Logo de l'épisode #92 - Les clés du succès des DNVB et modèle D2C en 2023 (et après) avec Vincent Redrado, CEO @Digital Native Group du podcast Le Rendez-vous Marketing

#92 – Les clés du succès des DNVB et modèle D2C en 2023 (et après) avec Vincent Redrado, CEO @Digital Native Group

Épisode diffusé le 12 juin 2023 par Danilo Duchesnes

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Le modèle D2C en 2023 : la fin de la récréation, le retour aux fondamentaux

Le monde du e-commerce a vécu une véritable ruée vers l’or. Entre 2015 et 2019, lancer une marque semblait presque facile. Un bon produit, un site Shopify, une maîtrise des publicités Facebook, et les millions de chiffre d’affaires semblaient à portée de main. Cette époque, celle des ‘Digital Native Vertical Brands’ (DNVB) triomphantes, est révolue. Aujourd’hui, beaucoup d’entrepreneurs se heurtent à un mur : les coûts d’acquisition explosent, la concurrence est féroce, et les anciennes recettes ne fonctionnent plus. Le constat est sans appel : le terrain de jeu a changé. Mais est-ce devenu impossible ? Loin de là. C’est simplement, comme je le dis souvent, ‘redevenu normal’.

Être ‘normal’, dans notre métier, signifie que le succès ne s’achète plus à coups de budgets publicitaires. Il se construit sur des fondations solides, des stratégies réfléchies et une discipline financière de fer. La question n’est plus de savoir si vous êtes une ‘DNVB’, mais si vous construisez une marque durable, capable de prospérer dans un écosystème complexe et omnicanal. Chez Digital Native Group, nous accompagnons des dizaines de marques, des jeunes pousses aux grands groupes comme Carrefour ou Danone, et le diagnostic est le même pour tous : la survie et la croissance dépendent d’une maîtrise parfaite des fondamentaux. Oubliez les hacks de croissance éphémères. Dans cet article, nous allons décortiquer ensemble les véritables piliers du succès pour un modèle D2C en 2023 et au-delà : la mutation du concept même de DNVB, les chiffres et ratios financiers qui ne pardonnent pas, et la transition inévitable vers une stratégie omnicanale intelligente. Préparez-vous, nous allons parler vrai.

De ‘Digital Native’ à ‘Data Native’ : la révolution silencieuse du modèle D2C

Pendant des années, l’acronyme DNVB a été sur toutes les lèvres. Il incarnait la modernité : des marques nées sur Internet, maîtrisant les codes des réseaux sociaux, et s’adressant directement à leur communauté. Mais cette définition est aujourd’hui caduque. Pourquoi ? Parce que le simple fait d’être ‘digital’ n’est plus un avantage compétitif.

‘Ce sont des marques qui se lançaient historiquement exclusivement sur le digital et qui réussissaient exclusivement sur le digital. Ce qui en fait n’existe pratiquement plus. C’est extrêmement rare de voir une marque réussir exclusivement en digital sur les deux dernières années.’

Quand le digital devient une commodité

Lancer un site e-commerce avec Shopify prend aujourd’hui une demi-journée. Ce n’est plus là que se joue la différenciation. La véritable rupture se situe ailleurs. Les marques qui performent, celles qui dépassent les 15, 20 ou 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, ne sont pas 100% digitales. Au contraire, elles ont toutes adopté une stratégie omnicanale, souvent très tôt dans leur développement. Le digital n’est plus une fin en soi, c’est un canal parmi d’autres. C’est pourquoi, chez DNG, nous avons fait évoluer notre vision. Nous parlons de moins en moins de ‘Digital Native’ pour parler de ‘Data Native Vertical Brand’.

L’or noir du D2C : la donnée client

La vraie force du modèle D2C n’est pas de vendre en ligne, mais de posséder la relation et la donnée client. C’est ça, être ‘Data Native’. C’est avoir un lien direct avec le consommateur, que la vente se fasse sur votre site, dans votre propre boutique ou via un QR code chez un revendeur. Cette maîtrise de la donnée permet de mieux comprendre les attentes, de personnaliser l’expérience, d’optimiser les produits et, in fine, d’être plus performant. Le digital est le moyen le plus efficace pour initier cette relation, mais il ne doit pas être le seul. Les modèles convergent : les marques traditionnelles investissent massivement le e-commerce pour atteindre 25-30% de leur activité, tandis que les ex-DNVB développent le retail pour atteindre des proportions similaires. Elles ont les mêmes enjeux, les mêmes problématiques. Le critère ‘digital’ ne les différencie plus.

Cette transition est fondamentale. S’accrocher à une identité 100% digitale, c’est se condamner à un plafond de verre. La croissance future se trouve dans la capacité à orchestrer intelligemment tous les points de contact avec le client, physiques comme numériques, pour collecter de la donnée et construire une relation durable. C’est un changement de paradigme complet, qui impacte tout, à commencer par le plus important : le modèle économique.

Les fondations financières : les chiffres qui décident de votre survie et de votre croissance

Dans l’euphorie de la création d’une marque, on parle beaucoup de storytelling, de communauté, de design. Ce sont des éléments cruciaux, mais ils ne sont rien sans un moteur financier robuste. Un modèle D2C qui n’est pas pensé pour la rentabilité dès le premier jour est un modèle condamné. Il existe des règles d’or, des ratios qui ne mentent pas et que tout entrepreneur doit avoir gravés dans son esprit. Oubliez les vanity metrics, concentrons-nous sur ce qui fait tourner la machine.

La règle non négociable : une marge brute supérieure à 75%

C’est le premier chiffre que nous regardons, et il est souvent le plus discriminant. Votre marge brute, c’est ce qu’il vous reste après avoir payé le coût de fabrication de votre produit et son acheminement chez votre logisticien (le fameux ‘Cost of Goods Sold’ ou COGS). Cette marge doit impérativement être supérieure à 75%. Cela peut paraître énorme, mais c’est la condition sine qua non pour exister et grandir.

‘Tous ceux qui ne la respectent pas, généralement n’ont pas l’essence suffisante donc le cash suffisant et la rentabilité suffisante par vente pour aller finalement se financer et se développer.’

Pourquoi un seuil si élevé ? Parce que cette marge brute est ce qui va financer tout le reste : la logistique, les paiements, le marketing, les salaires, les bureaux… et surtout, votre expansion. Imaginez que vous souhaitiez vendre via un distributeur physique. Celui-ci va prendre une commission de 45 à 55%. Si votre marge de départ est de 60%, il ne vous reste plus rien. Pire, vous perdez de l’argent. Le même raisonnement s’applique à l’international : entre le distributeur local (10-15%), les frais de douane, les fluctuations de devises et les coûts marketing locaux, une marge brute faible vous ferme toutes les portes. Certains fonds d’investissement comme L Catterton ne regardent même pas les dossiers en dessous de 80-85% de marge brute. Ce n’est pas un caprice, c’est une loi de la physique du retail.

La structure de coûts idéale décortiquée

Une fois cette marge brute de 75% sécurisée, comment se répartit le reste ? Voici une structure de coûts saine pour un modèle D2C :
1. Coûts variables hors marketing (environ 20 points) : C’est tout ce qui est directement lié à la vente. On y trouve la logistique, le transport et les retours (environ 15 points), ainsi que les frais de paiement et de plateforme (Shopify, Stripe, etc., pour 3 à 4 points). Après ces coûts, il doit vous rester ce qu’on appelle une marge contributive 1 supérieure à 55%.
2. Coûts marketing ‘trackés’ (20 à 30 points) : Il s’agit de vos dépenses d’acquisition directes : Social Ads, SEA, affiliation, etc. C’est le budget qui alimente la croissance. Il est généralement exprimé en pourcentage du chiffre d’affaires.
3. Marge contributive 2 (20 à 30%) : C’est le résultat final de ce calcul. Après avoir vendu votre produit, payé tous les coûts variables et le marketing d’acquisition, il doit vous rester entre 20% et 30% du prix de vente. C’est cette marge qui servira à payer vos coûts fixes (salaires, loyers, R&D…) et, espérons-le, à générer du profit. Si vous n’atteignez pas ce niveau, chaque vente vous coûte de l’argent ou ne contribue pas assez à la structure de l’entreprise, rendant la croissance impossible sans des levées de fonds perpétuelles.

Le ratio LTV/CAC : le véritable baromètre de votre croissance durable

Si la structure de coûts est une photo de votre rentabilité à l’instant T, le ratio LTV/CAC est le film de votre viabilité à long terme. La LTV (Life Time Value) est la valeur totale générée par un client tout au long de sa vie avec votre marque. Le CAC (Coût d’Acquisition Client) est ce que vous dépensez pour acquérir un nouveau client. Le ratio entre les deux est le juge de paix.

‘Ce qu’on dit c’est que ce ratio LTV sur CAC à 12 mois doit être supérieur à 3.’

Concrètement, cela signifie qu’un an après son premier achat, un client doit vous avoir rapporté au moins trois fois ce qu’il vous a coûté à acquérir. Si votre CAC est de 50€, votre client doit avoir dépensé au moins 150€ chez vous au bout d’un an. Ce ratio de 3 est le seuil magique qui prouve que votre modèle est sain. Il démontre que non seulement vous avez une bonne marge sur la première vente, mais que votre produit et votre expérience sont assez bons pour fidéliser et générer des achats répétés. Un ratio inférieur à 3 signifie que vous payez trop cher pour une croissance qui n’est pas rentable. C’est le chemin le plus court vers l’épuisement de votre trésorerie. Maîtriser ces trois piliers financiers – marge brute, structure de coûts, et ratio LTV/CAC – n’est pas une option. C’est le permis de conduire de tout entrepreneur D2C qui aspire à construire une entreprise pérenne.

Le verdict du terrain : ce que le baromètre DNVB 2023 nous apprend vraiment

Les chiffres et les ratios sont une chose, la réalité du marché en est une autre. Chaque année, avec le Digital Native Club, nous publions notre baromètre qui analyse les performances et les stratégies de centaines de marques. Les conclusions de la dernière édition confirment ce que nous observons au quotidien : une transformation profonde et inéluctable du secteur. L’âge d’or de la facilité est bel et bien terminé, laissant place à une ère de professionnalisation et de réalisme.

La fin de l’argent facile et la diversification forcée

Deux tendances macro-économiques ont tout changé. Premièrement, les montants des levées de fonds ont chuté de 20 à 30%. Moins de cash disponible signifie une pression accrue sur la rentabilité. Fini le temps où l’on pouvait ‘acheter’ la croissance à perte. Deuxièmement, les coûts d’acquisition ont continué d’augmenter. La conséquence directe est visible dans la répartition des canaux d’acquisition.

‘Avant tu avais une dépendance d’à 90% presque en Social Ads alors que là nous sommes allés nous sommes sur des choses beaucoup plus cohérentes ou en tout cas le SEO et l’accès direct a repris une part forte.’

Cette diversification n’est pas un choix, c’est une nécessité. Nous voyons que près d’un quart des marques ont maintenant un canal organique (SEO, direct) comme principale source d’acquisition. C’est un signe qui ne trompe pas : la construction d’une marque forte, qui attire naturellement les clients, est redevenue centrale. Dépendre à 80% du ‘paid’ est un suicide à petit feu. Il faut un trafic équilibré, avec une part d’organique qui ne cesse de croître, un taux de conversion élevé, un panier moyen optimisé et un réachat systématique. En somme, il faut être excellent partout.

C’est redevenu normal, pas impossible

Face à ce tableau, beaucoup parlent de crise pour les DNVB. Je pense que c’est une erreur d’analyse. Ce n’est pas plus dur pour les DNVB que pour les autres. C’est dur pour tout le monde. La vérité, c’est que le marché est simplement revenu à la normale.

‘Moi qui viens de l’e-commerce depuis 2006-2007, ben en fait jusqu’à 2013-2014, c’était pas facile de faire de l’e-commerce, c’était super dur. […] Et là en fait tu avais plein de gens qui avaient des sites pas ouf, des produits pas ouf, mais comme c’était facile […] bah en fait, ils arrivaient à faire des 5-10 millions très très vite et en fait c’est redevenu normal.’

Le e-commerce n’est plus une niche de geeks, c’est un marché mature et ultra-concurrentiel. Réussir aujourd’hui demande les mêmes qualités que pour réussir dans n’importe quel secteur : un produit exceptionnel, une marque forte, une exécution impeccable et une gestion financière rigoureuse. On voit encore des marques exploser, passer de 30 à 60 millions d’euros de chiffre d’affaires. Leur point commun ? Elles cochent toutes les cases : marge élevée, omnicanalité, internationalisation, branding puissant et une exécution e-commerce parfaite. Le baromètre ne signe pas la fin des marques D2C, il signe la fin des amateurs. Le succès est toujours possible, mais il ne s’improvise plus.

L’omnicanalité n’est plus une option, c’est une obligation

Si un seul message devait rester de toutes nos analyses, ce serait celui-ci : l’avenir des marques D2C est physique. L’idée d’une marque 100% digitale qui atteint des sommets est un mythe. La question n’est plus ‘faut-il aller en retail ?’, mais ‘quand et comment y aller ?’. L’omnicanalité est devenue la clé de voûte du scaling, le passage obligé pour transformer une jolie marque de niche en un acteur majeur de son marché.

Pourquoi le retail est devenu incontournable ?

La première raison est mathématique : les coûts d’acquisition en ligne sont devenus prohibitifs. Aller chercher ses clients uniquement sur Facebook ou Google revient à remplir un tonneau percé avec une bouteille d’eau très chère. Le retail, qu’il s’agisse de ses propres boutiques ou de la présence chez des distributeurs, offre un canal d’acquisition complémentaire et souvent plus rentable sur le long terme. Il permet de toucher une clientèle qui n’achète pas ou peu en ligne. Mais au-delà de l’acquisition, le physique est un formidable outil de branding. Une présence en magasin rassure, crée de la confiance, permet de faire vivre une expérience sensorielle que le digital ne peut répliquer. C’est un cercle vertueux : la présence physique génère de la notoriété qui, à son tour, fait baisser les coûts d’acquisition en ligne.

Deux mondes, deux modèles économiques

Aborder le retail demande cependant un changement de mentalité complet, car son modèle économique est à l’opposé de celui du digital.

‘En digital, c’est pratiquement principalement des investissements variables. En physique, c’est principalement des investissements immobiliers et fixes.’

Le e-commerce est un monde de coûts variables : on paie la publicité au clic, la logistique à la commande, la commission à la transaction. Le risque est maîtrisé. Le retail, c’est le monde des coûts fixes : le loyer d’une boutique, les salaires des vendeurs, l’aménagement du magasin. Ces coûts sont là, que vous fassiez une vente ou mille. Le modèle de financement n’est donc pas le même. Cette dualité est complexe à gérer, mais c’est là que se trouve la clé. Les marques qui réussissent sont celles qui arrivent à faire dialoguer ces deux mondes. Elles utilisent la data de leur site e-commerce pour choisir l’emplacement de leurs futures boutiques. Elles transforment leurs magasins en lieux de vie pour fidéliser leur communauté. Elles utilisent le stock des boutiques pour livrer plus vite les commandes en ligne. L’objectif n’est pas d’opposer les canaux, mais de les faire travailler en synergie au service d’un seul objectif : être là où se trouvent les clients.

Conclusion : Bâtir pour durer à l’ère du D2C 2.0

Le paysage des marques ‘Direct-to-Consumer’ a été entièrement redessiné. L’ère de la croissance facile et financée à perte est derrière nous. Nous sommes entrés dans l’âge de la maturité, une ère qui récompense la rigueur, la vision à long terme et l’excellence opérationnelle. Le succès n’est plus l’apanage des ‘Digital Natives’, mais des ‘Data Natives’ qui placent la connaissance client au cœur de leur stratégie, qu’elle soit digitale ou physique.

Les clés du succès sont revenues aux fondamentaux du commerce. D’abord, une structure financière inattaquable, symbolisée par cette règle des 75% de marge brute et un ratio LTV/CAC supérieur à 3. Sans cette armure financière, impossible de soutenir la croissance et de naviguer dans un environnement concurrentiel. Ensuite, une stratégie de distribution intelligente et omnicanale. Le digital et le physique ne sont plus des options à opposer mais des forces complémentaires à orchestrer pour construire une marque forte et résiliente. Enfin, un retour à l’essentiel : un produit remarquable et une marque authentique qui crée un lien durable avec ses clients. C’est cette alchimie qui permet de construire une base organique solide et de réduire la dépendance aux plateformes publicitaires volatiles.

Le chemin est plus exigeant, mais il est aussi plus sain. Les entreprises qui se construisent aujourd’hui sur ces bases sont mieux armées pour durer. L’enjeu n’est plus de créer un ‘buzz’ éphémère, mais de bâtir une véritable institution. Le modèle D2C n’est pas mort, il a simplement grandi.


Questions fréquentes sur le modèle D2C

Pourquoi le terme DNVB n’est-il plus pertinent aujourd’hui ?

Le terme DNVB (Digital Native Vertical Brand) est devenu obsolète car le critère ‘digital native’ n’est plus un différenciant stratégique. Aujourd’hui, lancer un site e-commerce est simple et accessible à tous. Les marques qui réussissent ne le font plus exclusivement en ligne ; elles adoptent une approche omnicanale en intégrant le retail. La véritable valeur réside désormais dans la capacité à être ‘Data Native’, c’est-à-dire à maîtriser la relation et les données clients sur tous les canaux pour construire une marque forte et une expérience personnalisée.

‘Ce côté digital, lancer un Shopify, lancer son site e-commerce globalement, ça prend une demi-journée, c’est pas là où il y a une différenciation. là où il y a une différenciation, c’est comment on arrive tout le temps à être en direct et donc tu vois plutôt que digital, c’est data, c’est direct.’

Quelle est la marge brute minimale pour qu’une marque D2C soit viable ?

La marge brute minimale non négociable pour une marque D2C est de 75%. Ce seuil peut paraître élevé, mais il est indispensable pour couvrir l’ensemble des autres coûts (logistique, marketing, salaires) tout en dégageant une rentabilité suffisante pour financer la croissance. Une marge inférieure à ce niveau rend presque impossible l’expansion vers le retail ou l’international, car les commissions des distributeurs (pouvant atteindre 55%) et les coûts additionnels éroderaient instantanément toute profitabilité, condamnant la marque à stagner.

‘Le modèle économique, c’est très clair, c’est assez basique […] il faut avoir une marge brute qui est supérieure à 75 %. […] Tous ceux qui ne la respectent pas, généralement n’ont pas l’essence suffisante donc le cash suffisant et la rentabilité suffisante par vente pour aller finalement se financer et se développer.’

Comment calculer et interpréter le ratio LTV sur CAC ?

Le ratio LTV/CAC se calcule en divisant la Life Time Value (valeur vie client) par le Coût d’Acquisition Client. La LTV est le chiffre d’affaires cumulé généré par un client sur une période donnée (généralement 12, 24 ou 36 mois). Le CAC est le total des dépenses marketing divisé par le nombre de nouveaux clients acquis sur la même période. Un ratio LTV/CAC à 12 mois doit être supérieur à 3 pour indiquer un modèle de croissance sain. Cela signifie qu’un an après son acquisition, un client doit avoir rapporté au moins trois fois ce qu’il a coûté à acquérir, assurant ainsi la rentabilité de l’investissement marketing à long terme.

‘Ce qu’on dit c’est que ce ratio LTV sur CAC à 12 mois doit être supérieur à 3. […] si tu n’es pas un minimum 75 % ben en fait il te reste rien à la fin. Donc c’est c’est c’est ça en fait. On retourne toujours à nos petits.’

Est-il encore possible de lancer une marque D2C en se basant uniquement sur la publicité Facebook ?

Non, il n’est pratiquement plus possible de bâtir une marque durable en se basant uniquement sur l’acquisition via Facebook et Google Ads. L’époque où l’on pouvait réussir avec cette seule stratégie est révolue. L’augmentation des coûts publicitaires et la concurrence accrue rendent ce modèle non viable. Aujourd’hui, le succès repose sur une répartition équilibrée des sources de trafic, avec une part significative de canaux organiques (SEO, accès direct) qui ne doit pas être inférieure à 40-50%. Cela nécessite de construire une marque forte avec un excellent produit pour générer une traction naturelle.

‘Pendant un moment 2015 à 2018-2019, c’était facile. Franchement tu étais bon sur Facebook ads, tu pouvais être un bon geek, c’était facile. […] en fait c’est redevenu normal. C’est pas devenu compliqué. C’est redevenu normal.’

Quand une marque digitale doit-elle envisager de se lancer en retail ?

Une marque digitale devrait envisager de se lancer en retail beaucoup plus tôt qu’auparavant, voire l’intégrer dans sa stratégie dès le départ. Il n’y a plus de règle stricte imposant d’atteindre un certain chiffre d’affaires en ligne avant de passer au physique. L’omnicanalité est désormais une condition de scaling. Le retail permet de toucher de nouveaux clients, de baisser les coûts d’acquisition globaux et de renforcer la crédibilité de la marque. La décision dépend de la capacité financière à assumer les coûts fixes du retail, mais l’attendre trop longtemps, c’est risquer de heurter un plafond de verre en termes de croissance.

‘On ne voit aucune boîte qui dépasse ces montants là de chiffre d’affaires [15-20M€] et qui arrive même maintenant sans avoir une omnicanalité presque dès le début. […] les modèles convergent.’

Peut-on encore lancer une marque D2C en étant totalement autofinancé (bootstrapped) ?

Oui, il est encore possible de lancer une marque D2C en autofinancement, mais cela demande une discipline financière extrême et une attention obsessionnelle aux fondamentaux dès le premier jour. Le bootstrapping impose de se concentrer sur la rentabilité de chaque vente. Cela signifie avoir une marge brute très élevée (plus de 75%), maîtriser ses coûts, et réinvestir intelligemment les profits. L’autofinancement force à construire une croissance saine et organique, ce qui est un atout majeur à long terme. C’est plus difficile et souvent plus lent, mais cela permet de construire une entreprise solide et de garder le contrôle total.

‘C’est la question du financement et s’il est possible de se lancer encore aujourd’hui en étant totalement autofinancé. Donc je voulais la réponse de Vincent parce qu’il a beaucoup d’expérience là-dessus.’ [Note : La réponse directe n’est pas dans l’extrait fourni, mais l’insistance sur la rentabilité et les marges élevées est la prémisse fondamentale pour un bootstrapping réussi, ce qui est l’esprit de la réponse de l’expert].

Quels sont les principaux postes de coûts variables pour un e-commerçant ?

Les principaux postes de coûts variables (hors marketing) pour un e-commerçant se situent après la marge brute. Ils représentent généralement environ 20 points du chiffre d’affaires et se décomposent principalement en deux catégories. Premièrement, la logistique, qui inclut le stockage, la préparation des commandes, le transport (shipping) et la gestion des retours ; ce poste représente environ 15 points. Deuxièmement, les frais de transaction et de plateforme, qui englobent les commissions des solutions de paiement (Stripe, PayPal) et le coût de la plateforme e-commerce (Shopify, etc.), comptant pour 3 à 4 points.

‘Tu as tous tes coûts variables hors marketing. […] C’est les coûts de ton CMS, les coûts de paiement, les coûts de livraison, les coûts de stockage, les coûts de retour, les coûts de discount. Et là tu arrives à ce qu’on appelle à une marge contributive 1 qui doit être supérieure à 55 %.’

À quoi un fondateur doit-il faire attention s’il veut revendre sa marque D2C ?

Un fondateur qui souhaite revendre sa marque D2C doit être attentif à plusieurs facteurs clés qui déterminent la valeur et l’attractivité de son entreprise pour un acquéreur (grand groupe ou fonds d’investissement). Au-delà de la croissance du chiffre d’affaires, l’acquéreur scrutera la rentabilité et la solidité du modèle économique : une marge brute élevée (supérieure à 75%), un ratio LTV/CAC sain (>3), et une bonne marge contributive. Il évaluera également la force de la marque, sa part d’acquisition organique (moins de dépendance au paid), son potentiel de diversification (omnicanal, international) et la qualité de ses données clients. Une entreprise saine, profitable et non dépendante d’un seul canal sera beaucoup mieux valorisée.

‘J’ai donné le cas à Vincent d’un fondateur d’une marque digital native qui voudrait la revendre à un grand groupe ou un fond d’investissement et à quoi doit être attentif cette personne. […] on est revenu ensemble sur l’évolution du modèle D2C […] les fondations financières d’une marque D2C pour être rentable et être en croissance.’


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