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#33 : Tout savoir sur les impacts environnementaux du digital

Épisode diffusé le 2 mars 2020 par Bannouze : Le podcast du marketing digital !

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Le paradoxe numérique : comment notre monde dématérialisé pèse lourdement sur la planète

Nous vivons dans une illusion collective. Celle d’un monde digital éthéré, un ‘cloud’ flottant au-dessus de nos têtes, où l’information circule sans poids ni contrainte. Chaque jour, dans mon métier de spécialiste du marketing digital, j’ai vu cette perception se renforcer. Pourtant, la réalité est brutalement matérielle. Dès 2014, une étude révélait que l’affichage d’une page web pendant trois minutes consommait plus d’énergie que sa version imprimée. Cinq ans plus tard, le constat est encore plus alarmant : le numérique est responsable de 5,5% de la consommation électrique mondiale et génère 3,8% des gaz à effet de serre, soit plus que toute l’aviation civile réunie. Un chiffre qui, loin de stagner, connaît une croissance effrénée de 9% par an. Ces statistiques peuvent sembler abstraites, mais elles cachent une réalité bien tangible de ressources extraites, d’usines polluantes et de déchets toxiques.

Mon parcours de treize ans chez Publicis Media, à la pointe de la stratégie média digitale et du trading programmatique, m’a placée aux premières loges de cette explosion. J’ai contribué à construire des systèmes publicitaires d’une complexité inouïe, empilant les technologies pour traquer, mesurer, optimiser. Et puis, j’ai pris conscience du coût de cette course en avant. J’ai décidé de consacrer mon énergie à comprendre et à agir sur ce paradoxe : comment le digital, cet outil de progrès, est-il devenu un tel fardeau pour notre environnement ? Mais aussi, et c’est là que réside l’espoir, comment peut-il devenir un levier majeur de la transition écologique ? Cet article est le fruit de cette réflexion. Nous allons ensemble déconstruire les mythes, regarder en face la matérialité de notre monde connecté et, surtout, explorer les pistes concrètes pour bâtir un avenir numérique à la fois innovant et soutenable.

La face cachée de l’iceberg : décrypter la véritable empreinte du numérique

Quand on parle de pollution numérique, l’imaginaire collectif se tourne immédiatement vers les data centers ou la consommation électrique de notre smartphone en charge. C’est une partie de la vérité, mais c’est aussi la plus petite. Pour saisir l’ampleur du problème, il faut adopter une vision complète du cycle de vie de la technologie. L’impact environnemental du numérique se décompose en trois dimensions principales : sa contribution au réchauffement climatique via les émissions de gaz à effet de serre, l’épuisement des ressources naturelles nécessaires à sa fabrication, et la pollution générée tout au long de son existence, de l’extraction minière jusqu’à sa fin de vie en tant que déchet électronique. C’est en analysant ces trois facettes que l’on comprend où se situe le véritable enjeu et où nos efforts doivent se concentrer.

La fabrication : le coupable invisible de notre empreinte carbone

C’est le point le plus contre-intuitif et pourtant le plus crucial. L’étape de fabrication de nos équipements est la source principale de l’impact environnemental du numérique. Selon les études de référence, comme celles du think tank The Shift Project, cette phase représente à elle seule 47% de l’empreinte carbone totale du secteur. C’est presque la moitié ! Pourquoi un tel chiffre ? Parce que la création d’un smartphone, d’un ordinateur ou d’un téléviseur est un processus extrêmement lourd et mondialisé. Tout commence par l’extraction de minerais, souvent des ‘terres rares’ et des métaux précieux dont le journaliste Guillaume Pitron a brillamment documenté la guerre économique et écologique qu’ils engendrent. Ces extractions, massivement délocalisées en Chine et dans d’autres régions du monde, sont dévastatrices. Elles polluent les sols et les eaux à une échelle dramatique, loin des yeux des consommateurs occidentaux. Une fois extraits, ces matériaux sont transformés et assemblés dans des usines qui, très souvent, tournent avec une électricité produite à partir de charbon, l’énergie la plus émissive en CO2. Enfin, ces produits finis parcourent des milliers de kilomètres pour arriver jusqu’à nous.

‘La plus grosse partie c’est l’énergie pour produire et transporter et distribuer le matériel qu’on utilise pour accéder à internet.’

Comprendre cela change radicalement notre perspective. Cliquer sur une bannière publicitaire a un impact, certes, mais il est infime comparé à l’impact de l’appareil que vous tenez en main pour effectuer ce clic.

Data centers et réseaux : l’autoroute énergivore de l’information

Si la fabrication est le problème numéro un, l’usage n’est pas pour autant anodin. Le transport et le stockage de nos données reposent sur une infrastructure physique colossale : des millions de kilomètres de câbles sous-marins et terrestres (on parle de l’équivalent de 32 fois le tour de la Terre !) et des centaines de milliers de data centers. Ces derniers sont de véritables usines à données, fonctionnant 24h/24 et 7j/7. Leur consommation électrique est gigantesque, non seulement pour alimenter les serveurs, mais aussi et surtout pour les refroidir. Le fameux ‘Cloud’ n’a rien d’un nuage, c’est un ensemble de hangars remplis d’ordinateurs qui chauffent. Et comme je le mentionnais, ces centres de données sont souvent situés dans des pays où l’électricité est fortement carbonée. Ainsi, une donnée peut parcourir en moyenne 15 000 kilomètres pour aller de son point d’émission à son lieu de stockage et revenir sur votre écran. Cette circulation permanente de l’information, invisible pour l’utilisateur, a un coût énergétique bien réel qui s’ajoute à celui de nos appareils personnels quand nous les rechargeons.

L’effet boule de neige : pourquoi la pollution numérique est une bombe à retardement

Le problème de l’impact environnemental du numérique n’est pas seulement sa taille actuelle, mais sa dynamique de croissance explosive. Avec une progression de 9% par an, son empreinte carbone pourrait doubler en moins de dix ans, passant de 4% à 8% des émissions mondiales d’ici 2025. Cette trajectoire est insoutenable et nous place face à un mur. Elle est alimentée par plusieurs facteurs qui se cumulent et s’amplifient mutuellement, créant un cercle vicieux difficile à enrayer. La consommation de vidéo, la course à l’infrastructure toujours plus performante et l’arrivée de milliards de nouveaux utilisateurs sont les trois moteurs principaux de cette inflation numérique.

La vidéo, reine des données et du carbone

Le contenu vidéo est le principal responsable de l’explosion du trafic de données. Il représente aujourd’hui 80% de toutes les données qui transitent sur les réseaux. Pour se faire une idée, le visionnage de vidéos en ligne a généré en 2018 autant de gaz à effet de serre que l’Espagne entière. C’est absolument colossal. Cette consommation se répartit en plusieurs blocs. Un gros tiers est imputable aux services de VOD comme Netflix, où le ‘binge-watching’ est devenu une norme. Ensuite, de manière assez surprenante, vient la pornographie, qui pèse pour 27% du trafic vidéo mondial. Le reste se partage entre YouTube et les autres plateformes de streaming (21%), puis les vidéos intégrées aux réseaux sociaux. Et le pire, c’est que cette tendance ne fait que s’accélérer.

‘On a des résolutions de plus en plus énormes, les téléviseurs 8K, honnêtement, qu’est-ce que ça va changer dans notre vie quotidienne ? Pas grand-chose. L’œil humain, je suis pas sûr qu’il puisse voir vraiment la différence.’

Cette course à la ultra-haute définition, poussée par les fabricants, augmente de manière exponentielle le poids des fichiers, et donc l’énergie nécessaire pour les stocker et les transporter, sans réel bénéfice pour l’utilisateur.

Le cercle vicieux de l’infrastructure et des usages

C’est un mécanisme pervers que l’on observe dans de nombreux secteurs, et le numérique en est un exemple parfait. Les infrastructures réseau, comme l’énergie, sont dimensionnées pour supporter les pics de consommation. On construit des ‘tuyaux’ capables d’absorber le trafic maximal potentiel pour que le service ne rame jamais, que l’expérience utilisateur soit toujours fluide. Mais en créant ces autoroutes de l’information surdimensionnées, on facilite et encourage de nouveaux usages, souvent superflus. La 5G en est l’illustration parfaite. On nous vend la capacité de télécharger un film en ultra HD en quelques secondes sur notre mobile. La vraie question est : en avons-nous réellement besoin ? Probablement pas. Mais comme la possibilité existe, elle crée le besoin. C’est un véritable ‘open bar’ technologique.

‘Comme on peut le faire, bah on va le faire même si on en a pas besoin. Et donc là tu as le cercle vicieux qui fait que ça ça va être exponentiel.’

Cette logique de l’offre qui crée sa propre demande nous enferme dans une spirale de consommation croissante, où chaque gain d’efficacité est immédiatement annulé par une augmentation des usages.

Le paradoxe digital : un outil puissant au service de la transition écologique

Dresser ce tableau sombre est nécessaire pour prendre la mesure du problème. Mais il serait réducteur et contre-productif de ne voir le numérique que comme un ennemi de l’écologie. En réalité, il est aussi l’un des plus formidables leviers dont nous disposons pour accélérer la transition. Il a déjà transformé notre capacité à prendre conscience des enjeux, à nous mobiliser et à innover pour trouver des solutions. Internet est un outil de connaissance, de partage et d’optimisation sans précédent. L’enjeu n’est donc pas de rejeter la technologie en bloc, mais d’apprendre à l’utiliser de manière plus sobre, plus intelligente et plus ciblée pour servir des objectifs de durabilité. De la science citoyenne à l’économie du partage, les exemples positifs sont nombreux et porteurs d’espoir.

Le pouvoir de la connaissance et de la mobilisation citoyenne

La puissance d’Internet a joué un rôle indéniable dans l’accélération de la prise de conscience écologique. Des initiatives comme la pétition ‘L’Affaire du Siècle’, qui a recueilli plus de deux millions de signatures en France, n’auraient jamais pu avoir une telle ampleur sans les outils numériques. Les réseaux sociaux, malgré leurs dérives, donnent une visibilité immense à des associations et des mouvements citoyens. Au-delà de la mobilisation, le web est un vecteur de connaissance et de participation.

‘Wikipédia, bon tout le monde connaît mais il y a de plus en plus d’initiatives de sciences participatives qui sont hyper intéressantes.’

Des applications permettent aujourd’hui à n’importe qui de contribuer à la recherche scientifique en recensant la biodiversité dans son jardin, ou en aidant à cartographier la déforestation via des images satellites. En France, le portail data.gouv.fr met à disposition des jeux de données publiques, permettant à des associations comme ‘Respire’ de créer des cartographies de la pollution de l’air autour des écoles, fournissant un outil précieux aux parents et aux pouvoirs publics.

L’optimisation et l’économie du partage au service de la sobriété

Le numérique, c’est aussi le monde de la donnée et de l’optimisation. Grâce à des capteurs connectés et à l’Internet des Objets (IoT), il est possible de piloter nos ressources avec une finesse inégalée. On peut détecter les fuites d’eau sur un réseau, optimiser la collecte des déchets en ne passant que lorsque les conteneurs sont pleins, ou ajuster l’arrosage dans l’agriculture en fonction de la météo et de l’humidité du sol. Les ‘smart grids’, ou réseaux électriques intelligents, favorisent l’autoconsommation et une meilleure gestion des énergies renouvelables. Parallèlement, le digital a fait naître l’économie collaborative et circulaire.

‘Tout ce qui est mobilité, troc, toutes les plateformes pour acheter seconde main, partager sa voiture.’

Des plateformes comme Vinted, Leboncoin ou BlaBlaCar facilitent la seconde main, le covoiturage, et le partage d’objets, réduisant ainsi le besoin de produire du neuf. Des entreprises comme Spareka fournissent des tutoriels et des pièces détachées pour nous aider à réparer nos appareils, luttant ainsi contre le gaspillage et l’obsolescence.

Reprendre le contrôle : des actions concrètes pour un numérique responsable

Face à ce constat complexe, entre problème majeur et solution potentielle, le sentiment d’impuissance peut nous gagner. Pourtant, des leviers d’action existent à toutes les échelles, du citoyen aux géants de la tech, en passant par les entreprises et les pouvoirs publics. La clé réside dans un changement de paradigme : passer d’une logique du ‘toujours plus’ à une culture de la sobriété et de la responsabilité. Il ne s’agit pas d’un retour à la bougie, mais de la construction d’un système plus résilient, plus simple et plus respectueux des limites planétaires et humaines. C’est un défi immense, mais la prise de conscience est en marche et les lignes commencent à bouger.

La responsabilité ambiguë des GAFAM et l’importance de la régulation

Les géants de la tech sont au cœur du réacteur. Leurs initiatives sont intéressantes et témoignent d’un changement de mentalité. La plupart s’engagent à alimenter leurs data centers avec des énergies renouvelables, ce qui est une bonne chose. Cependant, il faut rester lucide.

‘Ils remettent rarement en cause évidemment le cœur du business modèle.’

Leur modèle économique repose sur une croissance infinie de la consommation de données et du renouvellement des terminaux. Il y a un double discours fondamental. C’est pourquoi la régulation par les pouvoirs publics est essentielle. La loi anti-gaspillage en France est un exemple encourageant. À partir de 2021, elle a imposé un ‘indice de réparabilité’ sur les produits électroniques, qui se transformera en indice de durabilité. Cet outil vise à informer le consommateur et à pousser les fabricants à concevoir des produits plus robustes et plus faciles à réparer. La condamnation d’Apple pour avoir ralenti ses anciens iPhones via des mises à jour logicielles montre aussi que l’obsolescence programmée est de plus en plus dans le viseur des autorités.

L’écoconception : repenser les services numériques à la source

Pour les professionnels du digital, l’écoconception des services est un levier majeur. Il s’agit de penser l’impact environnemental dès la première ligne de code. Un site web plus léger se charge plus vite, consomme moins d’énergie côté serveur et côté utilisateur, et offre souvent une meilleure expérience. Dans mon ancienne vie dans la publicité digitale, j’ai vu une complexification absurde des outils.

‘Moi j’ai vu des trucs hallucinant et en fait plus les outils s’empilent plus moins tu as confiance finalement… mes équipes à la fin, elles passaient leur temps à expliquer les écarts de stats.’

Cette course à l’armement technologique est non seulement coûteuse en ressources, mais aussi souvent contre-productive. Revenir à plus de simplicité, questionner chaque fonctionnalité, chaque script, chaque tracker est une démarche de sobriété bénéfique à la fois pour la planète et pour l’efficacité du service rendu. Il faut aussi s’interroger sur le design de nos interfaces. Des initiatives comme celles des ‘designers éthiques’ cherchent à créer des services qui respectent l’attention de l’utilisateur, plutôt que de la capter à tout prix pour le maintenir dans une boucle de consommation infinie.

Le geste le plus simple et le plus puissant : faire durer son matériel

S’il y a un message à retenir pour chacun d’entre nous, c’est celui-ci. Le geste le plus écologique que vous puissiez faire n’est pas de vider votre boîte mail, mais de prendre soin de vos appareils et de les garder le plus longtemps possible. Rappelez-vous : 47% de l’impact carbone vient de la fabrication. Chaque année que vous gagnez sur la durée de vie de votre téléphone ou de votre ordinateur est une victoire immense.

‘C’est très facile, c’est un geste, c’est n’achète rien… garde ton téléphone 4 ans au lieu de le garder 2 ans, achète d’occasion.’

Avant de céder à la dernière nouveauté, posez-vous la question de votre besoin réel. Privilégiez la réparation et le marché du reconditionné. Pensez aussi aux gestes du quotidien : éteindre sa box internet la nuit ou pendant les vacances consomme autant qu’un réfrigérateur sur l’année. Regarder la télévision via la TNT, quand c’est possible, est bien moins énergivore que de passer par sa box. Ces petits et grands gestes, multipliés par des millions, ont un pouvoir considérable pour infléchir la courbe.

Conclusion : Vers une résilience numérique choisie, pas subie

Nous sommes à la croisée des chemins. Nous avons bâti un monde numérique d’une complexité et d’une dépendance extrêmes, reposant sur des ressources finies et des modèles économiques prédateurs. Continuer sur cette voie du ‘toujours plus’ nous mène à une impasse écologique et sociale. Mais une autre voie est possible. Celle d’un numérique plus sobre, plus résilient, plus respectueux. Un numérique où la performance ne se mesure pas seulement en vitesse de téléchargement, mais aussi en durabilité, en simplicité et en valeur ajoutée réelle pour la société. La prise de conscience est là, des collectifs se mobilisent, les lois évoluent. Le futur du digital ne sera pas un retour en arrière, mais un saut qualitatif vers plus d’intelligence collective et de responsabilité. Il nous appartient, en tant que citoyens, consommateurs et professionnels, de choisir ce futur. Il ne s’agit pas d’un projet triste ou punitif, mais au contraire, de la promesse d’une technologie plus humaine, plus flexible et finalement plus utile. Le défi est immense, mais les solutions sont à notre portée, et l’espoir est permis.


Foire Aux Questions sur l’impact environnemental du numérique

Quelle est la véritable empreinte carbone du numérique ?

L’empreinte carbone du numérique est souvent sous-estimée car on ne pense qu’à l’usage. En réalité, le secteur est responsable d’environ 3,8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce qui est supérieur à l’impact de l’aviation civile. Cet impact global prend en compte l’ensemble du cycle de vie : l’extraction des matières premières, la fabrication des équipements (smartphones, ordinateurs, serveurs), leur transport, leur utilisation (consommation électrique des appareils, des réseaux et des data centers) et leur fin de vie. De plus, ce chiffre est en croissance rapide, de l’ordre de 9% par an, ce qui en fait un enjeu climatique majeur.

‘Le digital c’est 3,8 % des des émissions de gaz à effet de serre dans le monde soit plus que l’aviation civile.’

Pourquoi la fabrication des appareils est-elle la principale source de pollution numérique ?

La fabrication est l’étape la plus impactante car elle est extrêmement gourmande en énergie et en ressources naturelles. Elle représente à elle seule 47% de l’empreinte carbone du numérique. Ce processus implique l’extraction minière de métaux rares et précieux, souvent dans des conditions écologiquement désastreuses. Ensuite, la transformation de ces matières et l’assemblage des composants se font majoritairement dans des usines situées dans des pays où l’électricité est produite à partir de charbon. Enfin, la logistique mondiale pour distribuer ces appareils ajoute un coût carbone significatif. C’est pourquoi prolonger la vie d’un appareil a un impact beaucoup plus important que de modérer son usage.

‘La plus grosse partie c’est l’énergie pour produire et transporter et distribuer le matériel qu’on utilise pour accéder à internet. Donc typiquement les les produits qu’on les les matières qu’on va extraire pour produire nos téléphones, nos télévisions et cetera. Et en fait tout ça, c’est 47 % de l’empreinte carbone du numérique.’

Le streaming vidéo est-il vraiment si polluant ?

Oui, de manière considérable. La vidéo représente 80% du trafic de données mondial, et son impact est colossal. Le visionnage de vidéos en ligne a généré autant de CO2 que l’Espagne en une année (chiffres de 2018). Cette pollution provient de l’énergie nécessaire pour stocker ces fichiers très lourds dans les data centers, les transporter via les réseaux jusqu’à l’utilisateur, et enfin les afficher sur nos écrans. La tendance à l’augmentation des résolutions (4K, 8K) aggrave encore ce phénomène en alourdissant exponentiellement les fichiers, sans bénéfice perceptible pour l’œil humain dans la plupart des cas.

’80 % des données qu’on qui transite aujourd’hui, c’est de la vidéo. Donc la vidéo a pris une part énorme en fait dans la consommation de de données du numérique.’

Est-ce que vider ma boîte mail a un réel impact écologique ?

Vider sa boîte mail est un geste symbolique qui aide à la prise de conscience, mais son impact réel est très marginal comparé à d’autres actions. Le stockage d’un email consomme très peu d’énergie. Le véritable enjeu ne se situe pas là, mais bien dans la fabrication du matériel et dans la consommation de contenus très lourds comme la vidéo. L’action la plus efficace pour un individu est de loin de résister à la surconsommation d’équipements : faire durer son téléphone 4 ou 5 ans au lieu de 2, réparer, acheter d’occasion. C’est là que se situe le principal levier de réduction de son empreinte numérique personnelle.

‘Le matériel en fait, c’est le le plus gros impact. donc en gros euh voilà, garde ton téléphone 4 ans au lieu de le garder 2 ans, euh achète d’occasion.’

Comment le digital peut-il aussi aider la transition écologique ?

Le digital est un outil à double tranchant. S’il pollue, il offre aussi des solutions puissantes pour la transition écologique. Il permet une mobilisation citoyenne à grande échelle (pétitions, partage d’information), et favorise la science participative (applications de recensement de la biodiversité). Grâce aux données et aux capteurs, il permet d’optimiser l’usage des ressources dans l’agriculture, l’énergie (smart grids) ou la gestion des déchets. Enfin, il est le moteur de l’économie collaborative et circulaire, en facilitant le partage de voitures, la vente de seconde main et l’accès à des tutoriels pour la réparation.

‘Quand tu penses aussi à toute la connaissance pour favoriser l’autonomie, réduire le gaspillage, toutes les appli sur les éco gestes des trucs pour faciliter la réparation euh des des boîtes comme Spareka qui te permettent d’acheter des pièces détachées, d’avoir des milliers de tutos pour réparer ta machine à laver.’

Quel est le geste le plus efficace pour réduire mon impact numérique au quotidien ?

Sans aucune hésitation, le geste le plus efficace est de réduire sa consommation de matériel neuf. La fabrication représentant près de la moitié de l’impact, chaque appareil non acheté est une victoire écologique majeure. Concrètement, cela signifie : garder ses appareils (smartphone, ordinateur, tablette) le plus longtemps possible, les faire réparer en cas de panne, et privilégier l’achat de matériel reconditionné si un remplacement est inévitable. Un autre geste significatif est d’éteindre sa box internet la nuit et pendant les absences, car sa consommation annuelle est comparable à celle d’un réfrigérateur.

‘N’achète rien. Non mais le matériel en fait, c’est le le plus gros impact. donc en gros euh voilà, garde ton téléphone 4 ans au lieu de le garder 2 ans, euh achète d’occasion.’

Les GAFAM (Google, Apple, etc.) sont-ils sincères dans leur démarche écologique ?

Leur démarche est ambivalente. D’un côté, il y a des efforts réels et positifs, notamment l’investissement dans les énergies renouvelables pour alimenter leurs data centers et la volonté d’intégrer des matériaux recyclés. Cela prouve une prise de conscience. D’un autre côté, leur modèle économique fondamental reste basé sur une croissance infinie de la consommation : plus de données, plus de services, et un renouvellement rapide des appareils. Ils ne remettent jamais en cause ce cœur de réacteur. On peut donc parler d’un double discours où ils verdissent leurs opérations sans changer le modèle qui génère la surconsommation à la source.

‘Ils remettent rarement en cause évidemment le cœur du business modèle. Donc euh tout le monde essaie euh d’utiliser les énergies vertes pour héberger euh ses données. Ça c’est bien. […] mais il y a aussi le fait que finalement leur business modèle repose sur euh la démultiplication soit des terminaux, soit des données et que bah cette croissance là ils la remettre en fait jamais en question.’

Qu’est-ce que l’indice de réparabilité et comment peut-il aider ?

L’indice de réparabilité est une note obligatoire en France sur de nombreux produits électriques et électroniques, qui informe le consommateur sur la facilité à réparer un appareil. Il est conçu pour lutter contre l’obsolescence, qu’elle soit programmée ou non. En rendant cette information visible au moment de l’achat, il incite les consommateurs à choisir des produits plus durables et pousse les fabricants à améliorer la conception de leurs appareils (disponibilité des pièces détachées, facilité de démontage). À terme, cet indice doit évoluer vers un ‘indice de durabilité’, qui prendra en compte d’autres critères comme la robustesse, pour encourager une économie plus circulaire.

‘On va avoir un indice de réparabilité à partir de 2021 des produits électriques et électroniques et cet indice va se transformer en indice de durabilité.’


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