Logo de l'épisode #83 - Optimiser l’expérience d’achat (et vos taux de conversion) sur mobile avec Jérémy Pinto, Co-fondateur @Just. (1/2) du podcast Le Rendez-vous Marketing

#83 – Optimiser l’expérience d’achat (et vos taux de conversion) sur mobile avec Jérémy Pinto, Co-fondateur @Just. (1/2)

Épisode diffusé le 27 mars 2023 par Danilo Duchesnes

Écouter l'épisode :

Votre trafic mobile explose, mais vos ventes stagnent ? Le diagnostic sans concession

Vous investissez des milliers d’euros en publicités sur Facebook et Instagram. Vous voyez votre trafic mobile grimper en flèche, les sessions s’accumulent, mais à la fin de la journée, le chiffre d’affaires ne suit pas. Ce scénario vous est familier ? C’est le grand paradoxe de l’e-commerce moderne. Le mobile est devenu la porte d’entrée principale de nos boutiques en ligne, représentant souvent plus de 80% du trafic, mais il reste un lieu où la conversion peine à décoller. On se retrouve avec une boutique bondée de visiteurs qui regardent les vitrines, mais qui repartent presque tous sans acheter. C’est frustrant, coûteux, et surtout, cela donne l’impression de crier dans le désert.

Cette frustration, je la connais bien. Non pas en tant qu’e-commerçant au départ, mais en tant que consommateur. Avant de co-fonder Just, ma vie était à des années-lumière de l’e-commerce. Avec mon ami d’enfance Benjamin, nous étions en fusion-acquisition, un monde de chiffres et de stratégies complexes. Pourtant, ce qui nous animait vraiment, c’était l’envie d’entreprendre, de résoudre un problème tangible. Et ce problème, nous le vivions au quotidien. Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai grandi avec le smartphone greffé à la main. Commander un VTC, un repas, prendre un rendez-vous médical… tout se fait en quelques secondes, de manière fluide, presque magique. Alors, une question nous hantait :

‘Comment ça se fait que ces expériences là sont fluides, magiques, rapides, comment ça se fait qu’acheter en ligne ça reste un calvaire ?’

C’est de ce constat, de cette friction personnelle, qu’est née notre mission. Nous avons décidé de nous attaquer à ce ‘calvaire’ pour transformer l’achat en ligne en une expérience mémorable. Dans cet article, je vais partager avec vous le fruit de nos recherches, de nos discussions avec des centaines d’e-commerçants et de l’analyse de millions de sessions. Nous allons disséquer ensemble les raisons profondes qui expliquent pourquoi la conversion sur mobile est si faible et poser les bases pour inverser cette tendance. Préparez-vous à regarder votre site mobile avec un œil entièrement nouveau.

L’origine du problème : quand l’e-commerce a oublié le mobile

Pour comprendre pourquoi l’achat sur mobile est si laborieux, il faut remonter aux origines de l’e-commerce. Il y a une vingtaine d’années, quand les premiers sites marchands ont vu le jour, ils ont été conçus avec une seule interface en tête : l’écran d’ordinateur. Plus encore, ils ont transposé numériquement les schémas du commerce physique. On remplit son ‘caddi’, on se promène dans les ‘rayons’, puis on passe à la ‘caisse’ où l’on nous demande une multitude d’informations. Ce modèle, déjà perfectible sur desktop, est devenu un véritable casse-tête lorsqu’on a tenté de le faire tenir sur un écran six fois plus petit.

‘On a finalement adapté le parcours d’achat sur desktop au parcours d’achat sur mobile. En fait, on a adapté un parcours d’achat qui était déjà pas hyper performant à un écran où tu as six fois moins d’espace.’

Cette approche, que l’on pourrait qualifier de ‘rétrécissement’, est la source de tous les maux. Au lieu de repenser fondamentalement l’expérience pour ce nouveau support, l’industrie s’est contentée de compresser les éléments existants. Le résultat ? Des formulaires interminables à remplir avec les pouces, des boutons ‘Ajouter au panier’ difficiles à atteindre, des informations produits qui nécessitent un scrolling infini et des étapes de validation qui se multiplient. On demande à un utilisateur, dans un contexte de mobilité et de distraction, de fournir un effort considérable pour nous donner son argent. C’est un non-sens absolu. Les seuls qui ont véritablement réussi sont ceux qui ont adopté une approche ‘mobile-first’, voire ‘mobile-only’. Pensez à Uber, Doctolib ou Deliveroo. Leur parcours d’achat est d’une fluidité remarquable parce qu’ils n’ont jamais eu à se soucier du desktop. Ils ont conçu l’expérience pour et par le mobile, et cela se ressent à chaque interaction. C’est cette philosophie qui doit aujourd’hui infuser le monde de l’e-commerce.

Des chiffres qui glacent le sang : la réalité de la conversion mobile

Parlons concrètement. Quand on analyse les données, le constat est sans appel et presque effrayant. La plupart des e-commerçants avec qui je discute sont choqués de découvrir la réalité de leur performance sur ce canal. On parle souvent d’un taux de conversion global, mais il est impératif de le segmenter par appareil pour voir la véritable fracture.

‘Aujourd’hui un achat sur mobile c’est un miracle. Pourquoi un miracle ? Parce que moins d’un visiteur sur 100 finit par acheter. […] la conversion sur mobile, elle est souvent en dessous de 1 %.’

Moins de 1%. Prenez un instant pour réaliser ce que cela signifie. Pour cent personnes qui visitent votre site via leur smartphone, souvent après que vous ayez payé pour les attirer, 99 repartent les mains vides. C’est un taux de déperdition colossal. Pendant ce temps, sur le même site, le taux de conversion sur ordinateur est généralement deux, voire trois fois supérieur. La statistique que Danilo a rappelée en introduction est une parfaite illustration : 80% du trafic vient du mobile, mais il ne génère que 50% des achats. L’autre moitié des acheteurs potentiels fait ce que beaucoup d’entre nous font instinctivement : ils repèrent sur mobile et finalisent leur achat plus tard, sur ordinateur. Ce comportement est un symptôme direct d’une expérience mobile défaillante. Le client a l’intention d’acheter, votre produit l’intéresse, mais le processus est si pénible qu’il préfère reporter son acte d’achat, au risque de l’oublier complètement. Chaque achat reporté est une vente potentiellement perdue.

Anatomie d’un abandon : les 3 saboteurs de votre conversion mobile

Maintenant que nous avons posé le diagnostic, plongeons au cœur des raisons qui transforment un acheteur potentiel en simple visiteur. Au-delà de l’héritage historique, trois grands types de facteurs se combinent pour créer une friction maximale sur le parcours d’achat mobile. Comprendre cette ‘trinité de l’échec’ est la première étape pour la démanteler. Il s’agit d’une combinaison toxique de psychologie humaine, de contraintes technologiques et d’erreurs de conception ergonomique. Chacun de ces éléments, pris isolément, est déjà un frein. Ensemble, ils créent une barrière souvent infranchissable pour le consommateur moyen.

Le facteur comportemental : l’impitoyable culture de l’instant

Le smartphone n’est pas un simple ordinateur de poche. C’est une fenêtre sur un monde de gratification instantanée. Le fil d’actualité de TikTok, Instagram ou Snapchat nous a conditionnés à consommer du contenu à une vitesse fulgurante. Notre cerveau est devenu expert dans le traitement ultra-rapide de l’information, mais aussi incroyablement impatient. C’est ce que j’appelle la culture de l’instant.

‘Sur mobile, il faut être super rapide car le temps d’attention d’un utilisateur, il est limité à 13 millisecondes. C’est le temps que le cerveau a pour processer une information.’

Treize millisecondes. C’est le temps dont vous disposez pour faire une bonne première impression. Si votre page met plus de quelques secondes à charger, si l’information n’est pas immédiatement claire, si le bouton d’action n’est pas visible, l’utilisateur est déjà passé à autre chose. Son cerveau, habitué à un flux constant de stimuli, ne tolère aucune latence, aucune friction. Mais ce n’est pas tout. Le mobile est aussi l’épicentre de la distraction. Votre potentiel client n’est jamais seul avec votre site. Il est constamment sollicité par le monde extérieur. Nous avons des données qui montrent l’impact dévastateur de ce phénomène.

‘Tu as une session sur trois qui est interrompue par une notification. […] Tu vas recevoir des messages, des notifications push, des messages sur Slack et c’est autant de notifications qui vont te couper dans ton élan, qui t’empêchent d’aller au bout de ton parcours d’achat.’

Imaginez : votre client est sur la page de paiement, il commence à taper son numéro de carte bleue. Soudain, une notification WhatsApp d’un ami apparaît. Il bascule sur l’application pour répondre, et voilà. L’élan est brisé. Le contexte de l’achat est perdu. Il oublie de revenir, ou la simple idée de devoir tout recommencer le décourage. À l’inverse, une session sur ordinateur est un acte beaucoup plus réfléchi, posé. On s’installe, on ouvre son ordinateur. On est dans une démarche active et moins susceptible d’être interrompu. Ignorer cette différence fondamentale de contexte, c’est programmer l’échec de son expérience mobile.

Le facteur technique : la double peine de la connectivité et de la performance

Le deuxième saboteur est purement technique, mais ses conséquences sur l’expérience utilisateur sont immenses. L’usage du mobile est, par nature, nomade. On navigue dans le métro, dans une salle d’attente, en voyage… des lieux où la qualité de la connexion réseau est souvent aléatoire. Un parcours d’achat mobile doit être conçu pour fonctionner parfaitement même avec une connectivité dégradée. Or, beaucoup de sites e-commerce sont devenus des monstres de complexité, bourrés de scripts, d’images haute résolution et d’applications tierces.

‘Tu as à peu près plus d’un utilisateur sur deux qui va quitter le site si le temps de chargement, il est supérieur à 3 secondes. […] 3 secondes c’est 1, 2, 3 c’est très très rapide. il y a pas beaucoup de sites qui chargent aussi vite hein.’

Cette statistique est l’une des plus importantes à retenir. Une attente de plus de 3 secondes, et vous perdez la moitié de vos clients potentiels avant même qu’ils aient pu voir votre produit. Les causes sont souvent les mêmes : des images non compressées qui pèsent plusieurs mégaoctets, une accumulation de plugins et d’applications Shopify qui ajoutent des scripts lourds à chaque chargement de page, ou un code mal optimisé. Je conseille souvent aux e-commerçants de faire un audit impitoyable de leurs ‘add-ons’. Chaque application installée doit justifier sa présence par un gain supérieur à son impact sur la performance. Il faut vérifier leur poids, leur impact sur la vitesse, et se demander si elles sont vraiment indispensables. Un site allégé, rapide, même en 3G, convertira toujours mieux qu’un site riche en fonctionnalités mais lent. C’est un arbitrage crucial à faire pour la santé de votre business mobile.

Le facteur ergonomique : quand le design devient un obstacle

Enfin, le dernier facteur, et non des moindres, est l’ergonomie. C’est la manière dont votre site est physiquement utilisable sur un petit écran tactile. Comme nous l’avons vu, la plupart des sites ne sont que des versions réduites de leur homologue desktop, ce qui crée une myriade de problèmes d’utilisabilité. Le plus évident est le scrolling. L’utilisateur doit faire défiler l’écran de manière interminable pour trouver une information ou valider son panier. C’est épuisant et cela augmente les chances qu’il abandonne.

Les formulaires sont un autre point noir. Taper son nom, son prénom, son adresse complète, son email, son numéro de téléphone et ses informations de carte bancaire sur un clavier virtuel est une épreuve de patience. La moindre erreur de frappe peut être frustrante. De plus, la conception ignore souvent la ‘thumb zone’, la zone de l’écran facilement accessible avec le pouce. Les boutons importants sont parfois placés dans des coins difficiles à atteindre, obligeant l’utilisateur à des contorsions digitales. Les ‘pop-ups’ de newsletter qui recouvrent tout l’écran et dont la croix de fermeture est minuscule sont un autre exemple classique de mauvaise pratique. Chaque élément qui demande un effort supplémentaire, un ‘pinch-to-zoom’ pour lire un texte trop petit ou une navigation complexe entre les pages, est une invitation à quitter le site. L’excellence ergonomique sur mobile se résume à une chose : la simplicité radicale. Moins de clics, moins de champs à remplir, moins de scrolling, des boutons clairs et accessibles. C’est ce qui différencie une expérience mobile subie d’une expérience mobile appréciée.

Mesurer pour s’améliorer : les indicateurs qui comptent vraiment

Face à ce tableau, la première réaction est souvent de se sentir dépassé. Par où commencer ? La réponse est simple : par la mesure. On ne peut pas améliorer ce que l’on ne mesure pas. Beaucoup d’e-commerçants se concentrent sur un seul indicateur : le taux de conversion global. C’est un bon début, mais c’est totalement insuffisant pour diagnostiquer précisément les problèmes de votre parcours mobile. Pour vraiment comprendre où le bât blesse, il faut zoomer sur des métriques beaucoup plus spécifiques, notamment celles liées à la dernière étape du parcours : le checkout.

Le taux de conversion du checkout : votre véritable indicateur de performance

Voici un concept que nous nous efforçons d’évangéliser : la différence fondamentale entre le taux de conversion global et le taux de conversion du checkout. Le premier mesure le pourcentage de visiteurs qui finalisent un achat sur l’ensemble de votre site. Le second mesure le pourcentage de visiteurs qui, une fois arrivés sur la page de paiement, réussissent à finaliser leur transaction. C’est un indicateur chirurgical qui isole la performance de votre tunnel de paiement.

‘C’est un métrique que nous on cherche à évangéliser auprès des commerçants qui n’ont pas forcément la bande passante ou ou les équipes pour pour vraiment se poser sur cette métrique qui est qui est pour le coup fondamentale.’

Pourquoi est-ce si important ? Parce qu’un client qui arrive au checkout a déjà surmonté de nombreux obstacles. Il aime votre produit, il a validé son panier, il a une intention d’achat très forte. S’il abandonne à cette étape, le problème ne vient plus de votre offre ou de votre marketing, mais bien de votre processus de paiement. Est-ce trop long ? Pas assez rassurant ? Les options de livraison sont-elles décevantes ? Le formulaire de carte de crédit est-il complexe ? Analyser ce taux de conversion (calculé par `Nombre d’achats finalisés / Nombre de sessions atteignant le checkout`), et le segmenter par appareil (mobile vs desktop), vous donnera une vision limpide des frictions de la dernière étape. Un faible taux de conversion du checkout sur mobile est le signal d’alarme le plus clair qu’une action est requise de toute urgence.

Le benchmark qui inspire : pourquoi Amazon est le maître du jeu mobile

Pour savoir si vos chiffres sont bons, il faut pouvoir les comparer. Si le taux de conversion moyen sur mobile est inférieur à 1%, quel est l’objectif à atteindre ? Pour cela, il faut regarder le meilleur élève de la classe, celui qui a défini les standards de l’e-commerce : Amazon. Ses performances sur mobile sont tout simplement dans une autre dimension.

‘Là où Amazon va être entre 10 et 15 %. […] 10 et 15 % sur mobile ? Ouais ouais ouais, ça c’est… c’est énorme ça.’

Dix à quinze pour cent ! C’est plus de dix fois la moyenne du marché. Comment est-ce possible ? Bien sûr, la puissance de la marque, la confiance et la largeur de l’offre jouent un rôle majeur. Mais ce n’est qu’une partie de l’explication. Le succès d’Amazon repose avant tout sur une expérience utilisateur sans friction, obsessionnellement optimisée. Un client qui va sur Amazon sait qu’il va trouver son produit, lire des avis, et surtout, qu’il pourra acheter en quelques secondes, sans avoir à chercher sa carte de crédit. Le géant américain a compris il y a plus de 20 ans que la simplicité du paiement était la clé. C’est d’ailleurs Amazon qui a inventé et breveté le paiement en un clic à la fin des années 90. Ce chiffre de 10-15% ne doit pas vous décourager, mais au contraire vous inspirer. Il prouve que la barrière de la conversion mobile n’est pas une fatalité. C’est un problème technique et ergonomique qui a une solution.

Conclusion : Arrêtez de blâmer vos visiteurs, optimisez leur expérience

Le constat est clair : le problème de la conversion mobile n’est pas lié à un prétendu manque de sérieux des acheteurs sur smartphone. Le problème vient de nous, les créateurs d’expériences e-commerce. Nous avons trop longtemps négligé les spécificités de ce support, en nous contentant de transposer des modèles pensés pour un autre temps et un autre appareil. Nous avons sous-estimé l’impact de l’impatience, de la distraction et des contraintes techniques sur le comportement de nos clients.

Nous avons exploré ensemble les racines historiques, comportementales et techniques de cette contre-performance. Nous avons vu que chaque seconde de chargement, chaque champ de formulaire inutile, chaque notification extérieure est un clou de plus dans le cercueil de votre conversion. L’heure n’est plus à l’approximation. Il est temps de passer d’une approche ‘mobile-friendly’ à une obsession ‘mobile-first’. Cela implique de mesurer les bons indicateurs, comme le taux de conversion du checkout, de traquer la moindre friction et de simplifier radicalement le parcours d’achat. Cessez de voir le trafic mobile comme une fatalité à faible rendement et commencez à le considérer comme votre plus grande opportunité de croissance.

Le chemin peut sembler complexe, mais il est essentiel. Chaque amélioration que vous apporterez à votre expérience mobile se traduira directement par une augmentation de votre chiffre d’affaires et une meilleure satisfaction client. Cet audit n’était que la première étape. Dans la suite de notre discussion, nous aborderons concrètement les solutions pour transformer ce ‘calvaire’ en une expérience d’achat mémorable, notamment en plongeant dans le monde du paiement en un clic. L’objectif ? Vous donner les armes pour, enfin, faire du mobile votre meilleur allié.

FAQ : Vos questions sur l’optimisation de la conversion mobile

Pourquoi le taux de conversion est-il si bas sur mobile ?

Le taux de conversion sur mobile, souvent inférieur à 1%, est le résultat d’une ‘tempête parfaite’ de plusieurs facteurs. Historiquement, les parcours d’achat ont été conçus pour l’ordinateur et mal adaptés aux petits écrans. Comportementalement, l’utilisateur mobile est impatient et constamment interrompu par des notifications, ce qui fragmente sa session. Techniquement, les problèmes de lenteur de chargement et de mauvaise connectivité sont fréquents. Enfin, l’ergonomie est souvent déficiente, avec des formulaires complexes à remplir et une navigation peu intuitive, transformant l’achat en un véritable effort.

‘Aujourd’hui un achat sur mobile c’est un miracle. Pourquoi un miracle? Euh parce que moins d’un visiteur sur 100 euh finit par acheter. […] la conversion sur mobile, elle est souvent en dessous de 1 %.’

Quelle est la principale différence de comportement entre un acheteur mobile et desktop ?

La différence fondamentale réside dans l’état d’esprit et le contexte. L’achat sur desktop est un acte plus réfléchi et posé ; l’utilisateur est installé, concentré et a l’intention de finaliser son achat. À l’inverse, l’utilisateur mobile est dans ‘l’ère de l’instantanéité’. Il navigue par courtes impulsions, souvent en situation de mobilité (transports, salle d’attente) et est très sensible à la moindre friction. Son temps d’attention est extrêmement court et il est sujet à de multiples distractions (messages, appels, notifications) qui peuvent interrompre son parcours à tout moment.

‘À contrario, tu vois quand tu vas euh sur ton ordinateur, sur ton desktop, c’est un acte qui est quand même beaucoup plus réfléchi, posé où l’utilisateur a plus de chance d’aller au bout de son achat.’

Comment le temps de chargement affecte-t-il les ventes sur mobile ?

Le temps de chargement est un facteur critique qui peut anéantir vos ventes avant même que le client n’ait vu vos produits. Les études montrent qu’un temps de chargement supérieur à 3 secondes entraîne l’abandon de plus de la moitié des visiteurs. Sur mobile, où la patience est encore plus limitée et la connexion souvent instable, cet effet est décuplé. Chaque seconde d’attente augmente la frustration et la probabilité que l’utilisateur quitte votre site pour aller voir ailleurs ou simplement faire autre chose. Un site lent est perçu comme peu professionnel et non fiable.

‘Il y a encore une statistiques que j’ai qui sort pas du tout de mon chapeau mais c’est que tu as à peu près plus d’un utilisateur sur deux qui va quitter le site si le temps de chargement, il est supérieur à 3 secondes.’

Qu’est-ce que le taux de conversion du checkout et pourquoi est-il crucial ?

Le taux de conversion du checkout est un indicateur qui mesure le pourcentage de clients qui finalisent leur achat après être arrivés sur la page de paiement. Il est crucial car il isole la dernière et la plus importante étape du parcours d’achat. Un client qui atteint cette page a une forte intention d’achat. S’il abandonne à ce stade, cela signale un problème spécifique à votre processus de paiement (trop long, manque de confiance, options de livraison, etc.) et non à vos produits. C’est une métrique bien plus précise que le taux de conversion global pour identifier et corriger les frictions liées au paiement.

‘C’est un métrique que nous on cherche à évangéliser auprès de des commerçants qui n’ont pas forcément la bande passante ou ou les équipes pour pour vraiment se poser sur cette métrique qui est qui est pour le coup fondamentale.’

Quels sont les benchmarks d’un bon taux de conversion sur mobile ?

Alors que la moyenne du secteur de l’e-commerce pour la conversion sur mobile se situe péniblement sous la barre des 1%, le leader incontesté, Amazon, établit un benchmark bien plus élevé. Le géant de l’e-commerce atteint des taux de conversion sur mobile stupéfiants, situés entre 10% et 15%. Cet écart colossal démontre le potentiel d’une expérience utilisateur parfaitement optimisée, fluide et sans friction. Pour un e-commerçant D2C, viser un taux de 2% à 3% est déjà un excellent objectif, mais l’exemple d’Amazon prouve que les barrières à l’achat mobile ne sont pas une fatalité.

‘Globalement si on parle de conversion pure sur mobile, on est en dessous de 1 %, c’est ce que je te disais tout à l’heure. Là où Amazon va être entre 10 et 15 %.’

En quoi l’historique de l’e-commerce a-t-il un impact négatif sur l’expérience mobile actuelle ?

L’e-commerce a été initialement conçu il y a 20 ans en s’inspirant du commerce physique et en étant pensé pour les écrans d’ordinateur. Le paradigme était : ‘je mets un produit dans mon caddie, je vais à la caisse, je donne mes informations’. Plutôt que de réinventer une expérience native pour le mobile, l’industrie s’est contentée d’adapter et de ‘rétrécir’ ce parcours existant. Le résultat est une expérience souvent maladroite et peu performante, car elle n’a pas été pensée pour les contraintes et les usages d’un petit écran tactile utilisé en situation de mobilité.

‘On a finalement repris les paradigmes du monde physique de l’expérience In store. […] Et tout ce que je te dis, c’est encore plus vrai sur mobile. Euh on a finalement adapté le parcours d’achat sur desktop au parcours d’achat sur mobile.’

Comment les interruptions et notifications sabotent-elles le parcours d’achat mobile ?

Les interruptions sont l’un des plus grands ennemis de la conversion sur mobile. Une étude a montré qu’une session d’achat sur trois est interrompue par une notification (WhatsApp, Slack, email, réseaux sociaux…). Lorsqu’un utilisateur est sur le point de payer, la réception d’un message le fait basculer vers une autre application. Ce simple changement de contexte brise son élan et son intention d’achat. Il peut oublier de revenir sur le site, ou la perspective de devoir reprendre le processus depuis le début peut le décourager. Le smartphone est un environnement de distractions constantes, contrairement à une session d’achat sur ordinateur, plus posée et intentionnelle.

‘Tu as une session sur trois qui est interrompu par une notification. […] c’est autant de notifications qui vont te couper dans ton élan, qui t’empêchent d’aller au bout de ton parcours d’achat que tu passes à autre chose.’

Pourquoi des applications comme Uber ou Doctolib réussissent-elles si bien sur mobile ?

Le succès d’applications comme Uber, Deliveroo ou Doctolib repose sur une philosophie ‘mobile-first’. Contrairement aux sites e-commerce traditionnels, leur expérience n’a pas été adaptée depuis un modèle desktop ; elle a été conçue dès le départ exclusivement pour le mobile. Cela se traduit par une ergonomie parfaite : des parcours d’achat ultra-fluides, des boutons d’action toujours visibles et accessibles (‘sticky CTA’), peu ou pas de chargement entre les pages, et des interactions pensées pour le tactile. Ils ont compris et intégré les codes de l’usage mobile, en éliminant toute friction pour rendre l’action principale (commander, réserver) aussi simple et rapide que possible.

‘Les seuls qui arrivent à avoir des performances, ce sont les les euh les applications mobiles. Oui. qui en fait ont conçu leur parcours vraiment pour le mobile. […] tout est pensé pour mobile.’


Épisodes similaires