Logo de l'épisode Comment gérer la critique sur internet ? – épisode 10 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

Comment gérer la critique sur internet ? – épisode 10

Épisode diffusé le 16 mai 2019 par Estelle Ballot

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Gérer la critique : le guide de survie de l’entrepreneur en ligne

Vous avez passé des nuits blanches à peaufiner votre site, à créer votre produit, à écrire votre premier article. Vous mettez tout votre cœur, toute votre énergie dans ce projet qui vous anime. Et puis un jour, il arrive. Ce premier commentaire. Pas celui que vous attendiez, pas l’éloge espéré, mais une critique. Sèche, abrupte, peut-être même injuste. Le souffle se coupe, le cœur se serre. Une vague de doute vous submerge. Pourquoi tant d’efforts si c’est pour en arriver là ? Si vous avez une activité en ligne, cette situation ne vous est probablement pas étrangère, ou si elle l’est, elle ne le restera pas longtemps. C’est une réalité quasi mathématique du monde digital.

Dans l’épisode 10 du Podcast du Marketing, j’ai voulu aborder ce sujet de front, sans tabou. Parce que je le sais, et je le vis moi-même : je suis ultra sensible.

‘Je suis capable de pleurer devant les dessins animés de ma fille qui a 5 ans. Donc autant vous dire que j’ai pas la plus épaisse des carapaces, il y a pas de doute hein.’

Cette sensibilité, qui est une force dans la création, peut devenir un véritable talon d’Achille face à l’agressivité parfois sans filtre d’internet. Pourtant, fuir ou se recroqueviller n’est pas une option. Notre métier d’entrepreneur nous impose d’avancer. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible non seulement de survivre à la critique, mais de la maîtriser, de la canaliser et même de s’en servir comme d’un carburant pour notre croissance. Dans cet article, nous allons plonger au cœur de cette compétence essentielle. Nous verrons comment distinguer le bruit de la musique, comment se forger une armure sans perdre son humanité, et surtout, comment reprendre le pouvoir pour que chaque critique, qu’elle soit bienveillante ou brutale, devienne une pierre de plus à l’édifice de votre succès. Préparez-vous, car ce que vous allez apprendre va bien au-delà du marketing : c’est une leçon de résilience pour votre entreprise et pour vous-même.

Le Far West numérique : pourquoi internet est-il un terrain si propice à la critique ?

Avant même de chercher des solutions, il est fondamental de comprendre le terrain de jeu. Pourquoi internet semble-t-il parfois se transformer en arène ? La réponse est complexe, mais elle tient en quelques concepts clés. D’abord, l’anonymat ou le semi-anonymat. Derrière un écran, les barrières sociales qui régissent nos interactions quotidiennes s’effondrent. Le courage de dire des choses blessantes est décuplé quand on n’a pas à faire face au regard de l’autre. C’est un phénomène que l’on observe à tous les âges.

‘Il suffit de voir quelle utilisation en est faite par les adolescents pour se rendre compte qu’internet permet à toute la méchanceté du monde de ressortir sans filtre. C’est un fait et c’est déplorable.’

Mais il serait naïf de penser que cela se limite à une cour de récréation virtuelle. Ce comportement est partout. Il suffit de parcourir les sections commentaires des grands médias pour le constater. L’espace numérique est devenu un véritable ‘exutoire pour esprits malveillants’. Les frustrations, les colères, les jalousies du quotidien trouvent une soupape de décompression facile et sans conséquence apparente. Pour vous, l’entrepreneur qui expose son travail, cela signifie que vous devenez une cible potentielle, non pas forcément pour ce que vous faites, mais simplement parce que vous êtes visible. Vous offrez une surface sur laquelle certains vont projeter leurs propres insatisfactions. C’est injuste, c’est désagréable, mais c’est une donnée de l’équation qu’il faut intégrer. Accepter cette réalité n’est pas du pessimisme, c’est du réalisme stratégique. Cela permet de dépersonnaliser une partie des attaques et de comprendre que souvent, le problème ne vient pas de vous, mais de l’émetteur.

La première ligne de défense : identifier et neutraliser les haters

Face à ce déferlement potentiel, la première compétence à acquérir est le tri. Toutes les critiques ne se valent pas. Dans le lot, il existe une catégorie bien particulière, celle des ‘haters’. Il est impératif de savoir les reconnaître pour leur appliquer le seul traitement efficace : l’ignorance stratégique. Mais qui sont-ils vraiment ?

‘Les haters, c’est vous savez ces gens qui vont critiquer pour le simple plaisir de critiquer et de nuire aux autres. Donc là soyons clair, ben il y a pas grand-chose à tirer de leurs commentaires hein. Il s’agit en aucun cas de critiques constructive ni même de critiques honnêtes, il s’agit juste de faire du mal.’

Leur motivation n’est pas de vous aider à vous améliorer, mais de vous déstabiliser. Leurs commentaires sont souvent dépourvus d’arguments factuels, remplis d’attaques personnelles, de généralisations abusives ou de pure malveillance. Tenter de raisonner avec eux, de leur prouver qu’ils ont tort, est non seulement inutile, mais contre-productif. C’est exactement ce qu’ils cherchent : une réaction, une tribune. Leur répondre, c’est leur donner de l’importance, c’est valider leur existence et leur pouvoir de nuisance. C’est gaspiller une énergie mentale et émotionnelle précieuse que vous devriez consacrer à vos vrais clients et au développement de votre entreprise. L’action la plus puissante que vous puissiez entreprendre est de les ignorer. Concrètement, cela peut vouloir dire supprimer le commentaire (s’il est sur une plateforme que vous contrôlez), bloquer l’utilisateur, et surtout, ne pas le laisser occuper votre espace mental. C’est un acte de protection, une mesure d’hygiène pour votre santé d’entrepreneur. Vous n’avez pas de temps à perdre avec des personnes qui, de toute façon, ne font pas partie de votre cible et ne deviendront jamais vos clients.

Le piège de la justification : quand une critique infondée menace votre stratégie

Une fois les haters écartés, reste l’océan des autres critiques. Celles qui viennent de votre audience, de vos prospects, de vos clients. Celles qui, même si elles piquent, partent souvent d’une intention moins malveillante. C’est là que se trouve un autre piège, plus subtil : celui de la critique infondée qui vous pousse à douter de vos propres décisions stratégiques. Laissez-moi vous raconter une histoire qui illustre parfaitement ce danger. Ce n’est pas mon histoire personnelle, mais elle est bien réelle et riche d’enseignements.

L’étude de cas du test en bêta : une erreur aux lourdes conséquences

Imaginez la scène. Vous préparez le lancement d’une nouvelle offre majeure. Avant de la dévoiler au grand public, vous décidez, à juste titre, de la faire tester par un petit groupe d’utilisateurs.

‘Vous invitez une vingtaine de vos clients à tester en bêta. L’idée c’est d’avoir assez de personnes pour que les bugs éventuels puissent être identifiés et que vous ayez assez de commentaires pour vraiment améliorer votre offre.’

Vous sélectionnez donc 20 personnes selon des critères précis, pensés pour la réussite du test. Mais voilà qu’un client qui n’a pas été sélectionné l’apprend. Il se sent lésé, vexé. Il vous envoie un email enflammé, vous accusant d’injustice, ne comprenant pas pourquoi lui, client fidèle, a été mis de côté. Quelle est votre première réaction ? Si vous êtes comme beaucoup d’entre nous, la culpabilité s’installe. La peur d’une mauvaise publicité sur les réseaux sociaux vous paralyse. Alors, vous cédez. Dans un élan pour éteindre l’incendie, vous vous excusez platement et vous l’invitez à rejoindre le groupe. Le problème semble réglé. En réalité, il ne fait que commencer.

Devinez ce qui s’est passé ?

‘La personne a effectivement rejoint le groupe et elle s’est extrêmement mal comportée. Au lieu de proposer des critiques constructives, elle a tout démoli brique par brique. Elle était tout simplement infernale.’

En cédant, vous n’avez pas seulement ajouté une personne au test. Vous avez involontairement validé son sentiment d’injustice et lui avez conféré un pouvoir qu’elle n’aurait jamais dû avoir. Vous avez transformé une décision stratégique (un groupe de test restreint) en une faveur personnelle, ouvrant la porte à un comportement toxique qui a nui à l’ensemble du processus. Cette histoire est un puissant rappel qu’une réaction émotionnelle et non réfléchie à une critique peut avoir des conséquences désastreuses.

Le véritable bouclier : la clarté inébranlable de votre ‘Pourquoi’

Alors, comment aurait-il fallu réagir ? La solution ne se trouve pas dans la réponse à l’e-mail, mais bien en amont, au moment même de la décision. Avant que la moindre plainte n’arrive, la clé est d’être absolument au clair avec le ‘Pourquoi’ de vos choix. Pourquoi ce groupe de 20 personnes ? Pourquoi pas 15 ou 50 ? Pourquoi ces individus et pas d’autres ? La réponse ne doit pas être ‘parce que c’est plus juste’, mais ‘parce que c’est la meilleure décision pour atteindre l’objectif du projet’.

‘La question, c’est de savoir pourquoi vous faites les choses, pourquoi vous prenez une décision pour votre entreprise. C’est votre décision et à moins de vous rendre compte que votre décision nuit à votre entreprise, ben vous vous devriez vous en tenir à votre décision.’

Par exemple, le chiffre de 20 personnes a été choisi car c’est l’équilibre parfait entre un échantillon représentatif pour obtenir des données fiables et un groupe assez restreint pour pouvoir offrir une attention personnalisée à chaque retour. Les membres ont été sélectionnés pour leur profil diversifié, représentatif de vos différents segments de clientèle. Une fois que cette logique est limpide dans votre esprit, votre posture change radicalement. Vous n’êtes plus sur la défensive, à chercher à vous justifier. Vous êtes sur des fondations solides. Votre réponse à ce client déçu peut alors être empreinte d’empathie, mais aussi de fermeté : ‘Je comprends tout à fait votre déception et je suis très touché par votre envie de participer. Pour garantir l’efficacité de ce test et pouvoir analyser chaque retour en profondeur, nous avons dû limiter le nombre de places. Nous ne pouvons malheureusement ajouter personne d’autre à ce stade, mais nous serons ravis d’avoir votre avis lors du lancement officiel.’ Fin de l’histoire. Vous avez fait preuve de respect sans sacrifier l’intégrité de votre projet. C’est cela, diriger une entreprise : prendre des décisions, les assumer, et garder le cap, même si cela signifie ne pas plaire à tout le monde.

Reprendre le pouvoir : transformer chaque critique en un levier de croissance

Nous avons vu comment écarter les haters et comment rester ferme face aux critiques infondées. Mais qu’en est-il du reste ? De toutes ces remarques, souvent maladroites, parfois brutales, mais qui viennent de personnes potentiellement bien intentionnées ? C’est là que se situe la plus grande opportunité de croissance, à condition d’opérer un changement de perspective radical dans notre manière de recevoir le feedback. Nous devons reprendre le pouvoir sur nos propres réactions.

Le mythe de la ‘critique constructive’ : ne laissez pas la forme vous voler le fond

On nous répète sans cesse de n’écouter que la ‘critique constructive’. Mais qu’est-ce que cela signifie vraiment ? Dans les faits, nous avons tendance à qualifier de ‘constructive’ une critique qui est bien formulée, polie, enrobée de compliments. Un feedback qui prend soin de ne pas nous blesser. Mais c’est une erreur fondamentale.

‘Pourquoi est-ce qu’on laisserait entre les mains de l’autre la responsabilité de décider si cette critique est digne ou non d’être écoutée ? Non parce que soyons clair, une critique constructive, ça veut dire une critique polie, une critique élégamment amenée et ça n’a rien à voir avec la réelle valeur de cette critique, il s’agit que de forme et pas du tout du fond.’

En attendant que les gens vous livrent leurs retours sur un plateau d’argent, joliment décoré, vous passez à côté de 90% des informations potentiellement utiles. La vérité, c’est que la plupart des gens ne sont pas formés à donner du feedback. Ils vont exprimer leur frustration de manière brute, frontale. ‘Votre site est trop lent’, ‘Je ne comprends rien à votre offre’, ‘C’est beaucoup trop cher’. Ça fait mal. C’est irritant. Mais derrière cette forme abrupte se cache peut-être une pépite d’or. Votre mission d’entrepreneur n’est pas d’éduquer vos clients à mieux formuler leurs critiques. Votre mission est de développer la capacité à extraire la substance, le fond, quelle que soit la forme. Le véritable pouvoir n’est pas d’exiger des critiques polies, mais de savoir trouver la valeur dans n’importe quelle critique.

La révélation qui change tout : vous êtes 100% responsable de vos émotions

Cette idée de séparer le fond de la forme semble simple en théorie, mais elle est incroyablement difficile à appliquer quand l’ego est touché. La clé pour y parvenir m’est venue d’une véritable révélation, en écoutant le podcast ‘Change ma vie’ de Clotilde Dusoulier. C’est un concept puissant qui, une fois intégré, change absolument tout.

‘Ma révélation ben c’est que je suis seule responsable de ce que je ressens. Personne ne peut me forcer à ressentir quoi que ce soit. Si je suis offusquée, c’est que j’accepte de l’être. Si j’ai envie de me concentrer sur le fond de la critique pour en ressortir une amélioration, personne ne peut m’en empêcher. Je suis responsable de comment je prends les choses.’

Relisez cette phrase. Personne ne *peut vous faire* ressentir quelque chose. Les mots de l’autre sont des stimuli externes. La réaction émotionnelle (colère, tristesse, vexation) est une création de votre propre cerveau. Comprendre cela ne signifie pas que vous ne ressentirez plus jamais la piqûre d’une critique. Je suis la première à admettre que j’ai tendance à ‘ruminer l’info dans tous les sens’. C’est humain. Mais cette connaissance rationnelle agit comme un disjoncteur. Elle vous permet de sortir du cercle vicieux de la réaction émotionnelle. Au lieu de vous dire ‘Cette personne m’a énervé’, vous pouvez vous dire ‘Je ressens de l’énervement en lisant ce commentaire. C’est ma réaction. Maintenant, que puis-je faire avec l’information qu’il contient ?’ C’est un changement subtil mais fondamental. Vous passez d’une position de victime passive (‘on m’attaque’) à une position d’acteur proactif (‘je choisis comment interpréter cette information’). C’est l’ultime reprise de pouvoir. C’est vous, et vous seule, qui décidez si une critique va vous détruire ou vous construire.

Conclusion : faire de la critique votre meilleure alliée

Au terme de ce parcours, il est clair que la gestion de la critique n’est pas une simple compétence de communication, mais un pilier central de la résilience entrepreneuriale. Nous avons vu qu’il est essentiel de commencer par un tri intelligent, en érigeant une barrière infranchissable face aux haters dont le seul but est de nuire. Nous avons ensuite exploré, à travers une étude de cas concrète, comment la clarté de notre vision et de nos décisions stratégiques nous sert de bouclier contre les critiques infondées, nous évitant de dévier de notre cap pour de mauvaises raisons.

Mais la transformation la plus profonde réside dans notre capacité à redéfinir notre rapport à la critique elle-même. En abandonnant l’attente illusoire d’un feedback toujours poli et bienveillant, et en acceptant la pleine responsabilité de nos réactions émotionnelles, nous nous ouvrons un champ de possibilités immense. Chaque commentaire, chaque e-mail, même le plus brutal, devient une source potentielle d’information. Une chance d’identifier une faille, de clarifier un message, d’optimiser une expérience. Le chemin est exigeant, c’est un ‘véritable travail sur soi’. Mais il est indispensable. La critique ne disparaîtra jamais. Votre capacité à la gérer, à la filtrer et à l’utiliser déterminera en grande partie votre capacité à faire grandir votre entreprise sur le long terme. Alors la prochaine fois qu’une critique viendra frapper à votre porte, prenez une grande respiration. Accueillez la piqûre initiale, puis regardez-la avec les yeux de l’entrepreneur stratège que vous êtes. Demandez-vous : ‘Au-delà des mots, quelle information puis-je utiliser pour devenir meilleur ?’. En faisant cela, vous transformerez ce qui était autrefois une source de peur en l’un de vos plus précieux outils de croissance.


Questions fréquentes sur la gestion de la critique en ligne

Quelle est la toute première chose à faire face à une critique négative ?

La première réaction doit être de ne pas réagir à chaud. L’impulsion initiale est souvent émotionnelle, dictée par l’ego ou la surprise. Prenez du recul, ne serait-ce que quelques minutes ou quelques heures. Cela vous permet de laisser la charge émotionnelle retomber pour analyser la situation plus objectivement. Ensuite, la première étape analytique est de qualifier la critique : est-ce un commentaire haineux sans fondement (hater) ou une critique, même maladroite, qui pointe un vrai problème ? Ce premier tri est essentiel car il dicte toute la stratégie à suivre : ignorer et bloquer dans le premier cas, analyser et potentiellement répondre dans le second.

‘Le plus simple, c’est probablement de les ignorer tout simplement. On n’a pas de temps à perdre avec ces gens-là, de toute façon, il y a de bonnes chances que ces gens ne soient pas du tout dans votre cible.’

Comment faire la différence entre un hater et un client mécontent mais sincère ?

La distinction se fait principalement sur l’intention et le contenu. Un hater attaque la personne, utilise un langage insultant, généralise et ne propose aucune piste de solution. Son but est de nuire. Un client mécontent, même s’il est en colère et s’exprime brutalement, se concentre généralement sur un problème spécifique lié à votre produit ou service. Sa critique, aussi négative soit-elle, est factuelle et porte sur une expérience vécue. Il exprime une frustration et, implicitement ou explicitement, un désir de résolution. Cherchez le problème concret derrière les mots pour faire la différence.

‘Il s’agit en aucun cas de critiques constructive ni même de critiques honnêtes, il s’agit juste de faire du mal. […] L’essentiel va venir de votre audience, de vos clients, des gens qui ont probablement de bonnes intentions, mais bon qui peuvent parfois vous les livrer de façon un peu abrupte.’

Comment ne pas prendre les critiques personnellement quand son entreprise est son ‘bébé’ ?

C’est l’un des plus grands défis. La clé est de comprendre que vous n’êtes pas votre entreprise. Une critique de votre produit n’est pas une remise en question de votre valeur en tant que personne. Pour y parvenir, il faut s’exercer à dissocier les faits des émotions. Le fait est que quelqu’un a rencontré un problème. L’émotion est votre sentiment de rejet ou d’échec. En acceptant que vous êtes responsable de votre réaction émotionnelle, vous pouvez choisir de vous concentrer sur le fait. C’est un entraînement mental constant, mais essentiel pour survivre et prospérer.

‘Je suis seule responsable de ce que je ressens. Personne ne peut me forcer à ressentir quoi que ce soit. Si je suis offusquée, c’est que j’accepte de l’être. […] Je suis responsable de comment je prends les choses.’

Une critique très mal formulée peut-elle quand même être utile ?

Absolument, et c’est même souvent le cas. La plupart des gens ne sont pas formés pour donner un feedback constructif. Ils expriment une frustration brute. Votre travail est de jouer au détective et de traduire cette frustration en information exploitable. Une phrase comme ‘Votre site est nul !’ est inutile en l’état. Mais si vous creusez, elle peut signifier ‘Le site est lent sur mobile’ ou ‘Je n’ai pas trouvé le bouton d’achat’. Ne vous arrêtez jamais à la forme. Cherchez toujours le fond, la cause première de l’insatisfaction. C’est là que se cachent les opportunités d’amélioration les plus précieuses.

‘C’est pas parce que c’est irritant, c’est pas parce que c’est dit de façon trop abrupte qu’il n’y a pas une vérité derrière. […] Ce qui est important, c’est le fond de sa critique, d’où elle vient, à quelle problématique elle fait référence ?’

Quelle est la meilleure posture à adopter face à une plainte qui semble injuste ?

La meilleure posture est la fermeté calme, basée sur la clarté de vos propres décisions. Avant de répondre, assurez-vous d’être vous-même au clair sur le ‘pourquoi’ de l’action qui est critiquée. Si votre décision est stratégiquement saine pour votre entreprise, vous n’avez pas à vous en excuser. Vous pouvez répondre avec empathie (‘Je comprends votre déception’) mais sans céder (‘Cependant, cette décision a été prise pour [raison stratégique] et nous nous y tenons’). Cela montre que vous écoutez, mais que vous êtes aussi le capitaine de votre navire. Céder à une pression injuste crée un dangereux précédent.

‘La question, c’est de savoir pourquoi vous faites les choses, pourquoi vous prenez une décision pour votre entreprise. C’est votre décision et à moins de vous rendre compte que votre décision nuit à votre entreprise, ben vous vous devriez vous en tenir à votre décision.’

Comment concrètement se construire une ‘carapace’ émotionnelle ?

Se construire une carapace ne signifie pas devenir insensible, mais plutôt développer des mécanismes de protection. Cela passe par plusieurs étapes. D’abord, l’acceptation : comprendre et intégrer que la critique fera toujours partie de votre parcours. Ensuite, la dépersonnalisation : se souvenir que la critique vise souvent un produit ou une situation, pas vous en tant qu’individu. Enfin, la pratique de la distanciation émotionnelle : apprendre à observer ses émotions (la colère, la tristesse) sans se laisser submerger, comme des nuages qui passent. Savoir que vous êtes responsable de vos réactions est le fondement de cette carapace.

‘Il est impératif d’apprendre à prendre du recul et de se construire une carapace. Alors je vous dis ça en étant parfaitement consciente que c’est 1000 fois plus facile à dire qu’à faire.’


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