De la start-up française à la conquête de l’Amérique : notre aventure crowdfunding
Bonjour, je suis Raphaël Mille, cofondateur de Bloon Paris. Quand on lance une entreprise, on rêve souvent de succès, de croissance, de voir son produit entre les mains de milliers de personnes. En France, avec mon associé Kevin, nous avons eu la chance de vivre cette aventure. Mais après avoir établi notre marque sur notre marché domestique, une question, à la fois excitante et terrifiante, s’est imposée : et maintenant ? La réponse qui nous est apparue comme une évidence, c’était l’international. Et pas n’importe où. Nous visions le plus grand, le plus complexe, mais aussi le plus prometteur des marchés : les États-Unis. Beaucoup d’entrepreneurs français caressent ce rêve américain, mais la réalité du terrain peut vite devenir un cauchemar si l’on n’est pas préparé. Comment une marque comme la nôtre, autofinancée depuis le début, pouvait-elle s’attaquer à ce géant ? La réponse, nous l’avons trouvée dans une méthode que nous connaissions bien pour l’avoir utilisée à nos débuts : le crowdfunding. Mais cette fois, ce n’était pas pour financer un premier prototype. C’était une arme stratégique pour débarquer sur un nouveau continent. Dans cet article, je vais vous partager, avec une transparence totale, les coulisses de cette opération. Loin des success stories édulcorées, je vous raconterai notre préparation, nos doutes, nos choix stratégiques, les obstacles que nous avons rencontrés et les leçons que nous en avons tirées. L’objectif n’est pas seulement de vous raconter notre histoire, mais de vous donner une feuille de route concrète si vous envisagez, vous aussi, de vous lancer à la conquête du marché US. Préparez-vous à plonger au cœur de la stratégie, de la logistique et du marketing d’un lancement D2C à l’international.
De la conquête française au défi américain : la genèse d’une expansion
Avant de détailler notre assaut du marché américain, il est essentiel de comprendre d’où nous venons. Bloon Paris n’est pas née avec une ambition internationale démesurée. C’est avant tout le fruit d’une vision et d’une mission claires, qui ont trouvé un écho puissant sur le marché français. C’est cette base solide qui nous a donné la confiance, et les moyens, d’envisager un développement international. Mais cette croissance a aussi soulevé des questions stratégiques fondamentales, notamment celle de notre statut de marque mono-produit, un débat qui a directement influencé notre décision de nous exporter.
Bloon Paris : plus qu’un siège, une mission contre la sédentarité
Lorsque nous avons cofondé Bloon en 2018 avec mon associé Kevin Reas, qui est ostéopathe, notre mission était limpide : ‘améliorer la sédentarité et le bien-être des sédentaires’. Nous voulions proposer du mobilier qui soit à la fois élégant, fonctionnel et bénéfique pour le corps. Notre siège ballon incarne cette vision. C’est un produit que j’aime décrire comme un triptyque : le bon, le bien et le beau. Il est esthétique, bon pour la santé car il remet le corps en mouvement, et bien conçu. Au début, notre positionnement était un peu hybride, entre la décoration et le siège de bureau. C’est le Covid qui a tout accéléré et clarifié. L’explosion du télétravail a rendu notre proposition de valeur évidente pour des milliers de personnes. C’est à ce moment que notre persona s’est dessiné avec une grande précision. Comme je l’expliquais, nous avons réalisé que notre cœur de cible était ‘plutôt des femmes de plus de 45 ans qui ont une pratique sportive assez régulière… et qui achètent notre siège balloon pour s’en servir derrière un bureau’. Cette compréhension fine, acquise grâce à notre modèle D2C et aux retours directs de nos clients, a été notre plus grande force sur le marché français, nous permettant d’affiner notre discours et nos campagnes publicitaires pour devenir la référence du siège ballon en France, avec plus de 30 000 unités vendues par an et une présence forte en B2C comme en B2B.
Le dilemme du mono-produit : un débat stratégique permanent
Ce succès, construit sur un seul et unique produit, a inévitablement amené une question cruciale sur la table : peut-on construire un empire durable sur un seul pilier ? C’est une interrogation qui hante de nombreux entrepreneurs D2C. J’entendais récemment Anthony Bourbon dire dans ‘Qui veut être mon associé ?’ qu’il voyait rarement des business mono-produit devenir pérennes. C’est une angoisse légitime. ‘Si tout ton business se repose sur un mono produit, le jour où ton produit il passe un peu aux oubliettes bon bah ta boîte elle vaut plus rien’. Forcément, on y réfléchit tous les jours. La diversification semble être la réponse logique pour augmenter la LTV (Life Time Value) de nos clients. L’idée est simple : une fois qu’on a payé un coût d’acquisition pour un client, comment lui vendre d’autres produits ? Nous travaillons sur des ‘quick wins’, comme des accessoires en sortie de panier, et sur des produits plus complexes à long terme. Cependant, plusieurs mentors m’ont aussi offert une perspective inverse : ‘Attends, tu as déjà un mono produit. Déjà à gérer tes mono produit de l’optimiser… de faire ça en France, puis de le faire à l’étranger. Déjà te faire ça, c’est déjà une road map qui est hyper conséquente’. Cette tension entre diversification produit et diversification marché est au cœur de notre stratégie. Nous avons choisi de mener les deux de front, ce qui est un défi immense pour une équipe d’une dizaine de personnes en bootstrap. C’est ce contexte qui a rendu l’expansion internationale non pas une option, mais une nécessité pour continuer notre croissance.
Passer de la consolidation du marché français à la planification d’une expansion internationale a été un pivot majeur. Le débat sur le mono-produit nous a forcés à évaluer nos relais de croissance. Plutôt que de disperser nos efforts sur le développement de nouveaux produits complexes, nous avons réalisé que notre produit phare avait un potentiel inexploité sur d’autres territoires. L’idée de dupliquer notre succès français à une échelle beaucoup plus grande est devenue notre nouvel objectif. C’est ainsi que le projet américain a commencé à prendre forme, non pas comme une simple nouvelle ligne sur un business plan, mais comme la prochaine étape logique de notre histoire.
Pourquoi les États-Unis ? Anatomie d’un choix stratégique audacieux
Une fois la décision prise de s’internationaliser, la question suivante était : où ? L’Europe semblait être la voie la plus simple. L’Allemagne est un marché énorme, nos voisins belges sont déjà des clients. Pourtant, notre regard s’est tourné de l’autre côté de l’Atlantique. Le choix des États-Unis peut paraître contre-intuitif : c’est loin, c’est cher, la culture est différente, et la concurrence y est réputée féroce. Pour nous, cependant, ce choix était le résultat d’une analyse rationnelle qui a mis en lumière une opportunité unique. C’était un pari, un gros pari, mais un pari calculé.
Analyser le terrain : un potentiel immense face à une concurrence limitée
La première raison de notre choix est, pour être franc, l’opportunisme. Nous avons réalisé, après une veille concurrentielle poussée, quelque chose d’assez fou : ‘la concurrence est moins accrue aux États-Unis qu’en Europe’. Alors que de nombreuses marques D2C françaises à succès trouvent leurs homologues américains multipliés par dix en termes de taille et de budget, ce n’était pas notre cas. Le marché du siège ballon design et ergonomique était étonnamment peu développé. On y trouvait surtout ‘de la marque chinoise importée qui se vend pas cher sur Amazon’, ce qui est à l’opposé de notre positionnement premium. Nous avions donc un avantage concurrentiel majeur à jouer, une opportunité de nous positionner rapidement comme la référence, comme nous l’avions fait en France. Le potentiel du marché est tout simplement colossal. Des dizaines de millions de télétravailleurs, une culture du bien-être et de l’optimisation de la performance très forte… Le jeu en valait la chandelle. Se dire que si nous réussissions à nous implanter, le potentiel de croissance dépasserait de loin tout ce que nous pourrions faire en Europe était un moteur extrêmement puissant. C’était un terrain de jeu à notre mesure, où nous pouvions arriver avec un produit éprouvé et une proposition de valeur unique.
Les défis cachés de l’Oncle Sam : logistique, prix et adaptation culturelle
Bien sûr, l’optimisme du potentiel de marché a été rapidement tempéré par la réalité des défis à relever. Lancer aux USA n’est pas une simple formalité. Le premier chantier, et non des moindres, a été la logistique. Il fallait envoyer nos stocks, fabriqués en Europe, par container. Cela implique de trouver un logisticien sur place, de gérer les douanes, et surtout, d’anticiper les aspects légaux. ‘On a un peu peur aux États-Unis, c’est toujours le procès qui fait que la boîte elle va couler’. Nous avons donc investi du temps et de l’argent avec des avocats pour nous assurer que nos notices et nos disclaimers étaient blindés. Ensuite, il y a la question du prix. Pour couvrir les coûts de transport, de logistique et de marketing, notre produit vendu 179€ en France est commercialisé à 229$ aux États-Unis. C’est une augmentation significative qu’il faut pouvoir justifier. Enfin, l’adaptation du site web a été plus complexe que prévu. ‘On pense qu’il faut juste décliner son site, traduire les contenu. Non, il y a quand même pas mal de trucs à faire’. Au-delà de la simple traduction, il a fallu une relecture par un natif pour que le ton soit juste et inspire confiance, car un Américain détecte immédiatement une traduction littérale. C’est un ensemble de détails qui, mis bout à bout, représentent un investissement conséquent avant même d’avoir vendu le premier produit.
Cette phase d’analyse et de préparation a été fondamentale. Elle nous a permis de valider notre intuition sur le potentiel du marché tout en prenant la mesure des obstacles concrets qui nous attendaient. Le tableau était clair : une opportunité unique, mais un chemin semé d’embûches logistiques, légales et culturelles. C’est précisément pour naviguer cette complexité que nous avons opté pour une stratégie de lancement spécifique. Plutôt que d’ouvrir notre e-shop du jour au lendemain, nous avons décidé d’utiliser une rampe de lancement plus contrôlée et progressive : une campagne de crowdfunding.
Le crowdfunding, notre porte d’entrée sur le marché américain
Face à l’ampleur du défi américain, nous aurions pu choisir de lancer notre site e-commerce en direct. Après tout, nous savions comment vendre notre produit. Mais plusieurs facteurs nous ont poussés vers une autre voie, celle du financement participatif. Pour nous, ce n’était pas une simple réplique de notre lancement initial en France en 2018. C’était une décision mûrement réfléchie, un outil stratégique parfaitement adapté aux spécificités d’un lancement sur un nouveau continent. Le crowdfunding allait être notre cheval de Troie pour pénétrer le marché américain.
Plus qu’une levée de fonds, un outil de validation de marché
La raison principale de ce choix n’était pas financière. La vraie valeur du crowdfunding, dans ce contexte, était double. Premièrement, la gestion du temps et de la logistique. ‘La réalité c’est que le stock était toujours pas livré aux États-Unis’. La préparation des produits aux normes américaines, la finalisation du setup avec le logisticien… tout cela prenait du temps. Nous ne voulions pas attendre. ‘L’avantage du crowdfunding… c’est que tu peux commercialiser tes produits en disant aux personnes qui vont faire cette précommande qu’elles vont être livrées dans un mois, 2 mois ou 3 mois’. Cela nous a permis de lancer notre communication et de commencer à vendre dès septembre 2023, tout en finalisant notre chaîne logistique en coulisses. Deuxièmement, et c’est peut-être le plus important, le crowdfunding est un formidable outil de validation. Il permet de tester l’appétit du marché avec un risque limité, de recueillir des données précieuses sur les premiers acheteurs américains, et de construire une communauté de ‘early adopters’ qui deviendront nos premiers ambassadeurs. C’était une manière de prendre la température avant de plonger entièrement dans le grand bain.
Les trois actes de notre campagne : pré-lancement, lancement, et post-lancement
Une campagne de ce type ne s’improvise pas. Forts de notre première expérience et des standards du marché, nous avons structuré notre opération en trois phases distinctes, comme une pièce de théâtre. ‘On a vraiment fait une période de pré-launch, ce qu’on appelle vraiment de pré lancement, une période de lancement et une période après lancement’. Le pré-lancement est une phase de teasing, dont l’objectif est de créer de l’attente et, surtout, de collecter un maximum d’adresses email de personnes intéressées. C’est le nerf de la guerre. La phase de lancement est la période de vente active sur la plateforme de crowdfunding, où toute notre énergie est concentrée sur la conversion. Enfin, la phase post-lancement, souvent négligée, est celle de la production, de la logistique et de la communication avec les contributeurs jusqu’à la livraison. Cette structuration nous a permis d’allouer nos ressources de manière ciblée et de maximiser l’impact à chaque étape clé du processus. Chaque acte avait ses propres objectifs, ses propres outils et ses propres indicateurs de succès.
Le choix du crowdfunding et la structuration de notre campagne en trois temps forts ont constitué la colonne vertébrale de notre stratégie de lancement. Ce n’était plus seulement une question de vendre un produit, mais de construire une dynamique, de créer un événement et de rassembler une première communauté. Avec ce plan en main, nous pouvions désormais nous attaquer à la partie la plus concrète et la plus intense du projet : la préparation et l’exécution de la campagne elle-même.
Dans les coulisses de la préparation : un travail de longue haleine
Avoir une stratégie, c’est bien. L’exécuter, c’est une autre paire de manches. La préparation de notre campagne de crowdfunding pour les États-Unis a été un marathon de plusieurs mois. Nous avons fait le choix d’internaliser une grande partie du travail pour maîtriser les coûts, car faire appel à une agence spécialisée aux US peut coûter entre ’50 et 100k’. Ce choix nous a permis d’être agiles, mais a aussi mis une pression énorme sur notre petite équipe. Chaque détail, du message marketing à la configuration technique, a été pensé et repensé pour maximiser nos chances de succès sur ce nouveau territoire.
Construire l’arsenal marketing : landing page, vidéo et storytelling adapté
Le cœur d’une campagne de crowdfunding, c’est sa page de présentation. Nous avons dû créer tous les actifs de A à Z : une vidéo de lancement de type Kickstarter, des photos, et surtout, un texte qui parle à la cible américaine. C’est un exercice beaucoup plus subtil qu’une simple traduction. Il faut adapter les arguments. Le ‘Made in France’ est un plus, mais ce n’est pas l’argument principal. Nous avons dû mettre l’accent sur les bénéfices universels : la santé, le bien-être au travail, la productivité, le design. Nous avons travaillé sur ‘toute la partie wording’, avec un processus de relecture par un natif américain pour s’assurer que chaque mot sonne juste, que chaque phrase inspire confiance et désir. La construction des ‘rewards’ (les offres proposées aux contributeurs) a également été un point clé : il fallait créer des paliers de prix attractifs, des offres exclusives pour les premiers acheteurs (early birds) afin de créer un sentiment d’urgence et de récompenser les plus rapides.
La phase cruciale de pré-lancement : récolter des emails pour créer l’élan
Comme je l’ai mentionné, nous avons divisé la campagne en grands temps forts. Le premier, et sans doute le plus important, était la phase de collecte d’emails en amont. L’idée est simple : il est très difficile de lancer une campagne ‘à froid’. Il faut arriver le jour J avec une base de prospects déjà intéressés et prêts à acheter. ‘L’idée c’était d’utiliser la publicité sur Facebook et sur Google pour aller capter un maximum d’inscrits avant de lancer la campagne de crowdfunding’. Nous avons donc monté une landing page dédiée, avec un message simple : ‘Bloon arrive aux USA, inscrivez-vous pour être prévenu du lancement et bénéficier d’une offre exclusive’. Cette phase, qui a duré plusieurs semaines, nous a permis de constituer une liste de plusieurs milliers de personnes. Cette liste est un atout inestimable : c’est elle qui va donner l’impulsion initiale, créer la preuve sociale dans les premières heures cruciales du lancement et attirer d’autres contributeurs par effet boule de neige.
L’équation du lancement : offres, séquence email et pression publicitaire
Le deuxième temps fort, c’est la phase de vente active. Une fois la campagne lancée, tout s’accélère. La première chose que nous avons faite a été de contacter notre liste d’inscrits via une séquence d’emails soigneusement préparée. Le premier email annonce l’ouverture, le suivant rappelle l’offre ‘early bird’ qui est limitée dans le temps, etc. L’objectif est de convertir un maximum de ces prospects chauds le plus rapidement possible. En parallèle, les campagnes publicitaires, qui visaient auparavant la collecte d’emails, changent d’objectif et redirigent désormais directement vers la page de la campagne pour générer des ventes. Nous avons dû définir précisément la durée de la campagne, les différentes offres que nous allions proposer et comment nous allions communiquer sur celles-ci. C’était un ballet marketing orchestré sur plusieurs canaux, où chaque action était planifiée pour maintenir la dynamique et atteindre nos objectifs de financement. C’est une période intense où l’on analyse les chiffres heure par heure pour ajuster la stratégie en temps réel.
Conclusion : un premier pas réussi et des leçons pour l’avenir
Avec le recul, je peux le dire en toute transparence : ‘on a pas riché ce qu’on souhaitait riché aux États-Unis sur la campagne de crowdfunding’. Nos attentes initiales, peut-être un peu trop optimistes, n’ont pas été atteintes en termes de volume de ventes. Cependant, considérer cette opération comme un échec serait une grave erreur d’analyse. Ce lancement n’était pas une fin en soi, mais un commencement. C’était notre premier pas, notre tête de pont sur le continent américain. Grâce à cette campagne, nous avons réussi à lancer la marque Bloon aux États-Unis, à livrer nos premiers clients, à tester notre chaîne logistique et à recueillir des données précieuses sur ce nouveau marché. Nous avons validé l’intérêt pour notre produit et nous avons maintenant une base sur laquelle construire. Ce que nous avons appris au cours de ces mois de préparation et d’exécution vaut de l’or. Nous avons compris les nuances culturelles, les coûts réels d’acquisition, et les leviers qui fonctionnent (ou pas). Cette campagne de crowdfunding a été un investissement, un cours accéléré sur le marché américain. Pour tous les entrepreneurs qui rêvent d’international, mon conseil serait celui-ci : soyez ambitieux dans vos objectifs, mais soyez encore plus rigoureux dans votre préparation. Ne sous-estimez jamais la complexité d’un nouveau marché. Testez, mesurez, apprenez, et considérez chaque étape, même si elle n’atteint pas des sommets, comme une brique essentielle dans la construction de votre succès à long terme. L’aventure américaine de Bloon Paris ne fait que commencer.
Questions fréquentes sur le lancement d’une marque aux États-Unis
Pourquoi choisir le crowdfunding pour une entrée sur le marché américain ?
Opter pour une campagne de crowdfunding pour pénétrer le marché américain est une décision stratégique qui va au-delà du simple financement. C’est une méthode efficace pour dérisquer le lancement. Elle permet de tester l’appétence du marché pour un produit sans avoir à investir immédiatement dans un stock massif sur place. De plus, cela offre une solution élégante pour gérer les délais logistiques inhérents à l’importation. On peut commencer à vendre et à communiquer bien avant que les produits ne soient physiquement disponibles dans l’entrepôt américain. Enfin, c’est un excellent moyen de créer une communauté de ‘early adopters’ qui seront les premiers ambassadeurs de la marque dans le pays.
‘L’avantage du crowdfunding, je pense que tout le monde le sait, c’est que tu peux commercialiser tes produits en disant aux personnes qui vont faire cette précommande qu’elles vont être livrées dans un mois, 2 mois ou 3 mois. Et donc en fait l’idée c’était vraiment de prendre du terrain sur le marché américain.’
Quels sont les plus grands défis logistiques pour vendre aux USA depuis l’Europe ?
Les défis sont nombreux et ne doivent pas être sous-estimés. Le premier est le transport du stock initial, généralement par container, ce qui implique des délais et des coûts importants. Ensuite, il faut trouver un partenaire logistique local (3PL) fiable pour le stockage, la préparation des commandes et les expéditions. Le volet légal et douanier est également crucial : il faut s’assurer que les produits respectent les normes américaines, que les déclarations sont correctes et que les notices incluent les avertissements légaux nécessaires pour se prémunir contre d’éventuels litiges, une préoccupation majeure aux États-Unis.
‘Il faut préparer les produits, il faut quand même se renseigner sur les normes, il faut se renseigner sur les inscriptions, il faut bien se renseigner sur les notices avec les disclaimer… on a un peu peur aux États-Unis, c’est toujours le procès qui fait que la boîte elle va couler.’
Comment adapter son message marketing pour une audience américaine ?
L’adaptation culturelle est fondamentale. Il ne s’agit pas seulement de traduire son site web. Il faut repenser le storytelling pour qu’il résonne avec les valeurs et les attentes locales. Un argument comme le ‘Made in France’ peut être un gage de qualité, mais il ne sera pas forcément l’argument de vente principal. Il faut comprendre les ‘pain points’ de la cible américaine et y répondre avec des bénéfices clairs et directs. Le ton doit être confiance, positif et souvent plus direct qu’en France. Faire relire et corriger tous les contenus par un locuteur natif est une étape non négociable pour éviter les maladresses qui pourraient nuire à la crédibilité de la marque.
‘Un américain, il va tout de suite comprendre la manière dont le site il a été rédigé et s’il se rend compte qu’il y a eu un peu de translation qui a été faite depuis un français, ça va pas forcément lui donner confiance. Donc en fait, on a vraiment eu un process de traduction… avec de la relecture par une personne américaine native.’
Quelle est la phase la plus critique d’une campagne de crowdfunding ?
Bien que chaque phase soit importante, la période de pré-lancement est sans doute la plus déterminante pour le succès de la campagne. C’est durant cette étape que l’on construit l’élan initial. L’objectif est de collecter un maximum de contacts qualifiés (emails) de personnes réellement intéressées par le produit. Cette base de prospects ‘chauds’ sera sollicitée dès les premières heures du lancement, assurant un démarrage en force. Un bon démarrage crée une preuve sociale (déjà x% financé !), ce qui rassure et attire de nouveaux contributeurs. Sans une phase de pré-lancement réussie, une campagne risque de démarrer lentement et de ne jamais atteindre sa dynamique de croisière.
‘On avait comme premier temps fort une phase de récolte d’email donc en amont de la campagne de crowdfunding où en fait l’idée c’était d’utiliser la publicité sur Facebook et sur Google pour aller capter un maximum d’inscrits avant de lancer la campagne de crowdfunding.’
Une stratégie mono-produit est-elle viable pour une expansion internationale ?
C’est un véritable débat stratégique. Une stratégie mono-produit peut être une force immense : elle permet de focaliser tous ses efforts marketing, logistiques et de R&D sur un seul élément, pour le rendre le meilleur possible. Cela simplifie le message et la gestion. Pour une expansion internationale, cela signifie qu’on peut répliquer un modèle qui a déjà fait ses preuves. Cependant, cela représente aussi une vulnérabilité : toute l’entreprise repose sur le succès continu de ce seul produit. L’expansion internationale peut donc être vue comme une forme de diversification (géographique plutôt que produit) qui permet de réduire ce risque en s’attaquant à de nouveaux marchés.
‘Il y a quand même beaucoup de marques notamment aux États-Unis qui étaient mono produit qui ont cherché à se diversifier et qui sont revenus sur du mono produit parce qu’elles se rendent compte qu’en fait, elles ont beaucoup plus de valeur et qu’elles sont beaucoup plus bonnes… à être mono produit.’
Comment avez-vous identifié votre cible sur un nouveau marché comme les USA ?
L’identification de la cible sur un nouveau marché part d’une hypothèse basée sur notre marché d’origine. Pour Bloon, nous savions que notre produit répondait aux problèmes de dos des personnes sédentaires travaillant dans des bureaux. Nous avons donc commencé avec ce postulat. Ensuite, la campagne de pré-lancement et la campagne de crowdfunding elle-même agissent comme un grand filtre. En analysant les données démographiques et les centres d’intérêt des personnes qui s’inscrivent et qui achètent, nous pouvons affiner ou confirmer notre persona initial. C’est un processus itératif : on lance avec une idée de la cible, et les premières données de vente permettent de la préciser pour optimiser les actions marketing futures.
‘Notre discours, notre argumentaire, c’est vous êtes assis longtemps derrière votre bureau, vous avez des problèmes de dos, acheter un boom pour résoudre ces problèmes de santé. C’est vraiment le discours qu’on porte aujourd’hui sur notre site et sur nos campagne publicitaire.’




