Logo de l'épisode Prospection : dépasser sa peur d'appeler avec Enzo Colucci - Episode 266 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

Prospection : dépasser sa peur d’appeler avec Enzo Colucci – Episode 266

Épisode diffusé le 23 janvier 2025 par Estelle Ballot

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La main moite, la boule au ventre : pourquoi la prospection téléphonique nous terrorise (et comment y mettre fin)

Il y a cette anecdote, racontée par une amie entrepreneure, qui résonne en chacun de nous. Une offre en béton, un discours parfaitement rodé, une envie sincère d’aider ses clients, mais une paralysie totale à l’idée de composer un numéro. Ce sentiment, cette petite goutte de sueur qui perle sur le front à la simple évocation du mot ‘prospection’, est quasi universel. Comme le raconte Estelle Ballot, l’animatrice du podcast, même après des années d’expérience, cette appréhension reste palpable. ‘Je fais partie de ces personnes qui sont pas à l’aise avec la prospection, c’est d’ailleurs probablement pour ça que je fais du marketing en ligne, ça me permet de me cacher derrière mon ordinateur pour éviter d’avoir à décrocher mon téléphone.’ Cette confession, beaucoup d’entrepreneurs et de commerciaux pourraient la faire. La prospection téléphonique est souvent perçue comme une corvée, une épreuve de force psychologique où l’on risque le rejet, le dérangement, l’échec. On reste alors dans notre zone de confort, mais on passe à côté d’une part immense de notre potentiel de croissance.

Pourtant, et si cette peur n’était pas une fatalité ? Si la prospection pouvait devenir non seulement efficace, mais aussi, tenez-vous bien, agréable ? C’est le pari fou et la mission quotidienne d’Enzo Colucci, coach en techniques de vente. Pour lui, le problème ne vient pas de l’acte en lui-même, mais de tout ce que nous projetons dessus. La peur du ‘non’, la crainte de mal faire, le syndrome de l’imposteur… Ces barrières sont avant tout mentales. Dans cet article, nous allons plonger au cœur de ses stratégies pour déconstruire ces peurs, une par une. Nous verrons comment une préparation intelligente, un changement radical d’état d’esprit et une approche authentique peuvent transformer ce qui ressemble à une torture en un véritable jeu stratégique. Préparez-vous à dire adieu à la peur de prospecter et à faire de votre téléphone votre meilleur allié commercial.

Plongée au cœur de la peur : comprendre les racines de notre paralysie

Avant même de chercher des solutions, il est essentiel de comprendre pourquoi cet exercice est si difficile. D’où vient cette angoisse viscérale ? Selon Enzo Colucci, elle puise sa source dans des peurs humaines fondamentales. ‘L’humain, il a peur du non, il a peur du rejet, c’est une des plus grosses peurs.’ Il va même plus loin en faisant un parallèle saisissant : la deuxième plus grande peur mondiale, après les serpents, serait de parler en public. La prospection téléphonique est une forme de prise de parole en public, mais en plus intime, en un-à-un, où le risque de rejet est direct et personnel. Il n’y a pas de scène pour nous protéger, juste un combiné qui nous relie à un inconnu potentiellement hostile.

Le traumatisme du ‘bizutage’ commercial

Beaucoup d’entre nous ont vécu une expérience similaire à celle d’Estelle en école de commerce : jetés dans le grand bain sans la moindre préparation. ‘Première année d’école de co, première semaine […] on dit bon allez les gars, on va vous filer un fichier, vous allez prospecter.’ Cette approche, qu’Enzo qualifie de ‘bizutage’, est désastreuse. Elle ancre une association profondément négative avec l’exercice. Sans cadre, sans technique, sans soutien, l’apprenti commercial se retrouve démuni. Il bégaye, transpire, et se prend porte sur porte. Le résultat ? Une humiliation et la certitude que ‘la prospection, ce n’est pas pour moi’. Le problème fondamental, c’est l’absence totale de formation structurée. ‘Le malaise, je pense, c’est qu’en fait il y a pas de formation’, analyse Enzo. Ce métier a longtemps été mis sous le tapis, considéré comme une compétence innée réservée à quelques ‘beaux parleurs’, alors qu’il s’agit d’une discipline complexe qui s’apprend et se perfectionne.

L’isolement : le pire ennemi du prospecteur

Un autre facteur aggravant est la solitude. Imaginez-vous, seul dans votre bureau ou votre appartement, enchaînant les appels. Chaque ‘non’, chaque interlocuteur agacé, chaque silence pèse de plus en plus lourd. ‘Si je suis chez moi seul dans mon bureau […] et que je me prends porte sur porte sur porte, c’est vachement plus dur de se dire “allez, c’est pas grave, j’y retourne.”’, explique Enzo. L’isolement amplifie l’échec et le transforme en une affaire personnelle. C’est pourquoi il insiste tant sur la puissance du collectif. Organiser des sessions de prospection en groupe, même à deux, change complètement la dynamique. Un rejet devient une anecdote à partager, une occasion de rire ensemble. L’échec n’est plus un poids individuel mais une expérience collective qui soude l’équipe. Le simple fait de voir un collègue se faire ‘envoyer chier’ et en rire permet de dédramatiser instantanément sa propre situation. Le groupe crée un bouclier émotionnel et un moteur de motivation.

Changer de regard : la révolution de l’état d’esprit et de l’intention

Si les techniques sont importantes, la véritable transformation vient de l’intérieur. Enzo Colucci martèle un point essentiel : la prospection est avant tout un jeu d’état d’esprit. Sans le bon ‘mindset’, les meilleures stratégies du monde resteront lettre morte. Il s’agit de passer d’une posture de demandeur craintif à celle d’un expert confiant qui propose une solution. Cette bascule mentale repose sur plusieurs piliers fondamentaux qui, une fois intégrés, peuvent rendre la prospection non seulement supportable, mais véritablement plaisante.

L’autodérision, votre meilleure alliée contre le rejet

La première arme pour désamorcer la peur est l’humour, et plus précisément, l’autodérision. Le rejet fait mal, c’est un fait. Mais la manière dont nous y réagissons dépend entièrement de nous. Plutôt que de subir passivement, Enzo nous invite à en rire. ‘Quand je parlais d’autodérision, c’est ça, c’est dire putain, ils viennent de me dire, ils allaient me faire enculer. Ah bah c’est drôle parce que moi aussi on m’a dit ça aussi l’autre fois.’ Cette capacité à prendre de la distance, à ne pas se prendre au sérieux, est libératrice. Elle transforme une agression potentielle en une simple anecdote. En se rappelant que notre vie ne va pas changer à cause d’un ‘non’, on redescend d’un cran. Fondamentalement, personne ne va mourir, ni nous, ni notre famille. Cet exercice de relativisation est crucial pour préserver son énergie et sa motivation sur le long terme.

Retrouver le ‘Pourquoi’ : le moteur de votre motivation

Pourquoi faites-vous cet appel ? La réponse à cette question est le carburant de votre démarche. Enzo insiste sur la notion d’intention. ‘C’est quoi ton intention quand tu t’es levé ce matin ? Qu’est-ce que tu fous ici ? Pourquoi tu vends ce produit ?’ Si la seule réponse est ‘parce que c’est un taf alimentaire’, la démarche sera vide de sens et d’énergie. L’interlocuteur le sentira inconsciemment. En revanche, si vous êtes convaincu que votre produit ou service apporte une réelle valeur, qu’il peut sincèrement aider votre prospect à résoudre un problème, votre posture change du tout au tout. Vous n’êtes plus là pour ‘prendre’ quelque chose (un rendez-vous, une vente), mais pour ‘offrir’ une solution. Cette intention positive et sincère se transmet dans le ton de votre voix, votre assurance et votre capacité à rebondir. C’est elle qui vous donnera la force de composer le numéro suivant après un refus.

Transformer la corvée en jeu : l’approche théâtrale

Pour ceux qui réussissent à ‘kiffer’ la prospection, le secret réside souvent dans leur capacité à en faire un jeu. Enzo utilise une métaphore puissante : ‘Le cold calling, la prospection téléphonique, c’est aussi très théâtrale en fait.’ Il s’agit d’endosser un rôle, celui de l’expert, du consultant, du partenaire. En entrant dans ce ‘personnage de vente’, on crée une saine distance entre notre identité professionnelle et notre moi profond. Si le ‘personnage’ se prend un ‘non’, ce n’est pas Enzo ou Estelle qui est rejeté, mais le ‘coach en vente’ ou la ‘spécialiste marketing’. Cette dissociation protège l’égo et permet d’oser davantage, de tester des approches, de s’amuser avec les situations. C’est cette dimension ludique qui permet de passer d’une obligation pesante à un défi stimulant.

La préparation intelligente : moins de stress pour plus d’impact

Une des plus grandes sources d’angoisse en prospection est le sentiment de ne pas être prêt, la peur de se ‘griller des cartouches’ auprès de prospects précieux. Cette crainte mène souvent à un piège redoutable : la sur-préparation, qui n’est en réalité qu’une forme sophistiquée de procrastination. Enzo Colucci propose une approche radicalement différente : une préparation ciblée et stratégique, axée non pas sur la perfection, mais sur l’efficacité. L’objectif n’est pas d’éliminer toute incertitude, mais de se donner un cadre clair pour pouvoir ensuite improviser avec confiance.

Non, vous ne serez jamais ‘parfaitement’ prêt (et c’est une bonne chose)

La quête de la préparation parfaite est un leurre. ‘Tant que je suis pas ultra prêt en fait j’appelle pas. Mais ça en fait c’est une vieille douille psychologique que tu te mets à toi-même et où tu te mens juste pour repousser’, avertit Enzo. Vous ne pourrez jamais anticiper toutes les réactions, toutes les questions, toutes les objections. Vouloir le faire est le meilleur moyen de ne jamais passer à l’action. La clé est d’accepter cette part d’imprévu et de comprendre que la véritable compétence se développe dans l’action, pas dans la planification. L’idée n’est pas de lire un script, mais d’avoir un cadre structuré à l’intérieur duquel on peut naviguer. Ce cadre donne la confiance nécessaire pour se lancer, et c’est en se lançant que l’on apprend réellement à s’adapter.

La segmentation, secret d’une prospection ciblée et pertinente

La véritable préparation ne consiste pas à étudier pendant des heures le profil LinkedIn de chaque prospect. Elle réside dans la segmentation en amont de votre liste. C’est ce qu’Enzo appelle éviter la ‘gymnastique intellectuelle’. Plutôt que de passer d’un DSI d’un grand groupe à un responsable marketing d’une PME, l’idée est de créer des ‘batchs’ homogènes. Voici les critères qu’il recommande :

  • Le buyer persona : Regroupez vos appels par fonction (DAF, DSI, Directeurs Marketing…). Ils partagent les mêmes enjeux, le même langage, les mêmes douleurs. Cela vous permet d’affiner votre discours pour une session entière et de gagner en pertinence.
  • La taille de l’entreprise : Les processus d’une startup de 20 personnes ne sont pas ceux d’une ETI de 800. Adapter son approche en fonction de cette réalité est fondamental.
  • La géolocalisation ou le secteur d’activité : Parler à des entreprises d’un même secteur permet de capitaliser sur votre connaissance de leur marché et d’utiliser des exemples pertinents.
  • L’ancienneté : Enzo livre une pépite : ‘Allez taper des gens qui sont là depuis moins de 2 ou 3 ans dans l’entreprise favorise aussi des taux de conversion conséquents’. Pourquoi ? Car ils sont plus ouverts, cherchent à faire leurs preuves et à construire leur réseau.
  • La nature du contact : ‘Prioriser par 06.’ Commencez toujours par les lignes directes. Éviter les barrages des standards est une immense victoire pour votre énergie et votre momentum. Gardez les numéros plus difficiles pour la fin.

Cette approche méthodique structure vos sessions, rend vos appels plus pertinents et, in fine, augmente drastiquement vos chances de succès tout en réduisant votre charge mentale.

Les 20 premières secondes : l’art de capter l’attention et de créer la connexion

Le moment de vérité. Vous avez composé le numéro, la personne décroche. Vous disposez d’une fenêtre d’attention infime pour faire la différence entre un ‘non merci, au revoir’ et un ‘dites-m’en plus’. Enzo Colucci est formel : tout se joue dans les 20 premières secondes. La situation est intrinsèquement difficile : ‘c’est quelqu’un que je connais pas, qui m’appelle à un moment donné où je m’y attends pas pour me parler d’un truc que je connais pas non plus.’ Le niveau d’attention de votre interlocuteur est donc proche de zéro. Votre mission : le faire grimper en flèche, et vite. Pour cela, oubliez les présentations à rallonge et les monologues sur votre entreprise. La clé est l’impact, la pertinence et l’authenticité.

L’accroche percutante : la preuve sociale avant le pitch

Comment montrer en quelques secondes que vous n’êtes pas un appel de plus du CPF ou d’un centre d’appels ? En montrant que vous avez fait vos devoirs et que vous comprenez l’univers de votre interlocuteur. La technique la plus puissante selon Enzo est la preuve sociale ciblée. Il ne s’agit pas de se présenter, mais de situer immédiatement la conversation dans un contexte familier et crédible pour le prospect. Sa formule est simple et redoutable : ‘Moi aujourd’hui je bosse avec des gens comme vous et tu les cites […] Moi je bosse déjà avec le list Salesloft Outreach […] Aujourd’hui, je les accompagne dans ta ta ta ta.’ En citant des entreprises similaires (mais pas des concurrents directs pour ne pas froisser les égos), vous activez un levier psychologique puissant. Votre prospect se dit : ‘S’ils travaillent avec eux, ils doivent être sérieux et pertinents pour moi’. Vous ne parlez pas de vous, mais de ce que vous faites pour ses pairs. Vous enchaînez ensuite sur la problématique que vous résolvez pour eux, pour finir sur une proposition de rencontre directe et simple.

Bannir la posture du ‘vendeur de tapis’

La raison pour laquelle tant d’appels échouent est simple : ‘la plupart des gens ils sont chiants au téléphone’, lâche Enzo. Ils sont chiants parce qu’ils parlent d’eux, de leur produit, de leurs fonctionnalités. Ils posent des questions fermées et intéressées qui sentent la vente à des kilomètres (‘Vous êtes engagé jusqu’à quand ?’). Pour sortir de ce piège, il faut inverser la perspective. L’appel ne porte pas sur vous, mais sur lui. Votre objectif n’est pas de vendre, mais de comprendre et de voir s’il y a une opportunité de collaboration. Adoptez une posture de transparence et d’humilité. Si on vous demande ‘Savez-vous ce qu’on fait ?’, la meilleure réponse est l’honnêteté : ‘Bah non, justement, j’ai pas tout et je pourrais pas pitcher aussi bien que vous votre entreprise. […] Moi mon but c’est que moi je suis expert sur mon secteur, vous l’êtes sur le vôtre, rencontrons-nous pour voir s’il y a du business à faire.’ Cette posture d’égal à égal, d’expert à expert, est infiniment plus respectueuse et efficace.

L’énergie et l’enthousiasme : vos armes secrètes au téléphone

Au téléphone, votre voix est votre seul instrument. Elle doit transmettre bien plus que des mots. L’énergie, l’enthousiasme, et même le sourire s’entendent. Un ton monocorde et las est la garantie d’un échec. ‘Il faut avoir une certaine énergie, quelque chose qui fait que ça captive ton ton interlocuteur’, insiste Enzo. Cet enthousiasme ne doit pas être forcé ; il doit puiser sa source dans votre ‘Pourquoi’, votre conviction profonde d’apporter de la valeur. Si vous êtes genuinely excité à l’idée d’aider vos clients, cela se ressentira naturellement. Pensez à votre posture physique : tenez-vous droit, souriez en parlant. Ces petits détails changent radicalement l’intonation de votre voix et l’énergie perçue par votre prospect. C’est cette vibration positive qui peut faire toute la différence et donner envie à quelqu’un de vous accorder 20 secondes de plus.

Conclusion : le téléphone n’est pas votre ennemi, c’est un pont

Le voyage que nous venons de faire, guidé par l’expertise décomplexée d’Enzo Colucci, nous mène à une conclusion simple mais puissante : la peur de la prospection téléphonique n’est pas une fatalité. C’est une construction mentale que nous pouvons démanteler, pièce par pièce. Nous avons vu que la paralysie initiale vient d’une peur fondamentale du rejet, souvent exacerbée par des premières expériences traumatisantes et la solitude de l’exercice. Mais nous avons aussi découvert les clés pour ouvrir ces verrous.

La première clé est un changement de ‘mindset’ : remplacer la peur par le jeu, l’obligation par l’intention, et la crispation par l’autodérision. En vous reconnectant à votre ‘Pourquoi’ et en acceptant de ne pas être parfait, vous libérez une énergie nouvelle. La deuxième clé est une préparation intelligente. Oubliez la recherche obsessionnelle d’informations sur chaque prospect ; concentrez-vous sur une segmentation stratégique qui rendra vos sessions fluides, pertinentes et beaucoup moins éprouvantes mentalement. Enfin, la troisième clé réside dans l’exécution : une accroche de 20 secondes basée sur la preuve sociale, une posture d’expert authentique qui ne parle pas de lui mais de son interlocuteur, et une énergie communicative qui donne envie d’écouter.

Le téléphone n’est pas un instrument de torture. C’est un pont. Un pont vers votre prochain client, votre prochaine collaboration, votre prochaine opportunité de croissance. Chaque appel n’est pas un test où votre valeur est en jeu, mais une simple conversation pour voir si ce pont peut être construit. Alors, la prochaine fois que vous regarderez votre liste de prospects, respirez un bon coup. Rappelez-vous pourquoi vous faites ce métier. Souriez. Et composez ce premier numéro. Vous êtes bien plus prêt que vous ne le pensez.

Questions fréquentes sur la prospection téléphonique

Comment puis-je concrètement surmonter la peur du rejet en prospection ?

La clé pour surmonter la peur du rejet est de la dédramatiser. Comprenez d’abord qu’un ‘non’ n’est pas une attaque personnelle, mais simplement une réponse à une proposition à un instant T. L’approche d’Enzo Colucci repose sur l’autodérision et le collectif. Riez de vos propres échecs, partagez les refus les plus mémorables avec vos collègues. Le fait de verbaliser et de transformer une expérience négative en anecdote partagée lui ôte tout son pouvoir. Rappelez-vous également que votre valeur en tant que personne n’est absolument pas liée au résultat d’un appel commercial. C’est un jeu de chiffres et de timing ; plus vous le ferez, moins chaque refus aura d’importance.

‘Ce qu’il faut, c’est juste bien se préparer en fait. Donc […] outre le fait de de cadrer, d’avoir des sessions qui soient dédiées à ça, […] le fait de le faire en équipe, ça aide énormément aussi. […] ça aide aussi à passer le cap.’

Faut-il absolument un script pour réussir ses appels à froid ?

Non, et c’est même souvent contre-productif. Un script rigide vous fait sonner comme un robot et vous empêche d’écouter réellement votre interlocuteur. Enzo Colucci préconise plutôt d’avoir un cadre, une structure, mais pas un texte à lire. Ce cadre doit inclure votre phrase d’accroche percutante (avec preuve sociale), les 2-3 problématiques clés que vous résolvez, et votre objectif (obtenir un rendez-vous). À l’intérieur de ce cadre, vous devez improviser et vous adapter à la conversation. L’authenticité et la spontanéité sont bien plus efficaces qu’un discours récité. Votre objectif est d’avoir une vraie conversation, pas de dérouler un argumentaire.

‘J’essaie de donner un cadre aux gens dans lequel ils vont improviser. Parce que la personne comment elle est née? Si elle est en train de faire un truc […] en fait elle est en train de faire autre chose […] Il faut que tu sois un minima préparé donc il y a une structure à avoir.’

Quelle est la meilleure façon de se préparer avant une session de prospection ?

La préparation la plus efficace n’est pas de passer 30 minutes sur le profil de chaque prospect. C’est de faire un travail de segmentation en amont. Regroupez votre liste de contacts en lots homogènes basés sur des critères précis : même fonction (buyer persona), même taille d’entreprise, même secteur d’activité. Préparez ensuite un angle d’approche et des exemples pertinents pour chaque lot. Priorisez également les contacts pour lesquels vous avez un numéro de ligne directe (06) afin de maximiser votre énergie en début de session. Cette méthode vous évite la ‘gymnastique intellectuelle’ et vous permet d’être beaucoup plus pertinent et fluide lors de vos appels.

‘La segmentation, c’est la base pour avoir des bons taux de conversion derrière. des tailles de boîtes des bailleurs persona, peut-être parfois des secteurs d’activité […] juste avoir cette pseudo réflexion que souvent les gens ont quand ils préparent des séquences de mail, ben en fait faire la même chose.’

Comment capter l’attention d’un prospect dans les 20 premières secondes ?

Oubliez les présentations standards du type ‘Bonjour, je suis X de la société Y’. Allez droit au but avec de la pertinence et de la preuve sociale. Mentionnez immédiatement que vous travaillez avec des entreprises similaires à la sienne, en citant quelques noms si possible. Énoncez ensuite de manière très concise la problématique principale que vous résolvez pour ce type de client. L’idée est que votre interlocuteur se reconnaisse immédiatement dans la situation décrite. Votre ton est également crucial : soyez énergique, enthousiaste et confiant. Le but de ces 20 secondes n’est pas de vendre, mais de piquer sa curiosité et de lui donner une bonne raison de vous accorder 20 secondes de plus.

‘Si tu arrives à expliquer ça de manière hyper concise encore une fois en moins de 20 secondes avec une bonne élocution, le bon sourire, en tout cas de l’enthousiasme […] ça captive ton ton interlocuteur au téléphone.’

Est-ce grave de ne pas tout savoir sur l’entreprise que j’appelle ?

Absolument pas, et il est même préférable d’adopter une posture humble à ce sujet. Tenter de faire croire que vous connaissez parfaitement l’entreprise est risqué et peut paraître arrogant. Il est beaucoup plus authentique et efficace de reconnaître que vous avez une vision globale mais que vous appelez justement pour mieux comprendre leurs spécificités. Positionnez-vous comme un expert de votre domaine, et votre interlocuteur comme l’expert du sien. Votre appel est une invitation à ce que deux experts se rencontrent pour voir s’il y a des synergies possibles. Cette transparence crée une relation d’égal à égal bien plus saine.

‘Bah non, justement, j’ai pas tout et je pourrais pas pitcher aussi bien que vous votre entreprise. Donc moi mon but c’est que moi je suis expert sur mon secteur, vous l’êtes sur le vôtre, rencontrons-nous pour voir s’il y a du business à faire.’

Comment éviter de paraître trop ‘commercial’ ou ‘chiant’ au téléphone ?

Pour éviter le cliché du ‘vendeur de tapis’, cessez de parler de vous, de votre produit ou de votre entreprise. Parlez à votre prospect de lui, de ses problèmes potentiels, de son secteur. Utilisez un langage simple et direct, sans jargon commercial. Évitez les questions fermées et intéressées qui ne servent qu’à qualifier pour votre propre bénéfice (ex: ‘Quel est votre budget ?’). Posez des questions ouvertes qui invitent à la discussion. L’essentiel est de montrer un intérêt sincère pour la personne en face de vous. Comme le dit Enzo, la plupart des commerciaux sont ‘chiants’ parce qu’ils ne parlent que d’eux. Inversez la tendance et vous vous démarquerez instantanément.

‘On s’emmerde parce que les gens parlent que de leur pomme alors qu’en fait tu appelles quelqu’un pour le déranger. Donc parle lui de lui, parle lui justement de ses problèmes potentiels en tout cas que tu as déjà peut-être recensé.’

Que faire si j’ai peur de ‘griller’ un prospect important au début ?

Cette peur est légitime, surtout quand on cible des grands comptes où les interlocuteurs sont peu nombreux. La solution est de ne pas viser immédiatement la personne la plus haut placée ou le décisionnaire final. Vous pouvez adopter une stratégie d’approche indirecte en contactant d’autres personnes au sein de l’entreprise pour ‘qualifier et récupérer de l’info’. Ces premiers appels ont un enjeu moins élevé et vous permettent de vous entraîner tout en collectant des informations précieuses qui rendront votre futur appel au décisionnaire beaucoup plus pertinent. De plus, rappelez-vous que même un appel ‘foiré’ n’est que rarement définitif. Les gens oublient, les contextes changent. Un ‘non’ aujourd’hui peut devenir un ‘oui’ dans six mois.

‘Tu peux aussi aller chercher différents profils au sein même de la boîte pour aller qualifier et récupérer de l’info sans parler forcément de rendez-vous. […] Le niveau de préparation, il doit être beaucoup plus important. Ça c’est sûr et certain.’


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