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#87 : Le product market fit c’est quoi ?

Épisode diffusé le 24 juillet 2023 par Bannouze : Le podcast du marketing digital !

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Product Market Fit : le guide complet pour transformer une idée en succès commercial

Le parcours de l’entrepreneur est souvent jalonné d’incertitudes. Au cœur de cette aventure se trouve une quête essentielle, presque un Saint Graal : le Product Market Fit (PMF). C’est ce point de bascule magique où un produit ne se contente plus d’exister, mais où il est activement désiré par un marché qui le réclame. Beaucoup d’entrepreneurs, portés par la passion pour leur création, se lancent tête baissée dans des stratégies d’acquisition coûteuses, pour finalement réaliser que leur produit ne répond à aucun besoin réel. Ils tentent de pousser une solution sur un marché qui n’en veut pas. Le résultat ? Des budgets marketing gaspillés, une croissance anémique et une démotivation profonde. Mais comment savoir si l’on a atteint ce fameux alignement ? Comment s’assurer que l’on construit quelque chose que les gens veulent vraiment, avant même d’investir le premier euro en publicité ? Cette question n’est pas une simple interrogation académique, elle est le pivot de la réussite ou de l’échec d’une entreprise. Il s’agit de s’assurer que tous les feux sont au vert avant d’appuyer sur l’accélérateur.

Dans cet article, nous allons plonger au cœur de cette notion fondamentale. En m’appuyant sur mon expérience chez Spag, notre cabinet de Growth Marketing, et sur mon parcours de créatrice avec le jeu de société Mimetics, je vais vous partager une méthodologie concrète. Nous verrons que le Product Market Fit n’est pas un concept abstrait réservé aux startups de la Silicon Valley, mais une discipline accessible à tous, des PME industrielles aux créateurs de projets personnels. Nous explorerons les étapes à suivre avant et après le lancement, l’art de dialoguer avec ses clients, et la puissance de la méthode ‘Test and Learn’ pour optimiser en continu. L’objectif est simple : vous donner les clés pour arrêter de naviguer à vue et commencer à construire votre succès sur des fondations solides, validées par le seul juge de paix qui compte vraiment : votre marché.

Qu’est-ce que le Product Market Fit et pourquoi est-il vital pour votre entreprise ?

Avant de se lancer dans des stratégies complexes, il est primordial de revenir à l’essence même de ce concept. Le Product Market Fit est souvent perçu comme une notion floue, mais sa définition est en réalité très pragmatique. Chez Spag, nous le définissons comme le moment où l’on est certain d’avoir le bon produit, que ce produit a trouvé son marché et, surtout, que tous les voyants sont au vert pour commencer à accélérer. Comme je l’expliquais,

‘le Product Market Fit il est quand même hyper lié au marketing digital en général puisque ma définition, notre définition chez Spag du Product Market Fit, c’est plutôt d’essayer d’être sûr que l’on a le bon produit, que le produit a trouvé son marché et surtout qu’en fait au moment où on veut accélérer et faire du marketing digital justement, et ben on a un peu tous les voyants qui sont au vert pour commencer des vrais tests.’

Cette validation est le socle sur lequel toute stratégie de croissance saine doit être bâtie. Tenter de scaler une entreprise sans PMF, c’est comme essayer de remplir un seau percé : vous pouvez verser autant d’eau (de budget marketing) que vous voulez, le seau ne se remplira jamais. Les clients arrivent, ne trouvent pas ce qu’ils cherchent, et repartent aussitôt. Le coût d’acquisition explose, la rétention est proche de zéro, et l’entreprise s’épuise financièrement et moralement.

L’absence de Product Market Fit se manifeste par des symptômes clairs : les ventes sont difficiles et nécessitent un effort commercial constant (vous ‘poussez’ le produit), le bouche-à-oreille est inexistant, les avis clients sont mitigés ou rares, et le taux de désabonnement (churn) est élevé. À l’inverse, lorsqu’il est atteint, la dynamique s’inverse. Les clients viennent à vous (le marché ‘tire’ le produit), ils deviennent des ambassadeurs, le cycle de vente se raccourcit et la croissance devient organique. C’est le moment où votre produit a été ‘adoubé, validé’ par sa cible. Comprendre cette distinction est la première étape pour tout entrepreneur. Il faut accepter que le PMF n’est pas une option, mais la condition sine qua non de la survie et de la prospérité. Ignorer cette étape, c’est prendre le risque de construire un magnifique château sur des sables mouvants.

Le mindset : une quête permanente plutôt qu’une destination

Il est crucial de comprendre que le Product Market Fit n’est pas un trophée que l’on gagne une fois pour toutes. C’est un état d’équilibre dynamique. Un marché évolue, les concurrents innovent, les besoins des clients changent. Ce qui fonctionnait il y a deux ans peut ne plus être pertinent aujourd’hui. C’est pourquoi la recherche du PMF est avant tout un état d’esprit, une culture d’entreprise. Il faut adopter ce que j’appelle un ‘mindset de Test and Learn’. C’est une démarche d’humilité et de curiosité constante, où l’on part du principe que nos certitudes sont des hypothèses à vérifier. Cet état d’esprit s’oppose frontalement au biais de confirmation, ce piège dans lequel tombent tant d’entrepreneurs persuadés de détenir la vérité. Ils tombent amoureux de leur solution avant de tomber amoureux du problème de leurs clients.

Adopter ce mindset signifie accepter de se confronter à la réalité, même si elle est inconfortable. Cela veut dire privilégier les données aux opinions, les conversations clients aux brainstormings en interne. C’est une remise en question perpétuelle. Par exemple, avec mon jeu Mimetics, nous aurions pu nous arrêter à la première version qui plaisait à nos amis. Mais le mindset ‘Test and Learn’ nous a poussés à aller plus loin, à tester sur des cercles de plus en plus éloignés, à observer les ‘pain points’ et à itérer pendant trois ans. Cette patience et cette rigueur ont permis de lancer un produit qui n’était plus seulement notre ‘bonne idée’, mais une solution co-créée et déjà validée par une partie de son futur marché. Le PMF est donc le résultat d’un processus itératif, d’une danse entre l’entreprise et son marché, où l’écoute et l’adaptation sont les maîtres-mots.

La phase cruciale : valider votre idée AVANT le lancement

L’une des plus grandes erreurs en entrepreneuriat est de passer des mois, voire des années, à développer un produit en secret, pour ensuite le dévoiler au monde en espérant un succès immédiat. Cette approche est souvent motivée par une peur irrationnelle, celle de se faire voler son ‘idée de génie’. C’est un mythe tenace et dangereux. Comme Laurent le mentionnait, c’est une phrase qui revient sans cesse : ‘je vais pas communiquer sur mon produit parce que j’ai une idée de génie et je vais me la faire piquer’. Il faut le dire et le répéter : une idée seule ne vaut rien. Des milliers de personnes ont probablement eu la même idée que vous.

‘Tout ce qui compte, c’est la l’exécution après coup. Enfin tout le monde l’a toujours dit, mais si l’idée de génie, quelqu’un l’a déjà eu avant si c’est qu’une idée.’

La véritable valeur réside dans l’exécution, la capacité à transformer cette idée en un produit que les gens aiment et utilisent. Et pour cela, il est indispensable de confronter son concept à la réalité le plus tôt possible. La phase pré-lancement n’est pas une phase de développement secret, mais une phase d’exploration et de validation active. C’est le moment de poser les fondations de votre futur Product Market Fit.

De l’étude de marché à la co-construction

La première étape, souvent perçue comme rébarbative, reste fondamentale : l’étude de marché. Oubliez les business plans de 50 pages qui finiront dans un tiroir. Il s’agit ici d’une démarche pragmatique pour cartographier votre environnement. Est-ce que des produits similaires existent déjà ? Suis-je dans un ‘océan bleu’, avec peu de concurrence, ou un ‘océan rouge’, un marché saturé ? Mais l’analyse ne doit pas s’arrêter là. Un point essentiel est d’évaluer la ‘maturité concurrentielle’. Parfois, des concurrents existent, mais ils sont peu visibles, leur marketing est daté, leur produit n’évolue plus. C’est une opportunité ! Cela signifie que vous pouvez vous lancer et aller ‘plus vite, plus fort qu’eux’.

Une fois le terrain balisé, vient l’étape la plus importante : la co-construction. N’attendez pas d’avoir un produit fini pour parler à vos futurs clients. Au contraire, impliquez-les dès le début. Aujourd’hui, des outils comme LinkedIn sont extraordinairement puissants pour cela. Vous voulez lancer un logiciel RH ? Contactez des dizaines de responsables RH. Ne leur vendez rien. Proposez-leur un échange de 15 minutes pour avoir leur avis d’expert sur un problème que vous cherchez à résoudre. Demandez-leur comment ils gèrent ce problème aujourd’hui, ce qui les frustre, ce dont ils rêveraient. En faisant cela, non seulement vous affinerez votre produit pour qu’il réponde à un besoin réel, mais vous créerez aussi une communauté d’ambassadeurs avant même votre lancement. Ces personnes, se sentant écoutées et impliquées, seront vos premiers clients et vos meilleurs VRP.

Le prototypage intelligent : l’exemple concret de Mimetics

Parler à ses futurs clients est une chose, leur faire ‘toucher’ le produit en est une autre. Le prototypage est une étape clé pour transformer des concepts abstraits en expériences concrètes. Mais attention, qui dit prototype ne dit pas forcément développement coûteux ou produit quasi-fini. L’objectif est de créer la version la plus simple possible de votre produit qui permette de tester votre hypothèse principale. Pour Mimetics, notre jeu de société, nous n’avons pas commencé par imprimer des milliers de boîtes.

‘On en avait fait un peu des prototypes mais sans se lancer dans un prototype énorme, sur des petits papiers, on a fait jouer des gens, mais pendant 3 ans avant de se lancer vraiment.’

Cette approche ‘low-cost’ nous a permis d’apprendre énormément. Nous avons observé les réactions en direct, les moments de rire, mais aussi les points de friction. Un apprentissage majeur a été de constater que les joueurs tournaient toujours autour des mêmes expressions. Ce ‘pain point’ nous a directement conduits à une fonctionnalité essentielle du jeu final : les cartes avec des expressions imposées. ‘Il faut qu’en fait on leur donne des cartes avec des expressions sinon ils vont toujours mimer avoir les yeux plus gros que le ventre’. Sans cette phase de test avec des ‘petits papiers’, nous serions peut-être passés à côté de cet élément crucial. Au moment du lancement officiel, le produit n’était plus une simple intuition, il avait été façonné et validé par des dizaines de sessions de jeu. Nous étions presque sûrs de trouver notre marché, car nous l’avions déjà co-créé avec notre cible.

Après avoir méticuleusement préparé le terrain en amont du lancement, en dialoguant, en testant et en co-construisant, le grand jour arrive enfin. Le produit est sur le marché. C’est ici que le véritable test commence. Beaucoup d’entrepreneurs pensent que le plus dur est fait, alors qu’en réalité, la quête du Product Market Fit entre dans sa phase la plus intense et la plus révélatrice. Il ne s’agit plus de sonder des intentions, mais d’analyser des comportements réels. Les premières ventes arrivent, c’est une étape grisante, mais elle soulève une question fondamentale : pourquoi ces gens achètent-ils ? Et surtout, reviendront-ils ? C’est maintenant qu’il faut redoubler d’efforts pour écouter les signaux, qu’ils soient forts ou faibles, afin de comprendre la véritable adéquation entre votre offre et les attentes du marché.

L’art d’écouter le marché APRÈS le lancement

Une fois le produit lancé, l’entrepreneur est confronté à son plus grand ennemi : lui-même. Le biais de confirmation nous pousse à ne voir que ce qui valide nos croyances. On célèbre les premiers succès en ignorant les signaux d’alerte. Comme le soulignait Laurent, ‘en tant qu’entrepreneur souvent on se voile un peu la face. Son produit, c’est le meilleur avant même d’avoir questionné ses clients’. On s’imagine que telle fonctionnalité va ‘cartonner’, alors qu’elle ne servira à personne. Pour briser ce cycle, il n’y a qu’une seule solution : sortir de sa bulle et se confronter à la réalité du terrain. L’après-lancement est une phase d’écoute active et radicale. Il faut traquer la vérité, même si elle est difficile à entendre. C’est en analysant les comportements des premiers utilisateurs que l’on découvre si notre produit a réellement trouvé sa place.

Des premiers cercles à la conquête de l’inconnu

La trajectoire des premières ventes suit souvent un schéma bien précis, que l’on peut décomposer en trois cercles. Le ‘cercle 1’, ce sont vos amis, votre famille. Ils achètent pour vous soutenir. C’est encourageant, mais ce n’est pas un indicateur de marché. Le ‘cercle 2’, ce sont les amis de vos amis, les connexions de votre premier cercle. C’est un peu mieux, mais l’achat est encore teinté d’un lien personnel. Le véritable test, c’est le ‘cercle 3’.

‘Le cercle 3 où il y a vraiment plus personne avec qui on a des liens et qui achètent vraiment le produit pour le produit.’

Atteindre ce cercle est la première preuve tangible d’un début de PMF. Ce sont des inconnus qui, sans vous connaître, ont décidé de dépenser leur argent pour votre solution. C’est à ce moment précis que le travail d’investigation doit commencer. Il faut comprendre le ‘pourquoi’ derrière chaque achat de ce troisième cercle. Qu’est-ce qui les a convaincus ? Quel problème votre produit a-t-il résolu pour eux ?

Parler à ses clients : une peur à surmonter pour trouver de l’or

Étonnamment, de nombreux fondateurs hésitent à franchir le pas le plus simple et le plus puissant : parler à leurs clients. ‘Je me rends compte souvent nous chez nos clients que les gens en fait ils ont presque peur de parler à leurs clients souvent’. Cette peur peut venir de l’appréhension de recevoir des critiques négatives ou simplement du sentiment de ne pas vouloir ‘déranger’. C’est une erreur monumentale. Vos premiers clients du cercle 3 sont une mine d’or d’informations. Il faut mettre en place des systèmes pour systématiser ce dialogue. Le plus simple et le plus direct ? Les appeler. Un simple coup de fil de 10 minutes peut vous en apprendre plus que des semaines d’analyse de données. D’autres méthodes incluent des questionnaires de satisfaction par email, la création d’une communauté (un groupe Slack, Facebook…), ou l’organisation de rencontres physiques. L’objectif est double : comprendre le déclencheur du premier achat, puis, plus important encore, comprendre ce qui les fera racheter. La fidélité est le signe le plus fort du Product Market Fit.

‘Pourquoi ils rachètent ? Parce que c’est surtout ça qu’on veut savoir, pourquoi ils deviennent fidèles à un produit ou un service ?’

Analyser les avis : entre signaux forts et bruit statistique

Les avis en ligne sont une source de feedback instantanée et précieuse. Ils agissent comme un baromètre de la satisfaction client. Il faut être ‘très très regardant sur les avis’. Cependant, leur analyse demande du discernement. Une erreur commune est de surréagir à chaque commentaire. Un seul avis dithyrambique ne signifie pas que vous avez conquis le monde, et un seul avis destructeur ne signifie pas que votre produit est un échec. Il y a toujours un ‘sujet de la représentativité’. Il faut apprendre à distinguer le signal du bruit. Un client mécontent dans une équipe de Customer Success peut faire beaucoup de bruit, mais s’il est ‘un sur 1000’, il n’est peut-être pas représentatif d’un problème de fond. La clé est de chercher des schémas récurrents. Si plusieurs clients, de manière indépendante, soulignent le même point fort ou le même point faible, alors vous tenez un véritable insight. Il faut aussi se méfier des surprises. Parfois, le marché adopte votre produit pour une raison que vous n’aviez absolument pas anticipée. Pour Mimetics, nous avons découvert que notre cible principale n’était pas forcément notre entourage, ‘mais des mamans de 50 ans et plus qui achetaient parce qu’elles voulaient créer de l’unité dans leur famille’. C’est ce genre de découverte, issue de l’écoute du marché, qui permet d’ajuster sa stratégie marketing et de consolider son PMF.

Une fois que vous avez collecté ces précieux retours, ces avis, ces verbatims clients, que faire ? Les laisser dans un tableur serait une occasion manquée. Ces informations sont le carburant de votre moteur d’optimisation. C’est ici qu’intervient la méthodologie ‘Test and Learn’, une approche structurée pour transformer les hypothèses issues du feedback client en actions concrètes et mesurables. Il ne s’agit plus de deviner ce qui pourrait fonctionner, mais de tester systématiquement différentes approches pour identifier celles qui résonnent le mieux avec votre marché. Cette démarche transforme l’intuition en science et l’optimisation en un processus continu.

Le ‘Test and Learn’ : votre boussole pour l’optimisation continue

Le ‘Test and Learn’ est bien plus qu’une simple technique, c’est une philosophie. C’est l’application rigoureuse de la méthode scientifique au marketing et au développement de produits. Le principe est simple : chaque idée, chaque changement, chaque nouvelle campagne est traitée comme une hypothèse qui doit être validée par des données. Cette approche est particulièrement puissante dans l’univers digital où tout est mesurable, mais elle s’applique à de nombreux domaines. Elle permet de sortir des débats d’opinion stériles en interne pour laisser le marché trancher. Plutôt que de se demander ‘Quelle est la meilleure couleur pour ce bouton ?’, on teste plusieurs couleurs et on analyse les résultats. C’est une culture de l’expérimentation qui favorise l’apprentissage rapide et la prise de décision éclairée. Pour qu’elle soit efficace, elle doit cependant reposer sur des bases solides : des tests bien construits et une analyse objective des résultats.

Les fondations d’un test réussi : significativité et documentation

Le plus grand piège du ‘Test and Learn’ est de tirer des conclusions hâtives à partir de tests mal conçus. On entend trop souvent : ‘Ah non mais ça j’ai essayé, ça marche pas’. La question est : comment avez-vous essayé ? Un test n’est valable que s’il est significatif. Cela implique plusieurs choses. D’abord, un volume suffisant. Tester une publicité sur 100 personnes ne vous donnera aucune information fiable. Il faut un volume de données assez important pour lisser les aléas statistiques. Ensuite, la comparabilité. Si vous testez deux publicités, assurez-vous qu’elles tournent sur la même période, avec le même budget et les mêmes ciblages, pour que la seule variable soit la publicité elle-même. Enfin, et c’est un point souvent négligé par les petites structures, il faut documenter ses tests.

‘Il faut prendre je pense le pli de documenter avant de tester pour voir si notre test il est valable et surtout pour se souvenir de ce qu’on avait testé.’

Créez un simple fichier où vous notez : l’hypothèse, la période du test, les variables, le budget, les résultats et les apprentissages. Cela vous force à structurer votre pensée et crée une base de connaissances inestimable pour l’avenir.

Le testing multi-axes : au-delà de l’A/B test classique

Le ‘Test and Learn’ va bien au-delà du simple A/B testing qui consiste à comparer une version A à une version B. Il s’agit d’une approche multidimensionnelle. Imaginez que vous lancez des publicités pour un produit. Vous n’allez pas tester un seul élément à la fois. Vous allez tester simultanément plusieurs axes. D’abord, les audiences : ‘Est-ce que c’est plutôt la femme de 50 ans, la femme de 35 etc ?’. Ensuite, face à ces cibles, vous allez tester différents bénéfices ou angles marketing : ‘Est-ce que c’est plus pour […] l’intergénérationnel ou plus pour se marrer en soirée ?’. Enfin, pour chaque combinaison cible/message, vous pouvez tester différents formats publicitaires (vidéo, image, carrousel…). C’est cette exploration sur plusieurs dimensions qui permet de découvrir rapidement les poches de performance. C’est une démarche ‘exploratoire’, qui cherche à cartographier le terrain des possibles avant de se concentrer sur l’optimisation fine.

Un exemple concret : valider un produit qui n’existe pas encore

La puissance du ‘Test and Learn’ est telle qu’on peut même l’utiliser pour valider l’intérêt pour un produit qui n’a pas encore été créé. C’est une méthode que nous utilisons souvent pour des grands groupes dans leurs départements innovation. Le processus est fascinant. On crée une ‘fausse marque’ avec une landing page qui présente le futur produit de manière très convaincante. Ensuite, on lance des campagnes publicitaires ciblées, avec différents messages et visuels, qui redirigent vers cette page. Sur la page, on est transparent : le produit est en cours de développement. Les visiteurs intéressés peuvent laisser leur email pour être prévenus du lancement ou répondre à un questionnaire.

‘On regarde si elle […] serait intéressé par ce produit, oui non, pourquoi et cetera. Donc après on on retourne presque dans du sondage.’

Cette technique fournit une mine d’informations. Non seulement on mesure l’intérêt réel pour le concept (taux de clics, taux d’inscription), mais on peut aussi identifier quel message et quel packaging fonctionnent le mieux. Et surtout, on obtient une première estimation du coût d’acquisition par prospect, une donnée cruciale pour construire un business plan réaliste.

Conclusion : le Product Market Fit, un dialogue permanent

Au terme de cette exploration, une vérité s’impose : le Product Market Fit n’est ni un coup de chance, ni une formule magique. C’est le résultat d’un processus rigoureux, d’un état d’esprit curieux et d’un dialogue constant avec son marché. Nous avons vu que cette quête commence bien avant le lancement, par une phase de co-construction et de prototypage qui transforme une simple idée en une solution désirée. Elle se poursuit intensément après le lancement, à travers une écoute obsessionnelle des premiers clients pour comprendre non seulement l’acte d’achat, mais surtout les raisons de la fidélité.

La méthodologie ‘Test and Learn’ s’est révélée être la boussole indispensable pour naviguer dans cet océan d’incertitudes. En testant de manière structurée et multidimensionnelle, en documentant chaque apprentissage, nous transformons les opinions en certitudes et le hasard en stratégie. Que vous soyez à la tête d’une PME, d’une startup ou d’un projet personnel, ces principes sont universels. Arrêtez de supposer ce que vos clients veulent. Osez leur parler, confrontez vos idées à la réalité, testez, mesurez, apprenez, et recommencez. Le Product Market Fit est à ce prix. Ce n’est pas une destination finale, mais un voyage passionnant d’alignement continu. Lancez-vous dans ce dialogue avec votre marché ; les réponses que vous y trouverez sont la clé de votre croissance durable.

FAQ : Vos questions sur le Product Market Fit

1. Quelle est la définition la plus simple du Product Market Fit ?

La définition la plus simple du Product Market Fit est le moment où votre produit répond parfaitement aux besoins d’un marché bien identifié. Concrètement, cela signifie que vous avez créé une solution que les clients non seulement achètent, mais recommandent activement. C’est le passage d’un modèle où vous devez ‘pousser’ votre produit vers les clients à un modèle où le marché ‘tire’ votre produit, créant une demande organique. C’est le signal que vous pouvez commencer à investir sereinement dans l’accélération et le marketing à grande échelle, car vous savez que votre offre est validée.

‘Notre définition chez Spag du Product Market Fit, c’est plutôt d’essayer d’être sûr que l’on a le bon produit, que le produit a trouvé son marché et surtout qu’en fait au moment où on veut accélérer et faire du marketing digital justement, et ben on a un peu tous les voyants qui sont au vert.’

2. Comment valider une idée de produit avant de dépenser un budget conséquent ?

Pour valider une idée sans engager de frais importants, la clé est la co-construction et le prototypage ‘low-cost’. Commencez par parler à votre cible potentielle, par exemple via LinkedIn, pour comprendre ses problèmes et valider l’intérêt pour votre solution. Ensuite, créez un prototype très simple, qui peut être de simples maquettes ou, comme dans mon cas pour le jeu Mimetics, des ‘petits papiers’. L’objectif n’est pas d’avoir un produit parfait, mais de tester le concept de base et de recueillir des retours directs. Cette phase itérative permet d’affiner le produit à moindre coût en se basant sur des feedbacks réels plutôt que sur des suppositions.

‘On en avait fait un peu des prototypes mais sans se lancer dans un prototype énorme, sur des petits papiers, on a fait jouer des gens, mais pendant 3 ans avant de se lancer vraiment […] ça nous a aidé un peu à affiner.’

3. Pourquoi les entrepreneurs ont-ils souvent peur de parler à leurs clients ?

Cette peur est fréquente et souvent irrationnelle. Elle peut provenir de plusieurs sources : la peur de recevoir des critiques négatives sur un produit qu’ils considèrent comme leur ‘bébé’, la peur de déranger les clients, ou encore une forme de biais de confirmation où l’on préfère rester dans ses certitudes plutôt que de les confronter à la réalité. Pourtant, surmonter cette appréhension est absolument crucial. Les premiers clients sont une source d’informations inestimable pour comprendre les vraies raisons de l’achat et les points à améliorer. Ne pas leur parler, c’est naviguer à l’aveugle.

‘Je me rends compte souvent nous chez nos clients que les gens en fait ils ont presque peur de parler à leurs clients souvent. Donc ils oublient de faire le basique de ben les appeler, essayer d’être proche d’eux, d’essayer de comprendre qu’est-ce qui les a fait passer à l’acte ?’

4. Qu’est-ce que la méthodologie ‘Test and Learn’ concrètement ?

Le ‘Test and Learn’ est une approche systématique qui consiste à traiter chaque action marketing ou produit comme une expérience scientifique. Plutôt que de se baser sur l’intuition, on formule une hypothèse (ex: ‘Ce message publicitaire sera plus efficace auprès des femmes de 50 ans’), on met en place un test pour la vérifier (ex: une campagne A/B test), on mesure les résultats de manière rigoureuse, et on tire des apprentissages. C’est une démarche multidimensionnelle où l’on teste simultanément les cibles, les messages, les visuels, etc., pour optimiser en continu et prendre des décisions basées sur des données probantes.

‘Le principe du Test and learn, c’est du multi multi-axe. On va tester des audiences, des cibles. Est-ce que c’est plutôt la femme de 50 ans, la femme de 35 etc ? Face à ces cibles, les bénéfices, ouais, les axes marketing […] et puis suite à ça est-ce qu’il y a des formats publicitaires qui marchent mieux ?’

5. Comment savoir si un test marketing est statistiquement valable ?

Pour qu’un test soit valable, il doit être ‘significatif’. Cela repose sur deux piliers principaux : le volume et la comparabilité. Le volume signifie que vous devez avoir suffisamment de données (impressions, clics, conversions) pour que les résultats ne soient pas dus au hasard. Un test sur un trop petit échantillon n’a aucune valeur. La comparabilité signifie que vous ne devez changer qu’une seule variable à la fois (ou tester des combinaisons de manière structurée) dans des conditions identiques (même période, même budget, etc.). Trop souvent, des conclusions sont tirées de tests qui n’ont pas été menés dans de ‘bonnes conditions’.

‘Il faut essayer dans des bonnes conditions. Donc ça c’est le premier point […] et puis après c’est qu’est-ce qu’on cible à quel moment et est-ce qu’on peut comparer ? Il y a le sujet d’être capable de comparer dans la méthodo.’

6. Un avis client négatif doit-il tout remettre en question ?

Pas nécessairement. Il est essentiel d’analyser les avis avec du recul et de ne pas surréagir à un seul retour négatif. La clé est la notion de ‘représentativité’. Un seul client mécontent sur des milliers n’est pas forcément le signe d’un problème de fond. Il faut chercher les schémas récurrents. Si plusieurs clients, de manière indépendante, pointent du doigt le même problème, alors il s’agit d’un signal fort qu’il faut prendre en compte. Un avis négatif est aussi une opportunité d’apprendre et de s’améliorer, mais il ne doit pas être considéré comme une vérité absolue s’il reste un cas isolé.

‘Faut pas non plus prendre tous les avis négatifs comme voilà, c’est pas parce qu’il y a un client qui dit que c’est vraiment nul qu’il est représentatif. Il y a un peu ce sujet de la représentativité.’

7. Est-ce que ces méthodes de validation sont accessibles aux petites entreprises ?

Absolument. En réalité, elles sont même plus cruciales pour les petites entreprises qui n’ont pas le droit à l’erreur. Les grands groupes font appel à des agences pour le faire, mais un entrepreneur seul ou une petite équipe peut tout à fait appliquer ces principes. Lancer des publicités avec de petits budgets sur les réseaux sociaux pour tester différents messages, écrire plusieurs types d’articles de blog pour voir ce qui génère du trafic, ou simplement appeler ses premiers clients, sont des actions accessibles. L’important n’est pas le montant du budget, mais la rigueur de la démarche, et notamment le fait de documenter ses tests pour capitaliser sur les apprentissages.

‘Ce qu’il faut faire attention dans les petits projets, souvent nous ce qu’on voit, c’est que les gens ont l’impression d’avoir testé et en fait pas correctement […] il faut prendre je pense le pli de documenter avant de tester pour voir si notre test il est valable.’

8. Faut-il avoir peur de se faire voler son idée si on en parle trop tôt ?

C’est l’une des plus grandes craintes des entrepreneurs, mais elle est largement infondée. Une idée en soi n’a que très peu de valeur. Ce qui crée le succès, c’est la qualité de l’exécution : le développement du produit, la stratégie marketing, le service client, la capacité à s’adapter… En gardant votre idée secrète, vous vous privez de l’atout le plus précieux : le feedback précoce de votre marché. Le risque de construire un produit dont personne ne veut est infiniment plus grand que le risque de se faire copier. Il faut donc oser parler de son projet pour le co-construire avec ses futurs clients.

‘Ah ça, je suis pas du tout d’accord […] tout ce qui compte, c’est la l’exécution après coup. Enfin tout le monde l’a toujours dit, mais si l’idée de génie, quelqu’un l’a déjà eu avant si c’est qu’une idée. Donc en fait, c’est il faut que si c’est un très bon produit, il faut qu’il soit développé.’


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