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#109 : Market > La levée de fond en 2025 c’est possible ?

Épisode diffusé le 13 janvier 2025 par Bannouze : Le podcast du marketing digital !

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Lever des fonds en 2025 : mission impossible ou opportunité pour les audacieux ?

Le fil d’actualité LinkedIn est formel : chaque jour, une nouvelle startup annonce une levée de fonds spectaculaire. On y voit des sourires, des chiffres à sept zéros et la promesse d’un avenir radieux. Pourtant, en coulisses, dans le monde réel de la tech, ‘ça couine énormément’. En tant que cofondateur de Brakage.tech, un cabinet de conseil en levée de fonds, je passe mes journées avec des entrepreneurs qui vivent cette tension. La question qui brûle toutes les lèvres est simple et brutale : est-il encore possible de lever des fonds aujourd’hui, dans ce contexte économique frileux de 2024-2025 ? La réponse est oui, mais pas pour tout le monde, et certainement pas comme avant.

L’ère de l’argent facile, où une simple idée sur un PowerPoint pouvait débloquer des millions, est révolue. Et personnellement, je suis convaincu que ‘c’est un mécanisme assez sain’. Nous assistons à un retour aux fondamentaux, où les investisseurs sont plus sérieux, les audits plus poussés et les projets doivent démontrer une réelle substance. La bulle a éclaté, laissant place à un terrain de jeu plus exigeant, mais aussi plus juste pour les projets véritablement porteurs. Alors, comment naviguer dans cette nouvelle réalité ? Comment transformer une ambition en un tour de table bouclé ? Dans les lignes qui suivent, je vais partager avec vous notre vision du terrain, sans filtre. Nous allons décortiquer ce qui fait une ‘belle boîte’ aux yeux d’un investisseur, comment structurer un processus de levée rigoureux, et surtout, comment vous préparer mentalement et stratégiquement à ce qui est l’un des plus grands marathons de la vie d’un entrepreneur.

La levée de fonds : mythes, réalités et état des lieux du marché

Avant même de parler de stratégie, il est crucial de déconstruire une idée reçue. Passer ses journées sur les réseaux sociaux professionnels peut donner l’impression que la levée de fonds est une étape obligatoire, une sorte de validation ultime du succès. C’est une illusion dangereuse. Il faut le dire et le répéter : la levée de fonds n’est pas une norme, c’est une exception.

Une exception, pas une norme : recadrer la perception

La grande majorité des entreprises, y compris des entreprises très rentables et pérennes, ne lèvent jamais de fonds. Le financement par capital-risque est un outil spécifique pour un type de projet très particulier : celui qui nécessite une injection massive de capital pour croître de manière exponentielle et capturer un marché rapidement.

J’ai pas les statistiques sous les yeux mais la plupart des boîtes ne rentrent pas dans les critères d’une boîte tech qui a besoin de lever des fonds. […] Il y a une state qui encore une fois plus ou moins vraie généralement on cite qu’il y a près 5 % des boîtes qui arrivent à lever les fonds.

Ce chiffre de 5% est essentiel. Il rappelle que 95% des entrepreneurs suivent une autre voie, souvent celle de l’autofinancement (bootstrapping), qui est tout aussi respectable et souvent plus saine. Il est primordial de faire une dichotomie claire ‘entre des belles boîtes et des boîtes qui lèvent des fonds’. Lever n’est pas un coup de tampon validant la qualité de votre projet ; c’est simplement choisir un mode de financement. C’est un outil, pas une fin en soi. L’obsession pour la levée peut parfois détourner les entrepreneurs de leur mission première : construire un produit que les clients aiment et sont prêts à payer.

Le marché a-t-il vraiment fermé le robinet ?

La perception actuelle est celle d’un marché à l’arrêt, où les investisseurs gardent leurs portefeuilles fermés à double tour. La réalité est plus nuancée. Oui, les ‘investisseurs sont de plus en plus frileux’ et ‘prennent le temps de se décider’. Les processus sont plus longs, les questions plus précises, la due diligence plus approfondie. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a plus d’argent. Au contraire, sur le segment qui nous concerne chez Brakage, l’early stage (pre-seed, seed, série A), nous sommes ‘assez protégés’. Les fonds d’amorçage, les business angels, les clubs de BA ‘ont encore les poches relativement pleines’. Je discutais encore la semaine dernière avec un fonds parisien qui m’expliquait avoir quatre investissements à réaliser d’ici la fin de l’année. L’argent est là, il est simplement plus exigeant. Les investisseurs cherchent à éviter les erreurs du passé et se concentrent sur des dossiers plus qualitatifs. En un sens, cette période force les entrepreneurs à mieux préparer leur ‘equity story’, à affiner leur vision et à être irréprochables sur leur exécution. Les belles boîtes, celles qui cochent les bonnes cases, arrivent toujours à se financer. La question n’est donc pas ‘peut-on lever ?’, mais ‘avez-vous ce qu’il faut pour lever dans ce nouveau paradigme ?’.

Qu’est-ce qu’une ‘belle boîte’ ? Les critères qui font la différence aux yeux d’un VC

La question à un million d’euros : qu’est-ce qui transforme un projet intéressant en une ‘belle boîte’ irrésistible pour un investisseur ? Ce n’est pas une science exacte, mais après avoir analysé des centaines de dossiers, des constantes émergent. Un investisseur va bien sûr regarder le produit, le marché, l’histoire, la vision… toutes les cases doivent être cochées. Si une seule manque, il sera ‘extrêmement impossible de lever’. Cependant, au-delà de cette checklist, deux critères surpassent tous les autres en importance, surtout en début de parcours.

Le critère numéro 1 : l’équipe, bien avant l’idée

C’est le mantra de tout l’écosystème du capital-risque, et ce n’est pas un cliché. En early stage, un investisseur n’achète pas un business plan ou des prévisions financières. Il investit dans des personnes. Une idée peut pivoter, un marché peut évoluer, un produit peut être reconstruit. Une équipe de fondateurs, elle, est le moteur qui traversera les tempêtes.

La réalité c’est qu’un investisseur préfère miser sur un projet plus ou moins bancal mais qui sera l’idée par un entrepreneur entrepreneur qui a une vraie vision, une vraie force d’exécution plutôt que l’inverse.

Qu’est-ce qu’une équipe ‘top gun’ ? Ce n’est pas seulement une question de CV prestigieux. C’est une alchimie complexe : la complémentarité des compétences (un visionnaire produit, un expert tech, un stratège commercial), une expérience pertinente dans le secteur visé, et surtout, une capacité d’exécution démontrée. Avez-vous déjà construit quelque chose ensemble ? Avez-vous surmonté des échecs ? Êtes-vous obsédés par votre mission ? Un investisseur cherche des fondateurs résilients, capables d’apprendre vite et d’attirer les meilleurs talents. Votre capacité à vendre votre vision, à être humble pour écouter les conseils tout en étant inébranlable dans votre conviction, est ce qui fera pencher la balance.

La vision globale : votre projet peut-il devenir une licorne ?

Le deuxième pilier, tout aussi fondamental, est la taille de l’ambition. Le modèle économique d’un fonds de capital-risque repose sur une loi de puissance : ‘une boîte sur dix qui va fonctionner’. Cet unique succès doit non seulement rembourser les neuf autres échecs, mais aussi générer un retour sur investissement conséquent pour les propres investisseurs du fonds (les LPs). Par conséquent, chaque projet analysé doit avoir le potentiel de devenir une licorne, c’est-à-dire d’atteindre une valorisation de plus d’un milliard d’euros. C’est une condition non négociable.

Nous qui regardons des decks tous les jours, quand on se pose concrètement sur le marché de vision entrepreneur, on a souvent des belles boîtes, on a rarement des visions aussi globales que souhaité par les investisseurs.

Une vision globale ne signifie pas avoir des idées vagues et grandioses. C’est la capacité à articuler une stratégie claire pour adresser un marché immense (le fameux TAM – Total Addressable Market), à identifier une rupture technologique ou d’usage, et à dessiner un chemin crédible pour devenir un leader européen ou mondial. Le problème numéro un d’un fonds ‘tier 1’ à Paris n’est pas le manque de projets, mais ‘de trouver des belles boîtes qui peuvent demain peser plusieurs milliards d’euros’. Si votre ambition se limite à créer une belle PME rentable sur un marché de niche, c’est un projet magnifique, mais il ne correspond pas à la thèse d’investissement d’un VC. La levée de fonds n’est alors pas le bon outil pour vous.

Le processus de levée de fonds décortiqué : de l’idée au closing

S’engager dans une levée de fonds, c’est comme s’inscrire à un Ironman sans avoir jamais couru de marathon. C’est un processus intense, codifié, et extrêmement chronophage. C’est une erreur de le sous-estimer. Chez Brakage, nous divisons ce parcours en trois grandes étapes : la préparation, le roadshow et le closing. Mais avant même de commencer, il faut tordre le cou à une autre idée reçue tenace.

‘Il faut du revenu pour lever’ : le plus grand mensonge de l’écosystème ?

On entend souvent ce conseil, plein de bon sens en apparence : ‘Génère du revenu, prouve ton modèle, et ensuite va voir les investisseurs’. C’est une simplification dangereuse. Je ne suis ‘pas d’accord avec ça et la plupart des investisseurs non plus’. Ce n’est pas un discours marketing, c’est une réalité stratégique. Un investisseur n’achète pas tant des revenus passés qu’un potentiel de croissance future. Il achète de la ‘traction’, et dans ce mot, il y a une notion de ‘vitesse’.

Quand on va chercher des fonds et qu’on est pré-revenus, ce qu’on va pouvoir vendre à un investisseur, c’est cette vitesse de traction et de dire OK potentiellement là je suis pré-revenus, mais regarde tout ce qui se passe.

Cette traction peut prendre de multiples formes : une liste d’attente de milliers d’utilisateurs qualifiés, des lettres d’intention signées par des grands comptes, un taux d’engagement exceptionnel sur un MVP, des partenariats stratégiques noués… L’erreur classique est d’attendre d’avoir atteint un ‘plafond de verre commercial’. L’entrepreneur arrive alors devant l’investisseur, épuisé, et pendant les 4 à 8 mois du processus de levée, sa croissance stagne. L’investisseur observe et finit par se désengager. Lever ‘pré-revenu’ est certes plus difficile, mais c’est parfois une nécessité pour ‘accélérer tout de suite très vite dans un marché naissant’ et prendre une position de leader.

Les trois phases clés d’un marathon de 4 à 12 mois

Une levée de fonds, c’est ‘un temps très court mais très intense pour l’entrepreneur’. Le premier conseil que nous donnons est qu’un des cofondateurs doit s’y consacrer ‘à 100%’. C’est un job à plein temps. \n1. **La Préparation (1 à 2 mois) :** C’est la phase la plus importante. Il ne s’agit pas seulement de rédiger un deck. C’est un travail d’introspection stratégique pour définir l’equity story : quelle histoire racontez-vous ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi vous ? C’est le moment de construire un business plan solide, de définir le montant recherché et son allocation précise. Cette phase représente ’50 à 70%’ de l’implication du fondateur en charge. \n2. **Le Roadshow (2 à 6 mois) :** C’est ‘un travail de sales’. Vous allez contacter des dizaines d’investisseurs, pitcher, répondre à des questions, gérer les relances. C’est une phase exigeante où l’énergie et la résilience sont clés. L’objectif est de créer une dynamique, un ‘jeu d’enchère’ entre plusieurs fonds intéressés. Ici, c’est ‘au moins 90% de la journée’ qui est consacrée à la levée. \n3. **Le Closing (1 à 2 mois) :** Une fois une offre (Term Sheet) acceptée, la phase juridique commence, gérée par un avocat spécialisé. C’est une étape ‘très stressante’ avec la négociation du pacte d’actionnaires, mais elle est moins chronophage en termes de tâches actives, sauf durant les derniers jours où l’énergie consommée est maximale pour finaliser la signature.

Le rôle du leveur de fonds : chef d’orchestre ou simple intermédiaire ?

Face à cette complexité, certains entrepreneurs se tournent vers des cabinets comme le nôtre. Notre rôle n’est pas de faire la levée ‘à la place’ de l’entrepreneur. Ce serait une erreur. Les investisseurs veulent voir le fondateur, sentir sa passion. Notre mission est d’être le chef d’orchestre. Nous aidons à ‘professionnaliser toutes les étapes’ et à combler ‘l’asymétrie d’information’ qui existe entre un entrepreneur qui lève une fois tous les deux ans et un investisseur qui voit 10 deals par semaine.

Nous on aime bien souvent faire le un un comparatif avec la prépa. Tu vas faire une prépa HEC, la prépa HEC va pas te dire on te garantie à 100 % d’avoir HEC ou une très bonne école. En revanche, je te garantie d’être le mieux préparé possible pour réussir cet examen.

Nous apportons notre expertise sur la validation des documents, la stratégie de ciblage des investisseurs, et surtout, sur la négociation des conditions financières et juridiques. Nous sommes les copilotes qui permettent à l’entrepreneur de rester concentré sur l’essentiel tout en maximisant ses chances de succès.

Les outils du combat : préparer son deck et maîtriser son pitch

Dans l’arène de la levée de fonds, votre pitch deck est votre arme principale. C’est souvent la toute première impression que vous laisserez. Un analyste dans un fonds parisien reçoit ‘300 à 400 decks par semaine’. Il va vous accorder, au mieux, ‘3 à 5 minutes’. L’enjeu est donc colossal : en quelques secondes, il faut captiver, convaincre et donner envie d’en savoir plus.

Les 3 piliers d’un pitch deck qui donne envie d’un call

On pourrait discuter des heures de ce qu’est un bon deck. Mais si je devais résumer notre philosophie chez Brakage, elle tiendrait en trois mots : simplicité, storytelling et design. \n1. **La Simplicité :** C’est la règle d’or. Vous devez ‘ne pas parler à un expert, il faut parler à quelqu’un qui sera potentiellement néophyte’. Utilisez des mots simples, des phrases courtes. L’objectif n’est pas de tout dire, mais de tout faire comprendre.

Le seul objectif du deck, c’est d’avoir un call avec le à la fin. L’objectif du deck, c’est pas que le lecteur ait accès à toutes les informations projet, c’est aucun sens.

Bannissez le jargon technique et les acronymes abscons. Si le lecteur ne comprend pas votre activité dès la deuxième slide, il fermera le document et passera au suivant. \n2. **Le Storytelling :** Un bon deck ne se contente pas de lister des faits. Il raconte une histoire. Il doit créer ce fameux ‘FOMO’ (Fear Of Missing Out). Le lecteur doit terminer sa lecture en se disant : ‘Il faut absolument que je parle à cet entrepreneur, ce projet est unique’. Structurez votre récit : un problème majeur et douloureux, votre solution élégante et unique, la vision grandiose de ce que vous allez construire. Chaque slide doit s’enchaîner logiquement pour construire une narration puissante. \n3. **Le Design :** Souvent négligé par les équipes très techniques, le design est pourtant crucial. Il ne s’agit pas de faire des œuvres d’art, mais de présenter un document propre et professionnel. C’est un signal indirect de votre rigueur.

C’est quasiment la seule occasion de montrer aux lecteurs, aux investisseurs que votre façon de bosser elle est propre qui a pas de typo de photographe. Ça paraît tout bête mais on le voit régulièrement.

Un deck soigné, avec une charte graphique cohérente et sans fautes d’orthographe, montre que vous avez le souci du détail. C’est un proxy de la qualité du travail que vous fournirez dans tous les autres aspects de votre entreprise.

Le premier contact : l’erreur qui vous ferme la porte instantanément

Votre deck est prêt. Vient le moment de contacter les investisseurs, ou un leveur comme nous. La manière dont vous approchez ce premier contact est déterminante. L’erreur la plus rédhibitoire ? L’arrogance. Nous recevons parfois des mails d’entrepreneurs qui semblent nous faire une fleur en nous contactant.

Ce qu’on aime pas voir c’est des entrepreneurs un peu sûr d’eux qui vont avoir cette posture de presque nous faire le cadeau de travailler avec eux. On a besoin encore une fois d’avoir des entrepreneurs ouverts au feedback.

La levée de fonds est un exercice d’humilité et d’apprentissage. Il faut trouver le juste ‘curseur entre entrepreneur qui est quand même relativement humble pour écouter les conseils’ et celui qui possède ‘une vision et une force d’être ultra convaincu son projet’. Soyez direct, soyez clair, montrez que vous avez fait vos recherches sur la personne que vous contactez, et surtout, montrez que vous êtes prêt à être challengé. C’est cette posture qui inspire confiance et donne envie de travailler avec vous.

L’après-levée : valorisation, dilution et vie avec des investisseurs

Félicitations, vous avez réussi. Après des mois de travail acharné, vous avez signé la Term Sheet, les fonds sont sur le compte de l’entreprise. C’est une étape immense, mais ce n’est pas la ligne d’arrivée. C’est le début d’une nouvelle course, avec de nouvelles règles et de nouveaux partenaires de jeu. Deux sujets deviennent alors centraux : la dilution et la nouvelle gouvernance.

Valorisation et dilution : combien vaut vraiment votre startup ?

C’est la question qui obsède beaucoup d’entrepreneurs. Pourtant, en early stage, ‘c’est une question relativement mineure’. Chercher à calculer sa valorisation avec des ‘tableaux excel sur des multiples d’ARR’ quand la boîte a quelques mois n’a ‘juste aucun sens’. La valorisation à ce stade est davantage une construction qu’un calcul. Elle dépend de la taille de l’opportunité, de la qualité de l’équipe et, surtout, de la dynamique concurrentielle que vous avez réussi à créer.

La réalité c’est que la valorisation elle est surtout en fonction de la du jeu d’enchère que l’entrepreneur va être capable de mettre en place.

Si vous n’avez qu’une seule offre, votre pouvoir de négociation est faible. Si vous en avez dix, vous êtes en position de force. Concrètement, quel impact sur votre capital ? ‘La dilution moyenne elle est la médiane et la moyenne se rapproche quand même autour de 20 % sur du précide’. L’idéal est de viser entre 10 et 15 %. Au-delà de 25 %, la dilution devient très significative et peut compliquer les tours de financement futurs. Le but n’est pas d’obtenir la valorisation la plus haute à tout prix, mais de trouver le bon équilibre pour financer votre ambition sans céder une part trop importante de votre entreprise.

Le pacte d’actionnaires : les règles du nouveau jeu

L’arrivée d’investisseurs change fondamentalement la donne. Le ‘contrat de mariage’ que vous signez avec eux, le pacte d’actionnaires, formalise cette nouvelle relation. Il faut être très clair sur un point : ‘à partir du moment où tu fais rentrer l’investisseur tu es plus totalement chez toi’. Vous avez désormais des comptes à rendre. Cela se matérialise par des engagements concrets : un reporting régulier, souvent via un ‘board par mois’, et une obligation de consacrer 100% de votre temps professionnel à la société. Fini les activités annexes. Votre engagement doit être total, non pas à 100%, mais à ‘10000 %’. C’est une perte de liberté, mais c’est aussi un gain : vous avez désormais à vos côtés des partenaires expérimentés dont le succès est aligné avec le vôtre. Choisir ses investisseurs est donc aussi important que de choisir ses cofondateurs. Vous vous engagez pour un long voyage, assurez-vous de le faire avec les bonnes personnes.

Conclusion : un marathon, pas un sprint

Lever des fonds en 2025 n’est pas une chimère. C’est un chemin exigeant, un marathon qui teste la résilience, la stratégie et la vision de chaque entrepreneur. L’euphorie des années passées a laissé place à un réalisme sain, où seuls les projets les plus solides et les équipes les plus déterminées tirent leur épingle du jeu. Les fondamentaux n’ont jamais été aussi importants : une équipe exceptionnelle, une vision capable de redéfinir un marché, et une traction qui prouve que vous êtes sur la bonne voie. \nLe processus est long, intense, et il vous détournera temporairement de votre produit et de vos clients. C’est un sacrifice nécessaire si et seulement si votre ambition le requiert. Rappelez-vous toujours que la levée est un moyen, un carburant pour votre fusée, mais jamais une destination. Le véritable travail, la construction d’une entreprise qui compte, commence le lendemain du virement. Alors, préparez-vous, soyez humble pour apprendre, mais restez inébranlables dans votre conviction. Car au final, c’est cette flamme que les investisseurs cherchent à financer. C’est cette conviction qui transformera votre vision en réalité.

FAQ : les questions que tout entrepreneur se pose sur la levée de fonds

Quelle est la principale différence entre une levée de fonds dilutive et non dilutive ?

La distinction est fondamentale. Une levée de fonds dilutive, celle dont nous parlons principalement, est un ‘apport de capitaux de société qui qui permet à l’entrepreneur du coup de recevoir de la du cash en contrepartie d’une cession des actions’. Vous échangez une partie de votre capital contre de l’argent. À l’inverse, le financement non dilutif consiste à faire entrer de l’argent via des prêts (bancaires, Bpifrance) ou des subventions. Ces fonds doivent être remboursés (sauf pour les subventions) mais ne vous font pas céder de parts de votre entreprise. Les deux sont souvent complémentaires dans une stratégie de financement globale.

‘La levée de fond non dilutive, c’est faire rentrer des financements mais souvent des appelle des prêts ou des subventions qui vont par définition pas diluer l’entrepreneur mais qui vont être contrepartie de remboursement évidemment.’

Est-il vraiment possible de lever des fonds sans avoir de revenus en 2025 ?

Oui, absolument. C’est une idée reçue de penser que le revenu est un prérequis obligatoire. Pour les startups en amorçage, les investisseurs valorisent davantage la ‘vitesse de traction’ et le potentiel d’exécution. Si vous pouvez démontrer un fort engagement utilisateur, une liste d’attente qualifiée, ou des preuves d’intérêt de grands comptes, vous avez une histoire crédible à vendre. Attendre d’avoir des revenus peut même être un piège si votre croissance stagne pendant le processus de levée. Il est souvent plus stratégique de lever des fonds pour accélérer une dynamique naissante.

‘À la question est-ce qu’on peut lever en revenu? Oui, c’est possible et parfois c’est une nécessité pour un pour un entrepreneur qui doit accélérer tout de suite très vite dans un marché naissant.’

Quels sont les deux critères les plus importants pour un investisseur en early-stage ?

Sans hésitation, les deux critères qui surpassent tous les autres sont l’équipe et la vision. Un investisseur mise avant tout sur les fondateurs, leur capacité à exécuter, à pivoter et à attirer des talents. Une équipe A+ avec un projet B- sera toujours préférée à l’inverse. Le deuxième critère est la vision globale : le projet doit avoir le potentiel de s’attaquer à un marché gigantesque et de devenir un leader, une ‘licorne en puissance’. Le modèle du capital-risque exige des retours sur investissement exceptionnels, ce qui écarte les projets de niche, même s’ils sont très rentables.

‘La réalité c’est qu’il y a deux critères qu’on une belle boîte. […] Le premier c’est le critère de l’équipe. […] et le deuxième bloc […] c’est une vision globale. Un ici par définition, il y a une boîte sous 10 qui va qui va fonctionner.’

Combien de temps faut-il prévoir pour un processus complet de levée de fonds ?

Il faut être réaliste, c’est un processus long. Il faut compter en moyenne entre 4 et 8 mois, mais il n’est pas rare que cela s’étende jusqu’à 12 mois, ‘du de la première brick jusqu’à la dernière’. Ce délai se décompose en plusieurs phases : la préparation stratégique et documentaire (1-2 mois), le roadshow pour rencontrer les investisseurs (2-6 mois), et enfin la phase de closing juridique (1-2 mois). C’est un marathon qui demande une endurance et une organisation sans faille de la part des fondateurs.

‘Un process de levée de fond, ça dure en moyenne 4 8 mois. […] une levée de fond ça va durer 4 8 mois peut-être 12 mois.’

Quel pourcentage de mon capital dois-je m’attendre à céder lors d’une première levée de fonds (pre-seed/seed) ?

La dilution est une conséquence directe de la valorisation négociée. Pour un premier tour de table en pre-seed ou seed en France, la norme du marché se situe aux alentours de 20%. C’est un chiffre médian. Un très bon deal, bien négocié avec une forte concurrence entre investisseurs, peut descendre autour de 10-15%. À l’inverse, si vous êtes en position de faiblesse, la dilution peut monter à 25% voire plus. L’enjeu est de créer un ‘jeu d’enchère’ pour maîtriser cette dilution et préserver au maximum le capital des fondateurs.

‘La dilution moyenne elle est la médiane et la moyenne se rapproche quand même autour de 20 % sur du précide. L’idéal c’est quand même de lâcher plutôt entre 10 15 %. Si c’est mal négocié 20 25 %.’

Quelle est la plus grande erreur à éviter lors de la création de son pitch deck ?

La plus grande erreur est de manquer de simplicité et de clarté. Beaucoup d’entrepreneurs, passionnés par leur technologie, noient leur lecteur sous un jargon technique et des détails superflus. Or, un investisseur ou un analyste doit comprendre votre projet en quelques minutes. L’objectif unique du deck n’est pas de tout expliquer, mais de susciter suffisamment d’intérêt pour décrocher un rendez-vous. Un deck complexe est un deck qui ne sera pas lu. Il faut privilégier des mots simples, une histoire claire et un design professionnel.

‘L’erreur qu’on voit souvent des entrepreneurs, c’est déjà ne pas forcément être simple. […] si un investisseur ou si nous on comprend pas le projet, on va avoir du mal à se positionner dessus.’

Comment un leveur de fonds comme Brakage se rémunère-t-il ?

Notre modèle de rémunération est aligné sur le succès de l’entrepreneur. Il se compose de deux parties. D’abord, un forfait de lancement, ou ‘retainer’, d’environ 2500€, qui nous permet de nous assurer de l’implication de l’entrepreneur dans le processus. Ensuite, et c’est là que se situe l’essentiel de notre rémunération, nous prenons une commission au succès, qui se situe ‘entre 4 à 6 % de la levée de fonds’. Ce modèle garantit que nos intérêts sont parfaitement alignés : nous ne gagnons réellement que si l’entrepreneur atteint son objectif de financement.

‘On a un pricing en deux temps. On va avoir d’abord un forfait de lancement qui est généralement autour de 2500 €. […] et là où on gagne surtout l’argent c’est évidemment au succès, on prend une commission levée de fonds.’

Une fois les fonds levés, quel est le niveau d’engagement attendu par les investisseurs ?

L’arrivée d’investisseurs au capital marque la fin de l’aventure en solitaire. Leur attente est un engagement total et exclusif. Vous n’êtes ‘plus totalement chez toi’. Concrètement, cela signifie que vous devez vous consacrer à 10000% à votre projet ; toute activité professionnelle annexe est généralement proscrite par le pacte d’actionnaires. De plus, vous aurez des obligations de reporting régulières, comme la tenue d’un ‘board par mois’ pour rendre compte de vos avancées, de vos chiffres et de votre stratégie. C’est une nouvelle gouvernance qui demande de la transparence et de la discipline.

‘À partir du moment où tu fais rentrer l’investisseur tu es plus totalement chez toi. […] il avec un invest, l’idée c’est de se focus non pas à 40 % mais à 10000 %.’


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