Logo de l'épisode Comment parler de son entreprise ? Episode 118 du podcast Le Podcast du Marketing - stratégie digitale, persona, emailing, inbound marketing, webinaire, lead magnet, branding, landing page, copy

Comment parler de son entreprise ? Episode 118

Épisode diffusé le 24 mars 2022 par Estelle Ballot

Écouter l'épisode :

Ce n’est pas une ‘petite entreprise’, c’est votre métier : arrêtez de vous minimiser

La toute première entreprise que j’ai créée s’appelait Estelle Mademoiselle. Un nom qui, avec le recul, criait tout ce que je n’osais pas dire à voix haute. Je vendais de la porcelaine de Limoges peinte à la main, et contre toute attente, le succès a été fulgurant. En quelques mois, je me suis retrouvée dans les radars d’une place de marché internationale, mes créations s’exportaient à 80 % aux États-Unis et les parutions presse suivaient. Sur le papier, c’était une réussite. Pourtant, au fond de moi, une petite voix me chuchotait que ce n’était pas vraiment sérieux. Ce n’était qu’un ‘side project’, mais à plein temps. Je n’aurais jamais, au grand jamais, osé dire que c’était mon métier. Cette dissonance entre la réalité de mon activité et la perception que j’en avais est un mal qui ronge de nombreux indépendants. C’est un poison lent qui nous pousse à nous cacher derrière des diminutifs : ‘j’ai une petite entreprise’, ‘je me suis fait une petite place’, ‘j’ai construit une petite notoriété’.

Pourquoi cette tendance à la minimisation ? Pourquoi, alors même que nous avons le courage de nous lancer, de créer notre propre voie, nous sentons-nous si souvent illégitimes ? C’est une question que je me suis longtemps posée, et la réponse que j’ai trouvée est à la fois simple et complexe : nous ne nous prenons pas au sérieux parce que nous confondons notre personne et notre entreprise. Quand on est indépendant, la frontière est floue. Ce que l’on vend, ce sont nos compétences, notre vision, notre travail. Comme je le disais dans l’épisode, ‘quelque part ce qu’on vend, ben c’est nous’. Et cette idée est terrifiante. Elle nous expose, nous rend vulnérables au jugement et à la critique. Alors, par réflexe de protection, on minimise. On réduit les enjeux pour réduire le risque émotionnel. Si ce n’est qu’un ‘petit projet’, l’échec semble moins grave. Mais ce faisant, nous sabotons nos propres chances de succès. Cet article est une invitation à déconstruire ce mécanisme. Nous allons explorer ensemble pourquoi nous tombons dans ce piège, comment un simple changement de perspective peut tout changer, et pourquoi la confiance en votre projet est le levier le plus puissant pour développer l’activité dont vous rêvez vraiment.

Le piège de la ‘petite entreprise’ : quand le manque de confiance sabote votre projet

Le langage que nous utilisons pour décrire notre réalité a un pouvoir immense. Il ne fait pas que décrire, il façonne. En qualifiant systématiquement notre activité de ‘petite’, nous lui imposons un plafond de verre invisible. C’est un acte d’auto-sabotage subtil mais dévastateur. Cette habitude n’est pas anodine ; elle est le symptôme d’un mal plus profond, un manque de légitimité que beaucoup d’entrepreneurs ressentent à leurs débuts, et parfois bien au-delà. On a beau avoir une confiance naturelle dans la vie, le passage au statut d’indépendant rebat complètement les cartes. Soudain, il n’y a plus de structure, plus de manager pour valider notre travail, plus de marque connue derrière laquelle s’abriter. Il n’y a que nous, face au marché. Et cette solitude peut être vertigineuse. C’est dans ce vide que s’installe le doute. Est-ce que je suis à la hauteur ? Est-ce que ce que je propose a de la valeur ? Cette insécurité nous pousse à adopter une posture de défense, et la minimisation en est la forme la plus courante. C’est une façon de dire au monde (et à soi-même) : ‘N’attendez pas trop de moi, ce n’est pas si important’.

‘Estelle Mademoiselle’ : l’anatomie d’un nom qui en dit long

Mon premier nom d’entreprise, ‘Estelle Mademoiselle’, est un cas d’école. Il cristallisait parfaitement mon état d’esprit de l’époque. ‘Estelle’, mon prénom seul, comme une enfant, et non une professionnelle adulte. Et pour enfoncer le clou, ‘Mademoiselle’. J’avais plus de trente ans, une décennie de carrière solide derrière moi, je venais d’être mère. Le terme ‘Mademoiselle’ était non seulement factuellement incorrect, mais il me ramenait à une image de fillette, d’amateurisme. Je le dis en souriant aujourd’hui, mais c’était révélateur : ‘dans le genre fillette avec des couettes, on pouvait pas faire mieux’. Ce nom transpirait mon manque de confiance. Il disait au monde que je ne me prenais pas au sérieux, que mon activité était une sorte de passe-temps glorifié. Ce choix n’était pas conscient, bien sûr. C’était une manifestation de mon incapacité à assumer pleinement mon nouveau statut. En ne m’affirmant pas comme une cheffe d’entreprise, je créais une distance de sécurité. Si ça ne marchait pas, ce n’était pas grave, ce n’était qu’Estelle Mademoiselle qui s’amusait. Le problème, c’est que cette posture a des conséquences très concrètes : elle influence la façon dont les autres vous perçoivent, les tarifs que vous osez proposer, les projets que vous vous autorisez à viser. C’est un cercle vicieux : moins vous vous prenez au sérieux, moins les autres vous prennent au sérieux, ce qui renforce votre sentiment d’illégitimité initial.

Plus qu’un ‘side project’, votre véritable métier

La confusion est d’autant plus facile que le cadre administratif lui-même nous y pousse. En France, le statut de la ‘micro-entreprise’ est une porte d’entrée formidable pour se lancer. Il est simple, flexible, et permet de tester une idée sans risque. Mais le mot ‘micro’ n’est pas neutre. Il ancre dans notre esprit l’idée de petitesse. Comme je l’expliquais, ‘la micro-entreprise, on peut la créer même si on est salarié et qu’on souhaite développer une petite activité à côté à un side project’. Et c’est là que réside le danger. Si votre ambition est de créer une activité annexe, un complément de revenu, c’est parfait. Mais si, comme pour beaucoup d’entre nous, cette activité est votre métier principal, celui qui paie vos factures et construit votre avenir, alors l’appellation ‘micro’ et la mentalité du ‘side project’ deviennent des freins. Vous n’êtes pas en train de bricoler dans votre garage. Vous êtes une professionnelle, une experte dans votre domaine, au même titre que si vous étiez salariée. Il est crucial de faire cette distinction mentale. Votre entreprise, même si elle est unipersonnelle, est une entité professionnelle à part entière. Elle mérite d’être traitée avec le sérieux et l’ambition qu’elle requiert. Cesser de la voir comme un ‘petit’ projet est la première étape pour libérer son potentiel et vous autoriser, enfin, à la développer à sa juste mesure.

Ce changement de perception est fondamental. Il ne s’agit pas de cosmétique, mais bien de la fondation sur laquelle vous allez bâtir votre succès. Tant que vous considérerez votre activité comme secondaire ou accessoire, vous prendrez des décisions alignées avec cette vision : vous hésiterez à investir, à déléguer, à augmenter vos prix, à prospecter des clients ambitieux. Vous resterez dans une zone de confort qui est en réalité une zone de stagnation. Le passage à une posture de chef d’entreprise assumée transforme radicalement votre approche. Vous ne cherchez plus seulement à ‘joindre les deux bouts’, mais à construire une croissance durable. C’est un déclic qui doit s’opérer en vous avant de pouvoir se manifester à l’extérieur. C’est précisément ce déclic que nous allons maintenant explorer.

La dissociation salvatrice : vous n’êtes pas votre entreprise, vous la représentez

Le cœur du problème, la raison pour laquelle la confiance nous fuit lorsque nous devenons indépendants, c’est cette fusion toxique entre notre identité personnelle et notre identité professionnelle. On a l’impression de se vendre soi-même, avec nos doutes, nos failles, nos angoisses. Chaque refus d’un client devient un rejet personnel. Chaque négociation tarifaire semble remettre en question notre propre valeur. C’est épuisant et paralysant. Pourtant, la solution est d’une simplicité désarmante, même si elle demande un véritable effort mental : il faut tracer une ligne rouge, créer une séparation claire. Vous n’êtes pas votre activité. Ce que vous vendez, ce sont vos compétences. C’est un service, un produit, une expertise. Exactement comme lorsque vous étiez salariée.

Rappelez-vous. Quand vous travailliez pour une entreprise, vous n’aviez probablement aucun mal à présenter une offre, à défendre un projet, à négocier un contrat. Pourquoi ? Parce que vous n’étiez pas en votre nom propre. Vous étiez en représentation. Vous parliez au nom de la marque, de l’entreprise qui vous employait. Comme je le souligne dans le podcast, ‘quand on est salarié, on représente notre entreprise. C’est pas de nous qu’il est question, il est question de l’entreprise’. L’enjeu n’était pas placé sur votre personne, mais sur la valeur de l’offre de l’entreprise. Eh bien, la clé est de comprendre que lorsque vous êtes indépendante, c’est exactement la même chose. Votre entreprise, même si elle porte votre nom, est une entité distincte. Vous êtes sa première employée, sa PDG, sa porte-parole. Cette dissociation change tout. Elle déplace l’enjeu du personnel vers le professionnel. Il ne s’agit plus de ‘Est-ce qu’on m’aime ?’, mais de ‘Est-ce que la solution proposée par mon entreprise répond au besoin du client ?’. Cette nuance est libératrice.

Le bouclier du salarié : pourquoi la confiance était plus simple avant

Lorsque nous étions salariés, nous bénéficions d’un bouclier psychologique puissant : la structure de l’entreprise. Le logo sur la carte de visite, la réputation de la marque, l’équipe qui nous entourait… tout cela formait un cadre rassurant. Nous portions un uniforme, au sens figuré, qui nous permettait d’endosser un rôle. En rendez-vous client, nous étions ‘le commercial de la société X’ ou ‘la chef de projet de l’agence Y’. Cette identité professionnelle nous protégeait. Si un client n’était pas convaincu, il ne remettait pas en cause notre être profond, mais la pertinence de l’offre de l’entreprise à ce moment précis. On pouvait débriefer avec un collègue, analyser les points de blocage objectivement et passer à autre chose. On y allait ‘franco’, avec assurance, parce que l’échec potentiel n’était pas une attaque personnelle. En devenant indépendant, ce bouclier disparaît. Soudain, nous sommes à nu. Le nom de l’entreprise est souvent le nôtre. Le service, c’est notre cerveau et nos mains. Il est donc naturel de se sentir exposé et de perdre cette confiance qui nous semblait si acquise. La peur du jugement devient omniprésente et nous pousse à nous excuser d’exister, à minimiser notre offre pour ne pas déranger.

Incarner ‘l’entreprise Estelle Ballot’ : un changement de posture radical

La solution consiste donc à reconstruire ce bouclier, mais cette fois, pour nous-mêmes. Il faut consciemment créer cette entité qu’est ‘votre entreprise’. Pour moi, le déclic a été de penser : ‘Je ne suis pas Estelle Ballot, je suis l’entreprise Estelle Ballot’. C’est un jeu de rôle, en quelque sorte, mais un jeu de rôle extraordinairement efficace. Avant un appel important ou une réunion, prenez quelques instants pour ‘mettre votre casquette’ de chef d’entreprise. Vous n’êtes plus vous, la personne avec ses doutes du matin, vous êtes la représentante d’une structure qui a des compétences et des solutions à offrir. Concrètement, cela signifie préparer vos rendez-vous non pas en vous demandant si vous allez plaire, mais en vous concentrant sur la valeur que votre entreprise apporte. Votre argumentaire ne porte plus sur vous, mais sur les bénéfices pour le client. Cette posture vous autorise à être plus direct, plus affirmé. Vous ne demandez pas la charité, vous proposez un partenariat commercial. Ce changement de perspective a un effet immédiat sur votre communication non verbale, le ton de votre voix, la clarté de votre discours. Vous n’êtes plus sur la défensive, mais dans une posture de proposition de valeur. Et cette assurance est contagieuse : elle inspire la confiance à votre interlocuteur.

Cette approche n’est pas un déni de qui vous êtes. Au contraire, c’est un moyen de protéger votre personne pour laisser votre expertise s’exprimer pleinement. En créant cette distance, vous vous donnez la permission d’être ambitieuse pour votre entreprise, de négocier fermement, et d’essuyer les refus sans que cela n’atteigne votre estime personnelle. C’est un outil mental surpuissant pour naviguer dans les eaux parfois tumultueuses de l’entrepreneuriat. Entraînez-vous. Avant chaque interaction professionnelle, répétez-vous que vous êtes en mission pour votre entreprise. Vous verrez, peu à peu, cette posture deviendra une seconde nature.

Briser le plafond de verre : oser viser plus grand que soi

L’un des symptômes les plus courants du manque de confiance chez l’indépendant est l’auto-censure dans le démarchage commercial. Une croyance limitante tenace s’installe : ‘Je suis seul, donc je ne peux m’adresser qu’à des petits clients’. On se persuade que les TPE et les PME sont notre seule cible légitime, et que les grands groupes sont une forteresse imprenable. Je l’ai entendu un nombre incalculable de fois, comme lors de ce déjeuner avec une consœur qui m’avouait : ‘Moi j’arrive pas à démarcher les grosses entreprises parce que je m’en sens pas les épaules’. Elle était convaincue que son statut de ‘solo’ la disqualifiait d’office pour jouer dans la cour des grands, alors même qu’elle savait que son cœur de cible s’y trouvait. C’est une pure erreur de positionnement, dictée par la peur et non par la logique.

Cette peur est compréhensible. On imagine des processus de décision complexes, des armées de managers, une compétition féroce. On se sent comme un David microscopique face à une armée de Goliaths. Mais cette vision est une caricature. La réalité du terrain est bien plus simple et plus humaine. Lorsque vous contactez une grande entreprise, vous ne vous adressez pas à une entité abstraite et monolithique. Vous vous adressez à une personne. Un manager, un directeur de département, un chef de projet. Une personne qui, comme vous, a des objectifs à atteindre, des problèmes à résoudre et une pression à gérer. Cette personne ne cherche pas un fournisseur avec le plus grand nombre d’employés ; elle cherche la meilleure solution à son problème. Et cette solution, c’est peut-être la vôtre.

Derrière le logo : démystifier le grand groupe

L’erreur fondamentale est de se laisser impressionner par la façade. Un grand groupe n’est qu’une collection d’individus. ‘Vous n’allez pas rencontrer une multinationale, vous allez rencontrer une personne. Tout comme vous’. Cette personne a des compétences, des besoins, des émotions. Elle n’est pas fondamentalement différente de vous, ni du PDG de la PME que vous avez démarchée la semaine dernière. D’ailleurs, comme je le rappelle, si vous étiez restée salariée, vous seriez peut-être cette personne, ce maillon au sein d’un grand groupe. Cela ne ferait pas de vous quelqu’un de plus impressionnant ou de moins accessible. En réalité, travailler avec un indépendant agile et expert peut être extrêmement attractif pour un manager dans une grande structure. Vous représentez la flexibilité, la réactivité, une relation directe et une expertise pointue, loin des lourdeurs administratives internes. Votre statut de ‘solo’ n’est pas une faiblesse, c’est une force. Il faut simplement apprendre à le présenter comme tel. Le plus important est de comprendre que votre interlocuteur se fiche de la taille de votre structure. Ce qui l’intéresse, ce sont les résultats. Si vous pouvez lui démontrer, de manière crédible, que vos compétences vont l’aider à atteindre ses objectifs, vous avez déjà fait 90% du chemin.

De la PME au grand compte : un ajustement de perspective, pas de compétence

Passer du démarchage de PME à celui de grands comptes ne requiert pas de nouvelles compétences techniques, mais un ajustement de votre posture et de votre discours. Vos savoir-faire sont les mêmes. Ce qui change, c’est l’échelle et le langage. Vous devez apprendre à parler en termes de ‘ROI’ (retour sur investissement), de ‘performance’, d’alignement avec les ‘objectifs stratégiques’ du département ou de l’entreprise. Il faut faire vos devoirs : renseignez-vous sur l’entreprise, sur les enjeux du secteur, sur le rôle précis de votre interlocuteur. Votre approche doit être ultra-personnalisée et démontrer que vous avez compris son problème spécifique. Le sentiment d’illégitimité vient souvent d’une impression de ne ‘pas faire le poids’. Mais le poids n’est pas une question de nombre. C’est une question de pertinence. Si votre offre est la solution parfaite à un problème précis et coûteux pour l’entreprise, vous avez un poids considérable dans la discussion. Cessez de vous voir comme un ‘petit’ prestataire et positionnez-vous comme un partenaire stratégique externe. C’est ce changement de perspective qui vous donnera l’assurance nécessaire pour décrocher le téléphone, envoyer cet email et vous asseoir à la table des négociations, en sachant que vous y avez toute votre place.

La confiance en soi, fondation de votre résilience d’entrepreneur

Nous avons beaucoup parlé de posture et de perception, mais il est essentiel de revenir à la racine : la confiance en soi. C’est un terme souvent galvaudé, qu’on imagine comme une sorte de super-pouvoir inné. Mais la réalité est bien plus simple et accessible. Avoir confiance en soi, ce n’est rien d’autre qu’avoir une vision juste de soi-même. Comme je le définis dans l’épisode, c’est ‘une vision réaliste de nos capacités’. Il ne s’agit pas de se croire meilleur qu’on ne l’est, ni de se dévaloriser. C’est simplement être objectif. Se regarder honnêtement, avec lucidité, pour connaître ses forces et ses faiblesses. Cette clarté est le socle sur lequel tout le reste se construit. C’est une compétence qui se travaille, qui se muscle au quotidien, et dont les bénéfices pour un entrepreneur sont immenses et très concrets. Loin d’être un simple ‘feel good’, la confiance en soi est un outil de performance redoutable.

La confiance comme boussole : mieux gérer ses émotions et ses décisions

L’un des premiers bénéfices d’une confiance en soi bien ancrée est une meilleure gestion émotionnelle. L’entrepreneuriat est une véritable montagne russe. Les hauts sont grisants, les bas peuvent être abyssaux. Sans une juste perception de sa propre valeur, il est facile de se laisser submerger. Un client mécontent, une proposition refusée, un lancement qui ne décolle pas… et c’est tout notre monde qui s’écroule. En revanche, si vous êtes au clair sur ce que vous savez faire et ce que vous valez, vous êtes capable de prendre de la distance. Vous comprenez qu’un échec ponctuel ne remet pas en cause la totalité de vos compétences. Cette stabilité émotionnelle est cruciale pour prendre des décisions sereines et éclairées. Quand on est paralysé par la peur ou le doute, on a tendance à choisir l’option la moins risquée, qui est souvent aussi la moins ambitieuse. Une confiance réaliste permet de mettre le stress de côté, d’analyser les faits ‘droit dans les yeux’ et de faire des choix stratégiques audacieux mais calculés, qui servent réellement la croissance de l’entreprise.

L’art de se relever : la résilience, fruit d’une vision objective de soi

S’il y a une qualité indispensable pour tout entrepreneur, c’est bien la résilience. Car l’échec n’est pas une possibilité, c’est une certitude. Tout le monde se ‘cassera la figure’ à un moment ou à un autre. La vraie question n’est pas de savoir si l’on va tomber, mais comment on va se relever. Et c’est là que la confiance en soi joue un rôle de premier plan. Si votre estime de vous est fragile, une chute peut être vécue comme une validation de votre incompétence. Le découragement peut être tel que l’idée d’abandonner devient tentante. À l’inverse, si vous avez cette connaissance objective de vos capacités, vous savez que l’échec est une information, pas une condamnation. Vous êtes capable d’analyser ce qui n’a pas fonctionné, d’en tirer les leçons, et de repartir, plus fort de cette expérience. Comme je le dis, ‘si on a confiance en nous, si on est un peu droit dans ses bottes […] c’est plus facile de remonter, de repartir’. Cette capacité à rebondir rapidement est ce qui différencie les entreprises qui durent de celles qui disparaissent à la première difficulté. Travailler sa confiance en soi n’est donc pas un luxe, c’est un investissement stratégique dans la pérennité de votre projet.

Osez affirmer la valeur de votre métier

Nous arrivons au terme de cette réflexion, et s’il y a une idée que j’aimerais que vous emportiez avec vous, c’est celle-ci : votre activité n’est pas un hobby. Ce n’est pas un ‘petit projet’. C’est votre métier, le fruit de vos compétences, le véhicule de vos ambitions. Il mérite d’être traité et présenté avec tout le sérieux et le respect qu’il requiert. Le parcours d’Estelle Mademoiselle à l’entreprise Estelle Ballot est plus qu’une anecdote personnelle ; c’est une métaphore du cheminement que chaque indépendant doit accomplir. Celui qui mène de l’auto-minimisation à l’affirmation professionnelle.

La clé de cette transformation réside dans ce changement de posture radical : cessez de penser que vous vous vendez vous-même. Vous êtes la voix, l’ambassadrice, la dirigeante de votre entreprise. Cette dissociation est votre plus grand allié. Elle vous protège, vous donne de la force et vous permet d’adopter la posture confiante que vous aviez naturellement en tant que salariée. Elle vous autorise à viser plus haut, à démarcher ces grands comptes qui vous semblent inaccessibles, en vous rappelant que derrière les logos se cachent des êtres humains avec des problèmes que vous pouvez résoudre.

Alors, je vous invite à faire cet exercice, dès aujourd’hui. Posez-vous la question, honnêtement : est-ce que vous minimisez votre activité quand vous en parlez ? Si la réponse est oui, décidez consciemment de changer votre langage. Bannissez le mot ‘petit’ de votre vocabulaire professionnel. Incarnez votre rôle de chef d’entreprise. Prenez-vous au sérieux, car si vous ne le faites pas, personne ne le fera pour vous. La confiance que vous inspirez à vos futurs clients est le reflet direct de la confiance que vous avez en votre propre projet. Croyez en sa valeur, et les autres y croiront aussi.

Foire aux questions (FAQ)

1. Pourquoi ai-je tendance à minimiser mon activité d’indépendant ?

Cette tendance vient souvent d’un syndrome de l’imposteur exacerbé par le statut d’indépendant. En l’absence d’une structure d’entreprise pour nous valider, nous fusionnons notre identité personnelle avec notre activité. La peur de l’échec devient alors une peur du rejet personnel. Pour nous protéger, nous minimisons les enjeux en qualifiant notre entreprise de ‘petite’. C’est un mécanisme de défense qui, malheureusement, limite notre potentiel de croissance en projetant une image de manque de confiance et de sérieux.

‘On a beau avoir confiance en soi quand il s’agit de se mettre à son compte, on ne se fait pas confiance et il y a une nuance. Par définition quand on est indépendant, et ben on est seul et ce qu’on vend, c’est qui on est, ce qu’on pense et ce qu’on produit. […] Ben du coup, on minimise, c’est plus facile hein. On se met moins à risque.’

2. Comment faire la différence entre ma personne et mon entreprise pour gagner en confiance ?

La stratégie la plus efficace est un changement de mentalité radical : considérez-vous comme le ou la représentant(e) de votre entreprise, et non comme la personne qui se vend. Votre entreprise est une entité distincte, avec sa propre offre de valeur. Adoptez la même posture que lorsque vous étiez salarié(e) et que vous parliez au nom de votre employeur. Cette dissociation mentale déplace l’enjeu du personnel vers le professionnel, ce qui libère de la pression et permet d’agir avec plus d’assurance et d’objectivité.

‘Je ne suis pas Estelle Ballo, je suis l’entreprise Estelle Ballo. Et ça, ben ça change tout. Le fait de se voir comme une entreprise et non comme notre personne, ça place l’enjeu à un endroit parfaitement différent. Il est question de compétences, de produits ou de service, il n’est plus question de votre personne, de qui vous êtes intrinsèquement.’

3. Est-il réaliste pour un freelance seul de démarcher des grands comptes ?

Absolument. La croyance qu’un freelance ne peut pas travailler avec de grandes entreprises est une barrière purement psychologique. Lorsque vous démarchez un grand groupe, vous ne vous adressez pas à une entité abstraite, mais à une personne (un manager, un chef de projet) qui a un problème à résoudre. Cette personne cherche avant tout une solution efficace et un expert compétent. Votre agilité, votre expertise pointue et votre réactivité sont des atouts majeurs. Le plus important est de présenter votre valeur en termes de résultats, et non de vous focaliser sur la taille de votre structure.

‘Lorsque vous allez contacter une entreprise […] vous n’allez pas rencontrer une grosse structure. […] vous allez rencontrer une personne. Tout comme vous. […] Ce que cherche votre interlocuteur, ce sont des résultats. Si vos compétences lui permettent d’atteindre ses résultats, il se fichera de savoir si vous êtes seul aux manettes.’

4. Qu’est-ce que la confiance en soi, concrètement, pour un entrepreneur ?

Loin d’être de l’arrogance, la confiance en soi pour un entrepreneur est avant tout une vision lucide et réaliste de ses propres capacités. C’est la capacité à s’évaluer objectivement, en connaissant précisément ses forces, sur lesquelles capitaliser, et ses faiblesses, sur lesquelles travailler. Cette clarté permet de ne pas se laisser déstabiliser par les critiques ou les échecs, car on est solidement ancré dans la réalité de ce que l’on vaut et de ce que l’on sait faire. C’est un outil d’auto-évaluation honnête, et non un sentiment de supériorité.

‘Qu’est-ce que c’est finalement que la confiance en soi ? Et ben la confiance en soi, ça n’est rien d’autre qu’une vision réaliste de nos capacités, une vision réaliste. Ça veut juste dire être objectif, se voir tel qu’on est réellement, ni mieux ni moins bien. La confiance en soi, c’est juste être objectif.’

5. Quels sont les bénéfices directs d’une plus grande confiance en soi pour mon business ?

Les bénéfices sont très concrets. Premièrement, une meilleure gestion des émotions face aux aléas de l’entrepreneuriat. Deuxièmement, la capacité à prendre des décisions plus sereines et éclairées, car moins polluées par le stress et la peur. Troisièmement, cela aide à fixer et à atteindre des objectifs plus ambitieux, car on est au clair sur les moyens à disposition. Enfin, et c’est crucial, la confiance en soi est le pilier de la résilience, cette capacité à se relever après un échec, à apprendre et à continuer d’avancer.

‘La confiance en soi, ça va nous permettre de mieux gérer nos émotions. Ça va nous permettre de prendre des décisions de façon plus sereine. et puis ça va nous permettre d’atteindre nos objectifs et de rendre une résilience plus facile.’

6. Comment la confiance en mon projet peut-elle convaincre mes clients ?

La confiance est communicative. Lorsque vous parlez de votre projet avec assurance et conviction, cela se ressent immédiatement dans votre voix, votre posture et vos arguments. Cette assurance inspire confiance à votre interlocuteur. Un client, un partenaire ou un investisseur a besoin de sentir que vous êtes la première personne à croire en la valeur de ce que vous proposez. Si vous doutez, comment pourrait-il être convaincu ? Projeter de la confiance est donc un prérequis indispensable pour que les autres aient envie de vous faire confiance et de travailler avec vous.

‘Si nous avons des doutes euh des angoisses, des inquiétudes sur notre activité […] ça va se ressentir dans notre voix. L’assurance ou le manque d’assurance à l’inverse se sent immédiatement. Donc on a grandement intérêt à travailler la confiance qu’on a dans notre projet pour tout simplement inspirer de la confiance aux personnes à qui l’on parle.’

7. Le statut de micro-entreprise m’encourage-t-il à voir mon activité en petit ?

Oui, le terme ‘micro’ peut inconsciemment influencer votre perception. Ce statut est conçu pour être simple et accessible, notamment pour des activités complémentaires. Cependant, si l’entrepreneuriat est votre métier principal, il est crucial de ne pas laisser ce mot définir votre ambition. Votre entreprise est une entreprise à part entière, quelle que soit sa forme juridique. Vous devez mentalement la dissocier de l’idée d’un ‘petit projet’ ou d’un ‘side project’ pour lui donner l’espace de grandir et de se développer comme une activité professionnelle sérieuse.

‘Même le statut de notre entreprise nous le dit. En général, quand on se lance comme indépendant, on commence par créer une micro-entreprise. […] Le problème, c’est que justement, et ben on n’est pas en train de parler d’un side project ou d’un hobby là, on est en train de parler de notre activité professionnelle, de notre métier.’

8. Comment puis-je passer du mindset de salarié à celui d’entrepreneur confiant ?

Le paradoxe est qu’il faut justement réutiliser le meilleur du mindset de salarié. En tant que salarié, vous étiez confiant parce que vous représentiez une entité plus grande que vous. Faites de même en tant qu’entrepreneur. Créez mentalement votre ‘entreprise’ comme une entité distincte. Vous n’êtes plus un individu qui cherche validation, mais le dirigeant qui porte une vision et une offre. Adoptez cette posture de représentation. Cela vous donnera le ‘bouclier’ psychologique nécessaire pour agir avec l’audace et l’assurance requises pour réussir en entrepreneuriat.

‘Si on rencontrait un client par exemple pour lui présenter notre offre, ben on arrivait sûr de nous, confiante, puis on déroulait notre argumentaire. Alors pourquoi est-ce qu’on le fait sans problème quand on est salarié et pas quand on est entrepreneur ? Et bien parce que quand on est salarié, on représente notre entreprise. […] Et bien quand on est indépendant, c’est exactement la même chose qu’il faut faire.’


Épisodes similaires