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#95 > Marketing > Le recrutement dans le marketing digital

Épisode diffusé le 25 avril 2024 par Bannouze : Le podcast du marketing digital !

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Recrutement en marketing digital : au cœur d’une ‘guerre des talents’ qui façonne l’économie française

Le terme peut sembler galvaudé, presque excessif. Et pourtant, la ‘guerre des talents’ est bien plus qu’une simple expression à la mode pour décrire le marché de l’emploi dans le marketing digital. C’est une réalité quotidienne, une tension palpable qui anime, freine et transforme l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie française. Derrière les campagnes innovantes et les technologies de pointe se cache une compétition féroce pour attirer, recruter et retenir les compétences qui feront le succès de demain. Mais quelle est l’ampleur réelle de ce phénomène ? Qui sont les acteurs de ce marché de l’emploi si particulier ? Et surtout, quelles sont les véritables opportunités pour les entreprises et les candidats ?

Pour répondre à ces questions cruciales, il est essentiel de s’appuyer sur des données tangibles et une analyse approfondie. C’est précisément l’objectif de l’étude ‘Le marketing digital, une filière au cœur de l’économie française’, menée par l’Alliance Digitale et le cabinet EY. Dans le cadre du podcast Banouze, nous avons eu le privilège d’accueillir Pierre Devoize de l’Alliance Digitale et Yannick Cabrol d’EY pour décrypter les enjeux stratégiques du recrutement. Leur analyse met en lumière un écosystème complexe, pionnier dans ses modes de travail et confronté à des défis uniques. Cet article se propose de plonger au cœur de leurs découvertes, en explorant la structure surprenante de l’emploi dans la filière, l’explosion du freelancing, les véritables raisons des tensions de recrutement et les atouts insoupçonnés de la France dans cette compétition mondiale. Préparez-vous à découvrir un secteur en pleine ébullition, où chaque recrutement est une bataille stratégique et chaque talent, une ressource inestimable.

Un écosystème d’emploi unique : qui sont les 300 000 visages du marketing digital ?

Lorsqu’on évoque le marketing digital, l’imaginaire collectif se tourne souvent vers les géants de la tech ou les agences de publicité parisiennes. La réalité, telle que révélée par l’étude, est bien plus vaste et nuancée. Le premier chiffre marquant est celui de 300 000. C’est le nombre de personnes dont l’activité est directement ou indirectement liée à la filière du marketing digital en France. Un chiffre massif qui démontre d’emblée le poids économique et social du secteur. Mais pour comprendre les dynamiques de recrutement, il faut décomposer cette population. Comme l’explique Yannick Cabrol, cet écosystème s’articule autour d’un noyau central et de plusieurs ‘poules’ ou satellites qui gravitent autour, créant un modèle d’emploi atypique et résolument moderne.

Le cœur du réacteur et son onde de choc sur l’emploi

Au centre de cet univers se trouve le ‘cœur de la filière’. Il s’agit des entreprises dont le modèle économique repose intrinsèquement sur le marketing digital : les agences, les régies publicitaires, les entreprises de l’adtech et du martech. Selon l’étude, ce noyau dur génère directement 36 000 emplois en France. Si ce chiffre peut paraître modeste au regard des 300 000, il constitue la force motrice de l’ensemble de l’écosystème. C’est ici que naissent les innovations, que se développent les technologies et que se concentrent les expertises les plus pointues. Mais l’impact de ce cœur ne s’arrête pas là. Comme une pierre jetée dans l’eau, son activité crée des ondes de choc économiques.

‘Ces entreprises du marketing digital, elles ont des dépenses, ça permet de créer 65 000 emplois indirects et induits’, précise Yannick Cabrol.

Les emplois indirects correspondent aux fournisseurs et prestataires de ces entreprises (services informatiques, comptabilité, etc.), tandis que les emplois induits sont générés par les dépenses des salariés du secteur dans l’économie locale. Cette somme, près de 100 000 emplois (36 000 directs + 65 000 indirects/induits), représente la base ‘traditionnelle’ de la filière.

Les deux satellites de l’écosystème : freelances et experts en entreprise

C’est ici que la structure devient véritablement fascinante et se distingue de nombreux autres secteurs. Autour de ce noyau gravitent deux populations massives, chacune comptant environ 100 000 personnes. La première est celle des freelances. Ces 100 000 travailleurs indépendants sont une composante essentielle et non une simple variable d’ajustement. Ils apportent une flexibilité, une expertise de niche et répondent aux besoins de milliers d’entreprises, des plus grandes aux plus petites. Nous y reviendrons en détail, car ce phénomène est l’une des clés de lecture du marché.

La seconde population, tout aussi importante, est celle des personnes qui ‘utilisent les compétences du marketing digital directement chez les marques, chez les annonceurs’. Ce sont les experts SEO de Castorama, les social media managers de Danone, les responsables acquisition chez un grand groupe bancaire. Ces 100 000 professionnels ne travaillent pas pour une entreprise du secteur, mais le marketing digital est au cœur de leur métier. Cette réalité illustre parfaitement le caractère transverse de la filière, souligné par Pierre Devoize :

‘Je crois que la spécificité du marketing digital, c’est justement son caractère transverse. (…) Il n’y a pas beaucoup de secteurs qui agissent sur finalement l’ensemble de la chaîne de valeur.’

C’est cette diffusion des compétences dans tous les pans de l’économie qui rend la définition même du secteur si complexe, mais aussi si riche. Chaque boulanger qui optimise sa page Google My Business, chaque artisan qui lance une campagne sur les réseaux sociaux fait, sans le savoir, partie de cet immense écosystème.

Cette structure éclatée a des conséquences directes sur le recrutement. Elle crée une multiplicité de parcours, de statuts et de besoins. Elle explique pourquoi les tensions ne se concentrent pas uniquement sur les postes d’ingénieurs dans les start-ups, mais touchent l’ensemble de la chaîne, y compris les TPE cherchant un community manager freelance à temps partiel. C’est un marché à plusieurs vitesses, où cohabitent des logiques de grands groupes et des dynamiques d’auto-entrepreneuriat.

Le phénomène freelance : le marketing digital, avant-garde du marché du travail français ?

Le chiffre de 100 000 freelances n’est pas anodin. Il représente un tiers de l’ensemble des emplois de l’écosystème du marketing digital. Cette proportion est colossale et place le secteur en véritable précurseur des nouvelles formes de travail en France. Pour comprendre l’ampleur du phénomène, Yannick Cabrol nous livre des ordres de grandeur éclairants. La France compte environ 1 million de freelances, avec un taux de croissance annuel moyen de 5% sur les dix dernières années, soit ‘quasiment 10 fois plus vite que ne croît le PIB français’. Sur ce million, 100 000 travaillent pour le marketing digital. Le secteur capte donc 10% de tous les freelances français. Or, sa contribution au PIB n’est que de 0,2% (4,7 milliards sur 2500 milliards d’euros). Cette disproportion est la preuve irréfutable que le marketing digital sur-performe massivement en matière de travail indépendant.

‘Là vous vous rendez compte que le secteur du marketing digital est un peu à l’avant-garde si l’on regarde cette ce développement exponentiel des freelance dans une économie qui est de plus en plus digitalisée’, analyse Yannick Cabrol.

Le marketing digital n’accompagne pas seulement la tendance, il la mène.

Les raisons d’une explosion : flexibilité, digitalisation et nouvelles aspirations

Comment expliquer une telle prédominance ? Plusieurs facteurs se conjuguent pour créer cet appel d’air. D’une part, des facteurs structurels et législatifs, comme le développement du statut d’auto-entrepreneur, ont facilité le passage à l’indépendance. D’autre part, la nature même du travail s’y prête particulièrement bien. Yannick Cabrol identifie trois grandes transitions dont le freelancing est au cœur : une transition du marché du travail (besoin de flexibilité face aux tensions), une transition de l’organisation du travail (métiers ‘télétravaillables’ et ‘archipélisables’) et une transition des compétences (besoin d’agilité pour intégrer des savoir-faire de pointe qui évoluent très vite).

Mais l’explication la plus puissante réside sans doute dans la structure même de l’économie française. Pierre Devoize met le doigt sur un point crucial : la nécessaire digitalisation des TPE et PME.

‘Je parle des entreprises aussi bien du boulanger du coin que du coiffeur qui a besoin de digitaliser ses activités.’

Ces petites entreprises n’ont ni les moyens ni le besoin d’internaliser une compétence en marketing digital à temps plein. Le freelance devient alors le partenaire idéal, le prestataire de service agile qui leur permet de promouvoir leurs produits sur les réseaux sociaux, de gérer leur site internet ou de lancer des campagnes locales. La crise du Covid a été un formidable accélérateur de cette prise de conscience. Le freelance n’est donc pas seulement une ‘soupape’ pour les grandes agences en manque de ressources, comme le suggérait Stanley Maman, mais un véritable moteur de la transformation numérique des petites entreprises. Il est le chaînon manquant qui connecte l’expertise digitale aux besoins de l’économie de proximité.

Un rôle stratégique au-delà de la simple exécution

Réduire le rôle des freelances à celui de simples exécutants pour les TPE serait une erreur. Ils jouent également un rôle crucial dans l’innovation et la création pour des structures plus importantes. Leur regard extérieur, leur spécialisation sur des niches très précises (création de contenu, SEO technique, gestion de campagnes sur une plateforme spécifique) apportent une valeur ajoutée considérable aux agences et aux grands annonceurs. Ils fonctionnent comme des ‘externalités positives’, apportant une expertise pointue à la demande, sans les contraintes d’un contrat de travail classique. Cette hybridation des modèles, où salariés et freelances collaborent sur des projets, est sans doute l’une des caractéristiques les plus modernes du secteur. Elle préfigure ce que pourrait devenir le marché du travail dans d’autres industries à l’avenir : un écosystème fluide où les compétences s’assemblent en fonction des projets, brouillant les frontières traditionnelles entre l’interne et l’externe.

La guerre des talents est déclarée : comprendre les tensions du recrutement

L’essor du freelancing et la croissance globale du secteur ne se font pas sans heurts. En coulisses, une bataille acharnée se joue pour attirer les meilleurs profils. L’étude menée par EY et l’Alliance Digitale met des chiffres précis sur cette ‘guerre des talents’. Les dirigeants de la filière sont confrontés à des freins majeurs qui entravent leur développement et créent une pression constante sur les ressources humaines. Loin d’être un simple mot à la mode, cette tension est le principal défi opérationnel pour une majorité d’entreprises du marketing digital. Comprendre ses racines est essentiel pour quiconque souhaite naviguer dans ce marché de l’emploi, que l’on soit recruteur ou candidat.

Les trois freins majeurs identifiés par les dirigeants

L’étude a sondé les dirigeants pour identifier les principaux obstacles au recrutement. Trois facteurs se détachent nettement, formant un triangle de contraintes particulièrement difficile à gérer. Premièrement, et c’est le frein le plus cité par 60% des répondants, la simple ‘disponibilité des compétences’. Autrement dit, les profils recherchés sont rares. Il ne s’agit pas d’un manque général de candidats, mais d’un déficit de personnes possédant l’expertise technique et l’expérience requises. Comme le souligne Pierre Devoize,

‘On est sur des compétences qui sont extrêmement pointues et je pense qu’elles vont devenir de plus en plus pointues avec l’émergence (…) du caractère de plus en plus indispensable de l’intelligence artificielle.’

Le deuxième frein, mentionné par 48% des dirigeants, est une conséquence directe du premier : ‘la concurrence avec les autres entreprises’. La rareté crée l’inflation et la compétition. Les entreprises du secteur se livrent une lutte sans merci pour débaucher les talents. Cette concurrence est d’autant plus complexe que le marché est très hétérogène. Une petite agence de province ne lutte pas avec les mêmes armes qu’un géant américain de la tech qui peut ‘attirer des talents en France mais qui sont aussi en capacité de faire venir ces talents ailleurs qu’en France et souvent aux États-Unis’.

Enfin, le troisième obstacle, cité par 40% des entreprises, est la ‘technicité du poste’. Les métiers du marketing digital évoluent à une vitesse fulgurante. Les compétences d’hier sont rapidement obsolètes. Trouver un candidat qui maîtrise non seulement les fondamentaux mais aussi les dernières innovations technologiques, les nouvelles plateformes et les subtilités réglementaires relève souvent du parcours du combattant. Ce triptyque – rareté, concurrence, technicité – crée un environnement de recrutement sous haute tension.

L’IA : accélérateur de tensions ou future solution ?

L’arrivée de l’intelligence artificielle générative ajoute une couche de complexité à cette équation. Elle représente ce que l’animateur du podcast décrit comme le chevauchement de ‘deux plaques tectoniques’. D’un côté, les entreprises ont un besoin urgent de recruter des personnes capables de comprendre et de maîtriser ces nouvelles technologies. De l’autre, l’IA promet d’automatiser certaines tâches, faisant planer une incertitude sur les rôles de demain. Comment piloter ses ressources humaines dans ce contexte ? C’est un dilemme stratégique majeur.

Toutefois, les intervenants apportent une vision nuancée. Pierre Devoize rappelle que le secteur était déjà ‘très intelligence artificialisé’ avant l’avènement des IA génératives. L’IA n’est pas une nouveauté, mais une accélération. Il reste prudent sur son impact en termes de destruction d’emplois :

‘De là à dire que à ce stade l’intelligence artificielle a supprimé des emplois ou remplacer des emplois, je ne sais pas, ce n’est pas dit dans l’étude et je n’en suis pas forcément sûr si on regarde en fait la trajectoire globale du secteur qui continue à recruter.’

Yannick Cabrol suggère une autre piste : l’IA pourrait conduire à un ‘recentrage des effectifs’ sur le cœur de métier et à une externalisation accrue des compétences de pointe, qui évoluent trop vite pour être maintenues en interne. Ainsi, l’IA pourrait paradoxalement renforcer le recours à des experts externes, freelances ou consultants, plutôt que de simplement réduire les effectifs. Le défi pour les entreprises est donc moins de remplacer des humains par des machines que de reconfigurer les équipes pour intégrer l’IA comme un partenaire et un démultiplicateur de performance.

La France, terre d’accueil et d’innovation pour les talents du digital

Face à ce tableau d’une guerre des talents intense et de défis technologiques majeurs, on pourrait croire que la France peine à tirer son épingle du jeu. Pourtant, l’étude révèle une tout autre réalité : l’Hexagone dispose d’atouts considérables qui en font un territoire particulièrement attractif pour le développement du marketing digital. Loin d’être victime de son succès, la France a su cultiver un terreau fertile pour l’innovation et les compétences, attirant entreprises et talents. Cette attractivité repose sur des piliers solides et se manifeste par une implantation géographique plus large qu’on ne l’imagine.

Les deux piliers de l’attractivité française : main-d’œuvre et écosystème

Lorsqu’on demande aux dirigeants de la filière pourquoi ils ont choisi la France, deux raisons principales émergent avec force. La première, citée par deux tiers d’entre eux, est la qualité de la main-d’œuvre.

‘On a une main d’œuvre qui est très qualifiée, bien formée’, rapporte Yannick Cabrol.

Cette reconnaissance de l’excellence de la formation à la française est un atout compétitif majeur. Fait encore plus surprenant et notable, nos ingénieurs sont jugés ‘compétitifs en prix par rapport aux ingénieurs que l’on peut trouver aux États-Unis’. Ce rapport qualité-coût exceptionnel fait de la France un lieu stratégique pour implanter des équipes de R&D et des pôles d’expertise technique. C’est un argument puissant dans la compétition internationale pour attirer les investissements.

Le second pilier est la vitalité de l’écosystème, souvent incarné par ‘l’esprit French Tech’. Il s’agit de cette capacité unique à ‘faire corps, à faire équipe, à créer un écosystème innovant en France avec des petits acteurs qui travaillent avec des gros acteurs’. Cette proximité, cette facilité à créer des réseaux et des partenariats, favorise une circulation rapide des idées et une collaboration fructueuse. Le podcast lui-même, réunissant des acteurs d’horizons divers, en est une parfaite illustration. Ces deux forces combinées – des talents de haut niveau et un environnement propice à l’innovation – créent un cercle vertueux qui nourrit la croissance de toute la filière.

Au-delà de Paris : quand le marketing digital irrigue les territoires

L’une des plus grandes surprises de l’étude est sans doute la remise en cause du mythe d’un secteur ultra-centralisé à Paris. Les chiffres sont sans appel : ‘57% de l’activité économique générée par la filière du marketing digital se situe à l’extérieur de l’Île-de-France’. Cette découverte est fondamentale car elle montre un secteur profondément ancré dans l’économie réelle de tout le pays. Pierre Devoize souligne cette singularité :

‘Le marketing digital, sa singularité, c’est ça. C’est une multiplicité de petites voire toutes petites entreprises un peu partout sur le territoire et qui viennent donner un petit coup de main aux entreprises très localement.’

Cette répartition géographique s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, comme nous l’avons vu, les entreprises du secteur suivent l’activité économique de leurs clients, notamment les artisans, commerçants et PME répartis sur tout le territoire. Ensuite, les nouvelles aspirations des travailleurs, en quête d’un meilleur cadre de vie, et la démocratisation du télétravail favorisent le ‘digital nomadisme’ et l’installation en province. Ce phénomène est intimement lié à l’essor des freelances, qui peuvent plus facilement choisir leur lieu de vie. Bien sûr, comme le précise Pierre Devoize, l’Île-de-France reste un pôle majeur en termes de chiffre d’affaires et de concentration d’emplois. Néanmoins, cette étude prouve que le marketing digital n’est pas l’apanage de la capitale, mais bien une force vive qui contribue au dynamisme économique de l’ensemble des régions françaises.

Conclusion : un secteur en tension mais résolument tourné vers l’avenir

Au terme de cette plongée dans les coulisses du recrutement en marketing digital, le portrait qui se dessine est celui d’un secteur complexe, paradoxal, mais formidablement dynamique. La ‘guerre des talents’ est une réalité tangible, alimentée par une demande de compétences pointues et une concurrence exacerbée. L’écosystème d’emploi, avec sa structure unique articulée autour d’un cœur de filière, de 100 000 freelances et de 100 000 experts chez l’annonceur, est à l’avant-garde des transformations du travail. Les défis sont nombreux, de l’intégration de l’IA à la nécessité de former continuellement pour rester à la pointe.

Pourtant, le message final de l’étude est résolument optimiste. La France dispose d’atouts maîtres – une main-d’œuvre de qualité, un écosystème innovant et un maillage territorial surprenant – qui la positionnent idéalement dans la compétition mondiale. Le secteur est perçu non seulement comme un moteur de croissance, mais aussi comme un ‘véritable centre de formation’ pour toute l’économie, diffusant les compétences numériques indispensables à la transformation de toutes les entreprises. Et la confiance des dirigeants dans l’avenir est la preuve la plus éclatante de cette vitalité. Le chiffre à retenir, celui qui doit inspirer confiance aux professionnels actuels et futurs, est celui-ci :

‘69% des entreprises interrogées prévoient de renforcer leurs effectifs en France’, conclut Pierre Devoize.

En dépit des tensions et des incertitudes, la filière continue de créer des emplois et de croître plus vite que le reste de l’économie. Pour les entreprises, le défi sera de repenser leurs stratégies de recrutement, en s’ouvrant à de nouveaux viviers de talents et en investissant massivement dans la formation. Pour les candidats et les professionnels, l’opportunité est immense : celle de rejoindre un secteur passionnant, au cœur des innovations technologiques et sociétales, qui offre des perspectives de carrière riches et évolutives. La guerre des talents n’est peut-être pas terminée, mais elle est avant tout le signe d’une incroyable vitalité.


Foire Aux Questions (FAQ) sur le recrutement en marketing digital

1. Quelle est la taille réelle du marché de l’emploi en marketing digital en France ?

Le marché de l’emploi dans le marketing digital en France est bien plus vaste qu’on ne l’imagine. Il ne se limite pas aux agences et entreprises technologiques. L’étude de l’Alliance Digitale et EY révèle un écosystème global de 300 000 personnes. Ce chiffre se décompose en un ‘cœur de filière’ de 36 000 emplois directs, générant 65 000 emplois indirects et induits. À cela s’ajoutent deux groupes massifs : environ 100 000 freelances qui apportent leur expertise de manière indépendante, et 100 000 professionnels du marketing digital travaillant directement chez les annonceurs (marques, commerçants, etc.), illustrant le caractère transverse du secteur.

‘La filière du marketing digital, elle concerne en France 300 000 personnes. Vous avez 36 000 emplois qui sont générés par les entreprises du marketing digital, donc le cœur de la filière (…) et autour de ce cœur (…) vous avez deux poules de personnes qui gravitent. Un premier poule qui est un poule essentiellement de freelance (…) et vous avez un deuxième poule (…) de personnes qui ne travaillent pas pour les entreprises du marketing digital mais qui pourtant utilisent les compétences du marketing digital directement chez les marques.’

2. Pourquoi y a-t-il autant de freelances dans le secteur du marketing digital ?

Le marketing digital est un véritable moteur du freelancing en France, concentrant 10% de tous les travailleurs indépendants du pays. Cette forte proportion s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la nature du travail, facilement réalisable à distance, favorise ce statut. Ensuite, il y a un besoin crucial de flexibilité et d’expertises très pointues que les entreprises peinent à internaliser. Enfin, les freelances jouent un rôle clé dans la digitalisation des TPE/PME (artisans, commerçants) qui n’ont pas les moyens de recruter un salarié à temps plein mais ont un besoin vital de présence en ligne. Le secteur est donc à ‘l’avant-garde’ de cette transformation du marché du travail.

‘Le secteur du marketing digital est un peu à l’avant-garde si l’on regarde cette ce développement exponentiel des freelance dans une économie qui est de plus en plus digitalisée.’

3. Quelles sont les principales difficultés de recrutement pour les entreprises du secteur ?

Les entreprises du marketing digital font face à une véritable ‘guerre des talents’. L’étude identifie trois freins majeurs au recrutement. Le premier, cité par 60% des dirigeants, est la pénurie de compétences disponibles sur le marché ; les profils experts sont rares. Le deuxième (48%) est la forte concurrence entre les entreprises du secteur, des start-ups aux géants de la tech, pour attirer ces mêmes profils. Enfin, le troisième frein (40%) est la haute technicité des postes, qui requiert des compétences en constante évolution, notamment avec l’arrivée de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle.

‘Ce que disent 60 % des dirigeants, c’est que la disponibilité des compétences est un frein à leur développement. 48 % d’entre eux estiment que la concurrence avec les autres entreprises du marketing digital entraîne ce que certains appellent une guerre des talents et le troisième sujet, c’est que la technicité du poste (…) est là aussi un frein.’

4. L’intelligence artificielle va-t-elle détruire des emplois dans le marketing digital ?

L’impact de l’IA est plus complexe qu’une simple destruction d’emplois. Les experts de l’étude restent prudents, soulignant que le secteur est déjà fortement ‘artificialisé’ et continue pourtant de recruter massivement. L’IA générative est perçue comme un ‘choc technologique’ qui va surtout transformer les métiers et accroître le besoin de compétences pointues. Plutôt que de remplacer les humains, l’IA pourrait conduire les entreprises à se recentrer sur leur cœur de métier et à externaliser davantage les expertises de pointe. La tendance globale du secteur reste à la croissance des effectifs, et non à leur réduction.

‘De là à dire que à ce stade l’intelligence artificielle a supprimé des emplois ou remplacer des emplois, je ne sais pas, ce n’est pas dit dans l’étude et je n’en suis pas forcément sûr si on regarde en fait la trajectoire globale du secteur qui continue à recruter.’

5. Les emplois en marketing digital sont-ils concentrés uniquement à Paris ?

C’est une idée reçue que l’étude bat en brèche de manière spectaculaire. Alors que l’on pourrait penser le secteur très parisien, les chiffres montrent que 57% de l’activité économique qu’il génère se situe en dehors de la région Île-de-France. Cette répartition s’explique par la présence d’une multitude de TPE et PME sur tout le territoire qui accompagnent les entreprises locales dans leur digitalisation. Ce phénomène est aussi encouragé par les nouvelles aspirations des travailleurs et l’essor du freelancing, qui permettent plus de flexibilité géographique. Le marketing digital irrigue donc l’ensemble de l’économie régionale française.

‘La surprise de l’étude effectivement, c’est que 57 % de l’activité économique générée par la filière du marketing digital se situe à l’extérieur de l’Île-de-France.’

6. Qu’est-ce qui rend la France attractive pour les entreprises de marketing digital ?

Malgré les tensions sur le recrutement, la France est perçue comme un pays très attractif pour la filière. Deux atouts majeurs sont systématiquement mis en avant par les dirigeants. Le premier est l’excellence de la main-d’œuvre : la France forme des talents très qualifiés, notamment des ingénieurs dont le rapport qualité-coût est jugé très compétitif à l’international. Le second atout est la vitalité de son écosystème, incarné par ‘l’esprit French Tech’, qui favorise la collaboration entre petits et grands acteurs et stimule l’innovation. Ces deux piliers créent un environnement propice au développement des entreprises du secteur.

‘Ce que disent deux tiers des dirigeants de la filière, c’est qu’on a une main d’œuvre qui est très qualifiée, bien formée et (…) sur certains profils d’ingénieurs en particulier compétitive en prix (…). Le deuxième sujet qui est souvent mentionné, c’est la capacité (…) à créer un écosystème innovant en France.’

7. Quelles sont les perspectives d’embauche dans le marketing digital pour les années à venir ?

Les perspectives d’embauche sont extrêmement positives, malgré les défis économiques et technologiques. L’étude révèle une grande confiance des dirigeants dans la croissance de leur activité en France. Le chiffre le plus marquant est que 69% des entreprises interrogées prévoient de renforcer leurs effectifs en France dans un avenir proche. Cela démontre la résilience et le dynamisme du secteur, qui continue de créer des emplois à un rythme supérieur à celui de nombreuses autres filières. Le marketing digital reste donc un domaine d’avenir avec de nombreuses opportunités de carrière.

‘Plus de je crois 69 % des entreprises interrogées prévoient de renforcer leurs effectifs en France en dépit des enjeux qu’elles voient (…). Je suis pas sûr (…) qu’il y ait beaucoup de filières qui aient des chiffres similaires en tout cas des perspectives aussi positives pour les années à venir.’

8. Comment la formation peut-elle répondre à la pénurie de talents ?

La formation est une des clés stratégiques pour résoudre les tensions de recrutement. Face à la pénurie de profils, il est crucial de diversifier les parcours et de ne pas se limiter aux cursus classiques post-bac. Des initiatives comme celles de l’organisme Origami, mentionné dans le podcast, sont essentielles. Elles se concentrent sur la reconversion professionnelle, formant des demandeurs d’emploi ou des personnes changeant de carrière aux métiers techniques du marketing digital. Le secteur est décrit par l’ancien ministre du numérique comme un ‘véritable centre de formation’ pour l’économie, car il diffuse des compétences indispensables. Développer ces nouvelles filières de formation est donc vital.

‘Nous, on a besoin de d’organismes de formation comme Origami (…) ce qu’on apporte avec cette étude, c’est aussi notre vision de ce qu’est le marketing digital, ce que sont les différents métiers et là où on pourrait potentiellement aller plus loin (…) ce serait de dire quels métiers sont les principaux en tension (…) et derrière, construire (…) des réponses.’


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