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Company of One de Tom Jarvis (résumé du livre) – Episode 239 – on parle solopreneur et travailler seul

Épisode diffusé le 4 juillet 2024 par Estelle Ballot

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Et si le succès, c’était de rester petit ? Plongée dans la philosophie ‘Company of One’

Dans le monde de l’entrepreneuriat, le discours dominant est souvent le même : il faut croître, embaucher, lever des fonds, devenir toujours plus gros. Cette course effrénée à la croissance, je l’ai connue et, comme beaucoup, j’ai fini par m’y perdre. J’ai passé des années à suivre les conseils classiques, à m’épuiser sur des plateformes comme LinkedIn, courant après les vues et les likes, avec une sensation de productivité intense mais des résultats quasi nuls en termes de clients. Je cochais toutes les cases, mais mon entreprise stagnait et ma motivation s’effritait. Cette pression constante du ‘toujours plus’ est un véritable piège, un gouffre à temps et à énergie qui nous éloigne de l’essentiel : créer de la valeur et construire une vie qui nous ressemble.

Puis, un jour, on m’a parlé d’un livre qui allait à contre-courant de tout ce que je pensais savoir : ‘Company of One’ de Paul Jarvis. Ce livre n’est pas juste un manuel de plus sur l’entrepreneuriat ; c’est une véritable philosophie, une bouffée d’oxygène pour tous ceux qui se sentent écrasés par l’injonction de ‘grossir’. Paul Jarvis, un designer qui a collaboré avec des géants comme Microsoft et Google, y remet en question ce dogme de la croissance exponentielle. Il nous pose une question simple mais révolutionnaire : et si le but n’était pas de construire la plus grosse entreprise possible, mais la meilleure possible, à notre échelle ?

Dans cet article, je vous propose de faire bien plus qu’un simple résumé de ce livre qui a profondément résonné avec mon propre parcours. Nous allons plonger ensemble au cœur des cinq idées clés qui le structurent. Vous allez comprendre la différence fondamentale entre une entreprise qui ‘grandit’ et une qui ‘grossit’. Je vais vous montrer, à travers les mots de Jarvis et mon expérience, comment mettre en place des systèmes pour rester agile, comment cultiver l’état d’esprit indispensable du solopreneur, et comment bâtir une offre et une clientèle non pas immenses, mais profondément loyales et engagées. Préparez-vous à remettre en question vos certitudes sur le succès. C’est un voyage qui pourrait bien changer votre façon de voir votre entreprise, et peut-être même votre vie.

Idée clé n°1 : Le véritable objectif, grandir et non grossir

La première idée, et sans doute la plus fondamentale du livre de Paul Jarvis, est une distinction sémantique qui change tout : celle entre ‘grandir’ et ‘grossir’. À première vue, ces deux termes peuvent sembler interchangeables, mais ils représentent deux philosophies d’entreprise radicalement opposées. C’est le socle sur lequel repose tout le modèle de la ‘Company of One’. Pour bien saisir cette nuance, il faut d’abord établir un terrain d’entente.

‘Une Company of One, c’est une entreprise qui cherche à grandir et pas à grossir.’

C’est une phrase simple, mais qui contient l’essence même du livre. Avant de décortiquer cette idée, soyons clairs sur un point essentiel que Paul Jarvis martèle : l’objectif reste la rentabilité. Une ‘Company of One’ n’est pas un hobby ou un projet associatif ; c’est une véritable entreprise dont le but est de générer un chiffre d’affaires suffisant pour être pérenne et prospère. Les exemples cités dans le livre dépassent souvent le million de dollars de chiffre d’affaires. Le but n’est donc pas de jouer petit, mais de gagner intelligemment.

La différence cruciale : le chemin vers la rentabilité

La véritable divergence apparaît dans la manière d’atteindre cette rentabilité. Une entreprise classique, obsédée par l’idée de ‘grossir’, va systématiquement associer l’augmentation du chiffre d’affaires à une augmentation de ses effectifs. Plus de chiffre d’affaires ? Il faut plus de commerciaux. Lancer une nouvelle campagne ? Il faut une équipe marketing plus grande. S’étendre sur un nouveau marché ? Il faut recruter une équipe locale. La croissance du chiffre d’affaires est directement corrélée à la croissance de la masse salariale et de la complexité organisationnelle. C’est un modèle qui fonctionne, mais qui engendre souvent une lourdeur administrative, des coûts fixes élevés et une perte d’agilité.

À l’inverse, une ‘Company of One’ cherche à ‘grandir’. Cela signifie augmenter son chiffre d’affaires, sa notoriété, sa qualité et son impact, tout en maintenant ses ressources, notamment humaines, au strict minimum. Comment ? En optimisant, en automatisant, en externalisant, et en se concentrant sur ce qui apporte le plus de valeur. Au lieu d’embaucher, on investit dans des outils plus performants. Au lieu de recruter une armée de commerciaux, on affine son message pour attirer les clients parfaits. ‘Grandir’, c’est améliorer son ratio chiffre d’affaires par employé (même si cet employé est uniquement vous), et non simplement augmenter le nombre total de personnes qui travaillent pour vous.

Les 4 piliers de la ‘Company of One’ : simplicité, résilience, efficacité, autonomie

Cette philosophie de ‘grandir sans grossir’ repose sur quatre principes cardinaux qui définissent une vision du succès radicalement différente.

  • La Simplicité : Il s’agit de proposer des produits ou services clairs, avec un minimum de ressources. Cela ne veut pas dire faire du bas de gamme, bien au contraire. C’est l’art de retirer le superflu pour se concentrer sur l’essentiel, ce qui apporte 80% de la valeur au client. Cela s’applique au produit, mais aussi à l’organisation interne : moins de réunions, moins de bureaucratie, des processus allégés.
  • La Résilience : Une petite structure est par nature plus agile. La résilience, c’est la capacité à s’adapter très rapidement aux changements du marché, mais aussi à accepter l’échec comme une partie intégrante du processus. Quand on est seul ou en petite équipe, un pivot stratégique peut se décider en une heure, pas en trois mois de comités de direction. L’échec n’est pas une catastrophe, c’est une donnée à analyser pour s’améliorer.
  • L’Efficacité : C’est le moteur de la ‘Company of One’. Chaque minute compte. L’efficacité, c’est la recherche constante de l’optimisation. On externalise tout ce qui n’est pas notre cœur de métier (comptabilité, logistique…) et on utilise des outils pour automatiser les tâches répétitives. Le but est de libérer du temps et de l’énergie pour se concentrer sur son génie propre : la création, la stratégie, la relation client.
  • L’Autonomie : C’est sans doute le bénéfice le plus précieux. Une ‘Company of One’ n’a pas de comptes à rendre à des investisseurs ou des actionnaires dont le seul objectif est la croissance exponentielle. Cette indépendance permet de prendre des décisions alignées avec ses valeurs, de choisir ses clients, de refuser des projets qui n’ont pas de sens, et de définir sa propre mesure du succès. C’est la liberté de construire une entreprise qui sert votre vie, et non l’inverse.

En résumé, la première étape pour adopter ce modèle est un changement de paradigme. Il faut cesser de voir la taille comme un indicateur de succès et commencer à mesurer la réussite en termes de liberté, de rentabilité par personne et d’alignement avec ses valeurs. Maintenant que les fondations sont posées, voyons comment, concrètement, on peut gérer une charge de travail croissante sans faire exploser ses effectifs.

Idée clé n°2 : Les systèmes évolutifs, le moteur pour rester agile

La théorie est séduisante, mais la réalité est souvent têtue. Si votre entreprise ‘grandit’ comme nous le souhaitons, cela signifie inévitablement une augmentation de la demande, plus de clients, plus de commandes, plus de questions. Comment gérer cette avalanche sans recruter ? C’est là qu’intervient le concept de ‘systèmes évolutifs’, ou ‘scalable systems’ en anglais. C’est le cœur technique de la ‘Company of One’. Il s’agit de mettre en place des processus et des outils capables d’absorber une forte augmentation de charge sans que vous ayez à intervenir manuellement sur chaque nouvelle interaction. Paul Jarvis identifie deux domaines critiques où ces systèmes sont indispensables : la gestion des produits et la gestion de la clientèle.

La gestion de produit : bâtir sur des fondations solides

Imaginez que vous lanciez une boutique en ligne de bijoux faits main. Au début, avec quelques dizaines de visites par mois, votre petit site WordPress hébergé sur un serveur mutualisé suffit amplement. Mais grâce à un bouche-à-oreille exceptionnel, vous passez soudainement à 100 000 visites par mois. Que se passe-t-il ? Votre site ralentit, plante, et l’expérience client devient désastreuse. Dans une entreprise classique, on appellerait en panique une équipe de développeurs pour ‘scaler’ l’infrastructure. Dans une ‘Company of One’, on anticipe.

‘L’idée donc, c’est de chercher à externaliser et optimiser tout ce que vous ne pouvez pas gérer seul quand l’entreprise va grandir.’

C’est exactement le rôle d’un système évolutif pour le produit. Plutôt que de tout construire vous-même, vous vous appuyez sur des plateformes conçues pour la charge. L’exemple de Shopify est parfait. En choisissant Shopify, vous externalisez toute la complexité de l’hébergement, de la sécurité et de la performance. Que vous ayez 10 visiteurs ou 1 million, la plateforme est conçue pour tenir. Vous payez un abonnement mensuel, et en échange, vous achetez la tranquillité d’esprit et une scalabilité quasi infinie. Paul Jarvis cite l’exemple de Need/Want, une boutique de 7 employés qui génère 7 millions de dollars de chiffre d’affaires, en grande partie parce qu’ils ont délégué leur infrastructure technologique à des services comme Shopify. Le principe est simple : ne réinventez pas la roue. Identifiez les aspects de votre produit qui pourraient devenir des goulots d’étranglement en cas de succès, et trouvez des outils ou des services externes pour les gérer.

La gestion de la clientèle : automatiser pour mieux personnaliser

Le second pilier est la relation client. Quand vous avez 10 clients, vous pouvez vous permettre de répondre personnellement à chaque email, de vous souvenir de leurs préférences, de leur envoyer un message personnalisé pour leur anniversaire. Mais quand vous en avez 1000, c’est impossible. Le risque est alors de tomber dans une communication de masse, générique et impersonnelle, qui détruit la proximité que vous aviez mis tant de soin à construire. Un système évolutif de gestion de clientèle vise à résoudre ce paradoxe : comment maintenir une communication ciblée et efficace à grande échelle ? La réponse est l’automatisation marketing. Des outils comme MailChimp, Sending Blue, ConvertKit ou Salesforce permettent de segmenter votre base de données clients en fonction de leurs comportements, de leurs achats, de leurs intérêts. Vous pouvez alors créer des séquences d’emails automatisées et personnalisées. Un nouveau client recevra une série de messages de bienvenue, un client qui n’a pas commandé depuis 6 mois recevra une offre spéciale, etc.

‘Ils vont vous permettre de segmenter votre base de données et puis et bien de proposer des outils marketing qui vont être personnalisés et automatisés.’

Loin d’être une déshumanisation, cette automatisation est au service de la personnalisation. Elle vous permet de délivrer le bon message, à la bonne personne, au bon moment, ce qui serait humainement impossible à gérer seul. C’est une façon de montrer à chaque client que vous le comprenez, même si votre base de données s’agrandit de façon exponentielle. Ces systèmes, tant pour le produit que pour les clients, sont les engrenages qui permettent à la machine ‘Company of One’ de tourner sans surchauffe. Mais des outils, aussi performants soient-ils, ne sont rien sans le bon pilote. C’est pourquoi le succès de ce modèle repose avant tout sur l’état d’esprit de son fondateur.

Idée clé n°3 : Adopter l’état d’esprit du leader d’une ‘Company of One’

Avoir les bons outils et la bonne philosophie ne suffit pas. Le facteur le plus déterminant dans la réussite d’une ‘Company of One’ est sans conteste la personne qui la dirige. Vous. Votre état d’esprit, vos compétences et votre personnalité ne sont pas juste des atouts ; ils sont le cœur battant de l’entreprise. Si vous rêvez de diriger une multinationale depuis un bureau au sommet d’un gratte-ciel en contrôlant des armées d’employés, ce modèle n’est probablement pas pour vous. Le leader d’une ‘Company of One’ est un artisan, un chef d’orchestre, un capitaine de navire, tout à la fois. Paul Jarvis dessine le portrait-robot de ce leader à travers plusieurs traits de caractère essentiels.

Le généraliste polyvalent au cœur de l’action

Le premier trait est la polyvalence. Dans une structure ultra-restreinte, vous ne pouvez pas vous permettre d’être un hyper-spécialiste qui ne sait rien faire d’autre que son cœur de métier. Vous devez être ce que l’on appelle un ‘généraliste’. Cela ne signifie pas être médiocre en tout, mais plutôt avoir une expertise forte (votre métier de base) complétée par des compétences solides dans les domaines annexes indispensables à la survie de l’entreprise : la vente, le marketing, l’administratif, la gestion de projet.

‘Pour Paul Jarvis, le boss d’une Company of One, il doit avoir le tempérament d’un généraliste, c’est-à-dire qu’il a un cœur de métier, mais il a aussi des compétences annexes qui lui permettent et bien d’être multitâche.’

Vous êtes à la fois le PDG, le directeur marketing, le commercial, et parfois même le service client. Cette capacité à jongler avec plusieurs casquettes est non seulement nécessaire, mais elle vous donne aussi une vision à 360° de votre entreprise que peu de dirigeants de grandes structures possèdent. Vous comprenez intimement chaque rouage, ce qui vous permet de prendre des décisions rapides et éclairées.

La résilience : l’art de faire de l’échec un tremplin

Le parcours d’un solopreneur est semé d’embûches et d’échecs. La résilience est donc une qualité non négociable. Jarvis fait une distinction très juste entre la résilience et la résistance. Résister à l’échec, c’est le nier, le fuir, le voir comme une fin en soi. Être résilient, c’est l’accepter, l’intégrer comme une étape normale du processus d’apprentissage et en faire une opportunité de croissance. Un lancement de produit qui ne fonctionne pas n’est pas une preuve de votre incompétence ; c’est une mine d’or d’informations sur ce que vos clients ne veulent pas.

‘Une personne résiliente, elle, elle va être capable d’intégrer l’échec dans le processus d’évolution de son entreprise.’

Cette capacité à rebondir rapidement, à pivoter sans drame, est un avantage compétitif majeur. Là où une grande entreprise mettrait des mois à analyser un échec et à changer de cap, vous pouvez le faire en une semaine. Il faut donc cultiver un rapport sain à l’échec, le dédramatiser et le considérer comme un simple retour d’information du marché.

Votre personnalité, votre meilleur atout marketing

Enfin, et c’est peut-être le point le plus puissant, vous devez accepter d’infuser votre personnalité dans votre entreprise. Une ‘Company of One’ n’a pas le budget marketing de Coca-Cola. Son arme secrète, c’est vous. Votre singularité, vos valeurs, vos centres d’intérêt, vos opinions… tout cela constitue votre marque. Paul Jarvis, avec son profil d’introverti et d’anticonformiste, a bâti toute sa réputation sur ce qui aurait pu être perçu comme des faiblesses. En étant authentique, vous attirez des gens qui vous ressemblent et qui partagent vos valeurs. Ils n’achètent pas seulement un produit, ils adhèrent à une vision, ils soutiennent une personne. Jarvis va même plus loin en affirmant que votre personnalité doit être ‘polarisante’.

‘Pour lui, votre personnalité doit être polarisante, c’est-à-dire que vous ne devez pas plaire à tout le monde. Pourquoi ? Ben parce que quand on ne plaît pas à tout le monde, on suscite le débat, on parle de nous, on gagne en visibilité.’

L’idée n’est pas de créer la polémique pour le plaisir, mais d’avoir un parti pris, une opinion tranchée. En essayant de plaire à tout le monde, on ne plaît vraiment à personne. En défendant une cause, un style, une méthode, vous allez peut-être vous aliéner une partie du marché, mais vous allez transformer l’autre partie en une tribu de fans engagés. L’exemple de Patagonia et de son fondateur Yvon Chouinard est parfait : l’engagement environnemental radical de la marque est au cœur de son identité et de son succès. C’est cet état d’esprit qui forme le socle. Mais un état d’esprit sans une offre qui a du sens, c’est un moteur sans carburant. Voyons maintenant comment construire cette offre.

Idée clé n°4 : Créer une offre qui a du sens, au-delà de la passion

Vous avez le bon état d’esprit, vous êtes prêt à être le visage de votre marque. Mais que vendez-vous ? La réponse semble évidente : quelque chose qui vous passionne. C’est vrai, mais c’est terriblement incomplet. C’est l’une des leçons les plus importantes du livre : la passion est le point de départ, pas la destination. Pour construire une ‘Company of One’ viable, votre passion doit être transformée en une offre pertinente qui répond à un besoin réel et qui s’inscrit dans un business model solide.

La passion est nécessaire, mais pas suffisante

On entend souvent le conseil ‘Fais de ta passion ton métier’. Paul Jarvis nous met en garde contre une interprétation trop simpliste de cette phrase. Aimer peindre ne fait pas de vous un artiste qui peut vivre de son art. Adorer cuisiner ne garantit pas le succès de votre restaurant. La passion est le carburant qui vous fera tenir dans les moments difficiles, elle est l’énergie qui rendra votre travail authentique et engageant. Mais elle ne paie pas les factures.

‘Ce que nous dit Paul Jarvis, c’est que la passion ne suffit pas, il faut avoir un but.’

La nuance est subtile mais cruciale. La passion, c’est ce que vous aimez faire. Le but (ou l’objectif), c’est la manière dont vous allez utiliser cette passion pour résoudre un problème concret pour un groupe de personnes spécifique. Votre entreprise doit se situer à l’intersection de ce que vous aimez faire, de ce pour quoi vous êtes doué, et de ce dont le marché a besoin (et est prêt à payer). Sans cette intersection, votre passion reste un hobby.

Trouver le business model de votre passion

Comment passer de la passion à l’objectif ? Il faut se poser la question que s’est posée Tom Fishburn, l’exemple cité dans le podcast : ‘Comment est-ce que je peux faire pour que ma passion devienne un produit ou un service qui va répondre à une demande ?’ Tom Fishburn aimait dessiner. C’était sa passion. Plutôt que de simplement essayer de vendre ses dessins, il a cherché un problème à résoudre. Il a observé que les entreprises avaient du mal à communiquer des idées complexes de manière simple et mémorable. Son objectif est donc devenu : aider les entreprises à clarifier leur message marketing grâce à des cartoons. Sa passion (le dessin) est devenue le moyen de réaliser son objectif (résoudre un problème de communication). Le résultat ? Une agence, Marketoonist, qui travaille avec des géants comme LinkedIn ou Adobe, avec seulement deux employés : lui et sa femme.

Pour trouver votre propre objectif, suivez ce cheminement :
1. Identifiez votre passion : Qu’est-ce que vous aimez faire au point de le faire gratuitement ? (Exemple : la cuisine).
2. Identifiez un problème : Quel problème les gens rencontrent-ils en lien avec ce domaine ? (Exemple : les étudiants n’ont pas le temps ni l’argent pour bien manger).
3. Formulez un objectif : Comment votre passion peut-elle résoudre ce problème ? (Exemple : créer des recettes ultra-simples et pas chères pour les étudiants fauchés).
4. Déclinez en une offre : Quel produit ou service concret matérialise cette solution ? (Exemple : un livre de recettes, des cours de cuisine en ligne pour étudiants, une box avec les ingrédients pour la semaine).

Ce processus vous force à sortir de votre propre plaisir pour vous concentrer sur la valeur que vous apportez aux autres. Votre offre n’est plus simplement ‘ce que j’aime faire’, mais ‘la solution que j’apporte grâce à ce que j’aime faire’. C’est ce qui fait toute la différence entre un projet passion et une entreprise rentable. Une fois que vous avez cette offre irrésistible, il ne reste plus qu’à trouver les bonnes personnes à qui la vendre. Et là encore, l’approche ‘Company of One’ est à contre-courant.

Idée clé n°5 : Une clientèle de niche, fidèle et engagée

Nous arrivons à la dernière étape de notre voyage : la clientèle. Dans un modèle d’entreprise classique, l’objectif est clair : acquérir le plus de clients possible. On parle de ‘leads’, de ‘volume’, de ‘conquête de parts de marché’. Pour Paul Jarvis, cette course à la quantité est une erreur stratégique pour une ‘Company of One’. La philosophie du ‘moins mais mieux’ s’applique aussi, et peut-être surtout, à la clientèle. Le but n’est pas de construire une base de clients immense et anonyme, mais une communauté restreinte, fidèle et profondément engagée.

Le pouvoir de se concentrer sur un petit groupe

Pourquoi viser moins de clients ? Cela semble contre-intuitif. Pourtant, la logique est implacable. Lorsque vous vous concentrez sur un petit groupe de clients très spécifique (une niche), vous pouvez comprendre leurs besoins, leurs attentes et leur langage avec une profondeur inégalée. Cette compréhension intime vous permet de créer des produits et des services parfaitement adaptés, qui répondent à leurs problèmes de manière quasi chirurgicale.

‘Quand vous vous focalisez sur un petit groupe de clients, vous savez précisément ce que vous devez faire pour les satisfaire.’

L’exemple du restaurant avec une carte courte est très parlant. Un restaurant qui propose 50 plats, de la pizza au couscous en passant par les sushis, ne peut exceller dans aucun domaine. Il attire tout le monde et ne satisfait personne pleinement. Un restaurant qui ne propose que trois plats de poisson, en revanche, envoie un message clair : ‘Nous sommes les experts du poisson’. Il n’attirera pas les amateurs de viande, mais il deviendra la référence incontournable pour les passionnés de produits de la mer. En affaires, c’est la même chose. En essayant de tout faire pour tout le monde, vous vous éparpillez, votre qualité baisse, et vous devenez interchangeable.

Devenir l’expert incontournable de votre micro-niche

Se spécialiser est la stratégie la plus payante pour une ‘Company of One’. L’histoire de Kurt Elster, citée dans le podcast, est une illustration parfaite. En tant que consultant e-commerce généraliste, il était l’un parmi des milliers. En décidant de se concentrer *uniquement* sur les entreprises utilisant la plateforme Shopify, il est devenu une sommité dans un domaine précis. Il a pu développer une expertise si pointue que les clients de cette niche étaient prêts à payer beaucoup plus cher pour ses services. Résultat : il a multiplié ses revenus par huit, non pas en travaillant plus, mais en travaillant pour les bons clients.

‘En se spécialisant, il a multiplié ses revenus par 8. Pourquoi ? Parce qu’en ciblant une clientèle de niche, il a acquis une expertise dans ce domaine précis.’

Pour vous, cela signifie de ne pas avoir peur de dire ‘non’. Refusez les clients qui ne correspondent pas à votre cible idéale. Affinez votre offre pour qu’elle parle à un seul type de personne. Plus votre cible est précise, plus votre message sera percutant, et plus il sera facile de vous positionner comme l’expert incontournable.

La confiance, socle d’une relation durable

Enfin, avec une petite base de clients, la qualité de la relation devient primordiale. Vous n’avez pas le luxe de perdre des clients. La fidélisation est la clé. Et le ciment de la fidélité, c’est la confiance. Pour qu’ils vous fassent confiance, vos clients doivent sentir qu’ils ont affaire à un être humain, pas à une entité abstraite. Cela passe par deux éléments : la transparence et la proximité. Soyez honnête sur vos processus de fabrication, vos succès comme vos échecs. Partagez les coulisses de votre entreprise.

‘Ce qu’il faut vraiment pas oublier, c’est que vous incarnez la Company of One. Vos clients auront besoin de savoir qui vous êtes et ce que vous faites au quotidien, donc soyez authentique.’

Gardez un contact direct et privilégié avec eux. Une newsletter personnelle, des réponses rapides et humaines aux emails, l’implication des clients dans l’évolution de vos produits… toutes ces actions créent un lien fort. Vos clients ne sont plus de simples consommateurs ; ils deviennent des ambassadeurs, des co-créateurs de votre aventure. Ils sont la preuve vivante que la qualité de la relation prime toujours sur la quantité.

Conclusion : Construire une entreprise à votre image

Au terme de cette exploration de ‘Company of One’, il est clair que ce livre propose bien plus qu’une simple méthode de gestion. C’est une véritable redéfinition du succès entrepreneurial. Une vision qui, personnellement, résonne profondément avec le chemin que j’ai choisi. Je suis moi-même une ‘Company of One’, et chaque jour je mesure la pertinence de ces principes. Travailler seul, ou en équipe ultra-restreinte, n’est pas un pis-aller ou une étape avant de ‘devenir grand’. C’est un choix délibéré, celui de la maîtrise, de la qualité et de la liberté.

Si l’on devait synthétiser cette philosophie en trois grands commandements, ce seraient les suivants :
1. Créez une entreprise qui vous ressemble : Vous êtes votre meilleur atout. Infusez votre personnalité, vos valeurs et votre histoire dans votre marque. Les gens ne vous suivront pas pour ce que vous vendez, mais pour ce que vous incarnez.
2. Proposez une offre simple qui a du sens : Partez de votre passion, mais transformez-la en une solution concrète à un problème précis. Visez l’excellence dans un domaine restreint plutôt que la médiocrité dans plusieurs.
3. Chérissez une clientèle de niche : N’ayez pas peur de ne pas plaire à tout le monde. Concentrez-vous sur une petite audience, comprenez-la mieux que personne et offrez-lui une valeur inégalée. Leur fidélité sera votre plus grande force.

Ce modèle n’est certainement pas pour tout le monde. Il demande de la discipline, de la polyvalence et un profond travail sur soi. Mais pour ceux qui aspirent à plus d’autonomie, de sens et d’équilibre, il offre une voie incroyablement puissante. Il nous rappelle qu’on peut avoir un impact immense et une grande réussite financière sans pour autant construire un empire. On peut, tout simplement, construire une entreprise exceptionnelle, à l’échelle d’une seule personne. Et si c’était ça, la véritable définition du succès ?

Foire aux Questions sur le modèle ‘Company of One’

1. Qu’est-ce qu’une ‘Company of One’ exactement ?

Une ‘Company of One’ est une entreprise volontairement maintenue à une petite échelle, souvent dirigée par une seule personne (un solopreneur) ou une équipe très restreinte. Son objectif principal n’est pas de grossir en termes d’effectifs, mais de grandir en termes de rentabilité, de qualité et de réputation. C’est un modèle qui privilégie la pérennité, la liberté et l’efficacité à la croissance exponentielle. L’idée est de construire un business qui sert le style de vie de son fondateur, et non l’inverse, en se concentrant sur ce qui est essentiel et en éliminant le superflu.

‘Si on doit résumer le propos de Paul Jarvis en une phrase, on peut dire qu’une Company of One, c’est une entreprise qui cherche à grandir et pas à grossir.’

2. Est-ce que le modèle ‘Company of One’ signifie ne jamais gagner beaucoup d’argent ?

Absolument pas, et c’est une idée fausse très répandue. Paul Jarvis insiste sur le fait que l’objectif d’une ‘Company of One’ reste la rentabilité. Il ne s’agit pas d’un hobby, mais d’une entreprise sérieuse. La différence réside dans la manière d’atteindre cette rentabilité. Au lieu de diluer les profits en embauchant massivement, ce modèle vise à maximiser le revenu par personne. En restant petit, en automatisant et en se positionnant comme un expert sur une niche, un solopreneur peut atteindre des niveaux de revenus très élevés, parfois supérieurs à ceux de PME bien plus grandes, tout en gardant des coûts fixes très bas.

‘La plupart des exemples d’entreprises que Paul Jarvis nous présente ont un chiffre d’affaires qui dépasse souvent le million de dollars.’

3. Comment gérer une augmentation de la demande sans recruter ?

C’est le défi principal, et la réponse se trouve dans la mise en place de ‘systèmes évolutifs’ (scalable systems). Il s’agit d’utiliser la technologie et des processus intelligents pour absorber plus de travail sans augmenter le temps humain nécessaire. Cela passe par deux axes. Premièrement, l’externalisation de l’infrastructure produit, par exemple en utilisant des plateformes comme Shopify pour un e-commerce, qui peuvent gérer des pics de trafic sans intervention. Deuxièmement, l’automatisation de la gestion client via des outils marketing qui permettent de segmenter les clients et d’envoyer des communications personnalisées automatiquement, maintenant ainsi une relation de qualité à grande échelle.

‘Pour soutenir l’activité de votre Company of One avec un effectif réduit, Paul Jarvis nous conseille de mettre en place des systèmes évolutifs.’

4. Faut-il être expert en tout pour devenir solopreneur ?

Non, il ne faut pas être expert en tout, mais il faut être polyvalent. Le dirigeant d’une ‘Company of One’ est un ‘généraliste’ : il possède une expertise profonde dans son cœur de métier (ce qu’il vend), mais aussi des compétences suffisantes dans les domaines annexes comme le marketing, la vente ou l’administratif pour piloter son entreprise. Il sait ce qu’il doit faire lui-même et ce qu’il peut externaliser à des freelances ou automatiser avec des outils. L’idée n’est pas de tout faire parfaitement, mais de comprendre suffisamment chaque aspect pour prendre des décisions éclairées et garder le contrôle de sa stratégie globale.

‘Le boss d’une Company of One, il doit avoir le tempérament d’un généraliste, c’est-à-dire qu’il a un cœur de métier, mais il a aussi des compétences annexes qui lui permettent et bien d’être multitâche.’

5. Pourquoi est-il préférable de ne pas plaire à tout le monde en business ?

Chercher à plaire à tout le monde est une stratégie qui mène à la médiocrité. Votre message devient lisse, vos produits génériques, et vous n’attirez l’attention de personne. En ayant une personnalité et un positionnement affirmés, voire ‘polarisants’, vous créez une marque forte et mémorable. Vous allez certes déplaire à une partie du public, mais vous allez créer une connexion très forte avec une autre partie, qui deviendra une véritable ‘tribu’ de clients fidèles et d’ambassadeurs. Pour une petite structure sans budget publicitaire colossal, ce bouche-à-oreille généré par un positionnement tranché est un outil marketing gratuit et extrêmement puissant.

‘Votre personnalité doit être polarisante, c’est-à-dire que vous ne devez pas plaire à tout le monde. Pourquoi ? Ben parce que quand on ne plaît pas à tout le monde, on suscite le débat, on parle de nous, on gagne en visibilité.’

6. Comment transformer une simple passion en une offre commerciale viable ?

La passion est le point de départ, mais elle ne suffit pas. Pour la transformer en business, il faut lui trouver un ‘objectif’ : identifier un problème précis que votre passion peut résoudre pour un groupe de personnes spécifique. Le processus consiste à se demander : ‘Comment ce que j’aime faire peut-il apporter une valeur concrète à quelqu’un ?’. Une fois ce problème identifié, votre passion devient le moyen de créer une solution (un produit ou un service). Cette solution, inscrite dans un business model rentable, devient alors une offre commerciale viable, car elle ne repose plus seulement sur votre plaisir personnel, mais sur la valeur qu’elle apporte à vos clients.

‘Votre passion doit avoir un business model, c’est-à-dire un modèle d’entreprise, elle doit trouver son marché, ses clients et être rentable financièrement.’

7. Pourquoi viser une petite clientèle est-il plus stratégique ?

Viser une clientèle de niche est plus stratégique car cela permet une concentration des efforts et une expertise accrue. En vous adressant à un petit groupe bien défini, vous pouvez comprendre ses besoins en profondeur et créer une offre parfaitement adaptée, ce qui justifie des tarifs plus élevés. Votre marketing devient plus efficace et moins coûteux car votre message est hyper-ciblé. Vous vous positionnez comme l’expert incontournable de ce segment, ce qui vous protège de la concurrence généraliste. Enfin, une petite base de clients permet de maintenir une relation de proximité et de confiance, favorisant une fidélité à toute épreuve, ce qui est bien plus rentable que l’acquisition constante de nouveaux clients.

‘Ce que Paul Jarvis nous conseille de faire en fait, c’est de focaliser notre offre sur un seul type de clients.’

8. Quel est le plus grand avantage de travailler seul selon cette philosophie ?

Le plus grand avantage est sans aucun doute la liberté, ou l’autonomie. En dirigeant une ‘Company of One’, vous n’avez de comptes à rendre à personne : ni à des investisseurs, ni à des actionnaires, ni à une hiérarchie complexe. Cette autonomie vous donne la liberté totale de prendre des décisions alignées avec vos valeurs personnelles, de choisir les projets sur lesquels vous travaillez, de fixer vos propres horaires et de définir votre propre vision du succès. C’est la capacité de construire une entreprise qui est au service de votre vie, vous permettant d’atteindre un équilibre et un épanouissement que les modèles de croissance traditionnels rendent souvent difficiles.

‘Les principaux avantages d’une Company of One par rapport à une entreprise classique, ben c’est la liberté puisqu’on est autonome.’


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