Lever des fonds en 2025 : le guide complet pour séduire les investisseurs (même sans revenu)
Le monde de la tech est cyclique. Après des années d’euphorie où l’argent semblait couler à flots, nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Une ère de rationalisation, de prudence, où les gros titres sur LinkedIn annonçant des levées de fonds spectaculaires se font plus rares. Pour de nombreux entrepreneurs, une question angoissante s’est installée : est-il encore possible de lever des fonds en 2025 ? Est-ce que le rêve de transformer une idée en une entreprise à succès grâce au capital-risque est devenu une chimère ? Je m’appelle Germain Leconte, co-fondateur de Brakage.tech, et mon métier, c’est d’accompagner les entrepreneurs dans ce parcours du combattant. Chaque jour, je suis au cœur de ce réacteur, et je peux vous le dire d’emblée : oui, c’est possible. Mais le jeu a changé. Les règles sont plus strictes, les attentes plus élevées. La ‘bulle a effectivement explosé’. Ce n’est plus une course au financement à tout prix, mais une quête de partenariats solides avec des investisseurs qui sont redevenus plus exigeants, et c’est une excellente nouvelle pour l’écosystème. Dans cet article, je vais partager avec vous notre vision du terrain, sans filtre et sans langue de bois. Nous allons voir ensemble pourquoi la levée de fonds reste une exception, ce que les investisseurs recherchent vraiment aujourd’hui, comment structurer votre démarche de A à Z, et surtout, comment transformer ce qui semble être un obstacle en une véritable opportunité pour construire une entreprise plus saine et plus résiliente.
Chapitre 1 : Démystifier la levée de fonds, un outil et non une fin en soi
Avant de plonger dans le ‘comment’, il est crucial de comprendre le ‘pourquoi’ et le ‘quoi’. La première chose à intégrer est que la levée de fonds n’est pas une norme. C’est même tout le contraire. Comme je le dis souvent, ‘quand on passe nos journées sur LinkedIn, on peut avoir l’impression que c’est une norme, c’est évidemment une exception’. Les statistiques varient, mais on estime qu’environ 5% seulement des startups qui cherchent à lever des fonds y parviennent. C’est un outil de financement spécifique, adapté à un modèle de croissance très particulier : celui des entreprises technologiques à très fort potentiel, qui ont besoin de capitaux importants pour capturer rapidement un marché. Il faut donc sortir de l’idée qu’une levée de fonds est un label de qualité ou la validation ultime d’un projet. C’est avant tout une transaction financière. D’ailleurs, il faut bien distinguer les ‘belles boîtes’ des ‘boîtes qui lèvent des fonds’. On peut être une entreprise extrêmement rentable et pérenne sans jamais lever un euro, et inversement, lever des fonds n’est pas une garantie de succès. C’est une manière de se financer pour accélérer son développement. C’est un outil puissant, mais qui a des contreparties importantes.
La mécanique de base : dilutif vs non-dilutif
Pour un néophyte, ‘lever des fonds’ peut sembler être un concept flou. Concrètement, lorsque nous parlons de levée de fonds dans l’univers des startups, nous faisons principalement référence à ce qu’on appelle le financement dilutif. C’est un mécanisme simple en apparence : vous recevez du cash de la part d’investisseurs (Business Angels, fonds de capital-risque) et, en contrepartie, vous leur cédez une partie des actions de votre société. Ils deviennent actionnaires, partenaires de votre aventure. C’est une ‘cession des actions’. Cet apport de capitaux vient renforcer les fonds propres de l’entreprise et lui donne les moyens de ses ambitions : recruter, développer le produit, faire du marketing, etc. À l’opposé, il y a le financement non-dilutif. Comme son nom l’indique, il ne dilue pas votre capital. Il s’agit de prêts (bancaires, d’honneur, BPI) ou de subventions. Vous recevez de l’argent, mais vous vous engagez à le rembourser (sauf pour les subventions), souvent avec des intérêts. Ces deux mécanismes ne sont pas opposés, ils sont même très complémentaires. Une bonne stratégie de financement combine souvent une levée de fonds dilutive avec des financements non-dilutifs pour optimiser la structure financière de l’entreprise et limiter la dilution pour les fondateurs. Chez Brakage, notre cœur de métier est d’orchestrer cette partie dilutive, qui est la plus complexe et la plus stratégique pour l’avenir de la société.
Chapitre 2 : Naviguer dans le marché du capital-risque de 2025 : un climat plus sain ?
La question qui brûle toutes les lèvres est donc : est-ce le bon moment pour se lancer dans cette aventure ? Avec les licenciements massifs dans la tech, la chute des valorisations et les titres alarmistes, le tableau peut sembler sombre. Et il est vrai que le marché s’est contracté. Les levées de fonds se réduisent, c’était le cas en 2023 et ça l’est encore en 2024. Les investisseurs sont devenus ‘de plus en plus frileux’ et ‘prennent le temps de se décider’. Mais personnellement, je suis convaincu que ‘c’est un mécanisme assez sain’. Fini le temps où l’on pouvait lever des millions sur un simple PowerPoint avec une idée vague. Aujourd’hui, les investisseurs sont plus rigoureux, ils font des analyses plus poussées, des audits plus sérieux. Et c’est une bonne chose, car ‘on a aussi moins de boulettes qui se font avec cette période’. Cela force les entrepreneurs à être meilleurs, à mieux préparer leur projet, à se concentrer sur l’essentiel et à raconter une histoire crédible. Il y a toujours de l’argent disponible. Les fonds d’investissement early stage, ceux qui nous intéressent pour les premières levées (pré-seed, seed, série A), ont levé des capitaux auprès de leurs propres investisseurs (les LPs) et ils ont une obligation de les déployer. Leurs poches sont ‘relativement pleines’. Je discutais encore récemment avec un fonds qui me disait avoir quatre deals à conclure avant la fin de l’année. L’argent est là. Le défi, c’est que les ‘belles boîtes’ arrivent toujours à lever, mais la définition d’une ‘belle boîte’ est devenue plus exigeante. Le processus est plus long, les challenges plus importants, mais la porte n’est absolument pas fermée. Il faut simplement être mieux préparé que jamais.
Chapitre 3 : Qu’est-ce qu’une ‘belle boîte’ aux yeux d’un investisseur aujourd’hui ?
C’est la question à un million d’euros. Si je devais la résumer, je dirais que ce n’est pas une science exacte, mais que deux critères écrasent tous les autres en early stage. Bien sûr, un investisseur va analyser votre deck, votre produit, la taille de votre marché, votre business model, votre vision… toutes les cases doivent être cochées. Une seule faiblesse rédhibitoire et il sera ‘strictement impossible de lever’. Mais au-delà de cette checklist, la conviction d’un investisseur se forge sur deux piliers fondamentaux.
Au-delà des métriques : le duo gagnant Équipe et Vision
Le premier critère, le plus important de tous, c’est l’équipe. En early stage, il y a peu de données, peu de certitudes. L’investisseur ne mise pas sur un business plan, il mise sur des femmes et des hommes.
Un investisseur préfère miser sur un projet plus ou moins bancal mais qui sera l’idée par un entrepreneur, une entrepreneuse qui a une vraie vision, une vraie force d’exécution plutôt que l’inverse.
C’est absolument fondamental. Nous cherchons des fondateurs qui ont une connaissance intime de leur marché, une capacité d’apprentissage hors norme, une résilience à toute épreuve et une complémentarité évidente. Une ‘équipe Top Gun’ qui a déjà une expérience entrepreneuriale réussie ou une expertise sectorielle très forte aura évidemment un avantage considérable. L’investisseur se pose une question simple : ‘Est-ce que je confierais mon argent à ces personnes pour traverser les tempêtes inévitables de la vie d’une startup ?’ Votre capacité à incarner cette confiance est la clé de tout. Le deuxième critère, c’est une vision globale. Un fonds de capital-risque fonctionne sur un modèle où une seule réussite doit rembourser tous les échecs du portefeuille. Par conséquent, ils ne cherchent pas de ‘belles PME’. Ils cherchent des entreprises qui ont le potentiel de devenir des licornes, de peser plusieurs milliards. Votre projet doit s’attaquer à un problème majeur, sur un marché immense, avec une solution qui peut changer la donne à grande échelle. Le problème numéro un d’un fonds d’investissement, ce n’est pas de trouver de bonnes idées, c’est de ‘trouver des belles boîtes qui peuvent demain peser plusieurs milliards d’euros sur un marché européen’. Si votre ambition est limitée, vous ne serez pas ‘VC compatible’.
Le mythe du revenu : peut-on vraiment lever des fonds sans chiffre d’affaires ?
C’est une des idées reçues les plus tenaces que j’entends. ‘Il faut que tu génères du revenu, sinon n’y va même pas’. Ma réponse est catégorique : non, c’est faux. Et ce n’est pas un discours marketing pour vous attirer, c’est la réalité du terrain. L’élément clé n’est pas le revenu, c’est la traction. Et la traction, c’est la vitesse, le momentum.
Un investisseur va acheter une traction et dans la notion de traction, il y a une notion de vitesse.
Imaginez deux scénarios. Le premier : une startup pré-revenu, mais qui a développé un MVP bluffant, qui a une liste d’attente de 200 clients potentiels qualifiés, qui a signé deux lettres d’intention avec des grands groupes et qui montre une vélocité d’exécution impressionnante. Le second : une startup qui fait 50 000€ de chiffre d’affaires mensuel, mais qui stagne depuis 6 mois. Laquelle est la plus attractive pour un investisseur ? Sans hésiter, la première. Car elle vend une promesse de croissance exponentielle. Le pire moment pour aller voir des investisseurs, c’est lorsque vous avez atteint un ‘plafond de verre commercial’ et que votre croissance ralentit. Le processus de levée dure 4 à 8 mois. Si pendant cette période, vos chiffres stagnent, l’investisseur va se désengager. Lever en pré-revenu est plus difficile, car vous vendez une vision pure, mais c’est tout à fait possible et parfois nécessaire pour prendre un marché naissant de vitesse. Tout est une question de timing et de démonstration de la traction, qu’elle soit commerciale, produit ou utilisateur.
Chapitre 4 : Le processus de levée de fonds décortiqué, étape par étape
Lever des fonds, c’est un métier en soi. C’est un processus long et intense, qui peut être découpé en trois grandes phases. Chez Brakage, notre rôle est d’être le ‘chef d’orchestre’ de ces étapes pour les professionnaliser et maximiser les chances de succès. Mais même avec un accompagnement, l’implication du fondateur est totale.
La phase 1 : La Préparation, le socle de votre histoire (1-2 mois)
C’est sans doute la phase la plus importante et la plus sous-estimée. C’est le moment de se poser les bonnes questions et de construire une histoire en béton. Quel problème résolvez-vous ? Quelle est votre vision ? Pourquoi vous et pas un autre ? Tout cela doit se matérialiser dans des documents clés, au premier rang desquels le fameux ‘deck’ (la présentation de votre projet). Un bon deck repose sur trois piliers. La simplicité : un investisseur reçoit des centaines de decks par semaine, lus en diagonale par des analystes juniors. S’il ne comprend pas ce que vous faites en 30 secondes, c’est terminé. Utilisez des mots simples, évitez le jargon. Le storytelling : votre deck n’est pas un catalogue d’informations, c’est une histoire qui doit captiver le lecteur et créer ce qu’on appelle le ‘FOMO’ (Fear Of Missing Out), la peur de rater une opportunité en or. Le seul objectif du deck est de décrocher un rendez-vous. Le design : c’est souvent la seule vitrine de votre travail. Un design soigné, sans fautes d’orthographe, montre votre rigueur et votre professionnalisme. Cette phase est intense et demande environ 50 à 70% du temps d’un fondateur. C’est un investissement crucial pour la suite.
La phase 2 : Le Roadshow, la rencontre avec le marché (2-4 mois)
Une fois que votre histoire est prête, le roadshow commence. C’est un ‘travail de sales’, ni plus ni moins. Il s’agit de contacter les bons investisseurs, au bon moment, avec le bon message. C’est une phase extrêmement chronophage, qui occupera ‘au moins 80% de la journée’ du fondateur qui s’en occupe. L’objectif n’est pas seulement de trouver UN investisseur, mais de créer une dynamique concurrentielle. Le pouvoir de négociation ne vient que lorsque plusieurs investisseurs sont intéressés en même temps. C’est là que notre expertise de leveur de fonds prend tout son sens : nous aidons à cibler les bons fonds, à utiliser notre réseau pour obtenir des introductions qualifiées et à orchestrer le calendrier pour créer ce fameux ‘jeu d’enchère’. C’est une période de doutes, de refus, mais aussi d’apprentissages intenses où il faut savoir pitcher, répondre aux objections et garder une énergie sans faille.
La phase 3 : Le Closing, la dernière ligne droite juridique (1-2 mois)
Lorsque vous recevez une ou plusieurs ‘term sheets’ (une lettre d’intention d’un investisseur qui résume les termes de l’investissement), la phase de closing débute. C’est une étape gérée principalement par les avocats, mais elle est très stressante pour l’entrepreneur. Il s’agit de négocier en détail tous les termes juridiques qui figureront dans le pacte d’actionnaires, le contrat de mariage qui vous liera à vos investisseurs pour des années. Bien que moins consommatrice en temps au quotidien, elle demande une concentration maximale dans les derniers jours pour s’assurer que les conditions sont saines et alignées avec l’intérêt à long terme de l’entreprise et de ses fondateurs. C’est souvent là que des détails en apparence mineurs peuvent avoir des conséquences majeures pour la suite.
Chapitre 5 : Les coulisses de la négociation : valorisation, dilution et vie post-levée
La signature est apposée, le virement est sur le compte de l’entreprise. C’est une grande victoire, mais ce n’est que le début d’une nouvelle aventure avec de nouvelles règles du jeu.
Valorisation et dilution : démystifier les chiffres
La question de la valorisation (‘à combien est estimée ma société ?’) obsède de nombreux entrepreneurs. Pourtant, je suis ‘assez convaincu que c’est une question relativement mineure quand on lève les fonds’ pour la première fois. En early stage, il n’y a pas de formule magique, pas de ‘multiples de l’EBITDA’ qui tiennent. La valorisation est principalement fonction de l’offre et de la demande que vous aurez réussi à créer. Si vous avez dix investisseurs qui se battent pour entrer à votre capital, votre valorisation montera mécaniquement. Si vous n’avez qu’une seule offre, vous n’aurez quasiment aucun pouvoir de négociation. La vraie question est celle de la dilution. Pour un premier tour de table (pré-seed/seed), la médiane se situe autour de 20%. ‘L’idéal c’est quand même de lâcher plutôt entre 10-15%’. Si vous cédez plus de 25%, c’est souvent le signe d’une négociation difficile. Il est crucial de ne pas trop se diluer dès le départ, car vous aurez probablement besoin de faire d’autres tours de financement à l’avenir.
La vie après la levée : ce que signifie ‘ne plus être totalement chez soi’
C’est le point le plus important à comprendre. Au moment où un investisseur entre dans votre capital, vous changez de statut. Vous avez des comptes à rendre.
Au moment où tu fais rentrer l’investisseur, tu es plus totalement chez toi.
Le pacte d’actionnaires formalise cette nouvelle relation. Vous vous engagez à vous consacrer à 1000% à l’entreprise, sans activité annexe. Vous devrez mettre en place un reporting régulier, souvent mensuel, et organiser des conseils d’administration (‘board meetings’) pour présenter vos avancées, vos difficultés et vos plans. C’est une contrainte, mais c’est aussi une chance. Avoir des investisseurs intelligents à vos côtés, c’est bénéficier de leur réseau, de leur expertise et d’un regard extérieur précieux. Il est d’ailleurs judicieux de construire un ‘tour de table’ diversifié, avec des investisseurs très actifs qui vous challengent et d’autres, plus ‘dormants’, qui vous font confiance et vous laissent une grande autonomie. Tout est une question d’équilibre et de fit humain. Car, ne l’oubliez jamais, une levée de fonds, c’est un mariage qui va durer entre 5 et 10 ans.
Conclusion : La levée de fonds, un marathon pour les entrepreneurs préparés
Lever des fonds en 2025 n’est donc pas un sprint opportuniste, mais un véritable marathon stratégique. Le marché a mûri, il est devenu plus exigeant, mais aussi plus sain. Les paillettes de l’hyper-croissance à tout prix ont laissé place à une recherche de modèles économiques solides et de fondateurs exceptionnels. Les clés du succès n’ont finalement pas tant changé : une équipe complémentaire et résiliente, une vision ambitieuse capable de transformer un marché, et une préparation méticuleuse à chaque étape du processus. L’époque pardonne moins les erreurs, mais elle récompense d’autant plus l’excellence. N’oubliez jamais que la levée de fonds n’est pas une fin en soi. C’est un accélérateur, un carburant puissant pour votre fusée. Comme je le répète souvent, ‘ça reste un outil plutôt qu’un coup de tampon d’une belle histoire d’une boîte’. Le véritable objectif reste de construire une entreprise qui crée de la valeur, pour ses clients, ses employés et, in fine, ses actionnaires. Si vous êtes prêt à vous engager corps et âme dans ce processus, à accepter le challenge et à vous entourer des bons partenaires, alors oui, l’écosystème du capital-risque reste une voie royale pour réaliser vos plus grandes ambitions.
Questions fréquentes sur la levée de fonds
1. Quelle est la plus grande erreur des entrepreneurs lors d’une première levée de fonds ?
La plus grande erreur est souvent de ne pas être assez préparé et de contacter les investisseurs trop tôt ou trop tard. Soit l’histoire n’est pas claire et le projet pas assez mûr, ce qui grille de précieuses cartouches. Soit, à l’inverse, l’entrepreneur attend d’être en difficulté ou d’avoir atteint un plafond de verre, perdant ainsi tout le momentum qui séduit les investisseurs. Il faut trouver le juste milieu : avoir suffisamment de preuves de traction pour être crédible, mais être encore dans une phase de forte accélération potentielle. Une autre erreur fréquente est de sous-estimer l’asymétrie d’information. L’investisseur a fait des dizaines de deals, l’entrepreneur en est souvent à son premier. C’est pourquoi se faire accompagner est crucial.
‘Il y a une asymétrie d’information qui est hyper forte et qu’on essaie de régler.’
2. Combien de temps faut-il réellement consacrer à une levée de fonds ?
Il faut être très clair : une levée de fonds est extrêmement chronophage et ne peut pas se faire en parallèle de ses activités quotidiennes sans impacter lourdement l’opérationnel. Idéalement, un des co-fondateurs doit se dédier presque entièrement au processus. Pendant la phase de préparation (1-2 mois), comptez au moins 50% de son temps. Pendant la phase de roadshow (2-4 mois), c’est encore plus intense, on parle de 80% à 100% de son temps. C’est un travail à plein temps que de pitcher, faire les suivis, répondre aux questions et gérer la dynamique. C’est un temps qui ne sera pas alloué au développement commercial ou produit, une décision qui doit être mûrement réfléchie par l’équipe fondatrice.
‘Lever des fonds c’est beaucoup de temps, c’est du temps qui sera pas alloué sur le commercial et à d’autres parties du projet.’
3. Quels sont les trois éléments absolument indispensables d’un bon deck de présentation ?
Un bon deck doit accomplir trois missions. Premièrement, la simplicité : il doit être compréhensible en moins de 5 minutes par une personne qui n’est pas experte de votre secteur. Deuxièmement, le storytelling : il doit raconter une histoire engageante, créer une tension et donner envie d’en savoir plus. L’objectif n’est pas de tout dire, mais de susciter la curiosité et de créer un sentiment d’urgence chez l’investisseur (le fameux FOMO). Troisièmement, le design : la forme est presque aussi importante que le fond. Un design propre, clair, sans faute, est la première démonstration de votre professionnalisme et de votre souci du détail. C’est la vitrine de la qualité de votre travail.
‘C’est un peu les trois facteurs, simplicité, storytelling et design qui font un bon deck.’
4. Quelle est la dilution moyenne pour une première levée de fonds (pre-seed / seed) ?
La question de la dilution est centrale. Pour un premier tour de table, en pré-seed ou en seed, la moyenne du marché se situe généralement autour de 20%. Cependant, ce chiffre peut varier significativement en fonction du pouvoir de négociation de l’entrepreneur. Un deal idéal se situerait plutôt entre 10 et 15% de dilution. Si la dilution atteint 25% ou plus, cela peut être problématique pour les tours de financement futurs, car les fondateurs perdront trop rapidement le contrôle de leur entreprise. La clé pour maîtriser sa dilution est de créer une compétition entre plusieurs investisseurs pendant le roadshow.
‘La dilution moyenne elle est la médiane et la moyenne se rapproche quand même autour de 20% sur du précid. L’idéal c’est quand même de lâcher plutôt entre 10-15%.’
5. Comment faut-il approcher un cabinet de conseil en levée de fonds comme Brakage ?
L’approche doit être similaire à celle que vous auriez avec un investisseur : soyez simple, direct et préparé. Un premier email concis expliquant le projet, l’équipe et l’ambition est une excellente porte d’entrée. Il faut joindre un deck pour que nous puissions rapidement évaluer le potentiel. Ce que nous n’aimons pas, ce sont les entrepreneurs trop sûrs d’eux qui nous donnent l’impression de nous faire une fleur. Nous cherchons des partenaires, des gens ouverts au feedback, humbles mais ambitieux. Nous sommes là pour conseiller et challenger, donc si un entrepreneur n’est pas prêt à être coaché, la collaboration n’a aucun sens.
‘Ce qu’on aime pas voir c’est des entrepreneurs un peu sûr d’eux qui vont avoir cette posture de presque nous faire le cadeau de travailler avec eux. On a besoin encore une fois d’avoir des entrepreneurs ouverts au feedback.’
6. Un investisseur préfère-t-il une super équipe avec une idée moyenne ou l’inverse ?
La réponse est sans la moindre hésitation : une équipe exceptionnelle avec une idée moyenne. En early stage, l’idée de départ n’est souvent qu’un point de départ. Elle va évoluer, pivoter, s’adapter au marché. Ce qui ne change pas, c’est la capacité de l’équipe fondatrice à exécuter, à apprendre et à surmonter les obstacles. Un investisseur parie sur le talent des fondateurs, leur vision et leur résilience. Une équipe de premier plan saura transformer une idée moyenne en un succès, tandis qu’une équipe médiocre échouera probablement, même avec la meilleure idée du monde.
‘La réalité c’est qu’un investisseur préfère miser on un projet plus ou moins bancal mais qui sera l’idée par un entrepreneur, une entrepreneuse qui a une vraie vision, une vraie force d’exécution plutôt que l’inverse.’




