Logo de l'épisode [Best Episode] Compétence et Incompétence - Episode 112 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

[Best Episode] Compétence et Incompétence – Episode 112

Épisode diffusé le 26 mai 2025 par Estelle Ballot

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L’effet Dunning-Kruger : avez-vous conscience de votre propre incompétence ?

Imaginez la scène. Nous sommes en 1995, aux États-Unis. Un homme décide de braquer non pas une, mais deux banques en plein jour. Sa stratégie pour ne pas être reconnu ? S’enduire le visage de jus de citron. Son raisonnement, qu’il a expliqué avec le plus grand sérieux aux policiers lors de son arrestation quasi immédiate, était que le jus de citron, agissant comme une encre sympathique, le rendrait invisible aux caméras de surveillance. Cette histoire, aussi absurde qu’elle puisse paraître, n’est pas une blague. C’est le point de départ d’une réflexion fascinante sur la perception de nos propres compétences. Comment un individu peut-il être à ce point convaincu d’une idée aussi manifestement fausse ? Comment peut-on être à la fois si incompétent et si confiant ?

Cette anecdote est l’illustration parfaite d’un phénomène que nous avons tous, à des degrés divers, déjà rencontré ou même expérimenté : le décalage entre ce que nous pensons savoir et ce que nous savons réellement. C’est une question fondamentale qui touche à notre vie professionnelle, à nos apprentissages, à nos interactions quotidiennes. Comme je le disais dans le podcast, ‘nous sommes tous et toutes incompétents et compétentes sur certains domaines’. Cette réalité nous expose tous à un biais cognitif puissant et souvent invisible : l’effet Dunning-Kruger. Dans cet article, nous allons plonger au cœur de ce mécanisme psychologique. Nous verrons non seulement ce qu’il est et d’où il vient, mais nous explorerons surtout sa courbe déroutante, de l’arrogance de l’ignorance à l’humilité de l’expert. Plus important encore, nous verrons comment cette connaissance peut transformer notre approche du management, notre parcours d’entrepreneur, et même notre regard sur les débats enflammés des réseaux sociaux. Préparez-vous à peut-être vous reconnaître, et surtout, à repartir avec des clés pour naviguer plus sereinement sur le chemin complexe de la connaissance.

Qu’est-ce que l’effet Dunning-Kruger, ou pourquoi l’ignorance rend si confiant

L’histoire du braqueur au jus de citron a piqué la curiosité de deux psychologues, David Dunning et Justin Kruger. Ils se sont posé une question simple mais profonde : comment cet homme a-t-il pu échafauder un plan aussi défaillant avec une telle assurance ? Cette interrogation a été le catalyseur de leurs recherches, qui ont abouti en 1999 à la formalisation de ce que l’on nomme aujourd’hui l’effet Dunning-Kruger.

De Darwin à la psychologie moderne : une idée qui ne date pas d’hier

L’idée que l’ignorance puisse être une source de confiance n’est pas nouvelle. Bien avant les travaux de Dunning et Kruger, le naturaliste Charles Darwin avait déjà eu cette intuition fulgurante. Il écrivait :

L’ignorance engendre la confiance en soi plus fréquemment que ne le fait la connaissance.

Cette citation est incroyablement puissante. Elle suggère que moins on en sait sur un sujet, plus il nous paraît simple, et plus nous sommes susceptibles de nous sentir compétents. C’est une base de réflexion essentielle. Dunning et Kruger ont pris cette observation et l’ont testée scientifiquement. Ils ont mené une série d’études où ils évaluaient les compétences de participants dans divers domaines (logique, grammaire, humour) puis leur demandaient d’auto-évaluer leur performance.

Les résultats furent sans appel. Les participants les moins performants, ceux qui se situaient dans le quartile inférieur, non seulement obtenaient de mauvais résultats, mais ils surestimaient aussi massivement et systématiquement leur performance et leurs capacités. Ils pensaient avoir bien mieux réussi qu’en réalité. À l’inverse, les plus performants avaient tendance à légèrement sous-estimer leur rang. L’effet Dunning-Kruger était né. Il s’agit donc d’un biais cognitif, une sorte de distorsion dans le traitement de l’information, qui a une double facette : les incompétents ne se rendent pas compte de leur incompétence, et cette dernière les prive des outils nécessaires pour prendre conscience de leurs lacunes.

Définir le biais : plus qu’un simple excès de confiance

Il est crucial de bien comprendre ce que cet effet implique. Il ne s’agit pas simplement d’arrogance ou d’un ego surdimensionné. C’est un problème de métacognition, c’est-à-dire la capacité à réfléchir sur ses propres processus de pensée et à évaluer ses propres connaissances. Pour le dire simplement, pour savoir que l’on est mauvais en grammaire, il faut posséder un minimum de connaissances en grammaire. Les personnes les moins compétentes n’ont pas ce recul. Elles ne savent pas ce qu’elles ne savent pas.

Comme je l’expliquais dans l’épisode, cet effet est universel. ‘Il y a de fortes chances pour qu’à un moment donné, on soit nous même touchés par cet effet Dunning Kruger’. Que ce soit en apprenant un nouveau logiciel, en abordant une nouvelle stratégie marketing ou en se lançant dans un hobby, nous passons tous par une phase où notre connaissance initiale et superficielle nous donne un sentiment de maîtrise illusoire. Comprendre cela n’est pas un jugement, mais un outil formidable de développement personnel et professionnel.

La courbe de l’apprentissage : du ‘Mont Stupide’ à l’expertise humble

Pour véritablement saisir l’impact de l’effet Dunning-Kruger, il faut le visualiser non pas comme un état statique, mais comme un parcours, une courbe dynamique qui modélise notre rapport à la connaissance. J’aime l’illustrer avec une histoire personnelle, celle de ma fille Manon et de son exposé sur les léopards. C’est un exemple simple mais incroyablement parlant.

Phase 1 : Le ‘Mont Stupide’ ou l’ascension de la surconfiance

Tout commence ici. Manon doit préparer un exposé pour sa classe de CE2. Le sujet : les léopards. Sa première action ? Lire la fiche Wikipédia. Et là, c’est la révélation. En une après-midi, elle a l’impression d’avoir percé tous les secrets de ce grand félin. ‘Autant vous dire que là tout de suite, elle pense qu’elle est une experte absolue des léopards’. Elle est au sommet de ce que certains appellent avec humour le ‘Mont Stupide’. Sa confiance est à son zénith, totalement décorrélée de sa compétence réelle, qui est, avouons-le, très faible. Elle est persuadée de pouvoir ‘partir après-demain vivre avec les léopards, leur faire des câlins et devenir leur meilleure amie’.

Dans le monde professionnel, cette phase est omniprésente. Un jeune diplômé qui pense pouvoir révolutionner une entreprise après trois semaines. Un entrepreneur qui, après avoir lu un article sur le ‘growth hacking’, se sent prêt à décupler sa croissance en un mois. C’est une phase d’enthousiasme grisant, mais dangereusement trompeur, car les décisions prises à ce stade sont basées sur une compréhension parcellaire et souvent erronée de la réalité.

Phase 2 : La ‘Vallée du désespoir’ ou la confrontation avec la réalité

Heureusement, si l’on persévère un tant soit peu, cette illusion ne dure pas. En creusant le sujet, Manon réalise vite l’ampleur de son ignorance. Elle découvre la complexité de l’écosystème du léopard, les sous-espèces, les enjeux de conservation, la biologie… La courbe de sa confiance chute alors de façon vertigineuse. C’est le choc. ‘Elle va revenir vers moi en se disant mais maman, je suis nul en léopard, j’y connais vraiment rien, c’est quelque chose d’extrêmement complexe’. C’est la ‘Vallée du désespoir’. Ce moment est crucial. C’est une prise de conscience douloureuse mais nécessaire, où l’on se sent nul, imposteur, découragé. C’est l’étape où beaucoup abandonnent un nouvel apprentissage, persuadés qu’ils ne sont ‘pas faits pour ça’. Reconnaître cette phase est la première étape pour la surmonter.

Phase 3 : La ‘Pente de l’illumination’ et le ‘Plateau de la durabilité’

Si Manon (ou le professionnel) ne se laisse pas abattre par ce sentiment d’incompétence, la troisième phase peut commencer. C’est la remontée, lente et exigeante. On commence à apprendre véritablement, à connecter les concepts, à construire une base de connaissances solide. On réalise l’ampleur de la tâche, le travail et la résilience nécessaires. ‘Ça va lui demander du travail, que ça va lui demander de l’abnégation, que ça va lui demander de la résilience’. Ce n’est plus l’euphorie du début, mais une satisfaction plus profonde, celle de progresser réellement. Avec le temps et l’effort, on atteint un ‘plateau de durabilité’, où la confiance en soi est enfin alignée avec une compétence réelle et démontrée. On devient un véritable expert, conscient de la complexité du sujet, mais aussi de la valeur de son savoir. Le voyage est long, mais c’est le seul qui mène à une maîtrise authentique.

Le paradoxe des experts : pourquoi les plus compétents doutent-ils ?

L’effet Dunning-Kruger ne se limite pas à l’illusion de compétence des débutants. Il possède un corollaire tout aussi fascinant et contre-intuitif qui concerne les personnes situées à l’autre extrémité du spectre : les véritables experts. Si les incompétents se surestiment, la recherche a montré que ‘les personnes les plus qualifiées et bien elles auraient tendance à sous-estimer leur niveau de compétence’.

Quand la connaissance engendre le doute

Ce phénomène peut sembler paradoxal, mais il s’explique par plusieurs mécanismes psychologiques. Premièrement, un expert est, par définition, quelqu’un qui a exploré son domaine en profondeur. Il a gravi la ‘pente de l’illumination’ et sait pertinemment que le savoir est infini. Plus il en sait, plus il est conscient de l’immensité de ce qu’il lui reste à apprendre. L’expert voit la montagne de connaissances dans son intégralité, là où le novice ne voit que le premier sentier. Cette conscience de la complexité nourrit une forme d’humilité intellectuelle. ‘Ceux qui maîtrisent en fait savent qu’un sujet est extrêmement complexe’. Ils ne sont donc pas prompts à se déclarer ‘expert absolu’, car ils savent que ce titre est presque inatteignable.

Le lien avec le syndrome de l’imposteur

Deuxièmement, les experts souffrent souvent d’un autre biais : ils projettent leurs propres facilités sur les autres. Une tâche qui leur semble simple et évidente, fruit d’années de pratique et d’apprentissage, leur paraît tout aussi simple pour le reste du monde. Ils peinent à imaginer que d’autres puissent trouver cela difficile. En conséquence, ils minimisent la valeur et la rareté de leur propre compétence. Ce mécanisme est l’une des racines du fameux ‘syndrome de l’imposteur’, ce sentiment persistant de ne pas mériter sa place, d’être une fraude qui sera bientôt démasquée, malgré des preuves externes de succès et de compétence. L’effet Dunning-Kruger et le syndrome de l’imposteur sont comme les deux faces d’une même pièce : une mauvaise calibration de l’auto-évaluation. L’un est une illusion de supériorité née de l’ignorance, l’autre une illusion d’infériorité née de la connaissance. Comprendre ce paradoxe est essentiel, notamment en management, pour ne pas prendre l’assurance d’un collaborateur pour de la compétence, ni le doute d’un autre pour de l’incompétence.

L’effet Dunning-Kruger en action : un outil pour managers et solopreneurs

Comprendre ce biais cognitif est une chose, mais son véritable pouvoir réside dans son application pratique au quotidien. Que vous soyez à la tête d’une équipe ou seul aux commandes de votre activité, l’effet Dunning-Kruger a des implications directes sur vos décisions, vos collaborations et votre propre développement.

Pour le manager : recruter, former et faire grandir

En tant que manager, ce concept est une grille de lecture extraordinairement utile. Lors d’un recrutement, par exemple, il incite à la prudence. ‘Est-ce que c’est quelqu’un qui a confiance en soi […] ou est-ce que à l’inverse, c’est quelqu’un qui est totalement dans la première phase de l’effet Dunning Kruger ?’ Une confiance en soi exubérante n’est pas forcément synonyme de grande compétence. Il devient alors crucial de dépasser le discours et de tester les aptitudes réelles par des mises en situation, des études de cas ou des questions techniques précises pour sonder la profondeur des connaissances.

Mais l’aspect le plus intéressant, à mon sens, est le développement des équipes. Plutôt que de pointer du doigt un collaborateur qui surestime ses capacités, le rôle du manager est de l’accompagner sur la courbe de l’apprentissage. Il s’agit de lui fournir des feedbacks constructifs et factuels pour l’aider à prendre conscience de ses lacunes (le faire descendre du ‘Mont Stupide’), puis de le soutenir activement lorsqu’il traverse la ‘Vallée du désespoir’. C’est un processus qui demande de la bienveillance et de la pédagogie. ‘Le but d’un manager à mon sens en tout cas, c’est quand même de faire grandir ses équipes’. En offrant des formations, du mentorat et des défis progressifs, on aide la personne à remonter la pente et à transformer sa confiance illusoire en une compétence avérée. C’est un investissement humain qui est au cœur du leadership.

Pour le solopreneur : naviguer entre curiosité et expertise

Si vous êtes indépendant, vous êtes à la fois le manager et l’employé. Le piège est donc double. Nous, les entrepreneurs, sommes souvent des esprits curieux, avides d’apprendre de nouvelles choses. ‘On a tendance à vouloir apprendre sur plein de choses différentes, découvrir de nouvelles techniques en permanence’. C’est une force, mais aussi un risque. Le risque est de rester perpétuellement au sommet du ‘Mont Stupide’ sur une multitude de sujets, sans jamais en approfondir aucun.

On s’intéresse à une nouvelle technique marketing, on regarde quelques vidéos, et on a l’impression d’avoir tout compris. On est alors tenté de ‘mettre Oline dans ce projet’ alors qu’on n’a qu’un vernis de connaissance. Le retour de bâton peut être sévère. Avoir conscience de l’effet Dunning-Kruger pour soi-même est un garde-fou. Cela nous pousse à nous demander : ‘Ai-je une connaissance superficielle ou profonde de ce sujet ? Suis-je en train de surestimer ma maîtrise ?’ Cela incite à garder ‘un pied sur le frein de temps en temps sur nos envies de projets’, à valider nos compétences, à nous former sérieusement avant de nous lancer, ou à savoir déléguer à de vrais experts. C’est une question d’humilité et de lucidité stratégique pour la pérennité de notre activité.

Les réseaux sociaux, l’amplificateur planétaire de la surconfiance

S’il y a bien un endroit où l’effet Dunning-Kruger s’épanouit sans la moindre retenue, c’est sur les réseaux sociaux. C’est une observation que l’on peut tous faire au quotidien et qui, une fois qu’on a le concept en tête, devient d’une clarté aveuglante. ‘Les réseaux sociaux où tout le monde a un avis sur tout, tout le monde est un expert de tout, tout le monde a la solution sur tout’. Pourquoi cet espace est-il si propice à ce biais ?

La raison principale tient à la temporalité même de ces plateformes. Les réseaux sociaux sont les médias de l’instantanéité. Un sujet émerge, et en quelques heures, des milliers de ‘spécialistes’ auto-proclamés apparaissent. Ils ont lu un titre d’article, vu un extrait de vidéo de 30 secondes, et les voilà au sommet du ‘Mont Stupide’, prêts à partager leur opinion tranchée avec une assurance déconcertante. ‘On a juste le temps de travailler la première phase de cet effet Dunning Kruger, où on a l’impression qu’on connaît tout sur tout’. Il n’y a ni le temps, ni souvent la volonté, d’entamer la douloureuse descente vers la ‘Vallée du désespoir’ en se confrontant à la complexité du réel, aux avis nuancés, aux études contradictoires.

De plus, les algorithmes de ces plateformes tendent à favoriser les contenus qui génèrent de l’engagement, et les opinions péremptoires et simplistes sont souvent bien plus engageantes que les analyses prudentes et détaillées. Cela crée une chambre d’écho où la surconfiance est non seulement visible, mais aussi récompensée par des likes et des partages, renforçant l’illusion de compétence. Garder cela à l’esprit est un outil de défense intellectuelle essentiel. Cela nous aide à prendre du recul sur les débats en ligne, à questionner la légitimité des ‘experts’ qui émergent en une nuit, et surtout, à faire preuve de plus de mesure dans nos propres prises de parole.

Conclusion : embrasser le chemin de la connaissance avec humilité et courage

Au terme de cette exploration, que devons-nous retenir de l’effet Dunning-Kruger ? Bien plus qu’une simple curiosité psychologique, c’est un miroir qui nous est tendu, reflétant nos propres failles dans le processus d’apprentissage. Il nous rappelle une vérité fondamentale, souvent oubliée à l’ère de l’information instantanée : ‘la connaissance, ça demande du temps, ça demande du travail, de l’humilité’. Acquérir une véritable compétence n’est pas un sprint euphorique, mais un marathon parsemé de doutes et d’efforts.

Ce biais est profondément ancré en nous, c’est une tendance naturelle de notre cerveau qui cherche à simplifier le monde. Personne n’y échappe. Reconnaître son existence, c’est déjà faire un grand pas pour en déjouer les pièges. C’est accepter que le doute et le sentiment de ne ‘pas savoir’ ne sont pas des signes de faiblesse, mais au contraire, des étapes saines et indispensables sur le chemin de la maîtrise. C’est comprendre que la confiance la plus solide n’est pas celle qui est la plus bruyante, mais celle qui s’est construite patiemment, brique par brique, sur les fondations d’une connaissance réelle.

Alors, je voudrais finir sur une note d’encouragement. Si, en ce moment, vous êtes en train d’apprendre quelque chose de nouveau, que vous vous sentez parfois dépassé, que vous avez l’impression d’être dans cette fameuse ‘Vallée du désespoir’, ne baissez pas les bras. C’est le signe que vous êtes sur la bonne voie, que vous avez dépassé le stade de l’illusion pour entrer dans celui de la construction. Comme je le disais pour conclure l’épisode : ‘Si vous vous efforcez de gravir la montagne, ben big up à vous parce que c’est pas si simple que ça que d’apprendre véritablement des choses.’ Continuez à grimper, avec courage et humilité. Le sommet en vaut la peine.


Foire Aux Questions sur l’Effet Dunning-Kruger

1. Qu’est-ce que l’effet Dunning-Kruger en une phrase simple ?

L’effet Dunning-Kruger est un biais cognitif où les personnes les moins compétentes dans un domaine ont tendance à surestimer leur niveau de compétence, car leurs lacunes les empêchent de reconnaître leur propre incompétence. C’est, en somme, l’illustration de l’adage selon lequel l’ignorance produit plus de confiance que la connaissance. Ce n’est pas de l’arrogance, mais un véritable ‘angle mort’ dans la perception de soi qui touche tout le monde au début d’un apprentissage.

C’est un effet qui dit que les incompétents se croient compétents. C’est-à-dire qu’en fait, quelqu’un qui n’est pas compétent à tendance à surestimer ses capacités et ses performances.

2. Quelles sont les grandes étapes de la courbe de Dunning-Kruger ?

La courbe se décompose généralement en trois phases principales. La première est le ‘pic de la surconfiance’ (ou ‘Mont Stupide’), où une connaissance initiale et superficielle crée une illusion de maîtrise totale. La deuxième est une chute brutale dans la ‘vallée du désespoir’, une prise de conscience douloureuse de sa propre incompétence. Enfin, la troisième phase est la ‘pente de l’illumination’, une remontée lente et progressive où l’on construit une compétence réelle, menant à un plateau d’expertise humble et justifiée.

Au début, lorsqu’on s’intéresse à un sujet, et bien on a l’impression d’être super doué […] puis très rapidement bien sûr, on se rend compte que mais pas du tout […] et puis si on travaille à force d’étudier, on va finalement réussir à atteindre un certain niveau d’expertise.

3. Pourquoi les experts ont-ils tendance à sous-estimer leurs compétences ?

C’est le corollaire de l’effet Dunning-Kruger. Les experts sous-estiment leurs compétences pour deux raisons principales. D’une part, leur connaissance approfondie du sujet les rend très conscients de tout ce qu’ils ignorent encore, ce qui les pousse à l’humilité. D’autre part, ils ont tendance à penser que les tâches qui sont faciles pour eux le sont également pour les autres, minimisant ainsi la valeur et la rareté de leur propre savoir-faire. Ils projettent leur propre aisance sur autrui.

À l’inverse, les personnes les plus qualifiées et bien elles auraient tendance à sous-estimer leur niveau de compétence. En fait, celles qui maîtrisent le mieux un sujet sont souvent bien plus humble face au sujet parce que et bien ils savent la montagne qu’il y a à gravir.

4. Comment un manager peut-il gérer un collaborateur victime de l’effet Dunning-Kruger ?

La meilleure approche n’est pas la confrontation, mais l’accompagnement. Le rôle du manager est d’aider le collaborateur à prendre conscience de l’écart entre sa perception et la réalité, en utilisant des feedbacks factuels, des objectifs clairs et des évaluations concrètes. Ensuite, il est crucial de le soutenir lorsqu’il entre dans la phase de doute (‘la vallée du désespoir’) en lui proposant des formations, du mentorat et un plan de développement pour l’aider à construire une compétence réelle et à regagner une confiance saine et justifiée.

Ce qui va être intéressant, c’est de repérer les personnes dans nos équipes qui souffrent peut-être de cet effet Dunning Kruger et puis leur donner les clés pour pouvoir progresser et finalement avancer sur ce fameux chemin de la connaissance.

5. En tant qu’indépendant, comment puis-je éviter de tomber dans le piège de la surconfiance ?

Pour un solopreneur, la clé est l’auto-réflexion et la recherche de feedback externe. Il faut cultiver l’humilité intellectuelle et se demander régulièrement si notre confiance dans un domaine est basée sur une connaissance profonde ou superficielle. Avant de s’engager massivement dans un nouveau projet ou une nouvelle stratégie, il est sage de tester ses connaissances, de suivre une formation approfondie, ou de consulter des mentors ou des experts. Il faut savoir freiner son enthousiasme pour s’assurer qu’il repose sur des bases solides.

Garder juste un pied sur le frein de temps en temps on sur nos envies de projets parce que et bien on va pas pouvoir tout faire et surtout on ne va pas pouvoir être expert de tout et encore moins immédiatement.

6. Quel est le lien entre l’effet Dunning-Kruger et les réseaux sociaux ?

Les réseaux sociaux sont un amplificateur de la première phase de l’effet Dunning-Kruger. Leur caractère immédiat et éphémère encourage les prises de position rapides basées sur une information parcellaire. Les utilisateurs ont juste le temps de développer une opinion et une fausse assurance (‘Mont Stupide’) avant de passer à un autre sujet, sans jamais avoir à confronter leur opinion à la complexité du réel. Les algorithmes qui récompensent les affirmations péremptoires renforcent ce phénomène, créant un environnement où tout le monde peut se sentir expert en tout.

On est vraiment sur de l’immédiateté, donc en fait, on a juste le temps de travailler la première phase de cet effet Dunning Kruger, où on a l’impression qu’on connaît tout sur tout. On n’a pas encore eu le temps de redescendre.

7. Est-il possible de ne jamais être touché par l’effet Dunning-Kruger ?

Non, c’est pratiquement impossible. Ce biais est une caractéristique fondamentale de la psychologie humaine lorsqu’elle est confrontée à un nouvel apprentissage. Dès que nous abordons un nouveau sujet, nous sommes tous susceptibles de passer par cette phase initiale de surconfiance. Le but n’est pas de l’éviter complètement, mais de le reconnaître rapidement en soi-même et chez les autres, et de savoir que c’est une étape normale du processus d’apprentissage qu’il faut dépasser pour atteindre une véritable compétence.

Cet effet Dunning Kruger, il est profondément ancré au plus profond de nous. C’est absolument naturel de le ressentir hein, personne n’est à l’abri.

8. Comment savoir si ma confiance en moi est justifiée ou si c’est l’effet Dunning-Kruger ?

C’est une excellente question qui demande de l’introspection. Une méthode efficace est de chercher activement des preuves concrètes de sa compétence : avez-vous obtenu des résultats mesurables ? Pouvez-vous expliquer des concepts complexes simplement ? Une autre approche est de solliciter des feedbacks honnêtes de la part de pairs ou de mentors respectés. Enfin, confrontez-vous à des défis réels qui testent vos limites. Si vous réussissez et apprenez de vos échecs, votre confiance est probablement bien fondée. Si vous évitez la critique et la mise à l’épreuve, elle est peut-être illusoire.

C’est quand même plus facile finalement de rester ignorant que d’apprendre des choses. D’apprendre des choses, ça ne nous fait pas nous sentir vraiment très très bien hein, puisque juste après avoir eu le sentiment de surpuissance, et bien on comprend très très vite qu’on ne connaît pas grand-chose.


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