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Tester sans budget avec Camille Jullien – Episode 80

Épisode diffusé le 1 juillet 2021 par Estelle Ballot

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‘Notre avis ne vaut rien’ : Comment construire une marque à succès en écoutant vos futurs clients

Lancer une marque est une aventure exaltante, mais aussi périlleuse. Combien d’entrepreneurs, persuadés de tenir l’idée du siècle, investissent temps et argent dans un projet pour finalement se heurter à un mur d’indifférence ? La cause est souvent la même : ils ont construit un produit pour eux-mêmes, en se basant sur leurs propres intuitions, leurs goûts, leurs convictions. Ils ont oublié une règle fondamentale, un mantra que chaque porteur de projet devrait se graver au fer rouge. C’est la co-fondatrice de Champagne EPC, Camille Jullien, qui nous la livre avec une humilité désarmante : ‘Notre avis ne vaut rien, seul ceux des consommateurs comptent’. Cette phrase, simple en apparence, est la pierre angulaire d’une stratégie marketing redoutablement efficace, celle qui a permis à une jeune marque de bousculer les codes d’un marché aussi traditionnel et établi que celui du champagne.

Imaginez un instant. Vous êtes trois jeunes entrepreneurs, sans le carnet d’adresses d’une grande maison ni les millions d’euros d’un fonds d’investissement. Votre ambition ? Réinventer l’expérience du champagne pour les millennials, une cible exigeante, volatile et souvent intimidée par cet univers. L’approche classique consisterait à créer un produit qui vous semble ‘cool’, un packaging ‘disruptif’, un discours ‘moderne’, en espérant que le marché suive. C’est un pari risqué. L’approche de Champagne EPC a été radicalement différente. Avant même de dessiner la moindre étiquette ou de choisir le moindre nom, Camille et ses associés ont fait une chose : ils ont écouté. Ils ont transformé le doute en méthode, l’incertitude en processus. Ils ont compris que le succès ne se décrète pas depuis un bureau, il se construit brique par brique, conversation par conversation, avec ceux qui, à la fin, sortiront leur portefeuille. Cet article n’est pas seulement l’histoire d’une marque de champagne. C’est un guide pratique pour tous les entrepreneurs, marketeurs ou chefs de produit qui veulent minimiser les risques et maximiser leurs chances de succès, en prouvant qu’il est possible de réaliser des tests consommateurs et des études de marché complètes avec des ressources quasi inexistantes.

L’art de la débrouille : Mener des études de marché complètes avec zéro euro

Le mythe de l’étude de marché inaccessible a la vie dure. On imagine des cabinets spécialisés, des focus groups derrière des vitres sans tain, et des factures à cinq chiffres. C’est une réalité pour les grands groupes, mais une barrière psychologique pour les startups et les PME. Pourtant, comme le démontre l’expérience de Champagne EPC, l’absence de budget n’est pas un obstacle, mais un catalyseur de créativité. L’enjeu n’est pas de dépenser de l’argent, mais d’investir du temps et de l’ingéniosité pour obtenir des réponses fiables. Pour cela, il est essentiel de combiner deux approches complémentaires : l’étude quantitative, pour obtenir des données chiffrées sur un large échantillon, et l’étude qualitative, pour comprendre en profondeur les motivations, les freins et les émotions des consommateurs. L’une vous donne le ‘quoi’, l’autre le ‘pourquoi’. Ensemble, elles forment une base solide pour toute décision stratégique, et la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez mener les deux sans dépenser un seul euro.

Sachanq qu’on avait zéro budget et ça c’est vraiment important aussi de le prendre en tête, de le prendre en compte parce qu’on dit toujours oui, ça coûte cher de faire des études. Pas forcément, on peut faire des études aussi de façon un peu débrouille.

L’étude quantitative : La puissance des réseaux sociaux pour obtenir 250 réponses qualifiées

La première étape pour Champagne EPC a été de valider ses hypothèses à grande échelle. La cible était identifiée – les millennials, 25-35 ans – mais que pensaient-ils vraiment du champagne ? Quelles étaient leurs habitudes de consommation ? Leurs frustrations ? Pour le savoir, un questionnaire a été créé. Plutôt que de payer pour des panels de consommateurs, la stratégie a été simple et redoutable : utiliser la viralité des réseaux sociaux. Camille explique : ‘on a fait tourner notre questionnaire tout simplement sur Facebook et on a eu 250 réponses comme ça‘. Le processus est à la portée de tous. D’abord, solliciter le premier cercle : les amis, la famille, les anciens camarades de promo qui correspondent à la cible. Ensuite, leur demander de partager le questionnaire à leur propre réseau. Cette technique de ‘boule de neige’ est puissante. Mais pour aller plus loin, il faut sortir de son cercle de connaissances. C’est là que les groupes Facebook thématiques entrent en jeu. Des groupes d’entrepreneurs comme ‘French startup’, des groupes d’alumni, des communautés liées à des centres d’intérêt pertinents… En postant un message clair et honnête, expliquant la démarche, il est possible de toucher des centaines de personnes qualifiées. L’objectif de 250 réponses n’est pas anodin. Ce chiffre permet d’atteindre un seuil de significativité statistique, rendant les données exploitables pour identifier des tendances de fond. C’est un travail qui demande de la persévérance, mais le résultat est une mine d’or d’informations brutes sur les comportements et les attentes du marché, obtenue sans aucun coût financier.

L’étude qualitative : Transformer une discussion en mine d’or d’insights

Si les chiffres de l’étude quantitative dessinent les contours du marché, l’étude qualitative en révèle l’âme. C’est là que l’on découvre les ‘insights’, ces vérités consommateurs profondes et souvent inexprimées qui sont à l’origine des plus grandes innovations. Pour Champagne EPC, cela s’est traduit par l’organisation de tables rondes. Le défi était double : recruter des participants en dehors de leur cercle proche pour garantir la neutralité, et créer un cadre propice à la discussion libre, le tout sans budget. La solution fut aussi simple qu’efficace. Une annonce sur les mêmes groupes Facebook, avec une promesse alléchante : ‘c’est 2 heures de discussion autour du champagne ce samedi et vous repartez avec une bouteille de champagne‘. L’appât était irrésistible et parfaitement aligné avec le sujet. Plutôt que de payer les participants, on leur offre une expérience et un produit. Le cadre était tout aussi important : en organisant ces tables rondes dans un hôtel partenaire et en servant du champagne, l’ambiance devenait immédiatement conviviale. Les participants se détendaient, les langues se déliaient. Le rôle de l’animateur est alors crucial. Comme le souligne Camille, il faut ‘poser des questions en ayant l’air vraiment détaché et en ne donnant aucune indication de ce que tu aimerais avoir dans la réponse‘. Cette neutralité bienveillante est la clé pour ne pas biaiser les résultats et obtenir des témoignages authentiques. C’est dans ce contexte que les véritables pépites émergent, des informations qui ne seraient jamais apparues dans un questionnaire à choix multiples.

Des insights à l’action : Comment les retours clients ont sculpté l’identité de Champagne EPC

Récolter des données est une chose, les transformer en une stratégie de marque cohérente et différenciante en est une autre. C’est l’étape la plus délicate, où l’on passe de l’écoute à la construction. Pour Champagne EPC, chaque élément de la marque, du produit au discours en passant par le design, est une réponse directe aux besoins et frustrations exprimés par les consommateurs lors des études. Ce n’est pas une marque créée ‘ex nihilo’ à partir des intuitions de ses fondateurs, mais une marque co-construite avec sa future clientèle. Cette approche a permis de s’assurer que chaque décision stratégique résonnerait avec la cible visée, réduisant drastiquement le risque de se tromper. L’analyse des insights a révélé trois piliers fondamentaux sur lesquels bâtir l’offre : un besoin de transparence face à une méconnaissance du produit, une envie de désacraliser le champagne pour le rendre plus convivial, et une attente forte en matière d’expérience et de personnalisation. Ces trois piliers sont devenus l’ADN de la marque, guidant toutes les actions futures.

Déconstruire les barrières : De la méconnaissance à la transparence totale

Le premier enseignement majeur des études fut la découverte d’une ‘vraiment une méconnaissance du champagne‘ chez la cible des millennials. Beaucoup de consommateurs ne comprenaient pas pourquoi une bouteille coûtait si cher, ce qui se cachait derrière les termes techniques des étiquettes, ni ce qui différenciait une cuvée d’une autre. Cette barrière de connaissance créait une barrière à l’achat. La réponse de Champagne EPC a été radicale : la transparence totale. Là où le secteur cultive le mystère, EPC a choisi l’éducation. Chaque cuvée est 100% traçable, avec un seul terroir, une seule année, un seul cépage. L’information est claire, accessible, et permet au consommateur de comprendre ce qu’il boit et pourquoi il le paie. Cette décision, directement issue du feedback client, a permis de créer un lien de confiance immédiat. En répondant à la question ‘je ne sais pas toujours ce que je bois’, EPC a non seulement levé un frein à l’achat, mais a aussi créé un point de différenciation majeur sur le marché, se positionnant comme une marque honnête et pédagogique.

Casser les codes : Rendre le champagne convivial et accessible

L’autre insight puissant qui a émergé des tables rondes était l’image ultra-sacralisée du champagne. Une consommatrice a résumé cette idée avec une anecdote parlante : ‘si je vais dîner chez des amis, je vais pas [amener du champagne] parce qu’ils vont se demander ce que j’ai à leur annoncer‘. Le champagne était perçu comme un produit réservé aux très grandes occasions, aux célébrations exceptionnelles, ce qui limitait drastiquement sa fréquence de consommation. L’ambition d’EPC est alors devenue claire : faire descendre le champagne de son piédestal et l’inviter aux moments de convivialité du quotidien. Tout le positionnement de la marque a été orienté vers cet objectif. Le discours est devenu décalé et accessible, loin du jargon œnologique intimidant. L’expérience de dégustation a été repensée avec l’introduction des ‘bda’, les verres typiques des vignerons champenois, qui évoquent un partage simple et authentique, à l’opposé des flûtes guindées. Chaque détail a été pensé pour briser l’image formelle du champagne et en faire une boisson de plaisir et de partage, répondant ainsi directement au désir d’une consommation plus décomplexée exprimé par la cible.

Du concept au design : Le test du quai de la gare pour valider l’identité visuelle

L’intuition initiale des fondateurs était de partir sur un design très disruptif pour se démarquer. Mais encore une fois, leur avis personnel a été mis à l’épreuve du réel. Plutôt que de lancer un design basé sur leurs seuls goûts, ils ont appliqué la méthode du test consommateur de manière agile et ultra-réactive. L’anecdote du ‘test du quai de la gare’ est emblématique de cette philosophie. Camille raconte : ‘à chaque fois qu’on avait un retour de l’agence sur le design, on allait sur les quais de la gare. Les gens qui attendaient le train, on leur montrait les trois derniers designs‘. En 10 secondes, ils demandaient aux passants leur préférence entre les options A, B et C pour une nouvelle marque de champagne. Cette méthode, que l’on pourrait qualifier de ‘guérilla testing’, est d’une intelligence redoutable. Elle est gratuite, rapide, et permet d’obtenir des réactions spontanées et non biaisées de la part d’un public varié. En répétant ce processus, le design a été affiné itération après itération, non pas pour plaire aux fondateurs ou à l’agence, mais pour maximiser son impact auprès des futurs clients. Cela démontre qu’il n’est pas nécessaire de mettre en place des protocoles de test lourds et coûteux pour prendre les bonnes décisions. Parfois, un peu d’audace et une approche directe suffisent pour orienter un choix aussi stratégique que l’identité visuelle de sa marque.

Le test ne s’arrête jamais : Intégrer le feedback client dans l’ADN de l’entreprise

Une erreur commune est de penser que les tests consommateurs sont une étape ponctuelle, confinée à la phase de création de la marque. Une fois le produit lancé, beaucoup d’entreprises passent en mode ‘diffusion’ et perdent le contact direct avec leurs clients. C’est une vision à court terme. Pour Champagne EPC, le lancement n’était que le début de la conversation. La philosophie du test et de l’écoute a été intégrée durablement dans les processus de l’entreprise, devenant un moteur d’amélioration continue et d’innovation. Cette pratique, souvent appelée ‘post-test’, consiste à interroger systématiquement ses clients après leur achat pour comprendre leur expérience, identifier les points de friction et déceler de nouvelles opportunités. Loin d’être une contrainte, c’est devenu un avantage concurrentiel majeur, permettant à la marque de rester agile, pertinente et de tisser des liens extraordinairement forts avec sa communauté. Cette boucle de feedback permanente est alimentée par deux outils principaux, aussi simples que puissants : un groupe de bêta-testeurs sur WhatsApp et des appels téléphoniques systématiques.

Le cercle des initiés : Créer et animer un groupe de bêta-testeurs sur WhatsApp

Pour prendre des décisions rapides sur les futurs lancements ou les améliorations de produits, Champagne EPC s’appuie sur une ‘boucle sur WhatsApp de beta testeurs‘. Ce groupe, constitué d’une vingtaine de clients fidèles et de fans de la marque recrutés au fil du temps, est un atout stratégique inestimable. C’est un focus group permanent, disponible à tout moment et gratuitement. Lorsqu’une question se pose – quel design pour la nouvelle cuvée ? Quel prétexte d’ouverture inscrire sur la bouteille ? Quel nom pour la prochaine innovation ? – elle est directement posée au groupe. En quelques heures, la marque reçoit des avis authentiques et constructifs de la part de ses clients les plus engagés. Cette démarche a un double avantage. D’une part, elle permet de valider des idées rapidement et à moindre coût, en s’assurant qu’elles correspondent aux attentes du marché. D’autre part, elle crée un sentiment d’appartenance et de co-création très fort chez les membres du groupe. Ces derniers se sentent écoutés, valorisés, et deviennent de véritables ambassadeurs de la marque, renforçant encore davantage leur fidélité.

‘Allô, c’est votre marque préférée’ : L’appel téléphonique, l’outil ultime de connaissance et de fidélisation

Dans un monde de plus en plus digitalisé, décrocher son téléphone pour appeler un client peut sembler anachronique. C’est pourtant l’une des pratiques les plus impactantes mises en place par Champagne EPC. ‘On appelle quasiment tous nos clients‘, confie Camille. Pour chaque commande passée sur le site, ou presque, un appel est passé. L’objectif n’est pas commercial, mais purement relationnel et informatif. Un questionnaire précis guide la conversation : ‘Comment nous avez-vous connus ?’, ‘Qu’avez-vous pensé du site internet, du produit ?’. Cette démarche, qui pourrait intimider, est en réalité extrêmement bien perçue. Camille le confirme : loin de se sentir dérangés, les clients sont ‘hyper agréablement surpris‘ et passent volontiers du temps à partager leur expérience. Ces conversations sont une mine d’or. Elles permettent d’optimiser le parcours client, d’identifier les canaux d’acquisition les plus performants et de recueillir des témoignages précieux. Mais l’impact va bien au-delà. En prenant le temps d’un échange humain et personnalisé, la marque crée un lien émotionnel fort. Le client ne se sent plus comme un simple numéro de commande, mais comme une personne considérée et écoutée. Comme le dit Camille, ‘ça aide à fidéliser les clients‘. Cet investissement en temps se transforme en un capital confiance et sympathie qui n’a pas de prix.

La culture du ‘Test and Learn’ : Accepter l’échec pour innover plus vite

Dans le parcours d’une startup, toutes les initiatives ne sont pas couronnées de succès. L’important n’est pas de ne jamais se tromper, mais d’apprendre de chaque expérience pour ajuster sa trajectoire. C’est le cœur de la culture ‘Test and Learn’ (tester et apprendre), une approche adoptée par Champagne EPC. Cette philosophie consiste à considérer chaque action marketing non pas comme une fin en soi, mais comme une expérience dont il faut mesurer les résultats pour en tirer des enseignements. Interrogée sur les erreurs commises, Camille répond avec sagesse : ‘Oui et non. C’est-à-dire que dans un sens oui, on a on a fait des choses qui ont pas du tout porté leurs fruits mais on a… c’est pas des erreurs dans la mesure où on a toujours appris de ce qu’on a testé‘. Cette posture dédramatise l’échec et le transforme en une source de connaissance. Pour qu’elle soit efficace, cette méthode repose sur un principe clé : la définition d’indicateurs de performance (KPIs) clairs avant chaque action. Sans mesure, pas d’apprentissage possible.

Définir des KPIs avant d’agir : L’exemple de la campagne de flyers ‘Sexe’

L’histoire de la campagne de flyers à La Défense est une illustration parfaite de cette méthode. L’idée était audacieuse : distribuer 3000 flyers avec le mot ‘SEXE’ en gros pour attirer l’attention. L’opération a été un succès en termes de distribution, tous les flyers ont été pris. Sur le coup, l’équipe aurait pu crier victoire. Mais le KPI qui avait été fixé en amont était très clair : le nombre de commandes générées sur le site internet. Et sur ce critère, le résultat fut sans appel : zéro commande. ‘Ça a été un échec‘, conclut Camille. Sans KPI prédéfini, l’équipe aurait pu se contenter de la satisfaction d’avoir créé le buzz. Avec un KPI, l’échec est constaté objectivement, et l’enseignement est clair : ce type d’action de notoriété pure n’est pas efficace pour générer des ventes directes dans ce contexte. Cela permet de ne pas réitérer l’erreur et de réallouer les ressources vers des actions plus performantes. Cette rigueur dans la mesure est essentielle pour ne pas naviguer à vue et pour prendre des décisions basées sur des faits plutôt que sur des impressions.

Apprendre de chaque action, même celles qui ne portent pas leurs fruits

Fait intéressant, l’histoire du flyer ne s’arrête pas là. Plus d’un an après, un commercial de la marque a appris qu’à la suite de la distribution, des dizaines de personnes s’étaient rendues chez un caviste de La Défense pour demander du Champagne EPC. L’action avait donc bien eu un impact sur la notoriété et la demande, même si elle n’avait pas été mesurée par le KPI initial de ventes en ligne. Cela montre qu’un ‘échec’ peut receler des apprentissages inattendus et avoir des effets de bord positifs. La culture du ‘Test and Learn’ implique donc non seulement de mesurer, mais aussi de rester curieux et ouvert aux retours du terrain, qui peuvent parfois réécrire l’histoire d’une campagne. Chaque test, qu’il s’agisse de posts sponsorisés sur Facebook, d’une campagne de flyers ou d’un nouveau partenariat, est une brique de connaissance qui vient enrichir la stratégie globale. C’est cette accumulation d’apprentissages, petits et grands, qui permet à une jeune marque de s’adapter, de pivoter et de trouver le chemin le plus efficace vers la croissance durable.

Conclusion : Devenez obsédé par vos clients, pas par votre produit

L’aventure de Champagne EPC est bien plus qu’une success story dans l’univers du vin. C’est une leçon magistrale de marketing moderne, accessible à tous les entrepreneurs, quel que soit leur secteur ou leur budget. Le message central est d’une clarté limpide : le succès ne réside pas dans la brillance de votre idée initiale, mais dans votre capacité à la confronter, l’adapter et l’enrichir grâce aux retours de vos futurs clients. Camille Jullien et ses associés nous ont montré que les outils les plus puissants ne sont pas forcément les plus chers. Un questionnaire sur Facebook, une discussion conviviale autour d’une bouteille, une boucle WhatsApp ou un simple coup de téléphone peuvent avoir plus d’impact qu’une coûteuse campagne publicitaire. Ils ont prouvé que la ‘débrouille’ peut être une stratégie redoutable quand elle est guidée par une véritable obsession pour le consommateur.

Alors, avant de dépenser le premier euro dans le développement de votre produit ou le design de votre site, posez-vous les bonnes questions. Avez-vous parlé à vos clients ? Comprenez-vous réellement leurs besoins, leurs frustrations, leurs désirs cachés ? Avez-vous validé vos hypothèses sur le terrain ? Le parcours de Champagne EPC est une invitation à l’action. N’attendez pas d’avoir les moyens des multinationales pour faire des tests consommateurs. Sortez de votre bureau, allez sur le quai de la gare, organisez une table ronde, appelez vos premiers clients. Soyez curieux, soyez humble, et surtout, écoutez. Car comme le dit si bien Camille, votre avis ne vaut rien. Seul celui de vos consommateurs compte vraiment. C’est en faisant de cette phrase votre boussole que vous transformerez votre projet en une marque que les gens aiment, recommandent et s’approprient.


Questions fréquentes (FAQ)

Comment réaliser une étude de marché quantitative sans budget ?

Pour mener une étude quantitative sans dépenser d’argent, la méthode la plus efficace est de créer un questionnaire en ligne via des outils gratuits et de le diffuser massivement sur les réseaux sociaux. Commencez par votre réseau personnel (amis, famille) en leur demandant de partager le lien. Ensuite, identifiez des groupes Facebook ou LinkedIn pertinents où se trouve votre cible (groupes d’entrepreneurs, d’alumni, de passionnés) et publiez-y votre questionnaire en expliquant clairement votre démarche. L’objectif est d’atteindre un volume de réponses significatif, comme 250, pour pouvoir en tirer des conclusions statistiques fiables sur les attentes et les habitudes de votre marché.

‘Nous ce qu’on a commencé à faire par l’étude quantitative, c’est qu’on a fait tourner notre questionnaire tout simplement sur Facebook et on a eu 250 réponses comme ça.’

Quelle est la meilleure méthode pour une étude qualitative à faible coût ?

La méthode la plus accessible pour une étude qualitative est d’organiser des tables rondes ou des entretiens individuels. Pour recruter des participants sans budget, proposez une contrepartie attrayante autre que de l’argent : un exemplaire de votre produit, un bon d’achat ou une expérience exclusive. Vous pouvez trouver des participants via les réseaux sociaux en étant transparent sur votre recherche. L’essentiel est de créer un cadre convivial et neutre où les gens se sentent à l’aise pour parler librement. Assurez-vous de poser des questions ouvertes et de ne pas influencer les réponses pour recueillir des insights authentiques.

‘On organise des tables rondes. Donc c’est 2 heures de discussion autour du champagne ce samedi et vous repartez avec une bouteille de champagne.’

Pourquoi les tests consommateurs sont-ils cruciaux avant de lancer une marque ?

Les tests consommateurs sont cruciaux car ils permettent de valider que votre offre répond à un besoin réel du marché avant d’investir massivement en temps et en argent. Ils réduisent le risque de créer un produit ou un service dont personne ne veut. En interrogeant votre cible, vous découvrez leurs véritables attentes, leurs frustrations et leurs motivations. Ces ‘insights’ sont une mine d’or pour construire une proposition de valeur pertinente, un discours de marque qui résonne et une identité qui séduit. C’est le meilleur moyen de s’assurer que votre marque sera bien accueillie dès son lancement.

‘Notre avis ne vaut rien, seul ceux des consommateurs comptent. Et je j’ai l’impression que Champagne EPC a complètement été construit autour de de de cette phrase-là.’

Comment valider le design d’un produit sans dépenser une fortune ?

Pour valider un design à moindre coût, adoptez une approche de ‘guérilla testing’. Inutile de monter un protocole complexe. Préparez plusieurs versions de votre design (packaging, logo, etc.) et allez simplement à la rencontre de votre cible dans la vie de tous les jours : dans la rue, à la sortie d’une gare, dans un café. Présentez-leur les options et demandez-leur en quelques secondes laquelle ils préfèrent et pourquoi. Cette méthode est rapide, gratuite et vous donne des retours spontanés et honnêtes pour affiner votre design de manière itérative jusqu’à trouver la version la plus percutante.

‘On allait sur les quais de la gare. Les gens qui attendaient le train, on leur montrait les trois derniers designs… on disait qu’est-ce que vous préférez entre A B C ?’

Qu’est-ce que le post-test et pourquoi est-il important pour la fidélisation ?

Le post-test consiste à interroger vos clients après qu’ils ont acheté et utilisé votre produit ou service. C’est une démarche proactive pour recueillir leur feedback sur l’ensemble de leur expérience. C’est essentiel pour deux raisons. Premièrement, cela vous permet d’identifier des points d’amélioration concrets pour votre offre et votre parcours client. Deuxièmement, c’est un outil de fidélisation extrêmement puissant. En appelant personnellement vos clients, vous leur montrez que leur avis compte et que vous vous souciez de leur satisfaction. Ce contact humain crée un lien émotionnel fort qui transforme un simple client en un ambassadeur fidèle.

‘Discuter avec ses clients c’est gratuit. En plus au-delà de ça même ça aide à fidéliser les clients. J’irai même jusque là parce que tu vois, ils se rendent compte qu’on passe du temps avec eux.’

Comment créer et utiliser un groupe de bêta-testeurs ?

Pour créer un groupe de bêta-testeurs, identifiez vos clients les plus engagés ou recrutez des volontaires via vos réseaux sociaux. Rassemblez-les dans un espace de discussion simple et réactif comme un groupe WhatsApp ou Slack. Ce groupe devient votre ‘focus group’ permanent. Utilisez-le pour sonder rapidement votre communauté sur de nouvelles idées de produits, des choix de design, des options de communication ou toute autre question stratégique. C’est un moyen agile et gratuit d’impliquer vos clients dans le développement de la marque, de valider vos décisions et de renforcer leur sentiment d’appartenance.

‘On a une boucle sur WhatsApp de beta testeurs. Donc c’est un groupe de d’une vingtaine de personnes… et en fait dès qu’on a une question sur le produit, sur les futurs lancement… on leur pose des questions.’

En quoi consiste la culture du ‘test and learn’ pour une startup ?

La culture du ‘test and learn’ (tester et apprendre) consiste à aborder chaque action marketing comme une expérience scientifique. Au lieu de tout miser sur une seule grande campagne, on lance de multiples petites initiatives à échelle contrôlée. Avant chaque test, on définit un objectif clair et un indicateur de performance (KPI) pour mesurer son succès. Que le test réussisse ou échoue par rapport à ce KPI, l’important est d’analyser les résultats pour en tirer des enseignements. Cette approche permet d’apprendre rapidement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, de minimiser les risques financiers et d’optimiser continuellement sa stratégie.

‘C’est pas des erreurs dans la mesure où on a toujours appris de ce qu’on a de ce qu’on a testé. Tu vois typiquement, la première année, on on s’est vachement cherché au niveau de nos investissements marketing.’


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