Logo de l'épisode #103 - CRO technique : Process en 5 étapes pour doubler votre taux de conversion avec Pablo Le Normand & Laurent Therry, Experts CRO @Uxia (1/2) du podcast Le Rendez-vous Marketing

#103 – CRO technique : Process en 5 étapes pour doubler votre taux de conversion avec Pablo Le Normand & Laurent Therry, Experts CRO @Uxia (1/2)

Épisode diffusé le 24 octobre 2023 par Danilo Duchesnes

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Introduction : Pourquoi le CRO est devenu le nouveau champ de bataille de l’e-commerce

Dans un écosystème digital où les coûts d’acquisition ne cessent de grimper, attirer du trafic sur son site n’est plus que la moitié du chemin. La véritable question, celle qui obsède les marques e-commerce à succès, est : comment transformer efficacement ce trafic durement acquis en clients fidèles ? La réponse tient en trois lettres : CRO, pour Conversion Rate Optimization, ou optimisation des taux de conversion. Comme je le soulignais dans mon introduction, c’est devenu l’une des problématiques principales des DNVB en 2023 et 2024. Ce n’est plus une discipline réservée aux géants comme Décathlon ou ManoMano ; c’est aujourd’hui une nécessité stratégique pour toute marque souhaitant assurer sa croissance et sa rentabilité.

Le défi, c’est que le CRO peut sembler être une nébuleuse complexe, un mélange d’art et de science difficile à appréhender. Faut-il se fier à son instinct, copier les ‘bonnes pratiques’ vues ailleurs, ou existe-t-il une méthode plus rigoureuse ? C’est pour démystifier ce sujet que j’ai invité Pablo Lenormand et Laurent Terry, deux experts de l’agence tech et CRO Uxia. Leur particularité ? Ils ne sont pas de simples consultants théoriques. Ce sont d’anciens e-commerçants, des ‘fans de la première heure’ qui ont eu, comme ils le disent eux-mêmes, ‘les mains dans le cambouis’.

‘On a commencé bah les mains dans le cambouis hein, on n’est pas juste pure théorique, on est vraiment aussi pratique et c’est ce qui permet d’avoir aussi une énorme plus-value… parce que nous on a vraiment vécu ce que vivent nos clients en fait’.

Leur approche, qu’ils qualifient de ‘CRO technique’, est un processus structuré, presque scientifique, qui allie la puissance de l’analyse de données (la data) à la finesse de la compréhension de l’expérience utilisateur (l’UX). Dans cette première partie de notre discussion, nous allons plonger au cœur de leur méthodologie. Oubliez les suppositions et les coups de poker. Nous allons décortiquer ensemble la première étape fondamentale de leur processus : la phase de recherche. Comment identifient-ils les vrais problèmes qui plombent vos conversions ? Quelles données analysent-ils ? Et quels outils utilisent-ils pour voir votre site à travers les yeux de vos clients ? Préparez-vous à découvrir une approche qui pourrait bien changer radicalement votre vision de l’optimisation.

Le CRO, bien plus qu’une optimisation : un levier de rentabilité exponentiel

Avant de plonger dans la technique, il est crucial de comprendre pourquoi le CRO est passé du statut de ‘nice-to-have’ à celui de ‘must-have’. L’explication est avant tout économique. Chaque jour, les marques investissent des sommes considérables en publicité sur Facebook, Google, TikTok… Mais cet investissement s’arrête net dès que le budget est coupé. Le CRO, lui, est un investissement qui se capitalise. Chaque amélioration apportée à votre site est un gain permanent qui continue de produire de la valeur, jour après jour, sans coût additionnel. C’est un actif que vous construisez.

Comme je le mentionnais durant notre échange, l’impact d’une petite amélioration est souvent sous-estimé. ‘Le CRO, c’est entre avoir un taux de conversion de 1,2 % et 1,4 %, ça fait une grosse différence sur le trafic que tu vas attirer’. Pour le quantifier, imaginons un site qui génère 50 000 visiteurs par mois avec un panier moyen de 80 €. Passer de 1,2% à 1,4% de conversion ne représente que 0,2 point de pourcentage. Pourtant, le calcul est sans appel :

  • À 1,2% : 50 000 * 0,012 * 80 € = 48 000 € de CA mensuel.
  • À 1,4% : 50 000 * 0,014 * 80 € = 56 000 € de CA mensuel.

C’est une augmentation de 8 000 € de chiffre d’affaires par mois, soit 96 000 € par an, obtenue non pas en dépensant plus en acquisition, mais en optimisant l’existant. C’est là toute la puissance du CRO. Laurent a même évoqué un chiffre qui peut paraître fou, mais qui a été théorisé : le retour sur investissement peut atteindre un facteur de 100.

‘Le retour sur investissement, ça a été théorisé, c’est à peu près x 100, c’est énorme. C’est-à-dire que si tu investis 1000 € en CRO, en général, tu es censé sortir quasiment 100 000 € de bénef sur à peu près l’année.’

Même si ce chiffre est une estimation haute, il illustre un principe fondamental : l’effet de levier du CRO est immense. En optimisant chaque étape du parcours client – de la page d’accueil à la page de remerciement – on ne crée pas une addition de gains, mais une multiplication. Une amélioration de 5% sur la page produit, puis 5% sur l’ajout au panier, et 5% sur le checkout ne donne pas un gain de 15%, mais un gain composé qui impacte directement et durablement votre marge bénéficiaire. C’est ce qui permet de réinvestir plus sereinement en acquisition et de créer un véritable cercle vertueux de croissance.

Au-delà du site : un impact sur toute la stratégie d’acquisition

Il est important de noter que le périmètre du CRO ne s’arrête pas aux frontières de votre site web. Comme l’ont souligné Pablo et Laurent, leur analyse s’étend aux sources de trafic. ‘On regarde en fait les taux de conversion par canal d’acquisition. On regarde aussi beaucoup la LTV, le panier moyen en fonction des canaux d’acquisition’. Cette vision holistique est essentielle. Un taux de conversion global peut masquer des disparités énormes : une campagne Facebook peut-être très rentable tandis qu’une campagne Google Shopping ne l’est pas du tout, à cause d’une landing page inadaptée.

L’exemple concret de Monkey Walky qu’ils ont cité est parfait. L’équipe marketing a changé la redirection des publicités, passant d’une page collection performante à la page d’accueil. Résultat : ‘grosse erreur, on a vu la conversion qui s’est effondrée énormément’. Sans une analyse CRO qui a détecté cette anomalie et alerté le client, des milliers d’euros auraient pu être dépensés inutilement. Le CRO agit donc comme un garde-fou et un guide pour l’équipe d’acquisition, assurant que chaque euro dépensé est envoyé vers un parcours utilisateur optimisé. C’est une synergie indispensable pour scaler sainement.

CRO Technique, Branding, UX, Data : Comprendre les différentes facettes de l’optimisation

Le terme ‘CRO’ est souvent utilisé comme un mot-valise, mais la réalité est plus nuancée. Tous les experts en optimisation n’ont pas la même approche ni les mêmes compétences de base. Comprendre ces différences est essentiel pour choisir le bon partenaire ou orienter sa propre stratégie. Pablo a très bien décomposé cet écosystème en plusieurs profils.

‘Généralement dans l’écosystème CRO […] tu vas avoir plutôt des CRO qui vont être spécialisés en branding. […] Tu vas avoir des CRO qui sont plutôt UX […] et tu as des CRO aussi data.’

D’un côté, il y a le ‘CRO Branding’, incarné par des experts comme Sébastien Tortu. Leur force réside dans la compréhension profonde de la marque, du message, du copywriting (UX writing). Ils travaillent sur la proposition de valeur, la réassurance émotionnelle, et s’assurent que chaque mot sur le site renforce la confiance et le désir d’achat. C’est une approche qui part de l’humain et de la psychologie du consommateur.

À l’opposé, on trouve le ‘CRO Data’, comme Édouard de Jono. Son point de départ, c’est le chiffre, le tracking, la segmentation. Il va plonger dans les données pour identifier des schémas, des corrélations, et trouver des opportunités d’optimisation basées sur des analyses quantitatives poussées. C’est une approche rigoureuse et analytique.

Entre les deux, le ‘CRO UX’, comme Laurent, se concentre sur la fluidité du parcours, l’ergonomie, l’architecture de l’information. Son objectif est de rendre la navigation si intuitive que l’utilisateur atteint son but sans friction ni frustration.

La synthèse du CRO Technique : l’alliance de l’UX et de la Data

Alors, où se situe le ‘CRO technique’ prôné par Uxia ? C’est une approche qui se veut être la synthèse des mondes de l’UX et de la Data. Pablo le résume parfaitement : ‘Nous on va être plutôt sur la partie UX design et data. Donc on analyse la data et ensuite derrière, on va sortir des maquettes optimisées UX pour optimiser derrière la conversion’. C’est un processus en deux temps :

1. **La Data comme point de départ :** On ne commence pas par une idée de design ou une intuition. On commence par analyser les données pour identifier de manière objective où se situent les problèmes. La data dit ‘quoi’ et ‘où’. Elle pointe du doigt la page produit qui sous-performe ou le taux d’abandon anormalement élevé au checkout.

2. **L’UX comme solution :** Une fois le problème identifié, l’expertise UX entre en jeu pour proposer des solutions. Si la data montre que les utilisateurs ne cliquent pas sur le bouton ‘Ajouter au panier’, l’UX va chercher le ‘pourquoi’. Est-ce que le bouton est peu visible ? Le libellé est-il confus ? Manque-t-il des informations cruciales (taille, stock) à proximité ? Des maquettes (wireframes, mockups) sont alors créées pour tester des hypothèses de solution.

Cette approche hybride est extrêmement puissante car elle combine la rigueur des chiffres et la créativité de la conception centrée utilisateur. C’est une démarche qui s’apparente beaucoup au Growth Hacking, basée sur des cycles d’itérations rapides : analyse, hypothèse, test, validation/invalidation. C’est précisément ce processus que nous allons maintenant détailler.

Le Cœur du Réacteur : La Phase de Recherche, Première Étape du Process CRO Technique

Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose de notre conversation, ce serait celle-ci : une optimisation réussie ne commence jamais par un brainstorming sur ‘comment améliorer le site’. Elle commence par une phase de recherche obsessionnelle pour comprendre ce qui ne fonctionne pas. C’est la pierre angulaire de la méthode de CRO technique. C’est un principe contre-intuitif pour beaucoup, car nous avons tous des opinions sur notre propre site. Le problème, c’est que nous ne sommes pas nos utilisateurs. Se baser sur son instinct est le chemin le plus court vers des ‘optimisations’ qui n’ont aucun impact, voire un impact négatif.

‘Il faut vraiment en CRO, il faut être […] faut pas faire appel à son instinct mais il faut vraiment aller faire de la recherche data, de la recherche utilisateur pour essayer de comprendre ce qui va pas sur son site.’

Cette phase de recherche se décompose en plusieurs niveaux d’analyse, du plus global au plus spécifique, pour avoir une vision à 360° des problèmes de conversion. C’est un véritable travail d’enquêteur digital.

L’Analyse Macro : Décrypter les grandes tendances avec vos données

La première étape est de prendre de la hauteur. Il s’agit d’analyser les données quantitatives de votre site via des outils comme Google Analytics ou l’analytics natif de votre plateforme e-commerce (Shopify, etc.). L’objectif est de répondre à des questions globales : Où sont les plus grosses fuites dans mon entonnoir de conversion ? Quels segments d’utilisateurs convertissent le mieux ou le moins bien ?

Concrètement, voici quelques exemples d’analyses macro que nous menons :

  • Analyse du tunnel de conversion : On regarde les taux de passage entre chaque étape clé : Accueil > Page Catégorie > Page Produit > Ajout Panier > Checkout > Achat. Un taux de chute de 80% entre la vue de la page produit et l’ajout au panier est un signal d’alarme majeur.
  • Segmentation par appareil : On compare les taux de conversion entre ordinateur, mobile et tablette. Très souvent, le trafic est majoritairement mobile, mais le taux de conversion y est bien plus faible. Cela indique des problèmes d’ergonomie, de vitesse ou de réassurance spécifiques à la version mobile.
  • Segmentation par canal d’acquisition : Le trafic venant du SEO convertit-il aussi bien que celui venant de Facebook Ads ? Les visiteurs issus de l’emailing ont-ils un panier moyen plus élevé ? Cela permet non seulement d’identifier des problèmes sur des pages de destination spécifiques mais aussi de mieux allouer le budget marketing.

L’analyse macro vous donne la carte du territoire et vous indique les ‘zones rouges’ où se concentrent les problèmes. Elle vous dit ‘où’ regarder, mais pas encore ‘pourquoi’ ça ne fonctionne pas.

L’Analyse Micro : Plonger dans la tête des utilisateurs avec Hotjar

Une fois qu’on a identifié une zone rouge, par exemple un faible taux de conversion sur la page produit mobile, il faut zoomer pour comprendre ce qui se passe réellement. C’est là qu’interviennent les outils d’analyse micro, comme Hotjar, Microsoft Clarity (qui est gratuit) ou Content Square. Ces outils sont nos yeux et nos oreilles sur le site.

L’analyse macro vous a dit : ‘Il y a un problème sur cette page’. L’analyse micro va vous le montrer. On utilise principalement trois fonctionnalités :

  • Les Heatmaps (cartes de chaleur) : Elles montrent où les utilisateurs cliquent, jusqu’où ils scrollent et où leur souris se déplace. C’est parfait pour voir si des éléments importants (comme un bouton d’achat ou des arguments clés) sont ignorés ou si les utilisateurs cliquent sur des éléments non cliquables, signe d’une frustration.
  • Les Recordings (enregistrements de session) : C’est la fonctionnalité la plus puissante. On peut visionner des vidéos de sessions d’utilisateurs réels naviguant sur le site. C’est souvent une révélation. On les voit hésiter, chercher une information, faire des allers-retours, rager sur un bug… C’est brut, authentique, et incroyablement riche en enseignements.

L’exemple du code promo que Pablo a partagé est l’illustration parfaite de la puissance des recordings. Ils ont remarqué une fuite énorme sur la page panier. En regardant les vidéos, le problème est devenu évident.

‘Tu voyais tous les utilisateurs qui arrivaient et au lieu de cliquer sur commander, ils voyaient la barre code promo qui était trop mise en avant […] Tout le monde se barrait du coup du checkout ou de la page panier et allait dans les FAQ […] essayer de fouiller dans le site et au final les mecs se barraient.’

Sans les recordings, ils auraient pu passer des semaines à tester des couleurs de bouton ou des textes différents, sans jamais résoudre le vrai problème. En rendant simplement le champ de code promo moins proéminent, ils ont corrigé la fuite. C’est ça, le pouvoir de l’analyse micro.

Le Shadowing : L’empathie comme outil d’optimisation ultime

Enfin, il y a une dernière technique, plus qualitative, que nous adorons : le shadowing. C’est le niveau d’analyse le plus profond. Il ne s’agit plus seulement d’observer passivement, mais d’interagir. Le principe est simple : on recrute quelques personnes qui correspondent à la cible et on leur demande d’accomplir une tâche sur le site (ex: ‘trouver et acheter un cadeau pour votre cousin’). On s’assoit à côté d’eux (physiquement ou via un partage d’écran) et on les regarde faire, en leur demandant de verbaliser leurs pensées.

C’est ici qu’on obtient le fameux ‘pourquoi’. L’utilisateur va dire à voix haute : ‘Tiens, je m’attendais à trouver les avis ici’, ‘Je ne comprends pas ce que veut dire ce picto’, ‘J’ai peur de cliquer sur ce bouton, ça va peut-être valider ma commande tout de suite’. Ce sont des pépites d’information que ni Google Analytics ni Hotjar ne pourront jamais vous donner. C’est la confrontation directe avec la réalité de l’expérience de vos utilisateurs. C’est souvent inconfortable, parfois douloureux de voir son ‘bébé’ être malmené, mais c’est absolument indispensable pour construire une expérience client qui convertit vraiment.

Conclusion : La Recherche, Fondement d’un CRO Rentable

Ce premier échange avec Pablo et Laurent nous a permis de poser des bases solides. Nous avons compris que le CRO n’est pas une série d’astuces, mais un processus rigoureux et itératif. Le ‘CRO technique’ qu’ils pratiquent est une discipline qui refuse l’à-peu-près et l’intuition pour s’ancrer dans la réalité des données et des comportements utilisateurs. La phase de recherche, avec ses analyses macro, micro et le shadowing, n’est pas une simple étape préliminaire ; c’est le fondement sur lequel reposeront toutes les optimisations futures. Sans cette compréhension profonde des problèmes, toute tentative d’amélioration n’est qu’un tir à l’aveugle.

Dans la deuxième partie de notre discussion, nous verrons comment, à partir de cette recherche, ils formulent des hypothèses, créent des maquettes et lancent des A/B tests pour valider leurs idées de manière scientifique. Nous aborderons aussi des exemples très concrets de ‘quick wins’ et de bonnes pratiques pour les pages clés de votre site : produit, panier, checkout…

Mais pour l’heure, le message clé est le suivant : si vous voulez sérieusement améliorer vos conversions, arrêtez de vous demander ‘Qu’est-ce qu’on pourrait changer ?’ et commencez par vous poser la bonne question : ‘Qu’est-ce que nos données et nos utilisateurs nous disent ?’. Installez un outil comme Microsoft Clarity, consacrez une heure à regarder 10 sessions d’utilisateurs. Je vous garantis que vous découvrirez des choses sur votre site que vous n’auriez jamais soupçonnées. C’est le premier pas, le plus important, sur le chemin de la croissance durable.

FAQ sur le CRO Technique et la Phase de Recherche

Quelle est la première étape concrète pour commencer le CRO sur mon site e-commerce ?

La première étape n’est pas de changer le design, mais de mettre en place les outils de mesure pour comprendre ce qui se passe. Commencez par vous assurer que votre Google Analytics est bien configuré pour suivre les conversions. Ensuite, installez un outil d’analyse comportementale comme Hotjar ou son alternative gratuite, Microsoft Clarity. L’objectif initial est de collecter de la donnée et d’observer. Consacrez du temps à regarder les enregistrements de session de vos visiteurs. C’est l’action la plus simple et la plus riche d’enseignements pour débuter : voir votre site à travers les yeux de vos clients est une révélation.

‘Ton analyse macro va te dire OK, tu as un problème sur ta page produit, elle convertit pas très bien […] et grâce à Hotjar, grâce à un outil comme Hotjar, tu vas pouvoir aller zoomer sur l’étape qui convertit pas bien pour essayer de comprendre ce qui se passe.’

En quoi le CRO technique se différencie-t-il d’une simple refonte de site web ?

Une refonte de site est souvent un projet massif, basé sur des considérations esthétiques ou techniques, avec un résultat incertain. Le CRO technique est une approche radicalement différente. Il ne s’agit pas de tout changer, mais de procéder par itérations rapides et mesurées. Chaque modification est une hypothèse basée sur une analyse de données préalable (‘Nous pensons que si nous changeons X, cela améliorera Y’). Cette hypothèse est ensuite testée (souvent via un A/B test) pour valider ou invalider son impact sur la conversion. Le CRO technique est donc une démarche scientifique d’amélioration continue, moins risquée et plus efficace qu’une refonte complète.

‘C’est un process qui ressemble beaucoup au process du gross hacking […] où en fait vous allez tester des hypothèses sur votre site. Vous allez les valider ou pas.’

Quel est le retour sur investissement (ROI) moyen d’un investissement en CRO ?

Il est difficile de donner un chiffre unique car le ROI dépend de nombreux facteurs (maturité du site, trafic, secteur…). Cependant, le CRO est reconnu comme l’un des investissements marketing les plus rentables. Contrairement à la publicité où les bénéfices s’arrêtent quand vous cessez de payer, les améliorations CRO sont permanentes. Laurent a mentionné une étude théorisant un ROI pouvant aller jusqu’à 100 fois l’investissement initial sur un an. Même avec des estimations plus conservatrices, une augmentation durable du taux de conversion a un effet composé massif sur le chiffre d’affaires et la rentabilité à long terme.

‘Le retour sur investissement, ça a été théorisé, c’est à peu près x 100, c’est énorme. C’est-à-dire que si tu investis 1000 € en CRO, en général, tu es censé sortir quasiment 100 000 € de bénef sur à peu près l’année.’

Quels outils sont indispensables pour une analyse CRO efficace ?

Pour une approche de CRO technique, une combinaison d’outils est nécessaire. Premièrement, un outil d’analyse quantitative comme Google Analytics (ou une alternative) est la base pour l’analyse macro et la mesure des conversions. Deuxièmement, un outil d’analyse comportementale (analyse micro) est crucial ; Hotjar est la référence, mais Microsoft Clarity est une excellente alternative gratuite. Ces outils fournissent les heatmaps et les enregistrements de session. Enfin, pour la phase de test, une plateforme d’A/B testing comme Google Optimize (bien que bientôt obsolète), AB Tasty, ou VWO est nécessaire pour valider scientifiquement les hypothèses.

‘Tu vas prendre ton Google Analytics ou ton Shopify et tu vas regarder […] des indices sur où sont les grosses suites de ton e-commerce. […] Après tu vas faire de l’analyse micro. Ça c’est assez intéressant, c’est notamment avec du Hotjar ou avec du Content Square ou du Clarity.’

Comment le CRO peut-il directement réduire mes coûts d’acquisition publicitaire (CAC) ?

Le lien est direct et mathématique. Votre Coût d’Acquisition Client (CAC) est calculé en divisant vos dépenses publicitaires par le nombre de nouveaux clients. Si vous doublez votre taux de conversion grâce au CRO, pour le même budget publicitaire, vous obtenez deux fois plus de clients. Mécaniquement, votre CAC est divisé par deux. Un meilleur taux de conversion rend chaque visiteur plus précieux et chaque euro dépensé en publicité plus rentable. Cela vous permet soit de réduire votre budget pour le même nombre de clients, soit d’acquérir plus de clients pour le même budget, augmentant ainsi votre part de marché.

‘Comme le coût de la publicité augmente, les taux de conversion augmentent également. Et donc un levier pour diminuer vos coûts d’acquisition, c’est d’augmenter vos taux de conversion.’

Pourquoi est-il dangereux de se fier uniquement à son intuition en CRO ?

Se fier à son intuition est dangereux car nous, en tant que créateurs ou gestionnaires du site, souffrons de ce qu’on appelle le ‘biais du créateur’. Nous connaissons notre site par cœur, nous comprenons sa logique interne et nous sommes émotionnellement investis. Nos utilisateurs, eux, arrivent avec un regard neuf, un contexte différent et des objectifs propres. Ce qui nous semble évident peut être totalement confus pour eux. L’intuition mène à des optimisations basées sur nos propres préférences, et non sur les besoins réels des utilisateurs. La data et la recherche utilisateur sont les seuls remèdes à ce biais, en nous forçant à nous confronter à la réalité objective.

‘On a des feelings sur ce qui marche pas sur son site mais il faut surtout pas s’y fier sauf si on a beaucoup de bouteilles en e-commerce […] c’est bien quand même aussi d’aller questionner ses utilisateurs, d’aller questionner sa data pour comprendre où est-ce que sont les vraiment les grosses fuites de son site.’


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