Lever des fonds en 2025 : mission impossible ou retour à la raison pour les startups ?
Le fil d’actualité LinkedIn est formel : chaque jour, une nouvelle startup annonce une levée de fonds spectaculaire, des millions d’euros levés, des sourires radieux et des ambitions mondiales. Cette avalanche de ‘success stories’ a forgé une croyance tenace dans l’écosystème tech : pour exister, pour réussir, il faut lever des fonds. C’est devenu une sorte de validation ultime, un tampon officiel qui distingue les ‘belles boîtes’ des autres. Mais cette image d’Épinal résiste-t-elle à l’épreuve de la réalité, surtout dans un contexte économique comme celui de 2024 et 2025, où le mot d’ordre semble être à la prudence ? L’argent coule-t-il toujours à flots pour les jeunes pousses innovantes ? C’est une question que chaque entrepreneur se pose, souvent avec une pointe d’anxiété. Le rêve de la levée de fonds est-il encore accessible ou est-il devenu une chimère réservée à une élite sur-diplômée sortant des mêmes écoles ?
En tant que co-fondateur de Braquage.tech, un cabinet de conseil spécialisé dans les premières levées de fonds, je passe mes journées au cœur de ce réacteur. Je rencontre quotidiennement des fondateurs et fondatrices qui portent des projets incroyables mais qui se heurtent à la complexité et à l’opacité de cet univers. Mon métier, et ma conviction, c’est de les accompagner pour naviguer dans ces eaux parfois troubles. Et ma première réponse à cette angoisse ambiante est claire : oui, il est tout à fait possible de lever des fonds en 2025. Mais pas n’importe comment, et surtout, pas pour n’importe quel projet. L’ère de l’argent facile, où une simple idée sur un PowerPoint pouvait suffire, est révolue. Nous sommes entrés dans une phase de maturité du marché, plus exigeante, mais fondamentalement plus saine. C’est une période qui force les entrepreneurs à se concentrer sur l’essentiel et qui récompense la substance plutôt que le paraître. Dans cet article, je vais partager avec vous les clés pour comprendre ce nouveau paradigme, pour décoder les attentes réelles des investisseurs et pour préparer votre projet à affronter ce défi avec les meilleures chances de succès. Oublions les paillettes de LinkedIn pour un instant et parlons de la vraie vie d’une levée de fonds.
La levée de fonds : démystifier le mythe pour en faire un véritable outil stratégique
Avant même de se demander ‘comment’ lever des fonds, la question fondamentale que chaque entrepreneur doit se poser est ‘pourquoi’. La culture de la tech a érigé la levée de fonds en quasi-obligation, un rite de passage. Pourtant, c’est une erreur de perspective. Comme je le dis souvent, ‘c’est évidemment une exception, c’est une exception dans l’histoire d’une boîte’. Les statistiques le confirment : la grande majorité des entreprises, y compris celles qui sont très rentables et pérennes, ne lèvent jamais de fonds auprès de capitaux-risqueurs. On estime qu’à peine 5% des startups qui cherchent activement à lever des fonds y parviennent. Cela ne veut pas dire que les 95% restantes sont de mauvais projets. Cela signifie simplement qu’elles ne correspondent pas au modèle très spécifique que recherchent les investisseurs en capital-risque, un modèle basé sur l’hyper-croissance et un potentiel de sortie (vente ou introduction en bourse) multipliant leur mise par 10, 50 ou 100.
Une belle boîte n’est pas forcément une boîte qui lève
C’est sans doute le point le plus important à intégrer. On peut construire une entreprise magnifique, générer des millions de chiffre d’affaires, créer des emplois et avoir un impact positif, sans jamais céder une part de son capital. Cette confusion est entretenue par l’écosystème. Il faut donc opérer une distinction claire : ‘il faut très vite faire une dichotomie entre des belles boîtes et des boîtes qui lèvent des fonds’. Lever des fonds n’est pas un certificat de qualité ou une garantie de succès futur. C’est un outil de financement, un accélérateur. C’est un choix stratégique qui implique d’accepter une dilution de son capital et une pression immense pour la croissance, en échange de moyens financiers pour aller plus vite et plus loin qu’on ne le pourrait avec ses propres ressources. C’est un pacte faustien pour certains, un levier indispensable pour d’autres. La question n’est donc pas de savoir si votre boîte est ‘assez bien’ pour lever, mais si la levée de fonds est le bon outil pour réaliser votre vision et si vous êtes prêt à en accepter les contreparties.
Financement dilutif vs non-dilutif : comprendre les options
Lorsqu’on parle de ‘levée de fonds’, on pense immédiatement à ce qu’on appelle le financement ‘dilutif’. C’est le cœur de notre métier : ‘c’est un apport de capitaux (…) qui permet à l’entrepreneur du coup de recevoir du cash en contrepartie d’une cession des actions’. Vous vendez une partie de votre entreprise à des investisseurs. Mais ce n’est pas la seule option, et une stratégie de financement intelligente combine souvent plusieurs sources. Il existe tout un arsenal de financements ‘non-dilutifs’, c’est-à-dire des apports financiers qui ne vous coûtent pas de parts de votre société. Cela inclut les prêts bancaires, les prêts d’honneur, les subventions (de Bpifrance, de régions, etc.) ou encore le Revenue-Based Financing (RBF). Ces mécanismes sont souvent complémentaires. Une subvention de la BPI peut vous permettre de financer une R&D initiale et d’arriver avec plus d’atouts face à un investisseur. Un prêt peut financer du stock sans avoir à céder du capital. Il est crucial de connaître et d’activer ces leviers en parallèle de votre recherche de fonds propres pour optimiser votre plan de financement et préserver au maximum votre capital.
Faire le choix de la levée de fonds, c’est donc une décision mûrement réfléchie. C’est accepter d’embarquer des partenaires dans votre aventure, avec qui vous allez devoir rendre des comptes. C’est choisir la voie de la vitesse et de l’échelle, en acceptant les risques qui vont avec. Une fois cette décision prise, il faut alors comprendre le terrain de jeu sur lequel vous vous apprêtez à entrer.
Le marché en 2024-2025 : la fin de la fête, le début de la construction
Le constat est partagé par tous les acteurs de la tech : ‘en ce moment dans la tech, ça couine énormément’. Après des années d’euphorie où l’argent semblait presque infini, le marché a connu une correction brutale. Les valorisations ont chuté, les investisseurs sont devenus plus frileux et les processus de levée se sont allongés. On pourrait y voir un signal extrêmement négatif, la fin d’un âge d’or. Personnellement, j’y vois surtout un retour à la normale, une forme d’assainissement nécessaire après des excès. ‘Je suis assez convaincu que c’est un mécanisme assez sain. On voit des investisseurs plus sérieux dans leur analyse, dans leur audit.’ Cette nouvelle donne change les règles du jeu. Les entrepreneurs doivent comprendre que l’approche qui fonctionnait en 2021 est aujourd’hui caduque.
Un écosystème plus sélectif mais toujours actif
Oui, statistiquement, le nombre et le volume des levées de fonds ont diminué. Mais cela ne signifie pas que les vannes sont fermées. L’argent est toujours là. Les fonds d’investissement, notamment en early stage (les premières levées), ont des capitaux à déployer. ‘Quand on discute avec eux aujourd’hui, ils ont des poches à investir qu’ils souhaitent déployer.’ Un partenaire d’un fonds me confiait récemment avoir encore ‘quatre deals à faire d’ici la fin de l’année’. Le problème n’est pas un manque de liquidités, mais un renforcement drastique des critères de sélection. Les investisseurs prennent plus de temps, analysent plus en profondeur les dossiers et disent ‘non’ beaucoup plus souvent. Ils ne cherchent plus le prochain projet à la mode, mais des entreprises avec des fondations solides, un chemin clair vers la rentabilité et une équipe capable d’exécuter dans un environnement incertain. En somme, il y a toujours de la place, mais uniquement pour les meilleurs projets. Le mantra est simple : ‘les belles boîtes arrivent toujours à lever’. Toute la question est de savoir ce que signifie ‘une belle boîte’ dans ce nouveau contexte.
Pourquoi l’early stage reste un segment protégé
Dans cette contraction générale du marché, tous les segments ne sont pas logés à la même enseigne. Les startups plus matures, en Série A ou B, qui doivent se refinancer sur des valorisations très élevées atteintes en 2021, sont celles qui souffrent le plus. Le segment du ‘early stage’ (pre-seed, seed), celui sur lequel nous nous concentrons chez Braquage, est relativement plus protégé. Pourquoi ? D’abord, parce que les montants investis sont plus faibles, ce qui représente un risque moindre pour les fonds. Ensuite, l’horizon de temps est beaucoup plus long. Un investissement en pre-seed ne vise une sortie que dans 7 à 10 ans, le temps que le cycle économique ait potentiellement changé. Enfin, et c’est le plus important, à ce stade, l’investissement est avant tout un pari sur une équipe et une vision. Les métriques financières sont moins pertinentes que la qualité des fondateurs. Les business angels et les fonds early stage le savent : leur métier est de détecter les talents de demain, et ces talents continuent d’émerger, crise ou pas crise. L’écosystème est donc toujours là, il est simplement devenu plus rationnel et plus exigeant.
Cette transformation du marché n’est pas une mauvaise nouvelle. Elle oblige les entrepreneurs à être meilleurs, plus préparés, plus lucides sur leur projet et leur stratégie. Elle écarte les projets ‘bullshit’ pour laisser le champ libre à ceux qui ont une réelle substance. C’est un défi, mais aussi une formidable opportunité de construire des entreprises plus résilientes.
Les critères d’une ‘belle boîte’ : ce que les investisseurs scrutent à la loupe
Alors, qu’est-ce qu’une ‘belle boîte’ aux yeux d’un investisseur en 2025 ? On pourrait lister des dizaines de critères : la taille du marché, la technologie, le produit, le business model… Un investisseur va évidemment regarder l’ensemble de ces éléments dans un deck. Mais si l’on gratte le vernis, la décision d’investir en early stage se résume presque toujours à deux éléments fondamentaux, deux piliers qui soutiennent tout le reste. Si l’un des deux est bancal, l’édifice s’écroule. ‘La réalité c’est qu’il y a deux critères (…) qui paraissent très simples mais en fait qui sont les plus compliqués.’
H3: Le critère n°1 : l’équipe fondatrice, le pari sur l’humain
C’est le mantra répété par tous les VCs, et ce n’est pas une posture. En early stage, il y a peu de certitudes. Le produit va pivoter, le marché va évoluer, le business model va s’ajuster. La seule constante, c’est l’équipe aux commandes. L’investisseur ne mise pas sur une photo à l’instant T, mais sur la capacité des fondateurs à naviguer dans le brouillard et à exécuter leur vision. ‘Un investisseur préfère miser sur un projet plus ou moins bancal mais qui sera l’idée par un entrepreneur, une entrepreneuse qui a une vraie vision, une vraie force d’exécution, plutôt que l’inverse.’ Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Une équipe ‘top gun’, c’est une alchimie de plusieurs facteurs : une complémentarité des compétences (par exemple, un profil technique, un profil produit et un profil commercial), une connaissance intime et profonde du marché qu’ils adressent (le fameux ‘founder-market fit’), et surtout, une capacité de résilience et d’apprentissage hors du commun. Si vous avez déjà monté une boîte, même si elle a échoué, c’est un atout considérable. Cela prouve que vous connaissez les montagnes russes de l’entrepreneuriat. L’investisseur cherche des fondateurs qui sont obsédés par leur problème, qui ont une légitimité à le résoudre et qui montrent une capacité à attirer les talents autour d’eux.
H3: Le critère n°2 : la vision globale, le potentiel de devenir une licorne
Le deuxième pilier, tout aussi essentiel, est l’échelle de la vision. Il faut comprendre le modèle économique d’un fonds de capital-risque : sur un portefeuille de 10 à 20 startups, la plupart vont échouer ou stagner. Seules une ou deux devront générer une performance si exceptionnelle qu’elle remboursera l’ensemble du fonds et dégagera un profit. C’est la loi des ‘power laws’. Par conséquent, un investisseur ne peut pas se permettre d’investir dans un projet qui vise ‘seulement’ à devenir une belle PME rentable. Il doit croire que votre boîte a le potentiel, même infime, de devenir un leader mondial et de valoir plusieurs milliards d’euros. ‘Il faut que demain la boîte puisse être une licorne en puissance.’ C’est souvent là que le bât blesse. Nous voyons passer de nombreux projets solides, mais dont l’ambition est intrinsèquement limitée à un marché de niche ou local. La question qu’un investisseur se pose est : ‘Si tout se passe parfaitement, jusqu’où cette boîte peut-elle aller ?’. Votre travail est de lui peindre une image crédible et exaltante de ce futur, de montrer que le marché que vous visez est immense (le fameux TAM, Total Addressable Market) et que votre solution est la mieux placée pour le conquérir. C’est ce qui différencie un beau projet d’un projet ‘VC compatible’.
H3: La traction au-delà des revenus : la preuve irréfutable de la vitesse
Vient alors la question qui hante de nombreux entrepreneurs : ‘Il faut que je génère du revenu, sinon n’y vas même pas’. C’est une idée reçue, et elle est fausse. Ou du moins, elle est imprécise. Bien sûr, avoir des revenus est un excellent signal. Mais ce n’est pas le seul, et parfois pas le plus important en early stage. Ce qu’un investisseur achète, ce n’est pas un chiffre d’affaires à un instant T, mais une dynamique. ‘Un investisseur va acheter une traction et dans la notion de traction, il y a une notion de vitesse.’ La traction, c’est la preuve que vous avancez, que vous créez de la valeur et que le marché réagit. Elle peut prendre de multiples formes avant même le premier euro encaissé : une liste d’attente de milliers d’utilisateurs qualifiés, des lettres d’intention signées par des grands comptes, un taux d’engagement exceptionnel sur un produit freemium, le développement d’une communauté passionnée, des projets pilotes en cours… L’erreur fatale est d’attendre d’avoir atteint un ‘plafond de verre commercial’ pour aller voir des investisseurs. Si votre croissance stagne pendant les 4 à 8 mois du processus de levée, vous envoyez un signal terrible. À l’inverse, un projet pré-revenu qui peut démontrer une accélération fulgurante sur ses indicateurs de traction peut être extrêmement séduisant. Il raconte une histoire : ‘Regardez tout ce qui se passe. (…) Demain vous appuyez sur le bouton de fonds avec moi, voilà ce que je vais pouvoir exécuter.’ C’est cette promesse d’exécution future, validée par des preuves tangibles de progrès, qui convaincra un investisseur de signer un chèque.
Maîtriser ces trois dimensions – une équipe exceptionnelle, une vision à l’échelle d’une licorne et une traction démontrable – est la condition sine qua non pour espérer lever des fonds dans le marché actuel. C’est sur cette base que vous pourrez ensuite construire votre démarche et aborder le processus de levée de manière structurée.
Le processus de levée de fonds : un marathon, pas un sprint
Une fois convaincu que la levée de fonds est la bonne stratégie et que votre projet coche les cases fondamentales, il faut se préparer à un processus long, intense et exigeant. C’est un véritable deuxième métier qui va s’ajouter à votre quotidien d’entrepreneur. Je le dis sans détour à tous ceux que nous accompagnons : ‘lever des fonds c’est beaucoup de temps et c’est du temps qui sera pas loué sur le commercial et à d’autres parties du projet.’ Une levée de fonds dure en moyenne entre 4 et 8 mois, parfois jusqu’à 12 mois du premier document rédigé jusqu’à l’argent sur le compte. Il est donc crucial d’anticiper et de s’organiser. Nous décomposons généralement ce marathon en trois grandes étapes : la préparation, le roadshow et le closing.
H3: Étape 1 : La préparation (1-2 mois), l’art de bâtir son histoire
C’est la phase la plus critique et souvent la plus sous-estimée. C’est le moment de l’introspection, où vous allez devoir formaliser votre vision, votre stratégie et vos besoins financiers dans des documents clairs et percutants. L’outil central est le fameux ‘deck’, cette présentation de 15 à 20 slides qui est votre porte d’entrée chez les investisseurs. Un bon deck repose sur trois piliers. Premièrement, la simplicité. Un investisseur reçoit des centaines de decks par semaine, lus en diagonale en moins de 3 minutes. Utilisez des mots simples, allez à l’essentiel. Si l’on ne comprend pas ce que vous faites dès la première slide, c’est perdu. Deuxièmement, le storytelling. Votre deck doit raconter une histoire, créer une tension, susciter l’envie d’en savoir plus. Il doit provoquer le ‘FOMO’ (Fear Of Missing Out). ‘Le seul objectif du deck, c’est d’avoir un call avec le VC à la fin.’ Il ne s’agit pas de tout dire, mais de donner suffisamment envie pour obtenir ce rendez-vous. Enfin, le design. Un deck propre, sans faute d’orthographe, bien structuré, est la première vitrine de votre professionnalisme. C’est l’une des rares occasions de montrer comment vous travaillez. Cette phase de préparation demande une concentration intense. Il est souvent nécessaire qu’un des co-fondateurs y alloue au moins 50 à 70% de son temps.
H3: Étape 2 : Le Roadshow (2-4 mois), le marathon des rendez-vous
Une fois vos documents prêts, le roadshow commence. C’est la phase active de la levée, où vous allez contacter et rencontrer des dizaines d’investisseurs. ‘Roadshow c’est un travail de sales hein, c’est aller chercher les investisseurs.’ Et comme tout processus commercial, il faut être méthodique : cibler les bons fonds (ceux qui investissent dans votre secteur, à votre stade de maturité), essayer d’obtenir des introductions ‘chaudes’ via votre réseau, et gérer un pipeline de contacts avec rigueur. Cette phase est un véritable temps plein, voire plus. Il faut s’attendre à pitcher plusieurs fois par jour, à répondre à des questions pointues, à essuyer de nombreux refus, et à relancer sans cesse. C’est un test d’endurance physique et mentale. Le rôle d’un accompagnant comme Braquage est ici crucial : nous aidons à identifier les bons interlocuteurs, à préparer les rendez-vous, et surtout, à orchestrer le calendrier pour créer une dynamique concurrentielle. Car la clé du succès est là : ‘si au bout de 3 semaines, tu as 10 investisseurs qui t’appellent à la porte’, vous êtes en position de force pour négocier les meilleures conditions. Le roadshow est une course contre la montre pour créer cet élan.
H3: Étape 3 : Le closing (1-2 mois), la négociation et la paperasse
Lorsque vous avez une ou plusieurs offres d’investissement (une ‘term sheet’), la partie n’est pas encore gagnée. La phase de closing s’ouvre. C’est une période intense de négociations sur les termes juridiques et financiers de l’accord. C’est là que se décident la valorisation de votre entreprise, le pourcentage de dilution, mais aussi votre future gouvernance, les droits et obligations de chacun… C’est une étape très technique où l’accompagnement par un bon avocat d’affaires est indispensable. Une fois l’accord trouvé, il faut rédiger le pacte d’actionnaires, un document de plusieurs dizaines de pages qui sera votre contrat de mariage avec vos investisseurs pour les années à venir. La dilution moyenne pour un premier tour se situe généralement ‘autour de 20 %’, mais peut varier entre 15% pour un excellent deal et 25% si la négociation est difficile. Cette phase, bien que moins chronophage en réunions, est extrêmement stressante et demande une grande attention aux détails. Ce n’est qu’une fois tous les documents signés et les fonds virés que le marathon s’achève… et qu’un nouveau commence : celui de l’exécution et du reporting à vos nouveaux partenaires.
Conclusion : La levée de fonds est un moyen, pas une fin
Au terme de ce parcours, il est essentiel de revenir à l’essentiel. La levée de fonds, malgré l’aura qui l’entoure, n’est pas une fin en soi. Ce n’est pas le succès, c’est le carburant pour aller le chercher. Dans un marché revenu à la raison, les paillettes et les discours marketing ne suffisent plus. Les entrepreneurs qui réussiront à se financer en 2025 seront ceux qui auront compris que la substance prime sur la forme. Ils auront bâti une équipe fondatrice solide et complémentaire, portée par une vision ambitieuse mais crédible. Ils auront su démontrer une traction réelle, une preuve tangible que leur projet répond à un besoin et avance à grande vitesse. Ils auront abordé le processus de levée de fonds non pas comme une loterie, mais comme un marathon stratégique, en se préparant avec une rigueur et une discipline de fer.
Lever des fonds, c’est faire le choix d’une croissance accélérée, avec toutes les contraintes que cela implique. C’est accepter de ne plus être ‘totalement chez soi’ et de partager la barre avec des partenaires exigeants. C’est une voie exaltante, mais qui ne convient pas à tous les projets ni à tous les entrepreneurs. Alors, avant de vous lancer corps et âme dans cette aventure, posez-vous les bonnes questions. Est-ce le bon véhicule pour votre ambition ? Êtes-vous prêt pour ce marathon ? Si la réponse est oui, alors préparez-vous, entourez-vous, et foncez. Car même dans un marché difficile, les grands projets, portés par des équipes d’exception, trouveront toujours les moyens de leurs ambitions.
Questions fréquentes sur la levée de fonds
Une levée de fonds est-elle une obligation pour réussir dans la tech ?
Absolument pas. C’est l’un des plus grands mythes de l’écosystème. La levée de fonds est un outil stratégique pour accélérer très fortement la croissance, mais elle n’est ni une norme, ni une garantie de succès. De nombreuses entreprises technologiques très performantes se sont construites en ‘bootstrap’, c’est-à-dire en s’autofinançant grâce à leurs propres revenus. Ce choix dépend entièrement de la nature de votre marché, de la vitesse de vos concurrents et de votre ambition personnelle. Il est crucial de ne pas voir la levée comme un objectif en soi, mais comme un moyen au service d’une vision.
‘La plupart des boîtes ne rentrent pas dans les critères d’une boîte tech qui a besoin de lever des fonds. (…) On peut lever des fonds sans être potentiellement demain une success story, c’est une manière de se financer pour développer sa boîte.’
Peut-on vraiment lever des fonds sans avoir de chiffre d’affaires ?
Oui, c’est tout à fait possible, surtout en phase d’amorçage (pre-seed/seed). Les investisseurs à ce stade savent qu’ils parient davantage sur le potentiel futur que sur les résultats passés. Ce qu’ils recherchent, ce n’est pas nécessairement du revenu, mais de la ‘traction’. La traction est la preuve que votre projet avance et suscite l’intérêt. Cela peut être une forte croissance du nombre d’utilisateurs, une liste d’attente qualifiée, des lettres d’intention de clients prestigieux, ou un fort engagement sur votre produit. L’important est de démontrer une dynamique positive et rapide.
‘Un investisseur va acheter une traction et dans la notion de traction, il y a une notion de vitesse. (…) Lever prêt revenu, c’est évidemment une difficulté. (…) Ceci étant dit la question, est-ce qu’on peut lever un près revenu ? Oui, c’est possible et parfois c’est une nécessité pour un entrepreneur qui doit accélérer tout de suite très vite dans un marché naissant.’
Quels sont les deux critères les plus importants pour un investisseur en early stage ?
Si l’on doit synthétiser, tout se résume à deux éléments cruciaux. Le premier est l’équipe fondatrice. Les investisseurs parient avant tout sur la capacité des fondateurs à exécuter, à s’adapter et à surmonter les obstacles. Une équipe complémentaire, expérimentée et résiliente est le meilleur gage de sécurité. Le deuxième critère est la vision globale. Le projet doit avoir le potentiel de s’attaquer à un marché immense et de devenir un leader, une ‘licorne’ potentielle. C’est ce potentiel de rendement exceptionnel qui justifie le risque pris par le capital-risqueur.
‘La réalité c’est qu’il y a deux critères (…) Le premier, c’est le critère de l’équipe. Quand on lève des fonds, on investit surtout sur des fondateurs. (…) Et le deuxième bloc (…) c’est une vision globale. (…) Il faut que demain la boîte puisse être une licorne en puissance.’
Combien de temps faut-il prévoir pour un processus complet de levée de fonds ?
Il faut se préparer pour un marathon. Un processus de levée de fonds, de la création des premiers documents jusqu’à la réception des fonds sur le compte en banque, dure en moyenne entre 4 et 8 mois. Dans le contexte actuel de marché plus lent, il n’est pas rare que cela s’étende jusqu’à 12 mois. Cette durée s’explique par les différentes phases : la préparation (1-2 mois), le ‘roadshow’ ou la rencontre des investisseurs (2-4 mois), et le ‘closing’ avec les négociations juridiques (1-2 mois). C’est un engagement de longue haleine.
‘Un process de levée de fonds, ça dure en moyenne 4-8 mois. (…) Une levée de fond, ça va durer 4-8 mois, peut-être 12 mois du du du de la première brique jusqu’à la dernière.’
Quel est le rôle exact d’un ‘leveur de fonds’ comme Braquage ?
Notre rôle est d’être le chef d’orchestre de la levée de fonds pour l’entrepreneur. Nous intervenons sur les trois grandes étapes. En préparation, nous aidons à challenger et construire la stratégie de levée et la documentation (deck, business plan). Pendant le roadshow, nous identifions et contactons les investisseurs les plus pertinents et nous aidons à créer une dynamique concurrentielle. Enfin, lors du closing, nous sommes aux côtés de l’entrepreneur pour négocier les meilleures conditions possibles. Notre objectif est de maximiser les chances de succès de la levée tout en permettant à l’entrepreneur de rester concentré sur son business.
‘Notre métier c’est d’être le chef d’orchestre de la levée de fond et donc de les accompagner sur l’ensemble de ces étapes au travers de notre cabinet. (…) Notre métier c’est d’arriver là où selon nous il y a la haute valeur ajoutée, c’est-à-dire valider la documentation, travailler le Roadshow (…) et peut-être là où c’est le plus important, négocier à côté d’eux les conditions de la levée de fond.’
À quelle dilution du capital dois-je m’attendre pour une première levée de fonds ?
La question de la valorisation et de la dilution est centrale. Pour les premières levées de fonds (pre-seed, seed, jusqu’à 2,5 millions d’euros), la dilution se situe généralement dans une fourchette assez standard. Idéalement, un entrepreneur bien préparé et qui a réussi à créer une dynamique concurrentielle visera une dilution entre 10% et 15%. Cependant, la moyenne du marché se rapproche plutôt de 20%. Si le processus est mal négocié ou que l’entrepreneur est en position de faiblesse avec une seule offre, la dilution peut monter à 25%.
‘La dilution moyenne, elle est la médiane et la moyenne se rapproche quand même autour de 20 %. Sur du préside, l’idéal c’est quand même de lâcher plutôt entre 10-15 %. Si c’est mal négocié 20-25 %.’
Quelles sont les erreurs à éviter lors du premier contact avec un investisseur ?
La première impression est déterminante. L’erreur la plus fréquente est de ne pas être simple et clair. Si un investisseur ne comprend pas votre projet en quelques secondes, il passera au suivant. Évitez le jargon technique et allez droit au but. La deuxième erreur est de manquer de préparation et de ne pas avoir une histoire convaincante à raconter. Enfin, la posture de l’entrepreneur est cruciale. Il faut trouver le juste équilibre entre une conviction inébranlable en son projet et une humilité qui montre une ouverture aux feedbacks. Un entrepreneur qui paraît arrogant ou fermé à la discussion est un signal d’alarme immédiat.
‘L’erreur qu’on voit souvent des entrepreneurs, c’est déjà ne pas forcément être simple. (…) Ce qu’on n’aime pas voir, c’est des entrepreneurs un peu sûr d’eux qui vont avoir cette posture de presque nous faire le cadeau de travailler avec eux. On a besoin encore une fois d’avoir des entrepreneurs ouverts au feedback.’




