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#117 – Lancer une campagne de crowdfunding pour conquérir le marché US avec Raphaël Mille, CEO @Bloon Paris

Épisode diffusé le 5 mars 2024 par Danilo Duchesnes

Écouter l'épisode :

De la success-story française au rêve américain : les coulisses d’une expansion internationale

Lancer sa marque est une aventure. La faire grandir est un défi permanent. Mais décider de traverser l’Atlantique pour conquérir le marché le plus compétitif du monde, les États-Unis, relève d’une ambition toute particulière. C’est pourtant le chemin que nous avons choisi chez Bloon Paris. Après avoir établi notre siège ballon comme une référence en France, la question de la croissance nous a naturellement poussés à regarder au-delà de nos frontières. Mais comment s’y prendre ? Comment transformer un succès local en une réussite internationale sans y laisser toutes ses plumes ? Beaucoup d’entrepreneurs français en rêvent, mais peu osent franchir le pas, souvent paralysés par la complexité perçue de l’opération : la logistique, les barrières culturelles, les coûts d’acquisition exorbitants… C’est une montagne qui peut sembler infranchissable.

Chez Bloon, nous avons abordé ce défi avec une méthode qui nous avait déjà souri par le passé : une campagne de crowdfunding. Ce n’était pas seulement un moyen de financer notre expansion, mais une véritable stratégie de pénétration de marché. L’idée était de tester l’appétit des consommateurs américains pour notre produit, de construire une première communauté et de générer des revenus avant même que notre premier container n’accoste sur le sol américain. C’est cette histoire, cette étude de cas complète, que je souhaite partager aujourd’hui. De la décision stratégique à la préparation opérationnelle, en passant par les moindres détails de la campagne elle-même. Car si le chemin est semé d’embûches, il est aussi riche d’enseignements. Je vais vous dévoiler notre plan de bataille, nos doutes, nos succès et les leçons que nous avons tirées de cette incroyable aventure pour lancer notre marque aux USA. Vous découvrirez comment nous avons structuré notre approche, pourquoi nous avons fait certains choix et ce que nous ferions différemment aujourd’hui. Préparez-vous à plonger dans les coulisses d’une ambition : faire de Bloon Paris une marque globale.

Bloon Paris : la force du mono-produit face à l’impératif de croissance

Avant de parler de notre conquête du marché US, il est essentiel de comprendre d’où nous venons. Bloon Paris est né en 2018 d’une vision partagée avec mon associé Kevin Reyes, ostéopathe de profession : améliorer le bien-être des sédentaires. Notre mission est simple mais puissante : proposer du mobilier élégant et fonctionnel qui stimule le corps tout en travaillant. Notre produit phare, le siège ballon, incarne cette philosophie. Il n’est pas juste un objet, c’est une promesse, celle de transformer un temps passif, assis à un bureau, en un moment actif et bénéfique pour le corps.

Notre approche a toujours reposé sur un triptyque : le bon, le bien et le beau. Un produit bon pour la santé, bien conçu dans ses fonctionnalités, et beau, capable de s’intégrer dans n’importe quel intérieur comme un objet de décoration. Au départ, cet aspect hybride était à la fois une force et une faiblesse. Était-ce un objet déco ou un véritable siège de bureau ? Le Covid a tranché pour nous. Avec l’explosion du télétravail, notre positionnement est devenu limpide. Le besoin était là, criant : les gens souffraient de rester assis toute la journée chez eux. C’est à ce moment que nous avons pu affiner notre cible avec une grande précision. Comme je le disais :

‘On se rend compte qu’aujourd’hui, on a vraiment un personna qui est identifié qui sont plutôt des femmes de plus de 45 ans qui ont une pratique sportive assez régulière… et qui achètent notre siège ballon pour s’en servir derrière un bureau afin de retrouver plus de mobilité.’

Cette clarification a été le véritable catalyseur de notre croissance en France.

Le dilemme du mono-produit : focus absolu ou diversification risquée ?

Cette croissance s’est construite sur un seul et unique produit. C’est une question qui revient sans cesse dans le monde de l’entrepreneuriat : peut-on bâtir un empire sur un seul pilier ? La critique est facile : un mono-produit limite la rétention client, la fameuse ‘Lifetime Value’ (LTV). Une fois que vous avez vendu votre siège ballon, comment faire revenir le client ? C’est une préoccupation quotidienne. On se dit que si la tendance passe, si un concurrent plus fort arrive, tout notre business repose sur une seule référence. La diversification semble alors être la seule issue pour pérenniser l’entreprise.

Nous y travaillons activement, en explorant des produits complémentaires dans notre univers du bien-être au bureau. Mais il y a un revers à la médaille, un conseil que j’ai souvent reçu de mentors avisés :

‘Attends, tu as déjà un mono produit, déjà à gérer un mono produit de l’optimiser, d’optimiser tes process en interne, d’optimiser tes gammes, de bien connaître tes persona… et de faire ça en France, puis de le faire à l’étranger. Déjà de faire ça, c’est déjà une road map qui est hyper conséquente.’

C’est une leçon d’humilité. Avant de courir plusieurs lièvres à la fois, il faut maîtriser parfaitement son cœur de métier. Des marques comme Athletic Greens (AG1) ont bâti des succès colossaux sur un seul produit en se concentrant sur l’excellence opérationnelle et l’expansion géographique. C’est cette deuxième voie que nous avons décidé de prioriser : avant de multiplier les produits, multiplions les marchés. C’est ce qui nous a menés aux États-Unis.

Le grand saut : pourquoi les États-Unis plutôt que nos voisins européens ?

Une fois la décision prise de s’internationaliser, la question évidente est : où aller ? L’Europe semble être le choix logique. L’Allemagne, par exemple, est un marché immense et proche. Pourtant, notre regard s’est rapidement tourné de l’autre côté de l’océan. Ce choix peut paraître contre-intuitif, plus risqué, plus coûteux. Mais il reposait sur une analyse stratégique précise, mêlée à une part d’opportunisme, comme c’est souvent le cas en entrepreneuriat.

Notre développement à l’export suit en réalité deux logiques distinctes. D’un côté, des marchés complexes culturellement comme le Japon ou la Corée, que nous adressons via des distributeurs locaux. Ils maîtrisent le terrain, la langue, les coutumes, et nous leur confions la marque. De l’autre, des marchés où nous sentons que nous pouvons opérer en direct, car la culture de consommation est plus proche de la nôtre. C’est le cas des États-Unis. Nous avons senti que nous pouvions y transposer notre savoir-faire en matière de marketing digital et de construction de marque, malgré les adaptations nécessaires.

Une analyse concurrentielle étonnamment favorable

Le facteur décisif a été notre analyse du marché américain. On imagine souvent les USA comme un champ de bataille où des géants s’affrontent sur chaque segment. Pour beaucoup de marques françaises de DNVB (mode, cosmétique, literie…), il existe déjà des homologues américains dix fois plus gros et plus financés. Or, à notre grande surprise, ce n’était pas le cas pour le siège ballon. Comme je l’expliquais :

‘On se rend compte qu’il y a peu de produits comme le nôtre et presque même que la concurrence est moins accrue aux États-Unis qu’en Europe, c’est assez fou… Les marques de siège ballon sont plus des marques européennes que des marques américaines.’

Nous avons identifié un ‘no man’s land’. Le marché américain semblait polarisé entre des solutions ergonomiques d’entrée de gamme, souvent des produits d’importation chinoise vendus sur Amazon sans âme, et des fauteuils de bureau très techniques et très chers. Il n’y avait pas de marque forte sur notre créneau : un produit qui allie design, bien-être et un positionnement prix ‘premium accessible’. Cet avantage concurrentiel potentiel était une opportunité trop belle pour être ignorée.

Le calcul du risque : un investissement initial maîtrisé pour un potentiel immense

S’attaquer aux États-Unis fait peur. On pense immédiatement à des budgets à sept chiffres. Mais en décomposant le projet, l’investissement initial s’est avéré plus abordable que prévu. De quoi a-t-on besoin pour commencer ? D’un site web localisé, de stock sur place et d’un budget publicitaire pour se faire connaître. Le site web, c’est un projet technique mais réalisable. Le stock, cela signifie envoyer un ou deux containers, ce qui représente un coût mais reste un investissement maîtrisé. Le plus gros poste de dépense, et le plus grand point d’interrogation, reste la publicité et la notoriété. Faire connaître une marque inconnue sur un marché aussi vaste est un défi monumental. Les coûts de la presse, des influenceurs, de la publicité sont sans commune mesure avec la France.

Cependant, le ratio potentiel/risque était très attractif. L’investissement pour ‘ouvrir’ le marché américain était à notre portée, et le retour sur investissement potentiel, si nous réussissions, était exponentiel. Nous avons également dû adapter notre prix. Vendu 179€ en France, notre siège est commercialisé à 229$ aux USA. Cette augmentation n’est pas une marge supplémentaire ; elle couvre les coûts de transport international, de stockage local, les frais de douane, et surtout, les coûts d’acquisition client bien plus élevés sur ce marché. C’est un calcul essentiel pour assurer la rentabilité du projet.

Préparer le terrain : les coulisses opérationnelles du lancement américain

Passer de la stratégie à l’exécution est le moment où le rêve se confronte à la réalité. Lancer une marque aux États-Unis depuis la France est un véritable parcours du combattant opérationnel. Chaque détail compte, et la moindre erreur peut coûter cher, en temps et en argent. Nous avons dû monter un véritable plan d’action sur trois piliers : la logistique, la plateforme technique et marketing, et l’aspect légal.

Le casse-tête logistique : du stock en France au consommateur américain

La première étape concrète a été d’acheminer notre stock. Cela semble simple, mais c’est un processus complexe. Il faut d’abord trouver un partenaire logistique sur place, un ‘3PL’ (Third-Party Logistics) fiable, capable de recevoir nos containers, de stocker nos produits et d’expédier les commandes individuelles partout aux États-Unis. Ensuite, il y a la préparation des produits eux-mêmes. On ne peut pas simplement envoyer notre stock français. Il faut adapter les notices, les packagings, et surtout, s’assurer d’être en conformité avec les normes locales. L’un des plus gros sujets de préoccupation était la dimension légale.

‘Ce qu’on a un peu peur aux États-Unis, c’est toujours le procès qui fait que la boîte elle va couler. donc ça ça a quand même été un gros sujet chez nous. On s’est bien renseigné avec des avocats.’

Cela s’est traduit par un travail minutieux sur les ‘disclaimers’ et les avertissements présents sur nos notices et notre site, pour se prémunir contre d’éventuelles poursuites liées à l’utilisation de notre produit. Une fois ces aspects réglés, il a fallu organiser le transport maritime, le dédouanement… un projet en soi qui demande des mois de préparation.

L’adaptation du message : bien plus qu’une simple traduction

Parallèlement à la logistique, nous avons travaillé sur notre vitrine : le site internet américain. Beaucoup d’entreprises font l’erreur de penser qu’il suffit de traduire son site français en anglais. C’est une vision très réductrice. Nous avons vite compris qu’il fallait ‘localiser’ et non simplement traduire. Le diable se cache dans les détails. Même en utilisant Shopify Plus qui facilite la gestion multi-stores, les deux sites ne sont pas de parfaits miroirs. Chaque développement ou optimisation sur le site français doit être répliqué sur le site US.

Mais le plus important, c’est le message. Un Américain sentira immédiatement si un texte a été simplement traduit du français. Les expressions, le ton, les références culturelles, tout doit être adapté. Notre processus a été itératif.

‘On a vraiment eu un process de traduction qu’il a fallu mettre en place avec potentiellement une première brique sur du chat GPT puis de la relecture par une personne américaine native qui va venir corriger ce qu’on fait pour qu’on soit sûr que le discours et les mots qu’on utilise soient vraiment adaptés au marché américain.’

Cette étape est cruciale pour construire la confiance. Un site qui ‘sonne’ étranger peut immédiatement dissuader un client potentiel. Il faut parler comme un local pour être perçu comme une marque crédible et établie sur le marché.

Le crowdfunding comme arme de conquête : la stratégie de notre campagne Kickstarter

Avec une logistique en cours de mise en place et un message affiné, la question était : comment lancer ? Nous aurions pu attendre que notre stock soit disponible dans l’entrepôt américain et ouvrir simplement notre site e-commerce. Mais nous voulions aller plus vite, commencer à ‘prendre du terrain’ et tester le marché sans attendre. C’est là que le crowdfunding est entré en jeu, non pas comme un outil de financement, mais comme un véritable levier de lancement stratégique.

L’avantage principal était de pouvoir vendre en précommande.

‘L’avantage du funding, je pense que tout le monde le sait, c’est que tu peux commercialiser tes produits en disant aux personnes qui vont faire cette précommande qui elles vont être livrées dans un mois, 2 mois ou 3 mois.’

Cela nous a permis de lancer notre offensive marketing dès septembre 2023, alors que les produits n’étaient pas encore physiquement prêts à être expédiés. C’était une façon de créer de l’élan, de valider l’intérêt pour notre produit avec de vrais dollars, et de construire une base de clients initiale avant même le lancement officiel.

La structure en trois temps : pré-lancement, lancement et capitalisation

Une campagne de crowdfunding ne s’improvise pas. Elle se structure méthodiquement, et nous avons suivi le modèle classique en trois phases, un véritable tunnel de conversion étalé sur plusieurs semaines. La première phase, le ‘pré-lancement’, est sans doute la plus importante. Pendant plusieurs semaines avant le jour J, tout notre effort marketing, notamment via la publicité Facebook et Google, visait un seul objectif : collecter des adresses e-mail. Nous avons dirigé tout le trafic vers une landing page dédiée promettant un accès anticipé et des réductions exclusives aux inscrits. L’idée est de créer une audience ‘chaude’, engagée et impatiente, qui sera le moteur initial de la campagne.

La deuxième phase est le lancement lui-même. C’est le moment où la page Kickstarter devient publique. Notre première action a été d’envoyer une séquence d’e-mails à notre liste de pré-lancement. Ces premiers soutiens (‘backers’) sont cruciaux pour créer une preuve sociale et faire décoller la campagne. En parallèle, les campagnes publicitaires ont continué de tourner, mais cette fois en redirigeant vers la page Kickstarter pour générer des ventes. La troisième phase, l’après-lancement, consiste à gérer la relation avec les backers, les tenir informés de la production et de la livraison, et surtout, à les transformer en ambassadeurs de la marque pour préparer le lancement pérenne sur notre propre site e-commerce.

Internaliser ou externaliser ? Le choix de l’agilité et de la maîtrise des coûts

Pour orchestrer tout cela, nous avons fait face à un choix crucial : faire appel à une agence américaine spécialisée dans les lancements Kickstarter ou tout gérer en interne avec nos partenaires existants. Nous avons étudié la première option.

‘On a benchmarqué des agences aux États-Unis qui ne sont que ça des lancement de Kickstarter. Bon on s’est rendu compte que les montant étaient quand même hyper important, faut entre 50 et 100 et 100 cas.’

Face à ces budgets, et parce que nous avions déjà une grande partie de l’expertise en interne ou avec des partenaires de confiance comme l’agence DHS Digital pour la publicité, nous avons décidé d’internaliser. C’était un pari. Nous serions certainement moins rapides qu’une agence spécialisée, mais nous gardions la maîtrise totale de la stratégie, du message, et surtout, des coûts. C’était un projet d’équipe, impliquant la création de contenu vidéo, la rédaction, la configuration des ‘rewards’ sur Kickstarter, et le pilotage des campagnes. Un travail colossal, mais une expérience d’apprentissage inestimable pour comprendre les rouages du marché américain.

Conclusion : les premiers pas d’une longue marche

Notre campagne de crowdfunding aux États-Unis n’a pas atteint les objectifs de vente très ambitieux que nous nous étions fixés initialement. Il faut être transparent là-dessus. Cependant, la réduire à ce seul chiffre serait une erreur. Cette campagne a été bien plus qu’une simple opération commerciale ; elle a été notre ticket d’entrée, notre première leçon sur le marché américain. Nous avons validé l’intérêt pour notre produit, collecté des données précieuses sur notre audience américaine, et construit une première base de clients qui sont aujourd’hui nos premiers ambassadeurs.

Surtout, cette expérience nous a permis de mettre en place toute l’infrastructure nécessaire à notre développement : la structure juridique, le partenaire logistique, le site web localisé, les process internes. Nous avons construit les fondations sur lesquelles nous bâtissons maintenant notre croissance à long terme. Le lancement sur un nouveau continent est un marathon, pas un sprint. Cette campagne de crowdfunding n’était que le premier kilomètre. Elle nous a appris l’humilité, l’importance de l’adaptation et la nécessité d’investir massivement en notoriété pour exister dans un marché aussi bruyant. Le chemin est encore long, mais nous avons désormais une feuille de route claire, des outils en place et une conviction renforcée : le siège ballon Bloon Paris a toute sa place dans les bureaux et les foyers américains. L’aventure ne fait que commencer.


Questions fréquentes sur le lancement d’une marque aux USA

Une marque mono-produit peut-elle vraiment réussir à long terme ?

C’est un débat constant. La diversification semble une évidence pour augmenter la valeur vie client (LTV) et réduire les risques. Cependant, se concentrer sur un seul produit permet d’atteindre un niveau d’excellence et de notoriété inégalé sur une niche. L’essentiel est de ne pas rester inactif. La stratégie peut être de maîtriser parfaitement son mono-produit sur plusieurs marchés avant de diversifier l’offre produit. C’est une question de priorisation. L’un n’empêche pas l’autre, mais il est difficile de tout faire en même temps, surtout en étant autofinancé.

‘Il y a quand même beaucoup de marques notamment aux États-Unis qui étaient mono produit qui ont cherché à se diversifier qui sont revenus sur du mono produit parce qu’elles se rendent compte qu’en fait, elles ont beaucoup plus de valeur et qu’elles sont beaucoup plus bold… à être mono produit.’

Pourquoi choisir le crowdfunding pour se lancer sur un nouveau marché ?

Le crowdfunding est un outil stratégique puissant pour une expansion internationale. Il permet de tester l’appétit du marché et de valider le produit sans avoir à investir massivement dans un stock qui pourrait rester invendu. C’est aussi un excellent moyen de résoudre les problèmes de timing : on peut commencer le marketing et la vente en précommande pendant que la production et la logistique se mettent en place. Enfin, cela permet de créer une communauté de ‘early adopters’ qui deviendront les premiers ambassadeurs de la marque dans le nouveau pays.

‘L’idée c’était vraiment de de de prendre du terrain sur sur le marché américain et de se dire qu’il y avait une date de lancement qui était la rentrée… et c’est pour ça qu’on a décidé de faire une campagne de funding parce que les produits n’étaient pas encore disponibles à la vente immédiatement.’

Quels sont les plus grands défis logistiques pour vendre aux USA depuis la France ?

Les défis sont nombreux et sous-estimés. Le premier est de trouver un partenaire logistique fiable (3PL) sur place. Ensuite, il faut gérer le transport international (généralement par container), ce qui implique des délais longs et des procédures de dédouanement. Il y a aussi un travail crucial d’adaptation des produits : les notices doivent être en anglais et contenir des avertissements légaux spécifiques aux États-Unis pour se prémunir contre d’éventuelles poursuites. La gestion des retours est également un point complexe à organiser à distance.

‘Il faut préparer les produits, il faut quand même se renseigner sur les normes, il faut se renseigner sur les inscriptions, il faut bien se renseigner sur les notices avec les disclaimer. Ce qu’on a un peu peur aux États-Unis, c’est toujours le procès qui fait que la boîte elle va couler.’

Comment définir le bon prix de vente pour le marché américain ?

Fixer le prix pour les USA ne se résume pas à une simple conversion euro/dollar. Il faut intégrer tous les coûts additionnels : le transport international, les frais de douane, les coûts de stockage et de préparation de commande du partenaire logistique local, et surtout, les coûts d’acquisition client (publicité) qui sont significativement plus élevés qu’en Europe. Le prix doit aussi refléter le positionnement de la marque et le pouvoir d’achat local. Notre produit est ainsi passé de 179€ en France à 229$ aux États-Unis pour maintenir une structure de coûts viable.

‘Pour te donner les prix notre produit il est commercialisé 179 € en France. Le même produit sera commercialisé 229 dollars aux États-Unis.’

Faut-il simplement traduire ou vraiment ‘localiser’ son site web pour les États-Unis ?

Une simple traduction est une erreur qui peut coûter cher en crédibilité. Il est impératif de ‘localiser’ le contenu. Cela signifie adapter le langage, les expressions idiomatiques, les références culturelles et le ton pour qu’ils résonnent avec une audience américaine. Un texte qui ‘sonne’ français trahit un manque d’ancrage local et peut éroder la confiance. Il est recommandé de faire relire et corriger tous les contenus par un locuteur natif américain pour s’assurer que le message est parfaitement adapté et persuasif.

‘On a vraiment eu un process de traduction… avec potentiellement une première brique sur du chat GPT puis de la relecture par une personne américaine native qui va venir corriger ce qu’on fait pour qu’on soit sûr que le discours et les mots qu’on utilise soient vraiment adaptés au marché américain.’

Quelle est l’importance de la phase de pré-lancement dans une campagne de crowdfunding ?

C’est la phase la plus critique. Une campagne de crowdfunding réussie repose sur l’élan des premières heures. Le pré-lancement, qui vise à collecter un maximum d’adresses e-mail de personnes intéressées, permet de construire une audience ‘chaude’ et engagée. Cette liste sera activée dès la première minute du lancement, générant les premières ventes qui créeront une preuve sociale et attireront d’autres contributeurs. Sans une phase de pré-lancement solide, une campagne démarre à froid et a très peu de chances de décoller.

‘On a vraiment fait une période de pré-launch, ce qu’on appelle vraiment de pré-lancement, une période de lancement et une période après lancement. On a vraiment en trois cette campagne de crowdfunding pour rester dans les standards qui sont recommandés aujourd’hui quand tu lances ce type de campagne.’


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