Logo de l'épisode #89 - Se faire une place dans le marché (ultra concurrentiel) des compléments alimentaires sans lever des fonds avec Lisa Souloy et Anouk Le Terrier, Co-Founder @Dijo (1/2) du podcast Le Rendez-vous Marketing

#89 – Se faire une place dans le marché (ultra concurrentiel) des compléments alimentaires sans lever des fonds avec Lisa Souloy et Anouk Le Terrier, Co-Founder @Dijo (1/2)

Épisode diffusé le 15 mai 2023 par Danilo Duchesnes

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Comment percer dans le marché ultra-concurrentiel des compléments alimentaires : L’histoire de Dijo

Le marché du bien-être et des compléments alimentaires est souvent perçu comme une forteresse imprenable. Saturé, dominé par des géants aux budgets marketing colossaux, il semble ne laisser aucune place aux nouveaux entrants. Comment, dans ce contexte, deux amies d’enfance, sans expérience dans le digital et sans levée de fonds, peuvent-elles non seulement lancer leur marque, mais aussi la hisser au rang de leader sur une niche aussi spécifique que le bien-être du ventre ? C’est le défi qu’ont relevé Anouk Le Terrier et Lisa Souloy, les co-fondatrices de Dijo. Leur parcours est une véritable masterclass pour tout entrepreneur qui pense que l’audace, la vision et une connexion authentique avec sa communauté valent plus que tous les millions du monde. Ce n’est pas seulement l’histoire d’une réussite commerciale, c’est celle d’une mission née d’une épreuve personnelle, transformée en une entreprise qui a généré plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires en seulement un mois après une apparition télévisée remarquée. Nous allons décortiquer ensemble les étapes de cette croissance fulgurante, de la première campagne de crowdfunding à 12 000 € à la construction d’une communauté de plus de 200 000 abonnés. Préparez-vous à plonger dans les coulisses d’une aventure entrepreneuriale qui prouve que se concentrer sur un problème précis, le résoudre mieux que personne et construire une relation de confiance inébranlable avec ses clients est la stratégie la plus puissante pour se faire une place, même dans l’arène la plus compétitive.

De l’idée à la réalité : les fondations d’une marque née d’une mission

Toute grande aventure entrepreneuriale commence souvent par une étincelle, un moment de bascule où un problème personnel se transforme en une mission universelle. Pour Dijo, cette étincelle n’a pas jailli d’une étude de marché ou d’un business plan à trois ans, mais d’une expérience intime et révélatrice. C’est en partant de ce vécu authentique, sans filet de sécurité financier ni bagage technique, qu’Anouk et Lisa ont posé les premières pierres de leur édifice. Leur démarche initiale, loin des canons de la Silicon Valley, repose sur trois piliers fondamentaux : une cause personnelle, une validation par le marché à échelle humaine, et une courbe d’apprentissage digitale accélérée. Cette phase de démarrage est cruciale, car elle forge l’ADN de la marque : une entreprise centrée sur l’humain, qui apprend en marchant et qui place la validation de son intuition au cœur de sa stratégie.

Le déclic personnel : quand une épreuve se transforme en mission d’entreprise

L’histoire de Dijo est profondément ancrée dans le réel. Elle débute en 2018, non pas dans une salle de réunion, mais face à un défi de santé. Anouk est confrontée à un déséquilibre hormonal pour lequel la médecine traditionnelle propose un traitement à vie. C’est à ce moment précis que le cours de leur vie change. En se tournant vers une alternative, les probiotiques, elle découvre une voie inexplorée mais incroyablement puissante. Comme le raconte Lisa :

‘en fait grâce aux probiotiques, [Anouk] va finalement retrouver vraiment un équilibre de vie qui va lui permettre d’éviter ce fameux traitement hormonal. Et à ce moment-là vraiment on se dit mais c’est incroyable le ventre est au cœur de notre santé et pourtant on n’en est pas conscient’.

Cette prise de conscience est le véritable acte de naissance de Dijo. Ce n’est pas une simple idée de produit, c’est une révélation. Elles réalisent que le bien-être du ventre, le microbiote, est un sujet majeur de santé publique, mais largement sous-estimé et mal compris. Leur mission devient alors évidente : éduquer, démocratiser et fournir les meilleurs outils pour prendre soin de son ventre. Cette origine personnelle confère à la marque une authenticité et une crédibilité immédiates. Elles ne vendent pas un produit ; elles partagent une solution qui a fonctionné pour l’une d’entre elles. Cette sincérité sera le fil conducteur de toute leur communication et le socle de la confiance qu’elles bâtiront avec leur future communauté.

Le crowdfunding comme preuve de concept, pas comme levier financier

Armées de leur mission mais dépourvues de capitaux, Anouk et Lisa se heurtent à la première réalité de l’entrepreneuriat : comment financer la première production ? Plutôt que de chercher des investisseurs, elles optent pour une approche plus directe et plus révélatrice : une campagne de financement participatif sur Ulule. Cependant, leur objectif est radicalement différent de celui de nombreuses campagnes spectaculaires. Il ne s’agit pas de lever des centaines de milliers d’euros pour créer un buzz médiatique. Comme le souligne Anouk, l’approche était beaucoup plus humble et pragmatique :

‘C’est pas du tout une campagne qu’on fait dans une optique business qu’on a préparé avec de la presse, des ads. Nous donc on a touché forcément notre premier cercle, en fait nos amis, nos proches.’

L’enjeu principal était ailleurs : valider leur intuition. Le ventre est-il réellement un sujet qui préoccupe les gens ? Sont-ils prêts à investir dans une solution préventive comme une cure de probiotiques ? La campagne devient un test de marché en temps réel. En récoltant 12 000 €, elles obtiennent bien plus que de l’argent : elles obtiennent une preuve, un signal fort que leur idée résonne auprès d’un public. Cet épisode est une leçon essentielle : avant de chercher à scaler, il faut s’assurer que l’on répond à un besoin réel. Le crowdfunding, utilisé intelligemment, est l’un des meilleurs outils pour obtenir cette validation cruciale sans prendre de risques financiers démesurés.

Apprendre le digital ‘sur le tas’ : quand ‘Google est votre meilleur ami’

Avec une idée validée et un premier financement en poche, un nouveau défi se présente : construire une présence en ligne. Et là encore, leur point de départ est un terrain vierge. Elles l’admettent sans détour :

‘On a tout appris sur le tas. (…) Google était notre meilleur ami parce que pour le coup, que ce soit site internet, social média, on savait rien faire du tout.’

Cette confession est décomplexante pour des milliers d’aspirants entrepreneurs paralysés par le syndrome de l’imposteur technique. Le parcours de Dijo montre que la maîtrise des outils digitaux n’est pas un prérequis, mais une compétence qui s’acquiert par la pratique et la nécessité. Elles ont dû comprendre comment créer un site e-commerce, probablement sur des plateformes comme Shopify, comment animer une page Instagram, comment rédiger des descriptions de produits, comment interagir avec les premiers clients en ligne. Cette phase d’apprentissage intensif, bien que difficile, a un avantage immense : elle leur donne une compréhension profonde et intime de chaque rouage de leur entreprise. Elles ne délèguent pas des tâches qu’elles ne comprennent pas ; elles construisent chaque brique de leur écosystème digital, ce qui leur permettra plus tard de piloter leurs équipes et agences avec une bien meilleure acuité.

Bâtir une forteresse : la puissance de la niche et de la communauté

Une fois les fondations posées, la véritable construction commence. Dans un paysage digital où l’attention est la ressource la plus rare, Dijo a compris qu’il ne suffisait pas d’exister, il fallait compter. Pour cela, elles ont adopté une stratégie à contre-courant de la pensée dominante qui prône souvent la diversification rapide et la conquête de larges marchés. Au contraire, Anouk et Lisa ont décidé de creuser un fossé profond autour d’une seule et même thématique : le ventre. Cette obsession pour leur niche, combinée à un travail acharné pour fédérer une communauté engagée, leur a permis de construire une véritable forteresse. Une marque reconnue non pas comme un simple vendeur de compléments, mais comme l’autorité référente sur son sujet. Cette stratégie a été leur meilleur rempart contre la concurrence et leur plus puissant moteur de croissance organique, bien avant que les budgets publicitaires n’entrent en jeu.

‘Le ventre, notre unique obsession’ : le courage de refuser la diversification

Dès les premiers succès, la tentation – et la pression extérieure – de se diversifier est immense. Le milieu de l’investissement et de l’entrepreneuriat est friand d’histoires de marques qui adressent de multiples marchés. Pourtant, Dijo a fait le choix audacieux de rester hyper-spécialisé. Anouk explique la difficulté de tenir ce cap :

‘On a beaucoup d’échos qui nous disent c’est important de diversifier votre gamme, il faut pas être trop niche, vous fermez des cibles. (…) les gens ne nous ont pas encouragé en nous disant c’est super, c’est votre marqueur différenciant, au contraire.’

Tenir bon face à ces conseils ‘avisés’ demandait une conviction inébranlable en leur mission. Elles avaient compris un principe fondamental du marketing moderne : il vaut mieux être indispensable pour une petite audience que simplement intéressant pour une grande. En se positionnant comme ‘l’expert du ventre’, Dijo crée une barrière à l’entrée. Les clients ne viennent pas chercher de simples probiotiques, ils viennent chercher la solution de Dijo. Cette expertise pointue devient un gage de confiance et de réassurance. Comme elles le soulignent, l’objectif est de ‘devenir leader d’opinion sur une niche’. C’est ce qui leur permet de capter l’attention et de fidéliser une audience qui sait exactement pourquoi elle les suit.

L’ère organique : créer une communauté avant de créer des clients

Pendant plus d’un an, la croissance de Dijo s’est faite sans dépenser un seul euro en publicité payante. Une approche qui peut sembler idéaliste aujourd’hui, mais qui a été la clé de leur solidité. Leur stratégie était simple et redoutablement efficace : aller à la rencontre des gens, physiquement et digitalement.

‘On prend nos vélos, on fait le tour des salles de sport de Paris, on fait un maximum d’événements en fait pour rencontrer des gens.’

Cette démarche de terrain, combinée à une présence active sur Instagram, leur a permis de tisser des liens authentiques. À l’époque, l’algorithme d’Instagram était plus favorable à la portée organique, et elles ont su en tirer parti en proposant du contenu éducatif de valeur et en nouant des partenariats non rémunérés avec des micro-influenceurs. Le principe était un échange de visibilité et de valeur, créant un cercle vertueux. Elles n’ont pas cherché à acquérir des clients, mais à rassembler des personnes concernées par leur message. La vente était une conséquence naturelle de la confiance et de l’intérêt suscités. Cette base communautaire, construite ‘à la sueur de leur front’, s’est avérée être un actif inestimable lorsque, plus tard, elles ont commencé à investir dans les publicités. Elles ne partaient pas de zéro, elles amplifiaient un message qui avait déjà fait ses preuves.

Le Covid, un accélérateur inattendu pour le digital et le bien-être

Alors que Dijo se projetait initialement vers une distribution physique, la crise du Covid-19 a agi comme un électrochoc, forçant une concentration totale sur le digital. Ce qui aurait pu être un frein s’est transformé en un formidable accélérateur.

‘On est forcé de se concentrer à 2000 % sur le digital. C’est là qu’on découvre bah les ads, la newsletter, on se met à faire des lives sur Instagram.’

Le confinement a créé une situation inédite : les gens avaient du temps, étaient connectés et développaient une sensibilité accrue pour leur santé et leur bien-être. Dijo était parfaitement positionné pour répondre à cette nouvelle demande. Leurs lives Instagram, leurs contenus éducatifs et leur newsletter ont trouvé une audience captive et réceptive. La crise a validé leur mission de manière spectaculaire : prendre soin de soi n’était plus un luxe, mais une nécessité. La communauté a explosé durant cette période, non seulement parce que leur sujet était pertinent, mais aussi parce qu’elles ont su utiliser tous les outils digitaux à leur disposition pour maintenir le lien, éduquer et accompagner. Le Covid n’a pas créé le succès de Dijo, mais il a considérablement accéléré sa trajectoire digitale et renforcé la pertinence de son message auprès du grand public.

Le conseil comme pilier de la croissance : plus qu’un produit, un accompagnement

Dans l’univers des compléments alimentaires, où l’efficacité d’un produit n’est pas toujours immédiatement perceptible, la simple transaction commerciale ne suffit pas à construire une marque durable. Un client qui achète une boîte de gélules et ne ressent aucun effet est un client perdu à jamais. Anouk et Lisa l’ont compris dès le premier jour. La véritable force de Dijo ne réside pas seulement dans la qualité de ses formulations, mais dans l’écosystème de conseil et d’accompagnement qu’elles ont bâti autour de leurs produits. Cette approche, qui transforme une simple vente en une relation de soin, est le moteur de leur fidélisation exceptionnelle. En adoptant une posture d’éducateur et de partenaire plutôt que de vendeur, Dijo a créé une valeur ajoutée immense qui justifie non seulement le prix de ses produits, mais surtout, qui incite les clients à rester et à devenir leurs meilleurs ambassadeurs.

‘Il n’y a pas de gélule magique’ : l’honnêteté comme stratégie de fidélisation

Le discours de Dijo détonne dans un secteur souvent prompt aux promesses miracles. Leur credo est simple et puissant : la transparence radicale. Elles sont les premières à affirmer qu’un complément alimentaire, aussi bon soit-il, ne peut pas tout résoudre seul.

‘On a un truc d’être très transparente, de dire il y a pas de gélule magique, il y a pas de gélule miracle. Et c’est un c’est une vraie force et ça pourrait être un peu bizarre de dire ça d’une part de complément (…) d’une marque de compléments alimentaires et pourtant c’est essentiel.’

Cette honnêteté est une stratégie à double tranchant qui, sur le long terme, s’avère gagnante. Elle filtre peut-être les clients à la recherche d’une solution rapide et sans effort, mais elle attire et fidélise ceux qui sont engagés dans une démarche de bien-être globale. En expliquant que les résultats dépendent aussi de l’hygiène de vie, de l’alimentation ou du niveau de stress, Dijo éduque ses clients et gère leurs attentes. Cette approche prévient la déception et renforce la crédibilité de la marque. Un client qui comprend le ‘pourquoi’ derrière sa cure est plus susceptible de s’y tenir et de voir les bénéfices, créant ainsi une boucle de satisfaction et de confiance.

Du diagnostic en ligne à la consultation : structurer le conseil à grande échelle

Au tout début, l’accompagnement était artisanal. Anouk et Lisa appelaient personnellement leurs clients pour comprendre leurs besoins et suivre leurs progrès. Mais avec la croissance, ce modèle n’était plus tenable. Pour scaler cette proximité sans la dénaturer, elles ont dû structurer leur approche. La première étape a été la création d’un ‘diagnostic du ventre en ligne’. Cet outil digital permet de poser une série de questions ciblées pour orienter chaque personne vers la routine de produits la plus adaptée à ses symptômes et objectifs. C’est une manière automatisée mais personnalisée de reproduire le premier niveau de conseil. Pour aller plus loin, elles ont mis en place un service payant de consultation diététique en ligne. Cette offre premium permet un accompagnement sur-mesure avec un professionnel de santé. En structurant ainsi leur offre de conseil, de l’outil gratuit et accessible à tous à la prestation experte, Dijo réussit le pari de maintenir un lien fort avec sa communauté tout en gérant des milliers de clients. Elles ne vendent pas seulement des produits ; elles vendent un parcours complet vers le bien-être.

Du client à l’ambassadeur : le ‘repeat’ comme véritable indicateur de succès

La conséquence directe de cette stratégie d’accompagnement est un taux de rachat (le ‘repeat’) exceptionnellement élevé. C’est le véritable indicateur de la santé de l’entreprise. Comme l’explique Anouk, l’efficacité est la clé :

‘L’efficacité qui fait que tu vas reconsommer des compléments alimentaires. (…) si tu achètes une fois une boîte de probiotiques à 40 €, [et que ça n’a] fait [aucun effet], tu vas jamais recommander. Et donc nous la force de Dijo c’est d’avoir un gros repeat client parce que les gens sont convaincus.’

Cette conviction ne vient pas seulement du produit, mais aussi du fait que le client se sent compris et guidé. Si un client n’est pas satisfait, l’équipe de Dijo ne se contente pas de traiter un retour ; elle cherche à comprendre pourquoi. Est-ce un problème de porosité intestinale ? D’acidité ? Le dialogue qui s’instaure permet d’ajuster la routine et de trouver la bonne solution. Ce service après-vente proactif transforme une potentielle insatisfaction en une expérience positive. Un client ainsi accompagné devient non seulement fidèle, mais aussi un ambassadeur puissant. Il ne recommandera pas juste un produit, mais une marque qui l’a véritablement aidé. Dans un modèle autofinancé, où chaque euro compte, la valeur à vie d’un client (LTV) est bien plus importante que le coût d’une première acquisition.

Stratégie produit et rentabilité : l’art d’augmenter le panier moyen

Une mission forte et une communauté engagée sont des piliers essentiels, mais pour une entreprise autofinancée, la rentabilité est la condition sine qua non de la survie et de la croissance. La première année, Dijo fonctionnait avec un seul produit phare : sa cure de probiotiques. Si cela a permis de valider le marché et de construire une notoriété, le modèle a vite montré ses limites en termes de profitabilité. Avec un panier moyen autour de 40€, les marges pour réinvestir dans le marketing, le développement et l’équipe étaient minces. Le véritable tournant financier pour Dijo a été le passage d’une stratégie mono-produit à une offre complète et cohérente. En développant une gamme de ‘soins du ventre’ qui complètent l’action des probiotiques, elles ont non seulement répondu plus finement aux besoins de leurs clients, mais elles ont surtout réussi à doubler leur panier moyen. Cette évolution stratégique a été le ‘game changer’ qui a débloqué leur croissance et rendu leur modèle économique viable à grande échelle.

De un à cinq produits : le passage clé du million d’euros

La première année, avec son unique cure de probiotiques, Dijo a réalisé un chiffre d’affaires de 350 000 €. Une performance honorable, mais c’est l’année suivante que tout a changé. En écoutant attentivement les retours de leur communauté, Anouk et Lisa ont identifié des besoins complémentaires que les probiotiques seuls ne pouvaient combler.

‘On a compris ce qu’ils attendaient, que c’était un problème parfois (…) de porosité intestinale, de réparer sa paroi intestinale, d’acidité.’

C’est ainsi qu’est née la gamme des ‘soins du ventre’ : des produits à base de plantes, d’enzymes et d’actifs naturels conçus pour agir sur des problématiques ciblées (détox du foie, renforcement de la paroi intestinale, etc.). En passant de un à cinq produits, l’entreprise a franchi un cap majeur. Les résultats financiers ont suivi immédiatement : lors de cette deuxième année, Dijo a dépassé la barre symbolique du million d’euros de chiffre d’affaires. Cette expansion de gamme n’était pas une diversification hasardeuse, mais une extension logique de leur expertise. Chaque nouveau produit renforçait leur positionnement d’expert du ventre, tout en offrant des solutions plus complètes et personnalisées à leurs clients.

L’équation de la rentabilité : doubler le panier moyen pour financer la croissance

Le passage à une gamme plus large a eu un impact direct et massif sur le principal levier de rentabilité en e-commerce : le panier moyen. Un client qui venait initialement pour une cure de probiotiques pouvait désormais se voir recommander, via le diagnostic en ligne, une routine complète associant deux ou trois produits. Le résultat fut spectaculaire.

‘On est passé en terme de panier moyen de 40 € à 80 € parce qu’on est passé de un à deux produits quasiment, parfois trois même. (…) Et donc c’est ça qui a été game changer pour nous en terme de rentabilité.’

Doubler le panier moyen change radicalement l’économie d’une entreprise. Cela signifie que pour chaque client acquis, le chiffre d’affaires généré est deux fois plus important. Cette augmentation de la valeur par commande a un effet domino : elle permet de rendre les campagnes publicitaires rentables même avec des coûts d’acquisition en hausse, elle dégage des marges plus importantes pour investir dans la R&D, le recrutement ou le stock, et elle accélère la croissance globale de l’entreprise. Pour une marque qui n’a pas levé de fonds, cette optimisation de la rentabilité par client est absolument vitale. C’est ce qui leur a donné l’oxygène financier nécessaire pour continuer à se développer de manière saine et autonome.

Conclusion : Les leçons d’une croissance authentique et maîtrisée

L’aventure Dijo est bien plus qu’une simple success story dans le monde des DNVB. C’est un véritable manifeste pour un entrepreneuriat moderne, authentique et résilient. Le parcours de Lisa Souloy et Anouk Le Terrier nous enseigne que les plus grandes entreprises ne naissent pas forcément des plus grands financements, mais des missions les plus sincères. Elles ont prouvé qu’en se concentrant sur la résolution obsessionnelle d’un problème précis – le bien-être du ventre – il est possible de bâtir une marque leader sur un marché que l’on disait imprenable. Leur succès repose sur des principes fondamentaux souvent négligés à l’ère de la croissance à tout prix : l’hyper-spécialisation comme armure, la construction d’une communauté organique comme fondation, le conseil comme levier de fidélisation, et une stratégie produit intelligente comme moteur de rentabilité. Dijo nous rappelle que derrière chaque transaction, il y a un être humain en quête de solutions et de confiance. En choisissant d’être des partenaires de bien-être avant d’être des vendeuses, elles ont créé une relation durable avec leurs clients, transformant ces derniers en véritables ambassadeurs. Leur histoire est une invitation à tous les entrepreneurs à rester fidèles à leur vision, à écouter leur communauté plus que les sirènes de la diversification facile, et à construire, pas à pas, une entreprise qui a non seulement du succès, mais surtout, du sens.


Questions fréquentes (FAQ)

Comment Dijo s’est-il différencié dans le marché saturé des compléments alimentaires ?

Dijo a réussi à se différencier grâce à une stratégie d’hyper-spécialisation radicale. Plutôt que de proposer une large gamme de compléments pour divers besoins, la marque a choisi de se concentrer exclusivement sur le bien-être du ventre et le microbiote intestinal. Cette approche de niche leur a permis de devenir l’expert reconnu sur ce sujet précis. En refusant la diversification rapide, elles ont bâti une crédibilité et une autorité qui rassurent les consommateurs. Ce positionnement clair, combiné à un fort pilier éducatif et un accompagnement client, a créé une barrière à l’entrée que les marques plus généralistes peinent à franchir.

‘Les gens ils nous suivent pour des conseils sur le ventre, pour s’informer sur le ventre. (…) c’est hyper important quand tu veux construire une communauté de bah devenir vraiment l’ambassadeur sur un sujet.’

Faut-il avoir une communauté avant de lancer son produit ?

Le parcours de Dijo montre que ce n’est pas une obligation absolue. Elles ont lancé leur campagne de crowdfunding sur Ulule sans communauté préexistante et l’ont construite en parallèle. La campagne elle-même a été un catalyseur pour rassembler les premières personnes intéressées. L’important n’est pas tant d’avoir une communauté avant le jour J, mais d’utiliser le lancement comme un moyen de la fédérer. Leur approche consistait à documenter leur parcours et leur mission, ce qui a naturellement attiré des personnes qui se reconnaissaient dans leur histoire. La communauté s’est donc créée organiquement autour du projet naissant.

‘Effectivement, on a vraiment créé la communauté quasiment en même temps que la campagne. (…) Exactement, ça s’est fait vraiment en parallèle.’

Quelle a été la première stratégie d’acquisition de Dijo ?

La première stratégie d’acquisition de Dijo a été 100% organique, sans aucun budget publicitaire pendant plus d’un an. Elle reposait sur deux axes principaux. Le premier était digital, avec une présence forte sur Instagram pour éduquer et créer du lien, ainsi que des partenariats non rémunérés avec des micro-influenceurs. Le second axe était physique et événementiel : elles allaient directement à la rencontre des gens, en faisant le tour des salles de sport à vélo ou en participant à des événements pour parler de leur mission et faire connaître leur produit de manière directe et authentique.

‘Surtout nous on prend nos vélos, on fait le tour des salles de sport de Paris, on fait un maximum d’événements en fait pour rencontrer des gens pour leur parler du ventre (…) et c’est vraiment comme ça pendant un an qu’on a grandi en faisant tout nous-même sans publicité.’

Pourquoi Dijo a refusé de se diversifier au-delà du bien-être du ventre au début ?

Dijo a refusé de se diversifier malgré les conseils de nombreux acteurs du milieu entrepreneurial car elles étaient convaincues que leur force résidait dans leur expertise pointue. Elles ont compris que pour exister face à des géants, il valait mieux être le leader incontesté d’une niche que l’un des nombreux acteurs d’un marché généraliste. Cette conviction leur a permis de construire une marque forte, avec un message clair et une cible bien définie. Rester fidèle à leur mission première, le ventre, était un pari stratégique pour asseoir leur autorité et créer un lien de confiance durable avec leur communauté, qui les suit pour cette expertise spécifique.

‘Les personnes dans le milieu de l’entrepreneuriat, on a beaucoup d’écho qui nous disent c’est important de diversifier votre gamme il faut pas être trop niche (…) Nous on est convaincu de ce message là, on n’a pas envie de faire autre chose et du coup, on reste vraiment bah fidèle à cette conviction de base.’

Comment Dijo a-t-il augmenté son panier moyen pour devenir rentable ?

Dijo a doublé son panier moyen, passant de 40€ à 80€, en faisant évoluer son offre d’un mono-produit (la cure de probiotiques) à une gamme complète de ‘soins du ventre’. En écoutant leurs clients, elles ont développé des produits complémentaires (à base de plantes, d’enzymes, etc.) répondant à des besoins spécifiques comme la détoxification du foie ou la réparation de la paroi intestinale. En proposant des routines personnalisées combinant plusieurs produits, elles ont naturellement augmenté la valeur de chaque commande. Cette augmentation du panier moyen a été le facteur clé (‘game changer’) de leur rentabilité, leur permettant de financer leur croissance de manière autonome.

‘On est passé en terme de panier moyen de 40 € à 80 € parce qu’on est passé de un à deux produits quasiment (…) Et donc c’est ça qui a été game changer pour nous en terme de rentabilité.’

Quel rôle joue le conseil client dans le succès de Dijo ?

Le conseil client est un pilier central du succès de Dijo. Dans un marché où l’efficacité des produits peut varier d’une personne à l’autre, l’accompagnement fait toute la différence. Dijo ne se contente pas de vendre des gélules, la marque accompagne ses clients pour comprendre leurs besoins, les orienter vers la bonne routine et les aider à ajuster leur hygiène de vie. Cette proximité, initialement gérée par les fondatrices puis structurée via un diagnostic en ligne et des consultations, crée une immense confiance et assure un taux de rachat très élevé. Les clients se sentent écoutés et pris en charge, ce qui les transforme en ambassadeurs fidèles.

‘La force de Dijo c’est d’avoir un gros repeat client parce que les gens sont convaincus et aussi parce qu’on les accompagne dans leur cure. C’est-à-dire que s’ils sont pas satisfaits, on va être amené à échanger avec eux, comprendre pourquoi.’


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