Derrière chaque grande aventure, une décision qui change tout
Parfois, une carrière, une entreprise, une vie entière bascule sur une décision qui semble anodine. Un ‘oui’ timide, une candidature envoyée ‘pour voir’, une idée lancée comme une blague. Pour nous, l’aventure Flotte est née de plusieurs moments de ce type. Des instants où l’on décide de suivre une intuition plutôt que la prudence, de provoquer la chance plutôt que de l’attendre. Je suis Mickaël Pan, et avec ma femme Lily, j’ai cofondé Flotte en 2020. Aujourd’hui, je veux vous raconter non seulement comment nous avons réussi à lancer une marque de mode dans un secteur ultra-concurrentiel, mais surtout comment des choix audacieux, comme celui de participer à l’émission ‘Qui veut être mon associé’, ont radicalement changé la trajectoire de notre entreprise.
Ce récit n’est pas une formule magique, mais le partage transparent de notre parcours. Comment passe-t-on d’une simple conversation sur un imperméable manquant à un pitch devant des millions de téléspectateurs ? Comment apprend-on à naviguer dans les eaux troubles de la publicité en ligne quand on part de zéro ? C’est une histoire de persévérance, d’apprentissage sur le tas et de la conviction profonde qu’on peut apporter de la joie et de la couleur même les jours de pluie. Si vous vous demandez comment lancer votre marque, si vous doutez de votre capacité à vous démarquer ou si vous cherchez l’inspiration pour oser ce petit pas qui pourrait tout changer, alors vous êtes au bon endroit. Suivez-moi dans les coulisses de la création de Flotte, un voyage qui, je l’espère, vous donnera l’envie de croire en vos propres décisions anodines.
Chapitre 1 : L’étincelle, ou comment un voyage à Bali a créé une marque à Paris
Toute histoire a un point de départ. Le nôtre n’est pas un garage de la Silicon Valley, mais une simple conversation entre amies. Ce moment où un besoin personnel non satisfait révèle une opportunité de marché immense. Pour Flotte, tout a commencé par une quête très spécifique, celle de la meilleure amie de Lily. Elle préparait un voyage à Bali et cherchait la perle rare : un imperméable à la fois efficace, respectueux de l’environnement et abordable. Une équation qui semblait simple, mais qui s’est avérée impossible à résoudre à l’époque.
L’introuvable imperméable : la naissance d’une idée
Le point de départ est presque cliché, mais il est authentique. Ma femme, Lily, me relaie la demande de son amie :
‘demande à Michael s’il connaîtrait pas une marque d’imperméable écoconçu mais quand même en étant abordable’.
Ayant baigné dans le textile depuis mes 16 ans, j’avais un certain réseau et une bonne connaissance du marché. Pourtant, après avoir cherché, nous avons fait un constat surprenant : ce produit n’existait pas. On trouvait soit des marques techniques très chères, soit des produits bas de gamme sans aucune conscience écologique, et surtout, une offre globalement… triste. Les couleurs étaient sombres, les coupes austères. L’imperméable était un vêtement fonctionnel, subi, presque une punition pour affronter le mauvais temps.
Cette absence nous a mis la puce à l’oreille. Au début, c’était une discussion légère, une sorte de jeu intellectuel. ‘Et si on le créait, nous ? Comment on ferait ? Quel nom on lui donnerait ?’. Je me souviens de mes propositions très premier degré, comme ‘H2O’ ou ‘Imperméable’. Heureusement, Lily, avec son bagage en marketing, a tout de suite eu le bon réflexe. Elle a lancé ‘Flotte’. Ce nom a tout changé. Il était simple, français, et évoquait à la fois la pluie, l’eau, mais aussi l’idée d’un collectif, d’une équipe. C’est à cet instant précis que la blague est devenue un projet. Le nom a cristallisé l’idée et nous a donné l’impulsion : ‘Ouais mais c’est génial ton idée vas-y viens on se lance’.
Plus qu’un produit, un positionnement : la couleur contre la grisaille
Lancer une énième marque de vêtements n’avait aucun sens. Le marché est saturé. Pour exister, il nous fallait une âme, une mission qui dépasse le simple fait de vendre des produits. Nos valeurs se sont définies très naturellement, en réaction à ce que nous observions. Nous sortions à peine de la période COVID, une époque où tout le monde broyait du noir. Nous avons réalisé que les jours de pluie, les gens s’habillaient de manière encore plus sombre, comme pour s’accorder à la météo. C’était un cercle vicieux de morosité.
Notre mission est alors devenue évidente : rendre le mauvais temps plus joyeux. Comment ? Par la couleur. Nous voulions être une explosion de bonne humeur dans la grisaille.
‘On kifferait un peu plus ces jours pluvieux si on apporterait de la couleur dedans, si on apporterait de l’optimisme, de l’amour de des bonnes vibes’.
Cette vision a guidé tous nos choix. Chaque couleur vive, chaque coupe mixte et confortable était une déclaration contre la morosité. Mais l’autre pilier non négociable était la responsabilité. On ne pouvait pas créer une marque en 2020 sans se soucier de son impact. Nous avons donc exploré les options, et le plastique recyclé s’est imposé comme une évidence pour nos matières. Le défi était immense : allier technicité, éco-conception, couleurs vives et prix accessible. C’était notre cahier des charges, notre promesse. C’est sur ces fondations que nous avons commencé à construire.
Chapitre 2 : La validation par le terrain : le pari du B2B pour commencer
Avoir une belle idée et des valeurs fortes, c’est bien. S’assurer qu’elles répondent à une vraie demande du marché, c’est mieux. Beaucoup de jeunes marques se lancent aujourd’hui en ‘Direct-to-Consumer’ (D2C), en misant tout sur le marketing digital. C’est une voie respectable, mais qui demande des investissements colossaux en acquisition client avant même d’avoir réalisé la moindre vente significative. Fort de mon expérience dans le textile, nous avons choisi une approche différente, plus traditionnelle mais incroyablement efficace pour valider notre concept : le B2B, ou le ‘wholesale’.
Le salon professionnel : notre premier test grandeur nature
Plutôt que de dépenser notre budget de départ en publicités Facebook, nous avons tout misé sur la création de prototypes solides et la participation à des salons professionnels. C’était un pari audacieux. Nous allions nous confronter directement au jugement des experts : les acheteurs des grands magasins et des boutiques multimarques. Ces personnes voient des centaines de nouvelles collections chaque saison. Leur avis est sans concession et leur objectivité, redoutable. Si notre produit et notre discours ne les séduisaient pas, le projet était probablement mort-né.
Nous sommes donc arrivés sur notre premier salon avec une collection complète et un discours bien rodé. Notre approche était simple : nous n’étions pas là pour vendre un simple imperméable, mais une nouvelle façon de vivre les jours de pluie.
‘On est venu un peu disrupter le marché de l’imperméable qui était connoté comme très sombre… nous on est allé plutôt vraiment feel good, good vibes’.
L’accueil a dépassé toutes nos espérances. Les acheteurs ont immédiatement compris notre positionnement. Ils étaient fatigués des sempiternels trenchs beiges et K-ways noirs. Notre stand coloré et notre énergie positive détonnaient. Les commandes ont suivi, et ce fut une validation incroyable. Voir des professionnels, des gens comme les acheteurs des Galeries Lafayette ou du Bon Marché, croire en notre projet et engager leur propre budget pour référencer Flotte nous a donné une légitimité et une confiance immenses.
Construire un réseau de distribution : l’effet de levier
Le succès sur les salons ne nous a pas seulement apporté des commandes directes. Il nous a permis de construire la deuxième brique de notre stratégie B2B : un réseau de distributeurs. Ces partenaires sont essentiels. Ce sont des agents ou des showrooms qui représentent plusieurs marques et qui ont un portefeuille de clients bien établi. En les convainquant, nous n’avons pas seulement gagné des clients, nous avons gagné une force de vente externe. Ils sont devenus nos ambassadeurs auprès de centaines de boutiques en France et à l’étranger.
Leur rôle a été un formidable accélérateur. Ils prenaient le relais après les salons pour aller présenter notre marque à leur propre réseau. Cela nous a permis de nous faire connaître très rapidement dans de nombreuses villes, bien au-delà de ce que nous aurions pu faire seuls. Ce modèle B2B initial a été la clé. Il a financé nos premières productions grâce aux acomptes sur les commandes, il a validé notre ‘product-market fit’ et il a créé une première vague de notoriété. Le tout, sans lever de fonds et avec des fonds propres limités. C’était la base saine sur laquelle nous allions pouvoir construire notre future croissance en D2C.
Chapitre 3 : Apprendre à nager dans le grand bain du digital
Le modèle B2B était notre rampe de lancement, mais nous savions que pour construire une marque forte et maîtriser notre destin, nous devions nous adresser directement à nos clients finaux. C’est là que le D2C (Direct-to-Consumer) entre en jeu. Cependant, passer du monde des salons professionnels au monde impitoyable de l’acquisition en ligne, c’est comme apprendre une nouvelle langue. Nous étions de parfaits novices, et nos débuts ont été pour le moins… artisanaux.
De Wix à Shopify : la prise de conscience technique
Notre toute première présence en ligne était emblématique de notre ignorance.
‘On va monter un site rapidos sur Wix. je crois que ça nous coûtait 50 balles un truc comme ça’.
On avait un nom de domaine, quelques photos, et on attendait. Le résultat était prévisible : une vente par mois, si tout allait bien. On était contents à chaque commande, mais on sentait bien que ce n’était pas une stratégie. La première étape a été d’accepter notre incompétence et de nous faire accompagner. Une agence nous a ouvert les yeux sur les fondamentaux : un site professionnel (nous sommes passés sur Shopify), des photos de qualité, un discours de marque clair et, surtout, la nécessité d’investir pour attirer du trafic.
Cette notion d’investissement était la plus difficile à intégrer pour nous. L’idée de mettre de l’argent dans de la publicité sur Facebook ou Instagram, sans garantie de retour, était terrifiante. C’est un changement de mentalité complet par rapport au B2B où l’on vend avant de produire. En D2C, on dépense avant de vendre, en espérant que la machine se mette en route.
Meta Ads pour les nuls : nos premiers 30 euros
On a commencé petit, très petit. L’agence nous recommandait de mettre 50 ou 100€ par jour, des sommes qui nous paraissaient astronomiques.
‘On se disait c’est ça ça va très vite. 50 € par jour tout de suite sur un mois ça ça ça monte très vite. Donc on s’est dit ‘Ouais, attention non nous, on va mettre que 30 ».
Et les débuts ont confirmé nos craintes. On mettait 30€ et il ne se passait rien. Puis on mettait 30€ et on en récupérait 20. C’était frustrant, décourageant. C’est une phase critique où beaucoup d’entrepreneurs abandonnent, pensant que ‘ça ne marche pas pour eux’. La clé a été la persévérance et la confiance dans le processus. On a compris qu’il fallait ‘nourrir l’algorithme’, lui laisser le temps d’apprendre qui sont nos clients. Lentement, la tendance s’est inversée. De 30€ pour 20€ de ventes, on est passé à 30€ pour 30€, puis 30€ pour 40€. La machine commençait enfin à démarrer.
Le jour où j’ai appris le mot ‘scaler’
En l’espace de 9 à 12 mois, à force de réinvestir les bénéfices, nous sommes passés de 30€ à 300€ de budget publicitaire par jour. Pour nous, c’était une somme énorme, un plafond de verre psychologique. Notre réflexe a été de vouloir freiner, de sécuriser les acquis. C’est là qu’une conversation a tout changé. En échangeant avec d’autres entrepreneurs, on m’a posé une question simple : ‘quel est votre ROAS (Return On Ad Spend) ?’. Je ne savais même pas ce que c’était. Après calcul, on a vu qu’on avait un ROAS de 4. Pour chaque euro investi, on en générait quatre. La réaction de mes interlocuteurs a été unanime : ‘Mais pourquoi tu veux réduire ? Il faut appuyer sur l’accélérateur !’
C’est ce jour-là que j’ai découvert le concept de ‘scaler’.
‘Ils nous ont appris le mot aller scaler. Moi je savais pas ce que ça voulait dire scaler grosso modo, c’est tant que ça gagne, remettez et appuyez un peu plus’.
Ce fut une révélation. Tant que la publicité est rentable, ce n’est plus une dépense, c’est un investissement. Cette compréhension a totalement changé notre approche de la croissance. Nous avons continué à augmenter les budgets, prudemment mais sûrement, construisant une base solide pour notre activité D2C. Cette base allait s’avérer cruciale pour la suite, car un Tsunami médiatique se préparait sans que nous le sachions encore.
Chapitre 4 : Le grand saut : l’aventure ‘Qui veut être mon associé’
Alors que notre activité commençait à bien tourner, une idée un peu folle a commencé à germer dans ma tête. En regardant la première saison de ‘Qui veut être mon associé’ pendant le confinement, je me suis dit, un peu en rigolant, ‘tiens, ce serait bien qu’on participe’. C’était le début d’un processus qui allait nous mener bien au-delà de tout ce que nous aurions pu imaginer, et qui illustre parfaitement ma conviction qu’il faut savoir provoquer sa propre chance.
Insister, même sans y croire tout à fait
La première fois que j’en ai parlé à Lily, sa réaction a été sans appel : ‘Non mais c’est de la télé, arrête d’y croire’. Et elle n’avait pas tort. L’idée de passer sur M6 avec une marque qui n’avait même pas un an semblait délirante. J’ai laissé tomber, mais l’idée continuait de trotter dans ma tête. Je l’ai relancée une deuxième fois. Même refus. Puis une troisième fois. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais une intuition. Finalement, un peu lasse mais bienveillante, Lily m’a dit les mots qui ont tout déclenché :
‘Écoute, si tu penses qu’il y a quelque chose à faire, va poste. Et si jamais tu as un retour quoi que ce soit, et ben je te donnerai un coup de main’.
J’ai donc postulé, comme on jette une bouteille à la mer, sans trop y croire. Contre toute attente, ils m’ont rappelé le lendemain.
Ce qui a suivi a été un marathon. Nous avons dû préparer un dossier en béton : business plan, deck de présentation, chiffres, marges, et même une vidéo de nous pour tester notre aisance face caméra. Chaque étape franchie était une surprise. Nous avons avancé pas à pas, jusqu’à la validation finale par la production de M6. Nous étions sélectionnés. Notre état d’esprit était simple : ‘C’est une expérience de vie. Si ça ne marche pas, tant pis, on aura vécu une belle aventure ensemble’. Nous y sommes allés sans attente, ce qui nous a probablement permis d’être beaucoup plus naturels.
Le pitch d’une vie : entre préparation et naturel
Le jour du tournage est une expérience surréaliste. On se retrouve sur ce plateau impressionnant, face à des investisseurs qu’on ne connaît que par la presse. Il faut savoir que ce que vous voyez à l’écran, soit 10 à 15 minutes, est en réalité un échange qui dure entre 40 minutes et une heure. Il y a donc beaucoup de coupes. Pour le pitch initial de trois minutes, il fallait être préparé. Lily, très organisée, avait écrit un texte que j’ai dû apprendre. Mais pour toute la partie questions-réponses, c’était de l’improvisation totale.
‘Moi je suis vraiment quelqu’un qui va au feeling’.
Il fallait connaître son business sur le bout des doigts, être capable de répondre à n’importe quelle question sur les chiffres, la stratégie, la vision. C’est un exercice de clarté et de transparence extrême.
Nous étions venus chercher 100 000€ pour 5% de notre entreprise. La plupart des investisseurs ont apprécié notre projet et notre énergie, mais le secteur du textile les rebutait. C’est une objection classique. Et puis, le hasard a bien fait les choses. Sophie Méchali, la fondatrice de la marque Paul & Joe, était présente ce jour-là. Elle n’était pas prévue au casting initial. En tant que professionnelle aguerrie de la mode, elle a immédiatement saisi la pertinence de notre positionnement.
‘Elle a tout de suite elle pour le coup compris la valeur qu’il y avait flotte et la différenciation que pouvait avoir flotte comparé aux autres acteurs du marché’.
C’est elle qui a investi, et nous sommes ressortis avec une offre de 150 000€ pour 10%. Plus que l’argent, nous avions trouvé une partenaire stratégique qui comprenait notre industrie. Nous venions de signer, mais le plus dur, et le plus excitant, restait à venir : capitaliser sur la diffusion.
Conclusion : L’audace est un moteur
Le parcours de Flotte, de cette simple idée d’imperméable coloré jusqu’au plateau de ‘Qui veut être mon associé’, est la preuve qu’une trajectoire entrepreneuriale n’est jamais une ligne droite. C’est une succession de pivots, d’apprentissages et, surtout, de décisions audacieuses. Nous aurions pu nous contenter du succès confortable de notre stratégie B2B. Nous aurions pu nous effrayer des premiers résultats décevants de nos publicités en ligne. J’aurais pu écouter la voix de la raison qui me disait que postuler à une émission de télé était une perte de temps.
À chaque carrefour, nous avons choisi la voie de l’action, de la curiosité et de la croissance. Apprendre à ‘scaler’ nos publicités a été un tournant technique, mais décider de provoquer notre chance en postulant à QVEMA a été un tournant humain et stratégique. Cela nous a appris que les plus grandes opportunités se trouvent souvent juste de l’autre côté de nos peurs et de nos doutes. L’investissement de Sophie Méchali et l’exposition médiatique qui a suivi ont été un accélérateur fulgurant, mais ils n’auraient servi à rien si nous n’avions pas déjà construit des fondations solides, brique par brique, avec patience et détermination.
Alors, si je devais partager une seule leçon de cette aventure, ce serait celle-ci : ne sous-estimez jamais le pouvoir d’une petite décision. Quelle est cette idée qui vous trotte dans la tête ? Quelle est cette porte à laquelle vous n’osez pas frapper ? Parfois, le geste qui semble le plus anodin est celui qui contient le potentiel de tout changer. Pour nous, ce fut une candidature. Pour vous, ce sera peut-être autre chose. Mais la seule façon de le savoir, c’est d’essayer.
Questions fréquentes sur l’aventure Flotte (FAQ)
1. Comment est née l’idée concrète de la marque Flotte ?
L’idée de Flotte est née d’un besoin très concret et personnel. Ce n’est pas le fruit d’une longue étude de marché, mais d’une frustration. La meilleure amie de ma compagne Lily cherchait un imperméable pour un voyage qui soit à la fois performant, éco-responsable et abordable, une combinaison qu’elle ne trouvait nulle part. Cette simple requête nous a fait réaliser qu’il y avait un vrai vide sur le marché. Nous avons alors commencé à imaginer la marque qui pourrait répondre à ce besoin, en y ajoutant notre propre touche : la couleur et la joie pour contrer la morosité des jours de pluie. C’est ainsi que l’idée a pris forme, passant d’une simple blague à un projet de vie.
‘On avait constaté que finalement à cette époque-là en tout cas, il n’en existait pas et ça nous a mis un peu la puce à l’oreille. Et on en a discuté pendant longtemps comme une blague, j’ai envie de dire avec Lili et moi.’
2. Quelle a été la première stratégie de Flotte pour se lancer sur le marché ?
Notre stratégie initiale n’a pas été de nous lancer directement en ligne (D2C), mais de passer par le circuit B2B, aussi appelé ‘wholesale’. Fort de mon expérience dans le secteur textile, nous avons investi nos fonds propres dans la création de prototypes et la participation à des salons professionnels. L’objectif était double : valider notre produit et notre concept auprès d’acheteurs professionnels exigeants, et générer des commandes fermes qui nous permettraient de financer nos premières productions. Cette approche nous a offert une légitimité immédiate et a construit notre notoriété auprès des détaillants avant même de nous adresser au grand public.
‘On est né de base du du wholesale, du B2B de par mon expérience passée et avec les prototypes qu’on avait, on est parti faire des salons professionnels… tout de suite les gens ont adoré.’
3. Comment Flotte s’est-elle différenciée dans le secteur concurrentiel de la mode ?
Notre différenciation repose sur trois piliers fondamentaux. Premièrement, la couleur et l’optimisme. Nous avons pris le contre-pied du marché de l’imperméable, traditionnellement sombre et fonctionnel, en proposant des produits très colorés avec une mission claire : rendre les jours de pluie plus joyeux. Deuxièmement, l’éco-responsabilité, en utilisant des matières recyclées. Enfin, notre discours de marque est axé sur le ‘feel good’ et la positivité, ce qui a créé un lien émotionnel fort avec notre communauté. Nous ne vendons pas juste des vêtements de pluie, nous vendons une attitude positive face au mauvais temps.
‘On est venu un peu disrupter le le le marché de l’imperméable qui était connoté comme très sombre… et nous on est allé plutôt vraiment euh feel good, good vibes en leur disant ‘tiens, on fait des imper mais on est coloré, on est joyeux, c’est cool d’être sous la pluie’.
4. Quels ont été les premiers pas de Flotte dans la publicité en ligne ?
Nos débuts en publicité en ligne ont été très modestes et marqués par une grande prudence. Nous avons commencé à investir sur Meta (Facebook & Instagram) avec un budget minuscule de 30€ par jour, car des sommes plus importantes nous effrayaient. Au départ, les résultats n’étaient pas au rendez-vous, nous perdions de l’argent, ce qui était très décourageant. C’est en persévérant et en laissant le temps à l’algorithme d’apprendre que nous avons progressivement vu notre retour sur investissement s’améliorer, passant d’un ratio négatif à un équilibre, puis à la rentabilité. C’était un apprentissage lent mais essentiel.
‘On mettait 30 € ça nous rapportait rien après 30 € ça nous rapportait 20, après 30 ça nous rapportait 30 et après de fil en ça ça augmentait crescendo.’
5. Pourquoi avoir participé à l’émission ‘Qui veut être mon associé’ si tôt ?
Participer à l’émission avec une marque qui n’avait que six mois d’existence était un pari audacieux, presque un coup de poker. L’idée est venue d’une intuition personnelle, en regardant la première saison. Même si nous n’avions pas un grand historique, notre concept était déjà validé par le succès de nos premiers salons B2B. Nous avions une histoire à raconter, un produit différenciant et une vision claire. C’était l’occasion de trouver un levier de croissance exceptionnel, à la fois en termes de financement et de notoriété, à un moment où nous commencions à peine notre aventure D2C. Nous avons décidé de provoquer notre chance.
‘Après 6 mois d’activité, on a eu la chance de passer dans une émission qui s’appelle qui veux être mon associé… J’avais j’en avais parlé à Lili en rigolant bah tiens, ce serait bien qu’on qu’on participe.’
6. Quel a été le plus grand apprentissage en lançant des campagnes publicitaires sur Meta ?
Le plus grand apprentissage a été un changement complet de mentalité : passer d’une logique de ‘dépense’ à une logique d’ ‘investissement’. Au début, chaque euro dépensé en publicité était une source d’angoisse. Le déclic a eu lieu lorsque nous avons compris le concept de ROAS (Retour sur Dépenses Publicitaires). Quand notre ROAS a atteint 4, signifiant que chaque euro investi en générait quatre, nous avons réalisé que tant que la publicité était rentable, il ne fallait pas avoir peur d’augmenter les budgets. C’est là que nous avons appris le mot ‘scaler’ et compris que pour grandir, il faut savoir investir agressivement quand les chiffres sont bons.
‘Ils nous ont dit ‘Ouais bah si tu as un ROS de 4, pourquoi tu veux réduire?’… Ils nous ont dit ‘Non bah si tu as un ROS de 4, il faut continuer à appuyer sur le champignon, il faut aller et ils nous ont appris le mot aller scaler’.
7. Comment Flotte a-t-elle trouvé ses fabricants éco-responsables ?
Initialement, notre rêve était de produire en France. Nous avons passé près de six mois à chercher des partenaires locaux, mais nous nous sommes heurtés à une dure réalité : le savoir-faire technique pour les vêtements de pluie imperméables s’était largement perdu à cause de la désindustrialisation. Nous avons donc dû nous tourner vers l’Asie, notamment la Chine, où se concentre aujourd’hui l’expertise dans ce domaine. Cependant, nous l’avons fait de manière responsable en sélectionnant rigoureusement nos partenaires, en privilégiant des matières recyclées, en organisant la production de manière à minimiser les transports (tous les acteurs dans un rayon de 500km) et en important nos marchandises par bateau pour réduire notre empreinte carbone.
‘On a remarqué que finalement c’était un savoir-faire qui s’était complètement perdu localement… On a compris que c’est là-bas où on trouvait encore la meilleure technicité, fabrication et cetera.’
8. Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui hésite à postuler à une émission comme QVEMA ?
Mon conseil est simple : foncez. Il faut y aller au culot et traiter cela comme une opportunité, pas comme une fin en soi. Même si vous n’êtes pas sélectionné ou diffusé, le simple fait de préparer le dossier vous oblige à clarifier votre vision, vos chiffres et votre stratégie, ce qui est un exercice extrêmement bénéfique pour votre entreprise. Nous y sommes allés sans aucune attente, en nous disant que ce serait une bonne expérience. Cette mentalité nous a permis d’être authentiques. Il ne faut pas attendre d’être ‘parfait’ pour postuler. Si vous avez une belle histoire et un projet solide, tentez votre chance. La pire chose qui puisse arriver est d’apprendre quelque chose sur votre propre business.
‘Moi je suis allé vraiment au culot et et jeter une bouteille à la mer, je j’ai j’ai postulé comme ça et ils m’ont répondu le lendemain… C’est une expérience de vie. Si ça marche pas, tant pis, on aura vécu une belle expérience ensemble.’




