démarrage. Il permet de valider son modèle économique et d’atteindre l’indépendance. Cependant, mon expérience montre que ce n’est pas une motivation durable. Une fois un certain confort financier atteint, l’argent perd de son pouvoir de motivation et ne suffit plus à procurer du bonheur ou de la satisfaction. Les entrepreneurs qui réussissent sur le long terme sont souvent animés par des moteurs plus profonds : la passion pour leur domaine, le désir de créer, de résoudre un problème ou de construire un projet qui a du sens.

‘Je me rends compte que l’argent ça me motive plus autant qu’avant. […] J’en gagne plus que ce que j’en gagnais il y a un an, mais je suis pas beaucoup plus heureux.’

4. Pourquoi la spécialisation est-elle si importante au début en freelance ?

La spécialisation au début de son activité de freelance est un puissant levier de différenciation et de crédibilité. Quand j’ai démarré, le marché était moins concurrentiel, mais se présenter comme ‘spécialiste Facebook Ads’ m’a immédiatement démarqué des généralistes. Cela simplifie votre message marketing, attire des clients plus qualifiés qui cherchent une expertise précise, et vous permet de monter en compétences beaucoup plus rapidement. C’est un avantage concurrentiel majeur, surtout aujourd’hui où le marché est très dense. Se spécialiser permet de devenir une référence sur une niche précise.

‘Dès que tu te spécialisais, tu avais un petit avantage concurrentiel. Aujourd’hui, je pense que c’est un peu devenu la la norme d’être spécialisé quand tu es freelance.’

5. Quel est l’impact réel d’un changement d’environnement sur une activité ?

L’impact d’un changement d’environnement est souvent sous-estimé. Ce n’est pas juste un changement de décor, c’est un catalyseur de transformation. Pour moi, déménager à Bruxelles et rejoindre un coworking m’a forcé à sortir de ma zone de confort, à développer de nouvelles compétences sociales et à m’exposer à de nouvelles idées. Un nouvel environnement apporte de nouvelles rencontres, de nouvelles opportunités et une nouvelle énergie qui peuvent totalement débloquer une situation stagnante. Il vous pousse à voir plus grand et à redéfinir vos ambitions. C’est un investissement sur soi qui a des retombées directes sur le business.

‘Le fait que je me sentais pas bien dans mon activité pour moi c’était grandement lié au fait que mon environnement était pas le bon. Et donc j’ai voulu changer d’environnement et après […] l’environnement m’a beaucoup aider à développer mon activité.’

6. Comment s’est passée la transition juridique de l’entreprise individuelle à la société ?

La transition de l’entreprise individuelle (‘personne physique’ en Belgique) à la société est une étape structurelle majeure. Dans mon cas, elle a été motivée par des raisons fiscales et par le désir de créer une entité distincte de ma personne. Rétrospectivement, j’aurais dû le faire plus tôt. J’ai payé beaucoup d’impôts la première année car mon comptable m’avait conseillé d’attendre d’atteindre un certain chiffre d’affaires, sans envisager que je pouvais créer une société sans me verser de salaire au début. C’est une leçon importante : il faut s’entourer de conseillers qui comprennent votre projet et anticipent la croissance, car ces décisions structurelles ont un impact financier direct et durable.

‘J’en veux un peu à mon comptable, il aurait pu me dire la première année, mets-toi directement en société ce que ce qu’il m’avait pas dit. […] Et et je te dis j’ai payé beaucoup d’impôts.’

7. Qu’est-ce qui pousse un freelance à vouloir se détacher de sa marque personnelle ?

Le désir de se détacher de sa marque personnelle vient souvent d’une vision à long terme. Quand on est ‘Jean Dupont, consultant SEO’, l’entreprise, c’est nous. C’est à la fois une force au début et une énorme limitation pour l’avenir. On ne peut pas prendre de vacances sans que le business s’arrête, la valeur de l’entreprise est difficile à céder et, personnellement, on peut se sentir piégé dans une identité professionnelle. Créer une agence, une marque distincte, c’est construire un actif qui peut grandir au-delà de sa propre personne, évoluer et même, un jour, fonctionner sans son fondateur.

‘Je veux pas l’avoir toute ma vie. Donc il faut que j’arrive d’une façon ou d’une autre à me détacher de ça. Et donc du coup, je pensais au système d’agence parce que je me dis ben c’est une façon de décorréler ma personne du métier que je fais.’


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