L’inbound marketing est mort, vive l’inbound marketing !
L’inbound marketing. Ces deux mots résonnent dans l’univers du digital depuis plus d’une décennie. Pour beaucoup, ils évoquent une promesse : celle d’arrêter de courir après les clients pour enfin les attirer à soi. Une promesse de croissance durable, basée sur la confiance et la valeur. Pendant des années, cette approche s’est imposée comme un pilier incontournable, particulièrement en B2B, générant des résultats tangibles et structurant des départements marketing entiers. Mais un murmure grandissant se fait entendre. Un sentiment de lassitude. L’internaute, qu’il soit professionnel ou particulier, est devenu plus averti, plus méfiant face aux tunnels de vente trop bien huilés et à l’automatisation parfois déshumanisante.
Cette perception changeante soulève une question fondamentale : quel est l’avenir de l’inbound marketing ? Est-il condamné à devenir une caricature de lui-même, une simple machine à leads sans âme ? Ou peut-il se réinventer pour répondre aux nouvelles exigences d’un public sur-sollicité ? C’est une problématique que je rencontre tous les jours chez HubSpot, où je travaille depuis 2015. J’ai vu cette discipline naître, grandir, et aujourd’hui, se transformer radicalement. Ce qui fonctionnait hier ne fonctionne plus aujourd’hui, et ce qui fonctionnera demain se construit sous nos yeux.
Dans cet article, nous allons plonger au cœur de cette transformation. Nous n’allons pas seulement redéfinir ce qu’est l’inbound marketing en 2024, mais nous allons surtout explorer comment le faire vivre et prospérer. Nous verrons pourquoi les stratégies d’hier sont obsolètes, comment adapter cette philosophie puissante au monde du B2C, et quelles sont les nouvelles frontières technologiques – de l’intelligence artificielle à la vidéo – qui redessinent les contours de l’attraction client. L’objectif n’est pas de vous donner une recette miracle, mais de vous équiper d’une nouvelle grille de lecture et de pistes d’action concrètes pour que votre stratégie inbound ne soit pas une relique du passé, mais un moteur de croissance pour l’avenir.
Redéfinir l’inbound marketing : bien plus qu’une simple technique
Avant de parler d’avenir, il est essentiel de revenir aux fondamentaux. Trop souvent, l’inbound marketing est réduit à une checklist d’actions : écrire des articles de blog, créer des ebooks, envoyer des newsletters. Si ces éléments en font partie, ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le véritable inbound est d’abord une philosophie, une manière radicalement différente d’envisager la relation avec son audience. C’est un changement de posture : on ne pousse plus, on attire.
Une philosophie avant tout : de l’interruption à la permission
La distinction la plus simple et la plus puissante reste celle avec son opposé, l’outbound marketing. L’outbound, c’est le marketing de l’interruption : le spot TV qui coupe votre film, l’appel à froid qui dérange votre journée, la publicité qui s’impose sur votre écran. L’inbound, c’est l’inverse. Comme je le dis souvent, l’inbound marketing,
‘ça va être une méthodologie qui va vous permettre tout simplement d’amener directement les clients potentiels vers vous, plutôt que de vous contenter à faire de l’outbound marketing, c’est-à-dire promouvoir vos produits, vos services directement auprès d’eux sans nécessairement que ça soit leur volonté.’
Cette approche part d’un constat simple : aujourd’hui, le pouvoir a changé de mains. Le consommateur contrôle son parcours d’achat. Il se renseigne, compare, se forge une opinion bien avant de contacter une entreprise. Tenter de lui forcer la main est non seulement inefficace, mais aussi contre-productif. La seule stratégie viable est de se positionner comme une ressource de confiance, une aide précieuse sur son chemin. L’objectif n’est plus de vendre à tout prix, mais d’éduquer, d’informer et de conseiller. En apportant de la valeur de manière désintéressée, vous créez un capital confiance qui devient votre plus grand atout commercial.
La méthodologie ‘Attirer, Interagir, Fidéliser’ décortiquée
Cette philosophie se traduit par une méthodologie structurée, un cercle vertueux qui alimente la croissance. On la décompose souvent en trois grandes étapes, qui vont bien au-delà du simple marketing.
1. Attirer : C’est la phase la plus connue. Il s’agit de créer du contenu pertinent qui répond aux questions et aux problématiques de vos clients idéaux (vos personas). L’idée est d’être présent là où ils cherchent des solutions. Les outils sont variés : ‘des articles de blog, vous allez peut-être mettre en place des offres de contenu, vous allez le mettre sur vos pages sur les réseaux sociaux pour que vous puissiez apporter de la valeur à vos prospects’. L’enjeu n’est pas d’attirer tout le monde, mais d’attirer les bonnes personnes, celles pour qui votre offre a réellement du sens. C’est ici que le SEO (référencement naturel) et une stratégie de contenu ciblée jouent un rôle capital.
2. Interagir : Une fois que vous avez attiré un visiteur, l’objectif est d’engager une conversation et de construire une relation. C’est là que l’inbound dépasse le simple cadre du marketing pour toucher au commercial. Il s’agit de fournir les bonnes informations au bon moment, de manière personnalisée. Cela peut passer par des chatbots intelligents, des formulaires, des emails automatisés qui nourrissent la réflexion du prospect, ou encore des appels de découverte menés par des commerciaux qui agissent en conseillers plutôt qu’en vendeurs. C’est une phase d’écoute et de qualification.
3. Fidéliser (ou ‘Delight’ en anglais) : C’est peut-être l’étape la plus sous-estimée, et pourtant la plus cruciale. L’inbound ne s’arrête pas à la signature du contrat. La véritable valeur se crée en transformant un client satisfait en un ambassadeur enthousiaste. Cela implique un service client exceptionnel, un suivi proactif, et la fourniture continue de valeur. Des ‘enquêtes de satisfaction’ ou des contenus exclusifs pour les clients permettent de ‘s’assurer qu’ils sont ravis et qu’ils vont promouvoir votre marque’. Un client fidèle non seulement rachète, mais il devient aussi votre meilleur commercial, générant un bouche-à-oreille puissant qui alimente à nouveau la phase ‘Attirer’. C’est ce cercle vertueux qui fait de l’inbound un véritable moteur de croissance durable.
L’inbound n’est plus réservé au B2B : comment conquérir le cœur du B2C
Pendant longtemps, une idée reçue a circulé : l’inbound marketing serait l’apanage des entreprises B2B, avec leurs cycles de vente longs, leurs produits complexes et leur besoin criant d’éducation. Le B2C, plus impulsif, plus émotionnel, semblait être le terrain de jeu de la publicité de masse et des promotions agressives. Pourtant, cette vision est aujourd’hui complètement dépassée. Le comportement du consommateur a changé de manière si profonde que l’inbound est devenu non seulement pertinent, mais souvent indispensable pour les marques B2C qui veulent construire une relation durable avec leur audience.
Pourquoi l’inbound B2C est une évidence aujourd’hui
Le point de départ est une statistique que j’aime souvent rappeler : ‘on a 83 % des consommateurs qui font des recherches en ligne avant justement d’opter pour l’achat d’un produit’. Ce chiffre dit tout. Que vous achetiez un logiciel de comptabilité ou une nouvelle paire de baskets, le réflexe est le même : Google, les avis clients, les comparatifs, les tutoriels sur YouTube, les recommandations sur les réseaux sociaux. Le parcours d’achat du consommateur B2C s’est complexifié, il est devenu réfléchi et autonome. Ignorer cette phase de recherche, c’est laisser le champ libre à ses concurrents. Une marque B2C qui pratique l’inbound ne se contente pas de dire ‘Achetez mon produit’, elle dit ‘Voici comment choisir le produit qui vous convient le mieux, voici comment l’utiliser, voici comment il va améliorer votre quotidien’. Elle se positionne comme un guide expert et bienveillant, créant un lien bien plus fort qu’une simple transaction.
Adapter la stratégie : de la résolution de problème à la connexion émotionnelle
Si la philosophie de base reste la même (attirer au lieu d’interrompre), l’exécution doit être subtilement adaptée. La grande différence réside dans le levier principal de la décision. En B2B, on se concentre sur l’efficacité, le retour sur investissement, la résolution d’un problème tangible. C’est ‘l’apport de la valeur sur le produit et comment est-ce qu’il va résoudre les problèmes de votre client’. En B2C, si la résolution de problème existe, l’émotion et l’identité jouent un rôle prépondérant. La stratégie inbound doit donc viser la ‘mise en valeur de votre marque et ce qu’elle va pouvoir représenter pour votre client d’un point de vue émotionnel’.
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Pour une marque de cosmétiques, au lieu de simplement lister les ingrédients d’une crème, une stratégie inbound B2C consistera à créer des tutoriels vidéo sur les routines de soin, des articles de blog sur les bienfaits de tel ingrédient pour la confiance en soi, ou encore à collaborer avec des influenceurs qui partagent les mêmes valeurs que la marque. Pour une entreprise de voyages, ce sera de produire des guides de destination inspirants, des conseils pour voyager de manière responsable, ou des interviews de voyageurs passionnés. Le contenu devient un moyen de partager un univers, un style de vie, des valeurs, bien avant de parler du produit lui-même.
Les canaux et formats B2C privilégiés
L’inbound B2C s’appuie énormément sur des canaux où l’engagement visuel et communautaire est fort. ‘Les réseaux sociaux’, ‘un référencement’ et ‘un marketing par email’ sont probablement les techniques les plus utilisées. Mais il faut aller plus loin. Pensez aux formats qui créent une connexion : les stories Instagram qui montrent les coulisses de la marque, les vidéos TikTok qui surfent sur les tendances avec humour, les tableaux Pinterest qui inspirent des projets de vie, les newsletters qui ne sont pas des catalogues de promotions mais des lettres d’information hebdomadaires pleines de conseils et de coups de cœur. L’enjeu est de créer des contenus qui sont non seulement utiles mais aussi divertissants et partageables, pour que la communauté devienne elle-même un vecteur de diffusion de votre message.
Le tournant : pourquoi l’inbound de 2015 est aujourd’hui obsolète
C’est peut-être le point le plus important à comprendre. L’inbound marketing n’est pas une discipline figée. Je le vois tous les jours : ‘si aujourd’hui on fait du marketing de la même manière qu’on le faisait en 2015, je pense que ça va pas nécessairement fonctionner’. Le paysage digital a été complètement bouleversé en moins d’une décennie. Les règles du jeu ont changé, les audiences ont mûri et les plateformes ont évolué. S’accrocher aux vieilles recettes n’est pas une stratégie, c’est une garantie d’échec. Plusieurs facteurs expliquent cette obsolescence.
La bataille du SEO : de l’eldorado à la guerre de tranchées
Le premier pilier historique de l’inbound, le référencement naturel, a subi une transformation radicale. Il y a quelques années, la compétition était moins rude. ‘Il y a 6 ans, 7 ans, il y a 5 ans… un article de blog, il pouvait être facilement référencé quel que soit le thème et surtout vous pouviez rapidement le mettre en première position’. C’était l’époque où publier régulièrement sur un mot-clé suffisait souvent à s’assurer une bonne visibilité. Aujourd’hui, c’est une tout autre histoire. Google est devenu infiniment plus intelligent, privilégiant la qualité, la pertinence thématique (les ‘topic clusters’) et l’expérience utilisateur (E-A-T : Expertise, Authoritativeness, Trustworthiness). Le volume de contenu publié a explosé, rendant chaque place en première page extrêmement disputée. Se contenter de produire des articles de 800 mots ne suffit plus. Il faut désormais viser l’excellence, créer des contenus piliers exhaustifs, et penser sa stratégie SEO de manière globale et sur le long terme.
La chute de la portée organique sur les réseaux sociaux
Le deuxième pilier, la diffusion via les réseaux sociaux, a également été dynamité. Les plateformes comme Facebook ou LinkedIn ont drastiquement réduit la visibilité naturelle des publications des pages entreprise. Pourquoi ? La raison est purement économique. ‘LinkedIn, Facebook et tous les autres réseaux sociaux, ils ont réduit la portée de nos messages sur leur plateforme… ils ont très bien compris qui était plus intéressant pour eux de vendre des contenus sponsorisés’. Ce qui était un canal de diffusion quasi gratuit est devenu un modèle ‘pay-to-play’. Publier un lien vers son dernier article de blog sur sa page Facebook et espérer un flot de trafic est une illusion. Aujourd’hui, pour toucher son audience, il faut soit créer un contenu si exceptionnel qu’il devient viral (ce qui est rare), soit investir dans la publicité, soit se concentrer sur l’animation de communautés engagées (groupes, etc.) où la conversation prime sur la diffusion unilatérale.
La saturation des boîtes mail et l’inflation de la newsletter
Le troisième pilier, l’emailing, a été victime de son propre succès. La newsletter, autrefois un canal privilégié pour éduquer et maintenir le lien, a souvent été dévoyée. ‘Il y a 5 ans, une newsletter c’était possible qu’elle puisse avoir une vocation pédagogique alors qu’aujourd’hui, elle va être promotionnelle’. Le résultat est une ‘inbox fatigue’ généralisée. Nos boîtes de réception débordent de sollicitations. Par conséquent, ‘il y a de moins en moins de chance qu’elles soient ouvertes et qu’elles soient lues’. Pour qu’une newsletter survive aujourd’hui, elle doit apporter une valeur immense, être hyper-personnalisée et créer un véritable rendez-vous attendu par son lecteur. Le simple résumé des derniers articles de blog ne captive plus personne.
La lassitude du prospect : l’ère de la méfiance éclairée
Enfin, et c’est peut-être le changement le plus profond, le public lui-même a changé. Le prospect est éduqué. Il a vu des centaines de ‘tunnels de vente’ et reconnaît les ficelles du marketing. Il ‘devient aussi méfiant parce qu’il commence un petit peu à comprendre quand même que bon, il y a une finalité de vente derrière’. Cette méfiance n’est pas un rejet de l’inbound, mais un rejet de l’inbound mal fait, celui qui manque d’authenticité et dont le contenu n’est qu’un prétexte pour capturer un email. La réponse n’est pas d’abandonner le contenu, mais au contraire de le rendre encore meilleur, plus sincère et véritablement utile. Si votre contenu aide réellement votre prospect à prendre une meilleure décision, même s’il n’achète pas chez vous, vous avez gagné sa confiance. Et cette confiance est la monnaie la plus précieuse dans le marketing de demain.
L’avenir est déjà là : réinventer l’inbound avec l’IA, la vidéo et l’humain
Face à l’essoufflement des anciennes méthodes, la question n’est pas de savoir si l’inbound a encore un avenir, mais comment il doit se réinventer. La réponse se trouve dans une combinaison intelligente entre les nouvelles technologies, qui offrent des possibilités d’interaction et de personnalisation inédites, et un retour à l’essentiel : l’authenticité et la valeur humaine. Le marketing doit être repensé et abordé sous un nouvel angle, en exploitant le contenu sur tous les canaux et tous les médias de manière plus créative.
L’IA conversationnelle : le chatbot qui a (presque) de l’empathie
Les chatbots ont longtemps souffert d’une mauvaise réputation, associés à des réponses robotiques et frustrantes. Mais cette époque est révolue. L’arrivée de l’intelligence artificielle et du machine learning a transformé ces outils en de véritables assistants conversationnels. ‘Avec l’intelligence artificielle et le machine learning les chatbot et ben ils vont être de plus en plus sophistiqués’. Ils peuvent désormais comprendre des requêtes complexes, gérer des conversations nuancées, et même anticiper les besoins des utilisateurs. L’avenir, c’est ‘le chatbot qui a de l’empathie’, capable d’imiter certains aspects du comportement humain pour offrir une expérience plus fluide et agréable. Que ce soit pour recommander un produit, répondre à une question technique 24/7 ou qualifier un prospect, le chatbot alimenté par l’IA devient un point de contact essentiel dans un parcours client moderne, offrant l’instantanéité que les utilisateurs exigent. Des plateformes comme WhatsApp, qui a ouvert son API, montrent la voie vers un marketing conversationnel intégré et réactif.
La vidéo, reine incontestée du contenu engageant
Si je devais parier sur un seul format pour l’avenir, ce serait sans hésiter la vidéo. C’est tout simplement ‘l’outil à utiliser aujourd’hui’. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Une étude que nous avons menée chez HubSpot a révélé que la vidéo est le format de contenu que les consommateurs souhaitent le plus voir de la part des marques qu’ils suivent. Le bon vieux PDF téléchargeable, lui, arrive bon dernier. Pourquoi un tel plébiscite ? Parce que la vidéo est immersive, facile à consommer et crée une connexion humaine bien plus forte qu’un texte. ‘Si 90 % des clients déclarent que la vidéo peuvent les aider à prendre une décision d’achat’, il devient impératif de l’intégrer massivement dans sa stratégie. Cela ne se limite pas à des publicités. Pensez aux démonstrations de produits, aux témoignages clients, aux tutoriels, aux webinaires interactifs, ou même à l’utilisation de la vidéo dans les emails de prospection commerciale pour humaniser la relation. La vidéo n’est plus un simple format marketing, c’est un outil de communication global pour attirer des clients, recruter des talents ou former des équipes.
L’automatisation intelligente : la personnalisation à grande échelle
Le mot ‘automatisation’ a souvent été associé à la déshumanisation qui a lassé les internautes. Mais là encore, l’intelligence artificielle change la donne. ‘Le marketing automation qui va être alimenté par l’intelligence artificielle’ n’a rien à voir avec l’envoi de séquences d’emails rigides et identiques pour tous. Il s’agit d’une automatisation intelligente et adaptative. L’IA permet d’analyser en temps réel le comportement d’un utilisateur sur votre site, de comprendre ses centres d’intérêt et son niveau de maturité, pour lui proposer dynamiquement le contenu le plus pertinent. Elle peut prédire quels leads sont les plus susceptibles de devenir clients (predictive lead scoring), personnaliser des pans entiers de votre site web pour chaque visiteur, et optimiser vos campagnes en continu. C’est le moyen de délivrer enfin la promesse originelle de l’inbound : le bon message, à la bonne personne, au bon moment, mais à une échelle qu’il était impossible d’atteindre manuellement.
Les clés du succès : de la stratégie à l’exécution
Mettre en place des chatbots, produire des vidéos et utiliser l’IA, c’est bien. Mais la technologie n’est qu’un moyen. Le succès durable d’une stratégie inbound repose sur des fondations bien plus profondes : une vision claire et une exécution pragmatique. Trop d’entreprises se précipitent sur les outils en espérant des résultats magiques, pour finalement être déçues. Pour éviter cet écueil, il faut se concentrer sur deux aspects fondamentaux.
La vision avant l’outil : le piège du marketing automation sans stratégie
C’est l’erreur la plus fréquente que je constate. Une entreprise décide qu’elle ‘doit’ faire de l’inbound, achète une solution de marketing automation et se lance sans avoir défini précisément ses objectifs. ‘Il y a une erreur qui est fréquente, c’est que les entreprises qui vont se mettre dans l’inbound marketing et qui vont lancer le marketing automation avec, elles vont pas avoir une idée claire de ce qu’elles souhaitent mettre en place’. C’est la recette parfaite pour l’échec. Avant même de penser aux outils, la première étape, la clé de succès numéro un, est de ‘visualiser dans un premier temps le résultat idéal que vous souhaitez avoir’.
Que cherchez-vous à accomplir ? Générer plus de leads ? Améliorer la qualité de ces leads pour soulager votre équipe commerciale ? Augmenter le taux de conversion sur votre site ? Fidéliser vos clients actuels pour augmenter leur valeur à vie ? Chaque objectif appellera une stratégie et des tactiques différentes. Partir de la finalité permet de construire un plan d’action cohérent. ‘L’inbound marketing pour l’inbound marketing […] ne sert à rien si vous avez pas de stratégie derrière’. Prenez le temps de définir vos personas, de cartographier leur parcours d’achat, d’identifier les contenus dont ils ont besoin à chaque étape. C’est ce travail stratégique en amont qui donnera un sens et une efficacité à vos actions opérationnelles.
Ressources et compétences : faut-il tout faire en interne ?
L’inbound marketing est une discipline qui catalyse de nombreuses compétences : rédaction, SEO, community management, analyse de données, copywriting, création vidéo… La liste peut sembler intimidante. Faut-il alors disposer d’une armée d’experts en interne pour se lancer ? Pas nécessairement. L’important est d’être lucide sur ses forces et ses faiblesses. Il faut ‘se concentrer sur ce qu’ils sont capables de faire’.
La création de contenu de qualité est souvent le point le plus complexe. Si écrire n’est pas votre point fort, il est plus judicieux de se faire accompagner par des rédacteurs freelances ou une agence spécialisée. Comme je l’admets volontiers, ‘si mon job c’était d’écrire trois quatre contenus de 800 mots sur un mois, je sais pas moi personnellement je ne saurais pas trop trop faire’. En revanche, la distribution de ce contenu a été grandement simplifiée. ‘Vous prenez une plateforme quelle qu’elle soit qui va être en général conçu pour que vous puissiez mettre en automatisation toute votre création de contenu’. Les outils modernes facilitent la planification, la publication et l’analyse des performances. L’essentiel est de trouver le bon équilibre entre les compétences que vous pouvez et voulez développer en interne, et celles qu’il est plus stratégique d’externaliser pour vous concentrer sur votre cœur de métier.
Conclusion : l’inbound est une conversation, pas une campagne
Au terme de ce parcours, une certitude émerge : l’inbound marketing est loin d’être mort. Il est simplement en pleine mue, s’adaptant à un monde digital plus complexe, plus rapide et plus exigeant. Nous sommes passés de l’ère de la simple publication de contenu à l’ère de l’expérience client globale. Le fil rouge, de 2015 à aujourd’hui, reste le même : la valeur. Mais la manière de délivrer cette valeur a radicalement changé.
Les clés de l’inbound de demain ne résident plus seulement dans la maîtrise du SEO ou des réseaux sociaux, mais dans la capacité à orchestrer une conversation pertinente et personnalisée sur de multiples canaux. Cela implique d’embrasser des technologies comme l’intelligence artificielle et la vidéo, non pas comme des gadgets, mais comme des moyens de créer plus de proximité et d’efficacité. Cela demande surtout un retour à l’authenticité, en reconnaissant que derrière chaque clic se trouve un être humain en quête de solutions et de confiance.
La plus grande leçon est peut-être celle de la patience et de la persévérance. L’inbound n’a jamais été une solution miracle pour des résultats instantanés. C’est une construction, un investissement sur le long terme dans la relation avec votre audience. Alors, plutôt que de vous demander si l’inbound fonctionne encore, demandez-vous : ‘Comment puis-je être plus utile à mes clients aujourd’hui ?’. La réponse à cette question sera toujours le point de départ de la stratégie marketing la plus puissante qui soit.
Foire aux questions sur l’inbound marketing
Quelle est la principale différence entre l’inbound et l’outbound marketing ?
La différence fondamentale réside dans l’approche. L’outbound marketing est une démarche ‘push’ : l’entreprise pousse son message vers une audience large, qu’elle le veuille ou non (publicité, appels à froid). L’inbound marketing, à l’inverse, est une démarche ‘pull’. Il s’agit de créer du contenu de valeur qui attire naturellement des clients potentiels lorsqu’ils recherchent activement des solutions à leurs problèmes. L’un interrompt, l’autre aide et attire.
‘L’inbound marketing, ça va être une méthodologie qui va vous permettre tout simplement d’amener directement les clients potentiels vers vous, plutôt que de vous contenter à faire de l’outbound marketing, c’est-à-dire promouvoir vos produits, vos services directement auprès d’eux sans nécessairement que ça soit leur volonté.’
L’inbound marketing est-il vraiment efficace pour les entreprises B2C ?
Absolument. Si la méthodologie est née en B2B, elle est parfaitement adaptée au B2C, car les consommateurs modernes se renseignent énormément en ligne avant d’acheter. La clé est d’adapter l’approche. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la résolution d’un problème technique, l’inbound B2C vise à créer une connexion émotionnelle, à mettre en valeur la marque et ce qu’elle représente. Il s’agit d’éduquer, d’inspirer et de divertir via les réseaux sociaux, les blogs ou la vidéo pour construire une communauté fidèle.
‘Je pense qu’il est parfaitement logique que les entreprises aussi B2C puissent tirer partie de la méthodologie de marketing pour qu’elles puisse attirer bah leurs clients […] ça va être plutôt la mise en valeur de votre marque et ce qu’elle va pouvoir représenter pour pour votre client d’un point de vue émotionnel.’
Pourquoi les anciennes techniques d’inbound marketing ne fonctionnent-elles plus ?
Les techniques d’il y a 5 à 7 ans sont devenues obsolètes à cause d’une triple saturation. Premièrement, la compétition en SEO est devenue féroce, rendant le bon classement d’un article de blog beaucoup plus difficile. Deuxièmement, les réseaux sociaux ont drastiquement réduit la portée organique des publications pour favoriser les contenus payants. Enfin, les boîtes mail sont inondées de newsletters, souvent plus promotionnelles que pédagogiques, ce qui a entraîné une baisse massive des taux d’ouverture et de lecture. Le paysage digital est simplement plus encombré et compétitif.
‘Faire du de marketing de la même manière qu’on l’a fait sur les 5 dernières années, ça ne peut plus tout à fait marcher.’
Quel est le rôle de la vidéo dans une stratégie inbound moderne ?
La vidéo est devenue le format de contenu central et le plus performant. Elle est plébiscitée par les consommateurs car elle est engageante, facile à consommer et aide concrètement à la prise de décision. Une étude a montré que 90% des clients trouvent que la vidéo les aide à se décider avant un achat. Dans une stratégie inbound, elle peut remplacer les anciens formats comme les PDF par des démonstrations de produits, des tutoriels ou des témoignages sur une page de destination, améliorant ainsi considérablement les taux de conversion.
‘Si 90 % des clients déclarent que la vidéo peuvent les aider à prendre une décision d’achat, et bien je pense que la vidéo ça peut être un super outil pour vous […] de la mettre en place dans une page de destination plutôt qu’à l’époque […] de mettre un une offre en PDF.’
Les chatbots sont-ils l’avenir de l’interaction client en inbound ?
Oui, les chatbots alimentés par l’intelligence artificielle sont une des évolutions majeures de l’inbound. Loin des robots basiques d’autrefois, ils sont de plus en plus sophistiqués, capables de comprendre des requêtes complexes et d’imiter des aspects du comportement humain pour offrir une assistance instantanée et personnalisée. Ils permettent de qualifier des leads, de répondre aux questions fréquentes 24/7 et d’améliorer l’expérience client. L’avenir est au chatbot ‘qui a de l’empathie’ et qui s’intègre dans des plateformes de messagerie instantanée comme WhatsApp.
‘Je pense qu’aujourd’hui avec l’intelligence artificielle et le machine learning les chatbot et ben ils vont être de plus en plus sophistiqués puis ils vont même j’ai presque envie de dire l’avenir c’est le chatbot qui a de l’empathie.’
Faut-il être un expert en tout pour réussir sa stratégie inbound ?
Non, il n’est pas nécessaire d’être un expert dans tous les domaines du marketing digital. L’essentiel est d’avoir une vision stratégique claire. Pour l’exécution, il faut être pragmatique : concentrez-vous sur ce que vous savez faire en interne. La création de contenu peut être complexe et il est souvent judicieux de la déléguer si ce n’est pas votre point fort. En revanche, la distribution et l’automatisation sont aujourd’hui grandement facilitées par des plateformes conçues pour être accessibles, même sans être un expert technique.
‘Vous avez pas besoin d’être un expert pour pour mettre en place une méthodologie inbound marketing. […] si bien sûr c’est difficile pour un marketeur de créer du contenu oui ça peut être compliqué ouais. Et dans ce cas vaudrait mieux se faire aider d’une personne qui qui sache le faire.’
Quel est le plus grand piège à éviter en marketing automation ?
Le plus grand piège est de se lancer dans le marketing automation sans avoir une stratégie claire et des objectifs définis. Beaucoup d’entreprises achètent un outil parce que c’est à la mode ou inscrit dans leur feuille de route, mais sans savoir précisément quel problème elles veulent résoudre. Le marketing automation pour le marketing automation ne sert à rien. Il doit être au service d’une vision : améliorer la qualification des leads, personnaliser le parcours client, etc. L’outil ne fait pas la stratégie, il ne fait que l’exécuter.
‘Il y a une erreur qui est fréquente, c’est que les entreprises […] vont pas avoir une idée claire de ce qu’elles souhaitent mettre en place […]. Mettre en place du marketing automation qui va vous permettre de faciliter le marketing ne sert à rien si vous avez pas de stratégie derrière.’
Combien de temps faut-il pour voir les résultats d’une stratégie inbound ?
L’inbound marketing n’est pas une solution rapide, c’est un investissement à moyen et long terme. Il faut du temps pour créer du contenu de qualité, pour que ce contenu soit référencé par les moteurs de recherche et pour construire une relation de confiance avec son audience. Il ne faut pas s’attendre à un afflux de clients après un mois. La patience est une vertu essentielle. Les résultats sont progressifs et cumulatifs : plus votre base de contenu est solide et votre autorité établie, plus les effets s’accélèrent. La régularité est la clé.
‘Vous pouvez pas tout simplement commencer à bloguer et puis ensuite dire que le marketing ça fonctionne pas parce que vous avez mis ça en place il y a un mois […]. Mais ça veut pas dire que ça va pas marcher, faut tout simplement être patient.’




