D’une lutte personnelle à une révolution pour les femmes : l’histoire du pivot de Mindology
Chaque histoire entrepreneuriale commence souvent par une étincelle, un problème personnel si profond qu’il devient une obsession, puis une mission. Pour mon associée Agathe et moi, cette étincelle est née dans le silence de la nuit, dans la lutte contre une dépendance insidieuse. Nous étions, comme beaucoup trop de personnes, des ‘anciennes accros au somnifère’. Ce parcours, semé d’effets secondaires comme le brouillard mental et les pertes de mémoire, nous a ouvert les yeux sur un besoin criant : des alternatives naturelles, efficaces et transparentes pour retrouver la paix intérieure. C’est de cette conviction qu’est née Mindology, initialement dédiée à apaiser l’anxiété et les troubles du sommeil qui touchent, rappelons-le, 70 % des Français.
Pourtant, ce qui a commencé comme une mission pour aider le plus grand nombre à mieux dormir s’est transformé en une aventure bien plus spécifique et, finalement, plus impactante. Cet article n’est pas seulement le récit du lancement d’une marque de compléments alimentaires. C’est l’histoire d’un pivot stratégique radical, celui qui nous a fait passer du vaste océan du sommeil au territoire encore largement inexploré de la ménopause. Un changement de cap qui peut sembler risqué, voire contre-intuitif, alors que notre première proposition commençait à peine à trouver son public. Mais ce pivot n’a pas été le fruit du hasard ou d’une intuition soudaine. Il a été dicté par nos clientes, par les données que nous avons récoltées sur le terrain, dans les allées de 250 Monoprix, et par l’analyse rigoureuse de la valeur de nos consommatrices en ligne.
Au fil de cette lecture, je vous invite dans les coulisses de Mindology. Je vais vous partager, sans filtre, comment nous avons transformé une expérience personnelle en une communauté engagée, comment nous avons utilisé le crowdfunding non pas comme une simple levée de fonds mais comme un véritable plébiscite, et surtout, comment l’épreuve du feu de la grande distribution nous a révélé notre véritable mission. Vous découvrirez pourquoi écouter ses clients les plus fidèles est la boussole la plus fiable pour un entrepreneur, et comment les données, qu’elles proviennent d’un ticket de caisse ou d’un tableau de bord Shopify, sont les clés pour construire une croissance saine et durable. Préparez-vous à plonger dans une aventure où la stratégie compléments alimentaires rencontre l’écoute active, et où un pivot devient une véritable révolution.
La genèse d’une mission : quand la communauté précède le produit
Avant même qu’une seule fiole de Mindology n’existe, il y avait un besoin, une conversation. L’idée de notre marque n’est pas née dans un brainstorming stratégique, mais au cœur de groupes de soutien que nous avions initiés pendant la pandémie. C’était une période où l’anxiété collective était palpable, et nous voyions nos proches se tourner massivement vers des solutions médicamenteuses rapides, les mêmes dont nous avions tant souffert. Notre démarche initiale était purement altruiste : créer un espace de parole sécurisé pour partager notre expérience et éduquer sur les risques des benzodiazépines. Comme je le mentionnais, ‘c’est vraiment des médicaments qui sont très efficaces à court terme mais qu’il ne faut pas prendre pendant plus de 6 mois. Et en fait la moitié des prescriptions durent plus de 6 mois’. C’était ce constat alarmant qui nous animait.
Des Google Meets informels à la première preuve de concept
Nous n’avions pas de plan marketing sophistiqué. Tout a commencé avec de simples ‘Google Meet avec au départ nos proches, nos familles, nos amis’. Ces rendez-vous hebdomadaires étaient des bulles d’air, des moments pour échanger sans jugement sur l’anxiété, l’insomnie et le sentiment d’être dépassé. Ce qui est fascinant, c’est la puissance du bouche-à-oreille organique. De 20 personnes, nous sommes passés à 250 en seulement six mois. Cette croissance exponentielle n’était pas le fruit d’une stratégie d’acquisition, mais la preuve irréfutable qu’il existait un besoin profond de parler de santé mentale et de trouver des solutions alternatives. Ces 250 personnes ne formaient pas une liste d’emails ; elles constituaient une véritable communauté, des individus qui partageaient nos valeurs et notre histoire. C’est en les écoutant que nous avons compris le véritable problème à résoudre : le cercle vicieux de l’anxiété qui empêche de mettre en place des solutions de long terme. Il fallait une aide, un coup de pouce naturel pour ‘sortir la tête de l’eau’ et pouvoir ensuite entamer un vrai travail sur soi.
La naissance d’une formule : allier science et transparence
La décision de créer un produit physique est venue naturellement de ces échanges. Nous avions nous-mêmes testé d’innombrables produits naturels pour nous sevrer des somnifères. Nous savions ce qui fonctionnait, mais nous savions aussi que le marché manquait cruellement de transparence et de formules réellement efficaces. Forte de son expérience en R&D chez L’Oréal, Agathe avait l’expertise pour transformer cette vision en réalité. Nous voulions créer plus qu’un simple produit ; nous voulions offrir une solution de confiance. C’est pourquoi nous avons fait le choix de nous concentrer sur des ‘plantes médicinales françaises’ et d’y associer le CBD, non pas pour surfer sur une tendance, mais pour son efficacité prouvée sur l’anxiété. Le développement de nos trois premières huiles sublinguales a été financé sur nos fonds propres, car nous croyions viscéralement en leur potentiel. Cette communauté de 250 personnes, bâtie sur la confiance et l’authenticité, allait devenir le socle de notre lancement et la clé de notre succès initial.
Cette phase de pré-lancement nous a enseigné une leçon fondamentale : avant de penser produit, de penser marketing ou distribution, il faut penser ‘communauté’. En créant un espace de valeur et d’écoute, nous n’avons pas seulement validé notre idée ; nous avons fédéré des ambassadeurs qui allaient porter notre projet bien au-delà de nos espérances. Le véritable capital de Mindology, avant même le premier euro levé, c’était cette confiance tissée au fil des mois.
Le tremplin du crowdfunding : 50 000 € pour transformer une communauté en clients
Avec une communauté engagée et un prototype de produit en main, l’étape suivante était cruciale : financer la première production à grande échelle. Pour une jeune marque comme la nôtre, le crowdfunding sur une plateforme comme Ulule semblait être la voie royale. Mais une campagne réussie ne s’improvise pas. Elle est l’aboutissement d’une stratégie mûrement réfléchie, où chaque détail compte. Notre principal atout n’était pas notre produit, aussi innovant soit-il, mais bien les 250 personnes qui nous suivaient depuis des mois. C’est là que réside le secret d’un lancement réussi : la mobilisation de sa base la plus fidèle, ce que j’appelle le ‘cercle 1’.
L’effet boule de neige : atteindre 20 000 € en 24 heures
Le jour du lancement, notre stratégie était simple : nous adresser d’abord et avant tout à notre communauté. Ces personnes connaissaient notre histoire, la genèse du projet, et comprenaient intimement le ‘pourquoi’ derrière Mindology. Le résultat a été fulgurant. ‘On a atteint directement l’objectif de la campagne Ulule en une journée’. Notre objectif initial de 20 000 € a été pulvérisé en moins de 24 heures, quasi exclusivement grâce à ce premier cercle et à leurs proches, le ‘cercle 2’. Ce succès immédiat a eu un effet psychologique extrêmement puissant. Pour les visiteurs externes, le ‘cercle 3’, arriver sur une page de campagne dont l’objectif est déjà atteint est un gage de crédibilité et de réassurance immense. Cela élimine la peur que le projet n’aboutisse pas et que leur contribution soit perdue. La preuve sociale était établie, créant un cercle vertueux qui a attiré de nouveaux contributeurs, curieux de découvrir ce projet déjà plébiscité.
L’art de la persévérance : décrocher la newsletter Ulule
Atteindre l’objectif initial était une chose, mais nous visions plus haut. Pour cela, il nous fallait une visibilité massive, et le Graal sur Ulule, c’est de figurer dans leur newsletter hebdomadaire. C’est là qu’une autre compétence entrepreneuriale entre en jeu : la ténacité. Je l’admets volontiers : ‘Moi je suis assez forte en harcèlement massif. C’est ce que j’ai fait pour Monoprix aussi’. J’ai donc établi une relation très proche avec le porteur de projet chez Ulule, m’assurant d’être constamment ‘top of mind’ pour lui. Cette persévérance a payé. Notre inclusion dans la newsletter a été un véritable game-changer. Elle nous a apporté les 30 000 € restants, provenant de personnes qui ne nous connaissaient absolument pas. Au total, la campagne nous a permis de lever 50 000 € et de rassembler près de 600 clients fondateurs. Plus que de l’argent, nous avions gagné une base de clients engagés, des données précieuses et une première vague de notoriété qui allait s’avérer déterminante pour la suite, et notamment pour attirer l’attention d’un géant comme Monoprix.
La leçon de cette campagne est claire : le crowdfunding n’est pas une solution magique. C’est un amplificateur. Il amplifie le travail de communauté que vous avez réalisé en amont. Sans ces 8 mois passés à créer du lien, notre campagne n’aurait jamais eu le même impact. C’est un marathon, pas un sprint, et la ligne de départ se situe bien avant le jour du lancement officiel.
L’épreuve du feu : comment conquérir 250 Monoprix en étant une équipe de deux
Fortes de notre succès sur Ulule et de la crédibilité qu’il nous a conférée, une opportunité inattendue s’est présentée : Monoprix. Alors que de nombreuses marques D2C (Direct-to-Consumer) se concentrent exclusivement sur le digital pendant des années, nous avons fait le pari inverse. Nous avons vu dans la grande distribution un levier d’accélération phénoménal pour la notoriété et la crédibilité. Signer avec Monoprix, c’était faire entrer Mindology dans le quotidien des Français et bénéficier d’un sceau de confiance quasi immédiat. Mais ce que nous n’avions pas totalement anticipé, c’était l’ampleur du défi logistique et humain. Nous sommes passées de 16 Monoprix en test à un déploiement national dans 250 points de vente en seulement trois mois. Pour une équipe de deux fondatrices, c’était un véritable Everest à gravir.
Les trois piliers de la réussite en grande distribution
Rétrospectivement, notre succès – et notre survie – dans cet environnement ultra-compétitif repose sur trois piliers fondamentaux. Le premier, et le plus chronophage, est le **travail de terrain**. Il ne suffit pas d’être référencé. Il faut s’assurer que le produit est visible. Cela signifie ‘aller chercher ton produit dans les réserves et le mettre en rayon’, car cette étape n’est pas toujours assurée. Cela implique de créer un lien humain, un vrai relationnel avec chaque chef de rayon. C’est un travail de fourmi, répétitif, mais absolument essentiel.
Le deuxième pilier est la **formation des équipes**. Dans un rayon où la concurrence est féroce, il faut devenir ‘top of mind’ pour le conseiller de vente. Pourquoi recommanderait-il Mindology plutôt qu’une autre marque ? Uniquement s’il comprend parfaitement notre produit, notre mission et nos points de différenciation. Nous avons donc passé un temps considérable à visiter les magasins, à former les équipes, à offrir des produits pour qu’ils puissent les tester et se les approprier. C’était un investissement en temps colossal, mais c’est ce qui a permis à nos produits de ne pas prendre la poussière en rayon.
Enfin, le troisième pilier est le **pouvoir de négociation**. Et c’est là que le bât blesse quand on est une ‘mini marque’. Nous avons dû faire des compromis. Monoprix a d’abord choisi de ne référencer que nos infusions, des produits d’appel moins chers mais sur lesquels ‘on marge le plus’. Nous avons donné une énergie folle pour vendre des produits qui n’étaient pas les plus rentables pour nous. C’était le prix à payer pour entrer sur le terrain de jeu des grands. Cette expérience nous a appris l’humilité et la dure réalité des rapports de force dans le retail.
Un apprentissage grandeur nature, mais à quel prix ?
Pendant près d’un an, toute notre énergie a été aspirée par ce déploiement. Le digital a été mis en pause, car nous étions en mode survie, concentrées à 100% sur Monoprix. C’était un pari risqué qui a mis notre jeune entreprise sous une tension extrême. Cependant, sans que nous le réalisions tout de suite, ce tour de France des Monoprix était en train de se transformer en la plus grande étude de marché que nous n’aurions jamais pu nous offrir. Chaque conversation avec une cliente en magasin, chaque analyse des ventes d’un point de vente, chaque discussion avec un pharmacien de parapharmacie Monoprix était une pépite d’or. Nous étions en train de collecter, sans le savoir, les données qui allaient non seulement sauver notre entreprise, mais surtout, lui donner sa véritable raison d’être.
La révélation du terrain : comment le retail a dicté notre pivot vers la ménopause
Après des mois passés à sillonner la France, à animer des stands et à discuter avec les chefs de rayon, un schéma a commencé à émerger, d’abord de manière subtile, puis avec une clarté aveuglante. Nous pensions vendre des solutions pour le sommeil à tous les Français anxieux. Mais la réalité du terrain nous racontait une histoire bien différente. Le retail, que nous voyions initialement comme un simple canal de distribution, est devenu notre plus puissant outil de découverte client, le laboratoire qui allait provoquer le pivot le plus important de l’histoire de Mindology.
L’écoute active en rayon : la découverte de notre vraie cliente
Le point de bascule s’est produit lors de nos animations en magasin. En parlant directement avec les personnes qui achetaient nos produits, nous nous sommes rendu compte d’une constante : ‘c’était très souvent des femmes de plus de 45 ans’. Ces femmes n’achetaient pas nos infusions simplement pour un coup de stress passager. Elles nous parlaient d’une anxiété plus profonde, d’insomnies récurrentes, de réveils nocturnes… des symptômes qui nous étaient familiers. La connexion s’est faite progressivement : les deux plus gros symptômes de la ménopause sont précisément l’anxiété et l’insomnie. Sans le savoir, ‘on répondait à des symptômes de la ménopause mais sans forcément s’en rendre compte au départ’. Nous avions trouvé notre audience, ou plutôt, elle nous avait trouvées. Nous avons alors compris qu’il existait un besoin immense, un véritable ‘boulevard’ pour une marque qui s’adresserait directement et sans tabou à ces femmes, souvent démunies face à un manque de solutions naturelles et spécifiques.
La data qui ne ment pas : LTV et la loi de Pareto
Cette observation qualitative a été corroborée par des données quantitatives implacables, à la fois sur le digital et en retail. En analysant nos ventes en ligne, nous avons segmenté nos clientes. Le résultat fut sans appel : ‘la LTV sur 6 mois pour tous nos consommateurs confondus, c’était 200 € et la LTV pour les femmes plus de 45 ans, c’était 400 €’. Nos clientes ménopausées dépensaient deux fois plus. Elles étaient plus fidèles, plus engagées, car nos produits apportaient une réponse efficace à leurs problèmes profonds. Cette donnée seule aurait dû nous alerter.
Mais la confirmation finale est venue de l’analyse de nos ventes chez Monoprix. Nous avons appliqué la fameuse loi de Pareto et avons découvert que ‘on faisait 80 % de notre chiffre d’affaires sur le top 20 Monoprix’. Et qui étaient ces 20 magasins surperformants ? Sans exception, c’étaient des ‘Monoprix santé parapharmacie’. Cette information était cruciale. Non seulement elle confirmait que notre cliente type cherchait des solutions dans un environnement santé, mais elle nous dessinait aussi notre future stratégie de distribution : la pharmacie. La boucle était bouclée. Le terrain et les chiffres pointaient tous dans la même direction. Le pivot n’était plus une option, c’était une évidence.
Construire une croissance durable : la synergie entre organique et pharmacie
Le pivot vers la ménopause n’était pas un simple changement de packaging ou de discours marketing. C’était une refonte totale de notre identité et de notre stratégie. Fortes de nos apprentissages chez Monoprix et de l’analyse de nos données clients, nous avons décidé de concentrer 100% de notre énergie sur cette nouvelle mission : devenir la première marque naturelle française entièrement dédiée à la ménopause. Cette décision a clarifié toute notre feuille de route, de la R&D à la distribution, en passant par notre stratégie d’acquisition, désormais exclusivement organique et en parfaite synergie avec notre nouveau canal de prédilection : la pharmacie.
Une acquisition 100% organique, ciblée et pertinente
L’un des aspects les plus remarquables de notre croissance est qu’elle est ‘100 % organique’. Nous n’investissons pas en publicité payante. Comment est-ce possible ? En étant extrêmement pertinent pour une audience précise. Notre stratégie repose sur trois canaux mentionnés dans notre échange : les communautés, le SEO et l’email marketing. Mais avec notre nouveau positionnement, ces canaux ont pris une tout autre dimension. Les ‘communautés’ ne sont plus des groupes généralistes sur l’anxiété, mais des espaces dédiés aux femmes de plus de 45 ans où l’on parle librement de périménopause et de ménopause. Notre stratégie ‘SEO’ ne vise plus ‘problème de sommeil’ mais des requêtes ultra-spécifiques comme ‘solution naturelle bouffées de chaleur’ ou ‘anxiété nocturne ménopause’. Enfin, notre ’email marketing’, à l’image de nos challenges sommeil, se transforme pour proposer des programmes d’accompagnement ciblés sur les symptômes de la ménopause. En nous nichant, nous avons décuplé la pertinence de notre contenu, ce qui génère un trafic qualifié et une confiance durable.
La pharmacie : le canal de la crédibilité et de l’expertise
L’expérience Monoprix nous a appris que notre place était dans un environnement santé, là où le conseil d’un expert est primordial. Notre objectif est donc clair : ‘maintenant le but c’est vraiment de déployer en pharmacie’. Ce choix stratégique est en parfaite adéquation avec notre nouvelle offre produit. Au lieu d’un complément ‘all-in-one’ qui promet de tout traiter, nous développons des formules ciblées pour chaque grand symptôme. Comme je l’expliquais, ‘adresser 35 symptômes d’un coup, c’est du coup pas être très efficace sur aucun des symptômes’. Nous avons commencé avec l’anxiété et l’insomnie, puis nous avons lancé notre gamme Super Woman pour les bouffées de chaleur. Cette approche spécifique est bien plus facile à expliquer et à recommander pour un pharmacien, qui devient alors notre meilleur prescripteur. La crédibilité gagnée en rayon se transforme en trafic sur notre site, notamment via des QR codes sur nos packagings qui renvoient vers des contenus experts, créant ainsi une boucle vertueuse entre le physique et le digital.
Conclusion : la leçon du pivot, écouter pour mieux grandir
Le parcours de Mindology, de ses débuts dans des groupes de soutien informels à son positionnement affirmé sur le marché de la ménopause, est une illustration puissante d’une vérité fondamentale en entrepreneuriat : votre client le plus fidèle est votre meilleur stratège. Notre histoire n’est pas celle d’un plan parfaitement exécuté, mais celle d’une adaptation constante, guidée par une écoute profonde et une analyse honnête des données. Nous pensions avoir une mission, mais ce sont nos clientes qui nous ont révélé notre véritable vocation.
Les leçons que nous avons tirées sont universelles. Premièrement, la puissance d’une communauté authentique, bâtie bien avant de vendre quoi que ce soit, est un atout inestimable. Deuxièmement, le retail physique, loin d’être un canal dépassé, peut être un incroyable laboratoire pour tester, apprendre et découvrir son véritable marché. Notre expérience chez Monoprix a été difficile, mais elle a été le catalyseur de notre plus grande réussite. Enfin, le courage de pivoter, de laisser derrière soi une idée initiale pour embrasser une opportunité plus grande et mieux alignée, est ce qui distingue une entreprise qui survit d’une entreprise qui prospère. L’analyse de la LTV nous a donné la confiance nécessaire pour faire ce saut.
Aujourd’hui, en nous concentrant exclusivement sur les femmes en ménopause, nous ne faisons pas que vendre des compléments alimentaires. Nous répondons à un besoin profond, nous brisons des tabous et nous construisons une marque qui a un impact réel. Pour tous les entrepreneurs qui nous lisent, mon conseil est simple : cessez de deviner. Plongez sur le terrain, parlez à vos clients, analysez vos données les plus simples. Les réponses à vos plus grandes questions stratégiques s’y trouvent déjà. Il suffit d’écouter.
FAQ : Vos questions sur la stratégie de Mindology
Pourquoi Mindology a-t-elle pivoté du sommeil vers la ménopause ?
Le pivot stratégique de Mindology n’a pas été une décision soudaine mais le résultat d’une double révélation. D’une part, les animations en magasin chez Monoprix ont montré que les clientes les plus assidues et intéressées étaient majoritairement des femmes de plus de 45 ans. D’autre part, l’analyse des données de vente en ligne a révélé une LTV (valeur vie client) deux fois plus élevée pour ce segment de clientèle. Ces femmes utilisaient les produits anti-anxiété et insomnie pour gérer des symptômes directement liés à la ménopause, un marché alors très mal adressé. C’était une évidence dictée par le marché lui-même.
‘En fait on répondait à des symptômes de la ménopause mais sans forcément s’en rendre compte au départ. […] il y avait vraiment un besoin au marché qui était très peu adressé à ce moment-là.’
Comment une campagne de crowdfunding peut-elle réussir avant même le lancement public ?
Le succès fulgurant de la campagne Ulule de Mindology repose sur un travail de fond réalisé bien en amont. Pendant huit mois avant le lancement, les fondatrices ont animé des groupes de soutien, fédérant une communauté très engagée de 250 personnes. C’est ce ‘cercle 1’ qui a été mobilisé en priorité, permettant d’atteindre l’objectif financier en seulement 24 heures. Ce succès initial a créé une forte preuve sociale, rassurant et attirant les contributeurs externes (‘cercle 3’), et a maximisé l’impact de la campagne bien au-delà de la communauté de départ.
‘Ce que je conseille quand on se lance sur une campagne, c’est d’abord d’avoir une première communauté de personnes méga engagées sur le projet qu’on a fédéré longtemps avant. […] et qui vont pouvoir pousser le projet en fait autour d’elle.’
Quels sont les plus grands défis pour une jeune marque en grande distribution comme Monoprix ?
Pour une startup, entrer chez un géant comme Monoprix présente trois défis majeurs. Premièrement, le travail de terrain est immense : il faut physiquement visiter les magasins pour s’assurer de la mise en rayon des produits et créer du lien avec les chefs de rayon. Deuxièmement, la formation des équipes de vente est cruciale mais chronophage pour se démarquer de la concurrence. Enfin, le pouvoir de négociation est très faible : la jeune marque doit souvent accepter les conditions du distributeur, comme le référencement de produits à faible marge, ce qui impacte directement la rentabilité.
‘Ton pouvoir de négo avec Monoprix qui est très difficile parce qu’en fait tu es une mini marque, tu leur amènes un tout petit CA au début par rapport à des des gros acteurs de la distrib.’
Comment le retail peut-il aider à identifier sa véritable clientèle cible ?
Le retail est un formidable laboratoire pour observer le comportement des clients en conditions réelles. Pour Mindology, les animations en magasin ont été décisives. En discutant directement avec les acheteurs, les fondatrices ont réalisé que leur cliente type n’était pas celle qu’elles imaginaient. Elles ont pu identifier un profil récurrent – la femme de plus de 45 ans – et comprendre les raisons profondes de son achat. Le retail offre des retours qualitatifs directs et non filtrés qui sont impossibles à obtenir uniquement via le e-commerce, permettant ainsi de découvrir son véritable ‘product-market fit’.
‘Sur les animations quand on parlait nous avec des clientes, on se rendait compte que c’était très souvent des femmes de plus de 45 ans. OK. qui étaient sujettes à l’anxiété et à l’insomnie.’
Quelle est l’importance de la LTV (Customer Lifetime Value) dans une stratégie de marque ?
La LTV, ou valeur vie client, est une métrique capitale car elle mesure la rentabilité d’un client sur le long terme. Pour Mindology, le calcul de la LTV a été le signal quantitatif qui a validé le pivot stratégique. En découvrant que la LTV des femmes de plus de 45 ans était le double de celle des autres clients (400 € contre 200 € sur 6 mois), elles ont eu la preuve irréfutable que ce segment était non seulement leur cœur de cible, mais aussi le plus rentable. La LTV permet de concentrer ses efforts marketing et produit sur les clients les plus précieux pour l’entreprise.
‘La LTV sur 6 mois pour tous nos consommateurs confondus, c’était 200 € et la LTV pour les femmes plus de 45 ans, c’était 400 €. Donc en fait elle elle testait nos produits et elles aimaient beaucoup nos produits en terme d’efficacité et du coup elle revenaient beaucoup plus que les autres.’
Comment Mindology a-t-elle utilisé les données de Monoprix pour définir sa future stratégie de distribution ?
Mindology a analysé ses performances de vente de manière très fine en appliquant la loi de Pareto (80/20). Cette analyse a révélé que 80% de leur chiffre d’affaires chez Monoprix provenait de seulement 20 magasins. Le point commun de ce top 20 ? Il s’agissait exclusivement de Monoprix dotés d’un espace parapharmacie. Cette donnée a été un insight stratégique majeur : leur place n’était pas dans un rayon de grande consommation généraliste, mais dans un environnement santé où le conseil est valorisé. Cela a directement dicté leur nouvelle stratégie de déploiement, visant désormais prioritairement le circuit des pharmacies.
‘On faisait 80 % et on fait toujours 80 % de notre chiffre d’affaires sur le top 20 Monoprix qui sont des Monoprix santé parapharmacie. Donc c’est comme ça qu’on a compris aussi que pour nous le déploiement le plus intéressant pour la suite, c’était vraiment la pharmacie.’




