Je déteste être cheffe d’entreprise, et pourtant…
Tu l’as vu dans le titre, et ce n’est certainement pas une nouvelle : je déteste être cheffe d’entreprise. Pourtant, ma vision a toujours été claire : changer des millions de vies. Mais devenir dirigeante, gérer les chiffres, la rentabilité, le management… ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Au contraire, comme je le confie : ‘Moi, ça me crée des angoisses parce que le côté chef, dirigeant et rentabilité et tout ce côté-là, c’est pas du tout mon truc, pas du tout.’ Mon rêve viscéral, c’était d’aider, de transformer, d’apporter l’indépendance financière aux femmes. Je voulais qu’elles aient une vie choisie, libre et jouissive. L’entreprise qui a généré plus de 4 millions est une conséquence, pas le but initial.
Je crois que je ne me rendais même pas compte que c’était la suite logique du développement de mon activité. Au début, je me cachais derrière d’autres titres. Je me disais ‘ah non, je suis coach’. ‘Ah non, je suis auto-entrepreneur’. ‘Ah non, moi juste j’accompagne les gens à changer de vie’. Mais la réalité est là : quand tu ouvres une entreprise, tu as un numéro de Siret, tu deviens cheffe d’entreprise.
La réalité brutale du rôle de dirigeante
Alors, ça veut dire quoi être cheffe d’entreprise ? Pour moi, la réponse est simple et directe. C’est accepter une facette de l’entrepreneuriat beaucoup moins glamour que ce que l’on imagine, une facette faite de décisions difficiles et de responsabilités écrasantes. Gérer une équipe et un business en croissance est un chemin semé d’embûches, bien loin de la simple passion d’aider les autres.
Des responsabilités violentes et des décisions déchirantes
Être à la tête d’une entreprise, c’est bien plus que de la stratégie. C’est ‘porter des responsabilités parfois violentes, j’ai envie de dire le mot, parfois qui viennent te heurter émotionnellement, humainement.’ C’est devoir prendre des décisions qui te déchirent le cœur, qui te font peur, des décisions où tu as la sensation que tu peux tout perdre à chaque instant. C’est devoir gérer les impôts, la TVA, l’URSSAF, la technique, le service client, la comptabilité. C’est aussi prendre des décisions humaines difficiles, comme mettre fin à des collaborations. Et souvent, même entourée d’une équipe, c’est ‘porter tout toute seule quand la lumière s’éteint, que tu te retrouves dans le noir et que tu es face à ta vérité profonde.’
De la solopreneure surmenée à la délégation forcée
Au début, je voulais juste changer des vies. C’était à taille humaine, je faisais tout, j’étais partout. ‘Jusqu’à mes premiers 2 ou 300 000 euros, je gérais d’une main de maître parce que non, il ne faut pas déléguer ! Je vais le faire, personne ne saura le faire mieux que moi.’ Cette mentalité, nourrie par une méfiance envers l’humain (‘Toute ma vie on m’a marché dessus, on m’a trahi’), m’a poussée à tout garder pour moi. Jusqu’au jour où ce n’était plus tenable. ‘Jusqu’au jour où je me suis mis à avoir 80 heures de coaching par mois et que j’avais déjà au moins délégué à une coach, je me suis dit ça va être compliqué quand même.’ La croissance financière et la complexité administrative, notamment la TVA, m’ont forcée à passer à l’étape suivante : déléguer son business n’était plus une option, mais une nécessité.
Les pièges de la gestion d’entreprise quand on est coach
Passer de coach à cheffe d’entreprise implique d’affronter des domaines qui nous sont totalement étrangers et souvent, qui nous révulsent. Mon parcours est marqué par une résistance profonde à tout ce qui touche à l’administratif et à la structure, une résistance qui m’a coûté cher, au sens propre comme au figuré.
Mon allergie aux chiffres et ses conséquences coûteuses
J’ai une véritable ‘urticaire’ pour tout ce qui est comptabilité, chiffres, TVA, URSSAF. Quand j’ai un rendez-vous avec le pôle comptabilité ou juridique, mon premier réflexe est de dire à mon bras droit : ‘C’est tu peux venir avec moi pendant le rendez-vous ? Je ne pige rien.’ Cette aversion m’a poussée à déléguer ces tâches à la mauvaise personne, simplement parce qu’elle était ‘un peu dans la mine les papiers’. Une erreur qui m’a coûté très cher. ‘Ça m’a valu très cher, il y a à peu près 3 ans de ça… Et je me suis retrouvée avec un trou de 20 30 000 €.’ Je prenais des décisions d’investissement basées sur des chiffres qui n’étaient pas bons. Cette expérience m’a appris une leçon cruciale : ‘pour moi déléguer n’exclut pas le contrôle et je pense encore aujourd’hui, je l’assume qu’il y a trop d’endroits dans mon entreprise que j’ai laissé aller.’
La résistance aux outils de structure : mon combat avec les agendas et Asana
Cette aversion pour la structure s’est manifestée de manière presque comique. J’étais une fan inconditionnelle des agendas papier. Pendant des années, mon équipe m’a suppliée de passer à un agenda en ligne. Ma réponse ? ‘Oui, mais moi j’aime les agendas papier et ça c’est plus facile pour moi.’ Il a fallu attendre 2024 pour que je cède enfin. Il en a été de même pour les outils de gestion de projet. Je balançais mes idées en vrac sur Slack jusqu’à ce que l’équipe vienne me dire : ‘on va se structurer non ? Tu sais, il y a Asana qui existe.’ Là encore, ‘je crois qu’on m’en a parlé pendant 2-3 ans aussi. Pareil, 2024 on l’a mis en place.’ Ces anecdotes illustrent la difficulté pour une créative de se plier aux exigences d’une dirigeante structurée.
Gérer une équipe : le paradoxe entre sacrifice et liberté
Je n’ai jamais voulu avoir une grosse équipe. C’est l’expansion de l’entreprise et le succès qui m’y ont contrainte. C’est un engrenage, un entre-deux où ‘il faut bien que quelqu’un fasse pour moi, sinon je vais péter une durite.’ Ce qui commence comme une nécessité se transforme en un véritable paradoxe : l’équipe devient à la fois la source de nouvelles contraintes et la clé d’une liberté inégalée.
Quand manager prend le pas sur la passion de coacher
Avec une équipe qui grandit, mon rôle a radicalement changé. ‘Je me suis rendu compte que je passais beaucoup plus de temps à manager, à micro-manager, à micro-contrôler, à vérifier, à valider, à expliquer qu’à coacher.’ Ce glissement est l’une des plus grandes difficultés pour un entrepreneur passionné. On se retrouve à gérer des problématiques qui nous éloignent de notre mission première, de ce qui nous anime. J’ai moi-même pensé à tout arrêter pour revenir à du coaching pur et dur, pour retrouver cette flamme initiale.
La liberté ultime, fruit d’une équipe autonome
Mais après les difficultés de recrutement, les erreurs et le stress, vient la récompense. Aujourd’hui, mon équipe est ma plus grande force. C’est elle qui me rend libre. ‘Pourquoi je peux travailler 3 jours par semaine ? Parce que j’ai mon équipe. Pourquoi je peux voyager 10 fois par an ? Parce que j’ai mon équipe.’ Je n’ai plus besoin de m’occuper de la compta, des factures, de l’URSSAF. L’entreprise peut tourner sans moi. J’ai pu construire un système où je peux enfin être dans ma zone de génie : ‘allumer la caméra, coacher, là où je suis utile.’ Cette liberté a un prix, mais elle est inestimable.
Démystifier le succès : la vérité derrière les millions d’euros
Le regard extérieur sur les entrepreneurs qui réussissent est souvent biaisé, plein de clichés sur la ‘course aux millions’. Je veux défendre ces entrepreneurs que je côtoie, ces humains qui se battent et qui souffrent loin des projecteurs pour leur mission.
Non, ce n’est pas qu’une course à l’argent
Si notre seul moteur était l’argent, nous ne tiendrions pas. La pression est trop forte. ‘C’est pour ça que dans les 3 premières années, il y a 8 entrepreneurs sur 10 qui vont fermer… parce que c’est difficile, émotionnellement, mentalement, physiquement, humainement.’ Oui, j’aime l’argent et je veux en gagner en abondance, mais pas seulement pour servir le monde. Je veux aussi me faire kiffer, voyager, et je mérite de me payer en priorité. Le vrai moteur, celui qui nous fait nous lever le matin, ‘c’est de changer des putains de vies.’ L’argent seul ne donne pas de sens à la vie.
Les sacrifices cachés des entrepreneurs que vous admirez
Derrière les façades heureuses sur les réseaux sociaux se cachent souvent de grandes souffrances. ‘J’ai vu des entrepreneurs pleurer de me dire, et moi-même je l’ai fait, je ne peux pas arrêter cette personne dans mon équipe. Elle m’a été fidèle depuis le début.’ J’ai vu des entrepreneurs ‘chialer putain de merde’. Et quand on nous dit ‘arrête’, on ne peut pas. Comment arrêter quand tu changes des milliers de vies ? C’est en nous. De plus, il faut comprendre la réalité financière. ‘Quand vous vous dites ‘Ouais mais celle-là, elle génère des millions’, oui mais c’est pas des millions dans sa poche.’ Quand tu dois sortir 30 000 € de charges tous les mois, avant même de te payer, la perspective change complètement.
4 clés pour créer un business à son image et impacter sans s’épuiser
Après 8 ans, des dizaines de recrutements, des erreurs et des succès, voici ce que j’ai appris pour naviguer entre le désir d’impacter et les réalités du rôle de cheffe d’entreprise.
Clé 1 : Déléguez vite ce qui vous vide de votre énergie
Tout ce qui ne vous nourrit pas doit être délégué : la gestion, la compta, l’opérationnel. ‘De vouloir être partout, tu es en train de t’épuiser, tu passes des heures à aider sur des choses qui te mettent en énergie basse et tu n’es pas là en train d’accompagner ou te rendre visible ou de vendre.’
Clé 2 : Structurez une entreprise qui vous ressemble
Pas besoin de copier les autres. Créez votre modèle, qu’il soit simple avec une ou deux personnes, ou plus complexe. Il faut goûter, essayer. J’ai moi-même fait évoluer la taille de mon équipe constamment. ‘Je suis seule, je gère tout… j’ai eu jusqu’à 15 personnes… on est revenu à 5… Ah on est redescendu mais un peu trop bas… et aujourd’hui je me sens totalement libre.’
Clé 3 : Faites le deuil de vouloir tout maîtriser
C’est un conseil simple mais fondamental. ‘Tu ne peux pas tout faire. Tu ne peux pas tout décider, tout contrôler, tout savoir, tout gérer, tout toucher au risque de finir en burn-out.’ Accepter cela est une libération.
Clé 4 : Autorisez-vous à changer de cap et à vous écouter
Vous avez le droit de revenir à une offre plus simple, à coacher chez les autres, à ne plus avoir d’entreprise. ‘Ça ne veut pas dire que tu régresses, ça veut dire que tu t’écoutes et que tu t’alignes à cette nouvelle identité.’ Le plus important est de vous choisir, car c’est vous qui transformez des vies.
Pour conclure, oui, je déteste être une cheffe d’entreprise. Mais je suis profondément en amour avec cette équipe de femmes qui m’accompagne à changer le monde, un humain à la fois. Cet impact, cet effet papillon, est la raison pour laquelle je tiens mes responsabilités. Est-ce que je recommencerais ? Oui. Parce qu’accompagner des milliers de clientes à être libres et indépendantes, ça fait partie de moi. J’espère avoir changé votre regard sur ces entrepreneurs qui donnent leurs émotions et leur vie pour leur message. Le monde est beaucoup plus humain que vous ne le croyez.
FAQ : Les coulisses du rôle de cheffe d’entreprise
Pourquoi tant d’entrepreneurs n’aiment pas être ‘chef d’entreprise’ ?
Parce que leur motivation première est souvent la mission (coacher, aider, créer), et non les tâches administratives, financières et managériales qui accompagnent le titre de CEO. Ces responsabilités peuvent sembler épuisantes et déconnectées de leur véritable objectif.
‘Moi, à la base ce que je voulais profondément, viscéralement, c’était aider, transformer… Etre chef d’entreprise, à aucun moment c’est venu me traverser l’esprit.’
Est-il obligatoire de déléguer pour faire grandir son business ?
Oui, la délégation devient inévitable lorsque la croissance de l’entreprise entraîne une charge de travail écrasante qui empêche l’entrepreneur de se concentrer sur les activités à forte valeur. C’est une étape essentielle pour éviter l’épuisement et continuer à développer son impact.
‘Jusqu’au jour où j’ai compris que c’était plus tenable, jusqu’au jour où je me suis mis à avoir 80 heures de coaching par mois… je me suis dit ça va être compliqué quand même.’
Comment surmonter la peur de déléguer la gestion financière ?
Surmonter cette peur implique de reconnaître le coût élevé de ne pas déléguer, comme commettre des erreurs financières importantes. Il faut aussi accepter que si la délégation est cruciale, elle n’exclut pas le contrôle et la vérification, surtout pour les fonctions critiques.
‘Ça m’a valu très cher, il y a à peu près 3 ans de ça où parce que je ne voulais pas gérer… Et je me suis retrouvée avec un trou de 20 30000 €.’
Faut-il avoir une grosse équipe pour réussir en entrepreneuriat ?
Non, la taille de l’équipe n’est pas un indicateur de succès. L’important est de trouver la structure adaptée à ses objectifs. La taille idéale de l’équipe peut varier ; c’est un processus d’expérimentation pour trouver un équilibre qui soutient l’entreprise sans devenir un fardeau de gestion.
‘Moi, il m’a fallu des caps de je suis seule… j’ai eu jusqu’à 15 personnes dans l’équipe… on est revenu à 5, après on est remonté… aujourd’hui on a trouvé notre équilibre.’
Comment gérer la croissance de son entreprise sans se perdre ?
En acceptant que l’on ne peut pas être partout et en construisant une équipe structurée avec des responsabilités claires. Cela permet au fondateur de prendre du recul sur les détails quotidiens pour se concentrer sur sa zone de génie, évitant ainsi d’être ‘plombée par ces putains de sujets qui fatiguent’.
‘si j’en sais trop sur tous les petits détails de l’entreprise, je ne suis plus dans mon énergie haute, je ne suis plus dans une fréquence d’inspiration, de transmission.’
Les entrepreneurs qui génèrent des millions gagnent-ils vraiment beaucoup d’argent personnellement ?
Pas forcément. Une entreprise qui génère des millions de chiffre d’affaires a aussi des dépenses considérables : salaires, impôts, coûts marketing et frais de fonctionnement. Le salaire personnel de l’entrepreneur n’est souvent pas proportionnel au chiffre d’affaires total de l’entreprise.
‘Quand vous vous dites ‘Ouais mais celle-là, elle génère des millions’, oui mais c’est pas des millions dans sa poche. Quand tu payes sept salaires, quand tu dois sortir… 20 ou 30000 € de charges tous les mois.’
Peut-on réussir sans maîtriser tous les aspects de son entreprise (compta, juridique) ?
Oui, c’est tout à fait possible. La clé n’est pas de tout maîtriser, mais de s’entourer d’une équipe d’experts (comptable, conseiller juridique, responsable des opérations) pour gérer les domaines que vous n’aimez pas ou dans lesquels vous n’êtes pas compétent. Cela vous libère pour vous concentrer sur vos forces.
‘C’est possible d’avoir un impact massif et légendaire dans le monde… et pour autant de ne pas tout comprendre. Et aujourd’hui, 8 ans après je sais que mon équipe peut tourner sans moi.’
Est-ce un échec de vouloir revenir à un business plus simple après avoir eu une grande équipe ?
Absolument pas. C’est un signe de conscience de soi et d’alignement. Choisir un modèle économique plus simple après avoir géré une plus grande structure signifie que vous écoutez vos propres besoins et que vous privilégiez votre bien-être aux indicateurs de réussite externes. C’est se choisir soi-même.
‘Ça ne veut pas dire que tu régresses, ça veut dire que tu t’écoutes et que tu t’alignes à cette nouvelle identité… Et moi je ne dis pas que dans quelques années, je vais pas revenir à j’arrête. Je prends 10 clientes par mois.’




