Logo de l'épisode Construire une stratégie marketing avec zéro budget - avec Patrice Barbesier - Episode 167 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

Construire une stratégie marketing avec zéro budget – avec Patrice Barbesier – Episode 167

Épisode diffusé le 2 mars 2023 par Estelle Ballot

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Marketing sans budget : le guide complet pour faire exploser votre croissance

On a tous déjà fantasmé sur ce que l’on ferait avec un budget marketing de plusieurs millions d’euros. Des campagnes digitales audacieuses, des affiches dans le métro, un site web révolutionnaire, peut-être même des spots télévisés… C’est le rêve de tout marketeur. Mais la réalité, pour la grande majorité d’entre nous, est bien différente. L’argent ne coule pas à flots, et si vous avez un budget, il est rarement extensible à l’infini. Alors, comment faire quand on part de zéro ? Comment bâtir une stratégie marketing qui génère des résultats concrets, attire des clients et construit une marque forte, sans dépenser un seul centime en publicité ? C’est le défi ultime, celui qui sépare les marketeurs qui appliquent des recettes de ceux qui les inventent.

Imaginez maintenant le scénario inverse. Vous êtes habitué à jongler avec des budgets confortables chez des géants comme Samsung ou Sony. Vous êtes un chef d’orchestre, entouré d’agences et d’experts. Et du jour au lendemain, vous vous retrouvez seul, dans une startup de 25 personnes, avec une mission simple et terrifiante : ‘Voilà ton bureau, maintenant, fais du marketing’. C’est précisément l’histoire de Patrice Barbesier, mon invité. En 2018, il a rejoint Partout, une jeune pousse prometteuse mais sans aucun budget marketing. Loin de se laisser abattre, il a relevé ses manches et a construit, à partir de rien, une machine marketing d’une efficacité redoutable. Quatre ans plus tard, Partout est passée de 25 à 350 collaborateurs, avec une présence internationale. Sa recette ? Une combinaison d’ingéniosité, de bon sens et de stratégies qui ne coûtent rien mais rapportent gros. Dans cet article, nous allons décortiquer pas à pas sa méthode, pour que vous puissiez, vous aussi, transformer vos contraintes en votre plus grande force.

Le choc des mondes : de la multinationale à la startup sans un sou

Le premier jour dans un nouveau travail est toujours marquant, mais pour moi, chez Partout, il a été un véritable électrochoc. Je venais de quitter le monde structuré et opulent des grands groupes, où le marketing était une fonction établie, respectée et surtout, bien financée. Mon rôle chez Sony ou Samsung était celui d’un chef d’orchestre, coordonnant des agences, des experts, des budgets… Je pensais savoir ce qu’était le marketing. J’allais vite découvrir que je ne savais rien du marketing de terrain, celui où l’on doit tout faire soi-même.

Le CEO m’a accueilli avec une phrase qui résonne encore : ‘Tiens voilà ton bureau, vas-y, tu peux faire du marketing’. C’était à la fois une page blanche excitante et un gouffre terrifiant. La startup existait depuis quatre ans, elle était déjà rentable et autofinancée, avec de très beaux clients. Ils s’étaient débrouillés sans marketing jusqu’ici. Mon premier challenge n’était donc pas de lancer des campagnes, mais de faire mon trou, de prouver que ma présence avait un sens. Et l’étiquette que je portais ne m’aidait pas. J’étais ‘le gars de Samsung’, la ‘rockstar’ de 30 ans, le plus âgé de la boîte, celui qui était censé tout savoir. La réalité, c’est que je me sentais incroyablement démuni. Le marketing digital sans budget, le ‘hands-on’, c’était un monde inconnu pour moi.

Prouver sa valeur quand on se sent comme un imposteur

Cette sensation de décalage a culminé dès mon premier jour. Un collègue est venu me voir, tout enthousiaste : ‘Ah Patrice, j’aimerais bien lancer des Facebook Ads. Est-ce que tu peux m’aider ?’. Une goutte de sueur a perlé sur mon front. Je n’avais jamais lancé une campagne Facebook Ads de ma vie. Chez Samsung, j’avais une agence média pour ça. J’ai dû lui avouer mon ignorance, avec toute l’honnêteté possible. Je l’ai vu repartir à sa chaise, probablement en se disant : ‘On a recruté un directeur marketing qui ne sait même pas faire ça’. C’était brutal, mais révélateur.

‘Je me pensais très très bon quand j’étais chez Samsung et je me suis trouvé très très nul quand je suis arrivé chez Partout.’

Ce sentiment, beaucoup de professionnels qui passent d’un grand groupe à une structure plus petite le connaissent. On passe d’un rôle de stratège et de manager à un rôle d’exécutant. Le ‘nez dans le guidon’, ce n’est pas juste une expression. C’est la réalité quotidienne. Il fallait donc rapidement trouver un moyen de surmonter ce syndrome de l’imposteur et de générer des résultats visibles pour justifier mon existence. Le défi était double : apprendre un nouveau métier tout en démontrant quasi instantanément que le marketing pouvait apporter une valeur immense à une entreprise qui, jusqu’alors, s’en passait très bien.

Ce premier challenge, celui de la crédibilité interne, est souvent sous-estimé. Avant de pouvoir lancer la moindre campagne externe, il faut mener une campagne interne. Il faut éduquer, rassurer et surtout, montrer par l’action. Les grands discours sur la stratégie de marque ne fonctionnent pas dans ce contexte. Ce qui fonctionne, ce sont les ‘quick wins’, les petites victoires qui démontrent que oui, le marketing, ça sert à quelque chose de concret. C’est cette quête de légitimité qui a dicté toutes mes premières actions.

Le premier réflexe salvateur : s’appuyer sur l’intelligence collective

Face à cette montagne de défis et ce sentiment d’être perdu, ma première bonne décision n’est pas venue de moi, mais d’une suggestion extérieure. Le directeur commercial m’a tendu une perche inestimable. Comment trouver son chemin dans le noir quand on ne connaît ni le terrain, ni les outils ? On demande de l’aide à ceux qui ont déjà une carte. J’ai eu la chance d’être introduit dans un groupe de responsables marketing de startups. Cette rencontre a changé la donne et a littéralement dessiné ma feuille de route pour les mois à venir.

L’écosystème startup possède une force incroyable : la bienveillance et la solidarité. Contrairement au monde plus cloisonné des grands groupes, il y a une culture de l’entraide, une volonté de partager ses réussites comme ses échecs. Parler à d’autres CMO, certains de très petites structures, d’autres de scale-ups déjà bien établies, m’a permis de dédramatiser la situation et de gagner un temps précieux. Ils m’ont tous partagé des conseils qui, avec le recul, étaient d’une justesse et d’une pertinence incroyables.

Comment construire son réseau de pairs quand on part de zéro ?

Tout le monde n’a pas la chance d’être introduit dans un meetup. Mais ce réseau, vous pouvez le construire vous-même. La première étape est d’utiliser LinkedIn de manière proactive. Ne vous contentez pas de consommer du contenu, créez du lien. Identifiez des personnes qui ont un poste similaire au vôtre dans des entreprises qui vous inspirent, qu’elles soient de taille comparable, un peu plus grosses ou un peu plus petites. Ensuite, contactez-les. L’approche est cruciale. Soyez humble, direct et respectueux de leur temps.

Un message efficace pourrait ressembler à : ‘Bonjour [Prénom], je viens de prendre le poste de responsable marketing chez [Votre entreprise] et je suis très impressionné par ce que vous faites chez [Leur entreprise]. Je suis en pleine définition de ma stratégie et j’adorerais avoir votre retour d’expérience sur [un sujet précis] pendant 15-20 minutes. Seriez-vous disponible pour un court appel ?’. Vous seriez surpris du nombre de réponses positives. Comme le disait Estelle dans le podcast, les gens sont sympas et aiment partager leur expertise. On nous demande rarement notre avis, alors quand quelqu’un le fait de manière sincère, la réaction est souvent positive.

Une fois que vous avez décroché un appel, appliquez une règle d’or que l’on m’a apprise : ne raccrochez jamais sans avoir demandé une autre recommandation. Terminez la conversation par : ‘Merci infiniment pour votre temps, c’était extrêmement utile. Y a-t-il une autre personne dans votre réseau qui, selon vous, pourrait m’apporter un éclairage complémentaire ?’. En faisant cela, chaque conversation devient la porte d’entrée vers la suivante. Vous vous créez ainsi votre propre groupe de pairs, votre ‘mastermind’ personnel.

Les 3 conseils en or qui ont défini ma première année

Mes discussions avec ce réseau naissant ont fait émerger trois principes fondamentaux qui sont devenus les piliers de ma stratégie. Ces conseils m’ont sauvé la vie et je les applique encore aujourd’hui.

  1. Se concentrer sur des actions rapides à fort impact. Dans les trois premiers mois, oubliez les plans stratégiques à cinq ans. L’objectif est de survivre et de prouver votre valeur. Identifiez les actions qui demandent peu de ressources mais peuvent générer des résultats visibles rapidement. Un cas client, quelques articles de blog bien ciblés, une première campagne d’emailing… Ces ‘quick wins’ construisent la confiance avec le reste de l’équipe et vous donnent le carburant pour voir plus grand.
  2. Tout ce que tu feras sera bien. C’est un conseil qui peut paraître simple, mais il est psychologiquement très puissant. Quand il n’y a pas de marketing avant vous, la barre n’est pas très haute. Le simple fait de créer un blog, d’envoyer une newsletter ou d’écrire un article est déjà une amélioration de 100%. Cela permet de se défaire de la pression de la perfection et d’oser se lancer, même si tout n’est pas parfait.
  3. Sois feignant. C’est le conseil le plus contre-intuitif et le plus génial. Il ne s’agit pas de ne rien faire, mais de penser chaque action en termes de démultiplication. C’est le principe du recyclage de contenu poussé à l’extrême.

‘Tu penses à une action, par exemple, un webinar et à partir de cette action tu essaies de l’essorer, la décliner, la recycler le plus possible pour que ça te tienne dans le temps et que tu aies le moins d’effort à faire.’

L’exemple du webinar est parfait : le script devient un livre blanc. Ce livre blanc est découpé en deux e-books thématiques. Chaque e-book est transformé en quatre articles de blog. Chaque article génère dix publications pour les réseaux sociaux. L’audio du webinar devient un podcast. Des extraits vidéo deviennent des Reels ou des Shorts. D’un seul effort initial, vous créez des mois de contenu. Cette approche est la seule viable quand on est seul et sans budget. Il faut faire peu, mais le faire bien, et surtout, l’exploiter à 200%.

L’inbound marketing à la main : créer une machine à leads avec trois fois rien

Armé de ces conseils, il était temps de passer à l’action. La stratégie était claire : puisque je n’avais pas d’argent pour aller chercher les clients avec de la publicité (outbound marketing), j’allais les faire venir à moi en leur offrant de la valeur (inbound marketing). Le plan s’articulait autour de deux axes : la création de contenu pertinent et sa diffusion ciblée par email. Le tout, avec des outils que tout le monde possède déjà ou qui coûtent une bouchée de pain.

Le contenu, première pierre de l’édifice : des articles qui répondent aux vrais problèmes

La première erreur en création de contenu est de parler de soi ou de son produit. Personne ne se réveille le matin en se disant : ‘Tiens, je vais lire des informations sur le produit X’. Les gens se réveillent avec des problèmes à résoudre. Mon premier réflexe a donc été de ne pas deviner ces problèmes, mais d’aller chercher l’information à la source : l’équipe commerciale. Ce sont eux qui parlent aux prospects toute la journée, qui entendent leurs objections, leurs frustrations, leurs besoins.

Je leur ai posé une question simple : ‘Quelles sont les trois ou quatre problématiques qui reviennent systématiquement dans vos discussions ?’. Une fois la liste établie, je leur ai demandé de me raconter tout ce qu’ils savaient sur chaque sujet : le contexte, leurs arguments, les contre-arguments des prospects, les exemples… J’ai tout enregistré, tout noté. Ce savoir brut était une mine d’or. En quelques heures, j’avais le squelette de mes premiers articles de blog, écrits non pas par un marketeur, mais par la voix collective des experts de la vente. Mon travail n’a été que de structurer et de mettre en forme cette expertise. En une journée, j’avais 3 ou 4 articles qui répondaient directement aux ‘pain points’ de nos cibles.

Pour compléter cela, j’ai contacté notre meilleure cliente pour réaliser un cas client vidéo. On pense souvent que la vidéo est hors de prix, mais c’est faux. En allant sur une plateforme de freelances comme Malt, j’ai trouvé un vidéaste talentueux qui se lançait et qui proposait des tarifs très abordables. Pour 900€, j’ai obtenu deux formats de vidéo, avec sous-titres, musique, et habillage graphique. C’était un investissement minime pour une preuve sociale extrêmement puissante. J’avais désormais mes premières munitions de contenu.

La campagne d’email nurturing qui a tout changé

Avoir du bon contenu, c’est bien. Le faire savoir, c’est mieux. Le canal le plus direct et le moins cher pour cela est l’email. Ma base de données, c’était ma caisse de résonance. Le problème, c’est que je n’en avais pas. Les contacts appartenaient aux commerciaux, qui les gardaient jalousement dans leur CRM. Quand je leur ai demandé leurs 5000 contacts pour lancer des campagnes de nurturing, ils m’ont ri au nez.

‘Ils m’ont dit c’est non. Donc tu rêves, jamais de la vie, on te donne ça. En revanche, ils m’ont dit on a ces 400 contacts, ça fait 6 mois qu’ils nous répondent pas. Bah tiens vas-y, amuse-toi avec ces avec ces 400 contacts.’

Ce qui était une fin de non-recevoir s’est transformé en une opportunité en or. J’avais un terrain de jeu sans risque. Si je me plantais, personne ne m’en voudrait, ces contacts étaient considérés comme perdus. Si ça marchait, je devenais un héros. J’ai donc construit une séquence de quatre emails, envoyée sur plusieurs semaines. La philosophie était simple : apporter de la valeur, sans jamais demander de rendez-vous. Le premier email abordait une grosse problématique, le second une autre, le troisième une troisième, en s’appuyant sur mes articles de blog. Le quatrième email présentait le cas client vidéo.

Pour mesurer l’intérêt, j’ai mis en place un système de scoring artisanal sur un simple Google Sheet. Un contact qui ouvre un email gagne 1 point. S’il clique sur un lien, c’est 3 points. S’il répond ‘merci, c’est intéressant’, c’est 5 points. Dès qu’un contact atteignait un score de 15, j’envoyais une notification au commercial responsable en lui disant : ‘Cette personne semble très intéressée par nos contenus, c’est peut-être le bon moment de la recontacter’. Sur ces 400 contacts ‘pourris’, nous avons identifié une cinquantaine de personnes très actives et décroché 5 rendez-vous qualifiés. Ce fut le déclic. Les commerciaux ont compris que je n’étais pas là pour leur ‘casser les pieds’ mais pour les aider à réchauffer leurs prospects. Six mois plus tard, j’avais accès à toute la base de données. Le nurturing est devenu le premier canal d’acquisition de rendez-vous pour Partout.

Le webinar, l’arme secrète pour scaler sans budget publicitaire

Après avoir prouvé l’efficacité de l’approche ‘un-à-un’ avec l’email nurturing, l’étape suivante était de passer à une communication ‘un-à-plusieurs’. Comment toucher des dizaines, voire des centaines de prospects en même temps, tout en conservant une forte valeur ajoutée ? La réponse, un peu malgré moi au début, a été le webinar. Je dois avouer que j’étais très sceptique.

‘Moi j’y croyais pas. J’y croyais pas parce que je continue à écouter des webinars et je je continue à penser que beaucoup de webinars sont sont durs à écouter, c’est les gens pensent que parce que tu leur donnes une heure, bah c’est le case parfaite pour faire une présentation commerciale.’

J’ai été un peu ‘forcé’ d’en organiser un, et c’est devenu le deuxième pilier de notre stratégie, générant 35% de nos rendez-vous. Le secret ? Ne surtout pas faire ce que font 90% des entreprises. Un webinar réussi n’est pas une démonstration de produit déguisée. C’est une session de formation gratuite et à haute valeur ajoutée. C’est une occasion unique de positionner votre entreprise non pas comme un vendeur, mais comme un expert de confiance qui aide son audience à résoudre ses problèmes.

Pourquoi le webinar est-il si puissant pour une startup B2B ?

L’efficacité du webinar repose sur plusieurs piliers. Premièrement, c’est un aimant à leads ultra-qualifiés. Les personnes qui bloquent une heure dans leur agenda pour vous écouter manifestent un intérêt bien plus fort qu’une personne qui télécharge un simple PDF. Deuxièmement, il crée un lien direct et interactif avec votre audience. Les sessions de questions-réponses permettent de comprendre en direct les préoccupations de vos prospects. Troisièmement, et c’est là qu’on boucle la boucle avec le principe du ‘marketing feignant’, un webinar est une mine d’or de contenu. Comme mentionné précédemment, un seul événement d’une heure peut alimenter votre stratégie de contenu pendant des mois.

Pour réussir un webinar sans budget, il faut se concentrer sur l’essentiel : la qualité du contenu. Le sujet doit être précis, répondre à une douleur forte de votre cible et promettre des solutions concrètes et actionnables. Inviter un client ou un partenaire pour co-animer peut également ajouter énormément de crédibilité et de valeur. Les outils pour se lancer ne sont pas coûteux, il existe de nombreuses plateformes abordables. Mais l’outil ne fait pas tout. Le plus important est de changer de posture : vous n’êtes pas là pour vendre, vous êtes là pour éduquer. La vente est une conséquence naturelle de la confiance que vous aurez réussi à bâtir.

Conclusion : la contrainte, meilleur carburant de la créativité

L’histoire de Partout n’est pas une anomalie. C’est la démonstration qu’un budget marketing n’est pas une condition sine qua non à la croissance. C’est souvent même le contraire. L’absence de ressources financières oblige à être plus intelligent, plus créatif, plus pertinent. Elle force à se concentrer sur l’essentiel : comprendre profondément ses clients et leur apporter une valeur immense, bien avant de leur demander quoi que ce soit en retour. Le chemin que nous avons parcouru repose sur des principes simples mais puissants : s’appuyer sur l’intelligence collective de ses pairs, créer du contenu qui aide réellement, utiliser l’email pour construire une relation de confiance et partager son expertise à grande échelle via des webinars.

Chacune de ces stratégies peut être mise en place dès demain, avec les moyens du bord. Un compte LinkedIn, une boîte mail, un tableur et beaucoup d’huile de coude. Le plus grand obstacle n’est pas le manque d’argent, mais le manque d’audace et la peur de se lancer. N’attendez pas d’avoir le budget parfait ou les outils parfaits. Commencez petit. Interviewez un commercial. Écrivez un article. Lancez une mini-séquence d’emails sur 50 contacts. Les résultats, même modestes au début, vous donneront l’énergie et la crédibilité pour aller plus loin. Le marketing sans budget n’est pas une version dégradée du ‘vrai’ marketing ; c’est peut-être sa forme la plus pure, la plus authentique et, finalement, la plus efficace.


Questions fréquentes sur la stratégie marketing sans budget

1. Quelle est la première action à mener quand on démarre le marketing d’une startup sans budget ?

La toute première action n’est pas une action marketing au sens classique, mais une action de réseau. Avant de créer le moindre contenu ou de lancer une campagne, il faut parler à ses pairs. Cherchez des responsables marketing dans des startups similaires, contactez-les humblement et demandez-leur des conseils. Cette étape vous fera gagner un temps précieux, vous évitera des erreurs coûteuses et vous donnera une feuille de route claire et éprouvée. Leurs retours d’expérience sont la ressource la plus précieuse que vous puissiez obtenir quand vous partez de zéro.

‘Et ça c’est essentiel parce que ça a permis d’aller parler à d’autres responsables marketing de start-up […] et ils m’ont un peu tous dit la même chose. Ils m’ont dit les trois premiers mois, il faut se concentrer sur des actions rapides à mettre en place et qui apportent vraiment de l’impact.’

2. Comment convaincre une équipe commerciale de l’utilité du marketing ?

Il ne faut pas essayer de les convaincre avec des discours, mais avec des résultats. Commencez par leur demander de l’aide, par exemple en leur demandant les contacts qu’ils considèrent comme ‘perdus’ ou ‘froids’. Travaillez sur ce segment à faible enjeu pour ne pas interférer avec leurs processus. Mettez en place une petite campagne de nurturing en leur apportant de la valeur. Dès que vous générez les premiers leads qualifiés ou que vous réchauffez des contacts inactifs, partagez immédiatement ces succès. La preuve par l’exemple est le seul argument qui fonctionne. Quand ils verront que le marketing leur apporte des rendez-vous sur un plateau, ils deviendront vos meilleurs alliés.

‘Sur ces 400 contacts pourris, on a eu je crois une cinquantaine de contacts très actifs et cinq rendez-vous qui ont été pris. Waouh ! La star ! Et là voilà et là ils sont dit merde en fait avec les 400 contacts pourris là, il va nous obtenir cinq rendez-vous.’

3. En quoi consiste le principe du ‘marketing feignant’ ?

Le ‘marketing feignant’ est une approche stratégique qui vise à maximiser le retour sur investissement de chaque effort de création de contenu. L’idée est de ne jamais créer un contenu pour un seul usage. Chaque pièce maîtresse (un webinar, un livre blanc, une étude de cas) doit être pensée dès le départ comme une matière première à recycler. Vous ‘essorez’ ce contenu pour le décliner en une multitude de formats plus petits et adaptés à différents canaux : articles de blog, publications sur les réseaux sociaux, infographies, podcasts, courtes vidéos, etc. Cela permet d’alimenter votre communication sur des semaines, voire des mois, avec un seul effort de production initial.

‘Le troisième conseil qu’ils m’ont donné, c’était aussi d’être feignant. Et ça ce conseil, je l’utilise encore tous les jours, c’est de dire tu penses à une action […] tu essaies de l’essorer, la décliner, la recycler le plus possible pour que ça te tienne dans le temps.’

4. Comment construire une base de données email efficace quand on part de zéro ?

La base de données est votre actif le plus précieux. Si vous n’en avez pas, la première source est souvent interne : les contacts des commerciaux, même les plus anciens. Ensuite, chaque contenu que vous créez doit être une opportunité de collecter des emails. Proposez des livres blancs, des checklists ou l’inscription à vos webinars en échange d’une adresse email. Mettez des formulaires d’inscription à votre newsletter sur votre blog et votre site. L’important est que votre base de données soit une ‘caisse de résonance’. Plus elle est grande et qualifiée, plus l’impact de chacune de vos actions marketing sera démultiplié.

‘Ton CRM, ta base de données, c’est ta caisse de résonance. Si tu as que 200 contacts, tu as beau essayer de faire ton meilleur webinar, ta meilleure séquence d’email de prospection, bah si tu l’envoies qu’à 200 personnes versus 5000 ou 10000, ça n’a rien à voir.’

5. Une campagne de nurturing par email, comment ça marche concrètement sans outils chers ?

Vous n’avez pas besoin d’un logiciel de marketing automation coûteux pour commencer. Vous pouvez utiliser un simple plugin Gmail comme ‘Yet Another Mail Merge’ (YAMM), qui coûte environ 50 dollars par an, pour envoyer des emails personnalisés en masse. Pour le suivi et le scoring, un Google Sheet suffit. Créez des colonnes pour chaque contact et attribuez des points manuellement en fonction de leurs actions (ouverture, clic, réponse). Quand un contact atteint un certain seuil de points, vous alertez le commercial. C’est un système artisanal mais terriblement efficace pour débuter et prouver le concept avant d’investir.

‘J’avais aussi un petit système de scoring très artisanal sur un Google sheet pour dire bah dès qu’un contact ouvre un email, il a un point. S’il clique sur le lien de mon article, je lui donne trois points. […] Et dès qu’une personne arrive à 15 points, bah je vais notifier les sales.’

6. Comment trouver des idées de contenu qui intéressent vraiment les prospects ?

La meilleure source d’idées de contenu se trouve au sein même de votre entreprise : l’équipe commerciale. Ce sont eux qui sont en première ligne, qui connaissent les véritables questions, les objections et les ‘pain points’ des prospects. Organisez une session avec eux et posez-leur des questions simples : ‘Quelles sont les 5 questions qu’on vous pose le plus souvent ?’, ‘Quelle est la plus grosse objection que vous rencontrez ?’. Chaque réponse est une idée d’article de blog, de webinar ou de livre blanc. Cela garantit que votre contenu sera pertinent et utile, tout en alignant les efforts marketing et commerciaux.

‘Je suis allé voir les deux sales de la boîte pour leur dire OK, dites-moi quelles sont les trois quatre principales problématiques de vos prospects. Une fois qu’ils étaient listés, je leur dis OK maintenant, racontez-moi tout votre savoir sur ces problématiques. […] J’ai tout noté et en fait, ça m’a écrit enfin à 80 % j’ai mon squelette d’article.’

7. Quel est le secret pour ne jamais être à court de contenu marketing ?

Le secret réside dans le principe du recyclage, ou le ‘marketing feignant’. Au lieu de constamment chercher de nouvelles idées, concentrez-vous sur la création d’un contenu ‘pilier’ de très haute qualité une fois par mois ou par trimestre (par exemple un webinar ou une étude approfondie). Ensuite, consacrez le reste de votre temps à décliner ce contenu pilier en une multitude de formats plus petits. Un webinar d’une heure peut générer un livre blanc, 4 articles de blog, 20 posts sociaux, 10 courtes vidéos et un épisode de podcast. Avec cette méthode, un seul gros effort de production peut alimenter toute votre stratégie de contenu pendant des mois.

‘Un webinar, bah tu as un script, tu le transformes en livre blanc. Ce livre blanc, tu le transformes en deux e-books, ces e-books tu transformes en quatre articles. Ça te fait des postes pour les réseaux sociaux et en fait tout ça bah tu l’étales et ça te fait durer des semaines voire des mois.’

8. Comment contacter des experts sur LinkedIn sans les déranger ?

L’approche doit être humble, personnalisée et respectueuse de leur temps. Montrez que vous avez fait vos recherches en mentionnant un élément précis de leur parcours ou de leur entreprise. Soyez très clair sur votre demande et proposez un format très court (un appel de 15-20 minutes). L’objectif est de montrer que vous ne demandez pas une faveur générale, mais un conseil précis sur un point de blocage que vous rencontrez. Enfin, n’oubliez jamais de terminer une conversation fructueuse en demandant s’ils connaissent une autre personne qui pourrait vous aider. Cela crée un effet boule de neige et vous permet de construire votre réseau très rapidement.

‘Ce qu’il faut faire, c’est d’aller contacter sur LinkedIn d’autres responsables marketing pour demander des conseils. […] une chose pareil qui m’a été conseillé de faire qui est génial, c’est de jamais raccrocher sans avoir demandé un nouveau contact. Une recommandation.’


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