Rupture de stock : comment Minastorm a transformé une crise en levier de croissance
La hantise de tout e-commerçant. Ces deux mots redoutés qui s’affichent sur une page produit : ‘Rupture de stock’. C’est le signal d’un succès, mais aussi le début d’une frustration immense pour le client et d’un manque à gagner colossal pour l’entreprise. Une dynamique de vente brisée, des campagnes publicitaires mises en pause, une communauté déçue… La rupture de stock peut rapidement devenir un poison qui paralyse la croissance. Pourtant, certaines marques ne se contentent pas de subir cette situation. Elles la transforment en une opportunité stratégique. C’est l’histoire de Minastorm, la marque de lingerie qui a fait de la nécessité une vertu en adoptant une stratégie de prévente audacieuse. Je suis Chloé Bernard, cofondatrice de Minastorm, et je vais vous raconter comment une crise logistique majeure, amplifiée par un confinement mondial, est devenue le pilier de notre modèle de vente actuel. Ce n’est pas seulement une histoire de gestion de stock ; c’est une leçon sur la résilience, l’écoute client et la puissance d’une communication transparente. Dans cet article, nous allons plonger au cœur de notre stratégie : comment nous nous sommes différenciés dans la jungle de la lingerie, comment nous avons pivoté pour grandir, et surtout, comment nous avons mis en place un système de prévente qui nous permet aujourd’hui de continuer à vendre, même lorsque nos entrepôts sont vides. Vous découvrirez le mécanisme exact de nos préventes, leurs avantages financiers et marketing, mais aussi les défis qu’elles impliquent. Si vous vous êtes déjà demandé comment survivre à une rupture de stock sans perdre vos clients et votre chiffre d’affaires, alors vous êtes au bon endroit.
Se différencier pour exister : la genèse de Minastorm dans un marché saturé
Lancer une marque de lingerie en France, c’est un peu comme vouloir ouvrir une boulangerie à Paris : le marché est mature, les acteurs historiques sont des géants, et les nouvelles marques fleurissent chaque jour. Pour se faire une place, il ne suffit pas d’avoir un bon produit ; il faut avoir une vision, une raison d’être qui résonne profondément avec une audience spécifique. Avant même de penser à la logistique ou aux préventes, notre premier défi avec mon associée Samantha a été de répondre à cette question fondamentale : comment exister ? Notre réponse s’est construite autour de deux piliers : un positionnement de niche et des valeurs non négociables.
Trouver l’angle d’attaque : la lingerie pour adolescentes
Quand on analyse le marché de la lingerie, on s’aperçoit vite qu’il est polarisé. D’un côté, une offre axée sur la séduction, la dentelle, les armatures. De l’autre, des produits de confort souvent très basiques, sans âme. Nous avons réalisé qu’il y avait un segment de la population complètement délaissé. Comme je l’expliquais :
‘Au début on s’est lancé sur l’adolescence parce qu’on s’était rendu compte que pour le coup, il y avait vraiment un gros trou sur le marché de l’adolescence.’
Cette cible était fascinante. Une adolescente est en pleine construction identitaire, la mode est un moyen d’expression crucial pour elle, mais ses besoins en matière de lingerie sont spécifiques : du confort avant tout, pas d’armatures, pas de rembourrage excessif, et un style fun et moderne. Les marques existantes leur proposaient soit des modèles infantilisants, soit des modèles déjà conçus pour la séduction, totalement inadaptés. En nous adressant à elles, nous ne vendions pas seulement des sous-vêtements, nous proposions une alternative respectueuse et cool à un moment charnière de leur vie. C’était notre porte d’entrée, notre façon de nous faire un nom en répondant à un besoin réel et insatisfait.
Le body positive et l’éco-responsabilité : des valeurs, pas du marketing
Notre positionnement de niche n’aurait eu aucun sens sans être soutenu par des valeurs fortes. Dès le premier jour, nous avons décidé que Minastorm serait une marque qui fait du bien, au corps et à l’esprit. L’approche ‘body positive’ n’a jamais été un argument marketing calculé pour nous. C’était une évidence. Nous voulions montrer les femmes, toutes les femmes, telles qu’elles sont. Cela s’est traduit par des choix très concrets : refuser systématiquement de retoucher les photos de nos mannequins et sélectionner nos modèles directement sur les réseaux sociaux, sans critère de taille ou de morphologie. Notre message est simple :
‘D’abord avant de plaire aux autres, il faut que tu te plaises à toi même. Il faut que tu te sentes bien avec toi-même parce que si tu te sens pas bien avec toi-même alors tu pourras pas être étincelante.’
Cette authenticité a créé un lien de confiance immédiat avec notre communauté. Elles ne voyaient pas des idéaux inatteignables, mais des femmes qui leur ressemblaient. Parallèlement, nous avons intégré l’éco-responsabilité au cœur de notre production. Cela passe par des choix de matières, comme le coton labellisé Oeko-Tex ou bio, des matières recyclées, mais aussi par une réflexion sur chaque détail. Par exemple, pour limiter le plastique, nous avons cherché des alternatives pour nos emballages individuels, trouvant un fournisseur qui utilise de la canne à sucre plutôt que du pétrole. C’est un combat de tous les jours, surtout pour une jeune marque, car les volumes de commande influencent l’accès à ces solutions durables. Mais c’est un engagement que nous tenons, car il fait partie de l’ADN de Minastorm.
Avoir une identité de marque forte et des valeurs claires nous a permis de poser des fondations solides et de fédérer une première communauté. Mais une marque, c’est un organisme vivant. Très vite, nous avons compris que notre niche initiale, si précieuse pour démarrer, allait aussi devenir notre principal défi. Il fallait évoluer, sans se renier.
Le pivot stratégique : de la marque pour ados à une icône pour toutes les femmes
Le succès de notre lancement auprès des adolescentes a été à la fois une bénédiction et une malédiction. Nous étions enfin identifiées, avec de nombreuses parutions presse nous présentant comme ‘la marque pour ados’. Cette étiquette, si utile au début, est rapidement devenue un plafond de verre. Comment grandir et s’adresser à un public plus large quand tout le monde vous cantonne à une seule catégorie ? Ce fut, je pense, notre plus grand challenge. Il ne s’agissait pas de renier nos origines, mais de réussir à faire comprendre que la promesse de Minastorm – le confort, le style et l’acceptation de soi – était universelle. Ce pivot a été un exercice d’équilibriste délicat, mené étape par étape, en nous appuyant sur notre atout le plus précieux : notre communauté.
L’écoute client comme boussole de développement
Le signal le plus clair que nous devions évoluer est venu directement de nos clientes. Nous nous sommes rendu compte que des femmes de tous âges achetaient nos brassières, bien au-delà de la cible adolescente. Elles adoraient le confort et le style, mais se heurtaient à des limites, notamment en termes de tailles. Le pivot n’a donc pas été une décision prise en interne autour d’une table ; il a été dicté par le marché. Nous avons alors systématisé l’écoute de notre communauté. Comme je le mentionnais :
‘On pose beaucoup de questions à nos clientes sur Instagram pour savoir ce qu’elles veulent, ce qu’elles attendent de notre marque, ce qu’elles recherchent.’
C’est grâce à ces échanges constants que nous avons pu étendre notre offre de manière pertinente. On nous a demandé des tailles plus grandes, nous avons donc développé nos modèles jusqu’au bonnet E, et travaillons actuellement sur le F. On nous a demandé des maillots de bain, nous avons lancé une collection. Et surtout, on nous a massivement réclamé de la lingerie menstruelle. C’était une évidence : ce produit est à la croisée de toutes nos valeurs : confort, éco-responsabilité et libération pour la femme. Chaque nouvelle gamme de produits était une réponse directe à une demande, ce qui nous a permis d’élargir notre cible en douceur, de manière organique et légitime.
La transition en douceur : élargir l’offre sans choquer
Passer d’une image ‘ado’ à une image ‘femme’ impliquait aussi de proposer des modèles un peu plus audacieux, comme des tangas. Mais comment le faire sans trahir notre promesse et sans choquer les mères qui nous faisaient confiance pour leurs filles ? La clé a été la progressivité.
‘Il a fallu y aller étape par étape parce que bah proposer des des tangas par exemple, on pouvait pas le faire du jour au lendemain comme ça parce que ça aurait choqué les mamans qui nous connaissaient.’
Nous avons introduit ces nouvelles formes petit à petit, en les intégrant dans des collections qui conservaient l’ADN fun et coloré de Minastorm. Nous n’avons jamais basculé dans un discours de séduction. L’idée restait la même : porter ce qui vous fait vous sentir bien, que ce soit une brassière couvrante ou un tanga. Aujourd’hui, le pari est réussi. Des adolescentes continuent de découvrir la lingerie avec nous, et leurs mères achètent pour elles-mêmes. Nous sommes devenus une marque intergénérationnelle, où chaque femme peut trouver un modèle qui lui correspond, sans se sentir jugée ou enfermée dans une case. Cette croissance, bien que souhaitée, a apporté son lot de défis, notamment en matière de logistique. Une crise mondiale allait nous forcer à repenser entièrement notre façon de vendre.
Cette croissance rapide, nourrie par l’écoute de nos clientes, nous a propulsées dans une nouvelle dimension. Mais qui dit croissance dit aussi complexité opérationnelle accrue. Gérer plus de références, plus de tailles, et des volumes de commandes en constante augmentation met une pression énorme sur la chaîne de production et la gestion des stocks. Nous étions sur une trajectoire ascendante, mais fragiles. Et c’est précisément à ce moment-là que le monde s’est arrêté. Le confinement de mars 2020 n’a pas seulement été une crise sanitaire ; pour Minastorm, ce fut le catalyseur d’une transformation radicale, nous forçant à adopter la stratégie de prévente qui allait redéfinir notre avenir.
La stratégie de prévente : transformer la contrainte du stock en un puissant levier
Mars 2020. Le confinement est déclaré. Pour nous, c’est le début d’un scénario catastrophe. Notre réassort, incluant nos basiques et de nouveaux modèles, qui devait arriver fin mars, est bloqué. Les usines sont à l’arrêt, les transports paralysés. Ce qui devait être un retard de quelques semaines s’est transformé en un trou de plusieurs mois.
‘Ce qu’on devait recevoir en avril, on l’a reçu en juillet. Donc tu imagines 2 mois, 2 mois de décalage, c’était énorme.’
Pendant ce temps, un phénomène inverse se produisait : les ventes en ligne explosaient. Les gens, enfermés chez eux, n’avaient jamais autant commandé sur internet. Fin mars, début avril, nous étions quasiment en rupture de stock sur toutes nos références phares. La question était brutale : ‘On doit tenir 3 mois sans stock, comment on fait ?’. C’est là que l’idée de la prévente, qui trottait dans nos têtes depuis un moment, s’est imposée non plus comme une option, mais comme la seule solution de survie.
Le mécanisme de la prévente : agilité et transparence
L’idée était simple en théorie, mais complexe à exécuter dans l’urgence. Nous avons décidé de permettre à nos clientes de commander et de payer des produits qui n’arriveraient que deux à trois mois plus tard. Il fallait agir vite. En seulement trois semaines, nous avons travaillé d’arrache-pied avec nos développeurs pour créer un module de prévente sur notre site. Le principe était basé sur une transparence absolue. Lorsqu’une cliente sélectionnait une taille en prévente, un message très clair apparaissait :
‘Ce modèle, cette taille-là est actuellement en cours de production, elle arrivera à telle date et tu seras livrée en telle date.’
Il n’y avait aucune ambiguïté. La cliente achetait en toute connaissance de cause, acceptant le délai en échange de la garantie d’obtenir le produit désiré. Le succès a été immédiat et a dépassé toutes nos attentes. À tel point que nous avons vendu plus que les quantités que nous devions recevoir en juillet ! Ce qui a créé un second problème, mais un ‘bon’ problème : nous avons dû relancer une production en urgence pour satisfaire cette demande inattendue. Cette crise nous a appris à être incroyablement agiles.
Les avantages cachés de la prévente : au-delà de la gestion de stock
Ce qui a commencé comme une solution d’urgence s’est révélé être un modèle économique extrêmement vertueux pour une marque comme la nôtre. Les avantages vont bien au-delà du simple fait de pouvoir continuer à vendre.
1. Une trésorerie optimisée : C’est le bénéfice le plus évident. En encaissant le paiement des mois avant de livrer (et de payer la totalité de la production à notre fournisseur), nous finançons notre production avec l’argent de nos clientes. Cela élimine le besoin de trésorerie pour lancer de nouvelles collections et réduit considérablement notre dépendance aux financements externes.
2. La validation de la demande : La prévente est l’outil de test de marché ultime. Avant de lancer la production d’une nouvelle couleur ou d’un nouveau modèle, nous pouvons le proposer en prévente. Si l’engouement est là, nous produisons en grande quantité. Si la demande est faible, nous ajustons les volumes ou annulons le produit, évitant ainsi le risque d’invendus coûteux.
3. Une production plus juste : Ce système nous permet de nous rapprocher d’un modèle de production à la demande. En produisant des quantités qui correspondent à la demande réelle, nous limitons le surstockage et le gaspillage, ce qui est parfaitement aligné avec nos valeurs écoresponsables.
4. Création d’un sentiment d’exclusivité : La prévente génère de l’attente et de l’excitation. Nos clientes ont le sentiment de participer à la vie de la marque, d’être des ‘insiders’ qui ont accès en avant-première aux nouveautés. Cela renforce leur engagement et leur fidélité.
Les défis à ne pas sous-estimer
Cependant, la prévente n’est pas une solution magique. Elle comporte son lot de défis. Le plus grand est la gestion des attentes clients. Tenir les délais de livraison annoncés est impératif. Le moindre retard supplémentaire peut transformer l’enthousiasme en frustration. Cela exige une coordination parfaite avec les ateliers de production et une communication proactive et honnête avec les clientes en cas d’imprévu. Ensuite, la complexité logistique est réelle. Il faut un système capable de gérer des commandes avec des dates de livraison différentes, de suivre précisément les stocks futurs et de ne pas se mélanger les pinceaux. Notre propre expérience, où nous avons vendu plus que prévu, le montre bien :
‘Le module n’avait pas été prévu pour, mais on a été on a dépassé du coup ces quantités-là.’
Cela nous a obligés à faire évoluer nos outils en temps réel. Mettre en place un tel système ne peut fonctionner sans une communication irréprochable. C’est le ciment qui fait tenir l’édifice.
Mettre en place un système de prévente aussi audacieux, demandant aux clientes de payer pour un produit qu’elles recevront des mois plus tard, repose entièrement sur un pacte de confiance. Comment avons-nous convaincu notre communauté non seulement d’accepter ce modèle, mais de l’adopter avec enthousiasme ? La réponse ne se trouve pas dans une technique marketing obscure, mais dans une approche de communication radicalement transparente. Chaque point de contact, du site web aux réseaux sociaux, a été pensé pour ne laisser aucune place au doute et pour renforcer le lien qui nous unit à nos clientes.
Communiquer en temps de crise : la transparence comme clé de la confiance
Le succès de notre stratégie de prévente n’est pas dû à la technologie, mais à la psychologie. Nous demandions à nos clientes un acte de foi : nous donner leur argent en échange d’une promesse. Pour que cela fonctionne, il fallait que chaque interaction soit empreinte d’honnêteté et de clarté. La pire erreur aurait été de minimiser les délais ou de masquer la situation. Au contraire, nous avons pris le parti de tout expliquer, de rendre nos clientes actrices de la solution plutôt que victimes du problème. Cette communication s’est articulée sur tous nos canaux, avec une cohérence parfaite.
Sur le site web : une clarté à toute épreuve
Le site e-commerce était la ligne de front. C’est là que la décision d’achat se prenait. Nous avons donc mis en place plusieurs niveaux d’information pour nous assurer que personne ne commande en prévente par erreur. Dès l’arrivée sur le site, un pop-up expliquait la situation :
‘Il y avait un petit pop-up qui expliquait qu’on était vraiment désolé que bah notre sort avait pris du retard et que la demande avait été telle qu’on avait malheureusement plus de stock.’
Cette première étape posait le contexte et faisait preuve d’empathie. Ensuite, sur les pages produits, le module de prévente était conçu pour être extrêmement visible. Le message indiquant la date de livraison estimée n’était pas en petits caractères en bas de page, mais s’affichait clairement dès la sélection de la taille. Enfin, l’information était rappelée dans le panier et sur la page de confirmation de commande. L’objectif était la sur-communication pour éviter toute déception. En étant aussi transparents, nous donnions aux clientes tous les éléments pour prendre une décision éclairée, ce qui est la base du respect et de la confiance.
Sur les réseaux sociaux : transformer l’attente en événement
Si le site web était le lieu de la transaction, les réseaux sociaux, et notamment Instagram, étaient le lieu de la relation. C’est là que nous avons pu transformer une attente potentiellement frustrante en une expérience partagée et excitante. Nous ne nous contentions pas de dire ‘votre commande arrivera en juillet’. Nous racontions l’histoire en temps réel. Nous partagions des nouvelles de l’atelier, des photos de la production en cours, nous faisions des comptes à rebours… L’attente devenait un feuilleton que la communauté suivait avec nous. Nous avons également beaucoup utilisé les lives Instagram. Cet outil, mentionné dans mon échange avec Danilo, est parfait pour créer de la proximité. Il permet de répondre en direct aux questions, de rassurer, mais aussi de montrer les visages derrière la marque. En période de crise et d’incertitude comme le confinement, ce contact humain était primordial. En communiquant de cette manière, nous n’étions plus seulement une marque vendant un produit, mais une communauté traversant une épreuve ensemble. Les clientes ne subissaient pas un délai, elles nous aidaient à surmonter une difficulté en précommandant, et devenaient ainsi des soutiens actifs du projet.
Conclusion : l’agilité et l’écoute comme moteurs de la résilience
Le parcours de Minastorm est une illustration parfaite de l’adage entrepreneurial : les contraintes créent l’opportunité. Ce qui a commencé par une analyse juste d’un marché de niche, celui des adolescentes, s’est transformé en une marque intergénérationnelle grâce à une écoute attentive de notre communauté. Ce qui aurait pu être une faillite due à une rupture de stock catastrophique en plein confinement est devenu le pilier de notre modèle économique grâce à la mise en place audacieuse de la prévente. L’histoire de Minastorm n’est pas un long fleuve tranquille, mais une succession d’adaptations, de pivots et d’innovations nées de la nécessité. Les leçons que j’en tire sont simples mais fondamentales. Premièrement, une identité de marque forte, ancrée dans des valeurs authentiques comme le body positive et l’éco-responsabilité, est votre meilleur bouclier. C’est ce qui crée une communauté loyale, prête à vous suivre et à vous soutenir dans les moments difficiles. Deuxièmement, vos clients sont votre meilleure boussole. Écoutez-les activement, non pas pour leur vendre plus, mais pour construire avec eux une offre qui a du sens. Enfin, n’ayez pas peur de transformer un problème en solution. Notre stratégie de prévente n’est pas seulement une technique de gestion de stock, c’est une philosophie : elle nous rapproche de nos clientes, optimise notre trésorerie et nous pousse vers une production plus juste et responsable. Pour tous les entrepreneurs qui nous lisent, je vous encourage à voir chaque obstacle non pas comme un mur, mais comme une porte dérobée vers une nouvelle façon de penser votre business. La résilience n’est pas la capacité à éviter les crises, mais l’art de danser avec elles pour en sortir plus fort.
Foire aux questions (FAQ)
Pourquoi Minastorm a-t-elle commencé par cibler les adolescentes ?
Minastorm a choisi de cibler initialement les adolescentes car il existait un véritable vide sur le marché de la lingerie pour cette tranche d’âge. Les offres existantes étaient soit trop enfantines, soit déjà orientées vers la séduction, ne répondant pas à leur besoin de confort, de style et d’une image non-sexualisée. En se concentrant sur ce segment négligé, la marque a pu s’imposer rapidement en répondant à un besoin spécifique et non satisfait, créant ainsi une porte d’entrée solide dans un marché très concurrentiel.
‘On s’est vraiment dit bah c’est la la personne qui pense aux brassières, c’est l’adolescente. Elle elle porte des brassières et […] on s’était rendu compte que pour le coup, il y avait vraiment un gros trou sur le marché de l’adolescence.’
Quels sont les principaux avantages d’une stratégie de prévente pour une marque e-commerce ?
Une stratégie de prévente offre quatre avantages majeurs. Premièrement, elle optimise la trésorerie en encaissant les paiements avant la livraison, ce qui permet de financer la production. Deuxièmement, elle sert d’outil de validation de la demande, réduisant le risque d’invendus en ajustant les quantités produites à l’intérêt réel des clients. Troisièmement, elle favorise une production plus juste et durable en évitant le surstockage. Enfin, elle crée un sentiment d’exclusivité et d’anticipation, ce qui renforce l’engagement et la fidélité de la communauté. C’est un levier puissant pour la croissance et la gestion des risques.
‘On aimait bien ce système de prévente, on trouvait ça assez sympa de […] vendre avant même d’avoir les produits parce que bah nous en fait dès que ça arrivait hop ça repartait chez les clientes. Donc on trouvait que le concept était assez bien.’
Comment Minastorm communique-t-elle sur ses préventes pour rassurer ses clientes ?
La communication de Minastorm repose sur une transparence radicale à chaque étape. Sur le site web, un pop-up explique la situation globale, et sur chaque page produit, un message très visible indique clairement la date de livraison estimée dès qu’une taille en prévente est sélectionnée. Cette information est répétée dans le panier et l’email de confirmation. Sur les réseaux sociaux, la marque transforme l’attente en un événement en partageant les coulisses de la production et en maintenant un dialogue constant avec sa communauté, notamment via des lives Instagram.
‘Dès que la cliente appuie sur la taille qu’elle souhaite et que cette taille est en prévente, il y a un petit message bien visible qui s’affiche et qui lui dit que cette taille est actuellement en prévente et que si elle le commande, elle sera livrée à telle date.’
En quoi l’approche ‘body positive’ de Minastorm est-elle différente des autres marques ?
L’approche ‘body positive’ de Minastorm se distingue par son authenticité et son intégration fondamentale dans l’ADN de la marque, plutôt que d’être un simple argument marketing. Pour Minastorm, ce n’est pas un ‘combat’ ou une tendance, mais une ‘évidence’. Cela se manifeste par le refus systématique de retoucher les photos et la sélection de mannequins de toutes morphologies directement sur les réseaux sociaux. L’objectif n’est pas de pointer les ‘défauts’, mais de présenter une diversité de corps de manière naturelle et bienveillante, en encourageant l’amour de soi avant tout.
‘Le body positif pour nous […] on savait même pas que ça existait, c’était juste une évidence, c’est pas un combat ou enfin comment dire? C’est-à-dire que pour nous c’est c’est c’est évident.’
Comment Minastorm a-t-elle géré le passage d’une cible adolescente à un public plus large ?
La transition s’est faite progressivement, en étant guidée par l’écoute active de la clientèle. Constatant que des femmes de tous âges achetaient leurs produits, Minastorm a d’abord élargi sa gamme de tailles en réponse à la demande. Ensuite, la marque a introduit de nouvelles catégories de produits (maillots de bain, lingerie menstruelle) et des formes plus ‘adultes’ comme les tangas, mais toujours en douceur pour ne pas heurter sa clientèle initiale. Cette évolution organique a permis à Minastorm de devenir une marque intergénérationnelle sans renier son ADN originel.
‘Comme on avait été présenté comme la marque pour adolescentes, se détacher de cette image adolescente […] il a fallu y aller étape par étape.’
Quels engagements écoresponsables la marque Minastorm prend-elle ?
Minastorm intègre l’éco-responsabilité à plusieurs niveaux de sa chaîne de production. La marque privilégie des matières durables comme le coton labellisé Oeko-Tex ou bio, ainsi que des matières recyclées ou upcyclées (issues de chutes de tissus). Elle travaille également à réduire son empreinte écologique en optimisant les transports entre ses fournisseurs et en cherchant des alternatives aux emballages plastiques, comme des blisters fabriqués à base de canne à sucre. C’est une démarche d’amélioration continue, adaptée aux capacités d’une jeune entreprise en croissance.
‘On cherche le plus possible à être responsable dans notre manière de produire en choisissant des matières qui soient en coton labellisé Otex ou même on est en train de transformer tout le notre coton en en bio.’
Quel a été le plus grand défi pour Minastorm lors de sa croissance ?
Le plus grand défi pour Minastorm a été de gérer son positionnement de marque et de réussir à se défaire de l’étiquette initiale de ‘marque pour adolescentes’. Bien que ce positionnement de niche ait été crucial pour se lancer, il est devenu un frein pour s’adresser à un public plus large. La marque a dû travailler longuement et stratégiquement pour faire évoluer sa perception auprès du public et prouver que ses valeurs de confort, de style et d’acceptation de soi étaient universelles et pertinentes pour les femmes de tous âges.
‘Je dirais le positionnement de la marque. […] Comme on avait été présenté comme la marque pour adolescentes, se détacher de de cette image adolescente et de dire oh en fait finalement, on est peu plus que pour les adolescentes.’
Comment la crise du Covid-19 a-t-elle paradoxalement aidé Minastorm ?
La crise du Covid-19 a agi comme un catalyseur pour Minastorm. Elle a créé une situation de ‘crise parfaite’ : un blocage de la production entraînant une rupture de stock massive, combiné à une explosion de la demande en ligne. Cette contrainte extrême a forcé la marque à mettre en place à grande échelle un système de prévente qu’elle n’osait pas encore lancer. Le succès inattendu de cette stratégie a non seulement permis à l’entreprise de survivre, mais a aussi révélé un modèle de vente beaucoup plus résilient et rentable, qui est depuis devenu un pilier de sa croissance.
‘On s’est dit bah en fait c’est l’occasion. C’est on a toujours voulu faire des vraies préventes. Du coup allons-y, faisons 2 mois de prévente. On n’a jamais testé mais là de toute façon c’est un cas de force majeur.’




