L’IA-washing : quand l’intelligence artificielle n’est qu’un vernis marketing
L’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres, dans tous les communiqués de presse, sur toutes les pages d’accueil. C’est devenu, comme je le disais dans l’épisode, ‘le nouveau mot magique du marketing’. Chaque semaine, une nouvelle application, un nouveau service, une nouvelle startup annonce fièrement être ‘boostée par l’IA’. Ce terme est devenu un sésame. Il fascine, il attire les investisseurs comme des aimants, il semble rassurer les clients sur le caractère avant-gardiste d’une solution et, ne nous voilons pas la face, il ouvre grand les portes des médias. La preuve en est, c’est un sujet que j’aborde de plus en plus souvent tant il est au cœur des préoccupations actuelles.
Mais que se passe-t-il lorsque l’on gratte un peu ce vernis brillant ? Derrière le buzz, la réalité est souvent bien moins spectaculaire. Parfois, l’IA est présente, mais de manière si anecdotique qu’elle ne change rien à l’expérience. Parfois, elle est tout simplement absente, remplacée par un algorithme classique rebaptisé pour l’occasion. C’est exactement ce que l’on appelle l’IA-washing. Une pratique qui consiste à enjoliver, exagérer ou carrément inventer un usage de l’intelligence artificielle à des fins purement communicationnelles. Une pratique qui, à l’image du greenwashing, peut coûter très cher à ceux qui s’y adonnent.
Dans cet article, nous allons plonger ensemble au cœur de ce phénomène. Nous allons décortiquer pourquoi les marques sont si tentées de surfer sur cette vague, quels sont les mécanismes psychologiques et marketing qui l’alimentent, et surtout, quelles sont les conséquences désastreuses sur la confiance des consommateurs et sur l’écosystème technologique tout entier. Mais nous n’allons pas nous arrêter au constat. Je vous donnerai également les clés pour devenir plus vigilant, pour apprendre à reconnaître les signaux d’un IA-washing et pour bâtir, si vous utilisez l’IA, une communication transparente, crédible et durable. Car c’est sur ce terrain de l’honnêteté que se jouera la véritable innovation.
Qu’est-ce que l’IA-washing ? Définition d’une pratique marketing trompeuse
Pour bien comprendre le phénomène, il faut d’abord le définir clairement. Comme je l’explique dans le podcast, ‘l’IA-washing, c’est une stratégie de communication qui exagère, qui en fait va enjoliver les choses, va inventer un usage de l’intelligence artificielle pour une entreprise’. Le mot ‘IA’ n’est plus le moteur d’une réelle innovation technologique, mais un simple ‘vernis d’innovation’ appliqué sur un produit ou un service pour le rendre plus attractif. Il ne s’agit pas de la technologie en elle-même, mais de la perception de la technologie.
Le parallèle avec le greenwashing est non seulement pertinent, il est éclairant. Rappelez-vous : le greenwashing consiste pour une marque à se draper de vertus écologiques alors que ses actions sont au mieux symboliques, au pire inexistantes. Une entreprise de fast-fashion qui lance une collection ‘consciente’ composée à 5% de coton recyclé tout en produisant des millions de vêtements dans des conditions opaques en est un exemple parfait. L’IA-washing fonctionne sur le même principe : une marque va clamer haut et fort qu’elle est à la pointe de l’IA alors qu’en réalité, elle utilise des systèmes algorithmiques extrêmement basiques, voire des technologies qui existent depuis des décennies. La mécanique repose sur un déséquilibre fondamental : l’asymétrie de l’information. D’un côté, un public qui associe l’IA à des avancées spectaculaires, presque magiques, nourri par les exploits de modèles comme ChatGPT ou Midjourney. De l’autre, des entreprises qui savent que les outils qu’elles déploient sont souvent bien plus modestes.
Des exemples concrets pour mieux comprendre
Prenons des cas typiques que j’évoque. Vous avez des applications B2B qui promettent une ‘reconnaissance intelligente’ de documents. On imagine une IA capable de comprendre le contexte, d’extraire des informations complexes. Mais quand on creuse, on découvre qu’il s’agit d’une simple correspondance de mots-clés, une technique de recherche textuelle qui existe depuis les débuts de l’informatique. De même, combien de logiciels se vantent aujourd’hui d’avoir un ‘copilote IA’ ? Pourtant, dans bien des cas, ce fameux copilote se résume à une fonction d’autocomplétion dans un formulaire, une aide à la saisie que nous utilisons tous les jours depuis plus de dix ans. Techniquement, on peut arguer que c’est une forme très simple d’IA, mais cela n’a rien à voir avec l’image d’assistant proactif et intelligent que le terme ‘copilote IA’ suggère.
L’argument ‘IA’ sert alors à crédibiliser un produit dont la véritable valeur ajoutée se situe ailleurs : dans son design, la richesse de sa base de données, ou un processus métier bien optimisé. L’IA n’apporte rien de substantiel, mais elle justifie un prix plus élevé, attire l’attention et rassure le décideur. C’est là que le test de la preuve devient crucial. Face à une promesse ‘Powered by AI’, il faut oser demander : quelles données utilisez-vous ? Quel modèle est à l’œuvre ? Comment mesurez-vous l’impact réel de cette IA ? Quels sont les garde-fous éthiques ? Une entreprise qui pratique l’IA-washing aura tendance à rester floue, à empiler les superlatifs (‘révolutionnaire’, ‘intelligent’, ‘automatisé’) tout en évitant soigneusement les détails techniques. À l’inverse, une communication honnête n’hésitera pas à décrire les limites de son système et même ses cas d’échec. Car la véritable innovation n’est jamais parfaite, elle est un processus d’amélioration continue.
Les ressorts psychologiques et marketing : pourquoi les marques succombent à la tentation de l’IA
Si l’IA-washing est si répandu, ce n’est pas par hasard. Il répond à des incitations extrêmement puissantes, à la croisée du marketing, de la finance et de la psychologie collective. L’IA, aujourd’hui, incarne la modernité, le progrès, l’avenir. C’est un mot qui agit comme un puissant stimulant pour l’imaginaire. Pour les équipes marketing, c’est un levier d’attention quasi immédiat dans un monde saturé d’informations.
L’effet de halo technologique : l’IA comme raccourci vers la crédibilité
Le principal moteur de l’IA-washing est ce que l’on appelle ‘l’effet de halo technologique’. C’est un biais cognitif, un raccourci mental que notre cerveau adore. Lorsqu’une marque accole le sigle ‘IA’ à son nom ou à son produit, elle bénéficie instantanément d’une perception d’avant-gardisme et de sophistication. Les consommateurs attribuent inconsciemment plus d’intelligence et d’efficacité au produit. En B2B, un décideur percevra une solution comme étant plus performante et plus pérenne. C’est un mécanisme puissant que les équipes marketing cultivent activement à travers le naming, l’iconographie (des cerveaux stylisés, des réseaux de neurones) et le storytelling.
C’est ainsi qu’un simple outil d’assistance devient un ‘copilote IA’, qu’une fonction de recherche par mots-clés est rebaptisée ‘recherche générative’, ou qu’un système de scoring client classique se transforme en ‘modèle prédictif d’apprentissage profond’. Cette ambiguïté sémantique fonctionne à merveille car, comme je le souligne, ‘la frontière entre l’algorithme classique et l’IA avancée, et ben elle est floue pour l’immense majorité des gens’. Des secteurs entiers jouent sur cette confusion. Des banques promettent des parcours personnalisés par l’IA alors qu’il s’agit de règles de segmentation client traditionnelles. Des assureurs parlent de détection de fraude ‘instantanée’ par l’IA quand c’est un algorithme actuariel qui fait le travail, comme il le fait depuis toujours. L’effet de halo est encore plus fort quand la marque propose des démonstrations visuelles, comme un chatbot ou des images générées. L’illusion d’une technologie profondément intégrée s’installe, même si l’usage réel de l’IA reste totalement périphérique.
La pression médiatique et financière : un écosystème qui pousse à la surpromesse
L’autre grande force qui pousse à l’IA-washing est la pression de l’écosystème. D’un côté, les médias. Les rédactions sont en quête perpétuelle de sujets clairs, spectaculaires et nouveaux. Une promesse d’IA coche toutes ces cases. Elle garantit un angle éditorial intéressant et ouvre les portes des conférences, des tribunes et des plateaux télévisés. Les directions de la communication le savent et adaptent leur calendrier pour correspondre à celui des médias. Le risque, c’est que l’histoire racontée précède, et de loin, la réalité technologique. La promesse devient un titre de presse, le titre une attente client, et l’attente une contrainte insoutenable pour les équipes produit qui doivent ‘courir après cette technologie qu’on a avancée mais qui en fait n’existe pas encore’.
De l’autre côté, il y a la pression du financement. Aujourd’hui, un entrepreneur qui cherche à lever des fonds se verra systématiquement interrogé sur sa stratégie IA. Ne pas avoir de réponse, c’est risquer de paraître dépassé. Les dirigeants répondent donc avec des présentations ambitieuses, annonçant des plateformes IA alors qu’ils n’ont qu’une expérimentation en cours. On entre alors dans ce que j’appelle un ‘théâtre de l’innovation’, un grand jeu de ‘Fake it until you make it’ (‘Fais semblant jusqu’à ce que tu y arrives’). Sauf que cette stratégie, tenable pour une petite startup, devient problématique quand des entreprises cotées en bourse s’y mettent. Des dirigeants mettent en avant l’IA dans leurs communications aux investisseurs pour montrer un alignement stratégique, la bourse réagit positivement, ce qui incite à continuer dans cette voie. C’est une boucle qui entretient la surpromesse jusqu’à ce que la bulle éclate.
Les risques cachés de l’IA-washing : bien plus qu’une simple déception
On pourrait penser que l’IA-washing est un jeu sans grandes conséquences, une simple exagération marketing. C’est une grave erreur. Les risques sont profonds, durables et peuvent affecter non seulement la marque qui s’y livre, mais aussi l’ensemble de l’écosystème. Le risque le plus immédiat et le plus dévastateur est la perte de confiance des consommateurs.
La perte de confiance : l’érosion de votre actif le plus précieux
La confiance est l’actif le plus fondamental d’une marque. Elle est longue et difficile à construire, mais peut être détruite en un instant. ‘Si vous avez un écart qui est répété entre la promesse et l’expérience que vit l’utilisateur, et ben d’abord, vous allez avoir de la déception et puis ensuite vous allez avoir de la défiance’. Un client qui télécharge une application ‘intelligente’ pour se rendre compte qu’elle ne fait rien de plus que ses concurrents se sentira floué. La première fois, c’est de la déception. La deuxième fois, c’est de la méfiance. À terme, les utilisateurs s’habituent à ignorer la mention ‘IA’, la considérant comme un simple gadget marketing sans valeur. Le taux de conversion baisse, le bouche-à-oreille devient tiède, voire négatif, et les avis en ligne se durcissent.
Pire encore, une marque qui pratique l’IA-washing se tire une balle dans le pied pour l’avenir. Elle paie le prix deux fois. La première fois, par une perte de chiffre d’affaires immédiate due à la déception. La seconde fois, bien plus tard, le jour où elle sera réellement prête technologiquement. Ce jour-là, lorsqu’elle lancera une véritable innovation IA, elle aura le plus grand mal à convaincre des utilisateurs qu’elle a déjà déçus. Reconstruire la confiance sur les cendres d’une promesse non tenue est un défi colossal. C’est prendre les utilisateurs pour des idiots, et c’est une stratégie qui ne paie jamais à long terme.
Les conséquences juridiques et éthiques : quand la promesse non tenue coûte cher
Au-delà de la réputation, l’IA-washing peut avoir des conséquences très concrètes. Dans des secteurs réglementés ou à fort impact humain – le crédit bancaire, l’assurance, la santé, le recrutement – faire des promesses que la technologie ne peut tenir expose à des risques juridiques importants. Si une solution de recrutement ‘basée sur l’IA’ est accusée de discrimination, ou si un outil de diagnostic médical ‘intelligent’ commet des erreurs, la responsabilité de l’entreprise sera engagée. Les allégations marketing seront alors scrutées à la loupe par les régulateurs et les tribunaux. Une promesse d’objectivité ou de performance supérieure grâce à l’IA pourrait se retourner contre la marque si la réalité est différente.
La dimension éthique est tout aussi cruciale. Les clients n’aiment pas qu’on leur ‘raconte des foutaises’. Une communication trompeuse est une rupture du contrat moral entre une marque et ses clients. Cela peut se manifester par des réponses incohérentes du service client, un SAV dépassé par des problèmes que l’IA était censée résoudre, ou simplement par le sentiment d’avoir été manipulé. Dans un monde où les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’éthique des entreprises, l’IA-washing est une pratique à haut risque qui peut déclencher des crises de réputation difficiles à maîtriser.
La déstabilisation de l’écosystème : une menace pour l’innovation réelle
Enfin, l’impact le plus insidieux de l’IA-washing est qu’il ne touche pas que les entreprises qui le pratiquent. Il affecte l’ensemble de l’écosystème. Ce bruit marketing constant crée une méfiance généralisée. Les investisseurs doivent passer un temps précieux à démêler les dossiers sérieux des dossiers remplis de superlatifs. Les budgets d’innovation se diluent dans des projets qui n’atteignent jamais la phase de production. Les équipes techniques, les ingénieurs, les data scientists, peuvent se démotiver, car l’effort complexe et rigoureux de l’industrialisation d’une IA est moins glamour et moins reconnu que les annonces fracassantes. À force d’entendre parler d’IA à tout bout de champ sans en voir les bénéfices concrets, les décideurs finissent par considérer le terme comme un simple ‘buzzword’, vide de sens, comme l’ont été avant lui ‘Big Data’ ou ‘Blockchain’. C’est une tragédie, car cela freine l’adoption de véritables innovations qui, elles, pourraient apporter une valeur immense. Les marques qui sortiront leur épingle du jeu sont celles qui auront résisté à la tentation du court terme et privilégié la transparence depuis le début.
De la parole aux actes : comment communiquer sur l’IA de manière transparente et crédible
Face à ce constat, la question se pose : comment faire la différence ? Et si l’on est une entreprise qui utilise réellement l’IA, comment communiquer dessus sans tomber dans le piège de l’IA-washing ? La réponse tient en quelques principes clés : l’exigence de preuve, la clarté et l’humilité.
Le test de crédibilité en 5 questions : votre diagnostic rapide
Que vous soyez un client évaluant un fournisseur ou un dirigeant souhaitant valider une initiative interne, je vous propose un diagnostic rapide basé sur cinq questions fondamentales. Une entreprise crédible doit pouvoir y répondre de manière simple et précise.
- Les données : Quelles sont les données spécifiques qui alimentent votre système ? D’où viennent-elles, comment sont-elles qualifiées et mises à jour ? Une réponse vague est un signal d’alarme.
- Le modèle : Quel type de modèle d’IA est utilisé (machine learning, deep learning, etc.) ? Et surtout, pourquoi ce modèle a-t-il été choisi plutôt qu’un autre ou qu’un simple algorithme ? La réponse doit être liée à un problème métier précis.
- Le périmètre : Quel est le périmètre fonctionnel exact du système ? Que fait-il et, tout aussi important, que ne fait-il pas ? La clarté sur les limites est un signe de maturité.
- La supervision humaine : Où et comment l’humain intervient-il pour superviser, corriger les erreurs ou prendre le relais ? Une IA totalement autonome est extrêmement rare ; l’absence de mention de la supervision humaine est suspecte.
- Les métriques d’impact : Comment mesurez-vous l’efficacité et l’impact de votre IA ? Ces métriques sont-elles suivies, publiées, auditables ? On cherche ici des preuves chiffrées : un temps de traitement divisé par deux, un taux d’erreur réduit de 30%, etc.
Une entreprise sérieuse appuiera ses réponses avec des cas d’usage concrets, des références clients vérifiables, voire des publications techniques. Le discours le plus convaincant est celui qui est adossé à une feuille de route claire, avec ses jalons, ses risques identifiés et ses dépendances. La transparence et la précision sont les meilleurs antidotes à l’IA-washing.
Les trois piliers d’une communication responsable : clarté, preuve et humilité
Si c’est vous qui communiquez sur votre propre usage de l’IA, la démarche doit reposer sur trois piliers. C’est un investissement en temps, mais c’est ce qui transformera votre technologie en un véritable avantage concurrentiel durable.
- La clarté : Oubliez le jargon technique et les superlatifs. Commencez par formuler le problème métier que vous cherchez à résoudre de la manière la plus simple possible. Ensuite, expliquez la place de l’IA dans votre solution et le rôle complémentaire de l’humain. Le client doit comprendre la valeur ajoutée concrète pour lui, pas la complexité de votre algorithme.
- La preuve : Remplacez les affirmations grandiloquentes par des preuves tangibles. Comme je le disais, ‘on évite les communications avec des superlatifs dans tous les sens, on va préférer apporter des preuves’. Partagez des métriques avant/après, des résultats de tests A/B, des taux d’erreur par cas d’usage, et même des exemples d’échecs qui vous ont permis d’apprendre et de vous améliorer. La crédibilité naît des faits, pas des slogans.
- L’humilité : C’est peut-être le pilier le plus important et le plus différenciant. Une communication qui reconnaît ouvertement les limites de sa technologie, les risques potentiels (biais, erreurs) et les domaines où elle n’est pas encore performante force le respect. Elle montre que vous maîtrisez votre sujet et que vous n’essayez pas de vendre de la poudre aux yeux. Cette humilité est le fondement d’une relation de confiance durable avec vos clients, vos partenaires et vos investisseurs.
Conclusion : choisir la confiance plutôt que le slogan
L’IA-washing n’est finalement que la dernière incarnation d’une vieille vérité marketing : ‘le marketing aime les mots à la mode’. Hier c’était le ‘Cloud’, avant-hier le ‘Web 2.0’, aujourd’hui c’est l’IA. Mais cette tendance nous rappelle une leçon encore plus fondamentale : les slogans séduisent à court terme, mais seule la confiance se construit sur la durée. Promettre une intelligence artificielle là où il n’y en a pas, ou là où elle n’apporte rien, c’est prendre le risque immense de la déception, de la perte de crédibilité et, à terme, du rejet d’une technologie qui est pourtant porteuse d’opportunités extraordinaires.
La voie la plus exigeante est aussi la plus payante. Une communication transparente, précise et humble ne valorise pas seulement votre marque, elle valorise l’IA pour ce qu’elle est vraiment : un outil puissant, complexe, avec ses forces et ses faiblesses. Les marques qui adoptent cette approche se différencieront radicalement dans un marché bruyant. Elles ne vendront pas un rêve, mais une réalité. Elles ne créeront pas une hype éphémère, mais une confiance durable. Et la confiance, en marketing comme ailleurs, n’a pas de prix.
Alors, la prochaine fois que vous lirez ou entendrez les mots magiques ‘Powered by AI’, ayez le réflexe de vous poser la question : s’agit-il d’une innovation réelle ou d’un simple vernis marketing ? C’est notre vigilance collective, en tant que consommateurs, entrepreneurs et marketeurs, qui poussera l’ensemble du marché vers plus de rigueur et permettra à l’IA de tenir, réellement, toutes ses promesses.
Foire Aux Questions sur l’IA-washing
1. Qu’est-ce que l’IA-washing et en quoi est-ce similaire au greenwashing ?
L’IA-washing est une stratégie de communication qui consiste à exagérer, voire à inventer, l’utilisation de l’intelligence artificielle dans un produit ou un service pour le rendre plus attractif. Le but est de bénéficier de l’image innovante et performante associée à l’IA. C’est un parallèle direct avec le greenwashing, qui utilise des arguments écologiques de manière superficielle ou trompeuse pour donner une image ‘verte’ à une entreprise. Dans les deux cas, la communication prime sur la réalité des actions et exploite une asymétrie d’information avec le public.
‘Le Green Washing, vous vous en souvenez, c’est le fait de parler d’écologie ou en tout cas de faire croire qu’on fait quelque chose d’un point de vue écologique alors qu’en fait c’est juste du marketing. Bah ici c’est pareil avec l’IA, l’intelligence artificielle, elle sert davantage d’arguments de communication que de moteur, de transformation, d’innovation.’
2. Pourquoi tant d’entreprises utilisent-elles le terme ‘IA’ dans leur marketing aujourd’hui ?
Les entreprises utilisent le terme ‘IA’ car il agit comme un puissant ‘mot magique’ qui capte l’attention et génère une perception positive quasi instantanée. Pour une startup, mentionner l’IA peut augmenter sa crédibilité auprès des investisseurs. Pour une grande entreprise, cela signale une ambition technologique et une modernité. Les médias sont également plus enclins à couvrir des sujets liés à l’IA, offrant une visibilité accrue. Enfin, les clients, qu’ils soient B2C ou B2B, anticipent un gain de productivité ou une meilleure expérience, ce qui crée une incitation très forte à surcommuniquer sur ce thème.
‘L’IA, ça incarne la modernité. C’est un peu un mot magique qui stimule l’imaginaire collectif. Les équipes marketing quand on leur dit IA, elles voient un levier d’attention immédiat. Ça attrape l’attention.’
3. Quels sont les risques concrets pour une marque qui pratique l’IA-washing ?
Le risque principal est la perte de confiance des consommateurs. Un décalage répété entre la promesse marketing et l’expérience réelle crée de la déception, puis de la défiance, qui est extrêmement difficile à reconstruire. Cela se traduit par une baisse des conversions et un bouche-à-oreille négatif. De plus, il existe des risques juridiques, notamment dans les secteurs réglementés (santé, finance), où une promesse non tenue peut entraîner des poursuites. Enfin, la marque s’expose à un coût de réputation significatif et handicape ses futurs lancements, même s’ils reposent sur une technologie solide.
‘Une marque qui fait de l’IA washing, elle va le payer deux fois. Elle va le payer une première fois parce qu’elle va avoir une perte de chiffre d’affaires […] mais elle va le payer une deuxième fois parce que le moment où elle sera en fait réellement prête d’un point de vue technologique, et ben là, elle ne pourra plus convaincre les utilisateurs.’
4. Comment puis-je, en tant que client ou entrepreneur, reconnaître une véritable innovation IA ?
Pour distinguer une innovation réelle d’un discours marketing, il faut poser des questions précises et factuelles. Interrogez votre fournisseur sur cinq points clés : les données utilisées (source, qualité), le modèle d’IA (type, pertinence), le périmètre exact de la solution (ce qu’elle fait et ne fait pas), la place de la supervision humaine (comment les erreurs sont corrigées) et les métriques d’impact (preuves chiffrées de la performance). Une entreprise crédible fournira des réponses claires, des cas d’usage concrets et sera transparente sur les limites de sa technologie. Le flou et l’accumulation de superlatifs sont des signaux d’alarme.
‘Le test, ça consiste à demander des preuves concrètes. Quelles sont les données que vous utilisez ? Quel modèle ? Quelle métrique d’impact ? Quel garde-fou éthique ? Tous ces éléments-là, ça va être ultra important pour comprendre si on est sur une vraie innovation ou si on est sur quelque chose d’un peu pipo.’
5. Une communication honnête sur l’IA est-elle possible sans paraître ‘moins innovant’ ?
Absolument. Au contraire, une communication honnête et humble devient un puissant différenciateur dans un marché saturé de promesses excessives. Reconnaître les limites de sa technologie, expliquer clairement son fonctionnement et apporter des preuves tangibles de sa valeur (métriques, témoignages) renforce la crédibilité et le respect. Cela montre une maîtrise réelle du sujet. À long terme, cette approche bâtit une relation de confiance solide avec les clients et les investisseurs, qui valorisent la rigueur et la prévisibilité autant, sinon plus, que les annonces spectaculaires mais non fondées.
‘Un message qui reconnaît ses limites, qui reconnaît les risques, ça force le respect et ça apporte de la confiance. Mettre en place ce genre de communication, évidemment ça prend plus de temps, mais ça va transformer l’IA en véritable avantage concurrentiel qui va être durable.’
6. Quel est l’impact de l’IA-washing sur l’ensemble du secteur de la technologie ?
L’IA-washing a un effet délétère sur tout l’écosystème. Il crée un ‘bruit’ marketing qui rend difficile l’identification des véritables innovations, tant pour les clients que pour les investisseurs. Cela dilue les budgets d’innovation et peut démotiver les équipes techniques qui travaillent sur des projets sérieux mais moins ‘glamour’. À terme, cela risque de décrédibiliser le terme ‘IA’ lui-même, le transformant en un buzzword vide de sens. Cette défiance généralisée freine l’adoption de technologies réellement porteuses de valeur et nuit aux entreprises qui jouent le jeu de la transparence.
‘Les conséquences finalement, elles seront sur l’ensemble de l’écosystème. C’est l’ensemble de l’écosystème tech qui subit ce bruit, qui subit cette défiance petit à petit de l’IA.’
7. Qu’est-ce que l’effet de halo technologique appliqué à l’IA ?
L’effet de halo technologique est un biais cognitif où la simple mention du terme ‘IA’ confère à un produit ou une marque une perception positive globale d’innovation, d’intelligence et de performance, indépendamment de la réalité technologique. C’est un raccourci mental pour le cerveau : ‘IA = avancé et efficace’. Les équipes marketing exploitent ce biais en utilisant un vocabulaire spécifique (‘copilote IA’, ‘recherche générative’) pour qualifier des fonctionnalités parfois très basiques. Cette perception améliorée influence positivement les consommateurs, les investisseurs et les médias, même en l’absence de réelle substance technologique.
‘Le halo technologique, en fait, ça agit comme un raccourci mental. Donc, vous avez une marque qui va utiliser le terme IA, bah immédiatement elle va bénéficier d’une espèce de perception d’avant-gardisme. Parce que les consommateurs, en fait, ils attribuent plus d’intelligence au produit, s’il y a marqué IA.’


![[Best Episode] Comment fixer ses tarifs avec Insaff El Hassini - Episode 228 - on parle de prix, rémunération, devis 4 Logo de l'épisode [Best Episode] Comment fixer ses tarifs avec Insaff El Hassini - Episode 228 - on parle de prix, rémunération, devis du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy](https://podcast-marketing.fr/wp-content/uploads/2025/10/le-podcast-du-marketing-strategie-digitale-persona-emailing-inbound-marketing-we-best-episode-comment-fixer-ses-tarifs-avec-insaff-el-hassini-episode-228-on-parle-de-prix-remun-1024x1024.jpeg)

