Lever des fonds en 2025 : Mythes et réalités pour les startups qui veulent séduire les investisseurs
Le fil d’actualité LinkedIn est souvent un théâtre d’ombres chinoises. On y voit des entrepreneurs aux sourires éclatants annoncer des levées de fonds à sept, huit, voire neuf chiffres. Ces annonces, toujours plus extraordinaires les unes que les autres, finissent par créer une illusion. L’illusion que lever des fonds est une étape normale, presque obligatoire, dans la vie d’une entreprise. Mais la réalité est bien différente. Comme je le dis souvent, ‘quand on passe nos journées dessus on a l’impression que c’est une norme, c’est évidemment une exception’. Lever des fonds est, et restera toujours, une exception dans l’histoire d’une boîte. Moins de 5 % des entreprises qui essaient y parviennent. C’est un outil de financement puissant, mais ce n’est en aucun cas un ‘coup de tampon’ qui valide la qualité intrinsèque d’un projet. On peut bâtir des entreprises magnifiques sans jamais lever un euro, et inversement, lever des millions et échouer lamentablement. Alors que le marché de la tech connaît une période de rationalisation, une question brûle les lèvres de tous les fondateurs : est-il encore possible de lever des fonds en 2024 et 2025 ? La réponse est un oui franc, mais un oui conditionnel. Le jeu a changé. Les règles sont plus strictes, les attentes plus élevées. À travers mon expérience chez Brakage, où nous accompagnons chaque jour des entrepreneurs dans leurs premières levées, j’ai pu observer cette transformation de l’intérieur. Dans cet article, je vais partager avec vous une vision sans filtre de la réalité du terrain : comment naviguer dans cet écosystème plus exigeant, ce que les investisseurs recherchent vraiment aujourd’hui, et comment préparer votre startup à affronter ce marathon pour en sortir victorieuse.
Le marché de la levée de fonds a changé : est-ce une mauvaise nouvelle pour les startups ?
Soyons clairs : oui, l’euphorie post-Covid est terminée. Les vannes du capital facile se sont refermées et nous assistons à une contraction du marché. On lit partout que les investisseurs sont ‘frileux’, que les tours de table prennent plus de temps, que les valorisations sont revues à la baisse. Statistiquement, c’est une réalité. Le nombre et le montant des levées ont diminué en 2023 et la tendance se poursuit. Mais là où beaucoup voient une crise, je vois un retour à la normale, un ‘mécanisme assez sain’. Pendant des années, l’argent abondant a parfois conduit à des décisions d’investissement hâtives, à des valorisations déconnectées des fondamentaux et à une pression sur les entrepreneurs pour une croissance à tout prix, souvent au détriment de la rentabilité. Aujourd’hui, le pendule revient au centre. Les investisseurs sont plus sérieux, plus méthodiques. Ils prennent le temps de l’analyse, de l’audit. Ils ne se contentent plus d’une belle histoire ; ils veulent voir les fondations solides qui la soutiennent. Et honnêtement, je pense que ‘on a aussi moins de boulettes qui se font avec cette période’. Cette rigueur accrue force les entrepreneurs à se concentrer davantage sur l’essentiel : la solidité de leur modèle économique, la clarté de leur ‘equity story’, la pertinence de leur produit. C’est une excellente chose. Le marché se professionnalise, des deux côtés de la table. Il y a moins de place pour l’improvisation, ce qui, à terme, construit un écosystème plus résilient. Les belles histoires continueront d’être financées, car le capital, lui, est toujours là.
Pourquoi l’early stage reste un segment protégé
Dans ce contexte de rationalisation, toutes les étapes de la vie d’une startup ne sont pas logées à la même enseigne. Les entreprises les plus touchées sont celles qui ont déjà levé des montants importants en Série A ou Série B à des valorisations très élevées et qui doivent aujourd’hui se refinancer. Pour elles, le défi est immense. En revanche, l’écosystème ‘early stage’ (pre-seed, seed, voire début de Série A) est, à mon sens, ‘assez protégé’. Pourquoi ? La raison est structurelle. Les acteurs qui financent ces premiers tours – les Business Angels, les clubs de BA, les fonds d’amorçage – ont des cycles d’investissement longs. Ils ont levé des fonds il y a un ou deux ans et leur métier est de déployer ce capital. ‘Quand on discute avec eux aujourd’hui, ils ont des poches à investir qui souhaitent déployer’. J’échangeais encore récemment avec un partenaire de fonds qui me disait devoir boucler quatre deals avant la fin de l’année. L’argent est donc disponible. Ces investisseurs savent que les pépites de demain se créent aujourd’hui, en période de crise comme en période d’euphorie. Leur thèse n’est pas de faire un coup à court terme, mais de parier sur des équipes et des visions qui transformeront des marchés sur les dix prochaines années. La conclusion est simple : oui, le processus est plus long. Oui, la concurrence est plus rude. Mais pour une ‘belle boîte’, il y a toujours de la place. La question n’est donc pas ‘peut-on lever des fonds ?’ mais plutôt ‘comment devenir cette belle boîte que tous les investisseurs s’arracheront ?’.
Passer de l’idée d’une startup prometteuse à une ‘belle boîte’ aux yeux des investisseurs est le défi central de tout entrepreneur cherchant des financements. Le marché actuel, plus exigeant, a recentré le débat sur les fondamentaux. Il ne suffit plus d’avoir une idée brillante ou un prototype fonctionnel. Les investisseurs scrutent désormais les projets avec une loupe, cherchant des signaux forts qui justifient un pari financier risqué. Mais quels sont ces signaux ? Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas toujours les chiffres de revenus qui parlent le plus fort, surtout aux premiers stades. La véritable évaluation se fait sur des critères plus qualitatifs, presque intangibles, qui révèlent le potentiel réel d’une entreprise à devenir un leader de son marché. Comprendre cette grille de lecture est la première étape pour construire un dossier de financement irrésistible.
L’anatomie d’une ‘belle boîte’ : ce que les investisseurs recherchent vraiment
Alors, qu’est-ce qu’une ‘belle boîte’ en early stage ? Si je devais résumer en une phrase, c’est une alchimie complexe entre une équipe exceptionnelle, une vision démesurée et une exécution qui commence à faire ses preuves. Un investisseur en capital-risque, ou ‘VC’, regarde des centaines de dossiers par semaine. Son cerveau est programmé pour identifier des schémas. Il va bien sûr analyser le produit, la taille du marché, le business model, la traction… toutes les cases classiques d’un ‘deck’. Mais la réalité, c’est que derrière cette checklist, deux éléments pèsent plus lourd que tous les autres réunis. Si ces deux piliers ne sont pas solides comme le roc, le reste n’a que peu d’importance. Un projet peut pivoter, un produit peut évoluer, mais l’équipe et l’ambition sont les fondations sur lesquelles tout repose. C’est un pari sur l’humain et sur un potentiel de croissance exponentiel. Tout le reste n’est que la matérialisation de ces deux forces motrices. Trop d’entrepreneurs se perdent dans les détails de leur produit en oubliant de vendre ce qui compte vraiment : leur capacité à construire un empire.
Le duo gagnant : une équipe de rockstars et une vision de licorne
Le premier critère, et de loin le plus important, c’est l’équipe. ‘Quand on lève des fonds, on investit surtout sur des fondateurs, des fondatrices’. C’est un mantra dans le milieu, mais sa profondeur est souvent sous-estimée. Un investisseur préférera toujours financer une équipe A+ avec un projet B-, plutôt que l’inverse. Pourquoi ? Parce qu’une équipe exceptionnelle saura transformer un projet moyen en succès, tandis qu’une équipe moyenne détruira la meilleure idée du monde. Qu’est-ce qu’une équipe ‘top gun’ ? C’est une combinaison de plusieurs facteurs : une complémentarité évidente des compétences (le fameux trio ‘hacker, hipster, hustler’), une expérience passée qui démontre une capacité à exécuter (‘skin in the game’), et surtout, une obsession commune pour le problème qu’ils résolvent. Les investisseurs cherchent des fondateurs qui ont une ‘vraie vision, une vraie force d’exécution’. Ils veulent sentir cette détermination inébranlable qui leur permettra de traverser les tempêtes inévitables. Le deuxième pilier, c’est la ‘vision globale’. Un VC n’investit pas pour obtenir un retour de 2 ou 3 fois sa mise. Son modèle économique repose sur le fait qu’une seule entreprise de son portefeuille doit générer un rendement suffisant pour couvrir toutes les pertes des autres et dégager un profit substantiel. Pour cela, ‘il faut que demain la boîte puisse être une licorne en puissance’. La question qu’il se pose n’est pas ‘cette entreprise peut-elle atteindre 10 millions d’euros de chiffre d’affaires ?’, mais ‘cette entreprise peut-elle dominer un marché de plusieurs milliards ?’. C’est le problème numéro un d’un fonds que je connais bien : trouver des projets avec cette ambition démesurée. Votre histoire doit donc transcender le simple produit pour dessiner un futur où votre entreprise est un acteur incontournable d’une révolution de marché.
Le mythe du revenu : pourquoi la traction bat les chiffres d’affaires
Une des questions qui revient sans cesse est celle du revenu. On entend souvent ce conseil : ‘il faut que tu génères du revenu, il faut que tu génères du revenu sinon n’y va même pas’. Ma réponse est catégorique : non, ce n’est pas toujours vrai. C’est même une erreur stratégique pour certaines entreprises. Bien sûr, avoir des revenus est un signal fort. Mais ce que l’investisseur achète, ce n’est pas un chiffre à un instant T, c’est une dynamique. ‘Un investisseur va acheter une traction et dans une traction, il y a une notion de vitesse’. Imaginez deux scénarios. Le premier : une startup qui a un pipeline commercial incroyable, des lettres d’intention de grands comptes, une communauté engagée, mais zéro euro de revenu. Le second : une startup qui fait 500 000€ de chiffre d’affaires, mais avec une croissance plate depuis six mois. Laquelle est la plus séduisante ? Sans hésiter, la première. Elle démontre une capacité à créer de la demande, un ‘product-market fit’ en devenir. Le revenu n’est que la monétisation de cette traction. Trop d’entrepreneurs font l’erreur d’attendre d’être au ‘plafond de verre commercial’ pour aller chercher des fonds. C’est le pire moment. Pendant les 4 à 8 mois que dure le processus de levée, leur croissance va stagner, et l’investisseur ne verra aucune dynamique. Le bon moment pour lever, c’est lorsque vous sentez que l’accélération est imminente et que le capital est le seul carburant qui vous manque pour décoller. Lever pré-revenu est difficile, mais c’est une stratégie viable si vous pouvez prouver une traction irrésistible par d’autres moyens.
Une fois que vous avez la conviction d’incarner cette ‘belle boîte’ avec une équipe solide et une vision claire, le véritable parcours du combattant commence. La levée de fonds n’est pas une simple série de rendez-vous ; c’est un processus structuré, quasi scientifique, avec ses propres codes, son propre langage et ses propres étapes. Le maîtriser est aussi crucial que d’avoir un bon produit. Chaque phase, de la préparation initiale à la signature finale, est une occasion de gagner des points ou d’en perdre. Beaucoup d’entrepreneurs talentueux échouent non pas par manque de potentiel, mais par une mauvaise exécution de leur levée. C’est un métier en soi, et s’y lancer sans préparation, c’est un peu comme vouloir gravir l’Everest en tongs. Il faut un plan, des outils et un mental d’acier.
Le guide pratique de la levée de fonds : du premier contact au closing
Le processus de levée de fonds peut être découpé en trois grandes phases : la préparation, le ‘roadshow’ (la tournée des investisseurs), et le ‘closing’ (la finalisation juridique). Chacune a ses propres enjeux et requiert des compétences différentes. Chez Brakage, notre rôle est d’être le ‘chef d’orchestre’ de ce processus, d’aider l’entrepreneur à naviguer dans chaque étape avec professionnalisme et efficacité. Notre approche est de rendre le fondateur le plus autonome possible, de le faire monter en compétence pour qu’il brille devant les investisseurs. Car en early stage, c’est lui, et non son conseil, que l’on veut voir. La préparation est sans doute la phase la plus critique et la plus sous-estimée. C’est là que se gagnent 80% de la bataille. C’est le moment de l’introspection, de la clarification de l’histoire, de la construction des outils. Le roadshow est une phase d’exécution pure, un marathon de rencontres où l’endurance et la capacité à convaincre sont reines. Enfin, le closing est un sprint final juridique, souvent stressant, où chaque clause du pacte d’actionnaires compte. Aborder ce processus avec une feuille de route claire permet non seulement de maximiser ses chances de succès, mais aussi de ne pas y laisser toute son énergie, qui reste avant tout nécessaire pour développer sa boîte.
Le ‘deck’ parfait : votre arme de séduction massive
L’outil central de votre levée, c’est le ‘deck’. Cette présentation de 15 à 20 slides est votre porte d’entrée. C’est la première impression que vous laisserez, et vous n’aurez pas de seconde chance. Il faut se mettre dans la peau de sa cible : ‘un bon fond de VC à Paris reçoit 300 400 decks par semaine’, lus en diagonale par des analystes ou des stagiaires qui y consacrent ‘3 à 5 minutes, parfois beaucoup moins’. L’objectif unique du deck n’est pas de tout dire, mais de déclencher une seule action : obtenir un rendez-vous. Pour cela, trois principes doivent guider sa conception. Premièrement, la simplicité. Utilisez des mots simples, bannissez le jargon technique. Si le lecteur ne comprend pas ce que vous faites en 30 secondes, il passe au suivant. Deuxièmement, le ‘storytelling’. Votre deck ne doit pas être une liste de faits, mais une histoire captivante qui crée ce fameux ‘FOMO’ (Fear Of Missing Out). Il doit y avoir une tension narrative : un problème douloureux, une solution élégante, un marché gigantesque, une équipe unique pour l’exécuter, et une vision qui donne le vertige. Le lecteur doit se dire : ‘si je ne rencontre pas cette équipe, je passe peut-être à côté du prochain phénomène’. Troisièmement, le design. Cela peut paraître superficiel, mais c’est crucial. ‘C’est la quasiment la seule occasion de montrer au lecteur, l’investisseur que votre façon de bosser elle est propre’. Un deck rempli de fautes de frappe, mal aligné, visuellement pauvre, envoie un message désastreux sur votre rigueur et votre attention au détail. Soignez-le comme vous soigneriez votre produit.
Le marathon de la levée : un engagement à plein temps
Lever des fonds est une activité extrêmement chronophage. C’est un point que nous martelons à chaque entrepreneur que nous rencontrons. Il est illusoire de penser que l’on peut mener une levée de front tout en continuant à piloter sa boîte à 100%. C’est un projet à part entière, un deuxième métier qui s’ajoute au premier. Pendant la phase de préparation, qui dure environ un mois et demi, il faut compter au moins 50% à 70% du temps d’un fondateur. Durant le ‘roadshow’, qui s’étend sur plusieurs mois, c’est encore plus intense. C’est un travail de commercial de haut vol : identifier les bons investisseurs, obtenir des introductions, enchaîner les rendez-vous, gérer les suivis… ‘Là c’est évidemment du plein temps… au moins je pense 80 % de la journée’. C’est pourquoi nous conseillons systématiquement qu’un des co-fondateurs soit dédié quasi exclusivement à la levée, pendant que les autres tiennent la barre et continuent de faire tourner l’entreprise. C’est un sacrifice, un investissement en temps et en ‘influx nerveux’ considérable qui ne sera pas alloué au développement commercial ou au produit. C’est une décision stratégique qui doit être ‘mûrement mûrie’, car l’impact sur l’opérationnel est bien réel. Il faut être prêt à vivre, manger et dormir ‘levée de fonds’ pendant plusieurs mois.
Le moment tant attendu est arrivé : vous avez une ou plusieurs offres (‘term sheets’) sur la table. L’adrénaline est à son comble, mais le plus dur reste à faire. Signer un pacte d’actionnaires, ce n’est pas juste recevoir un virement. C’est sceller un ‘contrat de mariage’ pour les 5 à 10 prochaines années avec des partenaires qui auront désormais leur mot à dire sur la stratégie de votre entreprise. Cette phase finale est celle où les termes de la collaboration se négocient. Comprendre les implications de la dilution, de la valorisation et de la nouvelle gouvernance est fondamental. C’est une étape où l’on passe du monde de la séduction à celui du droit des affaires, et chaque détail compte. Une clause mal négociée aujourd’hui peut devenir un obstacle majeur pour l’avenir de votre société. Il est donc crucial d’aborder cette dernière ligne droite avec autant de rigueur que les premières.
L’après-levée : comprendre la dilution et la nouvelle gouvernance
Une fois le champagne sabré, une nouvelle ère commence pour l’entreprise et ses fondateurs. L’arrivée de nouveaux actionnaires modifie en profondeur l’équilibre du pouvoir et les responsabilités. La première conséquence tangible est la dilution. En échange du capital reçu, vous cédez une partie de votre entreprise. Cette part, et la valorisation qui la détermine, est souvent un sujet de crispation pour les entrepreneurs. Pourtant, il faut le dédramatiser. L’autre changement majeur, c’est la gouvernance. ‘À partir du moment où tu fais rentrer un investisseur, tu es plus totalement chez toi’. Cette phrase résume parfaitement la nouvelle réalité. Vous avez désormais des comptes à rendre. Des reportings réguliers, des conseils d’administration (‘boards’), des décisions stratégiques qui doivent être validées… Votre liberté d’action est encadrée. Ce n’est ni bien ni mal, c’est simplement la nature du pacte. En acceptant l’argent d’un investisseur, vous acceptez aussi son expertise, son réseau, mais également son droit de regard. Il faut être prêt à jouer ce jeu de la transparence et de la collaboration, qui peut être incroyablement bénéfique s’il est bien mené, mais aussi source de frictions si les attentes ne sont pas alignées dès le départ.
Valorisation et dilution : combien allez-vous réellement céder ?
La question de la valorisation est souvent le premier sujet abordé par les entrepreneurs, parfois de manière obsessionnelle. Beaucoup se perdent dans des ‘tableaux Excel sur des multiples de ARR, alors que la boîte elle a quelques mois… ça n’a juste aucun sens’. En early stage, la valorisation n’est pas une science. C’est le résultat d’une négociation basée sur l’offre et la demande. La vraie question n’est pas ‘combien vaut ma boîte ?’ mais ‘combien de capital suis-je prêt à céder pour quel montant afin de réaliser mon plan ?’. La réalité, c’est que ‘la valorisation, elle est surtout en fonction de la du jeu d’enchère que l’entrepreneur va être capable de mettre en place’. Si vous n’avez qu’une seule offre, votre pouvoir de négociation est quasi nul. Si vous en avez dix, vous êtes en position de force. C’est là que notre travail de conseil prend tout son sens : orchestrer un processus compétitif. Concrètement, pour une première levée (pre-seed, seed), la dilution médiane se situe autour de 20%. Idéalement, avec un bon processus, on peut viser entre 10 et 15%. Si c’est mal négocié, cela peut monter à 25% ou plus. L’objectif est de trouver le juste équilibre : lever suffisamment pour atteindre ses prochains objectifs sans se diluer excessivement, ce qui pourrait compromettre les tours de financement futurs.
Le contrat de mariage : vivre au quotidien avec ses investisseurs
Le pacte d’actionnaires est le document qui régit votre relation future. Il définit les règles du jeu : qui siège au board, quels sont les droits de vote, quelles décisions nécessitent l’approbation des investisseurs, etc. C’est un document juridique dense qu’il faut décortiquer avec un avocat spécialisé. Au-delà des clauses, il est essentiel de bien choisir ses partenaires. Tous les investisseurs ne se valent pas. Certains sont très actifs, d’autres plus passifs. Il est sain d’avoir une table de capitalisation diversifiée. Contrairement à une idée reçue, avoir des ‘investisseurs dormants’ est parfois une bonne chose. Ils apportent du capital et vous laissent piloter. D’autres, plus impliqués, vous ouvriront des portes, vous challengeront et vous aideront à structurer l’entreprise. L’important est de s’assurer que leur vision est alignée avec la vôtre et que le ‘fit humain’ est bon. Car, ne l’oubliez jamais, c’est une relation qui va durer de nombreuses années, dans les bons comme dans les mauvais moments. Choisir son investisseur est presque aussi important que choisir son co-fondateur.
Conclusion : La levée de fonds, un outil stratégique au service de votre vision
Au terme de ce parcours, il est essentiel de remettre les choses en perspective. Lever des fonds n’est pas une consécration, ni une fin en soi. Ce n’est pas non plus une obligation pour réussir. C’est un choix stratégique, un accélérateur potentiel pour une certaine catégorie de projets à très forte ambition de croissance. Comme je le répète souvent, ‘ça reste un outil plutôt que un coup de tampon d’une belle histoire d’une boîte’. Le marché de 2025, plus mature et exigeant, nous rappelle cette vérité fondamentale. Il ne suffit plus d’avoir une idée, il faut avoir des fondations solides : une équipe complémentaire et résiliente, une vision capable de transformer un marché, et une exécution qui commence à faire ses preuves. Le processus est un marathon intense qui exige préparation, méthode et une énergie folle. Il vous transformera, vous et votre entreprise. Vous devrez apprendre à raconter votre histoire, à négocier, à vous structurer, et à partager une partie de votre rêve et de votre contrôle. Si vous êtes prêt à payer ce prix, et si votre projet s’inscrit dans cette logique de croissance exponentielle, alors oui, lever des fonds est non seulement possible, mais peut-être la meilleure décision que vous prendrez. Mais faites-le pour les bonnes raisons : non pas pour la gloire d’une annonce sur LinkedIn, mais pour vous donner les moyens de construire l’entreprise qui vous obsède.
Questions fréquentes sur la levée de fonds
Est-il encore possible de lever des fonds en 2025 ?
Oui, absolument. Bien que le marché soit plus exigeant et les processus plus longs, le capital pour les startups en early stage reste disponible. Les investisseurs sont devenus plus sélectifs, ce qui a assaini l’écosystème. Ils recherchent des projets aux fondamentaux solides et des équipes exceptionnelles. Les ‘belles boîtes’ qui présentent une vision claire et une exécution prometteuse continuent de trouver des financements. L’argent est là, mais il est alloué de manière plus réfléchie, ce qui est finalement une bonne chose pour la construction d’entreprises durables.
‘Les belles boîtes arrivent toujours à lever. c’est le cas. Donc et la question est-ce qu’on peut les défonds en 2024? clairement oui, c’est encore le cas sur des conditions plus difficiles, sur des temps plus plus long avec des challenges plus important, mais quand on souhaite se faire financer, ça reste une option.’
Faut-il absolument générer du chiffre d’affaires pour lever des fonds ?
Non, ce n’est pas une obligation. C’est un mythe tenace dans l’écosystème. Les investisseurs en early stage achètent une dynamique, une ‘vitesse de traction’, plus qu’un chiffre d’affaires à un instant T. Une startup pré-revenu avec un fort engagement utilisateur, des lettres d’intention de clients prestigieux ou une technologie de rupture peut être bien plus attractive qu’une entreprise avec un revenu stagnant. Attendre d’avoir des revenus peut même être une erreur si la croissance ralentit juste avant de lancer la levée.
‘Non, je suis je suis pas d’accord avec ça et la plupart des investes non plus. et c’est pas un discours marketing des investisseurs de dire venez nous voir le plus tôt possible, on pourra vous financer, c’est la réalité.’
Quels sont les deux critères les plus importants pour un investisseur early stage ?
Les deux critères qui priment sur tout le reste sont l’équipe fondatrice et la vision globale du projet. Un investisseur parie avant tout sur la capacité d’une équipe à exécuter et à surmonter les obstacles. Une équipe A+ peut transformer une idée moyenne en succès. Ensuite, le projet doit avoir le potentiel de devenir une ‘licorne’, c’est-à-dire de valoir plusieurs milliards d’euros. Le modèle du capital-risque exige des retours sur investissement exceptionnels, ce qui n’est possible qu’avec des entreprises visant une domination de marché à très grande échelle.
‘La réalité c’est qu’il y a deux critères qu’une belle boîte… Le premier, c’est le critère de l’équipe… Le deuxième bloc… c’est une vision globale. Un par définition, il y a une boîte sur 10 qui va qui va fonctionner et donc il faut que demain la boîte puisse être une licorne en puissance.’
Qu’est-ce qu’un bon ‘deck’ pour une levée de fonds ?
Un bon deck est un document qui réussit à convaincre un investisseur de vous accorder un rendez-vous en moins de cinq minutes de lecture. Pour cela, il doit reposer sur trois piliers. La simplicité : utiliser un langage clair et éviter le jargon pour être compris immédiatement. Le storytelling : raconter une histoire captivante qui crée un sentiment d’urgence et la peur de passer à côté d’une opportunité (FOMO). Le design : une présentation soignée et professionnelle est un gage de votre rigueur et de votre souci du détail.
‘Un bon deck je pense que sur un bon deck, il y a un peu trois éléments à avoir en tête. Le premier c’est la simplicité… Deuxième ambition, c’est d’être d’avoir un storytelling parfait… Et le troisième point qui est qui est parfois vraiment dans les projets très tech un peu un peu léger, c’est celui du design.’
Combien de temps un fondateur doit-il consacrer à une levée de fonds ?
Une levée de fonds est un processus extrêmement chronophage qui ne peut pas être mené ‘en parallèle’ des activités quotidiennes. Il est conseillé qu’au moins un des co-fondateurs se consacre quasi exclusivement à cette mission. La phase de préparation peut exiger 50% à 70% de son temps. Durant le ‘roadshow’, la phase active de rencontre avec les investisseurs, l’implication monte à 80%, voire 100%. C’est un véritable travail à plein temps qui dure plusieurs mois et qui impacte forcément le temps alloué au développement commercial ou produit.
‘Généralement on conseille qu’il y a un des founders qui se soit focus à 100 % sur la sur la levée de fond. Il y a des parties plus ou moins chronophage. Dans la phase de préparation… je pense que c’est du 50 70 % pour l’entrepreneur. Ensuite, il y a le roadshow… Là c’est évidemment du plein temps… au moins je pense 80 % de la journée.’
Quel pourcentage de son capital cède-t-on lors d’une première levée de fonds ?
Pour les premières levées de fonds (pre-seed, seed), la dilution moyenne observée sur le marché se situe autour de 20%. Cependant, ce chiffre peut varier. Dans un scénario idéal, avec un processus de levée compétitif qui met plusieurs investisseurs en concurrence, il est possible de négocier une dilution plus faible, entre 10% et 15%. À l’inverse, si le dossier est moins attractif ou la négociation mal menée, la dilution peut monter à 25% ou plus. La valorisation dépend moins de formules mathématiques que de la dynamique de l’offre et de la demande que vous parvenez à créer.
‘La dilution moyenne elle est la médiane et la moyenne se rapproche quand même autour de 20 %. Sur du préci, l’idéal c’est quand même de lâcher plutôt entre 10 15 %. Si c’est mal négocié 20 25 %… et effectivement sur les fonds un peu plus importante, c’est 20 25 %.’
Quelle est la différence entre une levée de fonds dilutive et non dilutive ?
Il est crucial de distinguer ces deux modes de financement qui sont souvent complémentaires. La levée de fonds ‘dilutive’ est celle dont nous parlons principalement : vous recevez des capitaux (du ‘cash’) en échange d’une partie des actions de votre société. Les fondateurs sont donc ‘dilués’. La levée de fonds ‘non dilutive’ concerne des financements comme des prêts (bancaires, BPI) ou des subventions. Vous recevez de l’argent mais sans céder de capital. En contrepartie, il s’agit souvent de dettes qu’il faudra rembourser, avec des intérêts.
‘La levée de fond tel qu’on l’entend, ça s’appelle la levée de fond dilutive, c’est-à-dire c’est un apport de capitaux… en contrepartie d’une cession des actions… à mettre en face d’une levée de fond non dilutive… c’est faire rentrer des financements mais souvent des prêts ou des subventions qui vont par définition pas diluer l’entrepreneur.’
Que se passe-t-il après avoir signé avec des investisseurs ?
Signer avec des investisseurs marque le début d’une nouvelle relation et d’une nouvelle structure de gouvernance. Vous n’êtes plus seul maître à bord. Concrètement, cela implique des obligations de reporting régulier, la mise en place d’un conseil d’administration (‘board’) où les investisseurs siègent, et la nécessité d’obtenir leur approbation pour certaines décisions stratégiques. C’est un ‘contrat de mariage’ formalisé par le pacte d’actionnaires. Cette perte d’autonomie est la contrepartie de l’apport en capital et de l’expertise de vos nouveaux partenaires.
‘À partir du moment où tu fais rentrer un investisseur, tu es plus totalement chez toi… tu devras rendre des comptes non pas au quotidien mais… Tu as un board par mois par exemple. Ouais ou des choses comme ça exactement, ça va être ça va être délègue comme ça.’




