Logo de l'épisode Marketing de la rareté: pourquoi tout le monde veut ce qu’il ne peut pas avoir - Episode 308 - on parle de stratégie digitale et de drop du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

Marketing de la rareté: pourquoi tout le monde veut ce qu’il ne peut pas avoir – Episode 308 – on parle de stratégie digitale et de drop

Épisode diffusé le 20 novembre 2025 par Estelle Ballot

Écouter l'épisode :

Le marketing de la rareté : pourquoi vous désirez ardemment ce que vous ne pouvez pas avoir

Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes en pleine effervescence du Black Friday. Les notifications pleuvent, les promotions crient à l’urgence et les marques rivalisent de superlatifs pour nous pousser à l’achat immédiat. C’est une véritable symphonie de l’abondance, une course effrénée au ‘toujours plus’. Pourtant, au milieu de cette frénésie, une contre-tendance puissante et silencieuse gagne du terrain. Une stratégie qui ne repose pas sur ce qui est disponible partout, tout le temps, mais sur ce qui est insaisissable, rare, presque secret. Cette stratégie, c’est le marketing de la rareté.

Il peut sembler totalement contre-intuitif. Dans un monde où Amazon nous promet une livraison le lendemain et où les catalogues de produits sont infinis, pourquoi choisir de rendre les choses difficiles d’accès ? Pourquoi orchestrer la frustration quand tout le monde promet la satisfaction immédiate ? La réponse est simple : parce que ça marche. La rareté fascine, elle stimule le désir et métamorphose un simple acte d’achat en une quête, une expérience mémorable. Comme je l’évoquais dans le podcast, elle réintroduit une dimension profondément émotionnelle que les promotions massives ont peu à peu effacée.

Dans cet article, nous allons plonger au cœur de ce mécanisme puissant. Nous explorerons ensemble ce retour en force du marketing de la rareté. Vous découvrirez pourquoi, psychologiquement, nous voulons ce que nous ne pouvons pas avoir. Nous analyserons comment les marques les plus intelligentes orchestrent cette frustration pour créer une valeur perçue immense. Enfin, nous verrons comment cette approche redéfinit complètement la relation qu’elles entretiennent avec leurs clients. Installez-vous confortablement, car aujourd’hui, nous allons parler de désir, d’attente et de ce marketing subtil qui se joue précisément dans tout ce que vous ne pouvez pas simplement ajouter à votre panier.

Le paradoxe de l’abondance : quand le ‘trop’ crée le besoin de ‘peu’

Pour comprendre l’essor du marketing de la rareté, il faut d’abord observer le paysage dans lequel il évolue. Nous vivons dans une ère d’hyper-choix. Que ce soit sur Netflix, au supermarché ou dans une boutique en ligne, les options sont devenues si nombreuses qu’elles en deviennent paralysantes. Les consommateurs n’ont jamais eu autant de pouvoir d’achat, d’accès à l’information et de possibilités. Et pourtant, cette profusion a un effet pervers : elle fatigue. Les marques, dans une compétition acharnée pour capter notre attention, ont multiplié les collections, les éditions limitées (qui n’en sont plus vraiment) et les promotions permanentes. Le résultat ? Une saturation profonde.

‘Cette abondance, elle finit par diluer la valeur perçue des produits. Et du coup, ce contexte là, il va pousser les consommateurs, et ben à chercher l’inverse, c’est à dire à chercher l’exceptionnel, ce qui leur permettra en fait de se distinguer.’

Ce que cette citation révèle, c’est un changement fondamental dans les aspirations des consommateurs. L’acte d’achat n’est plus seulement une transaction fonctionnelle ; il est devenu une quête identitaire. Dans un monde où tout le monde peut avoir la même chose, posséder un objet rare devient un signe de distinction, une affirmation de soi. On ne veut plus seulement le produit, on veut l’histoire qui va avec, le sentiment d’appartenir à un cercle restreint, d’être l’un des rares élus. Cette quête d’exclusivité n’est plus l’apanage du luxe. Elle touche la mode, la tech, la beauté et même l’alimentation. La rareté agit comme un filtre puissant dans un océan d’uniformité. Elle permet aux marques de recréer de la valeur là où tout semblait banalisé.

En restreignant volontairement l’accès, une marque ne fait pas que limiter son offre ; elle la repositionne sur un terrain émotionnel. Elle réintroduit de l’enjeu, de la tension et, par conséquent, du désir. La rareté ne vient donc pas remplacer l’abondance, mais plutôt corriger ses excès. Elle est l’antidote à l’indifférence générée par un marché hyper-saturé. Finalement, ce qui importe n’est plus seulement ce que vous proposez, mais le fait que tout le monde ne puisse pas l’obtenir.

La psychologie du désir : pourquoi la frustration est votre meilleur allié marketing

Si le marketing de la rareté est si efficace, c’est parce qu’il ne s’adresse pas à notre portefeuille, mais directement à notre cerveau. Lorsqu’un objet devient difficile d’accès, il cesse d’être un simple produit pour devenir un enjeu personnel. Nous ne sommes plus des consommateurs rationnels pesant le pour et le contre, mais des êtres émotionnels guidés par un mécanisme psychologique puissant : la frustration. Et, chose fascinante, cette frustration n’est pas un frein. Elle est le moteur.

‘L’être humain attache une valeur plus élevée à ce qui lui échappe. Le cerveau en fait, il va interpréter l’indisponibilité comme un signal de rareté et donc d’importance. En fait, s’il y en a pas pour tout le monde, c’est que ça doit valoir quelque chose.’

Ce principe, connu sous le nom de ‘principe de rareté’ en psychologie sociale, est redoutablement efficace. Il court-circuite notre analyse logique. Une simple promotion, affichée en rouge sur fond noir, appelle à une action rapide mais superficielle. La rareté, elle, crée un véritable parcours mental. Elle introduit d’abord l’attente, puis l’incertitude, et enfin, le ‘frisson’ de la tentative. L’exemple des places de concert de Beyoncé est parfait. Se retrouver 280 000ème dans une file d’attente virtuelle est frustrant, mais cela décuple la valeur perçue des billets. Ceux qui parviennent à en obtenir ne ressentent pas seulement la joie d’aller au concert, mais la fierté d’avoir surmonté un obstacle. Ils ont une histoire à raconter.

Cependant, tout l’art réside dans le dosage. C’est là que la stratégie devient subtile. Une rareté trop forte, trop inaccessible, finit par décourager et créer du ressentiment. Une rareté intelligemment orchestrée, en revanche, stimule et engage. C’est dans cet équilibre précaire que les marques doivent se positionner. Elles ne vendent plus seulement un produit ; elles vendent l’adrénaline associée au fait de réussir à l’obtenir. La frustration, dans ce contexte, devient une rupture narrative bienvenue dans un monde où tout est immédiatement disponible. Elle surprend, elle provoque, et surtout, elle redonne de la valeur à ce qui, sans elle, aurait pu passer totalement inaperçu.

Orchestrer l’attente : la magie des listes d’attente et du pré-engagement

Parmi les outils les plus emblématiques du marketing de la rareté, la liste d’attente s’est imposée comme une véritable pièce maîtresse. Autrefois réservée aux restaurants étoilés ou aux artisans de luxe, elle est aujourd’hui omniprésente : cosmétiques, applications, mode, services… Son succès n’est pas un hasard. La liste d’attente est une forme de rareté maîtrisée, une frustration organisée qui transforme un simple intérêt en un engagement durable.

Son fonctionnement psychologique est brillant. Plutôt que de dire ‘non’, la marque dit ‘pas tout de suite’. Le produit n’est pas refusé, il est simplement désiré par d’autres avant vous. Cette nuance change tout. Elle atténue la frustration négative et la rend socialement acceptable. Mieux encore, elle vous place au sein d’une communauté. Vous n’êtes plus seul à vouloir cet objet ; vous faites partie d’un groupe invisible, uni par la même attente. C’est une mécanique incroyablement puissante pour créer un sentiment d’appartenance avant même la moindre transaction.

‘Vous devenez en fait membre d’une communauté invisible qui est unie par l’attente. C’est quand même assez retord hein comme raisonnement mais c’est exactement ce qui se passe.’

Les marques exploitent cette dynamique pour nourrir un engagement progressif. Chaque e-mail de confirmation, chaque notification vous informant que votre tour approche, renforce l’attention et maintient l’intérêt. Le produit n’est pas encore entre vos mains, mais il occupe déjà un espace mental considérable. Cette anticipation construit un ‘pré-plaisir’ qui peut devenir encore plus fort que l’envie initiale. La liste d’attente ritualise le désir. Elle lui donne un cadre, un début et une fin attendue. Elle transforme une attente qui pourrait être vécue comme une contrainte en une preuve de la valeur de l’objet convoité. C’est une stratégie qui dose la rareté, la rend lisible et progressive, et prépare le terrain pour un achat qui sera vécu non pas comme une dépense, mais comme une récompense méritée.

Le marketing de l’instant : anatomie d’un ‘drop’ réussi

Si la liste d’attente joue sur le temps long et l’anticipation progressive, la stratégie du ‘drop’ en est l’exact opposé. Elle est l’incarnation du ‘disponible seulement maintenant’. Le drop est une expression spectaculaire et radicale du marketing de la rareté. Il repose sur l’instantanéité, un moment précis et éphémère, souvent annoncé à la dernière minute, durant lequel un produit devient accessible pour une durée extrêmement limitée.

La mécanique est conçue pour créer une tension maximale et immédiate. Vous n’avez pas des jours pour réfléchir, vous avez quelques minutes, voire quelques secondes, pour agir. Cette urgence absolue transforme l’acte d’achat en une véritable performance. Popularisé par les marques de streetwear comme Supreme et les collaborations exclusives, ce format s’est étendu à presque tous les secteurs. Un drop ne se contente pas de vendre un produit rare ; il transforme sa sortie en un événement, un rendez-vous à ne pas manquer. Cette ritualisation est la clé de son succès.

‘La frustration ne se vit plus dans l’attente, mais dans l’adrénaline de la tentative, le fameux frisson. Vous vivez un pic d’émotion, même si vous repartez les mains vides.’

L’instrumentalisation de l’instant est une rupture totale avec le rythme de l’hyper-disponibilité. Dans un quotidien où tout semble accessible et planifié, le drop crée une parenthèse où le temps se contracte. Il donne l’impression d’une forme de justice rare où tout le monde peut tenter sa chance, transformant l’achat en une victoire. Pour la marque, les bénéfices dépassent de loin le volume des ventes. Un drop réussi génère un bruit médiatique et social immense. L’événement lui-même devient le contenu, la campagne publicitaire. Il fonctionne parce qu’il n’essaie pas de remplacer l’offre habituelle, mais de l’interrompre, de casser la routine. Il bouscule les attentes et rappelle que, même dans un monde d’abondance, il existe encore des opportunités exceptionnelles à saisir.

Au-delà de la vente : bâtir une relation durable grâce à la rareté

Le marketing de la rareté ne se limite pas à créer un pic de ventes ou un buzz éphémère. Lorsqu’il est bien exécuté, il transforme en profondeur et durablement la relation entre une marque et ses clients. Quand un produit se mérite, qu’il faut le guetter, s’inscrire sur une liste, patienter ou tenter sa chance à un moment précis, l’engagement ne commence pas à l’acte d’achat. Il s’installe bien en amont.

La marque parvient à occuper un espace émotionnel privilégié dans l’esprit du consommateur. On ne consomme plus passivement un produit ; on vit une expérience active avec la marque qui le propose. Ce phénomène est particulièrement puissant lorsque la rareté est orchestrée sur plusieurs niveaux : les listes d’attente créent le pré-engagement, les drops ajoutent le pic d’adrénaline. Ces interactions répétées construisent une relation qui transcende le schéma traditionnel où la marque diffuse un message et le client choisit ou ignore. Ici, le client participe, s’implique, adapte son comportement. Il surveille les annonces, suit les réseaux sociaux, s’abonne aux newsletters. Il devient un acteur de la relation.

‘Cette implication répétée, et ben elle renforce la fidélité. Alors, c’est pas une fidélité qui est basée sur la satisfaction juste du produit, c’est une fidélité qui est basée sur l’histoire vécue.’

Les marques qui maîtrisent cet art créent des rituels, des rendez-vous attendus par leur communauté. Ces moments deviennent des occasions de renforcer le lien. Le client revient, non seulement pour le produit, mais aussi pour revivre l’intensité de l’expérience et pour réaffirmer son appartenance à un groupe qui a partagé la même quête. La rareté devient un moteur d’attachement. Elle soude une communauté autour d’expériences partagées, de ‘victoires’ communes (l’obtention du produit) et même ‘d’échecs’ partagés. Cette fidélité émotionnelle est infiniment plus solide qu’une fidélité basée sur le prix ou la simple habitude. Elle est ancrée dans la mémoire et les émotions.

La ligne rouge : les risques et les limites éthiques du marketing de la rareté

Aussi puissante soit-elle, la stratégie de la rareté marche sur une corde raide. En manipulant des leviers psychologiques aussi forts que la frustration et le désir, une marque s’engage sur un terrain qui exige une responsabilité et une transparence sans faille. Une stratégie trop agressive ou perçue comme malhonnête peut se retourner violemment contre elle.

Les consommateurs ne sont pas dupes. Ils acceptent le jeu de la tension et de l’attente à une condition : qu’ils sentent que la marque joue franc jeu. Si la rareté semble artificielle, si elle est un prétexte pour gonfler les prix de manière injustifiée, ou si le processus de sélection semble inéquitable, la mécanique s’inverse. La frustration ne nourrit plus le désir, elle engendre le ressentiment, la méfiance et la colère. La frontière est fine et le ‘backlash’ peut être immédiat et dévastateur, surtout à l’ère des réseaux sociaux.

‘Dès que la rareté, elle semble artificielle ou qu’on a l’impression que c’est un prétexte pour augmenter les prix […], et ben là, il y a une bascule qui s’opère, la frustration s’accumule, mais elle ne nourrit plus le désir, elle crée du ressentiment.’

L’annonce d’un drop raté, d’une liste d’attente interminable sans communication ou de quantités jugées ridiculement faibles peut déclencher une vague de critiques en quelques minutes. Une marque qui cherchait à créer une légende se retrouve accusée de mépriser son audience. La confiance, si longue à construire, peut être anéantie en un instant. De plus, il existe un risque d’épuisement du consommateur. Si chaque lancement devient une course stressante, une bataille à mener, la relation peut devenir toxique. Le désir se transforme alors en lassitude, et les clients finissent par se détourner, non par désamour pour la marque, mais par simple fatigue. La rareté n’est pas une stratégie, c’est un pacte de confiance. Elle engage la marque à offrir une expérience et une valeur à la hauteur de la contrainte imposée. Déraper, c’est rompre ce pacte.

Conclusion : la rareté, un antidote à l’indifférence

Le marketing de la rareté est bien plus qu’une simple tactique de vente. C’est une réponse stratégique et profonde à un monde saturé d’offres et d’indifférence. En réintroduisant de la tension, de l’émotion et du challenge, il redonne du relief à l’expérience de consommation et redéfinit la relation entre une marque et ses clients. Nous avons vu qu’il puise sa force dans notre psychologie, transformant la frustration en un puissant moteur de désir. Des listes d’attente qui bâtissent l’engagement sur la durée aux drops qui transforment un lancement en événement, les outils sont variés mais l’objectif reste le même : créer un attachement qui dépasse la simple satisfaction produit.

Mais cette stratégie est exigeante. Elle demande de la cohérence, de la transparence et un profond respect pour l’investissement émotionnel des clients. Les consommateurs d’aujourd’hui savent décoder les ficelles du marketing ; ils récompensent l’authenticité et sanctionnent durement les abus. Alors, comment intégrer la rareté dans votre propre stratégie ? Commencez par la question essentielle : qu’est-ce qui, dans votre offre, votre histoire ou votre processus, mérite réellement d’être rare ?

‘Souvenez-vous, une bonne rareté va se construire autour de la valeur, une mauvaise rareté va s’imposer autour d’un manque. La première, elle va créer du désir et la seconde, elle va créer de la méfiance.’

C’est sur cette distinction fondamentale que repose le succès. La rareté ne doit pas être un artifice, mais la conséquence logique de la valeur que vous proposez. Si vous y parvenez, vous ne vendrez pas seulement un produit, vous créerez une histoire que vos clients seront fiers de partager.


Questions fréquentes sur le marketing de la rareté

Comment le marketing de la rareté combat-il concrètement la saturation du marché ?

Le marketing de la rareté combat la saturation en agissant comme un filtre de valeur. Dans un marché où l’abondance de choix conduit à l’indifférence et à la paralysie décisionnelle, la rareté recrée de l’enjeu. En rendant un produit difficile d’accès, une marque le sort de la masse des offres interchangeables. Elle signale que ce produit est exceptionnel et ne s’adresse pas à tout le monde. Cela force le consommateur à porter une attention active plutôt que de survoler passivement les options. La rareté transforme ainsi un produit banalisé en un objet de désir distinctif, redonnant de la valeur là où l’excès d’offres l’avait diluée.

‘La rareté ici, elle joue en fait un rôle de filtre, elle permet aux marques de recréer de la valeur alors que tout semble assez uniforme parce que ben finalement tout est disponible partout tout le temps.’

Quelle est la principale différence entre une stratégie de liste d’attente et une stratégie de drop ?

La principale différence réside dans la gestion du temps et de l’émotion. La liste d’attente joue sur une anticipation progressive et durable. Elle transforme l’attente en un parcours d’engagement lent, créant un lien et une communauté sur plusieurs semaines ou mois. L’émotion principale est le désir qui grandit. Le drop, à l’inverse, est basé sur l’instantanéité et l’urgence. Il condense toute la tension sur un moment très court, créant un pic d’adrénaline et transformant l’achat en une performance. L’émotion principale est le frisson de la tentative. La liste d’attente fidélise par la patience, le drop par l’événement.

‘C’est un peu l’opposé de la liste d’attente qui va installer cette anticipation progressive, le drop, il repose sur l’instantanéité. Il joue sur un moment précis.’

La frustration est-elle toujours un levier positif en marketing ?

Non, la frustration n’est un levier positif qu’à condition d’être soigneusement dosée et perçue comme légitime. Si elle est bien orchestrée, elle agit comme un catalyseur qui amplifie le désir. Cependant, si la rareté est trop forte, si l’attente est interminable sans communication, ou si le processus semble injuste, la frustration devient négative. Elle se transforme en ressentiment, en colère et en méfiance envers la marque. Le succès de la stratégie dépend de cet équilibre délicat : la frustration doit stimuler le challenge, pas générer un sentiment d’impuissance ou de manipulation.

‘La frustration, elle agit comme un catalyseur du désir à condition, attention parce que c’est là que ça se joue, à condition qu’elle soit bien dosée. Si votre rareté, elle est trop forte, ben pour le coup, elle va décourager.’

Comment une marque peut-elle utiliser la rareté sans paraître manipulatrice ?

Pour éviter de paraître manipulatrice, une marque doit fonder sa stratégie de rareté sur l’authenticité et la transparence. La rareté doit avoir un sens et être justifiée. Est-ce dû à un processus de fabrication artisanal et long ? À une collaboration avec un artiste pour une édition unique ? À des ingrédients rares ? La marque doit communiquer clairement les raisons de cette rareté. Si les consommateurs comprennent que la limitation n’est pas un simple artifice pour créer du désir, mais la conséquence d’une démarche de qualité ou d’exclusivité réelle, ils accepteront le ‘jeu’. La clé est de respecter l’intelligence et l’investissement émotionnel du client.

‘Elle ne peut fonctionner qu’à condition de rester cohérente et mesurée. […] il faut qu’elle soit comprise comme une forme de respect qui est accordé au produit et à l’expérience, évidemment pas comme un levier de manipulation.’

Le marketing de la rareté est-il uniquement réservé aux produits de luxe ou haut de gamme ?

Absolument pas. Bien que le luxe utilise la rareté de manière historique, cette stratégie s’est démocratisée et touche aujourd’hui tous les secteurs : la mode rapide (streetwear), la beauté (éditions limitées), la tech (lancements de produits), et même l’alimentation (saveurs saisonnières). La rareté ne dépend pas du prix, mais de la perception de valeur et d’exclusivité. Une marque de baskets abordables peut créer un immense désir avec un drop bien orchestré, tout comme une application peut générer une longue liste d’attente. Ce qui compte n’est pas le positionnement tarifaire, mais la capacité à créer un événement et un sentiment d’opportunité unique.

‘Et cette logique, elle touche toutes les catégories, pas seulement le luxe. Alors bien sûr le luxe, bien sûr la tech, mais aussi la beauté, la mode et même l’alimentation.’

Quel est le véritable objectif de la rareté au-delà de la vente ?

Au-delà de générer des ventes à court terme, le véritable objectif du marketing de la rareté est de construire une relation client plus profonde et plus émotionnelle. En transformant l’achat en expérience, en quête ou en événement, la marque crée des souvenirs et un attachement durable. La rareté permet de bâtir une communauté de passionnés qui partagent une histoire commune avec la marque. L’objectif est donc de renforcer la fidélité, non pas sur la base de la simple satisfaction produit, mais sur l’histoire vécue ensemble. C’est un puissant levier pour construire une marque forte et résiliente sur le long terme.

‘Vous ne consommez plus seulement un produit, vous vivez une réelle expérience avec la marque qui le propose.’


Épisodes similaires