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#43 : CRM > Comment optimiser ses campagnes Emailing

Épisode diffusé le 15 juin 2020 par Bannouze : Le podcast du marketing digital !

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Introduction : L’emailing est mort, vive l’emailing intelligent !

Chaque matin, le même rituel. Vous ouvrez votre outil de campagne, le souffle court, pour découvrir les résultats de votre dernier envoi. Le taux d’ouverture stagne, les clics se font rares, et vous avez l’impression de crier dans un désert numérique. La boîte de réception de vos clients est un champ de bataille où des centaines de marques se disputent quelques secondes d’attention. Dans ce contexte hyper-concurrentiel, comment faire pour que votre message ne soit pas simplement un bruit de fond, mais une conversation attendue et pertinente ? Beaucoup ont annoncé la mort de l’emailing, mais la réalité est plus nuancée : c’est l’emailing de masse, impersonnel et non sollicité, qui est en soins palliatifs. L’emailing stratégique, lui, n’a jamais été aussi puissant.

Pour percer les secrets de cette discipline, nous avons eu la chance d’échanger avec Khadija MOUTAOUAKKIL, Senior Marketing Scientist. Loin des discours théoriques, Khadija nous plonge au cœur de la machine CRM avec une approche pragmatique et sans concession. Elle nous rappelle une vérité fondamentale : en emailing, tout est dynamique, tout est volatile, tout bouge. Ce qui fonctionnait hier est peut-être déjà obsolète aujourd’hui. Alors, comment naviguer dans cet océan de données et de variables ? Quels sont les véritables leviers de performance à actionner ?

Dans cet article complet, nous allons décortiquer avec vous, pas à pas, la méthodologie d’une experte pour transformer vos campagnes emailing en véritables machines de conversion et de fidélisation. Nous commencerons par le socle, souvent négligé mais absolument critique : la qualité de vos données. Nous décoderons ensuite l’un des termes les plus galvaudés du marketing, la délivrabilité, pour en comprendre les implications concrètes sur votre réputation. Puis, nous revisiterons les indicateurs de performance classiques pour apprendre à lire entre les lignes. Enfin, nous aborderons les trois piliers d’une stratégie gagnante et le rôle de l’automatisation pour construire une relation client personnalisée et en temps réel. Préparez-vous à remettre à plat votre stratégie CRM et à découvrir comment enfin optimiser vos campagnes emailing.

Les Fondations : Pourquoi la Qualité de votre Base de Données est votre Actif le Plus Précieux

Avant même de penser à rédiger un objet percutant ou à designer une créa innovante, la toute première question à se poser est : ‘À qui vais-je parler ?’. La réponse se trouve dans votre base de données, votre actif le plus stratégique en CRM. Une base de données n’est pas un simple fichier de contacts ; c’est un organisme vivant qui requiert une attention constante. L’ignorer, c’est construire un château sur des sables mouvants. Khadija insiste sur ce point avec force : le premier KPI à monitorer, avant même d’appuyer sur le bouton ‘envoyer’, c’est la qualité de la donnée elle-même. C’est le point de départ, le plus critique dans une stratégie CRM marketing. Sans une fondation saine, tous les efforts qui suivront seront vains, voire contre-productifs.

Au-delà de la collecte : L’obsession d’une base de données ‘clean’

La propreté de votre base n’est pas une simple tâche de maintenance, c’est une philosophie. Cela commence, bien sûr, par le respect scrupuleux des règles du jeu, notamment la conformité RGPD. Comme le souligne Khadija, il faut ‘s’assurer que les contacts qui sont adressés sont RGPD compliant’. L’opt-in n’est pas une case à cocher, c’est un contrat de confiance que vous passez avec votre contact. Mais cela va bien plus loin. Une base ‘clean’ est une base dont on retire activement les éléments nuisibles. Khadija mentionne des termes techniques qui doivent devenir votre quotidien : les NPAI (N’habite Pas à l’Adresse Indiquée) ou ‘hard bounces’, les plaintes, etc. Il s’agit d’un processus continu pour ‘assainir la base’ et faire en sorte qu’elle ‘soit la plus clean possible avant chaque sollicitation’.

Pourquoi cette obsession ? Parce qu’envoyer des emails à des adresses invalides ou à des contacts qui vous ont signalé comme spam envoie un signal désastreux aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI). C’est comme si votre facteur signalait à la Poste que vous déposez systématiquement du courrier dans des boîtes aux lettres qui n’existent plus. Très vite, la Poste vous considérera comme un expéditeur peu fiable et commencera à ralentir, voire à bloquer, l’ensemble de vos envois, même les légitimes. Chaque contact invalide est un poids mort qui tire votre réputation d’expéditeur vers le bas et augmente vos coûts d’envoi pour rien. Le nettoyage n’est donc pas une perte, mais un investissement direct dans la performance future de toutes vos campagnes.

L’engagement : Votre premier juge de paix

Une base de données peut être techniquement propre (sans adresses invalides) mais commercialement inefficace. La deuxième dimension de la qualité de la donnée, c’est l’engagement. Il est primordial de ‘s’assurer également que les contacts sont engagés’. Un contact qui n’a pas ouvert un seul de vos emails depuis six mois ou un an est-il encore intéressé par votre marque ? Continuer à le solliciter chaque semaine relève de l’acharnement et présente plusieurs risques. D’abord, vous dégradez son expérience et augmentez les chances qu’il finisse par cliquer sur le bouton ‘ceci est un spam’ par exaspération. Ensuite, vous envoyez un autre mauvais signal aux FAI, qui analysent le taux d’interaction de vos destinataires. Si une grande partie de votre base ignore systématiquement vos messages, les FAI concluront que votre contenu n’est pas pertinent et pourraient commencer à classer vos emails en onglet ‘Promotions’, ou pire, directement en spam, même pour vos contacts les plus fidèles.

Piloter l’engagement, c’est donc mettre en place des règles pour identifier les contacts inactifs et les traiter différemment. Au lieu de les inclure dans vos campagnes de masse, vous pouvez par exemple créer un parcours de réengagement spécifique. Un email du type ‘Vous nous manquez ?’ avec une offre spéciale, ou un sondage pour comprendre pourquoi ils n’interagissent plus. Si, au bout de ce parcours, le contact reste silencieux, il faut avoir le courage de le retirer de vos listes d’envoi actives. C’est contre-intuitif – pourquoi réduire la taille de sa base ? – mais c’est une action essentielle pour préserver la santé de votre programme CRM et concentrer vos efforts sur les contacts qui ont une vraie valeur pour votre entreprise.

Décoder la Délivrabilité : Bien Plus que Simplement Atteindre la Boîte de Réception

Le mot ‘délivrabilité’ est sur toutes les lèvres, mais il est souvent mal compris. On le résume à tort par : ‘Mon email est-il arrivé ?’. En réalité, c’est un concept bien plus profond qui détermine si vous avez le droit de vous exprimer dans la boîte de réception de vos contacts. Comme le dit Khadija, ‘la délivrabilité, c’est pour beaucoup un un grand fourtout mais c’est un indicateur important à surveiller’. C’est le carnet de notes de votre réputation numérique. Les FAI (Google, Microsoft, Orange…) sont devenus des gardiens extrêmement stricts, car le volume d’emails envoyés quotidiennement est astronomique. Leur mission est de protéger leurs utilisateurs du spam et du contenu non pertinent. Pour cela, ils analysent des centaines de signaux à chaque envoi. Comprendre ces signaux est la clé pour s’assurer que vos messages ont une chance d’être lus.

Le B.A.-BA : Hard Bounces vs. Soft Bounces, le diagnostic immédiat

La première couche d’analyse de la délivrabilité est la plus simple à comprendre. Lorsque vous envoyez 100 emails, que se passe-t-il ? Khadija l’explique clairement : ‘le premier [niveau de lecture] c’est j’envoie par exemple 100 emails et je regarde combien d’emails sont prises en charge par les FAI, ce qu’on appelle les reçus’. La différence entre les 100 envoyés et les ‘reçus’ constitue ce qu’on appelle les ‘bounces’, ou erreurs. Il en existe deux types :

  • Les Hard Bounces : Ce sont des erreurs définitives. L’adresse email n’existe pas ou plus. C’est un mur. ‘Les adresses email qui n’existent plus, on appelle ça des hard bounce. Donc des erreurs définitives, ce qui implique du coup de purger la base de données de ces contacts là puisque ça ne ça ne sert à rien de les adresser’, précise Khadija. Chaque hard bounce est un carton rouge. Votre plateforme CRM doit automatiquement désactiver ces contacts pour ne plus jamais leur écrire.
  • Les Soft Bounces : Ce sont des erreurs temporaires. La boîte mail du destinataire est pleine, son serveur est momentanément indisponible, ou il a activé un message d’absence. ‘Les adresses boîte mail pleine sont des soft bounce’, explique Khadija. Ces erreurs ne sont ‘pas très critiques’ car la plupart des routeurs d’emailing professionnels retenteront l’envoi plusieurs fois. Cependant, si une adresse génère des soft bounces de manière répétée sur plusieurs campagnes, elle doit être surveillée, car elle pourrait se transformer en hard bounce.

Analyser ce premier niveau est un réflexe d’hygiène de base. Un taux de hard bounce supérieur à 1% doit immédiatement vous alerter sur la qualité de votre source d’acquisition de contacts.

L’indicateur qui fait trembler : Le blocage par les Fournisseurs d’Accès (FAI)

Ici, nous entrons dans le vif du sujet. Un email peut ne pas être un ‘bounce’ (l’adresse est valide) mais être tout de même rejeté. C’est ce que Khadija appelle ‘le nombre d’emails qui ont été bloqués par les FAI’. C’est une décision active du FAI qui, après avoir analysé votre message, considère qu’il ne mérite pas d’entrer dans sa boîte de réception. Les raisons peuvent être multiples et techniques : un code HTML de mauvaise qualité, un poids d’email trop lourd, un ratio image/texte déséquilibré, des liens suspects, ou l’utilisation de mots-clés associés au spam. C’est un indicateur critique car il ne juge plus la qualité de votre base, mais bien ‘la qualité de la campagne’. Un taux de blocage élevé signifie que les FAI vous perçoivent comme un expéditeur de faible qualité. C’est un signal d’alarme majeur qui peut rapidement conduire à une mise en quarantaine de votre adresse IP ou de votre nom de domaine, affectant la totalité de vos futurs envois.

Votre réputation d’expéditeur : un capital numérique à chérir

Le blocage par les FAI est la conséquence directe d’une mauvaise réputation d’expéditeur. Cette réputation est un score invisible que les FAI vous attribuent. Il est calculé en fonction de votre historique d’envoi. Chaque campagne est analysée : envoyez-vous à des adresses valides ? Vos destinataires ouvrent-ils et cliquent-ils sur vos emails ? Combien de personnes signalent vos messages comme spam ? Combien se désabonnent ? Tous ces éléments construisent ou détruisent votre réputation. Comme le résume Khadija, l’analyse de ces indicateurs permet d’évaluer ‘la réputation de la campagne, la réputation de la marque en tout cas de l’expéditeur du message et donc la réputation de l’adresse IP qui est associée au message’. Protéger cette réputation est un travail de longue haleine. Chaque bonne pratique – une base propre, un contenu pertinent, une pression marketing raisonnable – contribue à la renforcer. À l’inverse, quelques campagnes de mauvaise qualité peuvent anéantir des mois d’efforts.

Les KPI Classiques Revisités : Lire Entre les Lignes de la Performance

Une fois que vous avez assuré la qualité de votre base et que vos emails sont correctement délivrés, il est temps de mesurer l’efficacité de votre message. Ce sont les indicateurs que tous les marketeurs connaissent : le taux d’ouverture et le taux de clic. Cependant, les analyser de manière isolée est une erreur. Ils font partie d’un écosystème de métriques qui, ensemble, racontent l’histoire de la performance de votre campagne. Khadija les appelle à juste titre les ‘indicateurs classiques de performance de campagne’, mais elle y ajoute des couches d’analyse supplémentaires qui changent toute la perspective.

Taux d’ouverture et Taux de clic : Le duo indissociable et son arbitre, la réactivité

Le taux d’ouverture est souvent vu comme le Graal. Il mesure l’efficacité de votre objet et de votre nom d’expéditeur. C’est la première porte que vous devez franchir. Mais un taux d’ouverture élevé sans clics est un échec. Le taux de clic, lui, mesure la pertinence et l’attractivité de votre contenu (votre offre, vos visuels, vos appels à l’action). Il indique si vous avez tenu la promesse faite dans l’objet. C’est pourquoi il faut toujours les analyser ensemble. Un bon taux d’ouverture mais un faible taux de clic peut signifier que votre objet était prometteur (voire ‘putaclic’) mais que le contenu a déçu.

Pour affiner cette analyse, Khadija introduit une troisième métrique essentielle : le taux de réactivité. Il se calcule en divisant le nombre de cliqueurs uniques par le nombre d’ouvreurs uniques. Cet indicateur ‘permet de voir s’il y a une cohérence entre le l’objet de l’envoi et le contenu du message’. Un taux de réactivité élevé est le signe d’une campagne parfaitement alignée : vous avez attiré la bonne audience avec votre objet, et votre contenu a su la convaincre de passer à l’action. C’est sans doute l’indicateur le plus qualitatif pour juger de la pertinence réelle de votre communication.

Les signaux d’alarme : Taux de désabonnement et Taux de plainte

Deux autres métriques sont souvent regardées avec anxiété, mais elles sont pourtant riches d’enseignements. Ce sont les indicateurs qui mesurent le rejet de votre message. Le taux de désabonnement est le ‘pourcentage de personnes ayant ouvert le mail mais ayant rejeté entre guillemets le contenu’. C’est un feedback direct et honnête. Un contact qui se désabonne vous dit poliment : ‘Ce que vous m’envoyez ne m’intéresse plus’. Il ne faut pas le voir comme un échec total, mais comme un processus de nettoyage naturel de votre base. Khadija donne un ordre de grandeur : ‘on va dire que à 0,5 % on est dans une moyenne, on va dire assez acceptable’. Un pic de désabonnements après une campagne doit vous amener à vous interroger : la cible était-elle la bonne ? L’offre était-elle pertinente ? La pression marketing n’est-elle pas trop forte ?

Le taux de plainte est bien plus grave. Une plainte, c’est lorsqu’un utilisateur clique sur le bouton ‘ceci est un spam’. L’impact est double. D’abord, ce contact est immédiatement considéré comme un désabonné. Mais surtout, comme l’explique Khadija, ‘le FAI envoie au serveur d’envoi cette information […] qui va aussi être utilisé par le FAI pour déterminer si la marque lors de ses envois fait du spamming ou pas’. Chaque plainte est un coup de poignard dans votre réputation d’expéditeur. Les FAI ont des seuils de tolérance extrêmement bas (souvent autour de 0,1%). Dépasser ces seuils, c’est risquer un blocage pur et simple. Un taux de plainte élevé est le symptôme d’un problème profond : soit votre processus d’opt-in n’est pas clair, soit votre contenu est perçu comme totalement hors-sujet et intrusif.

Les 3 Piliers d’une Stratégie Emailing Gagnante : Les Secrets de Khadija

Maîtriser les indicateurs techniques et de performance est une chose, mais comment construire une stratégie qui, de manière proactive, vise l’excellence sur tous ces tableaux ? Khadija nous livre trois bonnes pratiques fondamentales, trois piliers sur lesquels repose toute stratégie CRM marketing pérenne et rentable. Il ne s’agit pas de ‘hacks’ ou d’astuces à court terme, mais de principes directeurs qui doivent infuser toute votre réflexion.

Pilier n°1 : L’excellence dans l’acquisition des données, la mère de toutes les batailles

Ce premier pilier est si important que Khadija le qualifie de ‘la plus importante de toutes’ les bonnes pratiques : ‘la qualité des données que l’on collecte’. Tout part de là. La manière dont un contact entre dans votre base de données conditionne toute la relation future. Khadija prend un exemple très parlant : le jeu concours. Imaginons que vous recrutiez 10 000 prospects via un concours pour gagner un coffret de produits de beauté. Le premier email que vous leur envoyez est crucial. ‘Il n’y a rien de pire qu’un prospect qui s’inscrit à un jeu concours […] et de recevoir derrière un email qui n’a rien à voir avec la thématique initiale’. Cet email doit être une transition logique, un pont entre le contexte de l’inscription et la relation que vous souhaitez construire. Il doit être engageant et parfaitement aligné avec la promesse initiale.

Cette première sollicitation est aussi un test de vérité pour la qualité de votre acquisition. ‘Si je n’ai que 80 % de personnes qui ont reçu mon email, bien là, il faut lancer une phase d’analyse’, conseille Khadija. Si parmi les 20% restants, 15% sont des adresses invalides, c’est que votre mécanique de jeu concours est défaillante. Il faut alors ‘remonter la chaîne et voir comment sécuriser cette partie-là’. Cela peut passer par la mise en place d’un double opt-in, ou de systèmes de vérification d’email en temps réel sur vos formulaires. Mettre ‘le poids du corps sur cette stratégie là’ est essentiel car elle engage des investissements et l’attente d’un retour sur investissement rapide. Une acquisition de mauvaise qualité ne générera jamais de la conversion, mais seulement des coûts et des problèmes de délivrabilité.

Pilier n°2 : ‘Segmenter, Segmenter, Segmenter’, le mantra de la pertinence

Le deuxième conseil de Khadija est un mantra que tout marketeur devrait se répéter chaque jour : ‘Segmenter, segmenter, segmenter’. Pourquoi ? ‘Parce qu’on n’adresse pas tout le monde de la même manière’. L’ère de l’email de masse est révolue. Envoyer le même message à l’ensemble de votre base est le moyen le plus sûr d’être ignoré. La segmentation consiste à découper votre base de contacts en sous-groupes homogènes pour leur adresser des messages plus pertinents et personnalisés. Khadija insiste sur la nécessité de ‘faire du très tactique pour maximiser les performances’.

Les possibilités de segmentation sont infinies, mais on peut commencer par quelques grands principes. La segmentation comportementale est l’une des plus efficaces : ‘prioriser les actifs […] qui ont ouvert dans les 3 mois’, ‘réengager des gens qui n’ont plus ouvert de mail’, ou encore identifier ‘des profils qui sont à deux doigts de passer à la concurrence’. On peut aussi segmenter par centres d’intérêt, basés sur l’historique de navigation ou d’achat : ‘un client cosmétique ne se comporte pas de la même manière qu’un client automobile’. L’objectif est de détecter des ‘signaux’ qui permettent d’anticiper les besoins et d’envoyer le bon message, au bon moment, à la bonne personne. Chaque segment est une opportunité de conversation ciblée, et donc une chance de maximiser l’engagement et la conversion.

Pilier n°3 : L’innovation continue par le ‘Test and Learn’ et la créativité

Le troisième pilier est une posture, un état d’esprit : celui du test permanent. Dans un univers digital en constante évolution, ‘rien n’est acquis’. Il faut ‘tester, tester, tester’, que ce soit les objets, les créas, ou même l’alignement entre les deux. La créativité ne se limite pas au design de l’email. Elle réside dans la capacité à surprendre et à apporter de la valeur là où le client ne s’y attend pas. Alors que ‘toutes les marques essaient de faire à peu près la même chose’, il est crucial de ‘penser un coup d’avance’. Cela passe par une culture du ‘Test and Learn’. Par exemple, pour une campagne destinée aux nouveaux inscrits, pourquoi ne pas lancer un A/B test pour ‘déterminer quel est le meilleur objet pour les faire ouvrir’ ? Ou ‘essayer différentes approches pour maximiser le taux de clic’ sur les messages HTML ?

Cette démarche doit être structurée. Il ne s’agit pas de tester tout et n’importe quoi au hasard, mais de formuler des hypothèses (‘Je pense qu’un objet sous forme de question générera plus d’ouverture’), de tester une seule variable à la fois sur un échantillon représentatif, de mesurer les résultats et d’appliquer les enseignements. C’est un cycle vertueux : tester, innover, optimiser. Comme le martèle Khadija, ‘les clients sont de plus en plus demandeurs d’expérience personnalisée, d’expérience de bout en bout’. Le seul moyen de répondre à cette attente est d’être dans une démarche d’amélioration continue, en étant toujours ‘raccord entre ce qu’on imagine, ce qu’on met en place et les attentes’.

De l’Artisanat à l’Industrie : L’Ère de l’Automatisation Intelligente

Mettre en place une segmentation fine, des tests permanents et un suivi précis des KPIs peut sembler une tâche herculéenne, impossible à réaliser manuellement. C’est là qu’interviennent les outils et le marketing automation. L’enjeu moderne n’est plus seulement d’envoyer des campagnes, mais de construire des conversations continues et automatisées, déclenchées par le comportement du client. Khadija le résume parfaitement : l’enjeu d’une stratégie CRM, ‘c’est comment automatiser 80 % de la relation que l’on a avec le client […] pour être toujours présent après chaque action’ et proposer une expérience personnalisée en temps réel.

Choisir son armement : Salesforce, Acoustic, Adobe et les autres

Le choix de l’outil est structurant et dépend ‘toujours de la taille de l’entreprise et de ses objectifs’. Khadija mentionne plusieurs solutions puissantes, souvent utilisées par de grandes structures pour leur capacité à gérer des volumes de données importants et des scénarios complexes. Parmi elles, Salesforce Marketing Cloud, souvent connecté à des outils de vente comme Sales Cloud pour une vision à 360° du client. On retrouve également Acoustic (anciennement Watson Campaign d’IBM), un outil ‘très en vogue en ce moment’, ou encore les solutions d’Adobe. Le point commun de ces plateformes est leur capacité à ‘bien piloter ses données’ mais surtout à ‘mettre en place un certain nombre de parcours automatiques’. Elles permettent de faire le pont entre les différents systèmes d’information (e-commerce, ERP, CRM commercial) pour que le marketing puisse réagir en temps réel aux actions des clients.

Le marketing automation en action : Les parcours clients incontournables

L’automatisation donne vie à votre stratégie de segmentation. Au lieu d’envoyer des ‘one-shots’, vous construisez des scénarios qui se déclenchent automatiquement. Khadija donne des exemples concrets qui doivent devenir la base de toute stratégie CRM :

  • Le parcours d’accueil (Welcome Pack) : ‘Je m’inscris à une newsletter, je reçois un email pour m’accueillir.’ Ce parcours est fondamental pour engager un nouveau contact dès le début. Il peut s’étaler sur plusieurs jours : un premier email de bienvenue immédiat, un deuxième quelques jours plus tard pour présenter l’histoire de la marque, un troisième pour mettre en avant les produits phares, etc.
  • Le parcours post-achat : ‘J’ai fait un achat sur le site, je reçois un email pour me remercier de mon achat et me proposer des recommandations de produits.’ Ce parcours permet de rassurer le client, de réduire l’anxiété post-achat, et d’initier immédiatement une stratégie de vente croisée (cross-sell) ou de montée en gamme (up-sell) avec des recommandations pertinentes.

On pourrait ajouter à cette liste des parcours essentiels comme la relance de panier abandonné, le message d’anniversaire, ou les scénarios de réengagement pour les clients inactifs. L’objectif est toujours le même : ‘proposer l’expérience la plus temps réel et la plus personnalisée possible pour maximiser les les résultats, mais aussi fidéliser ses clients et éviter qu’ils aillent voir ailleurs’. L’automatisation n’est pas là pour déshumaniser la relation, mais au contraire, pour la rendre plus pertinente et contextuelle à grande échelle.

Conclusion : L’Emailing est une Science, Pas une Loterie

Au terme de cette plongée dans les coulisses du CRM marketing avec Khadija MOUTAOUAKKIL, une certitude émerge : la performance en emailing ne doit rien au hasard. Ce n’est pas une question de chance ou d’inspiration passagère, mais le résultat d’une démarche scientifique, rigoureuse et itérative. De la propreté méticuleuse de la base de données à l’analyse fine de la délivrabilité, en passant par l’interprétation intelligente des KPIs de performance, chaque étape est un maillon essentiel d’une chaîne de valeur.

Nous avons vu que le succès repose sur des piliers fondamentaux : une acquisition de contacts qualitative, une segmentation obsessionnelle pour la pertinence, et une culture insatiable du test et de l’innovation. L’automatisation, grâce à des outils puissants, vient ensuite industrialiser cette intelligence pour créer des expériences client personnalisées, en temps réel et à grande échelle. L’époque où l’on pouvait se contenter d’envoyer le même message à tout le monde est définitivement révolue. Aujourd’hui, la victoire appartient à ceux qui savent écouter les signaux, analyser les données et ajuster leur stratégie en permanence.

Le message final de Khadija résonne comme un appel à l’action et à l’humilité : ‘rien n’est acquis, il faut toujours innover, séduire et capter’. Alors, par où commencer ? Ne vous laissez pas submerger par l’ampleur de la tâche. Choisissez un seul élément de cet article et mettez-le en pratique dès demain. Auditez la qualité de votre dernière source d’acquisition. Analysez le taux de réactivité de votre dernière campagne. Mettez en place un A/B test simple sur votre prochain objet. Chaque petite optimisation est un pas vers l’excellence. Car en CRM, comme dans beaucoup d’autres domaines, ce sont les détails qui font la différence entre un email qui finit à la corbeille et un email qui convertit.


Foire Aux Questions (FAQ) sur l’Optimisation des Campagnes Emailing

Quelle est la toute première métrique à surveiller dans une campagne emailing ?

Avant même de regarder le taux d’ouverture ou de clic, la métrique fondamentale est la qualité de la donnée de votre base. Cela inclut la validité des adresses, leur conformité RGPD (opt-in), et le niveau d’engagement des contacts. Une base de données saine est le socle de toute campagne réussie. Envoyer des emails à une base de mauvaise qualité non seulement gaspille des ressources, mais nuit gravement à votre réputation d’expéditeur et à votre délivrabilité globale. C’est le point de départ non négociable pour toute stratégie CRM.

‘En terme de KPI, on on on monitore dans un premier temps déjà la qualité de la donnée. […] s’assurer que les contacts qui sont adressés sont RGPD compliant. […] s’assurer également que les contacts sont engagés. […] ça c’est le premier point et et et le point le plus critique dans une stratégie CRM marketing.’

Comment définir la délivrabilité d’un email de manière simple ?

La délivrabilité est la capacité de vos emails à atteindre la boîte de réception principale de vos destinataires (et non le dossier spam ou d’être bloqués en amont). Elle ne se résume pas à savoir si l’email a été ‘envoyé’. C’est une mesure de votre réputation en tant qu’expéditeur aux yeux des fournisseurs d’accès à Internet (FAI comme Google ou Microsoft). Une bonne délivrabilité dépend de nombreux facteurs : la propreté de votre liste, la qualité technique de votre email (code, poids), et l’engagement de vos destinataires avec vos précédentes campagnes.

‘La délivrabilité, c’est pour beaucoup un un un grand fourtout mais c’est un indicateur important à surveiller à la fois pour chaque envoi mais également au global pour s’assurer que les les les performances soient toujours optimales.’

Quelle est la différence concrète entre un ‘hard bounce’ et un ‘soft bounce’ ?

Un ‘hard bounce’ est une erreur de livraison définitive. L’adresse email n’existe tout simplement pas ou plus. Ces adresses doivent être immédiatement et définitivement supprimées de votre base de données, car continuer à leur écrire endommage lourdement votre réputation. Un ‘soft bounce’ est une erreur de livraison temporaire. Les raisons peuvent être une boîte de réception pleine ou un serveur de messagerie momentanément indisponible. Dans ce cas, les plateformes d’emailing essaient généralement de renvoyer l’email plus tard.

‘Les adresses email qui n’existent plus, on appelle ça des hard bounce. Donc des erreurs définitives, ce qui implique du coup de purger la base de données. […] Les adresses boîte mail pleine sont des soft bounce, ce sont des […] voilà comme toi, moi, on peut avoir atteint la limite de capacité d’une boîte mail.’

Un taux de désabonnement élevé est-il toujours un mauvais signe ?

Pas nécessairement. Bien qu’il faille viser un taux bas (autour de 0,5% est considéré comme acceptable), un taux de désabonnement n’est pas aussi grave qu’un taux de plainte. C’est un retour direct et honnête d’un utilisateur qui n’est plus intéressé par votre contenu. C’est une forme d’auto-nettoyage de votre base qui vous permet de vous concentrer sur les contacts réellement engagés. Cependant, un pic soudain et élevé de désabonnements après une campagne spécifique doit vous alerter sur un possible problème de ciblage ou de pertinence de votre message.

‘Le taux de désabonnement, c’est-à-dire le pourcentage de personnes ayant ouvert le mail mais ayant rejeté entre guillemets le contenu. […] on va dire que à 0,5 % on est dans une moyenne, on va dire assez acceptable.’

Pourquoi la segmentation est-elle si cruciale en CRM ?

La segmentation est cruciale car l’ère de l’email de masse est révolue. Envoyer le même message à tous vos contacts est le meilleur moyen d’être perçu comme non pertinent et d’être ignoré. Segmenter consiste à diviser votre audience en groupes plus petits et homogènes (par comportement d’achat, centre d’intérêt, niveau d’engagement, etc.) pour leur adresser des communications ultra-personnalisées. Cela augmente drastiquement la pertinence de vos messages, et par conséquent, les taux d’ouverture, de clic et de conversion, tout en réduisant les désabonnements.

‘Segmenter, segmenter, segmenter euh parce qu’on n’adresse pas euh tout le monde de la même manière et il faut vraiment faire du euh euh du du du très tactique pour maximiser les performances.’

Quels sont les outils CRM performants pour gérer ces stratégies complexes ?

Pour les entreprises ayant des besoins avancés en matière de volume de données et de complexité des parcours clients, des plateformes robustes sont nécessaires. Les solutions de niveau entreprise comme Salesforce Marketing Cloud, Acoustic (anciennement IBM Watson Campaign), ou Adobe Campaign sont souvent privilégiées. Ces outils permettent non seulement de gérer les campagnes, mais aussi de s’intégrer profondément avec d’autres systèmes (ERP, e-commerce) pour piloter des parcours clients automatisés et des communications en temps réel basées sur une multitude de signaux.

‘Nous utilisons les solutions Salesforce. […] On a un autre outil qu’on utilise […] c’est acoustique qui est l’ancien Watson Campaign d’IBM. […] Et on utilise aussi d’autres outils comme Adobe.’

Comment peut-on débuter avec le marketing automation ?

Le plus simple pour commencer est d’identifier les moments clés de la relation client qui peuvent être automatisés pour un fort impact. Les deux parcours les plus classiques et efficaces sont le parcours d’accueil (‘welcome journey’) pour les nouveaux inscrits et le parcours post-achat. Le premier sert à engager le contact dès le début, le second à le rassurer et à le fidéliser. Mettre en place ces deux scénarios permet d’automatiser une partie significative de la relation client, d’assurer une présence constante de la marque et d’améliorer l’expérience utilisateur.

‘La relation qu’une marque a avec ses contacts se fait via des parcours automatiques, par exemple des des des parcours welcome, donc des parcours d’accueil. […] J’ai fait un achat sur le site, je reçois un email pour me remercier de mon achat et me proposer des recommandations de produits.’

Quelle est la meilleure philosophie à adopter pour réussir en emailing sur le long terme ?

La meilleure philosophie est celle du ‘Test and Learn’ permanent. Le marché, les attentes des clients et les algorithmes des FAI évoluent constamment. Ce qui fonctionnait il y a six mois peut être obsolète aujourd’hui. Il faut donc être dans une posture d’innovation et d’optimisation continue : tester systématiquement les objets, les créations, les appels à l’action, les segments. Rien ne doit être considéré comme acquis. C’est cette capacité à tester, apprendre et s’adapter qui permet de rester pertinent et de séduire durablement ses clients.

‘Une stratégie CRM marketing […] ce n’est c’est une science qui évolue en permanence et qu’il faut faire du test and learn et faire en sorte de pérenniser en tout cas d’optimiser tous ces indicateurs là. […] rien n’est acquis, il faut toujours innover, séduire et capter.’


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