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#109 : Market > La levée de fond en 2025 c’est possible ?

Épisode diffusé le 13 janvier 2025 par Bannouze : Le podcast du marketing digital !

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Lever des fonds en 2025 : mythes, réalités et guide de survie pour entrepreneurs

Le fil d’actualité LinkedIn est formel : chaque jour, une nouvelle startup annonce une levée de fonds à plusieurs millions d’euros, photo de l’équipe souriante à l’appui. On pourrait croire que lever des fonds est devenu une étape obligée, une sorte de norme pour toute entreprise qui se respecte. Pourtant, derrière ces annonces extraordinaires se cache une réalité bien plus nuancée, et souvent plus ardue. En tant que cofondateur de Braquage.tech, j’accompagne au quotidien des entrepreneurs dans ce parcours du combattant. Et la question qui revient sans cesse, surtout dans le climat actuel, est la suivante : est-ce encore possible de lever des fonds en 2024 et 2025 ? La réponse est oui, mais pas pour tout le monde, et certainement pas comme avant.

Nous sortons d’une période d’euphorie, une bulle où l’argent coulait à flots, parfois sur de simples promesses. Aujourd’hui, comme l’évoquait Helan dans notre discussion, ‘dans la tech, ça coince énormément’. Les investisseurs sont devenus plus frileux, les processus se sont allongés, et la barre a été placée bien plus haut. Loin d’être une mauvaise nouvelle, je suis convaincu que c’est un ‘mécanisme assez sain’. Cette nouvelle ère force les entrepreneurs à se concentrer sur l’essentiel : construire des entreprises solides, avec une vision claire et une exécution impeccable. La levée de fonds redevient ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un outil de financement stratégique, et non une fin en soi.

Cet article n’est pas une recette magique. Comme je le dis souvent, il n’y a pas de science exacte en la matière. C’est plutôt une immersion dans les coulisses du financement de l’innovation. Nous allons décortiquer ensemble ce que signifie vraiment lever des fonds, ce que les investisseurs recherchent au-delà des chiffres, et comment vous, entrepreneurs, pouvez naviguer ce processus complexe pour maximiser vos chances de succès. Oubliez les paillettes de LinkedIn ; nous allons parler de stratégie, de travail acharné et de la réalité du terrain.

La levée de fonds : démystifier le mythe de la startup nation

Avant même de se demander ‘comment’ lever des fonds, la première question, la plus fondamentale, est ‘pourquoi’. Et surtout, est-ce vraiment fait pour moi ? L’écosystème tech nous abreuve d’histoires à succès qui peuvent donner l’impression que la levée de fonds est un passage obligé pour réussir. C’est la première idée reçue qu’il faut absolument déconstruire.

Une exception, pas une norme

Lorsque nous passons nos journées à analyser des projets, on peut avoir l’impression que c’est une norme, mais la réalité est tout autre. Comme je l’expliquais,

‘c’est évidemment une exception. C’est une exception dans une histoire d’une boîte’.

Les statistiques, bien qu’approximatives, sont éloquentes : on estime qu’environ 5% seulement des entreprises qui cherchent activement à lever des fonds y parviennent. Cela signifie que 95% des projets présentés aux investisseurs ne reçoivent pas de financement. Et c’est sans compter l’immense majorité des entreprises qui ne sont tout simplement pas structurées pour ce type de financement. Un restaurant, une agence de conseil, un e-commerce rentable mais à croissance modérée sont souvent de très belles entreprises, mais elles ne correspondent pas au modèle du capital-risque, qui cherche des potentiels de croissance exponentielle pour compenser le risque très élevé qu’il prend.

Cette réalité est souvent masquée par un biais de visibilité. Les levées de fonds sont très médiatisées, car elles génèrent une communication positive. Mais personne ne communique sur les centaines de ‘non’ reçus, les mois de travail infructueux, ou les entreprises qui choisissent délibérément de se développer en ‘bootstrap’, c’est-à-dire en s’autofinançant. Confondre le bruit médiatique avec la norme est la première erreur d’un entrepreneur qui envisage cette voie.

Un outil au service d’une vision, pas une fin en soi

La seconde erreur est de voir la levée de fonds comme une validation, un ‘coup de tampon d’une belle histoire’. C’est une vision très dangereuse. Lever des fonds n’est pas un objectif. C’est un moyen, un outil pour accélérer une stratégie. On lève des fonds pour aller plus vite, pour conquérir un marché avant la concurrence, pour financer une R&D coûteuse, ou pour se déployer à l’international. Si votre plan de développement ne nécessite pas une accélération fulgurante financée par des capitaux externes, alors la levée de fonds n’est probablement pas la bonne solution. Elle vient avec son lot de contraintes, de pression et une perte de contrôle partiel. Il est crucial de faire la ‘dichotomie entre des belles boîtes et des boîtes qui lèvent des fonds’. On peut construire une entreprise extrêmement solide et rentable sans jamais faire entrer un seul investisseur à son capital. Et inversement, certaines entreprises qui lèvent des fonds finissent par échouer, car l’argent ne résout pas les problèmes fondamentaux de marché ou de produit.

Dilutif vs Non-dilutif : les deux facettes du financement

Enfin, il est essentiel de comprendre le jargon. Quand on parle de ‘levée de fonds’ dans l’écosystème startup, on fait généralement référence à la ‘levée de fond dilutive’. C’est un mécanisme simple en apparence :

‘un apport de capitaux (…) qui permet à l’entrepreneur du coup de recevoir du cash en contrepartie d’une cession des actions’.

Vous échangez une partie de votre entreprise contre de l’argent. Mais ce n’est pas la seule option. Il existe tout un panel de financements ‘non-dilutifs’, comme les prêts d’honneur, les subventions (notamment de Bpifrance), ou les emprunts bancaires. Ces solutions ne vous font pas céder de capital, mais elles impliquent un remboursement. Une stratégie de financement intelligente consiste souvent à combiner les deux. Le non-dilutif peut permettre de financer les premières étapes, de développer un prototype et de signer ses premiers clients, ce qui vous mettra dans une position de force bien plus grande au moment d’aborder les investisseurs pour une levée dilutive.

Lever des fonds en 2025 : naviguer dans un écosystème en pleine mutation

Le contexte a radicalement changé depuis l’âge d’or de 2021. La fête est terminée, et l’argent est devenu plus cher et plus rare. Face à cette nouvelle donne, beaucoup d’entrepreneurs se demandent s’il faut mettre leurs ambitions en pause. Ma conviction est que c’est précisément dans ces moments que les meilleurs projets peuvent tirer leur épingle du jeu.

Le marché a-t-il vraiment fermé ses portes ?

La réponse courte à la question ‘Est-ce qu’on peut lever en 2024 et 2025 ?’ est un oui franc.

‘D’un point de vue statistique, oui, on a des levées qui se font tous les jours’.

Cependant, le paysage a changé. Nous voyons des ‘investisseurs de plus en plus frileux, qui prennent le temps de se décider’. Là où un processus pouvait être bouclé en trois mois, il faut maintenant en compter six ou huit. Les audits (due diligence) sont plus poussés, les questions plus précises. Mais je le répète, c’est un mécanisme que je trouve ‘assez sain’. On voit ‘des investisseurs plus sérieux dans leur analyse’. Finie l’époque où un beau deck et une bonne histoire suffisaient. Aujourd’hui, il faut des fondations solides. Cette rigueur accrue permet d’éviter des ‘boulettes’ et force les entrepreneurs à préparer des dossiers plus robustes, ce qui, au final, est bénéfique pour tout l’écosystème.

Pourquoi l’early stage reste un segment protégé

Il faut distinguer les différents stades de financement. Si les tours de financement plus avancés (Série A, Série B et au-delà) souffrent davantage, je pense que ‘sur le segment early stage, on est assez protégé’. Pourquoi ? Les acteurs de ce segment, qu’il s’agisse de Business Angels, de clubs d’investisseurs ou de fonds d’amorçage, ont une logique différente. Ils ont levé des capitaux auprès de leurs propres investisseurs (les LPs) avec la mission de les déployer sur plusieurs années. Ils ont donc l’obligation d’investir.

‘Ils ont de l’argent à investir (…) ils ont des poches à investir qu’ils souhaitent déployer’.

Je discutais encore récemment avec un fonds qui me disait devoir réaliser quatre investissements avant la fin de l’année. L’argent est donc disponible. Le défi n’est pas un manque de liquidités, mais un niveau d’exigence qui s’est élevé. Il y a toujours de l’argent pour les belles boîtes ; la question est de savoir comment devenir l’une d’entre elles aux yeux des investisseurs.

Les nouvelles règles du jeu pour convaincre

Dans ce marché plus difficile, les règles ont changé. Il ne suffit plus d’avoir une bonne idée. Les investisseurs attendent des preuves, même embryonnaires. La valorisation n’est plus le sujet principal ; la discussion se concentre sur la solidité du projet. Il faut être capable de démontrer une compréhension profonde de son marché, une stratégie d’acquisition client crédible et une vision claire du chemin vers la rentabilité, même si celle-ci est lointaine. La narration, l’ ‘Equity story’, est plus importante que jamais. Il faut raconter une histoire qui soit non seulement ambitieuse, mais aussi ancrée dans une réalité économique tangible. Les entrepreneurs qui réussissent aujourd’hui sont ceux qui allient une vision de long terme avec une exécution pragmatique et une gestion rigoureuse de leurs ressources. Lever des fonds en 2025 se fera ‘sur des conditions plus difficiles, sur des temps plus longs avec des challenges plus importants’, mais c’est loin d’être impossible pour ceux qui sont prêts à relever ce défi.

La ‘belle boîte’ : ce que les investisseurs recherchent vraiment

Le terme ‘belle boîte’ revient constamment dans la bouche des investisseurs. Mais que cache-t-il réellement, surtout au stade de l’amorçage (early stage), où les métriques financières sont souvent inexistantes ou peu significatives ? La réponse n’est pas une science exacte, mais après avoir analysé des centaines de dossiers, deux critères émergent systématiquement comme étant les plus décisifs.

Au-delà des métriques : les deux piliers incontournables

Quand un investisseur (VC) analyse un projet, il coche des cases : produit, marché, équipe, vision… Si une seule case n’est pas remplie, le projet est écarté. Mais au-delà de cette checklist, la décision finale se cristallise autour de deux éléments fondamentaux. Le premier, et le plus important de loin, c’est l’équipe.

‘Quand on lève des fonds, on investit surtout sur des fondateurs, des fondatrices (…) un investisseur préfère miser sur un projet plus ou moins bancal mais qui sera lié par un entrepreneur, une entrepreneuse qui a une vraie vision, une vraie force d’exécution’.

Au stade de l’amorçage, le projet va pivoter, le produit va évoluer, le marché va changer. La seule constante, c’est l’équipe. L’investisseur se pose une question simple : ‘Est-ce que je confierais mon argent à ces personnes pour naviguer l’incertitude et construire une grande entreprise ?’. Il cherche de la résilience, de la complémentarité, une capacité d’apprentissage rapide et une ambition démesurée.

Le second pilier est la vision. Une ‘belle boîte’ n’est pas seulement une entreprise qui peut devenir rentable. C’est une entreprise qui a le potentiel de transformer un marché.

‘La réalité c’est que 99% des projets ne cochent pas cette case, c’est une vision globale’.

Un fonds de capital-risque sait qu’une seule de ses dix participations générera la majorité de la performance de son portefeuille. Il a donc besoin que chaque investissement ait le potentiel de devenir une ‘licorne en puissance’. Cela implique de s’attaquer à un marché immense, de proposer une solution qui crée une rupture, et d’avoir une ambition qui dépasse les frontières. C’est souvent le point le plus difficile pour les entrepreneurs : penser assez grand pour que l’opportunité soit irrésistible pour un investisseur.

La traction : une histoire de vitesse plus que de revenus

Une des questions que l’on me pose le plus souvent est : ‘Faut-il absolument générer du revenu pour lever des fonds ?’. Ma réponse est un ‘non’ catégorique. C’est une idée reçue tenace. Bien sûr, avoir des revenus est un signal fort, mais ce n’est pas le seul. Ce qu’un investisseur achète, ce n’est pas un chiffre d’affaires à un instant T, c’est une dynamique.

‘Un investisseur va acheter une traction et dans la notion de traction, il y a une notion de vitesse’.

Imaginez deux scénarios. Le premier : une startup avec 500 000 € de chiffre d’affaires annuel, mais qui stagne depuis six mois. Le second : une startup sans aucun revenu, mais qui vient de signer des lettres d’intention avec trois grands comptes, qui a une liste d’attente de 10 000 utilisateurs et dont le produit est utilisé quotidiennement par 50 bêta-testeurs enthousiastes. La seconde est infiniment plus séduisante pour un investisseur, car elle démontre une vitesse, un élan. Lever des fonds avant d’avoir des revenus est non seulement possible, mais c’est ‘parfois une nécessité pour un entrepreneur qui doit accélérer tout de suite très vite dans un marché naissant’. L’erreur à ne pas commettre est d’attendre d’avoir atteint un ‘plafond de verre commercial’ pour aller voir les investisseurs. Il faut les approcher quand la dynamique est la plus forte.

Le pitch deck : votre porte d’entrée de 3 minutes

Votre premier contact avec un investisseur se fera presque toujours via votre pitch deck. Il faut comprendre la réalité de celui qui le reçoit : ‘un bon fond VCI à Paris reçoit 300-400 decks par semaine’, souvent lus en premier par des ‘analystes jeunes (…) parfois des stagiaires’. Vous avez donc 3 à 5 minutes pour convaincre. Dans ce contexte, un bon deck repose sur trois principes. Premièrement, la simplicité. Utilisez des mots simples, évitez le jargon. Si le lecteur ne comprend pas ce que vous faites dès la première slide, il passera au suivant. Deuxièmement, le storytelling. Votre deck doit raconter une histoire captivante : quel est le problème, pourquoi est-il immense, comment votre solution le résout de manière unique, qui est l’équipe pour y arriver, et quelle est votre vision.

‘Le seul objectif du deck, c’est d’avoir un call avec le VC à la fin’.

Il ne s’agit pas de tout dire, mais de donner envie d’en savoir plus. Enfin, le design. Pas besoin d’être une œuvre d’art, mais un deck propre, sans fautes d’orthographe, bien structuré, montre votre professionnalisme. C’est souvent la seule vitrine de votre travail à ce stade, ne la négligez pas.

Le processus de levée de fonds : un marathon, pas un sprint

Une fois que vous avez déterminé que la levée de fonds est la bonne stratégie et que votre projet est prêt, le vrai travail commence. C’est un processus long, intense et structuré, qui peut être décomposé en trois grandes phases. S’y lancer sans préparation, c’est aller droit dans le mur.

Préparation, Roadshow, Closing : les trois étapes clés

Chez Braquage, nous structurons toujours notre accompagnement autour de ces trois temps forts. La première phase, la ‘phase de préparation’, est la plus critique. Elle dure environ un mois et demi et consiste à construire les fondations de votre levée. C’est là que l’on affine l’Equity story, que l’on bâtit le business plan financier, que l’on rédige le pitch deck et que l’on prépare tous les documents annexes. C’est une phase d’introspection stratégique où l’on doit se poser toutes les questions difficiles avant que les investisseurs ne les posent.

Vient ensuite la ‘phase de roadshow’. C’est la partie la plus visible, mais aussi la plus éprouvante. C’est un véritable ‘travail de sales’ qui consiste à contacter les investisseurs, enchaîner les rendez-vous, gérer les relances et maintenir une dynamique positive. L’objectif est de créer un ‘jeu d’enchère’ : avoir plusieurs offres sur la table en même temps pour pouvoir négocier dans les meilleures conditions. Cette phase peut durer de deux à six mois.

Enfin, la ‘phase de closing’. Une fois que vous avez une ou plusieurs offres (term sheets), la partie juridique commence. Accompagné par un avocat, vous allez négocier en détail toutes les clauses du pacte d’actionnaires, le contrat de mariage qui vous liera à vos investisseurs pour les années à venir. C’est une phase stressante, mais si les étapes précédentes ont été bien menées, elle est plus fluide.

Le coût caché de la levée : votre temps

Ce que beaucoup d’entrepreneurs sous-estiment, c’est l’impact de ce processus sur leur entreprise. Lever des fonds n’est pas une tâche que l’on fait le soir et le week-end. C’est une activité à temps plein, ou presque.

‘Généralement, on conseille qu’il y ait un des founders qui se soit focus à 100% sur la levée de fonds’.

Pendant la phase de préparation, cela peut représenter 50 à 70% de son temps. Pendant le roadshow, c’est ‘au moins 80% de la journée’. Ce temps n’est plus alloué au développement produit, à la vente ou au management de l’équipe. Il est donc crucial que le reste de l’équipe fondatrice puisse ‘tenir la boutique’ pendant ce marathon. Se lancer dans une levée sans avoir anticipé cette charge de travail est le meilleur moyen de voir l’activité de l’entreprise s’effondrer, ce qui enverra un signal désastreux aux investisseurs.

Le rôle du ‘leveur’ : un chef d’orchestre, pas un magicien

Face à cette complexité, certains entrepreneurs se tournent vers des cabinets de conseil comme le nôtre. Notre rôle est celui d’un ‘chef d’orchestre de la levée de fond’. Nous ne sommes pas des magiciens, et il faut se méfier de ceux qui promettent la lune. Nous ne pouvons pas lever des fonds pour un mauvais projet. En revanche, pour un projet solide, notre valeur ajoutée est de professionnaliser chaque étape, de faire gagner un temps précieux et de rééquilibrer le rapport de force avec les investisseurs. J’aime utiliser la métaphore de la prépa.

‘Une prépa HEC ne va pas te dire on te garantit à 100% d’avoir HEC (…) en revanche, elle te garantit d’être le mieux préparé possible pour réussir cet examen’.

Notre mission est la même : maximiser les chances de succès en préparant l’entrepreneur, en ciblant les bons investisseurs et en négociant les meilleures conditions possibles. C’est un partenariat intense, basé sur la confiance et l’alignement des intérêts.

L’après-levée : les nouvelles règles de votre vie d’entrepreneur

Signer le pacte d’actionnaires et voir les fonds arriver sur le compte en banque de l’entreprise est un moment de soulagement et de célébration. Mais c’est aussi le début d’un nouveau chapitre, avec un ensemble de règles, de responsabilités et de pressions radicalement différentes. La vie d’un entrepreneur ‘fundé’ n’est plus tout à fait la même.

La dilution : combien allez-vous vraiment céder ?

La première conséquence mathématique de la levée de fonds est la dilution. En échange de l’argent des investisseurs, vous cédez une partie du capital de votre entreprise. La question de la valorisation, et donc de la dilution, angoisse beaucoup d’entrepreneurs. Pourtant, en early stage, c’est une question ‘relativement mineure’. Tenter de la calculer avec des modèles complexes n’a ‘aucun sens’ quand l’entreprise a quelques mois d’existence. La réalité est que la valorisation est surtout dictée par le marché et le fameux ‘jeu d’enchère’. Si un seul investisseur est intéressé, il dictera ses conditions. Si dix se battent pour entrer au capital, vous serez en position de force pour négocier.

Pour donner des ordres de grandeur,

‘la dilution moyenne elle est la médiane et la moyenne se rapproche quand même autour de 20%’.

Pour un premier tour en pré-seed ou seed, un bon objectif est de rester entre 10 et 15%. Si vous cédez 25% ou plus, c’est souvent le signe que le tour a été difficile à boucler. Il est essentiel de ne pas trop se diluer au début, car d’autres tours de financement suivront, qui vous dilueront encore davantage.

Vivre avec des investisseurs : la fin de la solitude (et de la liberté totale)

Au-delà de l’aspect financier, faire entrer des investisseurs change fondamentalement la gouvernance de l’entreprise.

‘À partir du moment où tu fais rentrer un investisseur, tu n’es plus totalement chez toi’.

Vous avez maintenant des comptes à rendre. Cela se matérialise par des ‘boards’ (conseils d’administration) réguliers, des reportings mensuels et une obligation de transparence. Vos décisions stratégiques devront être discutées, voire validées. C’est une perte d’autonomie qui peut être difficile à vivre pour certains. Cependant, c’est aussi la fin de la solitude de l’entrepreneur. De bons investisseurs apportent bien plus que de l’argent : ils apportent leur réseau, leur expertise et un regard extérieur précieux. Le choix de ses investisseurs est donc aussi important que le choix d’un cofondateur. Le ‘fit humain’ est primordial. Il faut s’assurer que vous partagez la même vision et les mêmes valeurs, car vous vous engagez dans une relation de très long terme, un véritable ‘contrat de mariage’.

Conclusion : la levée de fonds, un outil puissant pour les ambitions justes

Au terme de cette plongée dans les arcanes de la levée de fonds, une conclusion s’impose : oui, il est toujours possible de financer son ambition en 2025. Le marché n’est pas fermé, il est devenu plus mature, plus exigeant. Et c’est une excellente chose pour l’écosystème. Cette nouvelle donne favorise les projets authentiques, portés par des équipes exceptionnelles avec une vision capable de transcender les difficultés conjoncturelles.

Retenez que la levée de fonds n’est ni un trophée, ni une obligation. C’est un outil stratégique, un accélérateur de particules pour les projets qui, par nature, nécessitent une croissance explosive pour exister. La question n’est pas ‘Puis-je lever des fonds ?’ mais ‘Dois-je lever des fonds ?’. Si la réponse est oui, alors préparez-vous pour un marathon. Un processus exigeant qui testera votre résilience, votre clarté stratégique et votre capacité à convaincre.

Concentrez-vous sur l’essentiel : construisez une équipe de ‘rockstars’, affinez une vision qui donne le vertige, et démontrez une traction qui prouve que votre projet a déjà un début de vie. Le reste – le deck, le business plan, les négociations – suivra. N’ayez pas peur de vous faire accompagner pour naviguer cette complexité. Mais n’oubliez jamais que l’investisseur, au final, parie sur vous. Soyez humble pour écouter les conseils, mais ayez une confiance inébranlable dans votre projet. C’est cet équilibre fragile qui fera de vous un entrepreneur capable de transformer une vision en une grande entreprise.

Questions fréquentes sur la levée de fonds

Lever des fonds sans chiffre d’affaires, est-ce vraiment réaliste ?

Oui, c’est non seulement réaliste mais aussi fréquent dans le financement en amorçage (early stage). À ce stade, les investisseurs ne parient pas sur des revenus existants mais sur un potentiel futur. Ils analysent avant tout la qualité de l’équipe et la taille du marché. Ce qu’ils recherchent, c’est de la ‘traction’, qui ne se mesure pas qu’en euros. Il peut s’agir d’une liste d’attente qualifiée, de l’engagement d’une communauté, de lettres d’intention signées, ou encore de la réussite d’un projet pilote. L’absence de revenu n’est un frein que si elle s’accompagne d’une absence totale de preuves d’intérêt du marché.

‘Lever près revenu, c’est évidemment une difficulté. (…) Ceci étant dit la question est-ce qu’on peut lever sans revenu ? Oui, c’est possible et parfois c’est une nécessité pour un entrepreneur qui doit accélérer tout de suite très vite dans un marché naissant.’

Qu’est-ce qu’un bon pitch deck pour un investisseur en 2025 ?

Un bon pitch deck est avant tout un outil conçu pour obtenir un rendez-vous, pas pour tout expliquer. En 2025, face à des investisseurs sur-sollicités, il doit être exceptionnellement clair, concis et impactant. Trois éléments sont cruciaux. La simplicité : le concept doit être compréhensible en 30 secondes, même par un non-expert. Le storytelling : il doit raconter une histoire convaincante (problème, solution, vision) qui crée une connexion émotionnelle. Le design : il doit être professionnel et soigné, car il reflète le sérieux de l’équipe. N’oubliez jamais que vous n’avez que quelques minutes pour faire la différence.

‘Le seul objectif du deck, c’est d’avoir un call avec le VC à la fin. (…) c’est un peu les trois facteurs, simplicité, storytelling et design qui font un bon deck.’

Quelle est la plus grande erreur des entrepreneurs qui cherchent à lever des fonds ?

La plus grande erreur est de mal gérer son timing et d’approcher les investisseurs lorsque la dynamique de l’entreprise est faible. Beaucoup d’entrepreneurs attendent d’avoir épuisé toutes leurs ressources ou d’être face à un ‘plafond de verre commercial’ pour se lancer. C’est contre-productif. Un processus de levée dure plusieurs mois, et si pendant ce temps vos indicateurs stagnent, l’intérêt de l’investisseur s’effritera. Il faut au contraire initier le processus lorsque la traction est la plus forte, pour montrer une vitesse et une capacité d’exécution qui séduiront les investisseurs et créeront un sentiment d’urgence.

‘La plupart font l’erreur d’aller chercher des investisseurs quand ils sont au plafond de verre commercial, ils sont allés au bout du bout et donc ils arrivent pendant 4 mois, il se passe rien, l’investisseur drop parce que finalement ils ont pas été très séduisant dans le process.’

Combien de temps faut-il prévoir pour une levée de fonds ?

Il faut voir la levée de fonds comme un marathon, pas un sprint. Il est essentiel d’anticiper une durée longue pour ne pas se retrouver en difficulté de trésorerie. En moyenne, un processus complet, de la première ébauche du deck jusqu’à la réception des fonds sur le compte bancaire, dure entre 4 et 8 mois. Dans le contexte actuel, où les investisseurs prennent plus de temps pour leurs analyses, il n’est pas rare que cela s’étende jusqu’à 12 mois. Cette durée inclut la phase de préparation, le roadshow auprès des investisseurs et la phase de négociation juridique (closing).

‘Un process de levée de fond, ça dure en moyenne 4-8 mois (…) il levé de fond, ça va durer 4-8 mois, peut-être 12 mois du de la première brique jusqu’à la dernière.’

Quel pourcentage de mon entreprise dois-je céder lors d’une première levée de fonds ?

La dilution est une question centrale. Pour une première levée de fonds de type pré-seed ou seed, la norme de marché se situe autour de 20%. Cependant, un processus bien mené, qui crée une compétition entre plusieurs investisseurs, peut permettre de limiter cette dilution. L’idéal est de viser une cession de capital comprise entre 10% et 15%. Si vous devez céder plus de 25%, cela peut être un signal d’alerte pour les futurs tours de financement. La valorisation, et donc la dilution, est moins une science qu’le résultat d’un rapport de force et de la dynamique que vous parvenez à créer.

‘La dilution moyenne elle est la médiane et la moyenne se rapproche quand même autour de 20%. Sur du pré-seed, l’idéal c’est quand même de lâcher plutôt entre 10-15%.’

Comment se rémunère un cabinet de conseil en levée de fonds comme Braquage ?

Le modèle de rémunération est généralement conçu pour aligner les intérêts du cabinet avec ceux de l’entrepreneur. Il se compose le plus souvent de deux parties. D’abord, un forfait de lancement fixe, ou ‘retainer’, qui est relativement modeste. Son but est de formaliser l’engagement mutuel et de couvrir une petite partie du travail de préparation initial. Ensuite, et c’est la partie la plus importante, une commission au succès (‘success fee’), qui est un pourcentage du montant total levé. Ce pourcentage est dégressif et se situe généralement entre 4% et 6% pour les tours en early stage.

‘On a un pricing en deux temps. On va avoir d’abord un forfait de lancement qui est généralement autour de 2500€. (…) et là où on gagne surtout l’argent c’est évidemment au succès, on prend une commission à la levée de fond qui est assez classique dans le marché, on va prendre entre 4 à 6%.’

Qu’est-ce qui définit une ‘belle boîte’ pour un investisseur early stage ?

Une ‘belle boîte’ aux yeux d’un investisseur en amorçage n’est pas définie par ses revenus actuels, mais par son potentiel futur. Deux critères surpassent tous les autres. Le premier est l’équipe fondatrice : l’investisseur mise avant tout sur des personnes qu’il juge capables d’exécuter une vision et de surmonter les obstacles. Le second est la taille de la vision : le projet doit s’attaquer à un marché gigantesque et avoir le potentiel de devenir un leader mondial, une ‘licorne’. Un projet, même s’il est rentable rapidement, qui ne vise qu’un marché de niche, n’intéressera pas un fonds de capital-risque.

‘Le premier, c’est le critère de l’équipe. (…) Et le deuxième bloc (…) c’est une vision globale. Un VC, par définition, il y a une boîte sur 10 qui va fonctionner, et donc il faut que demain la boîte puisse être une licorne en puissance.’


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