Briser le plafond de verre de l’intérieur : pourquoi votre voix est votre plus grand atout d’entrepreneure
Vous avez une idée brillante, une expertise solide, une détermination à toute épreuve. Vous travaillez sans relâche, vous cochez toutes les cases, et pourtant, une sensation frustrante persiste. Le sentiment de ne pas être entendue, de voir vos idées moins considérées ou de devoir fournir deux fois plus d’efforts pour obtenir la même reconnaissance. Si ce constat résonne en vous, sachez que vous n’êtes pas seule. Ce n’est ni un manque de compétence, ni un hasard. C’est le résultat d’un conditionnement social profond, un héritage culturel qui, depuis des siècles, a appris aux femmes à minimiser leur voix et leur ambition. Comme je l’ai souvent constaté, et comme beaucoup d’entre vous le vivent, ce combat pour la légitimité est une réalité quotidienne dans l’entrepreneuriat au féminin.
La question n’est donc pas de savoir si vous êtes ‘assez’ compétente, mais comment vous pouvez réclamer l’espace qui vous est dû. Comment transformer votre expertise en influence ? Comment faire de votre histoire personnelle un levier de croissance pour votre entreprise ? La réponse réside dans une compétence souvent sous-estimée mais absolument fondamentale : la maîtrise de votre prise de parole. Il ne s’agit pas de ‘parler comme un homme’, mais de trouver votre propre voix, authentique et puissante, pour incarner pleinement votre projet et votre vision. C’est un voyage de déconstruction de nos propres barrières internes et de reconstruction d’une confiance inébranlable.
Dans cet article, inspiré par ma conversation avec Estelle Ballot pour le Podcast du Marketing, je vais vous guider à travers les étapes essentielles pour libérer votre parole. Nous allons d’abord démasquer les biais inconscients qui nous freinent depuis notre plus tendre enfance. Ensuite, je vous livrerai une méthode en trois temps, basée sur le storytelling, pour structurer un discours qui captive et convainc. Nous explorerons comment votre corps lui-même peut devenir un allié pour projeter la confiance, même quand le doute s’installe. Enfin, nous verrons pourquoi votre visibilité n’est pas un acte d’ego, mais un puissant levier de changement collectif. Préparez-vous à transformer non seulement votre façon de communiquer, mais aussi la trajectoire de votre entreprise.
Les chaînes invisibles : démasquer les biais inconscients qui nous font taire
Avant même de penser à la technique, il faut comprendre l’origine du problème. Pourquoi tant de femmes talentueuses hésitent-elles à prendre la parole, s’excusent avant même de commencer ou minimisent leurs propres réussites ? La réponse est profondément ancrée dans notre culture. Il existe une différence fondamentale entre la nature (notre biologie) et la culture (notre éducation, les normes sociales). Et c’est cette culture qui, depuis des générations, nous conditionne à agir d’une certaine manière. Pour les femmes, ce conditionnement se traduit souvent par une injonction au silence.
C’est un processus insidieux qui commence dès l’enfance. Des études montrent des schémas récurrents et troublants :
‘les professeurs interrompent deux fois plus les petites filles que les petits garçons, […] les parents ont tendance à donner de la voix aux petits garçons plus fréquemment’.
On associe la colère d’un bébé garçon à une affirmation de caractère, tandis que les pleurs d’une petite fille sont perçus comme de la peine ou de la fragilité. Progressivement, nous intégrons ces messages. On nous apprend à ne parler que lorsque nous sommes ‘vraiment sûres de ce qu’on a à dire’, que notre opinion est parfaitement étayée, que toutes les données ont été vérifiées. Pendant ce temps, les garçons sont encouragés à s’exprimer, à oser, à se tromper et à recommencer. Cette dissymétrie crée un profond déséquilibre dans la confiance en soi et dans notre rapport à la parole publique.
Ce conditionnement historique n’est pas une relique du passé. Il est toujours d’actualité. Comme le disait déjà Télémaque à sa mère Pénélope dans L’Odyssée : ‘le langage public, c’est une histoire d’homme’. Cette idée, même si elle n’est plus formulée aussi crûment, infuse encore nos interactions professionnelles. Le simple fait de parler, pour une femme, c’est s’exposer à un risque plus grand, celui d’être jugée non pas sur le fond de son propos, mais sur la forme : sa voix, son émotion, son assurance. Nous avons intégré que parler, c’est prendre un risque. La stratégie de survie la plus sûre devient alors de se taire ou de parler le moins possible.
Du ‘manterrupting’ au ‘tone policing’ : les outils modernes du silence
Dans le monde professionnel contemporain, ces biais se manifestent de manière plus subtile mais tout aussi efficace. Il existe tout un arsenal de techniques, souvent inconscientes de la part de ceux qui les emploient, pour décrédibiliser ou minimiser la parole féminine. Le plus connu est le ‘manterrupting’, cette fâcheuse tendance à interrompre une femme beaucoup plus fréquemment qu’un homme. Il y a aussi le ‘mansplaining’, lorsqu’un homme vous explique quelque chose que vous savez déjà, souvent de manière condescendante, supposant votre ignorance.
Un autre mécanisme pervers est ce que l’on nomme le ‘tone policing’. Cela consiste à invalider votre message en attaquant votre ton. Vous avez certainement déjà entendu des phrases comme :
‘Je t’écouterai si tu n’étais pas aussi énervée et émotive’
ou ‘Pourquoi tu le prends comme ça ?’. C’est une manière très efficace de déplacer le débat du contenu de votre message vers votre état émotionnel, vous forçant à vous justifier et à perdre le fil de votre argumentation. On peut aussi utiliser un langage corporel dissuasif : soupirer, lever les yeux au ciel, sourire avec ironie. Toutes ces micro-agressions envoient un message clair : ‘Ce que tu dis n’a pas d’importance’. Face à cette artillerie, beaucoup de femmes choisissent de se protéger en adoptant un langage minimaliste : ‘J’ai un petit projet’, ‘J’essaie de…’, ‘Je ne suis pas sûre, mais…’. C’est une stratégie de protection, mais qui, à terme, sabote notre propre crédibilité et notre potentiel de leadership.
La violence peut même devenir frontale, notamment sur les plateformes en ligne. Les femmes qui osent s’exprimer sur des sujets de société, politiques ou même techniques sont souvent la cible de vagues de harcèlement, de menaces, d’insultes. La fameuse ‘Ligue du LOL’ en France en est un exemple tristement célèbre. Cette violence a pour but de nous faire retourner à notre place ‘assignée’ : celle du silence. Reconnaître ces mécanismes est la première étape pour s’en affranchir. Il ne s’agit pas de devenir paranoïaque, mais de comprendre que si vous ressentez ces freins, ce n’est pas une faiblesse personnelle, mais le fruit d’un système. Et la bonne nouvelle, c’est qu’on peut apprendre à le déjouer.
De l’autocensure à l’affirmation : reprendre le contrôle de notre discours
La conséquence la plus directe de ce conditionnement est l’autocensure. Nous internalisons tellement la critique potentielle que nous devenons nos propres censeurs. J’observe cela constamment en formation. Avant de prendre la parole, beaucoup de femmes commencent par ce que j’appelle des ‘disclaimers’ :
‘Bon, j’ai pas trop préparé’, ‘Je suis pas trop sûre de moi’, ‘On m’a dit hier que je devais parler…’
. C’est une façon de s’excuser d’exister, de prendre de la place. En abaissant les attentes d’entrée de jeu, on espère amortir la critique. Mais ce faisant, on sabote notre propre message avant même de l’avoir délivré.
Cette tendance se retrouve dans la manière dont nous nous présentons. Comme le soulignait Estelle, les hommes ont tendance à se positionner sur des postes plus élevés, à utiliser un vocabulaire plus flatteur pour décrire leurs compétences. Une femme, pour le même poste, utilisera un langage plus modeste, plus factuel, voire minimisant. C’est le syndrome de la ‘bonne élève’ : nous pensons que notre travail acharné parlera de lui-même. Mais dans le monde de l’entreprise, la perception est souvent la réalité. Si vous ne revendiquez pas votre valeur, personne ne le fera à votre place. Dire ‘Je gère cette entreprise’ ou ‘Je suis à la tête du département marketing’ ne devrait pas nous poser de problème. Pour un homme, c’est une simple déclaration de fait. Pour une femme, c’est souvent perçu, et surtout ressenti, comme de l’orgueil déplacé.
Il y a donc un véritable travail de ‘reconditionnement’ à opérer sur notre propre langage. Cela passe par l’abandon des excuses inutiles – la campagne Pantene ‘Sorry Not Sorry’ illustre parfaitement cette manie que nous avons de nous excuser constamment. Cela passe par le choix de mots plus forts, plus affirmatifs. Au lieu de ‘J’essaie de lancer un petit projet’, dites ‘Je développe une entreprise innovante’. Au lieu de ‘Je pense que peut-être’, dites ‘Ma conviction est que’. Ce n’est pas de l’arrogance, c’est de la clarté et de l’assertivité. C’est un travail de longue haleine, mais chaque petit pas pour affirmer sa place et sa voix est une victoire.
Réclamez votre histoire : la méthode en 3 temps pour une prise de parole qui marque les esprits
Une fois que l’on a pris conscience des barrières invisibles, il est temps de construire activement notre nouvelle façon de communiquer. L’outil le plus puissant pour cela n’est pas la rhétorique complexe ou les slides surchargés de données, mais quelque chose de bien plus humain et universel : le storytelling. Raconter son histoire, c’est créer une connexion émotionnelle instantanée avec son public. C’est ce qui transforme une présentation informative en un moment inspirant. Voici une structure en trois étapes, inspirée de mes années d’organisation d’événements TEDx, pour bâtir un discours percutant.
Étape 1 : Commencez par le ‘Pourquoi’ (le Why)
La plupart des gens communiquent en partant du ‘Quoi’ : ce qu’ils font, les caractéristiques de leur produit, les services qu’ils proposent. C’est logique, mais peu engageant. Le véritable leadership, comme l’explique brillamment Simon Sinek dans sa conférence ‘How Great Leaders Inspire Action’, commence par le ‘Pourquoi’.
‘Commencez vraiment à travailler le why et à travailler finalement ce côté très personnel de pourquoi ce projet qui nous tient tant à cœur incarne une valeur clé pour nous.’
Votre ‘Pourquoi’, c’est la raison d’être de votre entreprise, la conviction profonde qui vous anime. C’est la valeur fondamentale qui sous-tend toutes vos actions. Pourquoi faites-vous ce que vous faites, au-delà de l’argent ? Quelle est la cause que vous servez ? Quel changement voulez-vous voir dans le monde ?
Commencer par le ‘Pourquoi’ permet de toucher directement la partie du cerveau de votre auditoire qui gère les émotions et la prise de décision. Les gens n’achètent pas ce que vous faites, ils achètent la raison pour laquelle vous le faites. Pour une femme entrepreneure, dont le projet est souvent intimement lié à un parcours personnel et à des valeurs fortes, c’est un atout considérable. Prenez le temps de définir clairement votre ‘Pourquoi’. Écrivez-le. Ce sera la pierre angulaire de toute votre communication.
Étape 2 : Illustrez par une histoire personnelle
Le ‘Pourquoi’ est un concept. Pour le rendre tangible et mémorable, vous devez l’incarner dans une histoire.
‘Commencer avec une histoire si possible personnelle qui illustre ce why. Une histoire, justement, une anecdote, un moment de votre vie où vous avez expérimenté cette valeur ou l’absence de cette valeur.’
Le storytelling active la visualisation chez l’auditeur. Quand vous racontez une histoire, votre public ne vous écoute plus passivement, il vit l’expérience avec vous. Il se met à votre place, ressent vos émotions. Cette connexion empathique est la clé pour faire passer un message et le rendre inoubliable.
Choisissez une anecdote précise, un moment de bascule dans votre vie ou votre carrière qui a cristallisé votre ‘Pourquoi’. Ne cherchez pas à raconter toute votre vie. Un instant suffit. Décrivez le contexte, les personnages, l’émotion que vous avez ressentie. Montrez, ne dites pas. Au lieu de dire ‘J’ai réalisé que l’autonomie financière des femmes était cruciale’, racontez le moment précis où vous avez eu cette prise de conscience. Cette histoire personnelle est votre signature. Elle rend votre projet unique et authentique. C’est ce qui vous différencie de tous vos concurrents.
Étape 3 : Terminez par un rêve ambitieux et un appel à l’action
Après avoir établi la connexion émotionnelle avec votre ‘Pourquoi’ et votre histoire, il est temps de projeter votre auditoire vers l’avenir. C’est là que vous devez oser voir grand. C’est un point sur lequel nous, les femmes, devons particulièrement nous challenger. Nous avons tendance à minimiser nos ambitions pour ne pas paraître arrogantes ou irréalistes. C’est une erreur.
‘Il y a la partie finale qui est plus sur d’abord les chiffres, ensuite le projet et puis pour moi le rêve. Et et là, c’est vraiment important d’être ambitieuse dans le rêve.’
Quelle est votre vision ? Où sera votre entreprise dans 5 ou 10 ans ? Comment va-t-elle changer son secteur, voire le monde ? N’ayez pas peur de formuler un rêve qui peut sembler démesuré. C’est cette ambition qui inspire, qui attire les talents, les partenaires et les investisseurs.
Cette vision doit déboucher sur ce qu’on appelle un ‘call to action’, un appel à l’action clair, direct et concret. Après vous avoir écoutée, que voulez-vous que les gens fassent ? Visiter votre site web ? S’inscrire à votre newsletter ? Soutenir votre projet ? Acheter votre produit ? Soyez spécifique. Un bon appel à l’action donne à votre public un moyen immédiat de s’engager et de faire partie de votre rêve. C’est ce qui transforme des auditeurs passifs en véritables ambassadeurs de votre cause.
Incarnez la confiance : quand votre corps parle pour vous
Le storytelling, c’est l’histoire, le ‘story’. Mais il y a aussi le ‘telling’, la manière de raconter. Et dans ce domaine, votre corps est votre premier instrument. Vous pouvez avoir le discours le plus brillant du monde, s’il est délivré avec des épaules voûtées, un regard fuyant et une voix tremblotante, son impact sera considérablement réduit. Travailler son langage corporel n’est pas une question de performance théâtrale, mais un moyen d’aligner votre état interne avec le message que vous souhaitez projeter. C’est un levier de confiance extraordinairement puissant.
Les ‘Power Poses’ : piratez votre propre biologie
La chercheuse de Harvard Amy Cuddy a mené des recherches fascinantes sur le lien entre notre posture et notre état d’esprit. Elle a démontré que le fait d’adopter des ‘power poses’, des postures d’ouverture et d’expansion, pendant seulement deux minutes pouvait modifier notre chimie corporelle.
‘L’idée justement de s’étendre. Donc d’utiliser ces power poses qui peuvent être un peu comme Wonder Woman […] Selon elle, ça nous influence vraiment au niveau biologique avec le cortisol, la testostérone et ça nous donne à nous-mêmes l’impression d’avoir cette puissance.’
Concrètement, ces postures font baisser le taux de cortisol (l’hormone du stress) et augmenter celui de la testostérone (l’hormone de la dominance et de la confiance). Avant une prise de parole importante, un rendez-vous client ou une négociation, isolez-vous quelques minutes (dans les toilettes, par exemple) et adoptez une de ces postures : les mains sur les hanches, les jambes légèrement écartées, le torse bombé. Ou encore les bras levés en V, comme un athlète qui vient de gagner une course. Vous vous sentirez peut-être ridicule au début, mais l’effet est scientifiquement prouvé. Vous n’attendez pas de vous sentir confiant pour adopter une posture de confiance ; vous adoptez la posture pour générer la confiance.
Occupez l’espace : posture, regard et voix
Au-delà des rituels préparatoires, votre posture pendant la prise de parole est cruciale. J’observe souvent des femmes qui, en parlant en public, cherchent inconsciemment à minimiser l’espace qu’elles occupent. Elles croisent les jambes et les bras, rentrent les épaules, comme pour se protéger. Ce sont des signaux de fermeture et de manque de confiance qui sont immédiatement perçus par l’auditoire. L’objectif est de faire l’inverse : ancrez vos deux pieds solidement au sol, à la largeur des hanches. Gardez les épaules ouvertes et détendues. Utilisez vos mains pour accompagner vos propos avec des gestes ouverts, paumes vers le haut, qui invitent à la connexion.
Le regard est un autre élément clé. Évitez de regarder le plafond, le sol ou vos notes en permanence. Balayez l’audience du regard, en vous arrêtant quelques secondes sur différentes personnes. Créer un contact visuel, même bref, établit un lien personnel et montre que vous êtes engagée et présente. Enfin, la voix. Travaillez à projeter votre voix, à la faire porter jusqu’au fond de la salle, même sans micro. Parlez un peu plus lentement que d’habitude, en marquant des pauses. Les silences ne sont pas des signes de faiblesse, ce sont des outils puissants pour laisser vos mots infuser et donner du poids à votre discours. Si tout cela vous semble difficile, n’hésitez pas à chercher de l’aide. Des cours de théâtre d’improvisation ou de clown sont excellents pour se lâcher et perdre la peur de la scène. Des organisations comme Toastmasters offrent un cadre bienveillant pour s’entraîner régulièrement et recevoir des retours constructifs.
Au-delà de soi : pourquoi votre visibilité est un acte politique et collectif
Je sais que pour beaucoup d’entre vous, l’idée de se mettre en avant, de mettre sa photo sur LinkedIn ou de parler de ses succès peut être inconfortable. On entend souvent cette petite voix intérieure :
‘Je ne veux pas me mettre en avant moi-même, ce n’est pas à propos de moi.’
C’est une fausse modestie, une autre manifestation de notre conditionnement. Il est temps de changer de perspective. Votre visibilité n’est pas un acte égocentrique. C’est un acte politique, un devoir collectif. Chaque fois que vous prenez la parole, que vous partagez votre expertise, que vous incarnez votre réussite, vous ne le faites pas seulement pour vous.
Vous le faites d’abord pour toutes les femmes qui vous ont précédée. Celles qui n’ont pas eu le droit de s’exprimer, d’entreprendre, ou même d’avoir leur propre compte en banque. Pensez à vos mères, à vos grands-mères.
‘Pense à ta mère, pense à ta grand-mère, à toutes celles dans ta famille qui n’ont pas eu la chance de pouvoir avoir la voix et la visibilité que tu as aujourd’hui.’
Les droits que nous avons aujourd’hui sont récents et fragiles. J’ai étudié à HEC, où les femmes n’ont été admises qu’en 1970. Le droit pour une femme d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de son mari date de 1965 en France. Prendre notre place aujourd’hui, c’est honorer leur silence forcé et faire fructifier leur combat.
Ensuite, et c’est peut-être le plus important, vous le faites pour toutes celles qui viendront après vous. Les jeunes filles et les jeunes femmes ont désespérément besoin de ‘role models’, de modèles auxquels s’identifier. Elles ont besoin de voir des femmes qui dirigent des entreprises, qui inventent, qui prennent la parole, qui réussissent.
‘Comment elles vont le faire si tu n’oses pas parler en public et si tu n’oses pas mettre ta photo sur internet ?’
Votre présence, votre visibilité, leur montre que c’est possible. Elle élargit leur champ des possibles. En vous cachant, vous privez la prochaine génération d’une source d’inspiration. Alors, la prochaine fois que vous hésiterez à poster sur LinkedIn ou à pitcher votre projet, ne le faites pas pour vous. Faites-le pour elles.
Contrôlez votre narratif : l’importance de l’image en ligne
Cette visibilité passe inévitablement par une présence en ligne maîtrisée. Aujourd’hui, ne pas avoir de profil LinkedIn, c’est presque ne pas exister professionnellement. La moitié des femmes que je rencontre en entreprise n’en ont pas. C’est un handicap majeur. Quand on reçoit un e-mail d’une personne inconnue, le premier réflexe est de la ‘googler’. Si on ne trouve rien, ou un profil vide avec deux contacts, cela envoie un signal négatif. Construire un profil LinkedIn complet, avec une photo professionnelle et des recommandations, est la base.
Et oui, parlons de la photo. Combien de femmes me disent ‘je n’ai pas de photo de moi’ ou ‘je n’aime pas me voir en photo’. C’est le même mécanisme de retrait. Mais il ne s’agit pas de poster des selfies. Il s’agit de contrôler votre image.
‘Plutôt que les autres prennent des photos de nous, nous, on prend des photos de nous comment on veut et on passe l’image que l’on veut passer.’
Investir dans un shooting avec un photographe professionnel est l’un des meilleurs cadeaux que vous puissiez faire à votre carrière. Cela vous donnera une banque d’images de qualité que vous pourrez utiliser pendant des années. C’est vous qui décidez de l’image que vous projetez : sérieuse, créative, accessible… Vous contrôlez le narratif. Une photo n’est pas juste une image, c’est la porte d’entrée de votre histoire. Elle permet de mettre un visage sur un nom, de créer une connexion humaine avant même la première rencontre.
Passez à l’action : des espaces pour grandir ensemble
La théorie, c’est bien. La pratique, c’est mieux. Et la pratique en groupe, c’est transformateur. L’une des expériences les plus puissantes que j’ai vécues est de passer du temps exclusivement entre femmes, dans un cadre bienveillant où l’on peut parler librement de nos doutes et de nos ambitions. C’est de cette prise de conscience que sont nés les ‘Power Bootcamps’ que j’organise via mon association Shift Balance. L’idée est de se retrouver pendant plusieurs jours pour travailler sur les différents leviers du pouvoir : dans nos mots, nos histoires, nos finances, nos corps et nos communautés.
Ces espaces non-mixtes sont des accélérateurs de confiance. Ils permettent de réaliser que nos problèmes ne sont pas individuels mais systémiques, et de trouver des solutions collectives. Pour celles qui ne peuvent pas se déplacer, nous avons créé des formats en ligne, comme un défi de 21 jours pour booster son ’empowerment’. L’important est de ne pas rester seule. Cherchez des réseaux féminins, des groupes de co-développement, des masterminds. Entourez-vous de femmes qui vous soutiennent et vous poussent à voir plus grand. C’est dans cette sororité que nous puisons la force de continuer à nous battre et à prendre la place qui nous revient.
Conclusion : Votre voix est une révolution
Nous avons parcouru un long chemin, de la prise de conscience des chaînes invisibles de notre éducation à la découverte d’outils concrets pour libérer notre parole. Nous avons vu que les biais qui nous freinent sont réels, mais pas insurmontables. Nous avons appris que le storytelling n’est pas une simple technique de communication, mais une manière authentique de partager notre vision et de créer une connexion profonde. Nous avons compris que notre corps, par sa posture et sa présence, est un allié puissant pour incarner la confiance que nous cherchons à projeter.
Mais l’enseignement le plus fondamental est peut-être celui-ci : votre voix, votre visibilité, votre succès, ne vous appartiennent pas entièrement. Ils sont un héritage et une promesse. Un héritage de toutes celles qui se sont battues pour que vous ayez le droit de vous exprimer. Une promesse pour toutes celles qui, demain, auront besoin de votre exemple pour oser à leur tour. L’entrepreneuriat au féminin n’est pas juste une question de business, c’est un mouvement. Chaque fois que vous osez prendre la parole, que vous pitchez votre projet avec ambition, que vous négociez avec assurance, vous ne gagnez pas seulement pour vous. Vous faites reculer les lignes pour toutes les autres.
Alors, quelle sera votre prochaine action ? Peut-être simplement de mettre à jour votre photo LinkedIn. Ou de préparer votre prochain pitch en commençant par votre ‘Pourquoi’. Ou encore de vous entraîner deux minutes en posture de Wonder Woman avant votre prochain appel important. Peu importe la taille du premier pas. L’important est de le faire. Votre projet le mérite. Votre ambition le mérite. Et toutes les femmes qui vous regardent, celles d’hier et celles de demain, le méritent aussi. Prenez la parole. Le monde a besoin de l’entendre.
Questions fréquentes sur l’entrepreneuriat au féminin et la prise de parole
1. Pourquoi les femmes entrepreneures ont-elles souvent plus de mal à prendre la parole en public ?
Ce n’est pas un manque de compétence inné, mais le résultat d’un long conditionnement social. Dès l’enfance, les filles sont souvent moins encouragées à s’exprimer et sont davantage interrompues que les garçons. Cette éducation différenciée nous apprend à douter de la validité de notre opinion et à ne parler que si nous sommes absolument certaines de notre propos. Ce phénomène est renforcé dans le monde professionnel par des mécanismes comme le ‘manterrupting’ ou le ‘tone policing’ qui visent à minimiser ou décrédibiliser la parole féminine. Parler devient alors perçu comme une prise de risque, ce qui mène à l’autocensure.
‘On a intégré ça comme femme que parler c’est quand même toujours un peu un danger. C’est quand même toujours s’exposer. C’est prendre un risque de recevoir des critiques. Donc finalement l’attitude la plus sûre c’est de parler peu.’
2. Quelle est la première étape pour améliorer sa prise de parole selon Aurélie Salvaire ?
La première étape est de changer de point de départ. Au lieu de commencer par ce que vous faites (le ‘Quoi’), il faut commencer par la raison profonde qui vous anime (le ‘Pourquoi’). Cette approche, popularisée par Simon Sinek, permet de créer une connexion émotionnelle immédiate avec l’auditoire. Il s’agit de définir la valeur centrale que votre projet incarne pour vous. Ce ‘Pourquoi’ devient le fil rouge de votre discours, le rendant plus authentique, plus personnel et donc beaucoup plus impactant. C’est le fondement sur lequel tout le reste de votre storytelling va se construire.
‘Le premier conseil, c’est de commencer à parler à partir du why, non, du pourquoi en fait. […] En gros, quelle est la valeur qui est au cœur de nos actions plutôt que de parler du quoi et du comment.’
3. Comment le storytelling peut-il concrètement aider à développer mon entreprise ?
Le storytelling transforme la communication de votre entreprise d’une simple présentation de faits à une expérience mémorable. En racontant une histoire personnelle qui illustre votre ‘Pourquoi’, vous ne vendez plus seulement un produit ou un service, vous partagez une vision et des valeurs. Cela crée une connexion émotionnelle forte avec vos clients, vos partenaires et vos investisseurs. Ils ne se souviendront peut-être pas de tous vos chiffres, mais ils se souviendront de votre histoire et de l’émotion qu’elle a suscitée. Cela permet de vous différencier, de bâtir une communauté fidèle et de convaincre plus facilement, car les décisions humaines sont largement guidées par l’émotion.
‘Le storytelling c’est vraiment cette idée de connecter avec le public grâce aux émotions et à la partie de visualisation qui peut arriver quand on raconte une histoire. Le spectateur ou la spectatrice va vraiment se mettre à votre place.’
4. Qu’est-ce qu’une ‘power pose’ et comment l’utiliser pour gagner en confiance ?
Une ‘power pose’ est une posture corporelle d’ouverture et d’expansion, comme se tenir debout les mains sur les hanches (à la ‘Wonder Woman’) ou les bras levés en V. Selon les recherches d’Amy Cuddy, adopter l’une de ces postures pendant seulement deux minutes avant un événement stressant (comme une prise de parole) peut modifier notre biologie. Cela augmente le taux de testostérone (associée à la confiance) et diminue celui du cortisol (l’hormone du stress). C’est un outil simple pour ‘pirater’ son propre cerveau et se donner un sentiment de puissance et de confiance, même quand on est nerveuse.
‘Ce sont des positions que l’on peut faire dans les toilettes 3 minutes avant de monter sur scène mais selon elle, ça nous influence vraiment au niveau biologique […] et ça nous donne à nous-mêmes l’impression d’avoir cette puissance.’
5. En quoi ma visibilité personnelle peut-elle aider d’autres femmes ?
Votre visibilité n’est pas un acte égocentrique mais une contribution à un mouvement collectif. Chaque fois qu’une femme prend sa place, réussit et partage son histoire, elle devient un ‘role model’. Elle montre aux autres femmes, et surtout aux jeunes générations, que la réussite est possible. Dans un monde où les modèles de leadership féminin sont encore trop rares, votre exemple peut inspirer d’autres femmes à oser, à se lancer et à rêver plus grand. Vous ne parlez pas seulement pour vous, mais aussi pour celles qui n’ont pas pu le faire avant vous, et pour celles qui suivront vos pas.
‘C’est parce que on n’a pas de role models. […] Pense aux filles et aux petites filles, pense à toutes les générations à venir qui ont besoin de role models, qui ont besoin de femmes qui sont visibles et de se projeter en elles.’
6. Pourquoi est-il crucial pour une femme entrepreneur de soigner son image en ligne (LinkedIn, photos) ?
Soigner son image en ligne est une question de contrôle de son narratif professionnel. À l’ère numérique, votre présence en ligne est souvent le premier point de contact avec des clients, partenaires ou recruteurs potentiels. Un profil LinkedIn incomplet ou l’absence d’une photo professionnelle peuvent nuire à votre crédibilité. Avoir des photos de qualité et un profil bien rempli vous permet de maîtriser l’image que vous projetez. C’est une façon d’incarner votre projet, de créer une connexion humaine et de montrer que vous prenez votre activité au sérieux, avant même d’avoir échangé le premier mot.
‘Pour moi, ça ça fait partie du contrôle de l’image. Donc je dis il est c’est important de se montrer, mais c’est important de se montrer en contrôlant le narratif, en contrôlant ce qu’on dit de nous.’
7. Comment surmonter la peur de paraître arrogante en parlant de ses réussites ?
Cette peur est une conséquence directe du conditionnement social qui valorise la modestie chez les femmes. Pour la surmonter, il faut changer de perspective. Premièrement, comprenez que parler de vos réussites de manière factuelle n’est pas de l’arrogance, mais de la clarté et de l’information. Deuxièmement, ancrez votre discours dans votre ‘Pourquoi’. Lorsque vous expliquez que vos succès servent une mission plus grande que vous, cela ne sonne plus comme de l’autopromotion mais comme le partage d’une vision. Enfin, rappelez-vous que votre succès peut inspirer d’autres femmes. En le partageant, vous leur rendez service et contribuez à normaliser l’ambition féminine.
‘On a aussi été très bien socialisé à penser que si on dit des choses un petit peu plus affirmative, ça a l’air d’être vraiment de l’orgueil déplacé. Ce que les hommes ne ressentent pas vraiment en fait.’


![[Best Episode] Comment fixer ses tarifs avec Insaff El Hassini - Episode 228 - on parle de prix, rémunération, devis 4 Logo de l'épisode [Best Episode] Comment fixer ses tarifs avec Insaff El Hassini - Episode 228 - on parle de prix, rémunération, devis du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy](https://podcast-marketing.fr/wp-content/uploads/2025/10/le-podcast-du-marketing-strategie-digitale-persona-emailing-inbound-marketing-we-best-episode-comment-fixer-ses-tarifs-avec-insaff-el-hassini-episode-228-on-parle-de-prix-remun-1024x1024.jpeg)

