Le brainstorming, ce n’est pas de la magie : c’est une méthode
Quand on parle de marketing et d’innovation, un mot revient sans cesse sur toutes les lèvres : la créativité. On l’imagine comme une étincelle divine, une illumination soudaine réservée à quelques élus. Et pour tenter de la provoquer, on organise des réunions que l’on baptise fièrement ‘brainstorming’. Pourtant, combien de fois ces sessions se transforment-elles en discussions stériles où les mêmes personnes parlent, où les idées peinent à émerger et où l’on ressort avec plus de confusion que de solutions ? Je le sais, car je l’ai vécu. On se dit : ‘c’est génial, on va se retrouver tous ensemble dans une salle, on est 3, 4, 5, 10 personnes et on va créer. Super !’ Mais la réalité est souvent décevante. Le syndrome de la page blanche s’invite, la peur du jugement paralyse les plus timides et l’enthousiasme initial s’évanouit.
La vérité, c’est que le brainstorming n’est pas une simple conversation. C’est un exercice structuré qui demande des règles, des outils et des techniques précises. L’échec de nombreuses sessions de créativité ne vient pas d’un manque d’idées, mais d’un manque de méthode. On ne peut pas simplement décréter ‘Soyons créatifs !’ et espérer que la magie opère. Il faut créer un cadre, un processus qui guide les esprits, libère la parole et transforme le chaos potentiel en une source foisonnante d’innovations. C’est précisément ce que nous allons explorer ensemble. Oubliez l’image de la réunion improvisée. Dans cet article, je vous propose de découvrir 12 techniques de brainstorming concrètes, que vous pourrez appliquer dès demain pour transformer vos séances de ‘remue-méninges’ en véritables moteurs de croissance pour votre activité. Que vous soyez en équipe ou seul face à vos projets, vous trouverez ici une boîte à outils complète pour ne plus jamais être à court d’idées.
Phase 1 : Les techniques pour générer un maximum d’idées
Avant de chercher l’idée parfaite, il faut d’abord en avoir beaucoup. La première phase d’un brainstorming réussi est la divergence : ouvrir les vannes au maximum pour collecter un volume important d’idées, sans aucun filtre ni jugement. C’est une étape cruciale où la quantité prime sur la qualité. L’objectif est de créer un terrain de jeu fertile à partir duquel nous pourrons ensuite construire. Les techniques qui suivent sont spécialement conçues pour débrider l’imagination, court-circuiter l’autocensure et permettre à chaque participant, même le plus introverti, de contribuer pleinement. Elles reposent sur la rapidité, la simplicité et l’action individuelle au sein du collectif pour éviter les biais de groupe et garantir une récolte riche et diversifiée.
1. La stratégie du Post-it : la puissance de la simplicité
C’est ma stratégie favorite, et pour une bonne raison : elle est d’une simplicité et d’une efficacité redoutables. L’idée fondamentale de la technique du Post-it est de séparer la génération d’idées de leur discussion. Le principe est simple : une idée par Post-it. Pourquoi est-ce si puissant ? D’abord, cela force à la concision. Comme je le dis souvent, on va utiliser ‘des feutres et non pas des stylos, ce qui fait que et bien vous allez pouvoir écrire 1, 2, 3, allez 5 mots maximum’. Cette contrainte oblige à capturer l’essence de l’idée, à la rendre claire et immédiate. Ensuite, cette méthode est un formidable égalisateur. Chacun écrit ses idées dans son coin, en silence, pendant un temps défini. Il n’y a pas de leader qui monopolise la parole, pas de risque d’être influencé par l’idée du voisin. C’est de l’écriture quasi automatique où l’on se donne pour seule consigne : ‘il n’y a pas de fausses idées, il n’y a pas de mauvaises idées, il n’y a pas d’idées infaisables. On marque tout ce qui nous vient par la tête’.
En pratique, donnez à chaque participant un bloc de Post-it et un feutre. Définissez une problématique claire (ex: ‘Comment améliorer l’accueil de nos nouveaux clients ?’) et lancez un minuteur pour 10 à 15 minutes. Pendant ce temps, chacun écrit silencieusement le plus d’idées possible. À la fin du temps imparti, chaque personne vient coller ses Post-it sur un mur ou un tableau blanc, en lisant brièvement chaque idée à voix haute. Cette étape permet de générer des centaines d’idées en un temps record. Vous verrez émerger des idées farfelues, ce que j’appelle ‘la purge’, qui sont essentielles pour que le cerveau s’autorise à être vraiment créatif. Une fois toutes les idées au mur, vous pourrez commencer le travail de regroupement par thèmes, créant ainsi une cartographie visuelle de la pensée collective du groupe. C’est le point de départ parfait pour la suite.
2. Le Brain Writing : la créativité collaborative et silencieuse
Le Brain Writing est une excellente alternative au brainstorming oral classique, particulièrement utile lorsque le groupe contient des personnalités très différentes. Il permet de construire sur les idées des autres de manière structurée et silencieuse, évitant ainsi que les plus extravertis n’écrasent les plus réservés. Comment ça fonctionne ? Chaque participant reçoit une feuille de papier. Sur un sujet donné, chacun doit écrire trois idées distinctes. Une fois cela fait, chaque personne passe sa feuille à son voisin de droite. Le nouveau détenteur de la feuille doit alors lire les trois idées et y ajouter ses propres commentaires, suggestions ou variations. L’idée est de ‘développer les idées de notre prédécesseur. On va développer cette idée en ajoutant des commentaires, liste à puces, pas des gros textes, vraiment des idées très simples basiques’.
Le processus se répète : on passe à nouveau la feuille à son voisin de droite, et ainsi de suite, jusqu’à ce que chaque feuille revienne à son propriétaire initial. À la fin, chaque feuille contient une idée de départ enrichie et développée par tous les membres du groupe. L’animateur peut alors lire les chaînes d’idées complètes, ce qui lance une discussion beaucoup plus riche et profonde, car tout le monde a déjà réfléchi à chaque proposition. Cette méthode est incroyablement efficace pour approfondir rapidement des pistes initiales et pour s’assurer que chaque idée bénéficie de l’intelligence collective du groupe. Attention cependant, cette technique fonctionne mieux avec des groupes de 10 personnes maximum pour rester gérable.
3. La stratégie du ‘Et si’ : briser les chaînes de la réalité
J’aime particulièrement cette stratégie parce qu’elle ‘permet toutes les fantaisies’. Le but de la méthode du ‘Et si’ est de nous extraire volontairement de notre réalité et de ses contraintes pour explorer des territoires inconnus. Le principe est de poser des questions hypothétiques, souvent absurdes ou extrêmes, en lien avec notre problématique. En nous forçant à réfléchir dans un cadre complètement différent, nous activons des connexions neuronales inhabituelles et faisons jaillir des idées radicalement nouvelles. On se pose des questions comme : ‘Et si notre produit était vendu en 1852 ?’, ‘Et si nous n’avions pas de budget marketing ?’, ‘Et si nos clients étaient des enfants de 10 ans ?’, ‘Et si nous n’avions pas deux bras, mais trois ?’.
Ces questions, bien que farfelues, sont des catalyseurs de créativité. ‘Et si notre produit était vendu en 1852 ?’ pourrait faire émerger des idées sur la durabilité, la simplicité ou la communication par le bouche-à-oreille. ‘Et si nous n’avions pas de budget ?’ nous forcerait à imaginer des stratégies de growth hacking ou de marketing viral ultra-ingénieuses. Chaque question ‘Et si’ est une porte d’entrée vers un nouvel univers de solutions. N’ayez pas peur d’être extrême dans vos hypothèses. Plus le ‘Et si’ est décalé par rapport à votre réalité, plus les idées qui en découleront seront potentiellement disruptives et innovantes. C’est un exercice ludique qui donne la permission de rêver et de penser différemment, sans les limites habituelles du ‘oui, mais ce n’est pas possible’.
Phase 2 : Les techniques pour analyser et approfondir une idée
Une fois la phase de divergence terminée, vous vous retrouvez face à un océan d’idées brutes. Il est maintenant temps de passer à la convergence : creuser, structurer, et évaluer ces pistes pour en comprendre le potentiel. Les techniques suivantes ne visent plus à générer de la quantité, mais à apporter de la profondeur et de la clarté. Elles permettent de prendre une idée ou une problématique et de l’examiner sous toutes ses coutures, d’identifier ses composantes, ses forces, ses faiblesses et les obstacles potentiels à sa réalisation. C’est une étape analytique essentielle pour transformer une simple étincelle créative en un projet concret et viable.
4. La technique de l’étoile (ou QQOQCP) : ne laisser aucune zone d’ombre
La technique de l’étoile est un outil d’exploration systématique. Elle est parfaite quand on a une idée de départ et qu’on veut s’assurer d’en avoir fait le tour complet. Le principe est visuel et simple : vous écrivez votre idée ou projet au centre d’un grand tableau. Autour, vous dessinez une étoile à six branches. ‘Chacune des branches de votre étoile correspond à une question. Ces questions c’est qui, quoi, quand, où, pourquoi et comment’. Ces six questions fondamentales agissent comme des projecteurs qui vont éclairer chaque facette de votre idée.
Reprenons l’exemple du podcast : lancer un nouveau concept de thé aromatisé. La branche ‘Qui ?’ vous amènera à vous demander : à qui est-il destiné ? Qui sont nos clients cibles ? Qui sont nos concurrents ? La branche ‘Quoi ?’ : quelle est sa composition exacte ? Quel est son packaging ? Quelle est sa proposition de valeur unique ? La branche ‘Quand ?’ : quand le lancerons-nous ? À quel moment de la journée sera-t-il consommé ? Y a-t-il une saisonnalité ? La branche ‘Où ?’ : où sera-t-il vendu (en ligne, en magasin) ? Où communiquerons-nous à son sujet ? La branche ‘Pourquoi ?’ : pourquoi les clients l’achèteraient-ils ? Pourquoi nous lançons ce produit ? Et enfin, ‘Comment ?’ : comment allons-nous le produire ? Comment allons-nous le distribuer ? Comment fixerons-nous le prix ? Cette méthode structurée garantit que vous n’oubliez aucun aspect important du projet et vous aide à construire un plan d’action beaucoup plus robuste.
5. L’analyse SWOT : cartographier votre environnement stratégique
Le SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats – ou Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces en français) est un grand classique des écoles de commerce, et ce n’est pas pour rien : c’est un outil d’analyse stratégique incroyablement efficace. Utilisé dans un contexte de brainstorming, il permet d’évaluer une idée ou un projet en le confrontant à sa réalité interne et externe. L’exercice consiste à diviser un tableau en quatre quadrants et à réfléchir collectivement pour remplir chaque case. Les Forces et Faiblesses concernent les aspects internes, sur lesquels vous avez le contrôle (votre équipe, votre technologie, votre réputation). Les Opportunités et Menaces concernent les aspects externes, que vous subissez (le marché, la concurrence, la réglementation, les tendances).
En appliquant cette grille à votre idée, vous allez ‘ouvrir un champ des possibles, de nouvelles réflexions’. Par exemple, pour notre thé aromatisé : une force pourrait être une recette unique. Une faiblesse, un manque de notoriété. Une opportunité, la tendance croissante du bien-être. Une menace, l’arrivée d’un grand concurrent sur ce segment. Cette analyse a un double avantage. D’une part, elle permet d’anticiper les risques et de préparer des plans de contingence. D’autre part, elle révèle des axes stratégiques : comment utiliser nos forces pour saisir les opportunités ? Comment nos forces peuvent-elles nous protéger des menaces ? Comment corriger nos faiblesses pour ne pas rater les opportunités ? C’est un excellent moyen de passer de l’idée créative à la réflexion stratégique.
6. L’analyse des écarts : transformer les obstacles en chemin
Cette technique est particulièrement utile pour les projets qui semblent complexes ou intimidants. L’analyse des écarts consiste à se concentrer non pas sur l’idée elle-même, mais sur le chemin à parcourir pour la réaliser. La première étape est de définir très clairement deux points : ‘Où sommes-nous ?’ (votre situation actuelle) et ‘Où voulons-nous aller ?’ (votre objectif final). Une fois ces deux points fixés, le cœur de l’exercice commence : lister absolument tous les obstacles qui pourraient se dresser entre vous et votre objectif. Il faut être exhaustif et imaginer tous les freins possibles, qu’ils soient financiers, techniques, humains, ou liés au marché.
Une fois cette liste d’obstacles établie, le brainstorming se concentre sur une seule question pour chaque obstacle : ‘Comment pourrions-nous contourner, surmonter ou éliminer cet obstacle ?’ Ce changement de perspective est très puissant. Au lieu de vous sentir bloqué par les difficultés, vous les transformez en une série de problèmes à résoudre. ‘Ça va vous permettre de comprendre quels sont les chemins difficiles, quels sont les chemins un peu plus faciles ou risqués et un peu moins risqués’. À la fin, vous n’avez pas seulement une idée, mais une véritable feuille de route stratégique, avec des plans B et une vision claire des défis à relever. C’est une méthode qui renforce la confiance et rend l’objectif beaucoup plus atteignable.
Phase 3 : Les techniques pour changer radicalement de perspective
Parfois, pour trouver des idées vraiment neuves, il ne suffit pas de creuser ce que l’on sait déjà. Il faut se forcer à regarder le problème avec des yeux complètement différents. Notre expertise et nos habitudes de pensée peuvent devenir des œillères qui nous empêchent de voir des solutions évidentes pour d’autres. Les techniques de cette section sont conçues pour briser ces schémas mentaux. Elles nous invitent à endosser d’autres rôles, à adopter d’autres points de vue ou à faire appel à d’autres sens pour aborder notre problématique sous des angles totalement inédits et souvent surprenants.
7. La méthode des six chapeaux : multiplier les angles de vue
Cette méthode, développée par Edward de Bono, est un jeu de rôle intellectuel très structuré. L’idée est de décomposer la pensée en six modes différents, chacun représenté par un chapeau de couleur imaginaire. Plutôt que tout le monde pense de manière chaotique, le groupe pense de la même manière au même moment, en changeant de ‘chapeau’ ensemble. L’animateur attribue un chapeau (et donc un mode de pensée) à chaque participant, ou fait tourner les chapeaux. Chaque personne doit ‘analyser, creuser, dépouiller l’idée que l’on travaille en fonction de son chapeau’.
Les six chapeaux sont : le chapeau blanc (neutralité, faits, chiffres), le chapeau rouge (émotions, intuitions, sentiments), le chapeau noir (pessimisme, risques, dangers, l’avocat du diable), le chapeau jaune (optimisme, bénéfices, opportunités), le chapeau vert (créativité, nouvelles idées, alternatives) et le chapeau bleu (organisation, vue d’ensemble, animation du processus). En forçant chaque participant à adopter un point de vue qui n’est pas nécessairement le sien (par exemple, demander au plus optimiste de porter le chapeau noir), on génère des réflexions beaucoup plus riches et on évite les débats stériles où chacun reste campé sur ses positions. On peut ainsi explorer une idée de manière exhaustive et équilibrée, en considérant à la fois les faits, les émotions, les risques et les opportunités.
8. Le Role Storming : se mettre dans la peau des autres
Le Role Storming pousse le concept du jeu de rôle encore plus loin. Ici, il ne s’agit pas d’adopter un mode de pensée, mais d’incarner une personne réelle. ‘Chaque personne va prendre une personnalité mais la personnalité d’un individu’. Les participants ne donnent plus leur propre avis, mais celui du personnage qu’ils interprètent. Ces personnages doivent être pertinents pour le projet : un client fidèle, un client mécontent, un nouvel employé, le PDG, un fournisseur, ou même un concurrent. Le but est de jouer une scène, d’imaginer une interaction ou une réaction liée à la problématique.
Imaginez que vous travaillez sur une nouvelle fonctionnalité pour votre application. Une personne joue le rôle d’un utilisateur technophobe, une autre celui d’un ‘power user’ très exigeant, une troisième celui d’un développeur qui doit la coder. Comment réagiraient-ils ? Quels seraient leurs mots, leurs frustrations, leurs joies ? Cette méthode permet de ‘regarder les choses avec un regard parfaitement différent’. Elle fait émerger des insights précieux sur l’expérience utilisateur, les objections potentielles et les arguments de vente, car elle nous oblige à sortir de notre propre perspective de créateur du produit pour adopter celle de ceux qui vont l’utiliser ou interagir avec lui. C’est un exercice d’empathie puissant qui ancre les idées dans la réalité du terrain.
9. La stratégie de la visualisation : penser avec des images
Cette technique est plus méditative et fait appel à notre intelligence visuelle. Elle est particulièrement efficace pour les sujets liés au design, à l’expérience utilisateur ou à l’image de marque. Le principe est de guider les participants à travers une série d’exercices de visualisation mentale. L’animateur pose une intention et demande à tout le monde de fermer les yeux et d’imaginer la solution. Comme le suggère l’exemple du podcast, pour créer le packaging d’un thé, on commence large : ‘chaque personne va fermer les yeux et penser au packaging du thé aromatisé’.
Après quelques minutes, tout le monde ouvre les yeux et partage ce qu’il a ‘vu’ : des couleurs, des formes, des textures, des ambiances. Puis, l’animateur affine la demande. ‘Là, c’est pas le packaging en général, c’est la pochette dans laquelle le thé va se trouver’. On ferme les yeux à nouveau, on visualise, on partage. Et ainsi de suite, en zoomant sur des détails de plus en plus précis, comme ‘la petite étiquette qui est au bout du cordon du thé’. Cette approche progressive permet de construire une vision collective riche et détaillée. Elle fait appel à une partie de notre cerveau souvent sous-utilisée dans les réunions d’affaires et peut révéler des idées esthétiques ou sensorielles qu’une discussion classique n’aurait jamais fait émerger.
10. Le changement de décor : oxygéner le cerveau
Cette dernière ‘technique’ est peut-être la plus simple et l’une des plus négligées. Notre environnement a un impact considérable sur notre capacité à penser de manière créative. ‘Le fait d’être toujours dans un même environnement ne participe pas à la créativité et en général quand on fait un brainstorming, ben on est dans une salle de réunion. Il y a rien de plus neutre et anonyme qu’une salle de réunion’. L’idée est donc de casser cette routine en délocalisant la session de brainstorming.
Il ne s’agit pas forcément d’organiser un séminaire coûteux. Cela peut être aussi simple que de faire la réunion en marchant dans un parc, de s’installer dans un café animé, ou si vous êtes comme moi en Normandie, ‘d’aller faire le brainstorming à la plage’. Le simple fait de changer de lieu, de voir d’autres personnes, d’entendre d’autres bruits, de sentir d’autres odeurs, stimule notre cerveau de manière nouvelle. Cela ‘permet à notre cerveau d’activer des éléments qu’il n’activerait pas dans une salle de réunion lambda’. Un nouvel environnement peut inspirer des analogies inattendues et créer une atmosphère plus détendue et propice à l’échange. Ne sous-estimez jamais le pouvoir d’une bouffée d’air frais pour débloquer les esprits.
Phase 4 : Que faire de toutes ces idées ? L’art de prioriser
Organiser un brainstorming productif est une grande victoire, mais ce n’est que la moitié du chemin. Le risque est de repartir avec des dizaines, voire des centaines de Post-it, et de se sentir submergé. ‘La difficulté quand on a fait un brainstorming, c’est qu’est-ce qu’on fait de toutes ces idées ?’ Une session de créativité qui ne débouche pas sur un plan d’action clair est une session inutile. Il est donc impératif de consacrer du temps à la phase de sélection et de priorisation. Les deux stratégies suivantes vous aideront à transformer votre foisonnement créatif en décisions stratégiques.
11. La matrice How / Now / Wow : trouver les pépites
Cette matrice est un outil de tri rapide et visuel, idéal pour faire un premier classement des idées générées. Elle se base sur deux axes : l’originalité de l’idée et sa facilité de mise en œuvre. Vous dessinez un grand graphique avec l’originalité en axe horizontal et la faisabilité en axe vertical. Vous prenez ensuite chaque idée (chaque Post-it) et vous la placez dans l’un des trois quadrants principaux.
Le premier quadrant est le ‘Now’ (Maintenant). Ce sont les idées faciles à mettre en place, mais peu originales. Ce sont souvent des améliorations incrémentales, des ‘quick wins’. Elles sont utiles mais ne changeront pas la donne. Le deuxième quadrant est le ‘How’ (Comment). Ici se trouvent les idées très originales, potentiellement révolutionnaires, mais difficiles à réaliser avec vos ressources actuelles. Ce sont des idées à garder en tête pour le futur, qui nécessitent plus de R&D. Et enfin, le troisième et plus convoité quadrant : le ‘Wow’. ‘Les Wow, c’est les idées véritablement innovantes originales mais qui en plus semble être faisables’. Ce sont ces idées qui combinent un fort impact et une faisabilité raisonnable que vous devez chercher à identifier en priorité. Elles représentent le meilleur retour sur investissement de votre effort créatif.
12. La matrice Effort / Valeur (LDJ) : l’arbitrage stratégique
Cette deuxième matrice est une approche complémentaire, plus orientée ‘business’. Elle fait partie d’une méthodologie plus large appelée Lightning Decision Jam (LDJ). Ici, les deux axes sont la ‘valeur ajoutée’ de l’idée pour le client ou l’entreprise, et le ‘niveau d’effort’ nécessaire pour la mettre en place (en termes de temps, d’argent, de ressources). Chaque idée est placée sur ce graphique. L’objectif est de visualiser clairement les compromis.
Les idées en haut à gauche (haute valeur, faible effort) sont vos priorités absolues, les fruits mûrs à cueillir immédiatement. Les idées en haut à droite (haute valeur, effort élevé) sont les grands projets stratégiques qui nécessitent une planification sérieuse. Les idées en bas à gauche (faible valeur, faible effort) peuvent être réalisées si vous avez du temps, mais n’auront pas un impact majeur. Enfin, les idées en bas à droite (faible valeur, effort élevé) sont celles à écarter sans regret. Cet outil ‘va nous permettre en tout cas, et bien de choisir, de définir les idées qui sont à creuser en priorité’. Il transforme une discussion subjective sur ‘la meilleure idée’ en une décision rationnelle basée sur l’impact et les ressources disponibles.
Les règles d’or pour un brainstorming qui change vraiment la donne
Avoir une boîte à outils remplie de techniques est essentiel, mais leur efficacité dépend entièrement du cadre dans lequel vous les utilisez. Un brainstorming réussi repose sur un ensemble de règles et une posture qui doivent être comprises et partagées par tous les participants. Avant de vous lancer, prenez le temps de poser les fondations. Voici les six principes fondamentaux à graver dans le marbre pour garantir le succès de vos sessions de créativité.
1. Préparez la session : L’improvisation est l’ennemi de la créativité structurée. Choisissez en amont la ou les techniques que vous allez utiliser, préparez le matériel nécessaire (Post-it, feutres, tableau blanc) et réservez un espace adéquat. Une bonne préparation montre que vous prenez l’exercice au sérieux et met les participants dans les meilleures conditions.
2. Soyez clair sur l’intention : ‘Dites clairement à tout le monde ce qu’on est censé faire, ce qu’on cherche à faire’. Est-ce une session pour générer un maximum d’idées folles ? Pour résoudre un problème très précis ? Pour améliorer un processus existant ? Une problématique bien définie est la boussole qui guidera toute la session et évitera de partir dans tous les sens.
3. Accueillez absolument toutes les idées : C’est la règle la plus importante. Durant la phase de divergence, le jugement est interdit. ‘Qu’elles soient intelligentes, faisables, pas faisables, farfelues, nouvelles, déjà faites, on s’en fiche’. Chaque idée est une brique potentielle. Une idée jugée ‘stupide’ peut en inspirer une autre, géniale. Différez le jugement pour la phase de sélection.
4. Créez un espace sûr (inclusion) : Personne ne partagera une idée audacieuse s’il craint le ridicule ou la critique. ‘L’espace du brainstorming doit impérativement être un espace sûr. Tout le monde doit se sentir absolument à l’aise pour partager’. En tant qu’animateur, votre rôle est de garantir la bienveillance et de vous assurer que chaque voix, même la plus discrète, est entendue et respectée.
5. Osez sortir des sentiers battus : Le but d’un brainstorming est précisément d’explorer de nouvelles pistes. Encouragez activement les idées décalées, les associations étranges, les propositions à contre-courant. ‘On est là pour faire preuve de créativité, donc ouvrez vos chakras et lâchez-vous’. C’est en allant chercher aux frontières de la pensée conventionnelle que l’on trouve les véritables innovations.
6. Combinez les techniques : Ne vous limitez pas à une seule méthode. ‘Plus on va utiliser de techniques différentes, plus ça va nous permettre et bien de trouver de nouvelles idées’. Vous pouvez par exemple commencer par une session de Post-it pour générer du volume, puis utiliser la méthode des six chapeaux pour approfondir les 3 idées les plus prometteuses, et enfin utiliser la matrice Effort/Valeur pour décider laquelle prototyper.
Le brainstorming est bien plus qu’une réunion, c’est une culture. En appliquant ces techniques et ces règles, vous ne ferez pas que trouver des idées. Vous insufflerez une dynamique d’innovation, renforcerez la collaboration et donnerez à chacun les moyens de contribuer au succès de votre entreprise. Alors, à vous de jouer : quelle sera la première technique que vous testerez ?
Questions fréquentes sur les techniques de brainstorming
Comment animer une session de brainstorming quand on travaille seul ?
C’est une excellente question, car l’innovation n’est pas réservée aux grandes équipes. Si vous êtes solopreneur, vous pouvez absolument appliquer ces méthodes en les adaptant. La clé est de simuler la diversité des points de vue. Vous pouvez utiliser la technique des six chapeaux en changeant vous-même de ‘chapeau’ toutes les 10 minutes pour analyser votre idée sous différents angles. Le Role Storming est aussi très puissant : imaginez-vous en client, en concurrent, en investisseur. N’hésitez pas non plus à solliciter des regards extérieurs. Comme je le dis, ‘si vous travaillez seul, vous pouvez demander à des copains, des gens qui connaissent un petit peu votre boîte, votre marché de travailler avec vous sur ce brainstorming’. Un regard neuf, même non-expert, peut débloquer des situations et apporter une perspective inestimable.
‘Si vous travaillez seul, vous pouvez demander à des copains, des gens qui connaissent un petit peu votre boîte, votre marché de travailler avec vous sur ce brainstorming. ça peut être intéressant aussi d’avoir des gens extérieur à votre entreprise qui participent au brainstorming, pourquoi pas.’
Quelle est la meilleure technique pour un groupe avec des personnes timides et d’autres très extraverties ?
Dans ce cas de figure, les techniques silencieuses et individuelles sont vos meilleures alliées pour équilibrer la participation. La stratégie du Post-it est parfaite pour commencer, car elle permet à chacun de générer ses propres idées sans être interrompu ou influencé. Mais la méthode la plus indiquée est sans doute le Brain Writing. En faisant circuler les feuilles, vous vous assurez que les idées de tout le monde sont lues, considérées et enrichies par le groupe. C’est une méthode très structurée qui valorise la contribution écrite plutôt que la prise de parole spontanée. Elle donne aux personnes plus introverties le temps de formuler leur pensée et garantit que leurs contributions pèsent autant que celles des plus volubiles.
‘C’est une stratégie [le Brain Writing] qui est très utile notamment quand on a des personnes qui peuvent monopoliser la parole ou des personnes peut-être qui n’osent pas nécessairement donner leurs idées.’
Combien de temps doit durer une session de brainstorming ?
La durée idéale dépend de votre objectif, mais il est crucial de ne pas faire des sessions à rallonge qui épuisent la créativité. Il vaut mieux privilégier des formats courts et intenses. Une phase de génération d’idées pures, comme avec la technique du Post-it, ne devrait pas excéder 15-20 minutes. Une session complète, incluant une phase de génération, de regroupement et de priorisation, peut durer entre 1h30 et 2h. Au-delà, l’énergie et la concentration du groupe diminuent drastiquement. Si le sujet est complexe, il est préférable de planifier deux sessions plus courtes qu’une seule session marathon. L’important est de maintenir un rythme dynamique et de finir sur un plan d’action clair pour que les participants sentent que leur temps a été bien investi.
‘Le principe, c’est de l’écriture automatique. Vous ne vous mettez aucune limite et vous écrivez tout ce qui vous passe par la tête quand on vous donne une idée, un point de départ hein évidemment. On se donne un point de départ, un temps défini […].’
Comment s’assurer que les idées issues du brainstorming seront bien mises en place ?
C’est le point crucial qui fait la différence entre un exercice amusant et un véritable outil stratégique. La clé est d’intégrer la phase de priorisation et de décision DANS la session de brainstorming. Ne partez jamais sans avoir répondu à la question : ‘Quelle est la prochaine étape ?’. Utilisez les matrices comme ‘How Now Wow’ ou ‘Effort/Valeur’ pour sélectionner collectivement 1 à 3 idées à explorer davantage. Pour chaque idée retenue, définissez un ‘propriétaire’ (la personne responsable de la faire avancer), une action concrète à réaliser (ex: ‘faire une étude de marché’, ‘créer une maquette’) et une date butoir. Le brainstorming ne s’arrête pas quand les Post-it sont au mur, mais quand un plan d’action, même simple, est acté.
‘Évidemment les waouh, c’est celles qu’on recherche parce que c’est celles qui auront le plus d’impact tout en étant facilement réalisable.’
Faut-il toujours un animateur pour un brainstorming ?
Oui, absolument. Le rôle de l’animateur est fondamental, même dans une petite équipe. L’animateur n’est pas un chef, mais un facilitateur. Son rôle est de fixer le cadre, d’expliquer les règles du jeu (les techniques utilisées), de gérer le temps, de garantir que tout le monde participe et que l’espace reste bienveillant et sans jugement. Il est le gardien du processus. Sans animateur, la session risque de se transformer en discussion désorganisée, les biais de groupe reprennent le dessus et l’objectif est perdu de vue. Idéalement, l’animateur devrait être neutre par rapport au sujet discuté pour se concentrer uniquement sur la dynamique du groupe et l’efficacité de la méthode.
‘Une fois qu’on a fait le tour, l’animateur principal du brainstorming va pouvoir lire les éléments qui ont été collectés et l’ensemble du groupe va pouvoir bien évidemment les discuter.’
Comment gérer les idées qui semblent complètement irréalisables ou ‘hors sujet’ ?
La règle d’or est de ne jamais les rejeter pendant la phase de génération. Accueillez-les avec le même enthousiasme que les autres. Je parle de ‘la purge’, ce moment où ‘votre cerveau qui laisse sortir des idées totalement farfelues mais qui va lui permettre de se donner le droit d’être créatif’. Ces idées ont plusieurs fonctions. D’abord, elles libèrent l’esprit et créent une ambiance où tout est permis. Ensuite, une idée en apparence folle peut contenir le germe d’une véritable innovation ou inspirer une autre idée plus réaliste chez un autre participant. Elles seront naturellement filtrées lors des phases de classement avec les matrices de priorisation. Ne tuez jamais une idée trop tôt ; même la plus étrange peut servir de tremplin.
‘Vous allez pouvoir ensuite les classer, enlever les idées qui n’ont rien à voir avec le chmiblique, il y en a, ça s’appelle la purge, c’est votre cerveau qui laisse sortir des idées totalement farfelues mais qui va lui permettre de se donner le droit d’être créatif.’


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